AVERTISSEMENT : ce chapitre contient des pensées sombres et suicidaires, la mention d'auto-mutilation et de suicide
Janvier 2007
Un enchevêtrement de draps et de sueur, surplombés par l'insomnie et les frissons. Cela aurait pu être dramatique si ça n'avait pas été habituel ces temps-ci. Draco Malfoy cessa de chercher une position confortable pour se rendormir et s'entendit sur le dos. Ses yeux gris fixèrent le plafond, comptant les lattes en lambris d'une chambre impeccablement décorée. L'aube était déjà probablement levée, ou dans peu de temps. Il se tourna pour attraper sa montre posée sur la table de chevet en acajou. 4H46. Quelle gentillesse de la part de ses cauchemars de l'avoir laissé faire une grasse matinée.
A ce stade, on aurait pu penser qu'il avait peur de se rendormir mais il n'était simplement pas pressé de le faire. Son sommeil l'avait ramené au bon vieux temps, dans l'un de ses souvenirs préférés : celui du jour où son professeur d'Etudes Moldues s'était faite dévorer par un serpent géant, sur la table de la salle à manger de sa famille, à quelques mètres de lui.
Draco fit passer ses jambes sur le bord du lit et se prit la tête entre les mains, coudes sur les genoux. Une longue respiration. Une autre. Et une autre. Tu respires encore. Tu es toujours là. Je suis en contrôle.
Vêtu de son costume noir pour le travail et assit au bout d'une longue table, il puisa dans son énergie pour lever sa tasse de thé jusqu'à ses lèvres de manière régulière. L'impressionnant petit déjeuner dressé devant lui était intact. Les elfes de maison avaient, comme tous les matins, clairement tenté de l'appâter bien que ce fut inutile. Draco savait que tout aurait goût de cendre dans sa bouche et qu'il ne le garderait pas longtemps dans tous les cas.
Il attendit dans un état second, autour d'une théière devenue froide, jusqu'à 7h30 passé. Café. Il pouvait rassembler l'énergie suffisante pour une tasse de bon et revigorant café. Garde ta routine. Je suis en contrôle.
L'odeur du café tout juste moulu était l'une de celle que Draco avait directement reconnue au dessus du chaudron d'Amortencia, dans le cours du professeur Slughorn en sixième année. Evidemment, il avait eu d'autres choses légèrement plus préoccupantes à l'esprit cette année là et tout cela lui était complètement sorti de la tête. Du moins, jusqu'à ce qu'il entre dans un coffee shop moldu, non loin de son point d'accès au monde des sorciers depuis le Chemin de Traverse.
Les premiers temps ça n'avait été qu'une espèce de test. « Va dans le monde extérieur. Passe du temps entouré de gens différents. Tu verras qu'ils ne sont pas si différents, au fond ». Au début, Draco avait jugé que le conseil de son guérisseur était complètement pourri, mais avait par la suite décidé de le prendre comme un challenge. Pourquoi était-il si foutrement effrayé à l'idée de s'aventurer hors du monde des sorciers? Il savait de source sure que d'autres choses étaient bien plus à craindre.
Alors, plutôt que de le prendre comme un conseil pour essayer d'étendre ses horizons – comme il aurait dû – Draco avait méticuleusement préparé sa première visite dans un établissement moldu, quatre ans plus tôt.
Il avait transplané dans une ruelle un peu à l'écart et s'était baladé dans le quartier. La commodité et le confort n'étaient qu'à quelques encablures là où le monde moldu se terminait et là où le monde des sorciers commençait : à l'entrée du Chaudron Baveur. Mais Draco était déterminé. Il était allé à Gringotts la semaine précédente pour - pour la première fois de sa vie - échanger de la monnaie magique contre de la monnaie moldue.
Le coffee shop avait l'air suffisamment banal. Un service matinal chargé, des gens habillés – selon lui – pour aller travailler, fourmillant à l'intérieur comme à l'extérieur pour récupérer leur dose de caféine. Il avait aussi pris soin de changer ses robes de sorcier contre un simple costume. Bien que l'Etude des Moldus n'ait pas fait partis de son cursus, il en savait assez pour au moins jouer le jeu.
Dès son entrée, le souvenir olfactif de sa précédente rencontre avec l'Amortencia l'avait si fortement frappé qu'il n'avait pas pu se retenir de sourire. Cette odeur de café fraichement moulu était si délicieuse qu'il tenta de la reproduire pendant les semaines suivantes, sans jamais parvenir à une qualité similaire à celle des moldus, et ce malgré ses efforts – ainsi que ceux des elfes de maison.
Quatre ans après, Draco avait ses habitudes. Dès que sonnait 7h30 il transplanait dans la ruelle, réajustait la cravate de son costume, revérifiait que sa baguette était dans sa poche intérieure – celle sur sa poitrine - et entrait dans le café. Après toutes ces années, les moldus derrière le comptoir ne pouvaient que le reconnaître et, comme il faisait parti des réguliers, ils connaissaient chacune de ses manies. Ils distinguaient parfaitement les habitués qui préféraient une brève discussion de ceux qui souhaitaient simplement récupérer leur café en s'en aller. Draco entrait – évidemment – dans la deuxième catégorie. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles il était si attaché à cet endroit.
