Installé à l'auberge, Makaroff se réjouissait d'être entouré de ses enfants sains et saufs. Ils avaient regagné leur quartier, heureux de pouvoir quitter cette ambiance pesante qui régnait au Mercurius. Le ton menaçant du roi n'avait pas été pour les rassurer et laisser Lucy au palais n'avait pas été simple pour Grey et Erza qui avaient concédé à son départ uniquement grâce à la présence de Natsu et Happy à ses côtés. La seule chose qui les réconfortait étaient l'indulgence de la princesse Jade qui ne semblait pas avoir hérité du tempérament austère de son père.
Assis autour d'une table, Grey, Erza, Wendy et Charuru racontèrent en détail leur rencontre avec le mage noir. Sous l'oreille attentive de celui-ci, ce fut Erza qui narra principalement les péripéties de cette mission atypique, évoquant les difficultés rencontrées lors de cette bataille ou bien celles qu'ils avaient pu endurer avec Lucy. Ainsi, la mage aux armures expliqua au Maître comment leurs différends et les non-dit avaient failli coûter la vie à la constellationniste.
Erza – Que devons-nous faire maintenant Maître ?
Après ce récit, le Maître prit quelques secondes de réflexion, se frottant le menton, soucieux d'apporter une réponse adéquate à ses enfants.
Makaroff – Ne changez rien. Continuez comme ce que vous aviez initialement prévu. Retourner à Fairy Tail. D'autant que j'imagine que Lucy va assurer la surveillance du tournoi. J'ai bien compris qu'elle n'avait jamais apporté son concours jusqu'à présent mais la situation est beaucoup plus délicate en comparaison des années précédentes. Je suis certain que Lucy ne laissera pas Crocus et Yukino seule face à la menace spectrale.
Erza – Et vous ? Quel est votre projet ?
Makaroff – Hum… répondit-il songeur. J'ai un bon contact au sein du conseil. Je vais requérir ses services pour poursuivre mon enquête. Vous le connaissez, il était avec nous sur l'île Tenro.
A cette remarque et contrairement aux autres qui restèrent interrogateur, il ne fallut pas longtemps à la mage aux armures pour savoir de qui il s'agissait.
Erza – Mest Dranbalt ?!
Il hocha la tête, confirmant la pensée d'Erza. Wendy se raidit aussitôt en entendant le nom de cet homme en qui elle avait placé toute sa confiance. Comment le Maître pouvait-il songer une seule seconde à faire appel à lui ? Charuru serra les poings, irritée par cette décision du Maître.
Grey – Vous insinuez que c'est une taupe Maître ?
Makaroff – C'est une peu plus compliqué que cela mais je ne peux pas tout vous dire maintenant, lui-même n'étant pas au courant de certaines choses. Enfin…
Les mages de Fairy Tail ne comprirent pas vraiment ce que Makaroff voulait dire, mais Erza avait une confiance absolue en lui. S'il le jugeait digne de confiance, elle en ferait de même.
Makaroff – Il possède un pouvoir très utile : la téléportation. Je vais lui demander de m'aider pour me rendre à Akalifa. Le pays de Constantine est un pays qui se situe tout à l'est de notre continent. L'éloignement fait que nous ne connaissons que très peu de chose sur eux et la réciproque est également vraie. Ils ont une approche bien différente de nous sur la magie et son utilisation. C'est aussi là-bas que se trouve l'autre rédemptrice survivante. Je voudrais voir avec elle et discuter de tout cela. Mais ce pays est loin, d'où mon besoin de faire appel à Mest et à ses compétences de téléportation pour ce déplacement. Je n'ai pas complétement menti lorsque j'ai parlé d'une piste. J'ai pu discuter avec mon grand ami Yajima. Il est apparu que le lien entre Zeref et les spectres ne pouvaient plus être ignoré. Ce que vous venez de me raconter ne fait que me conforter dans cette pensée. J'ai également vu Polyussica. Une simple visite amicale où je me suis pris d'ailleurs une sévère correction pour ma disparition.
En disant cela, il se frotta la joue en souvenir de la gifle magistrale que cette dernière lui avait donné.
Makaroff – Pour elle aussi c'est une évidence. Reste à savoir où cela peut nous mener.
Ils restèrent tous un moment silencieux, réfléchissant chacun de leurs côtés mais rapidement, Makaroff reprit la parole.
Makaroff – Erza, tu as bien dit que Zeref avait questionné Lucy sur l'existence d'une porte, c'est bien ça.
Erza – C'est ce qu'elle nous a dit effectivement.
Makaroff – Zeref ne s'attaque qu'aux rédemptrices. C'est un point que l'on ne peut occulter. Une rédemptrice est avant tout une constellationniste. Elles sont capables de créer un lien entre différents mondes qui sont en principe inaccessible. Et si ce que recherchait Zeref n'était pas seulement une porte ?
Grey – Que voulez-vous dire ?
Makaroff – C'est comme une chasse aux sorcières. Il tue les rédemptrices une à une pour avoir une information ou quelque chose qui ne lui ait pas accessible. S'il avait vraiment voulu annihiler toutes les rédemptrices, je pense que cela aurait pu se faire depuis bien longtemps. Au vu du nombre de guildes noires ou encore de par sa capacité à lui aussi se téléporter, il en aurait largement les moyens. Malgré qu'il s'évertue à tuer les rédemptrices, je pense qu'en réalité qu'il a besoin d'elles.
Charuru – Le raisonnement se tient. Toutefois, nous avons aucun moyen d'en être sûr.
Cette nouvelle hypothèse donnait une tout autre perspective de la situation. Erza se sentait prête à poursuivre le sujet lorsqu'elle fut surprise par la demande inattendue de Makaroff.
Makaroff – Qu'est-ce qu'il fait chaud dans cette ville. Vous n'avez pas de quoi se rafraîchir ici ?
Il sauta de sa chaise. Les mains dans le dos, le Maître prit la direction du mini bar qui était mis à disposition dans la chambre des mages. Il ouvrit la petite porte, cherchant entre les bouteilles en les faisant tinter. Il s'attarda pendant quelques secondes sur le contenu du frigo avant de finalement le refermer sans rien prendre.
Makaroff – Wendy, Charuru, seriez-vous assez gentille pour aller chercher de quoi désaltérer un vieil homme comme moi ?
Charuur – N'y a-t-il pas de bouteille d'eau dans le frigo ?
Makaroff – Hahaha, bien sûr que si. Mais penses-tu que cela peut remplacer une bonne bière fraiche ?
Sceptique, Charuru ne sut quoi dire face à cette demande impromptue. Malgré son jeune âge, Wendy comprit de suite que le Maître n'avait pas vraiment besoin de boire une quelconque boisson mais qu'il cherchait une raison de leur faire quitter la chambre.
Wendy – Entendu Maître, nous allons chercher cela tout de suite.
Charuru – Mais…
Aucunement blessé par la manœuvre, la petite dragon slayer attrapa Charuru par la patte et s'en alla sereinement, malgré la réticence de son amie. Elle savait qu'il était parfois préférable de s'en aller sans poser de question.
