Résumé des chapitres précédents : Izuku découvre le maquillage chez Tenya, qui a fait un tête-à-tête romantique avec Dabi, pendant que Shoto brode toujours. Aizawa a tué un innocent insecte et Kirishima a l'homme parfait pour la situation.

Bonne lecture.

Lili


~ 4. Je suis une mite en pull-over. ~

Assis à sa table collée contre la cloison du fond de son appartement, Katsuki jeta un regard tendrement amusé à son chat qui avalait son plat thaïlandais avec voracité. De l'autre côté de la cloison ouverte, sur son restaurant flottant, Hanta ricana avec amusement en déposant devant l'ancien militaire sa commande. D'un hochement de tête, Katsuki le remercia avant de commencer à manger.

Derrière le bateau servant de restaurant à Hanta, le ciel rosissait, signe que la journée touchait à son terme. Malgré ça, de nombreux véhicules volaient encore entre les gratte-ciels où s'étalaient toujours des publicités parlantes. La vue n'avait rien de transcendant, mais le repas était bon, et c'était bien là l'unique chose qui intéressait Katsuki. Et son chat semblait partager son avis.

Un bruit sec signala l'arrivée d'un message. Tout en levant ses baguettes vers sa bouche, Katsuki jeta un coup d'œil blasé vers le tube en plexiglas transparent dans lequel venait d'arriver une enveloppe blanche.

- Vous avez un message, annonça Hanta avec un grand sourire.

- Ouais, confirma Katsuki en enfournant sa bouchée.

Le restaurateur fixa son client, surpris de l'indifférence de ce dernier.

- Vous ne l'ouvrez pas ? C'est peut-être important, fit-il remarquer.

Le chauffeur de taxi leva les yeux vers Hanta, et voyant que celui-ci attendait réellement une réaction, il soupira avant de répondre tout en continuant son repas :

- Ouais. Les deux derniers aussi étaient importants. Le premier était de ma femme, pour me dire qu'elle me quittait. Le deuxième de mon connard d'avocat. Lui aussi pour dire qu'il me quittait... avec ma femme.

C'était il y a trois ans, et depuis il n'avait plus jamais reçu le moindre courrier. Sa vie sociale se résumait à ses clients, la plupart trop pressés pour faire la conversation, son meilleur ami, sa mère et son chat. Et ni Neito, ni sa mère ne lui envoyaient de lettres. Tous deux préféraient largement le téléphone. D'ailleurs, maintenant qu'il y pensait, il faudrait qu'il regarde sur son répondeur s'il avait raté des appels. Chose peu probable, ayant déjà eu Neito deux fois aujourd'hui, et sa mère l'appelant plutôt le soir ou au beau milieu de la nuit.

- Aïe, c'est pas de chance, admit Hanta, le sortant de ses pensées. Mais grand-père dit : la pluie ne tombe pas tous les jours. Celui-ci, bonnes nouvelles garanties ! Je parie votre lunch !

- Ok, souffla Katsuki un peu amusé par l'enthousiasme contagieux du restaurateur.

Qui sait ? Peut-être que cette fois, ce serait vraiment une bonne nouvelle. Il avait peut-être gagné au loto ! Tout en prenant la lettre dans le tube, Katsuki ricana intérieurement. Pour gagner au loto, il faudrait déjà qu'il y joue.

- Donnez-moi, donnez-moi ! s'excita Hanta en tendant les mains vers l'enveloppe.

Avec un joyeux enthousiasme, il ouvrit le courrier et, sûr et certain qu'il annoncerait une bonne nouvelle, il s'exclama :

- Vous êtes licencié !

Katsuki se divertit de voir le visage jovial du cuisinier se décomposer quand il comprit ce qu'il venait de dire.

- Oh... souffla Hanta, dépité. Vraiment désolé...

Prenant la lettre tendue par Hanta, Katsuki y jeta un œil blasé. Dans un style impersonnel et froid, Crématorium Industrie lui annonçait que suite à des restructurations internes, il était viré. Il était invité à rendre son taxi dans les plus brefs délais à l'adresse indiquée. La conclusion était hypocrite au possible, lui transmettant les salutations cordiales de son ex-employeur.

- Bon, soupira Katsuki en posant le courrier, j'aurai au moins gagné un dîner.

À peine eut-il fini sa phrase que son téléphone sonna. Il se leva pour aller décrocher le combiné fixé au mur, faisant un léger rictus en entendant Hanta le féliciter chaudement :

- Bonne philosophie ! Voir le bien dans le mal. C'est bien ! C'est très bien !

Secouant doucement la tête, dépité, après tout, ce licenciement n'était que la cerise sur le gâteau de sa journée mouvementée, il décrocha le combiné.

- Allo ?

- Katsuki, mon ange, tu as les doigts cassés que tu peux même plus faire mon numéro ?

La voix féminine à l'autre bout du fil fit lourdement soupirer le blond. Ah... Il ne manquait plus qu'elle.

- Salut M'man, souffla-t-il, se préparant à une longue conversation sans grand intérêt.

- Dix-sept messages ! s'offusqua Mitsuki. Je t'ai laissé dix-sept messages ! Et ne me dis pas que ton répondeur est cassé ! Ces trucs-là sont bons pour cent ans !

Comprenant que sa mère était lancée dans un monologue où elle allait se plaindre de son fils ingrat, lui donc, Katsuki éloigna le combiné de son oreille et fit signe à Hanta pour attirer son attention. Posant la main sur le micro du téléphone, il lui dit :

- Monsieur Sero... Allez-y ! Ça risque d'être long !

Hanta hocha la tête et commença à ranger son matériel, Katsuki reportant un peu de son attention sur son interlocutrice à l'autre bout du fil.

- ... tu n'en donnerais même pas à ton chat, que tu aimes beaucoup plus que ta mère apparemment, râla Mitsuki. C'est pourtant pas lui qui t'a donné...

Ça allait être vraiment long si elle en était à se plaindre de son chat, chat qu'elle adorait, le couvrant de caresses et de câlins dès qu'elle le voyait.

