Je reste près de la porte et je tends l'oreille pour écouter la conversation, en veillant à ne pas trop m'approcher afin que la porte automatique ne s'ouvre pas. Le professeur m'a appris que ce n'est pas beau d'écouter aux portes, mais là, il me cache quelque chose d'important et je veux savoir ce que c'est.
- Inconnu: Que s'est-il passé exactement, professeur ?
- Professeur: C'est terrible...vous vous rappelez lorsque j'ai reçu l'appel du Président il y a deux semaines ? Il m'avait demandé de stopper le Projet Shadow, soit disant parce que c'était devenu un projet nuisible et dangereux...
- Inconnu: Oui, et vous avez refusé.
- Professeur: Pour faire patienter le gouvernement et l'armée, je leur avait donné le Gizoid, en lui ordonnant de ne pas absorber la puissance des armes et des technologies qu'il pourrait trouver. Mais ce que je craignais est finalement arrivé.
- Inconnu: Comment ça ?
- Professeur: Le Président m'a appelé il y a trois jours. Le Gizoid...il a absorbé assez d'armes et de technologies et a détruit la moitié des bâtiments de l'armée. Mais heureusement, ils ont pu le duper et l'enfermer avant qu'il ne détruise tout.
- Inconnu: Mais je ne comprends pas, professeur ! Pourquoi avoir donné le Gizoid si vous saviez qu'il était dangereux ?!
- Professeur: Je voulais vraiment que le gouvernement et l'armée soient assez occupés avec le Gizoid, afin qu'il me reste du temps pour finaliser Shadow. Il faut absolument que je le termine sinon, on ne pourra pas trouver de remède pour Maria. Je suis conscient d'avoir pris un énorme risque mais je refuse de perdre ma petite-fille.
- Inconnu: Professeur...
Je suis complètement abasourdi par ce que j'entends. Je ne sais pas grand-chose à propos de ce Gizoid...je sais juste que c'est un robot antique que le professeur a trouvé il y a un moment. Je ne comprends pas vraiment ce qu'il s'est passé avec ce robot, mais ça a l'air grave...
- Professeur: Mais ce n'est pas ça qui me préoccupe le plus...
- Inconnu: Quoi, il y a autre chose ?!
- Professeur: Après m'avoir parlé du Gizoid, le Président m'a dit que là, les choses allaient beaucoup trop loin. Il veut que je stoppe définitivement le projet Shadow. Et si je ne le fais pas...il m'a menacé de fermer l'Arche et de détruire toutes nos recherches.
- Inconnu: Quoi ?! Mais enfin c'est impossible !
- Professeur: Malheureusement...
Quoi ?! Ils vont fermer l'Arche ?! Mais...et Maria...non...
- Inconnu: Professeur, à mon avis, il ne faut pas prendre cette menace au sérieux. Ils ne vont pas fermer l'Arche comme ça ! C'est le plus grand centre de recherche jamais fondé ! Ils n'ont pas le droit de tout arrêter ! Du moins pas encore !
- Professeur: Sans doute...je ne sais plus…

Je suis tellement absorbé par la conversation que je m'approche trop près. La porte automatique s'ouvre. Le professeur et l'inconnu, qui est en fait un de ses assistants, sont surpris de me voir là. Moi, je reste immobile, encore choqué parce ce que j'ai entendu.
- Professeur: Shadow ?! Mais qu'est ce que...
Je fuis. Je ne sais pas où mais je fuis. Je suis complètement chamboulé. Je ne sais pas quoi penser. Ils vont fermer l'Arche. Et c'est de ma faute. C'est parce que je suis dangereux qu'ils vont fermer l'Arche. C'est à cause de moi. Et à cause de moi, Maria ne sera jamais guérie.
- Professeur: Shadow, attends ! Arrête-toi !
Je finis par m'arrêter. Le professeur s'agenouille devant moi et place ses mains sur mes épaules.
- Professeur: Shadow...tu as tout entendu ?
Je hoche la tête tout en prenant inconsciemment un air triste.
- Shadow: Professeur...est ce que c'est à cause de moi que l'Arche va fermer ? Est ce que c'est parce que je suis...dangereux ?
Soudain, le professeur me serre dans ses bras. À ce moment là, je ne peux m'empêcher de verser quelques larmes.
-Professeur: Shadow, écoute-moi bien. Rien de ce qui n'arrive est de ta faute. Rien. C'est de la mienne. Je ne suis qu'un pauvre fou qui veut juste sauver sa petite-fille...
-Shadow: Professeur...
-Professeur: Je te promets que l'Arche ne va pas fermer. On va sauver Maria. Je te le jure.
-Shadow: C'est vrai ?
-Professeur: Oui. Et je veux aussi que tu sache que je me moque de ce que les autres pensent de toi. Tu es ma plus grande réussite et ma plus grande fierté. Je suis fier d'avoir pu créer quelqu'un d'aussi intelligent et gentil que toi. Tu apportes beaucoup de réconfort à Maria et je t'en remercie sincèrement. Tu es mon fils, et tu le seras toujours, Shadow.