La porte se referma derrière elles, laissant Grey et Erza assez circonspects. Le mini-bar était remplit de boisson en tout genre et Grey en aurait mis sa main au feu que celui-ci contenait bien une bouteille de bière. Le Maître cherchait à évincer Wendy et Charuru, c'était donc qu'il souhaitait évoqué un sujet assez grave ou sensible qui aurait pu heurter Wendy.
Makaroff retourna tranquillement s'asseoir auprès de ses deux enfants, sans prêter attention à leurs regards perplexes.
Makaroff – Par ailleurs, Erza. Te souviens-tu de notre conversation au sujet de la magie de Lucy ?
Surprise, Erza hocha la tête, ne s'attendant pas à revenir sur ce sujet de conversation. Elle n'avait pas pu oublier cette conversation qu'elle avait eu avec Mirajane et le Maître avant son départ.
Encore plus perplexe, Grey resta silencieux, attendant sagement les explications de l'un ou de l'autre.
Erza – Bien sûr, dit-elle sans comprendre où il voulait en venir.
Makararoff – Nous avons longuement parlé avec Polyussica : des spectres, de la recrudescence de la magie noire, des rédemptrices et bien entendu de Lucy. Nous nous connaissons depuis très longtemps elle et moi et je pourrais lire en elle comme dans un livre ouvert. Je pense que la réciproque est vrai. A chaque fois que j'abordais le sujet, envisageant des solutions, des projets que nous pourrions mettre en œuvre avec Lucy, je l'ai trouvé sur la réserve, me demandant de réfléchir et de poser les choses. Tu sais aussi bien que moi Erza que ce n'est pas son genre. Si elle a quelque chose à dire, elle le fait. Je n'ai pas voulu creuser la chose, ne souhaitant pas la mettre en porte à faux et respectant ses convictions. Pour autant, elle n'a jamais été aussi distante dans ses propos qu'à ce moment-là. Aussi, je pense que son comportement est en lien plus ou moins directement avec Lucy.
En pleine réflexion, Erza croisa les bras tout en posant un doigt sur ses lèvres, essayant de rassembler les pièces du puzzle. L'attitude de Lucy avait changé depuis l'incident de Tahori. Elle semblait plus ouverte mais elle continuait tout de même à maintenir une certaine distance avec ses compagnons. Peut-être que finalement, l'excuse des spectres que Lucy invoquait systématiquement pour les repousser n'était pas la seule raison de ce rejet.
Grey – Who who who ! Coupa-t-il un peu perdu. Je ne comprends rien à ce que vous racontez. Pourquoi vous m'avez fait resté avec vous ? Je n'étais pas là lors de cette conversation ! Qu'est ce qui se passe avec Lucy ?
Makaroff – Tu n'étais pas là ? Ah bon…
Son sourire en coin faisait clairement comprendre à Grey qu'il en pensait tout le contraire, ce qui n'aida pas le mage de glace à se sentir plus à l'aise dans cette discussion. Le Maître souhaitait explicitement qu'il soit au courant de ce sujet sans quoi, il l'aurait viré lui aussi.
Erza – Tu ne trouves pas qu'il y a quelque chose d'étrange chez Lucy ? finit-elle par lui demander.
Grey – A part son antipathie chronique ? Non je ne vois pas, dit-il avec cynisme.
Erza – A part ça ! s'agaça t-elle. Je te parle d'un point de vu magique.
Le mage de glace s'étonna de cette question, puis il resongea instantanément cette fois où il avait ramené Lucy chez elle alors qu'elle était si mal en point après sa cérémonie à Magnolia. Il se rappela de cette impression que sa magie était presque inexistante, mais il n'avait alors pas relevé la chose, n'ayant pas encore à l'époque tous les éléments qui concernait ce nouveau monde auquel ils devaient tous s'adapter. Peut-être était-ce de cela qu'Erza voulait parler.
Grey – Non je ne crois pas, rien qui ne m'est sauté aux yeux en tout cas. Pourquoi ?
La mage aux armures resta silencieuse, ainsi que le Maître. Ils n'avaient au final pas de réponse à sa question. Cette réponse en suspens alarma le mage de glace. Qu'attendait-il de lui ?
Grey – Oye, vous m'inquiétez là ! Je devrais être au courant de quoi ? s'affola-t-il à juste raison.
Erza – De rien, dit-elle. En fait, c'est juste que je ne me sens pas à l'aise lorsqu'elle utilise sa magie.
Grey – Tu parles de sa nouvelle magie ? La magie des constellations ?
Erza – Non, je parle de façon générale. Maître, vous voulez que je mène mon enquête ?
Makaraoff – Non, ce n'est pas le but de cette conversation. Je souhaitais juste vous mettre au courant de mon intuition concernant Lucy. L'impression que cela m'a donné c'est que sans savoir de quoi il en retournait, nous n'allons pas pouvoir avancer dans notre quête avec Lucy. C'est pourquoi, je concentre pour l'instant mes recherches sur cette histoire des spectres. Crocus faisait partie de mes destinations pour aller chercher Mest, mais aussi pour essayer d'accéder à la bibliothèque royale et à celle de Sabertooth qui est de renommée mondiale : Accès que l'on m'a bien évidemment refusé… J'ai donc envoyé une missive au pays de Constantine en l'adressant directement à la rédemptrice, il parait qu'il possède une bibliothèque extraordinaire. Elle a accepté de me rencontrer. C'est pourquoi je dois partir rapidement. Pendant ce temps, à ton retour, dit-il en fixant Erza, missionne Levy de fouiner dans la bibliothèque de la guilde. Le moindre indice pourrait nous servir.
Erza – Très bien. Mais je pense que Levy doit déjà être en train d'étudier la question, répondit-elle confiante.
Makaroff – Sans doute, dit-il en souriant.
oOoOoOoOo
L'engagement étant pris, Lucy, Natsu et Happy laissèrent Yukino pour rejoindre leurs amis à l'auberge de Crocus. Midi était largement passé et le train en direction de Magnolia était déjà parti depuis un moment. Les ventres de Natsu et Happy grondèrent en consonance à plusieurs reprises si bien que Lucy profita de cette occasion pour proposer de s'arrêter manger, elle-même n'étant pas contre l'idée d'un bon déjeuner. Pleurant de joie, ses deux amis la gratifièrent d'un moment très gênant en s'agenouillant devant elle au beau milieu des rues de Crocus. Cet instant lui rappela avec nostalgie leur première rencontre : une situation étrangement similaire qui l'a fit rire avec plaisir, restant tout de même déroutée par leurs immuables appétences pour la nourriture.
Avant qu'ils n'aient eu le temps de faire la moindre remarque concernant sa bonne humeur, Lucy prit les devants afin de trouver un lieu de pour se restaurer, chose qui ne manquait pas à Crocus. Mutuellement, Natsu et Happy s'enthousiasmèrent devant cette proposition que Lucy n'aurait certainement pas faite il y a encore quelques jours.
Le choix du restaurant se fit rapidement et lorsqu'il s'agissait de manger, Natsu et Happy étaient capables de tout, commandant les trois quarts de la carte pour leur table afin de satisfaire convenablement leurs faims.