- Au revoir, Monsieur Bakugo, lança Hanta. Ah ! J'oubliais gâteau !

D'un geste habile, le restaurateur jeta un sachet que Katsuki rattrapa d'une seule main, l'autre tenant toujours le combiné dans lequel Mitsuki continuait de se plaindre :

- ... je ne serai jamais grand-mère ! Mais qu'est-ce que j'ai fait...

- C'est des gâteaux porte-bonheurs, assura Hanta en s'éloignant à bord de son véhicule en forme de bateau.

- Ouais, c'est ça, marmonna Katsuki en appuyant sur le bouton refermant la cloison de son appartement.

Tout en reportant son attention sur le monologue de sa mère, Katsuki se laissa tomber sur sa banquette.

- Katsuki, tu sais que mon dos me fait mal, tempêta Mitsuki. Ce voyage me ferait le plus grand bien.

- Mais maman, de quoi tu parles ? grogna Katsuki.

Moins d'une minute plus tôt, elle était partie sur le laïus des petits enfants, comment elle en était arrivée à parler d'un voyage. De quel voyage en plus ? Elle n'avait certainement pas les moyens de se payer un voyage, et Katsuki n'avait pas les moyens de lui en offrir un. Déjà qu'aller sur la lune, où Mitsuki vivait, coûtait un bras... Ce n'était pas comme s'ils roulaient sur l'or l'un ou l'autre hein ! Ochaco s'était barrée avec son avocat et ses économies ! Ce n'était pas son misérable salaire de chauffeur de taxi qui allait leur payer un voyage quelconque.

- J'ai compris. Tu veux que je te supplie, sanglota faussement Mistuki. Tu veux humilier...

- Non, putain ! Je veux pas t'humilier, la coupa Katsuki d'un ton dur. Ce que je veux, c'est une foutue explication !

Sans laisser l'opportunité à sa mère de répondre, il enchaîna, laissant finalement parler son énervement et sa frustration.

- Je viens de rentrer. J'ai embouti mon putain taxi. J'ai perdu mon emploi de merde. J'ai été braqué. À part ça, tout baigne. Je te remercie, c'est gentil de demander. Arrête de hurler et explique-moi de quoi tu parles, bordel !

Il se radoucit à la fin de son discours. Même si elle lui prenait souvent la tête et qu'il s'engueulait régulièrement avec elle, il adorait sa mère.

Son père étant décédé dans un accident quand Katsuki avait cinq ans, Mitsuki l'avait élevée seule, travaillant d'arrache-pied pour lui offrir une enfance confortable et sans soucis. Quand Katsuki avait quitté l'école pour l'armée, il lui avait envoyé chaque mois une grosse partie de sa paye pour qu'elle puisse travailler moins. En femme avisée, Mitsuki avait investi les quelques économies qu'elle avait pu faire grâce à ça et avait pu prendre sa retraite un peu plus tôt.

Elle vivait modestement, mais cela lui convenait. De manière générale en tout cas. Là, visiblement, elle avait décidé de partir en voyage, et pour d'obscures raisons semblait croire que Katsuki avait ça dans sa poche.

- Ah oui ! râla sa mère au téléphone. Tu sais peut-être pas que tu as gagné un séjour à Fhloston Paradise ? Dix jours pour deux personnes. Et tu voudrais que pendant ce temps-là, je reste à me geler sur la Lune ? C'est ça hein ?

Un séjour ? Mais... Se souvenant soudainement de la publicité qu'il avait entendu le matin même avant de partir bosser, Katsuki écarquilla les yeux, choqué. C'était impossible ! Il ne pouvait pas avoir gagné le concours de Gémini Croquette ! Il n'avait pas participé à ce putain de concours. Il n'achetait même pas cette marque de croquette pour son chat, elles étaient beaucoup trop chères, putain ! D'où sa mère sortait une connerie pareille ? Elle yoyotait sérieusement là !

- Je serai au courant si j'avais gagné un voyage, grogna-t-il dans le combiné. Il me semble qu'on m'aurait informé.

À peine eut-il fini sa phrase qu'un petit bruit sec lui signala l'arrivée d'un message. Il posa un œil torve sur le courrier attendant sagement dans le tube en plexiglas. Pourquoi le mauvais pressentiment qu'il traînait depuis qu'il avait quitté Izuku venait de s'accentuer d'un coup ? Pas question qu'il ouvre cette putain de lettre !

- Ça fait plus d'une heure qu'ils hurlent ton nom à la radio, andouille, l'engueula sa mère à l'autre bout du fil.

Avant même qu'il ait eu le temps de songer à allumer la radio pour vérifier les dires de sa génitrice, la sonnette retentit. Son ventre se tordit brutalement d'appréhension quand il reconnut le Général Kirishima, le Général Amajiki et une femme militaire sur l'écran de surveillance de son palier. Merde ! Il ne la sentait vraiment pas cette histoire.

- M'man, souffla-t-il en se levant pour aller ouvrir. Je te rappelle.

Il raccrocha et se leva de sa banquette. Il jeta un regard suspicieux à l'enveloppe reposant toujours dans le tube transparent et ouvrit sa porte.

- Général Kirishima, Général Amajiki, les salua-t-il tout en les laissant entrer dans son petit studio. Quelle joie de vous voir dans les cinq mille blocs.

L'ironie de son ton échappa totalement à Eijiro qui observa avec une curiosité évidente l'intérieur de l'appartement. Le suivant au pas, Tamaki salua Katsuki d'un discret signe de tête et la femme le snoba avec arrogance, l'agaçant. Déjà qu'il n'était pas ravi de recevoir ses anciens instructeurs chez lui, alors si en plus cette bonne femme avec des oreilles de lapins émergeant de sa longue chevelure blanche le prenait de haut, ça n'allait pas le faire. Mais alors pas du tout.

- Bel appartement Major, sourit Eijiro en se tournant vers lui quand il referma sèchement la porte. Vous avez l'air d'avoir la belle vie.

