Salut !
Voici le troisième chapitre de Starlinks. Et pour celui-ci, je me suis essayé à la poésie. Oui, en plus de la littérature, j'ai décidé de faire de la poésie.
Merci ShiroWorld pour ta review. je suis contente que mon histoire te plaise.
Quand Camus rouvrit Starlinks, il fut surpris de voir que sa vidéo avait déjà fait un millier de vues. Certes c'était très peu, il avait les milliers de vues sur certaines vidéos d'Aphrodite mais ça lui faisait chaud au cœur de savoir que mille personnes avaient pris le temps de regarder sa vidéo. Et bien sûr, il retrouva Ghost_Ink dans les commentaires. Manifestement, cette vidéo lui avait également plu. Il vit aussi quelques autres commentaires. Rien de méchant ou d'insultant. C'était déjà ça.
- Bon, dit-il pour lui-même, pour les vidéos, je dois les faire avec Aphrodite mais je peux essayer les articles de blog. Après tout, ce sera plus simple.
Il se plaça devant son ordinateur, fit craquer ses doigts et commença à écrire. Il ne savait pas trop comment commencer son texte alors il le fit en suivant son instinct. Il jeta son dévolu sur quelques anecdotes sur le roman de Madame Bovary. Autant commencer doucement.
Il écrit son article en une demi-heure. C'était plutôt bien, de son point de vue. Mais au moment de publier, il se stoppa. Il se voyait mal proposer le même type de contenu sur un blog et en vidéo. Peut-être qu'il devrait tenter une autre approche.
Une idée lui venu alors. Il était plutôt doué pour l'écriture, plus que l'oral d'ailleurs. Alors, pourquoi ne pas tenter d'écrire quelque chose venant de lui ? Peut-être pas un roman mais un recueil de poèmes ou alors une sorte de journal fictif.
Oui mais est-ce que ça allait être intéressant ? Camus s'adossa sur sa chaise tout en réfléchissant à l'idée. Techniquement, ça ne lui coûtait rien d'essayer. Et puis, il n'était qu'au début sur Starlinks donc si ça ne fonctionnait pas, tant pis.
Après plusieurs minutes de réflexion, Camus finit par taper une sorte de poème.
Ce matin, Paris est gris
Un gris de jour de pluie
En fait, il pleut sur Paris
Mais aussi dans mon cœur meurtri
Depuis quand ais-je autant mal ?
Je n'en suis pas sûr, mon âme est sale
De cette poussière que la capitale
Envoie voler dans la nuit pâle
Ce n'était pas au niveau de Rimbaud ou d'Apollinaire mais ce n'était déjà pas trop mal. C'était la première fois que Camus s'essayait à la poésie et il était plutôt content de ce premier poème. Il le publia, sans oublier quelques hashtags pour la visibilité.
Assez vite il eut un commentaire. Il vit le fantôme tenant un stylo et eut un petit sourire. Toujours fidèle au rendez-vous.
« Tu n'es pas juste doué pour raconter des anecdotes mais aussi l'écriture. Si tu en fais d'autres, je serais ravi de les lire. »
Camus était plutôt content de savoir que au moins une personne appréciait un tant soit peu son poème. Et Ghost_Ink ne fut pas le seul d'ailleurs vu le nombre de cœurs qu'on lui avait laissé.
Au bout de quelques jours, Camus avait fini par rédiger quelques poèmes supplémentaires. Il en posta un tous les jours et systématiquement Ghost_Ink venait le féliciter pour son travail. Quelques autres laissaient des commentaires mais c'était plus un smiley ou juste un simple bravo.
Grâce à ses petits poèmes, Camus avait récolté deux abonnés supplémentaires cumulant ainsi cinq personnes abonnées à son compte. Mine de rien, ça lui faisait plaisir de savoir qu'une poignée de gens appréciaient ce qu'il faisait.
- Est-ce que tu connais l'abonnement fractionnaire ? demanda deux jours plus tard Aphrodite.
- Le quoi ? questionna Camus un peu surpris.
- C'est un terme que j'ai inventé, expliqua son ami. Mais c'est simple à comprendre, ne t'en fais pas.
Posant sa tasse de thé, l'influenceur commença les explications.
- Comme tu le sais, le nombre d'abonnés détermine d'une certaine façon ta valeur. Plus tu en as et plus tu es populaire. Jusqu'ici, c'est très facile mais quand la question financière arrive, c'est déjà plus complexe.
- Que veux-tu dire par là ?
Aphrodite attrapa une feuille de papier et un crayon. Il traça un grand rond sur la feuille.
- Voici ton nombre d'abonnés, dit-il. Starlinks fonctionne sur le principe de la gratuité. Donc, le site ne te demandera jamais d'argent. Or pour fonctionner, le site a besoin d'argent. Argent qu'il se fait avec la publicité. Et plus il y aura de personnes qui vont regarder des publicités et mieux le site sera rémunéré.
Jusqu'ici, c'était logique. Camus hocha la tête mais il ne comprenait pas où Aphrodite voulait en venir.
- C'est grâce à cela que la Tirelire du Créateur existe. Les influenceurs aident le site à fonctionner en attirant du monde et ces personnes regardent des pubs. Néanmoins, il y a un petit bémol.
Aphrodite traça un autre cercle.