A dire vrai, même si Lucy appréciait ce moment privilégié avec ses amis, elle n'avait pas non plus fait cette proposition sans arrière-pensée. Dans un recoin de sa tête, cette obligation résonnait en elle telle une horloge. Elle savait que dès qu'elle rentrerait à l'auberge, Charuru ne manquerait pas de lui rappeler leur « rendez-vous » manqué où elle était censée tout lui révéler. Donc, elle se disait qu'avec un peu de chance, si elle rentrait assez tard, peut-être échapperait-elle encore une fois à cette corvée…
Songeant à cela, elle sombra dans une mélancolie profonde, ressassant continuellement les scénarios qu'elle avait pu jusqu'alors imaginer, redoutant par avance la réaction de Wendy et Charuru. Une fois qu'elles le sauraient, Lucy savait qu'il lui serait difficile de préserver très longtemps son secret. Elle n'avait pas envie de faire peser sur Wendy et Charuru le même poids qu'elle avait fait porter à Cana ses quatre dernières années, si tenté que Charuru accepte de ne rien divulguer. Et la guilde ? Qu'allaient-ils dire ? Tour à tour, elle regarda ses deux compagnons dont les visages s'illuminaient de bonheur devant ce festin. Elle voulait profiter de ces instants, les derniers où elle pouvait rester dans cette bulle qu'elle s'était construite, les derniers où elle bénéficiait encore de la confiance de ses amis. Dans ce malheur, Lucy était heureuse de savoir que Cana n'aurait pas à assister à tout cela.
Depuis plusieurs minutes, Lucy touillait machinalement son verre avec une paille, le regard perdu, sans réellement manger. Alors que cette initiative venait de la jeune femme, le mage de feu ne comprit pas son soudain manque d'enthousiasme.
Natsu – Lucy, quelque chose ne va pas ?
Entendre son nom l'a fit sortir de ses songes. Elle regarda le dragon slayer qui l'avait interpellé remarquant aussitôt une légère inquiétude chez son compagnon. Malgré son air sérieux, Lucy ne put retenir un sourire narquois en voyant encore un os dépasser de la bouche de Natsu et le gras qui dégoulinait sur son menton.
Lucy – Comment veux-tu que ça aille ? Tout le monde nous regarde. Vous mangez comme des porcs…
Happy – Ch'est parce que ch'est trop bon ! baragouina-t-il la bouche pleine.
Elle secoua la tête, désespérée par ce petit chat excentrique, jusqu'à recroiser le regard de Natsu qui l'observait tout en poursuivant sa dégustation. Une vision des plus charmantes… Toutefois, le mage de feu ne semblait pas vouloir la lâcher du regard. La blonde eut la mauvaise impression que celui-ci essayait de la sonder ce qui l'a troubla. Mal à l'aise, elle décida de manger, espérant ainsi réussir à faire diversion.
Complètement repu, ils abandonnèrent le restaurant en fin d'après-midi reprenant la route de l'auberge. Lucy avait tout fait pour faire traîner les choses, proposant par la suite dessert sur dessert. L'idée de leur proposer d'aller faire du shopping l'effleura, histoire de gagner encore un peu de temps, mais une fois la proposition faite, ce fut Happy qui y renonça, s'endormant déjà à moitié sur le trajet. C'est ensuite que Natsu rétorqua qu'il était temps d'aller voir « Ji-chan », ce dont elle ne put le contredire.
Une fois arrivée, Lucy poussa la porte de leur chambre avec appréhension. Examinant la pièce et les personnes présentes, elle cacha difficilement son soulagement en constatant l'absence de Wendy et Charuru. Seuls Grey et Erza se trouvaient là mais le Maître avait quant à lui disparu.
Natsu – Il est où Grand-père ?
Erza – Parti. Il avait encore des choses à faire avant le tournoi.
Contrarié d'avoir loupé le Maître, Natsu se jeta sur un lit, la main posée sur son ventre bien tendu, suivi de Happy.
Lucy – Vous avez eu le temps de discuter ? Quel est ce plan dont il a parlé ? demanda-t-elle avide de curiosité.
Erza – Aucun. Il a juste cherché à gagner du temps.
Découvrant la vérité, Lucy ne s'étonna pas plus que ça de cette révélation mais fut tout de même déçu d'apprendre que tout ceci n'était qu'un simple subterfuge. L'infime espoir de voir une fin à tout cela s'envolait comme une vulgaire feuille prise dans les courants d'air.
Grey – Le temps qu'on a gagné est une très maigre consolation. Je ne comprends pas qu'on puisse vouloir modifier le passé et ainsi notre futur.
Cette conversation était restée en travers de la gorge du mage de glace. Toujours remonté malgré les heures passantes, il n'arrivait pas à cautionner le projet Eclipse et ne se priva pas pour faire part de son opinion.
Lucy – Je comprends, ça parait vraiment invraisemblable de songer à cela. Mais… Avons-nous une autre solution ?
Grey – Tu es pour ?! demanda-t-il offusquée par la réponse de la blonde.
Lucy – Non ! Pas du tout ! Mais maintenant que le Maître nous a engagé, j'avoue que je suis un peu désemparée par rapport aux alternatives que nous avons, c'est-à-dire rien, dit-elle dépitée.
Erza – Le Maître ne désire pas que nous en arrivions là.
Lucy – Peut-être mais il n'a rien proposé de plus. J'ai peur que nous n'arrivions pas à nous écarter cette solution, si tenté que le projet Eclipse en est une.
Natsu – Jusque-là, je ne t'avais jamais vu aussi pessimiste.
La remarque de Natsu était vraie. Jusqu'à présent, elle avait toujours prôné l'espoir, arguant autant de fois que cela lui paraissait nécessaire que tout finirait par s'arranger. Toutefois, intérieurement, après l'échec de sa mission à Tahori, Lucy avait perdu confiance en elle. Après avoir entendu l'histoire de sa mère qui avait procédé par le passé à l'ouverture de la porte Eclipse, Lucy se demandait si elle allait pouvoir éviter de subir le même sort, sachant d'autant plus qu'elle restait toujours potentiellement une cible pour Zeref. Lutter contre ce vil mage noir était une chose qui était théoriquement faisable bien qu'extrêmement délicat puisqu'immortel, contrairement à sa maladie qui la tuait à petit feu sans perspective de guérison. Son pessimisme était donc on ne peut plus justifié. Toutefois, elle ne pouvait décemment pas reprocher à ses amis ce manque d'information puisqu'ils étaient toujours dans l'ignorance de ce détail.
Lucy – Jusque-là, je n'avais encore jamais affronté Zeref et encore moins subit une défaite. Enfin si, rectifia-elle en songeant au passé. Je l'ai rencontrée une fois peu de temps après votre disparition, mais il n'y a pas vraiment eu de combat. Je n'étais à l'époque pas encore une rédemptrice alors il ne s'était pas attardé sur mon cas.
Erza – Et il ne t'avait rien fait ? Cela confirme l'hypothèse qu'il a besoin de quelque chose que seule les rédemptrices peuvent lui donner.
Happy – Comment ça ? Tu veux dire qu'il ne les tue par pour le plaisir ? Alors c'est quoi ce qu'il cherche ?
