Valeur et vigueur tout le monde,
Vu que je vous ai posté le chapitre précédent assez tard, celui-ci vient plus tôt !
Un grand merci à Sarah MAES, Jiwalumy, Roux500, Fleur d'Ange & Ellana pour vos reviews ! Coeurs sur vous !
Récap des chapitres précédents :
• Draco a exercé une pression sur Narcissa pour obtenir la Grâce ministérielle pour Ginny – une stratégie incitative pour la convaincre de rester en Angleterre. (chaps. 63 & 64)
• Lors d'un gala, Daphné a ''découvert'' Draco et Ginny ensemble et a utilisé cette information pour faire du chantage aux Malfoy, exigeant une union entre Astoria et Draco (chaps 44 & 45)• Narcissa a autorisé Draco à fréquenter Ginny, à condition que ce dernier simule son intention d'épouser Astoria, et que Ginny poursuive son espionnage de Cressida Warrington. (chap. 49)
• Sur ordre des Lestrange, Noah Vasey, le partenaire de Rabastan, a été chargé de recruter des Sang-Impurs et des marginaux pour des expériences secrètes. (chap 45) Il a également sollicité Kitty, la meilleure recruteuse de Vivienne van Detta, pour assister dans cette tâche.• Gouverneur Gideon Cunningham, à la tête de l'entreprise Magicore, supervise ces tests, sous la pression de Bellatrix Lestrange.
• Peter Pettigrow a trahi la Révolte du Yorkshire, la faction rebelle à laquelle il appartenait, en révélant au régime la localisation de leur base. Ils ont été attaqués par un escadron de la mort connu sous le nom des 'Sans-Visages'. Cette armée secrète et redoutable, issue d'un projet expérimental du Département des Mystères, est composée de soldats transformés en machines à tuer suite à un long processus de torture physique et de manipulation mentale. Peter s'est échappé avant de pouvoir être capturé par ses anciens alliés. (chap 61)
Montage/playlist à retrouver sur mon profil
LXVII. Dissonance Cognitive
« Madame la Gouverneure est prête à vous recevoir. Si vous voulez bien me suivre, Miss Greengrass. » annonça la voix professionnelle d'une femme brune au chignon impeccable.
Daphné releva la tête et croisa le regard d'Allegra McGrath, l'assistante de Narcissa Malfoy. Elle avait pris contact avec elle pour organiser cette entrevue avec la gouverneure dont l'emploi du temps était particulièrement chargé depuis sa nomination au poste de PDG de Machinations Malforescentes et son entrée dans le Coven sacré.
Consciente du bouleversement au sein du clan Malfoy, Daphné avait attendu que la situation se stabilise, guettant le moment opportun pour rappeler à Narcissa leur accord. Elle avait habilement mis à profit cette période d'attente pour encourager Astoria à se rapprocher de Draco afin de lui offrir un soutien sous couvert de sympathie après l'attaque qui avait mis en péril la santé de Lucius Malfoy.
La santé déclinante de ce dernier offrit à Daphné une occasion en or. Avec Lucius temporairement hors-jeu, la position de Narcissa n'était que transitoire, et bientôt, Draco serait amené à prendre les rênes. Il lui faudrait, sans aucun doute, sceller une union maritale pour solidifier sa position avant d'assumer pleinement son rôle. Plus que jamais, il était donc crucial de finaliser rapidement l'union entre Draco et Astoria.
En pénétrant dans le bureau de la gouverneure, Daphné fut saisie par un élan d'admiration. Le lieu était spectaculaire, reflet de l'élégance raffinée et de la puissance discrète de sa propriétaire. Malgré leurs divergences, Daphné éprouvait une admiration indéniable pour Narcissa, qui, à l'instar de Cressida Warrington, représentait un idéal de réussite féminine. Ces figures de pouvoir renforçaient son aspiration à atteindre un jour une position similaire, marquant sa propre ascension dans un univers généralement dominé par les hommes.
Le bureau de Narcissa, situé au sommet de l'imposant siège de Machinations Malforescentes dans le quartier d'affaires de Magipolis, offrait une vue panoramique spectaculaire sur Londres. Une large baie vitrée, courant le long du mur opposé à l'entrée, encadrait la ville comme une œuvre d'art en perpétuel mouvement. L'intérieur, orné d'un majestueux bureau en acajou orné, d'étagères chargées de volumes reliés, ainsi que d'une table de conférence en verre entourée de chaises en velours sombre, respirait la sophistication. Les murs, revêtus de bois sombre, offraient un contraste harmonieux avec les touches de couleur astucieusement disposées. Des coussins et des tapis finement choisis, des fleurs vibrantes dans des vases de cristal scintillant, et des peintures originales apportaient une touche de féminité à l'ensemble.
