Perchées sur les tours, les chouettes poussaient les premiers hululements de la journée.

Severus et Jade étaient toujours là, en dessous de la grande horloge de Poudlard, entre la fraîcheur de l'aube et la chaleur du château. Le maître des potions continuait d'aller délicatement chercher les lèvres de la jeune femme tandis qu'elle passait ses mains sur ses joues, frottant son visage au sien pour retenir son odeur à tout jamais...

- Je ne savais pas que vous pouviez faire preuve d'autant de tendresse Severus, j'en tremble, vous me donnez des frissons...

- Me prenez-vous pour un monstre? Ricana-t-il.

- Non, je vous prends pour Severus Rogue, c'est déjà pas mal.

Sa plaisanterie le fit sourire, il prit ensuite une voix débordante de remords :

- Je suis toujours resté dans la plus stricte des retenues vis-à-vis de vous, j'ai été incorrect et qui plus est, vous avez déjà été la spectatrice de plusieurs de mes méfaits. Vous avez vu le pire de ma personne... Je ne sais pas ce qui vous attire chez moi.

- En dépit de ce qui nous a souvent opposé, j'aime votre authenticité et votre façon de voir les choses. Dans votre fonction, vous faites preuve de beaucoup de déontologie sans avoir peur de vous opposer au ministère de la magie. J'admire tellement votre façon d'être vous.

Pour simple réponse, le maître des potions lui embrassa le front, les yeux légèrement brillants par tant que compliments

- Et... je dois bien avouer, Severus, que le fait de ne jamais vous voir en compagnie de femmes vous rend d'autant plus désirable.

Son visage pâle eût l'air de se décomposer, il arrêta ses caresses bien qu'il gardât son corps collé à elle.

- Ai-je dit quelque chose de mal? Se soucia-t-elle.

- Je ne veux pas que vous vous mépreniez à mon propos. Je suis trop instable pour vous ou pour autrui. C'est

la raison pour laquelle je n'avais plus jamais été amoureux depuis Lily...Vous êtes arrivée hors que je m'attendais plus à cela. En revanche, les histoires d'une nuit...Si vous saviez ne serait-ce combien de lits j'ai déjà connus sans jamais y trouver ce réconfort que je convoitais à souhait.

Jade se serait volontiers bien passé de ces détails aussi personnels, elle qui éprouvait déjà beaucoup de pudeur face au sujet qu'était la sexualité. Les joues de l'éducatrice étaient aussi rouges que deux tomates bien mûres. Rogue voyait qu'il l'avait prise au dépourvu...

- Je ne demande pas à devenir la femme de votre vie comme dans un roman, dit-elle en ayant à présent difficile à regarder Severus dans les yeux.

Je voudrais simplement mieux vous connaître, partager du temps en votre compagnie autour d'un verre, d'une forêt... Ou d'une plage d'été. Si une relation est trop lourde à porter pour vous, laissez-moi la rendre plus légère, plus occasionnelle. Je serais m'en contenter si cela me donne la moindre chance de faire partie de votre monde, ma vie a toujours été faite de compromis.

Rogue sépara totalement son corps du sien pour se mettre dos à elle, regardant le parc.

- Il en est hors de question, trancha-t-il.

Vous méritez mieux qu'une relation de cette nature. Me concernant, je suis devenu un homme plus mâture ces neuf dernières années. Cette période volage est déjà derrière moi depuis longtemps maintenant, soyez-en certaine.

Ou voulait-il en venir? Jade ne le comprenait plus.

- Si vous avez autant changé, alors j'ignore pourquoi vous m'avez raconté cette partie de votre vie qui ne concerne que vous...

Rogue fit silence pendant plusieurs secondes...

- C'est parce que j'en aie honte, Jade, affirma-t-il finalement. Je préférais vous le dire de vive voit avant que vous ayez le déplaisir de l'apprendre par un tiers.

- Vous ne devez pas en avoir honte, il n'y avait rien de mal à cela. Si vous êtes un homme nouveau, alors qu'aimeriez-vous avec moi? Demanda Jade qui avait besoin de la réponse de ce casse-tête.

Il se retourna enfin, la regardant droit dans les yeux.

- Quel âge avez-vous, Jade?

- Vingt neuf ans. Puis-je savoir dans quelle mesure mon âge vous empêche de répondre à ma question?

- Vous me voyez comme le héros imparfait dont la gazette me qualifie. Vous êtes jeune et puérile. Gardez à l'esprit que vous avez affaire à un homme qui a évité par deux fois la prison d'Alzkaban.

Il avait l'art et la manière de tout repeindre en noir, mais Jade savait contrebalancer ce genre de discours typique du maître des potions.

- J'ai aussi affaire à un homme qui a utilisé son héritage familial pour abriter plus de cinquante enfants dont aucun orphelinat ne voulait. Dois-je vous citer d'autres exemples de bonnes actions?