Erza – On ne sait pas mais c'est en tout cas la théorie du Maître. Je lui ai tout raconté : notre voyage, tes visions durant ton illusion. Il a notamment porté un intérêt particulier pour cette la porte que tu avais vu.
Lucy – La porte ?
Erza – Oui, tu nous as bien dit que tu avais vu une porte lors de ta vision ?
Lucy – Oui, mais pourquoi ?
Erza – Au campement, nous avons déduit de notre bataille qu'un lien existait avec la magie des constellations puisque les rédemptrices sont également des constellationnistes. Le Maître en est arrivé à la même conclusion mais pour lui, cela va plus loin et cette porte serait un indice.
Grey – Pour rappel, peut-on juste garder en tête que cette vision est issue d'un sort de magie noir ? Rien n'est sûr dans ce que Lucy a pu voir. C'est peut-être un piège, dit-il méfiant.
Erza – C'est vrai mais il faut dire que tout cela se tient. Et piège ou pas, la question s'étudie. Il ne fait pas parler de lui sauf pour les meurtres qu'il commet sur les rédemptrices, celles qui chassent les spectres. La prolifération des spectres n'est donc pas un problème pour lui.
Natsu – C'est tordu, ajouta-t-il depuis son lit. Il ne pourrait pas se faire tuer par les spectres celui-là ? Ça nous arrangerait bien, maugréa-t-il bien qu'il mourrait d'envie de lui régler son compter personnellement.
Lucy – Il est dit immortel mais j'imagine qu'il doit bien avoir une âme, aussi noire soit elle…
La jeune femme blonde s'était posée plusieurs fois la question à ce sujet. Soit Zeref avait une chance de cocu et n'avait jamais rencontré aucun spectre de sa vie, ce qui était étonnant lorsque l'on poursuivait celles qui chassent les spectres, soit il avait un moyen de leur échapper ou bien effectivement, il n'y était pas sensible. Elle ne savait pas à quoi s'en tenir tant les hypothèses étaient multiples.
Erza – Lorsque tu effectues ta cérémonie, tu renvois les spectres vers l'Au-delà. Explique-nous plus précisément comment ça marche s'il te plait.
Lucy – Et bien… Avec la cérémonie, je crée un lien entre ce monde-ci et celui de l'au-delà. C'est une sorte de vortex que je créé et mon corps fait le lien entre les deux espaces.
Grey – Un vortex, c'est un peu comme une porte non ?
Lucy – Pas tout à fait. Si l'on doit comparer les deux processus, je dirais plutôt que la porte permet de donner accès au vortex, comme moi je le fais avec mon sceptre.
Grey – Ok mais le fonctionnement est finalement le même.
Lucy – Tout à fait, acquiesça-t-elle. Et du coup, le Maître en pense quoi ? demanda-t-elle désireuse de connaitre son opinion.
Grey – Il a dit qu'il allait creuser cette piste. Il est reparti en direction de Constantine. Il espère là-bas rencontrer ton homologue rédemptrice et voir s'il peut y trouver d'autres indices.
Lucy – Nous nous sommes déjà toutes concertées à ce sujet et ce fut sans succès.
Erza – Un œil nouveau est toujours le bienvenu. Bon moi je vais aller manger, vous venez ? demanda-t-elle afin de clore cette discussion.
Grey – Bonne idée.
Lucy – Ce sera sans nous, nous avons déjà mangé.
Natsu – Youhou ! cria-t-il en sautant de son lit. C'est parti pour un deuxième round !
Happy – Aye ! Un bon tartare de poisson ! Miam !
Stupéfaite, Lucy les regarda fanfaronner, se demandant où ils allaient pouvoir caller tout ça dans leur corps. Après réflexion, elle fut plutôt contente de cette nouvelle perspective puisque cela signifiait qu'elle allait pouvoir bénéficier d'un peu de tranquillité.
Happy – Viens avec nous Lucy !
Lucy – Ah non, sans façon. Je n'ai plus faim avec tout ce que l'on a mangé ce midi.
Sachant que Lucy allait se retrouver seule si elle ne se décidait pas à suivre le groupe, le mage de feu s'apprêtait à insister pour que la blonde change d'avis. L'idée de l'a laissé ici ne l'enchantait guère mais il n'eut pas le temps d'insister.
Erza – J'allais oublier. Après le départ du Maître, Wendy et Charuru sont parties se promener en ville. Charuru m'a dit de te dire qu'elles ne tarderaient pas à rentrer.
Un instant, Lucy tressaillit, saisissant très bien le message tacite de l'exceed blanche. Un peu décontenancée par cette remarque, elle déglutit mais garda son sang-froid pour répondre à Erza.
Lucy – Merci pour le message, je vais les attendre ici.
Elle fit signe à Erza que tout était bon pour elle mais remarqua rapidement le regard mécontent de Natsu qui allait intervenir, juste avant d'être tiré par Erza qui ne lui laissa pas le choix que de quitter les lieux.
La porte se referma, claquant au nez du mage de feu. De suite, Natsu réagit au quart de tour et râla auprès de la tortionnaire de Fairy Tail.
Natsu – Pourquoi tu l'as laisses seule ?! Je pensais que c'était évident pour toi aussi qu'il fallait la surveiller !
Erza – Surveiller les alentours oui mais pas elle.
Natsu – Mais…
Erza – Natsu, on en a déjà parlé, on ne peut pas être sur son dos en permanence. Au château, il était nécessaire de ne pas la laisser seule, surtout après la menace du Roi, mais là, comment voudrais-tu qu'on justifie notre présence ?
Natsu – On n'a pas besoin de se justifier quand il est question de sécurité !
Erza – Wendy et Charuru ne vont pas tarder. C'est suffisant.
Grey – Il fallait réfléchir avant de dire que tu voulais faire un autre casse dalle.
Natsu – Je n'ai pas pensé qu'elle n'allait pas venir avec nous…dit-il en bougonnant.
Grey – Ça, il n'y avait pas besoin de le dire que tu ne savais pas penser.
Natsu – Toi, je vais t'enfoncer un barbecue dans le crane ! Ça te réchauffera la cervelle !
Grey – Essaye pour voir la flammèche !
Natsu – Ta gueule sale nudiste !
Grey – Allumette !
Happy – Je peux rester avec elle sinon ? proposa-t-il afin de trouver un compromis.
Grey – Je suis du même avis qu'Erza, laissons-la tranquille, finit-il par dire en toisant du regard son rival.
Natsu – Et si elle se barre ? répliqua-t-il sceptique.
Erza – Elle ne sera pas seule bien longtemps et nous n'irons pas bien loin. Après ce que nous venons d'affronter tous ensemble, je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas lui faire confiance.
La conversation terminée, Erza emprunta les rues de Crocus en compagnie de ses amis. Une fois dehors, Natsu resta en retrait quelques instants puis se retourna pour regarder la fenêtre de la chambre où ils logeaient. A contre cœur, il suivit le groupe, étant pressé de manger pour des raisons bien inhabituelle.
De son côté, Lucy s'était placée devant la fenêtre de l'auberge qui donnait sur la rue. Elle regardait les gens passés avant d'apercevoir ses compagnons sortir de l'auberge et prendre la direction du centre-ville.