Ah ! La belle vie hein ?! Le pire, c'était que Katsuki connaissait suffisamment le Général Kirishima pour savoir qu'il le pensait sincèrement. Sûr que comparé aux tentes puantes dans lesquelles il avait trop souvent dormi en mission, son appartement ressemblait à un palace.

- J'ai appris que vous veniez d'être licencié, poursuivit Eijiro d'un ton compatissant.

- Déjà au courant, hein ?! grogna Katsuki en se frayant un passage jusqu'à sa minuscule cuisine, pas vraiment étonné pour autant.

Si Kirishima était là, ce n'était sûrement pas pour prendre de ses nouvelles et il s'était sûrement renseigné avant de débarquer.

- Je trouverai un autre boulot, vous en faites pas, assura-t-il en appuyant sur le bouton de la cafetière pour la mettre en route.

- Justement, s'exclama avec enthousiasme Eijiro, j'ai un travail pour vous. Major Bakugo, vous avez été choisi pour une mission de la plus haute importance.

Le ton pompeux crispa Katsuki qui se retint difficilement d'envoyer chier son ancien supérieur.

- Quelle mission ? demanda-t-il d'un ton tendu.

- Sauver le monde !

La réponse le fit ricaner de dépit. Sauver le monde, rien que ça ! Ça ne pouvait pas être une mission toute simple, du genre garder le chat du Président ou même lui torcher le cul ? Non... Il fallait carrément sauver le monde ! Son putain de mauvais pressentiment ne faisait que s'accentuer ! Décidément, c'était vraiment une journée de merde ! Le seul point positif, c'était sa rencontre avec Izuku, qu'il comptait bien revoir rapidement, n'en déplaise à tous les généraux et les prêtres du monde.

Indifférent à la tension habitant l'ancien militaire, Eijiro poursuivit ses explications :

- Vous partez sur le champ pour Fhloston Paradise récupérer quatre pierres actuellement en possession de la diva Jiro Kyouka. Votre mission est de les ramener sur Terre. Des questions ?

- Ouais, souffla Katsuki.

Il agrippa le petit néon éclairant son microscopique plan de travail culinaire pour s'empêcher d'étrangler le crétin décoré qui lui balançait tout ça comme s'il lui offrait un putain de cadeau de noël en avance.

- Pourquoi moi ?

Pourquoi lui putain ? Il était à la retraite merde ! Il avait donné niveau missions de merde, bordel ! Et que Kirishima ne le prenne pas pour un con, hein ! Récupérer quatre pierres et les ramener sur Terre... Si c'était aussi simple que ça, ce ne serait pas à lui qu'on ferait appel.

- Trois raisons, répondit Eijiro avec le sourire satisfait de celui sûr et certain d'obtenir ce qu'il voulait. Primo, en tant que membre de l'unité d'élite des forces spéciales de l'armée fédérale, vous êtes un expert en armes et appareils nécessaires à cette mission.

Tamaki lui tendit une feuille qu'Eijiro déplia sans même la regarder. Katsuki y jeta un rapide coup d'œil, histoire de voir la longueur de la liste. Il crispa les poings en voyant que le papier recouvert de lignes d'écritures serrées était presque aussi long que Kirishima était grand, allant de sa main jusqu'au sol. Ah ouais, quand même ! Définitivement pas si simple que ça cette putain de mission. La liste des armes et appareils qu'il maîtrisait était bien plus longue, sans aucune vantardise de sa part.

- Deuzio, reprit Kirishima sur le même ton, de tous les membres de cette unité, vous êtes celui qui êtes le plus décoré.

- Et tertio ? souffla Katsuki, connaissant pourtant déjà la réponse.

Eijiro retint une grimace avant d'avouer d'un ton grave :

- De tous les membres de cette unité, vous êtes le seul qui soit encore en vie.

Ouais, ça, Katsuki le savait parfaitement. Il avait été aux premières loges pour voir ses potes crever sous le feu ennemi. Il en faisait encore des putains de cauchemars. Et il avait quitté l'armée après cette dernière mission de merde. Dans son dos, il entendit Kirishima changer de sujet, prenant un ton plus léger :

- Vous lisez vos messages ?

- Non, grogna Katsuki toujours accroché à son néon et les nerfs à vif. J'en ai marre des bonnes nouvelles.

- C'est peut-être important, assura Kirishima en prenant le courrier jusque-là ignoré.

Il l'ouvrit et claironna :

- Vous avez gagné le grand concours de Gémini Croquette, un séjour pour deux à Fhloston Paradise.

Le néon dans les mains de Katsuki craqua bruyamment sous la pression, inquiétant Tamaki sur l'état d'énervement du blond. Katsuki lâcha le tube brisé, les dents serrées, l'envie de tout exploser autour de lui brûlant dans son bide. Évidemment... Il aurait dû s'en douter bordel !

- Voici vos billets, sourit Eijiro en tendant lesdits billets à Katsuki.

- Vous avez truqué le concours, accusa le blond en prenant les papiers outrageusement colorés pour les poser sur son étagère déjà pleine de bordel.

- Oui, confirma Eijiro avec fierté. Toutes mes félicitations !

- Et vous n'aviez rien de plus discret ? râla Katsuki en se souvenant que son nom passait à la radio depuis une heure, si sa mère disait vrai, ce dont il n'avait plus aucune raison de douter.

Finalement, elle ne yoyotait pas.

- Les vieux trucs sont les meilleurs trucs, hein ! se justifia Eijiro avant de se tourner vers la femme aux oreilles de lapin immobile derrière lui. Le Major Rumi Usagiyama vous accompagnera en se faisant passer pour votre femme.

Katsuki détailla rapidement le Major en question, notant qu'elle était plus vieille que lui, qu'elle avait une poitrine généreuse engoncée dans son uniforme kaki et surtout qu'elle semblait plus musclée que lui. Vraiment, mais alors, vraiment pas son genre.

- C'est sans moi, vieux, grimaça-t-il.

- Ben pourquoi ? s'étonna Eijiro en observant rapidement sa subordonnée, ne voyant pas ce qui pouvait déplaire à son ancien élève chez elle.