Il prit sa tasse fumante, résistant à l'envie irrépressible de commander un scone à la myrtille – vu qu'il se sentait toujours un peu vaseux – et s'installa à sa table habituelle. Là, comme il le faisait chaque matin, il plongerait son nez dans les rapports de découvreur de talent ou n'importe quel magazine de Quidditch (ensorcelé pour ressembler à un journal moldu), ou s'affalerait nonchalamment pour savourer sa boisson du matin.
Ce matin étant l'un de ceux qui entrait dans la catégorie « pas top », il remua son café et essaya de ne pas s'attarder sur le fait qu'il savait qu'il avait une mine horrible. Il avait toujours été pâle, mais après une nuit avec un sommeil d'une piètre qualité, les ombres sous ses yeux devenaient scandaleusement proéminentes.
Son café finit, ses pieds le portèrent jusqu'au travail. Pourquoi, d'ailleurs ? Sincèrement, quel est l'intérêt ?
Draco n'aimait pas sa façon de penser ces derniers temps. Il accéléra le pas jusqu'à son agence.
Au moment où il atteignait son petit bureau et fermait la porte derrière lui, il était quasiment à bout de souffle. Il desserra sa cravate sous ses robes et essaya de contrôler sa respiration, les mains agrippées au bord de son secrétaire. Je suis en contrôle.
Lorsqu'il se senti plus calme, il s'installa et attrapa quelques mémos. Routine, routine, routine, garde ta routine. Je suis en contrôle.
Le matin suivant, les cauchemars de Draco le laissèrent tranquille jusqu'à 4h48. Un autre de ses préféré avait pris possession de ses rêves : celui où Voldemort le faisait torturer le fabricant de baguette, Ollivander. Draco se pencha pour attraper sa baguette sur la table de chevet, essayant de ne pas penser qu'il l'avait déjà utilisé sur celui qui lui avait confectionné ni d'à quel point il avait l'air anéanti après plusieurs tours de Doloris.
Draco se força à descendre pour sa performance matinale. Il rumina devant son thé jusqu'à 7h30 puis transplana jusqu'au café. Il sirota sa boisson et regarda dans le vide. Ses yeux ne semblaient pas vouloir se concentrer sur les lectures qu'il avait apporté. Direction l'agence. Malheureusement il n'y avait pas de travail de terrain pour lui cette semaine et il essaya de s'enterrer sous la paperasse jusqu'à la fin de journée. Routine. Routine. Je suis en contrôle.
Mercredi matin, il se réveilla avec le corps engourdi. Ses cauchemars l'avaient conduit jusqu'à la tour d'astronomie de Poudlard. Dans cette version, c'était lui qui se glissait devant le sort mortel de Rogue et au lieu du corps meurtri de Dumbledore dégringolant de la tour, c'était Draco qui allait s'écraser pour mourir. Il s'était réveillé juste avant de toucher le sol. Il était 5h22.
Il se tenait devant le miroir doré de la salle de bain, rasoir à la main. Il avait fini de se raser quelques minutes plus tôt mais ne pouvait pas poser la lame. Il fixait l'ustensile dans ses mains, se demandant s'il réussirait à se donner la coupure fatale. Cela serait-il douloureux ? Il s'agissait d'une lame très couteuse et très aiguisée.
Personne ne s'en soucierait. Clairement, les elfes de maison devraient nettoyer derrière lui mais seraient-ils vraiment contrariés ?
Mère s'en soucierait. Pendant un temps. Néanmoins, si elle souhaitait vraiment continuer à jouer à la parfaite famille Malfoy, elle aurait été présente aujourd'hui. Et non en train de voyager au quatre coins de l'Europe pour rendre visite à divers membres de la famille.
Théo Nott s'en soucierait. Mais à quand remontait la dernière fois qu'ils avaient passé du temps ensemble ? A vrai dire, si Draco se souvenait bien, l'année passée leurs réunions hebdomadaires au bar avaient significativement diminué. Draco ne pouvait même pas se rappeler de la dernière fois qu'ils s'étaient vus.
Il pouvait presque entendre la réaction de Pansy Parkinson dans sa tête : tu es au courant pour le pauvre Draco Malfoy ? Je ne suis pas surprise, sincèrement, il est devenu complètement fou après la chute du Seigneur des Ténèbres. Tu savais que j'avais presque faillit l'épouser ?
Ouais, du typique Pansy. Divertissant la haute société avec son vieux et flippant mari Bulgare et commérant à propos de ce que c'était que d'être à Poudlard avec des gens comme Malfoy et Potter pendant le deuxième soulèvement de Vous-Savez-Qui. Draco avait entendu dire qu'elle avait déjà deux enfants.