Je craque. Je pleure et je serre le professeur dans les bras. Ses paroles me touchent énormément. Maintenant, je suis presque sûr que ce n'est pas ma faute. Et que malgré ce qu'on pense de moi, je ne suis peut-être pas dangereux, finalement. L'Arche ne va pas fermer. Maria sera sauvée. J'en suis sûr, parce que le professeur me l'a promis.
- Professeur: Au fait Shadow, pourquoi venais tu me voir ? Maria n'est pas avec toi ?
Je sèche mes larmes et je reprends mes esprits.
- Shadow: Ah oui...il faudrait que vous veniez à la salle principale pour vérifier que tout est en place pour fêter Noël.
- Professeur: Très bien, je viens tout de suite. Ça me fera beaucoup de bien de m'amuser un peu...mais tiens, à ce propos, tu ne veux pas savoir ce que c'est Noël ? Je ne crois pas te l'avoir expliqué...
- Shadow: Ne vous en faites pas, Maria l'a fait.
- Professeur: Ah, parfait. Pardon d'avoir oublié de t'en parler, Shadow.
- Shadow: Ce n'est pas grave, professeur. On y va ?
- Professeur: Oui, allons-y. Je sens qu'on va passer un Noël inoubliable.
- Attendez, on vient aussi !
D'autres scientifiques sortent de plusieurs salles, ils viennent sûrement de finir leur travail. Je pense que tout le monde est prêt à fêter Noël maintenant. Je me demande comment ça va se passer...
On se dirige tous vers la salle principale. Les scientifiques semblent rassurés de voir entrer le professeur. Je rejoins Maria qui finit de mettre la table. Soudain, tous les cuisiniers arrivent, plats en main.
- Cuisinier: C'est bon le repas est prêt ! Tous à table !
Le professeur s'avance vers la table et déclare:
- Maintenant que tout le monde est là, on va pouvoir fêter Noël ! Après le dîner, on ouvrira les cadeaux ! Je vous souhaite à tous un joyeux Noël !

Moi, Maria et le professeur sommes assis en bout de table. Toute l'Arche est présente. Je ne me rendais pas compte que cela faisait autant de monde. C'est hallucinant.
Le repas est vraiment délicieux. Il y a beaucoup de nourritures que je ne connais pas. Mes papilles rencontrent des tas de nouvelles saveurs très différentes. Toute cette nourriture inconnue m'intrigue tellement, je voudrais connaître le nom de tout ce que je mange, mais ça ferait un peu trop de questions à poser, et je ne veux pas embêter Maria et le professeur.
Depuis tout à l'heure, Maria discute avec un garçon d'environ 7 ou 8 ans assis juste en face d'elle. Je ne lui ai jamais parlé, mais il joue parfois avec elle, et ils ont l'air de bien s'entendre. En revanche, je sens que ce garçon ne m'aime pas. On dirait presque je le dégoûte, à en croire le regard foudroyant que me lance ses yeux les rares fois où il croise les miens. D'ailleurs, ses yeux sont assez bizarres: un vert et un marron. Je crois qu'on appelle ça des "yeux vairons", enfin c'est ce que Maria m'a dit. Remarque, je suis mal placé pour critiquer les yeux des autres, vu que les miens sont rouges, ce qui n'est pas très commun non plus. Quoi qu'il en soit, j'espère que je n'aurai jamais réellement affaire à ce garçon. Il vaut mieux que je l'évite.
Maria finit par se tourner vers moi avec un air un peu inquiet.
-Maria: Ça va Shadow ? Tu passes une bonne soirée ? Excuse-moi, je t'ai un peu laissé seul depuis le début du repas...
-Shadow: Oui ça va, ne t'inquiète pas.
-Maria: Je crois que ça va bientôt être l'heure de passer aux cadeaux. J'ai hâte !
Je laisse Maria finir son assiette. Elle a beau être malade, ça ne l'empêche pas d'avoir bon appétit, ce qui fait plaisir à voir. Je me tourne vers le professeur. Il a retrouvé le sourire. Ça me soulage. Il n'a plus l'air aussi inquiet que tout à l'heure, en tout cas.
Soudain, le professeur se lève et prend sa coupe de champagne.
-Professeur: Avant d'aller ouvrir les cadeaux, je tenais à vous faire un petit discours. Je voulais à tous vous souhaiter un très joyeux Noël, en particulier à Shadow, qui vit son tout premier Noël. Shadow, fais en sorte que ce Noël reste à jamais gravé dans ta mémoire !
-Shadow: C'est promis, professeur.
Aussitôt, tout le monde lève sa coupe de champagne et hurle "Joyeux Noël !" avant de quitter la table. On se dirige au pied du sapin pour ouvrir les cadeaux. Les scientifiques reçoivent tous un cadeau. Tout le monde a l'air heureux. Je commence vraiment à aimer cette fête. J'ai rarement vu les scientifiques si joyeux, eux qui sont d'habitude plongés dans leur travail. Noël à l'air de donner le sourire à chacun, et je trouve ça formidable.