- Ouais ! Dis voir pourquoi le blondinet ! tempêta Rumi son visage jusqu'à présent neutre se tordant en une grimace menaçante.

- Ah ! T'as vu ta tronche de gremlins ?! rétorqua Katsuki sur le même ton.

- Tu t'es regardé dans un miroir récemment ? s'offusqua son ex-future-fausse épouse.

Tamaki détourna les yeux, se mordant discrètement les lèvres pour ne pas rire pendant qu'Eijiro tenta de calmer les deux furies qui s'insultèrent joyeusement, vociférant autant l'un que l'autre.

- Il se prend pour qui le pétard mouillé, hein ?!

- Pour celui qui va te transformer en civet si tu vas pas agiter ta queue en forme de pompon ailleurs !

- J'ai une queue moi au moins ! Monsieur le jaloux !

- Jaloux de quoi ? De tes grandes oreilles ? Ça te sert à quoi hein ? À te torcher le cul avec ?

La dispute aurait pu durer longtemps, vraiment. Eijiro avait vu de ses propres yeux Katsuki et Neito s'envoyer ce genre de piques durant trois jours et deux nuits, NON STOP ! Et Rumi était faite du même moule que ces deux-là, c'était d'ailleurs pour cette raison qu'il l'avait choisie. Si Katsuki avait fini par sympathiser avec Neito, nul doute que ce serait pareil avec Rumi. Soudain, la sonnette retentit, attirant l'attention de tous sur le petit écran surveillant le palier.

- Il me semble que... commença Eijiro avant de se faire bousculer par Katsuki.

Les yeux rivés sur l'écran, ce dernier sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. Izuku... C'était Izuku... Izuku qui venait de sonner à sa porte... Izuku venait le voir ! Seul ! Il n'y avait personne d'autre avec lui.

- Qui est-ce ?

- Hein ? sursauta Katsuki en se tournant vers ses trois invités qui le regardaient surpris.

Merde... Izuku n'était pas fiché et sûrement recherché. Il devait trouver un truc pour que les militaires ne le voient pas.

- Je vous demande qui c'est, insista Eijiro curieux.

Oui, il voulait savoir qui mettait autant d'étoiles dans les yeux écarlates de son ancien élève.

- Euh... mon... réfléchit à toute allure Katsuki. Mon mari !

Ah... Celle-là, elle était sortie toute seule... Même lui ne l'avait pas vu venir...

- Vous êtes remarié ? s'étonna Eijiro.

Merde, Kirishima s'était forcément renseigné avant de pointer le bout de son nez. Donc, s'il répondait par l'affirmative, le Général saurait qu'il mentait.

- Oui... Non ! bafouilla Katsuki tout en cherchant désespérément comment cacher les trois militaires pour qu'ils ne croisent pas Izuku.

Son appartement n'avait qu'une seule putain de porte, bordel ! Il n'allait quand même pas les jeter par la fenêtre. Il était au deux mille six cent septième étage !

- Je viens de faire sa connaissance, enchaîna-t-il en poussant ses invités loin de sa porte d'entrée. Mais je vais l'épouser ! Je l'aime ! Mais il déteste l'armée. Il lui attribue l'échec de mon premier mariage. Il ne veut pas en entendre parler, ne veut rien savoir. Si jamais il vous voit ici, il va m'étrangler !

Tout en parlant, Katsuki avait réussi à mener les trois soldats jusqu'à son coin cuisine, à l'autre bout de son appartement donc.

- Major, commença Eijiro avant d'être interrompu.

- Il faut vous cacher quelque part ! décréta Katsuki tout en fouillant l'unique pièce de son studio à la recherche d'une cachette assez grande pour trois adultes.

- Ne paniquez pas, tenta de le calmer Eijiro.

- Je ne panique pas ! claqua Katsuki offusqué. Mais il faut vous cacher quelque part !

Non, il ne paniquait pas. Ce n'était pas son genre. Mais il devait faire vite ! Izuku n'allait pas faire le pied de grue sur son palier pendant des plombes et Katsuki refusait de prendre le risque qu'il s'en aille.

- Je veux bien vous aider, fit remarquer Eijiro d'un ton calme. Mais il n'y a qu'une porte. Où voulez-vous qu'on se cache ?

Juste derrière Eijiro, Katsuki vit son frigo et eut une idée qu'il trouva brillante. De toute façon, il n'en avait pas d'autre, alors il faudrait faire avec. D'un geste vif, il ouvrit la porte du réfrigérateur avant de virer précipitamment toutes les étagères, pratiquement vides de toute façon, vu qu'il avait oublié de faire les courses. Une fois l'espace dégagé, il tendit le bras et chopa Tamaki par le col, le tirant vers lui pour le cacher dans le frigo.

Tamaki tenta de protester. Mais, Katsuki ne lui donna pas l'occasion de sortir de l'appareil ménager, y poussant immédiatement Rumi, directement dans ses bras.

- Range tes oreilles, la lapine ! gronda-t-il en appuyant sur les encombrants appendices.

- Aïe ! souffla Tamaki quand Rumi lui écrasa le pied.

- Non mais oh ! La délicatesse, tu connais blondinet ? protesta Rumi.

- Major, nous n'avons pas vraiment le temps, intervint Eijiro tout en ayant pitié de ses collègues entassés dans le frigo.

- Y'en a juste pour une minute, assura Katsuki en chopant ensuite Kirishima, le poussant avec les deux autres. Allez-y entrez là-dedans.

Katsuki poussa fortement, bien décidé à faire tenir trois adultes dans un frigo à peine plus haut que lui et nullement conçu pour ça.

- Vous pouvez pas savoir le putain de service que vous me rendez, assura-t-il en essayant de fermer la porte. Vous m'ôtez une sacrée épine du pied !

- Major... protesta Eijiro en retenant la porte. Major… MAJOR !

- Quoi ? râla Katsuki toujours bien décidé à réussir son entreprise, hésitant de suggérer à Eijiro de se mettre au régime.

- Il n'y a pas la place pour trois ! fit remarquer le Général.