Pour le reste du monde magique cela aurait été un récit édifiant. Avez vous déjà entendu parler de la famille Malfoy ? Ces aristocrates pure souche qui étaient dans le cercle privé de Vous-Savez-Qui ? Quoi qu'il en soit, le dernier de la lignée vient juste de se suicider.
Draco laissa soudainement échapper un rire moqueur. Il venait de se souvenir de pourquoi cette lame de rasoir était si couteuse: elle était ensorcelée pour ne pouvoir couper que des poils et il était impossible qu'elle entaille sa peau.
Jeudi fut le pire matin de tous. De sa collection d'horribles souvenirs c'était le cauchemar qui le hantait le plus. Son corps tout entier était pris de tremblements alors qu'il tentait de faire taire les cris d'Hermione Granger. Le regard – hébété, terrorisé – qu'elle lui avait lancé juste avant que tante Bellatrix ne la jette sur le plancher du salon du Manoir Malfoy : aide moi, disait-elle, je t'en supplie, aide moi. Mais il n'avait pas pu. Et il ne l'avait pas fait.
Sa montre indiquait 4h13. Les tremblements cessèrent finalement et furent remplacés par une inéluctable angoisse. Draco ne se débarrasserait jamais de ces souvenirs. Neuf ans après la Bataille Finale, il ne trouvait toujours pas le moyen de leur échapper.
Bien sur, il avait déjà touché le fond auparavant. La première année après la guerre il avait essayé de se noyer dans le Firewhisky, les potions de Sommeil sans Rêves – mélangées avec d'autres – et les bons soins de Pansy. Mais Pansy avait été impatiente de commencer sa vie en tant que nouvelle Mme Malfoy – avec tout ce que ça impliquait, à savoir les traditions et rituels archaïques des Sangs-Purs - et fut vite lassée de la mélancolie de Draco. Draco, quant à lui, n'en pouvait plus de l'écouter rabâcher sur les Sang de Bourbe et autres traitres à leur sang qui tentaient de s'emparer du pouvoir pour reconstruire le monde, et – par Merlin ! - qu'avait-il bien pu lui trouver ?
Gérer les tirades quotidiennes de Pansy sur la façon dont le monde était en train de changer était tout simplement épuisant. Cette stupide gonzesse n'avait-elle pas réalisé pas que ça n'avait plus d'importance de toutes façons ? Où les avait mené cette pureté de sang jusqu'ici ? Ça avait conduit Lucius Malfoy - et la plupart des parents de leurs camarades de classe - dans une cellule d'Azkaban à perpétuité. Crabbe était mort. Narcissa était libre, mais uniquement grâce à la bonne volonté d'Harry Potter.
Et Draco ? Une sentence probatoire de deux ans, incluant une interdiction internationale de voyager qui était maintenant levée. Evidemment il y avait aussi eu les cauchemars jusqu'à vomir, les rendez-vous obligatoire avec un guérisseur et il avait pris plus de médicaments et de potions qu'il n'osait l'admettre.
Donc quand Pansy et sa stupide bouche s'étaient plaints pour la millionième fois des nés moldus, Draco avait finit par craquer. Il avait sans doute été cruel et l'avait traité de tout un tas de noms horribles, mais il avait réellement eu besoin de couper tous les liens - aussi effilochés soient-ils - qui les reliaient.
Elle l'avait traité de junkie, d'homme misérable et pathétique, et de la honte de sa famille. Draco lui avait rit au nez et ajouté que si elle tenait absolument à se marier à un vrai Malfoy, alors il connaissait le numéro d'une cellule d'Azkaban où se trouvait l'homme de sa vie.
Les quelques années suivantes s'étaient écoulées dans un brouillard de potion de Sommeil sans Rêves et de rendez-vous avec un guérisseur et quand il eut passé ses ASPICs (à distance, évidemment), il avait enfin pu quitter la nouvelle maison de sa mère. Le Ministère avait saisi le manoir des Malfoy immédiatement après la bataille finale de Poudlard – étant donné qu'il avait manifestement servi de quartier général au Seigneur des Ténèbres pour ses sinistres opérations - et Draco ne pouvait pas moins se soucier de ce qu'adviendrait de sa maison d'enfance.
Il avait pensé que s'il s'éloignait de cet horrible endroit il serait enfin capable de respirer. Et ça avait fonctionné, pendant un temps. Mais les cauchemars ne restaient jamais loin bien longtemps. Draco avait même battu son addiction à la potion de sommeil et s'était trouvé un travail. Il pouvait presque voir les lèvres de son père se retrousser en un rictus méprisant en apprenant que Draco travaillait pour gagner sa vie. Les Malfoy ne travaillent pas. Il était indigne pour les propriétaires terriens de Sang-Pur de devoir gagner leur vie. Même s'il n'avait évidemment pas besoin d'or, Draco avait malgré tout besoin de quelque chose pour passer le temps, sinon ses pensées allaient le dévorer et le rendre aussi creux que la coquille vide qu'il essayait - à peine - de ne pas être.