-Tiens, c'est pour toi, Shadow !
Maria se tient devant moi et me tend un cadeau. Je suis tellement surpris que j'en resté bouche bée.
-Shadow: Tu...m'as fait un cadeau, Maria ?
-Maria: Ouvre-le !
Je défais le papier cadeau. C'est un livre qui a pour titre "Les merveilles du monde". Je l'ouvre, il y a des tas d'images d'arbres, d'animaux, de lieux et les explications. Je suis déjà curieux de connaître tout les secrets qu'il renferme.
-Maria: Comme ça, tu sauras plein de choses sur la Terre ! On pourra le lire tous les deux ?
-Shadow: Bien sûr, Maria ! Mais au fait...moi, je n'ai rien à t'offrir !
-Maria: Tu n'as rien à m'offrir Shadow. Tu m'as déjà fait le plus merveilleux des cadeaux. Tu me rends heureuse. Très heureuse.
Maria prend mes mains. Elle inspire un bon coup avant de me chuchoter:
-Mon plus beau cadeau, c'est toi.

On reste là, quelques secondes, sans rien se dire, avant que je la prenne dans mes bras. Maria...toi aussi, tu me rend heureux. J'aimerai passer le reste de ma vie avec toi. J'aimerais qu'un jour, tu sois guérie et qu'on aille vivre sur la Terre ensemble. Et je ferais tout pour que ce rêve se réalise.
Soudain, le professeur arrive. Surpris, je lâche Maria.
-Professeur: Ah, je vois que Noël vous fait beaucoup de bien à tous les deux ! Alors Shadow, ton cadeau te plait ?
-Shadow: Oui beaucoup. Maria a vraiment eu une bonne idée. J'ai hâte de le lire.
-Professeur: Tant mieux. Quel bonheur de vous voir sourire, tous les deux ! Je ne pouvais pas demander mieux pour Noël.
-Maria: Oh grand-père...tiens, au fait, j'ai aussi un cadeau pour toi !
-Professeur: Hé bien moi aussi, figure toi !
Maria et le professeur se donnent les cadeaux. Le professeur découvre une boite de chocolats et Maria une nouvelle robe rose pâle. Les deux se prennent dans les bras.
-Professeur: Tu n'as pas oublié à quel point j'aime les chocolats ! Ta robe te plaît ?
-Maria: Elle est très belle, grand-père. J'ai hâte de l'essayer !
Le professeur se tourne vers les scientifiques et annonce:
-Bien, je vois que tout le monde a ouvert son cadeau ! Allez les ranger dans vos chambres afin d'être sûrs de ne pas les perdre ! Si vous les perdez ici, vous ne les retrouverez pas de sitôt ! Ensuite, revenez ici et la fête pourra commencer !
Aussitôt, tout le monde quitte la salle principale et chacun se dirige vers sa chambre. Je vais voir Maria avant de me diriger vers la mienne.
-Maria: Cette robe est vraiment magnifique ! Tu ne trouve pas Shadow ?
-Shadow: Si, mais je préférerai toujours ta superbe robe bleue.
-Maria: C'est vrai que j'ai toujours adoré le bleu. Ça va me changer un peu de porter du rose !
Maria m'adresse un large sourire avant de se diriger vers un des nombreux couloirs.
-Bon, je laisse ma robe dans ma chambre et je reviens. À tout à l'heure !
Maria disparaît dans le couloir. Je me dirige vers l'ascenseur pour aller dans ma chambre qui se trouve deux étages plus haut. Une fois arrivé, je pose mon livre sur le bureau. Je ne peux m'empêcher de le feuilleter. Je suis absorbé par les images des plantes, des animaux, des lieux. Je lis quelques descriptions et je suis à chaque fois un peu plus surpris. La Terre a vraiment l'air d'être un endroit passionnant et diversifié. J'espère vraiment que j'irai un jour. Peut-être que si j'y vais un jour, je trouverai enfin une raison à mon existence...
Je regarde ma pendule. Il est presque 22h30. Ça fait un quart d'heure que je regarde mon livre. J'ai intérêt à redescendre ou Maria et le professeur vont s'inquiéter.
Je quitte ma chambre et j'emprunte de nouveau l'ascenseur. Je traverse le couloir qui mène vers la salle principale. Mais quelque chose m'intrigue. Je trouve que c'est un peu trop calme, tout d'un coup. Il y avait bien plus de boucan quand j'ai quitté la salle. J'ai comme une sorte de mauvais pressentiment, je ne sais pas pourquoi, de plus qu'il n'y a aucune raison.
J'entre dans la salle principale. Alors que je m'attendais à voir tout le monde faire la fête, je me trouve en face d'une vision d'horreur, qui me plonge dans une peur et une incompréhension totale.
À terre, des dizaine de scientifiques agonisent dans une mare de sang.