Il désigna d'un mouvement de tête Tamaki comprimé dans le fond du frigidaire et Rumi, oreilles rabattues sur le visage, dans une position guère plus confortable. L'appareil pouvait éventuellement contenir l'un d'eux, mais eux trois ? Impossible ! Katsuki jeta un œil calculateur, faisant espérer son ancien instructeur, celui-ci pensant qu'il se montrerait raisonnable.

- Si, si, vous allez voir ! assura Katsuki, brisant tous les espoirs d'Eijiro.

Il poussa fortement la haute silhouette de Kirishima, ignorant les protestations de ses supérieurs, et réussit à fermer la porte. Ne voulant pas prendre le risque que ces indésirables invités sortent de leur prison improvisée, il appuya sur le bouton faisant descendre le frigo dans le sol pour laisser place à la cabine de douche.

Satisfait, il franchit au pas de course les quelques mètres le séparant de sa porte qu'il ouvrit avec un grand sourire.

- Pipelaï ! le salua Izuku accompagnant son sourire timide d'un petit geste de la main.

Mais avant même que Katsuki n'ait pu lui répondre, Tenya surgit devant lui, arme au poing. Il poussa le chauffeur de taxi à reculer à l'intérieur de son petit studio, braquant son révolver vers lui, lui emboitant le pas, Izuku sur ses talons.

Ce dernier referma la porte derrière lui et Tenya remonta ses lunettes sur son nez d'un doigt nerveux.

- Je suis désolé d'avoir recours à de telles méthodes, Monsieur Balumo.

- Bakugo, corrigea machinalement Katsuki dépité.

C'était quoi ce plan ? Pourquoi ce foutu prêtre le braquait ? Pire, pourquoi Izuku était-il complice de ce plan de merde ? Et enfin, pourquoi lui, putain ?! C'était la troisième fois de la journée qu'il se retrouvait les mains en l'air, un flingue pointé dans sa direction. Ça commençait à le gonfler sévèrement.

- Euh, Bakugo, bafouilla Tenya avant de reprendre d'un ton plus sûr. Mais nous avons appris votre bonne fortune à la radio et nous désirons vos billets pour Fhloston.

- C'est comme ça que les prêtres partent en vacances ? ironisa Katsuki.

Décidément, tout le monde voulait aller sur Fhloston. En fait, le seul à ne pas vouloir y aller, c'était lui ! Et comme il avait un karma de merde, c'était à lui qu'on offrait le voyage.

- Il ne s'agit pas de vacances, mais d'une mission, protesta Tenya.

- Quel genre de mission ? s'enquit Katsuki suspicieux.

- Nous devons sauver le monde, mon fils, répondit Tenya tout en se redressant, l'air important.

- Vous allez sauver le monde ? répéta Katsuki dubitatif.

- Oui ! confirma Tenya.

Katsuki posa un regard circonspect sur le prêtre. Lui, sauver le monde ? L'ancien Major avait comme un gros doute. Sans vouloir être méchant, Tenya n'avait pas l'air particulièrement taillé pour le job. Et quand il disait "nous", il incluait son disciple ? Le coincé bicolore ? Non, parce que là, vraiment, Katsuki ne donnait pas cher de leurs peaux ni de celle de l'humanité toute entière. Et puis, ça commençait à faire beaucoup de monde voulant sauver le monde.

N'étant pas le dernier des imbéciles, Katsuki comprit rapidement que Fhloston Paradise avait un lien avec la survie de l'humanité. Sûrement que le prêtre cherchait lui aussi les pierres que Kirishima voulait qu'il aille récupérer. La question était de savoir pourquoi le prêtre voulait ces foutues pierres et si ses raisons étaient les mêmes que celles du gouvernement.

Au moment même où il ouvrit la bouche pour interroger Tenya, une alarme retentit, suivie d'une annonce beuglée dans les hauts parleurs de son appartement :

- Ceci est un contrôle de police. Ce n'est pas un exercice.

Merde ! Si les flics voyaient Tenya et Izuku chez lui, ses deux invités auraient des emmerdes ! Izuku était recherché putain !

Sans hésiter, Katsuki désarma le prêtre, très facilement d'ailleurs, s'il pouvait se permettre de le faire remarquer, et attrapa Izuku par le bras. Son frigo étant déjà occupé par trois militaires, silencieux, Dieu merci, il le poussa dans sa cabine de douche.

- Vite ! Cache-toi là-dedans, dit-il. Voilà ! Y'en a pour une minute. Tu restes là !

Voyant l'incompréhension d'Izuku, il répéta :

- Y'en a pour une minute, pas plus. N'ai pas peur !

- Ceci est un contrôle de police, répéta le policier chargé de tout le bloc de logement.

- Ne touche à rien, précisa Katsuki à Izuku.

Après un dernier regard, qu'il espéra rassurant, envers Izuku, Katsuki appuya sur le bouton, faisant remonter son frigidaire du sol et envoyant sa cabine de douche (avec Izuku) dans le plafond. Il jeta un rapide coup d'œil à la porte de son réfrigérateur, constatant qu'elle ne bougeait pas. Ça, c'était réglé ! Ne restait plus que le prêtre à planquer.

- Ceci n'est pas un exercice, poursuivit le policier dans les hauts parleurs. Veuillez écarter les jambes et placer les mains dans les cercles sur le mur.

Putain, il devait faire vite ! S'il n'était pas en position quand les flics arriveraient devant sa porte, ce serait la merde ! Sans réfléchir, Katsuki poussa Tenya sur son lit, l'obligeant à s'y allonger.

- Mais... qu'est-ce que vous faites ? protesta Tenya en s'agitant.

- Je sauve votre cul, répliqua sèchement Katsuki. Comme ça, vous pourrez sauver le monde.

- Mais je ne... commença le prêtre.

Croisant le regard impérieux du blond, Tenya renonça à protester et s'allongea en râlant sur le matelas. Ce dernier disparut dans la cloison, ne laissant plus rien paraître du lit et de son occupant, à la grande satisfaction du militaire retraité.

