Après avoir passé quelques jours entre filles. Nous voilà accueillant leur père. C'était un moment, qu'elles avaient terriblement attendu.

La veille, nous avions été prévenus de son arrivée. Et je finissais moi aussi, par leurs euphories, à partager cette joie.

C'était un homme si doux, si chaleureux. À l'effigie de cette famille.

Un père aimant envers ses filles.

Il avait en main à son arrivée un bouquet de roses. Six roses rouges et une rose blanche.

Je me souviendrais éternellement de ce moment.

Il en offrit une à chacune de ses filles. Et la blanche m'était destinée.

Il avait appris une phrase en Français.

« Bienvenue dans la famille.»

J'avais les larmes aux yeux. Je venais de vivre un moment très touchant, qui rendait mon cœur tel une guimauve près du feu.

C'était un homme touchant, que j'affectionnais déjà énormément.

Ah... Mon hypersensibilité ! Je vous assure. C'est terrible.

Regina avait eu l'envie de passer cette journée à flâner dans un des jardins botaniques de la ville, avant d'aller se balader au bord de l'eau.

Une journée d'été familiale. Je ne connaissais pas ce genre de moment, de rassemblement. Mais je m'y étais très vite habitué au contact de cette famille.

Les conversations ne s'arrêtaient jamais. Tantôt, je discutais avec les deux benjamines, par moment avec Zelena.

Le père, Henry, me proposa de marcher à ses côtés durant un moment.

Il avait l'envie d'apprendre à me connaître.

Ne voulant embêter ses filles pour pouvoir échanger, nous utilisions par moment une application de traduction.

C'était amusant, il en rigolait souvent. Je pense que la traduction ne devait pas être correcte.

Il me parla de sa vie, de ses bons moments comme de ses mauvais.

De ses victoires et de ses échecs.

De la joie qu'il ressentait d'être le père de ses sept filles. Mais de la tristesse, et du regret qui l'envahissait par moment en repensant au comportement de sa femme à l'égard de Regina.

J'avais eu du mal à comprendre, ce qu'il essayait de me dire.

Mais je compris avec le temps. Que leur mère avait été très dure envers Regina. Bien plus qu'avec toutes ses autres filles.

Elle n'avait pas eu les mêmes attentes.

Et il s'en voulait visiblement de ne s'être jamais opposé au comportement méprisable de sa femme dans ces moments-là.

Je m'étais permise de lui demander pourquoi leur mère, Cora, avait été si dure envers elle.

Henry m'expliqua avec toute la sagesse qui le composait, que Regina ressemblait visiblement bien trop à la mère de Cora. A sa grand-mère.

Qu'elle avait haïe durant toute son existence.

Je trouvais cette raison inacceptable.

Je me rendais compte de la tristesse qu'avait dû ressentir Regina durant toute son enfance.

Il était inconcevable pour moi de me dire que quelqu'un pouvait mettre un enfant au monde, sans lui donner tout l'amour qu'il méritait.

Elle avait dû se sentir mise de côté. D'être l'enfant de trop dans une grande famille.

Elle ne m'en avait que peu parlé. Et je ne voulais pas la brusquer.

Nous avions déjà évoqué, elle et moi, le fait de parler des choses du passé, des choses douloureuses. Je ne pouvais pas forcer les choses.

Je n'avais pas le droit de la brusquer.

Je devais m'armer de patience.

Regina m'en parlerait en temps voulu.

Après un souper bien plus calme que les jours précédents, fait dans le jardin. Nous nous réunissions sur le patio, pour profiter du calme qu'offrait cette nuit de pleine lune.

Assises sur les transats, d'autres assises a même le sol les pieds dans la piscine.

J'étais pour ma part assise sur les genoux de Regina, l'encerclant de mes bras, profitant de cette étreinte.

L'une de ses mains posées délicatement sur ma cuisse.

Vivant l'instant présent.

Me ressourcer à n'entendre que le silence et le bruit de quelques oiseaux. Sentir cette légère brise qu'avait apporté la nuit. Observant le visage de Regina éclairé par la lune.

J'aimais ce moment, je profitais de ce moment.

Après un temps, Henry annonça qu'il allait se coucher. En effet, cette journée avait été éreintante pour lui.

Moi, je m'endormis cette nuit blottie contre Regina.

C'était l'un de mes moments quotidiens préférés.

Je ne serais pas m'endormir autrement maintenant que j'avais goûté à la douceur de ses nuits.

Nous devions reprendre la route pour New York, dans deux jours.

Mais cela voulait dire aussi, que mon départ vers Paris approchait.

Nous avions décidé de profiter de chaque instant que nous pourrions.

Après avoir préparé un petit déjeuner copieux, nous voilà nous dirigeant vers les chambres pour réveiller cette grande famille.

Je toqua à la chambre des sœurs jumelles.

Regina, alla réveiller son père.

Je me dirigeai vers la chambre de Thyllis.

« Wake up !»

Elle n'avait pas l'envie de sortir du lit, je la voyais s'enfoncer davantage dans ses draps.