Le bruit des passants remontait jusqu'à sa chambre, lui rappelant au combien Crocus était une ville animée. Fatiguée par sa longue journée, Lucy s'éloigna de la fenêtre, se sentant prête à entamer un petit somme en attendant le retour de ses camarades. Toutefois, elle s'arrêta brusquement au milieu de la pièce. Immobile pendant ce qui lui parut d'interminable seconde, elle fut frappée de plein fouet par le silence mortel qui régnait dans la pièce, un silence qui étrangement lui assourdissait ses oreilles. Une pointe d'inquiétude fit son chemin et ayant subitement froid, elle se frictionna les bras pour s'apporter un peu de chaleur, regardant de part et d'autres de la pièce vide.
Tout à coup, elle réalisa que c'était la première fois qu'elle se retrouvait seule depuis son passage à vide près de l'étang de Tahori. Un terrible poids l'écrasa, comme si toute la pression du monde s'abattait d'un seul coup sur elle. La pression était telle qu'elle sentit ses jambes flageoler, obligeant la jeune femme à prendre place instamment sur le rebord d'un lit avant de s'écrouler sur le sol. Assise, elle prit quelques secondes pour essayer de reprendre contenance, se frottant le visage toujours marqué par la fatigue.
Dans le silence de cette chambre, les pensées de la jeune femme se tournèrent vers ce projet qui la déroutait tant : le projet Eclipse. Les arguments de Yukino, aussi légitime étaient-ils, ne l'avaient pas convaincue. A la différence de la rédemptrice de Sabertooth, retourner dans le passé signifiait pour elle de perdre Fairy Tail. Même si l'idée d'éventuellement pouvoir retrouver sa mère était une pensée des plus plaisantes, comment pourrait-elle décider d'en arriver là ? N'existait-il vraiment plus aucune solution ? La mort était-elle leur seule alternative ? Un frisson lui traversa à nouveau le corps et un flash lui renvoya une vision de son cauchemar, une étendue de cadavre qui jonchait le sol de toute part, où elle s'était retrouvée perdue dans ce désert esseulé. Etait-ce une vision du futur qu'on lui avait infligé? Elle s'était posée la question même si Grey l'avait prévenu de ne pas prendre pour argent comptant tout ce qu'elle avait pu y voir. Pourtant, prendre du recul sur ce qu'elle avait vécue lui était difficile. Ces images étaient si imprégnées en elle qu'elle en avait comme à chaque fois les larmes aux yeux rien qu'en y pensant. Le silence pesant de la pièce lui rappelait à quel point elle se sentait seule… Aussitôt, elle repensa à Plue et par instinct, elle caressa du bout des doigts son trousseau de clefs afin d'essayer d'apaiser ses tourments.
Se sentant prête à sombrer dans de nouveaux ténèbres et craignant de définitivement y plonger sans pouvoir en ressortir, Lucy se leva et courut pour quitter cette pièce qui l'oppressait malgré la parole qu'elle avait donné à Erza de rester ici.
C'était comme si elle manquait d'air, ressentant un besoin irrépressible de respirer autre chose que l'odeur de cette chambre trop propre. Elle dévala les escaliers, passa devant l'aubergiste sans prendre le temps de lui faire un quelconque signe tout en sortant en trombe dans la rue.
Une fois dehors, Lucy huma l'air extérieur à plein poumon mais son corps n'arrivait pas à retrouver la moindre once de sérénité, se sentant maintenant étouffée parmi les passants trop nombreux de cette rue commerçante. Dans le flot de la population, elle se senti prise de vertige sans en connaître réellement la raison. Soudain, elle sentit quelque chose s'agripper à son bras, faisant rejaillir immédiatement en elle l'image d'un monstre qui se superposa à sa vision, réminiscence d'un souvenir douloureux en lien avec l'illusion qu'elle avait subi. Elle s'extirpa d'un geste brusque et se retrouva face à un homme sans doute religieux au vu de sa tenue vestimentaire sobre et de la croix qu'il portait autour de son cou. Il l'a regarda, hébété et le visage inquiet, étonné par ce comportement inhabituel de la part de la rédemptrice.
Prêtre – Dame Lucy, est-ce que tout va bien ?
D'autres personnes l'entourèrent, saluant comme à l'accoutumée la rédemptrice. Se retrouvant encerclé, Lucy se sentit complétement perdue. Ses yeux se perdaient d'un visage à un autre, incapable de réagir devant sa soudaine inertie. Elle balbutia malgré tout quelques mots, dont elle ne saurait en redonner la teneur. Cette soudaine crise d'angoisse la paralysa pendant quelques minutes, avant de finalement réussir à se bouger, déambulant à droite et à gauche en se heurtant à la population. Elle sentait sa tête prise dans un étau, bourdonnant tel une enclume dans un carillon, l'empêchant de vraiment percevoir son environnement. Elle devait se sortir de là, même s'il était hors de question pour elle de retourner seule dans cette auberge.
Alors, elle s'engouffra par la première porte dont elle put saisir la poignée, refermant hâtivement l'entrée sous le tintement de la cloche. Tournant le dos aussitôt à la rue, elle observa rapidement les lieux, découvrant alors qu'elle avait pénétré dans un salon de thé. Sans se poser de question, la constellationniste partit s'asseoir à la première table la plus proche de l'entrée. Prenant place contre la fenêtre, elle inspira profondément les odeurs sucrées des biscuits, chatouillant agréablement ses narines et l'apaisant quelque peu.
Lucy se permit de regarder de nouveau les passants qui flânaient d'une boutique à une autre et cette fois-ci, elle réussit à garder son calme. Rapidement, une serveuse l'interpella et sans écouter ce que celle-ci lui proposait, Lucy lui commanda naturellement un thé à la menthe, qu'on lui apporta prestement. La constellationniste attrapa le sucrier afin d'ajouter un peu de sucre dans sa tasse mais les tremblements de ses mains lui firent renverser la moitié de sa cuillère. Instinctivement, elle attrapa ses mains et les frotta l'une contre l'autre, essayant de se détendre et de retrouver un peu de maîtrise dans ses gestes. L'angoisse persistait, comme si elle s'était ancrée en elle et dont elle ne pourrait jamais s'en débarrasser, phénomène qu'elle ressentait et qui accentuait encore plus son mal-être. Elle inspira profondément et posa chacune de ses mains sur la table bien devant elle, inspirant et expirant régulièrement afin d'essayer de contrôler sa respiration, geste qui lui permit après quelques minutes de faire enfin cesser ses tremblements.
Déboussolée par son état, elle examina sa tasse fumante, les légères oscillations de sa boisson lui rappelant celle de cet étang où elle s'était baignée. Les larmes qu'elle avait versées, pour elle, pour Plue, tout remontait en elle. Elle avait pensé que la solitude et le silence qui pesait dans cette chambre à l'auberge l'avait amené à ses sordides pensées mais elle avait l'impression qu'elle ne sortirait jamais de ce tourbillon de sentiment, une vilaine sensation que ses crises d'angoisses seraient présentes en elle à tout jamais. Comme si elle ne se faisait pas assez de mal, elle attrapa son trousseau de clé et ôta la clef brisée de Plue pour la poser délicatement sur la table à côté de sa tasse. Elle sentait un vide si profond en elle que son estomac se serra rien qu'en observant les bris de clef. Telle une chose précieuse, elle caressa du bout des doigts le métal froid, espérant au fond d'elle-même y déceler ne serait-ce qu'une petite once de magie qui aurait pu venir la réconforter.