- Votre optique est altérée par vos ressentis, affirma-t-il, convaincu par ce qu'il disait.

Il eût plusieurs minutes de silence, tous deux regardaient le parc sans prononcer le moindre mot.

- Je pense qu'il serait mieux que je vous laisse, dit-elle. Vous avez besoin d'être seul.

Elle espérait qu'il l'implore de rester auprès de lui, mais Severus connaissait ses limites et il les avaient atteintes. Sa charge émotionnelle devenait trop forte.

- Au revoir, dit-il d'une voix neutre, attendant que Jade parte la première.

Rideaux fermés, enroulée dans plusieurs couvertures, elle peinait à s'endormir en pensant à l'étrange nuit qu'elle venait de passer et à ces baisers alcoolisés. Severus s'était confié à elle,

dévoilant son mal-être et les raisons pour lesquelles il se sentait voué à l'éternelle solitude amoureuse. Son passé le hantait terriblement. Le fait qu'il ne trouve pas d'avenir possible pour eux deux lui brisait le cœur, mais comment lui en vouloir? Tout autant qu'elle, lui aussi était dans la souffrance.

- Incendio, lança-t-elle en direction de la cheminée éteinte.

Rien n'y fit. Par la barbe de Merlin, qu'est-ce qui clochait avec cette cheminée? Accablée, et bien décidée à enfin se reposer, elle partit à contrecoeur demander de l'aide au seul sorcier encore réveillé : Severus.

À son arrivée, la porte de son cachot était grande ouverte. En passant une tête, elle en déduit que son propriétaire était absent. Finalement, après avoir patienté plusieurs minutes dans le couloir, elle se risqua à rentrer sans son accord, se disant qu'il devait être parti faire un tour quelque part dans le château.

Rien n'avait bougé de place depuis la veille. Le feu était toujours aussi dense, deux verres de jus de citrouilles vides attendaient d'être lavés, le salon était propre mais désordonné, et il y avait toujours des bouteilles de whisky sur la table en face du canapé, à la différence que le liquide qu'elles contenaient avait diminué de plusieurs décilitres. Depuis tout ce temps à travailler à l'orphelinat du Phénix, elle n'avait jamais remarqué que son directeur avait un penchant aussi affirmé pour l'alcool.

En l'attendant, elle explora le contenu de ses bibliothèques personnelles. Ces étagères de bois contenaient toutes des livres sur la magie noire, mais il y avait aussi de précieux livres historiques.

- " Les premières femmes médecins chez les moldus" de Bathilda Tourdesac, lu Jade sur le dos d'un vieux livre.

Elle le prit et commença à faire les cent pas en le lisant, bien qu'il était plutôt lourd.

" Au quinzième siècle vivaient des femmes à l'écart de toute société, dans des cabanes en bois au coeur des forêts. Les pouvoirs de la nature n'avaient pas de secrets pour ces femmes qui savaient que derrière chaque plante se cachait un remède. C'est pourquoi leur espérance de vie était glorieuse, ces dernières vivaient à un âge très avancé. Pourtant, les sources de l'époque ne font peut référence à des personnes âgées, et pour cause, l'espérance de vie au moyen-âge se situait autour des quarante-cinq ans. Conscientes de ce privilège, elles se mirent alors à venir en aide au peuple moldu pauvre, soignant leurs blessures et guérissant leurs maux. Mais le peuple moldu riche ne vit pas cela d'un très bon œil, et arriva à convaincre le peuple pauvre qu'elles marchandaient avec le Diable en personne. De cette manière, durant trois cents ans, les moldus brûlèrent les premières femmes médecins, des sorcières.

Subitement, elle eût un sursaut lorsqu'elle entendit la porte de la salle de bain s'ouvrit brusquement alors qu'elle se croyait seule. C'était Severus, les cheveux mouillés avec une serviette de bain enroulée autour de sa taille. Il ne parut guère étonné de sa présence ici, gardant un visage pareil à lui-même.

- Comme chaque début d'année, toutes les cheminées sont en panne, dit-il sans préavis, en allant chercher des vêtements dans sa garde-robe. Je présume que c'est pour cela que vous êtes là.

Il enfila une chemise blanche et commença à la boutonner.

- Ou-oui, confirma Jade, toujours autant étonnée par la perspicacité dont Severus pouvait faire preuve. Comment... Comment avez-vous fait, avec la vôtre?

- Sans la magie, expliqua-t-il en boutonnant ses manches, toujours avec sa serviette autour de sa taille. Je vais aller vous montrer. Pouvez-vous...Vous tourner quelques instants?

- Oh heu, oui, certainement.

Elle se tourna face à la cuisine pour le laisser enfiler ses vêtements du bas.