- Pour que la rémunération soit valide, il faut regarder au moins quinze secondes de pub. Et tout le monde ne le fait pas. Pourquoi ? Et bien, tout simplement parce qu'une partie de ton public ne s'intéresse pas à ton travail. Ils sont tombés sur une vidéo qui lui a plu, ils se sont abonnés mais ne vont potentiellement que regarder de temps en temps ton contenu. Et encore, quelquefois, c'est juste un abonnement pour une seule vidéo et ils ne reviennent plus te regarder après.
Il lui montra le cercle deux fois moins gros.
- Je dirais qu'il n'y a que la moitié des abonnés qui sont réellement fidèles à ton contenu. Pour dix abonnés, seulement cinq te suivent vraiment et parmi eux seulement un ou deux vont regarder toutes tes vidéos. Et c'est seulement sur ces deux-là que tu peux compter réellement. Car ce sont eux qui vont te rémunérer car quinze secondes de pub pour regarder ton travail quotidien ne les dérangent pas.
Aphrodite refit un cercle encore plus petit suivit d'un second sur la feuille.
- Admettons qu'une pub est égale à un euro. Et que tu ne postes qu'une vidéo par mois. Et bien même si tu as dix abonnés, tu ne récupèreras que deux euros car les huit autres abonnés ne seront pas aussi fidèles que les deux autres.
Il tapota le crayon sur la table.
- D'où le fait d'être régulier dans ses publications. C'est ta régularité qui va faire la différence. Plus tu postes et plus tu as de chances d'attirer du monde et plus tu as de chance de gagner de l'argent. C'est aussi simple que ça. Bon, en vrai, c'est un peu plus compliqué mais l'idée est là.
Camus resta bouche bée. Il n'imaginait pas un seul instant à quel point c'était compliqué de devenir un créateur de contenus.
- En parlant d'abonnés, je dois arriver à combien pour entrer dans cette fameuse tirelire ?
Aphrodite réfléchit un instant à la question.
- Je ne suis plus sûr mais il me semble que tu dois atteindre les cinq mille abonnés pour y entrer. Et mille heures de visionnage ou deux mille vues si tu postes sur un blog. Sachant que les deux rémunérations sont séparées.
Camus manqua de s'étouffer. Cinq mille ? Mais c'était énorme ! Mille fois plus que ce qu'il avait déjà ! Et sans compter le nombre de vues et d'heures nécessaire. En voyant son air choqué, Aphrodite réprima un petit rire.
- Oui, c'est énorme dit comme ça. Mais en fait, ça peut aller vite si tu te débrouilles bien. Et si je t'ai proposé Starlinks comme ressource financière c'est que je suis persuadé que tu vas y parvenir. Certes, sans doute pas immédiatement mais dans quelques mois, tu devrais avoir atteins ton objectif.
Il reprit sa tasse.
- Mais un conseil : ne publie pas uniquement pour atteindre ce palier. Crois-moi que ça se remarque quand quelqu'un veut à tout prix avoir la rémunération de la Tirelire.
Il savait de quoi il parlait. Au moins, Camus savait à quoi s'attendre s'il continuait sur cette voie. D'ailleurs, voulait-il vraiment suivre ce chemin ? Certes, il ressentait toujours un certain enthousiasme à l'idée de partager ce qu'il aimait aux autres mais est-ce que c'était une bonne idée ? Après tout, sa vie actuelle ne le dérangeait pas vraiment.
- Vraiment ? fit une petite voix dans sa tête. Tu aimes réellement la vie que tu mènes ? Tu aimes te retrouver seul avec toi-même et pleurer quand des flashs de ton passé reviennent ? Allons, tu sais bien que tu mens à toi-même.
Camus serra les dents. Sa conscience avait raison. Terriblement et douloureusement raison. Starlinks ne serait sans doute pas son médicament mais pour l'instant, il agissait comme un petit pensement sur son cœur meurtrit. Alors, pourquoi ne pas continuer ?
Au fil des jours qui suivirent, Camus décida de consacrer au moins deux heures par jour pour créer son contenu. Quand Aphrodite venait le voir, ils enregistraient plusieurs vidéos qui étaient ensuite publiées tout le long de la semaine.
Et le compte d'AquariusIce commença à récolter plusieurs abonnés et à recevoir des commentaires. Ghost_Ink était toujours au rendez-vous pour donner un cœur et commenter mais aussi d'autres comptes. Camus était heureux de voir que son contenu commençait à remporter un petit succès. Finalement, après environ trois semaines d'efforts, le littéraire eut la surprise de constater qu'il avait dépassé la barre des cent abonnés. Même si il se rappelait des dires d'Aphrodite, voir qu'une centaine de personnes aient aimé son contenu au moins une fois le faisait doucement sourire.
Depuis quand avait-il été aussi heureux ? Camus ne le savait pas. Sans doute depuis des années. Et c'était tellement étrange que ce soit un réseau social qui lui provoquait tant de bonheur. Néanmoins, il devait garder la tête froide. Se laisser emporter par la joie n'était pas une bonne idée. C'était bien mais il était possible que cela ne dure pas.
Mais pour l'heure, Camus décida de continuer de poster sur Starlinks et d'accumuler les cœurs, les commentaires et les vues. Si ça pouvait l'aider à se sentir un peu mieux, alors autant plonger dans les méandres de Starlinks et voir ce qui allait se passer.