Lucy – Plue…Tu me manques tant… Que dois-je faire ?
Comme une réponse du destin, la cloche de la porte d'entrée du salon de thé retentit, laissant entrer de nouveaux clients auxquels Lucy ne s'attendait pas. Le tintement l'a fit sortir de sa transe maladive, relevant la tête et se trouvant désormais à quelques mètres de Wendy et Charuru qui s'approchaient d'elle.
Wendy – Lucy-san, on t'a vu à travers la vitre. On peut venir avec toi ? Ce salon de thé m'a l'air délicieux, lui dit-elle avide de gourmandise.
En les voyant, Lucy avait basculé dans un état second. Elle était subitement incapable de formuler le moindre mot et se contenta de faire un geste de la tête pour les inviter à se joindre à elle. Dans ses songes, elle en avait oublié qu'elle était sensée les attendre à l'auberge comme Erza le lui avait subtilement demandé. Elle n'avait même pas songé à ce que quelqu'un puisse venir la chercher ici.
C'était très étrange, alors qu'elle aurait dû de nouveau céder à la panique, Lucy les regarda s'installer en face d'elle dans un calme olympien. Wendy arborait un merveilleux sourire, aussi chaleureux que mignon. La petite dragon slayer consulta Charuru qui était beaucoup plus sur la réserve, paraissant même à Lucy angoissée, avant de commander deux autres thés auprès de la serveuse. Toujours portée par ce sentiment de vide, Lucy les regardait sans pouvoir échanger avec elles mais elle se sentait désormais bien, ses craintes s'étant volatilisées au moment même où ses amies avaient franchi la porte du petit commerce. La constellationniste comprit alors la signification de ses récentes crises d'angoisses. Sans le vouloir, depuis leur départ de Tahori, Lucy avait toujours été accompagnée d'un coéquipier, lui permettant de fuir ses pensées lugubres. Que ce soit dans la chambre de l'auberge ou près de cet étang, Lucy s'était retrouvée seule, cédant à sa noirceur. En quittant cette chambre, elle pensait avoir simplement fuit le silence, mais en réalité, elle réalisa qu'elle avait plutôt fui quelque chose de plus profond : sa peur de la solitude, se retrouvant ainsi dans ce petit cocon de salon. Le sourire de Wendy et la présence de Charuru l'apaisaient, balayant comme un grain de poussière ses appréhensions. Pourtant, elle savait ce que Charuru était venue faire ici, elle n'avait pas oublié leur rendez-vous manqué auquel la constellationniste avait essayé d'échapper toute la journée, sans que cette fois-ci cela ne lui fasse plus peur.
Wendy – Est-ce que tout va bien Lucy-san ?
Sentant le poids du regard de ses amis, Lucy secoua la tête tout en fixant Wendy qui visiblement lui avait posé une question. Les mots restèrent bloqués dans sa gorge en voyant l'incompréhension de la petite dragon slayer.
Charuru – Ohé, on voulait juste savoir si tu voulais reprendre un thé.
Serveuse – Je peux repasser plus tard si vous le souhaitez Dame Lucy.
Tout à coup, la constellationniste se rendit compte de la présence de la serveuse qui attendait sa réponse, n'ayant pas fait attention à celle-ci. Elle se racla la gorge et déglutit, pour se forcer et réussir à formaliser tant bien que mal une réponse.
Lucy – Oui, je veux bien. Hum… Le mien est un peu froid. Merci.
La serveuse s'inclina respectueusement, prenant au passage la tasse de la rédemptrice avant de partir préparer sa commande. Désormais seules, Wendy et Charuru remarquèrent la clef cassée qui était posée sur la table. Ne pouvant s'empêcher de ressentir un pincement au cœur, Charuru se mordit la lèvre devant la fragilité certaine de la constellationniste. C'était Wendy qui avait repéré Lucy dans la boutique de salon thé et avait proposé de la rejoindre alors qu'elles devaient initialement se rendre à leur chambre. La petite exceed blanche savait que cela représentait l'occasion unique de terminer leur conversation qu'elles avaient commencé à Tahori et cela n'était pas vraiment pour la réjouir, son intuition lui disant que cela allait mal tourner. Tandis que Wendy, non informée des projets de Charuru, voulait simplement distraire son amie en proie au chagrin par une discussion simple et banale.
Wendy – La ville de Crocus est vraiment magnifique. Toutes les rues sont fleuries. Et puis, c'est tellement grand.
L'air si serein de la jeune dragon slayer finit par tranquilliser complétement la jeune femme, qui se laissa aller dans cette conversation ordinaire.
Lucy – C'est vrai que la capitale a de beaux atouts.
Wendy – Quand je me suis installée à Magnolia après mon départ de Caith Shelter, j'étais impressionnée par cette ville, je me sentais toute petite. Mais ici... Je m'y sens encore plus petite, dit-elle en rigolant légèrement.
Lucy – Native d'un petit village, c'est normal que tu aies ressenti ça.
Wendy – Sûrement. Quand bien même, Crocus est bien plus grande que Magnolia.
Lucy – Crocus est le fief du royaume. Placé presque au centre du pays et doté d'un climat tempéré, elle avait de quoi séduire.
Wendy – Peut-être… mais ça reste une ville trop grande pour moi.
Elles s'interrompirent, le temps de laisser la serveuse poser les tasses à chacune d'entre elle. S'inclinant une nouvelle fois devant elles en marque de respect, la serveuse s'en alla définitivement permettant de reprendre la conversation. Wendy ouvrit légèrement la bouche pour commencer mais elle fut coupée dans son élan par Charuru.
Charuru – Tu ne nous a pas attendu à l'auberge.
Démarrant les hostilités, Charuru espérait faire réagir la constellationiste sans la bousculer. Les banalités échangés jusqu'alors ne devait pas être une excuse et elles n'avaient pas beaucoup de temps. Elle avait bien compris que Lucy ne s'ouvrirait qu'à elles et ne sachant pas quand leurs camarades allaient revenir, Charuru se retrouvait obligé de forcer le passage. Elle avait espéré que Lucy prenne l'initiative du dialogue mais Charuru avait un gros doute sur la question, ne sachant pas vraiment à quoi s'attendre.
Malgré tout, Lucy souriait, tristement certes, mais elle était contente de les voir, assises ici, à échanger quelques mots avec elle. Elle savait qu'elle n'allait pas pouvoir échapper éternellement à l'interrogatoire de la petite chatte blanche. Aussi, elle voulait immortaliser ce moment, ces visages heureux qui s'effondreraient d'ici quelques minutes et profiter des derniers instants où son secret ne restait rien qu'à elle et Cana. Elle n'avait plus envie de lutter, plus la force, mais elle restait encore hésitante, s'interrogeant s'il était judicieux d'imposer ces révélations à deux êtres aussi jeunes ici et maintenant. Elle ne s'était jamais imaginé que les premières personnes de son entourage après Cana qui seraient au courant de sa maladie serait une petite fille qui rentrait à peine dans l'adolescence et une jeune exceed...