- Je suis désolée de vous mettre dans dans l'embarras...S'excusa Jade qui se sentait pire qu'intrusive. Je tombe toujours mal, je ne le fais pourtant pas exprès.

- En êtes-vous certaine? Répondit-il sarcastiquement.

Avec hésitation, elle se retourna vers lui après avoir attendu un certain temps.

- Avez-vous du bois dans votre cheminée? Demanda-t-il en allant prendre des allumettes et des papiers journaux traînant autour de sa cheminée.

- Non, j'utilisais seulement de la poudre de cheminette, c'est vraiment gentil de vouloir m'aider.

Après avoir fait apparaître des bûches de bois sec, il essaya de lancer un sortilège de lévitation sur son matériel mais ce fut un échec. Il devait être tellement fatigué et alcoolisé qu'il n'y parvenait pas...

- Bon sang! S'énerva-t-il en plaçant les bûches sur ses larges épaules.

- Voulez-vous que j'en porte au moins une? Demanda Jade qui tenait seulement le papier et les allumettes.

- Non, grogna Severus.

La chambre de Jade était baignée par la lumière blanche du matin.

Tous deux agenouillés devants sa cheminée éteinte, le maître des potions prit de temps de lui faire un cours théorique sur les bonnes pratiques de l'allumage d'un feu non-magique. Il commença par la partie entretient, finissant par les mesures de sécurité.

-... Un feu est comme une potion, il ne faut jamais le laisser sans surveillance, finit-il.

Sa vocation de base ne l'avait jamais vraiment quittée, il restait avant tout un très bon professeur aux méthodes pédagogiques élaborées. Car en effet, il ne laissait rien au hasard dans sa façon d'enseigner. Il était cohérent et passionné par de nombreux sujets.

- C'est un comble, tout de même, dit Jade lorsque les premières flammes apparurent.

- De quoi parlez-vous? Demanda-t-il en plissant ses yeux.

- J'ai passé plus de temps que vous dans le monde des moldus... Et pourtant, vous savez mieux vous débrouiller que moi sans la magie.

Il rajouta du papier-journal aux flammes avant de répondre, il avait l'air pensif.

- Tout est une question de survie... Murmura-t-il en lui lançant un regard en biais.

Jade se leva pour aller prendre la couverture de son lit et la posa sur les épaules de Severus. Quant à elle, elle resta assise à un mètre de lui, jusqu'à ce qu'il lève son bras pour l'inviter à se blottir contre lui. La tête appuyée sur son épaule, ils restèrent longuement dans cette position, à observer la danse des flammes. Ses cheveux noirs séchaient au gré de la chaleur qui s'installait dans la petite pièce, laissant une odeur propre à lui que la jeune femme adorait.

- Je me sens bien avec vous, déclara Severus. Votre compagnie est des plus agréables.

- Moi aussi, si vous saviez...

Ils s'embrassèrent, encore et encore, avant qu'ils ne décrétent qu'il était grand temps d'aller dormir. Severus se releva lentement, Jade en fit de même, bien qu'elle n'ait nullement envie qu'il parte. Elle prit alors son courage à deux mains, se disant que tout était possible.

- J'aimerais que vous restiez, si bien sur cela ne vous incommode pas, dit Jade.

Severus marqua une pause, regardant ce petit lit une place d'un air septique.

- Est-ce un lit pour enfant? Demanda-t-il, narquois.

L'homme aux yeux noir était bien plus grand qu'elle, ses jambes dépasseraient du lit...Par Merlin, qu'elle était sotte parfois.

- Ah, eh bien ce n'est pas grave,

Je présume qu'un petit sortilège ne devrait pas vous poser une quelconque difficulté, dit-elle pour le convaincre.

- Espérons que ce ne soit pas encore un insuccès, répondit-il en faisant référence aux bûches de tout à l'heure.

Dans un sortilège informulé, le sommier en bois du lit s'étira comme de la glu...Severus fit apparaître de lourd rideaux aux fenêtres pour garder la chaleur ainsi que des oreillers et une couverture en laine. Le matelas se déchira en deux avant que le tissu ne se régénère...Tout cela donna un lit deux places plutôt convenable, bien qu'elle était un tantinet froissée qu'il ne l'ait pas invité dans son appartement.

Ils s'assirent dos à dos, chacun de leur côté du lit pour enlever leurs chaussures. Quelque chose avait l'air de froisser Severus, il ne disait plus rien. La jeune femme s'installa, toujours vêtue de son pyjama à carreaux, tandis que lui restait statique.

- Ne voulez-vous pas vous allonger, demanda Jade alors qu'il était encore dos à elle, assis sur le rebord du lit.

Il eût un bref silence.

- Je me pose une question, dit-il d'une voix normale.

- Posez-la-moi dans ce cas, dit-elle simplement.

- Est-ce que vous vous attendez à quelque chose, venant de moi?