Lucius était mort de toutes façons. Certains jours comme aujourd'hui, Draco l'enviait.
La mort était simple. On ne voit pas sa vie entière se désagréger devant nos yeux. On ne porte pas son corps hors du lit chaque matin en sachant que le monde serait mieux dans nous.
Parce que les cauchemars ne l'avaient jamais quitté.
Draco ne pu pas attendre 7h30. Au diable la routine, il avait besoin de son café maintenant. Il transplana une heure plus tôt en espérant que le café soit ouvert et fut soulagé quand il vit la lumière allumée et les clients se faire servir. Si tôt le matin l'endroit était moins fréquenté et Draco pouvait s'assoir à sa table habituelle sans avoir à jeter subtilement un Sort de Repoussement anti Moldu.
Draco s'asseyait à cette table tous les matins avant d'aller travailler. C'était la meilleure place du coffee shop. A quelques mètres de la fenêtre - pour qu'il puisse regarder les gens marcher dehors sans être vu en retour - et suffisamment loin de la porte mais avec une vue dégagée de celle-ci. Draco avait pris l'habitude de vérifier toutes les issues de chaque pièce dans laquelle il entrait.
Le mug en céramique était chaud et réconfortant dans ses mains - même si la chaleur ne semblait pas s'étendre au reste de son corps. Il s'assit et scruta tristement le liquide marron. Sincèrement, quel était le but de toute cette mascarade ? L'intérêt de s'habiller, de boire son café, d'aller au travail, de rentrer, de ne pas dormir et de devoir tout recommencer le lendemain ? Quelle valeur tout ça avait-il ? Quelle valeur avait-il, lui ? Il n'avait personne, n'était rien. S'il disparaissait de la surface du monde demain, est-ce que quelqu'un le remarquerait ?
Draco souleva son mug pour avaler le reste de sa boisson quand la porte du café s'ouvrit et attira son attention. La jeune femme qui venait juste d'entrer écarta une masse de cheveux bruns de son visage puis s'arrêta pour ajuster le fermoir de son sac. Les mains de Draco se mirent à trembler violemment alors que son cœur battait à tout rompre. Il reposa rapidement sa tasse avant qu'il ne l'échappe et qu'elle ne se casse en mille morceaux. Une panique froide, maladive, le parcouru alors qu'Hermione Granger marchait de manière confiante vers le comptoir du café pour passer commande.
Putain d'Hermione Granger.
Il était trop loin pour comprendre exactement ce qu'elle disait à la barista, mais il entendit son ton poli et amical - son rire léger - lorsqu'elle reçu sa boisson et qu'elle la remercia.
Il pouvait se cacher. Il pouvait fuir, maintenant, et elle ne le verrait pas.
A tout instant, à présent. A tout instant, Granger se tournerait lentement et le verrait. Elle le verrait et lui jetterait un regard noir. Ou peut-être qu'elle plisserait le nez de dégoût. Ou peut-être qu'elle reculerait par peur. Dans tous les cas, à la seconde où Granger poserait les yeux sur lui, assit dans un coffee shop Moldu, elle aurait une réaction.
Mais elle s'éloigna. Elle s'avança vers la porte, un gobelet à la main et un léger sourire aux lèvres. Le sourire de quelqu'un ayant accompli la première et plaisante opération de sa routine matinale en se rendant joyeusement au travail.
Et elle ne l'avait pas remarqué.
Draco ne savait pas comment il avait pu finir ses rapports ce jour là. Sans même s'en rendre compte, c'était la fin de journée et il était assis devant la table de sa salle à manger, à la maison. Plus d'une fois ce jour là, ses pensées avaient dérivées vers Granger. Que faisait-elle au coffee shop ? Elle vient chercher son café, évidemment, abruti, lui indiqua son subconscient de manière lasse. Certes, mais le faisait-elle souvent ? Comment connaissait-elle ce café en particulier ?
Draco supposa qu'il devait être sur son chemin pour aller travailler. Le point d'accès du centre ville vers le Ministère n'était pas loin de celui où il se rendait via le Chemin de Traverse. Elle devait s'y arrêter avant d'aller au travail, elle aussi. Mais, en quatre ans où il s'était assis là quasiment chaque matin, il ne l'avait pas vue une seule fois. Et Draco savait qu'il aurait remarqué Granger. Mais elle n'avait même pas jeté un coup d'oeil en sa direction.
Le matin suivant, Draco se leva de nouveau après seulement quelques heures de sommeil. Bien qu'aucun cauchemar ne l'ai réveillé il n'était pourtant pas reposé. Et il ne pouvait pas retenir la curiosité qui brûlait en lui. Peut-être devait-il encore une fois aller au café plus tôt, juste pour voir ce qu'il pourrait se passer.
Et elle avait été là. Précisément. Presque au même moment que le matin précédent, Hermione Granger était entrée, avait eu une conversation polie avec les employés derrière le comptoir, avait prit son gobelet à emporter et s'en était allée, sans regarder Draco.