Lucy – Je suis juste allez prendre l'air, répondit-elle simplement.
Wendy – Je comprends, tu n'as pas eu le temps de te reposer depuis notre visite au château. Après le thé, on pourrait peut-être faire un tour en ville ensemble, et...
Charuru – Je crois que nous n'aurons pas le temps Wendy, dit-elle en essayant d'amener les choses en douceur.
Wendy – Ah bon ? Oh dommage, et bien sinon on va juste...
Charuru – Wendy, Lucy a quelque chose à nous dire.
Etonnée, Wendy fixa Charuru, puis Lucy, restant dans l'incompréhension la plus totale. Lorsqu'elles avaient vu Lucy à travers la baie vitrée du salon de thé, Wendy n'avait tout d'abord pas osé entrer. Elle ne voulait pas déranger la constellationniste. Tout comme pour Erza, elle éprouvait une profonde admiration pour la blonde dont la pugnacité l'avait conduite à être cette femme qu'elle était aujourd'hui. Elle était très intimidée par sa prestance et sa capacité de résilience face à tout ce qu'elle avait pu subir durant ses sept dernières années. Ce fut justement cette dernière pensée et l'idée de lui apporter son soutien qui l'avait amené à franchir la porte qui les séparait.
Lucy – Tu crois vraiment ?
Ce n'était clairement pas la réponse qu'attendait Charuru qui sentit une pointe d'agacement la titiller.
Charuru – Ne joues pas avec nous Lucy, ce n'est pas correct. Je me demande même si tu ne nous aurais pas fui depuis ce matin, avoue-le.
Wendy – Charuru, tu es désagréable tu sais, fit-elle remarquer à son amie. Pourquoi es-tu aussi agressive tout à coup ?
Lucy – Laisse Wendy, ce n'est pas grave. Charuru n'a pas tort.
Wendy – Comment ?
La dragon slayer se sentait perdue. Plus la conversation avançait et plus elle sentait une pression qui s'installait entre Lucy et Charuru, comprenant d'après leurs propos que Charuru avait connaissance de quelque chose qu'elle ignorait.
Charuru – En réalité, Lucy m'a assurée lors d'une précédente conversation qu'elle nous expliquerait ce qu'il s'était passé à Tahori.
Wendy – A Tahori ? Tu parles de la cérémonie spectrale ?
Charuru – Non, de ce qui s'est passé la nuit suivante.
Réfléchissant un instant, Wendy se remémora cette nuit tragique où ses amis avaient dû procéder à la crémation des villageois, mais aussi de cette nuit où Lucy s'était retrouvée clouée au lit et très mal en point.
La suite des évènements lui avait fait complétement occulter ce souvenir. Sur le coup morte d'inquiétude, Wendy avait par la suite mis cela sur le compte de la cérémonie qui était peut-être trop consommatrice de magie. Elle n'était pas certaine de son hypothèse, voir peu convaincue, mais étant toujours très réservée face à la constellationniste, elle n'avait pas osé poser la question et n'en avait de toute façon pas eu le temps. D'autant plus que la confrontation avec le mage noir et la perte de Plue l'aurait encore moins encouragé en ce sens. Elle croisa alors le regard de Lucy et ressentit soudain un violent un frisson lui parcourir le corps. Ce regard que Lucy lui renvoyait lui donnait l'impression qu'elle pouvait y lire toute la peine qu'elle allait bientôt ressentir. Ses sens de dragonne s'éveillèrent, la préparant au pire, Wendy fut prise d'une peur irrationnelle de ce qui se préparait et le sourire bien aimant de Lucy ne l'aida pas à l'a rassurer.
Wendy – Lucy, qu'est-ce que ça veut dire ? Charuru, que me caches-tu ?
Face à un mur, Lucy prit simplement une gorgée de thé, humidifiant ses lèvres et savourant chaque once de douceur que lui procurait cette boisson chaude. Habitée par une improbable sérénité, elle débuta son monologue. Et c'est avec une facilité déconcertante qu'elle leur expliqua sa maladie, du jour où elle en avait eu connaissance, des recherches en cours, le fonctionnement de celle-ci, les symptômes qui évoluaient d'année en année, l'absence de remède… Quitte à révéler son secret, Lucy avait décidé de ne plus rien cacher. Au fur et à mesure, Lucy s'étonnait dans ses explications, racontant ces années de mensonges avec une telle fluidité que cela en était déstabilisant, comme si elle avait déjà raconté cela des millions de fois. Des années de mensonges qui s'effondraient en quelques minutes. Certes, elle avait déjà par le passé réfléchi à ce qu'elle allait pouvoir dire, mais elle n'avait jamais pensé qu'elle racontera tout cela tranquillement autour d'une tasse de thé. Elle était en train d'avouer son pire pêché avec une facilité déconcertante. Puis, elle se tût, se rendant compte qu'elle n'avait plus rien à rajouter à son récit. En réalisant cela, une légère appréhension refit surface ne pouvant s'empêcher d'attendre la réaction de Wendy et Charuru.
Le bruit de la vaisselle qui s'entrechoquait au comptoir était désormais le seul bruit qu'elle percevait. Saisissant l'ampleur de cette information, Charuru s'empêcha de réagir en apposant ses petites pates devant son museau tandis que Wendy restait muette, les yeux écarquillés et complétement dépassée.
Charuru – Lucy... Je … Je n'imaginais pas que cela était si grave... dit-elle mal à l'aise d'avoir poussé au vice sa curiosité.
Un climat pesant mais logique au vu des circonstances s'installa. Souhaitant tenter de rétablir un semblant de normalité dans cette conversation, Lucy leur adressa un sourire bienveillant et agita ses mains devant elle marquant sa légère gêne devant l'air apostrophé de Charuru, espérant réussir à faire relativiser la situation.
Lucy – Non non, ne t'inquiète pas Charuru. Il ne faut pas dramatiser. Regarde, j'ai encore toute mes dents.
Aspirant à les faire rire, elle claqua des dents pour illustrer sa phrase avec humour mais ce fut sans succès auprès de la petite chatte qui n'apprécia pas spécialement cet humour caustique.
Charuru – Soit sérieuse Lucy. Depuis tout ce temps, tu arpentes les routes en sachant cela. Tu risques ta vie à chaque mission et tu as tout de même décidé de rester rédemptrice ? C'est de la folie.
Lucy – Que je sois malade ou non, une rédemptrice risque sa vie à chaque mission, que ce soit avec les spectres ou par la menace de Zeref.
Charuru – Ton cas est différent.
Lucy – Ce n'est qu'une variable de plus à l'équation. De toute façon, qui pourrait me remplacer Charuru ? Personne. Il y a encore quatre ans, lorsque j'ai appris de quoi j'étais atteinte, nous étions assez de rédemptrices pour espérer mettre un terme au fléau spectrale si nous nous y mettions toutes. L'avenir nous a donné tort et il n'était par la suite plus question d'abandonner mes fonctions. Cela ne doit pas m'empêcher d'avancer.