Elle alla s'assoir à côté de lui...

- Que voulez-vous dire par là?

- Vous savez très bien de quoi je veux parler, trancha-t-il en la regardant dans les yeux.

Évidemment qu'elle savait de quoi il voulait parler, mais elle était si timide, surtout avec lui.

- Je...Non, j'ai juste envie de dormir à vos côtés.

Il acquit, satisfait de cette réponse.

- Bien, dit-il d'une voix calme.

Tous deux se couchèrent enfin dans le lit, Rogue était toujours entièrement vêtu des mêmes vêtements avec lesquels il avait passé la soirée. Le fait de dormir habillé ne devait pas être très rare chez lui, c'était une façon d'être prêt à affronter le moindre danger. Elle se demandait si souvent à quoi il pouvait bien penser...Le feu crépitait, les rideaux étaient si opaques qu'on avait l'impression qu'il faisait nuit noir dehors...Chacun de leur côté, tourné l'un vers l'autre, ils ne regardaient, tout simplement.

- Vous savez, je n'ai encore jamais fait... Ce que vous pensiez, confia Jade dans un chuchotement. Et hormis dans les dictionnaires et dans mes cours de sciences, je n'ai jamais vu... la nudité d'un homme.

- Rassurez-vous, vous n'avez rien raté de grandiose, dit-il dans un sourire. Contrairement à la femme, le corps de l'homme est des plus disgracieux.

- Pourquoi dites-vous cela? S'étonna-t-elle. Je suis certaine que ce n'est pas vrai, tous les corps sont beaux.

- Puisque la femme porte la vie, sa peau change et évolue de façon permanente. Lorsqu'elle donne naissance, sa souffrance est hautement considérable. Pourtant, contrairement à l'homme, elle sera capable, et sans la moindre hésitation, de renouveler l'expérience sans la moindre appréhension. La nature féminine sait mieux que personne accueillir la douleur dans ses bras.

- Vous dites de très belles choses, quand vous le voulez, murmura-t-elle en allant porter ses lèvres aux siennes.

Rogue la pris dans ses bras, son corps était agréablement chaud...Elle avait pour la première fois cette envie de découvrir à quoi ressemblait le corps du sexe opposé, c'est lui, qui lui donnait cette irrésistible envie.

- Et si je voulais tout de même découvrir ce que vous qualifiez comme étant disgracieux? Demanda Jade entre deux baisers.

- Et de quelle façon le voudriez-vous?

Jade ne répondit pas, embarrassée par cette question.

- Vous n'êtes pas obligée de faire preuve de tact en ma présence, je connais les choses de la vie, poursuivit-il d'une voix détendue. Exprimez-vous, Jade...

- Je ne peux pas dire quelque chose d'aussi explicite, je suis navrée, se braqua Jade.

- Ce n'est pourtant pas interdit par le ministère - du moins, par encore - dit-il avec un rictus ironique.

Jade pouffa de rire quelques instants, l'humour piquant de son amant la rassurait. Elle finit par lui chuchoter timidement son désir à l'oreille, comme s'ils étaient entourés d'une centaine de personnes...

- En êtes-vous certaine? Dit-il en levant les sourcils, surpris.

Jade fit oui de la tête.

Couvert de l'épaisse couverture en laine, Severus prit doucement sa petite main et la guida en dessous de son caleçon...C'était doux, et à en croire l'accélération de son souffre chaud sur ses fines épaules, cet endroit semblait particulièrement sensible. Elle passait ses doigts là où c'était agréable pour lui...Les mouvements de son poignet devenaient frénétiques.

- Je pense qu'on devrait s'arrêter là, suggéra-t-il après avoir laissé échapper un grognement de plaisir. Ne nous précipitons pas, gardons nos limites...

- Merci d'avoir accepté, Severus, dit-elle avant de retirer sa main pour la mettre contre son torse.

- Je ne m'attendais pas à ce genre de demande, venant de vous...Avoua-t-il en remontant sa braguette. Je comprends néanmoins votre curiosité...J'espère juste que vous n'êtes pas déçue.

- Au contraire, cette première approche m'a beaucoup rassurée et...heu, ça m'a fait plaisir, dit-elle timidement.

- Le sentiment est partagé, je ne suis pas insensible à votre toucher.

- Je sais que cela peut paraître étrange, surtout à mon âge, mais vous êtes le premier homme qui m'attire de cette façon.

- C'est la nature, nous n'avons pas le pouvoir de contrôler tous nos ressentis...À titre personnel, mon attirance pour vous n'êtes que très récente. C'est venu du jour au lendemain et j'ai été très effrayé. Même à bientôt quarante ans je suis encore surpris par moi-même...

Ils s'endormirent dans la tendresse...

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ceci n'est que pure imagination mélangée avec certains faits réels, ce n'est donc pas une source sûre, c'est de la fiction