Elle n'était pas du matin et je le comprenais largement.

Jusqu'à ce qu'un cri retentisse, réveillant le reste de la maison.

J'accourais dans la chambre du père. C'est de là que provenait le bruit.

En arrivant, je remarqua immédiatement Regina assise au sol à côté de son père. Lui tenant la main.

« Regina ?» Dis-je soucieuse.

« Emma, mon père est mort.»

Zelena qui était juste derrière moi, silencieuse, me dépassa et alla rejoindre sa sœur.

Elle constata elle aussi le décès en vérifiant le pouls.

Elle resta un instant planté là, avant de se tourner vers ses jeunes sœurs.

Zelena était en prise d'un calme impassible. En prise d'une très grande sagesse, et comprenant qu'elle devenait l'aînée de la famille.

Et s'agenouilla près de Regina et l'a prise dans ses bras.

Puis après avoir accusé le choc, toutes les sœurs se dirigèrent vers le lit, qui fut la dernière demeure de leur père.

Je ne savais pas ce que je pouvais ou non me permettre de faire.

Je restais là près de la porte. Montrant ma présence, sans qu'elle ne devienne envahissante.

Je ne sais combien de temps, cette pièce resta silencieuse après cette première période de pleure.

J'accompagna ensuite Zelena au salon, pour qu'on puisse faire intervenir quelqu'un pour pouvoir récupérer le corps.

Je n'avais encore jamais fait une chose pareille. Et pourtant la mort était quelque chose que j'avais aussi connue.

Après un certain temps, les sœurs Mills se regroupèrent dans le salon pour pouvoir envisager la suite et partager leur deuil.

Il n'y a que Regina qui resta auprès du père.

Je m'éclipsai du salon pour la rejoindre. En silence, je m'assiai derrière elle, et l'entourai de mes bras.

« Je suis sincèrement désolé.»

Nous voici assissent à même le sol, attendant une équipe qui viendrait emporter le corps de l'homme qu'elle avait tant aimé. De l'homme le plus important dans sa vie.

Je le savais, je le voyais. Regina était détruite, abattue.

Et je ne pouvais rien y faire.

Ma présence à ses côtés n'amenuisait pas sa tristesse, ou ce vide qu'elle ressentait.

Elle était silencieuse.

Zelena organisa le rapatriement du corps, l'embaumement.

Nous reprenions le chemin de New-York dès le lendemain.

Il avait été impossible de faire sortir Regina de la chambre durant les 24 heures qui avaient suivi le décès.

Henry souhaitait être enterré dans le village de Zelena, à Norwalk. Il savait que c'est l'un des seuls endroits où ses filles se rassemblaient.

Nous sautions toutes les sept dans l'avion en direction de New-York. Nous étions les seuls à rester à New York pour un passage éclair. Les sœurs Mills prirent toutes la route pour le Connecticut.

Regina avait dû s'occuper d'une urgence au travail, nous devions les rejoindre dès le lendemain.

Je ne retrouvai à aucun moment la Regina que je connaissais.

Elle était comme vide. Je sentais son désespoir profond.

Je ne m'étais jamais senti si démuni face à ce néant qui l'habitait.

Je pu ainsi visiter la maison familiale, et découvrir une nouvelle partie de la famille.

Robin et les enfants de Zelena.

Ils sont si beaux.

J'avais essayé à de nombreuses reprises de capter l'attention de Regina qui resta de marbre. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Cela me brisait de la voir à mes côtés, mais de ne rien partager avec elle.

Je recula mon départ d'une journée pour Paris. Je voulais être présente pour les funérailles.

J'aurais pu rester plus longtemps. Mais je me sentais de trop. Ma présence ne l'aider visiblement pas plus. Et je pensais qu'après ça, il faudrait aux sœurs Mills un temps entre elles.

Le jour des obsèques arriva. Il avait été géré d'une main de maître par leur sœur aînée Zelena. J'avais essayé d'être là pour l'aider au maximum. C'était la moindre des choses. Et c'est tout ce que je pouvais faire malheureusement.

L'ambiance qui avait régné dans la maison de vacances paraissait déjà si loin.

Briana fit le déplacement pour un dernier au revoir à son père. Elle n'avait pas l'air meurtri, comme ses sœurs.

Elle ne m'avait pas adressé la parole, mais je ne lui en voulais pas. La situation était déjà si compliquée.

La cérémonie était longue. Il n'était pas de coutume pour moi de me rendre à l'église. Mais je savais à quel point cela est important pour cette famille.

Je restai pour eux, alors, de longues heures assises en silence. Deuillant la mort d'un être cher avec les Mills.

Après la mise en terre du corps. Toutes les personnes invitées, s'éparpillèrent dans le petit cimetière de Norwalk.

Pour ceux qui le souhaitaient, un rassemblement était prévu au domicile de Zelena. Qui avait besoin que d'une chose, retrouver sa maison, ses enfants et son mari.

Elle aimait profondément sa famille. Mais sa maison, et sa tranquillité familiale lui manquaient malgré tout.