Dans le couloir, un policier se pencha sur le support d'identification de la porte devant lui. Il fronça les sourcils, remarquant que ce dernier avait été arraché. Soit l'occupant des lieux avait des choses à se reprocher, soit un petit plaisantin était passé par là.

- Je crois que c'est cette porte, dit-il à son collègue. Mais il n'y a ni nom, ni numéro.

- Voyons ça, souffla ce dernier en approchant avec une machine dans les mains.

Katsuki se précipita, posant ses deux mains dans les cercles sur le mur et écartant les jambes comme le voulait la procédure. Ce n'était pas la première fois que les flics faisaient une descente dans les blocs et il savait parfaitement comment cela se déroulait. Les flics ne passeraient pas sa porte, ayant un appareil leur permettant de visualiser l'intérieur au travers de la paroi métallique. Si les flics entraient, ce n'était jamais bon signe.

- Est-ce que vous êtes classé dans la catégorie humain ? lui demanda la voix d'un flic à travers les hauts parleurs de son studio.

- Euh... négatif, répondit Katsuki. Je suis une mite en pull-over.

Sérieusement, ils étaient abrutis à quel point ces policiers de merde ? Ça se voyait qu'il était humain, non ? Deux bras, deux jambes, des oreilles humaines, aucun appendice bizarre ne sortant de son cul ou de son crâne... Bref, un humain tout ce qu'il avait de plus basique.

Réalisant que sa réponse pouvait être prise comme une offense par un agent trop susceptible, Katsuki soupira discrètement de soulagement quand il entendit une voix crier dans le couloir :

- Je l'ai trouvé !

Sans bouger de sa place, Katsuki remercia l'acoustique pourrie et les voix fortes des policiers qui lui permirent de profiter du dialogue entre les agents et son voisin de palier.

- Monsieur Katsuki Bakugo, veuillez placer vos mains dans les cercles jaunes.

Katsuki haussa un sourcil surpris. C'était lui que les flics recherchaient ? Sûrement à cause de sa course poursuite sauvage un peu plus tôt dans la journée. Mais pourquoi s'intéressaient-ils à son voisin du coup ? Son nom était pourtant écrit en toutes lettres sur sa foutue porte !

Pas que Katsuki se plaigne de la méprise hein. Il avait tout de même trois militaires haut gradés enfermés dans son frigo, un prêtre planqué sur son lit et un inconnu recherché dans sa douche... Donc, si les flics entraient maintenant, il serait dans une merde intersidérale ! Alors non, il ne se plaignait pas. Il s'étonnait simplement de l'erreur des policiers. Erreur qui l'arrangeait bien, il fallait le dire.

Visiblement son voisin n'était pas décidé à être particulièrement coopératif, les policiers devant répéter une seconde fois leur injonction.

- Va te faire enfumer ! hurla ledit voisin énervé.

- Mauvaise réponse, souffla Katsuki amusé.

Les bruits qu'il perçut lui apprirent que la porte voisine à la sienne était défoncée et l'occupant des lieux tiré manu militari hors de chez lui.

~oOo~

Pendant que ses collègues quittaient les lieux, embarquant avec eux un sac contenant l'agitateur insolent, le chef de brigade annonça la fin des opérations à l'ensemble des logements du bloc. L'un de ses confrères appela leur informateur :

- C'est bon, on le tient. Ça n'a pas été facile, mais on l'a emballé.

- Je suis ravi de vous avoir été utile, assura Mister Compress avant de raccrocher.

La troupe de policiers quitta le bloc d'appartements, leur précieux chargement protestant vertement dans le sac dans lequel il était enfermé. Au moment où ils sortirent de l'ascenseur au rez-de-chaussée, un Mangalore surgit devant eux et tira sans sommation. Les flics répliquèrent, mais leur agresseur fut rejoint par d'autres et ils furent battus à plates coutures. Gisant au sol, blessé, le chef de brigade ne put que voir les mercenaires prendre le sac où était enfermé leur prisonnier et disparaître avec lui.

Jin appela Shigaraki pendant que Black Mist et Magnet chargeaient le sac dans le coffre de leur véhicule.

- Katsuki Bakugo, on l'a récupéré, dit-il à son chef.

- Parfait, se réjouit Shigaraki. Jin, prend le commandement. Va sur Fhloston, récupère les pierres. Si Dabi les veut vraiment, il sera obligé de négocier. Nous prendrons bientôt notre revanche.

Oui, ils auraient leur vengeance. Si Dabi pensait qu'une petite explosion suffirait à les tuer, il connaissait mal les Mangalores. Seul Muscular était décédé dans l'explosion au sein de l'usine de Crématorium Industrie. Lui-même avait été blessé au bras, mais rien qui puisse l'empêcher de faire payer la mort de son camarade à Dabi. Si l'homme d'affaires croyait s'en sortir comme ça, il se fourrait le doigt dans l'œil... jusqu'au coude !

Dans le bureau de Dabi, Mister Compress raccrocha, mettant fin à son appel avec le policier, et se tourna vers son patron :

- Ça y est. Le type a été arrêté pour contrebande d'uranium. Tout se déroule comme prévu. Il ne me reste plus qu'à filer à l'aéroport et prendre sa place dans l'avion. Et je serai à Fhloston dans moins de quatre heures.

La nouvelle réjouit Dabi qui hocha la tête et rappela à son subordonné le but de sa mission :

- Surtout, ne reviens pas sans les pierres !

- Comptez sur moi, le rassura Mister Compress avant de quitter le bureau de Dabi.

Sûr de lui et serein, Mister Compress prit la direction de l'aéroport. Katsuki Bakugo étant hors course, actuellement entre les mains de la police grâce à sa dénonciation fallacieuse, se faire passer pour lui serait très facile. Une fois sur Fhloston, il trouverait la diva, l'obligerait à lui dire où étaient ces fameuses pierres, et il n'aurait plus qu'à rentrer avec les cailloux en question pour profiter de la gratitude de son patron. Ça allait être aussi facile que de piquer une sucette à un gamin !