Durant le weekend, Draco avait passé plus de temps qu'il ne l'aurait voulu à penser à Hermione Granger. C'était curieux, tout de même, qu'elle s'arrête dans un coffee shop le matin. Depuis le temps, elle était sans doute mariée à Weasley et devait avoir une ribambelle d'affreux bambins chevelus avec lesquels batailler le matin. Mais elle avait été habillé de manière formellement moldue ces deux matins et avait transporté ce qui ressemblait à une mallette de travail. Il s'était creusé les méninges pour essayer de se rappeler les moments forts de la carrière de La Plus Grande Sorcière de Leur Epoque. Quelque chose dans le Département de Régulation et de Contrôle des Créatures Magiques ? Ça lui ressemblait bien - étant donné son penchant étrange pour les droits des elfes de maison.
Quand le lundi matin arriva, Draco vint une nouvelle fois en avance. Il fit de même pour les autres jours du reste de la semaine.
La plupart du temps, Granger était réglée comme une horloge. Elle poussait la porte d'entrée, dégageait les cheveux de son visage, marchait avec assurance jusqu'au comptoir. Mais il y eut deux jours où Draco pu dire qu'elle était en retard et stressée. Son sac mal fermé, ses cheveux moins bien attachés, elle avait à moitié couru jusqu'au comptoir pour souffler rapidement sa commande avant de quasiment sprinter jusqu'à la porte.
Draco n'arrivait pas à se l'expliquer mais il élabora plusieurs théories pour comprendre pourquoi il continua à venir plus tôt la semaine suivante. Il s'en remit à la curiosité. Simplement pour savoir comment réagirait Hermione Granger à sa présence. Et combien de temps ça lui prendrait de tourner sa putain de tête vers lui.
Ce ne fut qu'au bout de la troisième semaine que Draco réalisa que cet étrange petit jeu était la seule raison pour laquelle il sortait du lit le matin. Certains jours il la transperçait de son regard juste pour qu'elle se retourne et lui jette un coup d'oeil. Allé Granger, regarde moi, fonce par ici toute indignée et traite moi de crétin. Certains jours, il était terrifié de ce qui pourrait arriver si finalement elle le voyait. Bondirait-elle en arrière de terreur et le traiterait-elle de Mangemort ? Il avait suffisamment subit ce genre de réaction pour une vie entière, merci bien.
Même si ça faisait des années qu'il n'avait plus reçu d'insultes, de maléfices ou de verres jetés à la figure, ce n'était pas le genre d'expérience que l'on oubliait facilement. Le temps avait guérit certaines blessures apparemment, car il ne recevait même plus autant de Beuglante ces temps-ci.
Draco se souvint avec un frisson qu'il avait bien vu Granger plusieurs fois au cours des dernières années. Il l'avait régulièrement aperçue dans une loge lors des rencontres de Quidditch des Holyhead Harpies. Draco n'assistait pas à beaucoup de leur match – parce qu'elles ne faisaient pas parties du cahier d'appel de ses clients – mais se rappelait à présent que la fille Weasley jouait dans cette équipe en tant que Poursuiveuse. C'était donc logique que Granger soit là pour soutenir sa belle-soeur.
Et donc comment réagirait Hermione Granger en le voyant ? Trois semaines maintenant, et Draco n'avait toujours pas de réponse.
On était en milieu d'après midi ce samedi lorsque Draco eu une folle envie de scone à la myrtille. Il n'était pratiquement jamais allé au coffee shop le week-end mais comme son appétit était un signe encourageant il ferait avec. La vieille dame derrière le comptoir fit un commentaire sur le fait de ne pas le voir habituellement le week-end et Draco haussa à peine les épaules alors qu'elle lui souriait en lui tendant son scone et son café.
Il ne l'avouerait jamais à ses elfes de maison, mais les scones à la myrtille de ce coffee shop moldu était foutrement bon - et rien qu'ils ne puissent essayer de cuisiner ne s'en rapprocherait jamais. Il se crispa intérieurement pendant un court instant en imaginant ce que sa mère dirait si elle avait vent de sa petite routine. Mais, en poussant la réflexion plus loin, Draco se dit qu'elle avait depuis longtemps perdu le droit de commenter ses choix de vie, surtout lorsqu'elle passait la plus grande partie de l'année à voyager sur le continent.
Draco se tourna vers sa table habituelle et se figea. Quelqu'un était déjà assis là bas. Bien sur, il y avait pleins d'autres tables libres, mais c'était sa table. Alors qu'il débattait mentalement sur quel type de magie utiliser dans cette situation, la femme assise leva les yeux de son cahier et dégagea des cheveux de son visage.
Putain d'Hermione Granger.
Elle devait l'avoir remarqué. Forcément. Comment aurait-elle pu, sinon pour royalement l'emmerder, choisir cette table en particulier, dans ce coffee shop en particulier ? Tout en prenant de grandes inspirations par le nez, Draco se dirigea à grandes enjambées jusqu'à elle.