Zelena voulait pouvoir elle aussi, à son tour, pleurer seule le décès du défunt père.

Le lendemain, je me réveillais le cœur lourd. Sachant mon départ imminent.

Les sœurs partirent au fur et à mesure dans la matinée.

Je tentai une dernière fois d'avoir une conversation avec Regina, qui restait blottie dans le lit, avec pour seule compagnie sa tristesse.

Je toqua et alla la rejoindre dans le lit.

« Regina, je sais que tu n'as pas envie de me parler. Mais je voulais te prévenir que je devais partir. Je rentre à Paris.»

J'attendais de sa part une réponse, une réaction. Quelque chose qui n'arriva pas.

« Je sais que tu vis un moment difficile. Je ne veux pas que tu penses que je ne m'en préoccupe pas. Mais je me sens démuni. Je vais rentrer, et reviendrai bientôt d'accord ?... Si tu as besoin, tu n'hésites pas ! Je peux sauter dans un avion à tout moment.»

Je posai ma main délicatement sur son visage et l'embrassa sur le front.

Elle se recroquevillait, cachant son visage.

Mais je pouvais entendre et percevoir ses sanglots.

« Regina, tu n'es pas seule. Et je suis là aussi. Je t'aime. Je t'aime. Merci pour tout ce que tu m'as offert durant ce séjour.»

Après un dernier regard pour elle, je quittai la chambre. Et descendit dans le salon où Robin et Zelena m'attendaient.

Zelena se proposa de me raccompagner à l'aéroport.

Sur le trajet, j'essayais de lui transmettre mon inquiétude concernant Regina.

Elle me promit de prendre soin d'elle. Et de me tenir au courant. Nous échangions alors nos numéros de téléphone.

J'étais installé dans l'avion.

J'attendais que l'avion prenne la voie de décollage.

J'en profitais pour envoyer un message à Ruby.

« Je suis dans l'avion. Je m'apprête à décoller. A tout à l'heure !»

Puis un second message à Regina.

« Je suis dans l'avion. Savoir que je pars dans ces conditions me rend si triste. Tu me manques. Dès l'instant où j'ai fermé la porte de ta chambre, j'ai eu le cœur qui se serrait. J'espère que tu ne prends pas ça pour un abandon. Mais je pense que tu as besoin de temps, et je vais en profiter pour mettre quelques affaires en ordre.

Je t'aime tant. Tu as changé ma vision de la vie, tu as changé ma façon d'aimer, tu es mon tout.»

Le vol fut tellement épuisant. Je n'avais que peu dormi ses derniers jours, et les bébés pleurant dans l'avion vinrent terminer mon peu de patience.

J'avais fort heureusement la meilleure amie du monde. Qui m'attendait au niveau des portes de sorties, après la récupération des bagages.

Ce n'était pas prévu. Mais j'étais tellement heureuse de la retrouver.

Je lâcha mes sacs et lui sauta dans les bras. Un trop plein de tristesse, de fatigue.

« Oh je suis tellement contente de te voir ! Tu n'imagines même pas.»

« J'avais hâte de te retrouver aussi. Je me suis douté que tu aurais besoin de quelqu'un à l'arrivée. Alors ? Cet enterrement ?»

« Si tu savais !»

« Toi qui n'as jamais été à un enterrement en France, c'est là-bas que tu inaugures ton premier ?» Me lança-t-elle sur le ton de la plaisanterie.

Sur le trajet du retour, je lui racontai en détails ses quelques semaines américaines.

Les pires comme les meilleurs moments.

Puis je terminai mon histoire, lui racontant comment je me sentais maintenant.

Une fois arrivée à la maison, il était tard. Nous commandions des pizzas, en les attendant, elle me raconta son dernier date avec ce fameux garçon vu dans son bar.

John.

Elle commençait à l'apprécier, mais ne savait pas encore ce qu'elle voulait de lui.

Ça me faisait tellement plaisir de partager ce moment avec elle.

Après avoir englouti les pizzas, Ruby alluma son enceinte.

« Qu'est-ce que tu fais ? On ne va pas faire la fête. Je suis épuisé.» Je tenta de lui expliquer.

« Peut-être. Mais quand ça ne va pas. On danse !»

« Qu'est-ce que tu vas mettre ?»

« You gotta be.»

Nous étions en train de sautiller dans tous les coins et recoins du salon, jusqu'à ce que je m'écroule de fatigue.

Elle baissa le son, et s'installa à mes côtés.

« Alors ton anglais ?»

« Et bien, il s'améliore !»

« C'est une bonne nouvelle ! Et dis-moi, je veux du détail concernant votre cours de danse sexy !»

« Je t'avais raconté au téléphone déjà !»

« Je sais ! Mais je veux l'entendre de vive voix. Et que tu m'illustres les gestes !»

Mon amie était folle ! Bien trop curieuse. Entêté.

« C'est pas vrai ! »

« Allez raconte-moi ça, ou quelque chose d'autre de croustillant ! Je t'ai offert les pizzas !»