~oOo~

À peine le contrôle de police terminé, Katsuki se précipita vers son frigidaire, appuyant sur le bouton descendant la cabine de douche. Il y retrouva Izuku, recroquevillé sur lui-même, trempé et claquant des dents.

- Oh pardon ! s'exclama Katsuki en le faisant sortir de la cabine. J'ai oublié... Il y a un autowash.

Attrapant une grande serviette de bain, il l'enroula autour des épaules frémissantes d'Izuku et le frotta doucement.

- C'est... C'est la douche automatique, expliqua-t-il. Je suis désolé.

Oui, il était désolé. Voir Izuku aussi frigorifié, claquant des dents et les lèvres bleuies, le mortifiait profondément. Il avait agi dans l'urgence, sans penser à ce foutu lavage automatique.

- Autowash, répéta Izuku en bafouillant à cause des tremblements de ses mâchoires.

- Autowash, oui, confirma Katsuki en le frottant avec la serviette. Douche automatique.

- Autowash, confirma Izuku d'un ton plus ferme.

Il leva les yeux vers Katsuki qui se sentit fondre sous ce regard beaucoup trop beau pour son bien. Ses gestes s'adoucirent, ses frictions vigoureuses devenant douces caresses. Izuku était si près de lui qu'il pouvait compter les taches de rousseurs sur ses joues. Une nuée de papillons prit son envol dans le creux de ses entrailles, faisant accélérer son cœur.

- Oui, souffla-t-il d'un ton tendre. C'est amusant, ça fait deux fois qu'on se rencontre aujourd'hui. Et, à chaque fois, tu atterris dans mes bras. C'est bizarre... Mon jour de chance...

Il avait tellement envie de l'embrasser à nouveau. Mais pas question de le faire sans son consentement cette fois. Katsuki se pencha lentement vers Izuku, lui laissant le temps de reculer s'il le voulait. Mais Izuku ne bougea pas, se contentant de le regarder de ses grands yeux si hypnotisants. Il n'était plus qu'à quelques centimètres de son but quand des bruits étranges attirèrent l'attention de l'ancien militaire.

Se redressant légèrement, Katsuki regarda tout autour de lui, cherchant la source des marmonnements indistincts.

- Tu as entendu ? demanda-t-il à Izuku.

- Tenya, souffla celui-ci.

Tenya ? Le prêtre ? Oh putain ! Oui, le prêtre !

Abandonnant Izuku, Katsuki se précipita vers son lit, appuyant sur l'interrupteur le sortant de la cloison. Le matelas apparut enroulé dans de la cellophane, comme à chaque fois. Oui, même le lit se faisait seul. Et sous la cellophane, tentant sûrement de respirer, Tenya appelait à l'aide, ses cris étouffés par le film plastique. Katsuki ne perdit pas une seconde pour déchirer la cellophane et Tenya prit alors une profonde inspiration.

- Autowash, lâcha Izuku comme si c'était une évidence en désignant le lit nouvellement refait.

- Je suis vraiment désolé, s'excusa Katsuki en déchirant le reste du film plastique pour permettre au prêtre de se relever.

- Je n'ai pas besoin de... protesta Tenya en s'agitant pour se libérer.

- Je suis désolé, répéta machinalement Katsuki.

- Ça va, le rassura Tenya en se relevant, quittant définitivement le matelas tueur.

Tenya et Katsuki se tournèrent vers Izuku qui, de son côté, ôtait son tee-shirt mouillé pour l'essorer. Automatiquement, les deux hommes se retournèrent dos à lui, lui laissant un peu d'intimité, aussi gênés l'un que l'autre. Katsuki soupira lourdement, se rendant compte du ridicule de la situation. Bordel, il avait fait l'armée ! Des mecs à poils, il en avait sûrement vu autant que la prostituée du coin. Alors pourquoi il agissait comme une foutue pucelle effarouchée ?! C'était vraiment du grand n'importe quoi !

Jetant un coup d'œil amusé vers son voisin, il croisa le regard blasé de Tenya. Ok, même le prêtre trouvait leur réaction ridicule.

- Je vous offre un café ? proposa Katsuki.

Après tout, maintenant que Tenya n'était plus armé, il y avait sûrement moyen de discuter et de comprendre pourquoi il voulait tant que ça aller sur Fhloston Paradise pour sauver le monde lui-aussi.

- Volontiers, accepta Tenya en remontant ses lunettes sur son nez.

Katsuki se dirigea vers sa kitchenette et jeta le café restant dans sa cafetière pour en refaire du frais.

- Je vous préviens, dit-il en dosant la poudre marron. Je suis pas un spécialiste du café. J'ai entendu dire que les prêtres faisaient le meilleur café.

Mais Tenya ne l'écoutait pas. Là, posés sur l'étagère juste devant lui, il y avait deux billets pour Fhloston Paradise. Il jeta un rapide coup d'œil à son hôte, ne voyant que son dos, et d'un geste vif attrapa les deux billets et les glissa dans sa soutane. Ne restait plus qu'à trouver un moyen de sortir d'ici sans se faire courser par Katsuki. Vu sa vitesse de réaction lors du contrôle de police, il était évident que c'était un homme habitué aux situations d'urgence. Et donc, très probablement, bon à la course.

- C'est vrai ? demanda Katsuki, sortant Tenya de ses pensées.

- Hn, répondit le prêtre, n'ayant aucune idée du sens de la question posée.

Il leva les yeux au ciel, demandant pardon d'avance pour ce qu'il allait faire, et ajouta un signe de croix pour faire bonne mesure. Que Dieu lui pardonne. Mais il n'avait pas le choix. Décidé, il se saisit d'une statuette surmontée d'une étoile qui traînait sur l'étagère, se satisfaisant de la sentir bien lourde dans sa paume.

L'appartement n'étant vraiment pas grand, il n'eut que deux pas à faire pour rejoindre son hôte qui lui tournait le dos, inconscient des desseins de l'homme d'Eglise. Adressant un ultime pardon au Ciel, Tenya leva la statuette et l'abattit sur la nuque devant lui. Katsuki tomba au sol avec un grognement et le prêtre n'attendit pas de voir s'il l'avait assommé ou simplement sonné. Tournant les talons, il quitta l'appartement en courant, entraînant Izuku à sa suite.