- Sérieusement, Granger ? Tu trouves ça drôle ?
Son sursaut en entendant son nom ne fut rien comparé au choc qui traversa son visage quand elle découvrit qui l'avait appelé. Draco réalisa qu'il n'avait jamais vu Hermione stupéfaite auparavant. L'intello des Gryffondor - qui avait toujours eu réponse à tout - était complètement sidérée.
Les secondes s'allongèrent tandis qu'il bouillonnait devant son regard confus. Elle sembla finalement se souvenir qu'il s'était adressé à elle.
- Je te demande pardon ?
Draco se dégonfla légèrement mais tenta de se ressaisir. Il n'allait pas passer pour un bouffon.
- Ne fais pas l'idiote Granger, tu sais que c'est ma table et tu me prends la place juste pour me contrarier, siffla-t-il.
Pourquoi ses sourcils se joignaient-ils avec autant d'exaspération ? Il l'avait prise la main dans le sac, ne pouvait-elle pas simplement se rendre ? Elle prenait un temps insupportablement long à le gracier d'une réponse. Quand ce fut enfin le cas, elle avait toujours l'air de remettre de l'ordre dans ses idées.
- Mais je ne vois pas de... Mais... C'est un café moldu !
Alors que les mots se déversaient hors de sa bouche, son cerveau commençait enfin à fonctionner à son allure habituelle et la confusion s'effaça lentement alors qu'elle répondait à sa question initiale.
- Viens-tu de dire que c'est ta table, Malfoy ?
Etait-elle putain de sourde ? Pourquoi avait-elle toujours cet air stupide et dérouté sur le visage ? Il remarqua que ses yeux jonglaient de part et d'autre de sa personne, jetant des coups d'oeil derrière lui pour finalement revenir sur son visage, comme pour vérifier qu'il ne s'agissait pas d'un mirage ou d'une farce. Elle feignait très bien la surprise.
- Oui, ma table, et tu le sais parfaitement parce que je m'assois là tous les matins !
Il n'allait pas se laisser faire si facilement. Par Merlin, était-ce une once de nostalgie qui montait doucement en lui ? A quand remontait sa dernière dispute avec Hermione Granger ?
Elle déposa l'outil à écrire sur son cahier et Draco remarqua que la table était couverte de nombreux livres et autres blocs-notes. Rencontrant son regard, elle plissa les yeux.
- Tu viens ici tous les matins ? Est-ce que tu me suis ?
Le visage de Draco passa de la colère à l'indignation face à cette accusation.
- Te suivre ? J'étais là en premier ! Ça fait quatre ans que tous les matins, avant d'aller travailler, je m'occupe de mes petits oignons à cette table précisément. Table que tu as bien sur choisie pour m'énerver !
Elle renifla. Elle renifla, pour de vrai.
- Oh grandit Malfoy, personne ne cherche à t'énerver ! Et pour ta gouverne, je viens ici tous les matins depuis trois ans et je ne t'ai pas vu une seule fois ! Et c'est le week-end ! Donc, tu sais quoi, je ne vais pas perdre mon temps à te demander pourquoi tu fréquentes un café moldu ni pourquoi ton esprit paranoïaque pense que je vis pour te nuire, mais puisque cette foutu table à tellement d'importance à tes yeux, prends là, s'énerva-t-elle en fermant ses livres et rassemblant le reste de ses affaires.
Le doux sentiment de panique qui le parcouru suffit à Draco pour le convaincre qu'il était un putain d'idiot. Il pouvait sentir le rouge lui monter aux joues alors qu'il réalisait l'affreuse erreur qu'il venait de commettre. Il venait tout bonnement de se ridiculiser pour des gamineries, avait non seulement fait sauter sa couverture mais, en prime, venait de passer pour un trou du cul devant Hermione putain de Granger. Bordel, il allait devoir trouver un autre coffee shop après ça. De préférence sur une autre planète, très loin de Granger.
- Non Granger, reste. Je m'en vais, murmura-t-il alors qu'elle arrêtait de s'agiter.
Avant qu'elle ne puisse ajouter un autre mot, il tourna les talons et parti chercher une autre table.
Trouver une autre place s'avéra être un challenge humiliant. Durant le temps passé à se disputer avec Hermione, le café s'était rempli avec le rush du samedi matin. Il n'y avait littéralement plus de place nulle part. Draco resta planté là comme un crétin, tenant une assiette avec son scone à la myrtille dans une main et son mug de café refroidissant de minutes en minutes dans l'autre.
Il jeta un coup d'oeil à Granger. Sa tête était de nouveau plongée dans un cahier. Et puis merde, pensa-t-il, rendons cette matinée vraiment intéressante. C'est probablement la dernière fois que je viens ici de toutes façons.
Draco s'approcha de sa table et s'arrêta soudainement. Elle avait du sentir sa présence car elle soupira et leva les yeux vers lui.