Tout d'un coup, Wendy se leva et frappa des poings la table de toute ses forces, faisant trembler les tasses et faisant sursauter la chatte blanche ainsi que la constellationniste. Les clients du salon de thé se retournèrent également à ce bruit inattendue, portant leur regard sur la cause de ce vacarme avant de reprendre leurs occupations. Jusqu'alors silencieuse, Wendy se réveilla tout à coup de sa léthargie, incapable d'accepter ce qu'elle venait d'entendre, Wendy fixait Lucy, les yeux humides mais pourvus d'une résolution infaillible. De son corps frêle, la réaction de cette dernière les avait toutes les deux surprises.
Wendy – Je ne laisserai jamais passer ça ! Moi, mage guérisseuse, je jure sur mon honneur de mage de Fairy Tail que je vais trouver un moyen de te guérir ! Maladie héréditaire ou non, on peut toujours trouver une solution.
Lucy – Wendy...
Une douce sensation s'empara de Lucy, remerciant intérieurement la jeune fille pour cette volonté de ne pas vouloir l'a laisser périr. La petite dragon slayer illustrait parfaitement ce que représentait un mage de Fairy Tail, reprenant le flambeau des générations passées. Elle était touchée, et aussi, rassurée par cette réaction qu'elle espérait tout aussi douce pour le reste de la guilde quand le moment serait venu.
Lucy – Je sais que ce ne sont pas des choses faciles à entendre, mais il faut parfois savoir accepter la réalité.
Wendy – Jamais ! s'écria-t-elle avec ferveur. J'ai certainement des facultés que les médecins de ce pays n'ont pas. Ma magie doit pouvoir t'aider. Tu as tout donné ces sept dernières années : tu as donné de ton corps comme de ton âme. A moi de te rendre le reste de ta vie. Viens Charuru, on s'en va.
Hochant la tête pour la suivre, Charuru était fière d'être l'amie de Wendy. Elle qui était en train de s'enfoncer dans le piège de la fatalité, Wendy l'avait instantanément reboosté, lui donnant l'élan d'aller de l'avant. Ensemble, elles étaient désormais prêtes à tout pour sauver un membre de leur guilde.
Déterminées et affirmant clairement leurs décisions, elles prirent aussitôt la direction de la sortie du salon de thé, ce qui terrifia Lucy qui se leva aussitôt, étant loin de s'attendre à cette réaction-là :
Lucy – Hey ! Mais où allez-vous ?! Je ne vous ai pas dit cela pour m'aider ou quoique ce soit d'autres.
Charuru – Ce n'est pas la question. Wendy à raison, il faut explorer toutes les possibilités.
Lucy – Je ne sais pas ce que vous comptez faire mais je ne veux pas que vous risquez votre vie pour moi. La terre est parsemée de spectres, ne vous amusez pas à partir seules à l'aventure.
Wendy – Fais nous juste confiance. On trouvera une solution. Pour le reste, on se débrouille. S'il faut enquêter au quatre coins du pays ou parcourir d'autres contrées pour trouver un remède, on fera tout ce qui est possible pour le trouver.
Lucy – C'est dangereux ! insista-t-elle.
Charuru – Nous serons prudente.
Lucy – Mais il n'y a plus de train à cette heure-ci, vous n'allez pouvoir allez nulle part.
Wendy – On est passé devant un magasin de location de locomotive magique. On peut en louer un en attendant.
Charuru – Lors de notre visite à Crocus, nous avons vu également des sociétés de transports qui louaient leurs services pour acheminer leurs clients en toute sécurité. S'il le faut, on fera appel à eux.
Sans attendre sa réponse, Wendy commença à ouvrir la porte pour laisser passer Charuru. Prise au dépourvu devant la précipitation des évènements, Lucy réalisa qu'une autre problématique allait s'ajouter si elles décidaient vraiment de quitter Crocus.
Lucy – Attendez ! Et je vais dire quoi aux autres si vous partez ? demanda-t-elle horrifiée.
Wendy – Tu peux simplement leur expliquer la raison de notre départ Lucy-san. Ils comprendront, j'en suis sûre.
Le tintement de la porte se fit entendre une dernière fois, annonçant le départ de Wendy et Charuru. Ce départ si soudain laissa Lucy complétement démunie. Un profond soupir se fit entendre, la rédemptrice se retrouvant désormais face à une nouvelle difficulté. Qu'allait-elle bien pouvoir dire aux autres concernant leurs départs ? Où allaient-elles ?
Inquiète, elle retourna à sa place et saisit de nouveau la clef de Plue. Cherchant à nouveau du réconfort et elle la serra contre son cœur.
Lucy – Toutes les possibilités ont déjà été explorées...C'est sans espoir...
S'engouffrant encore dans ses sombres pensées, elle sursauta en entendant la clochette du salon retentir, laissant apparaître Wendy qui rentra en trombe dans le salon pour revenir face à Lucy. A toute vitesse, elle déposa sur la table juste devant la constellationniste une fiole bleue violacée opaque. La dragon slayer du ciel croisa les bras tendu au-dessus de la fiole, droit devant elle.
Wendy – Troïa Flask !
Le sort tourbillonna au bout de ses doigts, avant de s'insérer dans la bouteille que Wendy referma aussitôt d'un petit bouchon en liège. Lucy regarda la petite dragon slayer d'un air ahuri, se demandant bien à quoi jouait cette dernière.
Wendy se saisit de la fiole et la secoua doucement, semblant essayer de déterminer si celle-ci contenait bien le sort qu'elle venait d'incanter, puis elle la posa sur la table devant Lucy.
Wendy – On avait trouvé cette fiole tout à l'heure chez un marchand magique. Il nous a dit qu'il travaillait sur la possibilité de contenir certains sorts dans des fioles créer spécifiquement pour cela. Il s'appuie sur le modèle des lacrymas pour créer cet objet. Il ne m'a pas garanti que les effets soient aussi efficaces qu'un sort classique mais ça vaut le coup d'essayer. Troïa a eu l'air de te soulager quand tu t'étais senti mal à Tahori. Alors, si tu dois encore avoir… une de ses crises, n'hésite pas à t'en servir.
Sans laisser le temps à la constellationniste de lui répondre, Wendy l'enlaça par le cou très fort, essayant de se retenir de ne pas pleurer pendant cette embrassade, puis elle repartit sans un regard en arrière rejoindre Charuru.
Hey hey !
Pour ceux qui sont toujours là, merci de suivre cette histoire. J'espère que les petites différences avec le manga ne vous heurtent pas trop. N'hésitez pas à écrire un commentaire si vous avez des questions, j'y répondrai avec plaisir.
Chapitre important où le voile se lève pour Lucy et où l'intrigue se pose encore un peu plus. J'espère que vous suivez toujours cette histoire avec envie (toujours pas de réactualisation de mes statistiques dont aucune idée du nombre de lecture de l'histoire...), je pense qu'une quinzaine de chapitre (voir vingtaine) vous attende encore !
Vacance en approche, fête de noël... je ne suis pas certaine de réussir à publier quelques choses sur les deux prochaines semaines mais j'essayerai tout de même.
D'ici là, passez tous de très bonnes fêtes de fin d'année !