Ce dernier protesta, signalant au prêtre que son attitude était déplacée et que Katsuki pouvait être gravement blessé.

- Oui, d'accord, se justifia Tenya en s'engouffrant dans l'ascenseur. Je ne suis pas fier de ce que j'ai fait. Je n'avais pas le choix !

Non, il n'avait pas le choix. Il devait sauver le monde. Et pour ça, il devait aller à Fhloston. Et quelque chose lui disait que Katsuki n'aurait jamais accepté de lui donner ses billets. En l'assommant, Tenya évitait de perdre du temps en vaines négociations.

Dans son appartement, Katsuki se releva en râlant, se frottant la nuque. Saleté de prêtre ! Il trouva rapidement l'objet complice de l'attaque contre sa modeste personne et râla un peu plus. Son putain de trophée d'honneur ! Reçu après sa dernière mission, reçu pour être revenu vivant, contrairement aux autres. Quelle ironie ! De nouveau sur ses pieds, il prit quelques secondes pour chasser les étoiles dansant devant ses yeux et alla jusqu'à sa porte, constatant que Tenya et Izuku avaient filé.

Il aurait sûrement pu les rattraper. Tenya n'était pas de toute première jeunesse et certainement pas très entraîné. En plus, lui avait l'avantage du terrain, vivant ici depuis trois ans. Mais Katsuki était loin d'être stupide et savait additionner un plus un. Kirishima voulait qu'il sauve le monde en allant récupérer des pierres à Fhloston Paradise, truquant un concours pour ça. Le prêtre voulait sauver le monde en allant à Fhloston Paradise. Et comme par hasard, il y avait une descente de police dans son bloc... Descente de police visant à l'arrêter, lui, Katsuki Bakugo. Si les policiers avaient finalement embarqué son voisin de palier, c'était uniquement par erreur.

Katsuki était prêt à parier son bras droit que quelqu'un l'avait dénoncé à la police pour une raison ou une autre, dans l'unique but de le mettre hors course et prendre sa place dans le vol pour Fhloston. Nul doute que sa mission et celle, autoproclamée, du prêtre étaient liées, et que des personnes mal intentionnées allaient se trouver sur leur chemin. Et sur le chemin d'Izuku. Et ce n'était certainement pas ce prêtre de pacotille qui pourrait protéger Izuku contre des criminels, des mercenaires ou pire encore.

Sa décision prise, Katsuki ouvrit son frigo, y trouvant Kirishima, Amajiki et Usagiyama complètement congelés. Au moins, ils n'exigeraient aucune explication et s'étaient tenus tranquilles. Le temps qu'ils dégèlent, Katsuki serait loin. Arrachant l'ordre officiel des mains d'un Kirishima figé par le gel, Katsuki annonça :

- Je prends la mission.

À suivre...


Commentaire de l'auteure : Au fait, je ne vous ai pas demandé ce que vous pensiez de mes titres de chapitres ? Auriez-vous choisi les mêmes répliques ? Ou d'autres ? Quelle est votre réplique préférée ?
Je rappelle qu'aucun des dialogues n'est de moi, sauf celui entre Mirko et Katsuki (mais là, j'avoue, je n'ai pas résisté. Mirko et Katsuki qui s'engueulent, c'est Katsuki qui s'engueule avec lui-même mdr). J'ai littéralement tout pris au film !


Bureau des plaintes et réclamations des personnages martyrisés :

- J'ai un tout petit rôle, se plaint Eijiro. Lili, pourquoi tu m'as donné qu'un tout petit rôle ?

- Petit ? s'offusque Lili. Tu es le Général avec le plus de dialogues et d'actions de tout le film ! On ne voit que toi ! Même Aizawa a moins de temps d'écran que toi ! Et puis, il te va comme un gant ce rôle.

Derrière l'auteure, Katsuki et Mirko s'insultent joyeusement, s'envoyant tout ce qui leur tombe sous la main à la tronche.

- Mais qu'est-ce que... s'exclame Izuku en voyant le carnage autour des deux fortes têtes. On peut savoir ce que vous croyez être en train de faire tous les deux ?

Immédiatement, Katsuki et Mirko cessent les hostilités et échangent un regard paniqué. À quelques pas d'eux, Izuku les fixe sévèrement, les bras croisés sur la poitrine et son pied tapotant le sol avec agacement. Les deux sales gosses s'agenouillent devant Izuku, têtes baissées.

- Pardon Deku, souffle Katsuki.

- Ouais, désolé, renchérit Mirko.

- Vous allez me faire le plaisir de tout remettre en ordre, et rapidement, ordonne fermement Izuku.

À peine la sentence est-elle tombée que les deux coupables se relèvent pour ranger tout le bordel qu'ils ont foutu.

- Waouh ! s'extasie Eijiro. Comment tu fais ça ? Ces deux-là sont aussi têtus et rebelles l'un que l'autre.

- Oh, tu sais, j'ai l'habitude, sourit Izuku. Et puis, ils sont adorables en fait, il faut juste savoir comment les prendre.

Et sous les yeux éberlués d'Eijiro, Mirko et Katsuki se rapprochent d'Izuku en annonçant, d'un air piteux, qu'ils ont fini. Izuku vérifie rapidement le résultat de leurs efforts et avec un grand sourire leur ouvre ses bras. Pendant qu'Izuku câline Mirko et Katsuki, lesquels ronronnent presque sous ses attentions, Lili se tourne vers Eijiro pour éclairer sa lanterne :

- Mirko, c'est Katsuki au féminin, donc quand tu sais dompter l'un, tu sais dompter l'autre. Et Izuku a de l'entraînement en domptage de Katsuki.

- Ah ouais, vu sous cet angle, admet Eijiro.


Dans le prochain chapitre : Où Mina verra quadruple, où Shoto n'aimera pas les voyages, où Dabi sera désappointé et où Katsuki manquera de vocabulaire.