- Qu'est-ce que j'ai encore fait pour t'offenser cette fois Malfoy ?
Ses sourcils s'arquèrent avec méfiance, et Draco senti une nouvelle fois cette pointe de nostalgie. Combien de fois à Poudlard, l'avait-elle regardé avec son expression si typique de « tu commences à me taper sur les nerfs » ?
- Mh... Il n'y a nulle part où s'asseoir, grogna-t-il faiblement.
Il baissa ses yeux vers son assiette, lui indiquant pourquoi il voulait une table à la base. Draco l'observa faire des allers-retours entre son visage, ses mains et la chaise vide de l'autre côté de la table. Sa bouche était une ligne fine. Il avait abusé, il en était conscient. Ils n'étaient pas de vieux amis. Il n'avait pas le droit de l'approcher ainsi. De lui adresser la parole, même. Ce sentiment froid et pesant le parcouru de nouveau alors qu'il se souvenait ce qu'il représentait pour elle.
- Ou je peux y aller, je ne voulais pas –
Elle le fit taire d'un geste impatient de la main.
- Ne soit pas ridicule, Malfoy, viens, je te fais de la place.
Elle attira ses nombreux livres vers elle pour les empiler nettement de son côté de la table. Draco battit des cils avec surprise mais son corps bougea comme si on lui avait jeté un Impero. Avant qu'il n'ai pu se rendre compte de ce qu'il faisait, il avait installé son assiette en face d'Hermione Granger.
Elle l'observa impassiblement pendant un moment avant d'ouvrir son cahier et de reprendre ses notes. Draco laissa échapper un soupire qu'il ne s'était pas aperçu retenir et sirota finalement son café. Le silence s'installa alors que l'outil à écrire d'Hermine sifflait le long des pages. Draco essaya de ne pas la fixer pour ne pas penser à l'absurdité de la situation. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher.
Ils devaient avoir l'air normal aux yeux des moldus deux personnes assises à une table. Draco mangeant son scone en deux bouchées pendant qu'Hermione s'occupait à écrire. Ils devaient ressembler à de simples camarades, assis tous les deux dans un coffee shop. Même si, évidemment, la réalité n'était pas si belle - surtout du point de vu de Draco.
Il repoussa ses idées noires et préféra examiner la sorcière face à lui. Il était à la moitié de son café et n'avait pas apporté de quoi lire aujourd'hui. Etudier Granger ferait donc office de divertissement.
Il n'avait pas été aussi prêt d'elle depuis des années. Même si ses cheveux paraissaient mieux entretenus et coiffés qu'ils ne l'avait été pendant leurs années collège, il y avait toujours cette inexplicable touche de sauvagerie en eux, malgré tous les efforts qu'elle y mettait pour les maintenir en arrière. Elle était habillée avec un t-shirt rose à manche longue et un jean. La couleur du t-shirt mettait en valeur sa couleur de peau. Simple et efficace.
Plus il la regardait, plus il lui était facile de voir les légères marques sombres sous ses yeux, les petites lignes au coin de ses paupières et de sa bouche. Draco sut qu'elle avait, elle aussi, son lot d'insomnies. Mais pour quelles raisons ? Elle avait gagné, non ? Etant du côté des vainqueurs, elle avait pu s'enfuir au soleil couchant comme une héroïne de guerre au bras du Weasley, adorée par lui, Potter et le reste du monde magique.
Non les rides de son visage étaient plus probablement liées aux rires, sourires et aux matinées fatigantes avec ses enfants et son mari. Attendez, était-elle mariée avec une famille ? Draco parcouru ses souvenirs mais ne pu se rappeler d'aucune annonce de son mariage avec Weasley ou d'un fair part de naissance. Son annulaire était nu, mais elle avait l'air du genre de ces sorcières modernes qui ne portaient pas leur alliance.
- Je peux t'aider Malfoy ?
Merde.
- Non, pourquoi ?
Du calme.
Elle arqua un sourcil, comme si la réponse était évidente.
- Tu m'as presque fait un trou dans le crâne à force de me dévisager.
- Pas du tout, répondit-il en fronçant les sourcils à son tour. Je n'ai pas pris de quoi lire ce matin alors je réfléchissais, c'est tout.
- A quoi ?
Toi. J'ai des centaines de millions de questions et je m'ennuie à mourir bordel.
Au lieu de répondre il haussa seulement les épaules. Hermione leva les yeux au ciel et commença à fouiller dans sa pile de livres et de papiers.
- Tiens. Je l'ai déjà fini et tu peux lire les pages de Quidditch.
Elle lui tendit l'édition du week-end de la Gazette du Sorcier. Draco, fonctionnant une nouvelle fois sous Impero, se pencha en avant et accepta le journal. Son cerveau commença à lui hurler dessus face à l'absurdité de la situation mais il le fit taire.
Draco passa rapidement en revue la section sport, mais elle était pleine d'informations qu'il connaissait déjà. La Gazette avait, en général, un jour et quelques de retard face à ses propres rapports. Il s'ennuya bientôt de nouveau. Fait chier, pensa-t-il, je vais peut-être devoir m'immoler pour m'occuper un peu.
Et, malgré le fait que son cerveau lui crie « non, non, non, putain non », sa bouche ne reçut jamais le signal.
- Tu travailles sur quoi ?
Elle leva les yeux de sa page et l'observa. Elle le regarda pensivement pendant presque une minute et Draco commença à croire qu'elle le jaugeait selon un système d'examen qui lui était propre. Que cherchait-elle ? Il soutint son regard, comme si elle était un Hippogriffe particulièrement farouche, prêt à charger à la moindre incartade. Il dû réussir son test car elle répondit enfin.
- Je rédige un rapport pour réfuter un article particulièrement mal informé de la Gazette de mardi sur des géants. C'est le genre de sale préjugé débile qui fait reculer tous les efforts de mon département.
Draco eu un sourire suffisant en constatant qu'il ne s'était pas trompé sur son choix de carrière. Par Merlin, que Granger était prévisible.
- Donc, tu travailles au Département des Sauveurs de Toutes les Misérables Créatures, hein ?
- Oui, Malfoy, dit-elle en levant les yeux au ciel. Je travaille au Département pour la Régulation et le Contrôle des Créatures Magiques. Bien que, pour être honnête, je préfère ton titre.
Ce fut au tour de Draco de lever un sourcil.
- Ah ?
Granger posa son outil à écrire et Draco sourit intérieurement. Il était sur le point de recevoir un réquisitoire de la part d'Hermione Granger et par Merlin il ne s'était pas senti aussi normal depuis sa cinquième année.
- Eh bien réfléchis au sens des mots : régulation, contrôle. Comme si ces être n'avaient pas de pouvoir ou de volonté. De la pure arrogance – sérieux - vouloir contrôler des créatures au lieu de les respecter et de les apprécier pour ce qu'ils sont. Il y a tant de choses que nous ignorons sur leurs capacités et aptitudes, simplement parce que des sorciers ont été si déterminés à les dominer et les soumettre qu'ils ne se sont jamais préoccupé de réellement comprendre la magie qui vit en eux. Les 12 utilisations du sang de dragon, par exemple...
- Granger, tu sais que j'ai suivis le cours de Soin aux Créatures Magiques aussi, hein ?
- Oui et quel merveilleux élève tu étais, répondit-elle en lui jetant un regard méprisant. Ce que j'essaie de dire, en dépit de tes moqueries envers mon département, c'est que je préfèrerais un nom plus doux, comme celui que tu lui as donné, au lieu de celui qu'il porte actuellement.
Elle fit une pause pour boire une gorgée dans le mug qui se trouvait devant elle et Draco se demanda ce qu'elle commandait chaque matin.
- Et toi ? T'es un chercheur de talent, c'est ça ? Je t'ai vu plusieurs fois aux matchs de Ginny.
Draco hocha la tête et remarqua, alors qu'il s'apprêtait à boire dans le mug devant lui, qu'il avait pratiquement fini sa boisson. La véritable raison pour laquelle il était à cette table s'évaporait rapidement.
- Oui. Je gère principalement la partie sud de l'Angleterre, donc je ne vais pas souvent aux matchs des Harpies.
- T'es dans cette grosse agence du Chemin de Traverse, Whisp et... ?
- Whisp&Wright, nommée en l'honneur de –
- Kennilworthy Whisp, l'auteur de Quidditch à Travers les Ages et Bowman Wright, le créateur du premier Vif d'or.
Draco en resta bouche bée. Peut-être n'était-elle pas si prévisible que ça après tout.Y avait-il une chose que son gigantesque cerveau pouvait ignorer ?
- Tu as lu Le Quidditch à Travers les Ages ?
- Bien sur ! Même si ça ne m'a jamais aidé avec un balais figure toi, mais j'ai quand même appris quelques règles et un peu d'histoire.
- Par Merlin ! Granger, le jour où j'entendrai parler d'un livre que tu n'as pas lu je vais mourir d'une crise cardiaque, dit-il en secouant la tête.
C'est alors qu'elle lui sourit. Hermione Granger lui souriait. Il n'y avait pas d'impatience ou de dédain, mais bien de l'amusement – authentique et sincère - face à ses provocations.
Draco souleva son mug. Il était à présent vide. La mascarade était terminée.
- Bon, je dois y aller.
C'était faux. Il n'avait rien ni personne qui l'attendait. Juste un long week-end qui allait s'étirer autour de vieux documents de famille. Il se leva et lui rendit son journal.
- Tu as dit que tu venais tous les matins avant d'aller au travail ? Demanda Hermione.
Il hocha la tête.
- Alors je suppose qu'on se recroisera, Malfoy.
Elle lui fit une tentative de sourire poli. Le genre de sourire que vous lancez à un collègue que vous croisez dans un couloir. Draco le lui rendit.
- A bientôt, Granger.