Un pan de mur entier était consacré à l'exposition de reliques familiales et de diverses distinctions, témoins silencieux mais puissants d'un héritage familial riche en accomplissements. Face à cela, trônait une cheminée en marbre blanc, encadrée de deux fauteuils en cuir noir.
Nulle trace de Lucius ne subsistait, donnant l'impression que Narcissa avait toujours régné en maîtresse des lieux.
La nouvelle dirigeante de Machinations Malforescentes se tenait à la fenêtre, les yeux rivés sur le paysage derrière les baies vitrées. Se retournant avec grâce, elle posa sur Daphné ses yeux bleus profonds, empreints d'une sérénité calculée. Même dans sa cinquantaine, Narcissa affichait une beauté intemporelle, sublimée par une confiance en soi naturelle et une apparence impeccable. Ses cheveux blonds dorés, coiffés avec soin, encadraient un visage mis en valeur par un maquillage délicat mais sophistiqué. Vêtue d'une robe droite d'un bleu roi profond, dont la teinte se mariait parfaitement avec ses yeux, Narcissa incarnait l'élégance. Le tissu précieux, soulignant sa silhouette avec délicatesse, s'arrêtait juste au-dessus du genou, tandis qu'un col haut et des manches longues conféraient une touche de sérieux à l'ensemble. Les boutons dorés, discrets mais brillants, sur les poignets ajoutaient un éclat subtil. Une fine ceinture en cuir noir marquait sa taille, complétée par une veste ajustée drapée élégamment sur ses épaules, un geste de mode qui rappelait qu'elle était tout autant une femme de goût qu'une femme de pouvoir. Une paire d'escarpins noirs vernis à talons aiguilles ajoutaient une élégance supplémentaire à sa démarche.
« Valeur et vigueur, Miss Greengrass. C'est un plaisir de vous revoir. » salua Narcissa avec une politesse mesurée, invitant Daphné à prendre place. « Puis-je vous offrir une tasse de thé ? »
Daphné acquiesça et prit place, tandis que Narcissa faisait un signe discret à son assistante, qui conjura un service à thé élégant. Revenant à son fauteuil, Narcissa fit face à Daphné, chaque mouvement empreint d'autorité et d'assurance. Elle personnifiait la quintessence du pouvoir féminin, alliant grâce et élégance, et une détermination sans faille. Pour Daphné, elle était l'incarnation d'une femme qui avait su conquérir une place dans un monde traditionnellement masculin avec une distinction inégalée, un idéal à atteindre. Une fois le thé servi, l'assistante s'effaça discrètement, laissant les deux femmes en tête-à-tête. Narcissa n'avait pas quitté Daphné des yeux.
« Je tenais à vous présenter mes vœux de rétablissement pour votre mari, madame la Gouverneure. » entama Daphné avec courtoisie.
« C'est un geste que j'apprécie, Miss Greengrass. » répondit Narcissa, d'une voix égale, ne trahissant aucune émotion. « Mais je suppose que ce n'est pas la raison principale de votre visite. »
« En effet. » admit Daphné. « Votre agenda est sans doute chargé, je me ferai donc brève. J'aimerais savoir où nous en sommes quant à l'union de nos familles. »
« Les choses progressent comme prévu. Si je ne m'abuse, mon fils fréquente assidûment votre sœur. Ils prévoient même d'assister ensemble aux prochaines commémorations du Jour de la Victoire. » fit remarquer Narcissa.
« Certes, mais j'espérais une avancée plus rapide, vu les circonstances récentes. Je suppose que Draco envisage de se marier dans le cadre d'une transition imminente. » devina Daphné.
« Absolument. En revanche, annoncer une telle nouvelle en ces temps de tragédie familiale ne serait ni judicieux, ni approprié. » indiqua Narcissa.
Daphné, les doigts crispés sous la table, sentait sa frustration monter en elle. Les Malfoy semblaient jouer avec la montre, ralentissant délibérément le processus.
« Je ne m'attends pas à ce qu'ils se marient immédiatement. » répliqua Daphné. « Mais Draco pourrait au moins se positionner officiellement et faire sa demande en bonne et due forme. Cela démontrerait publiquement son engagement envers ma sœur. »
Pour Daphné, le simple fait que Draco fréquente Astoria, même publiquement, ne suffisait pas. Il devait ouvertement déclarer son intention de l'épouser, éliminant toute ambiguïté. Daphné savait que de nombreuses femmes scrutaient Draco. Seule une annonce officielle de fiançailles mettrait fin à toutes les convoitises.
Narcissa remua lentement sa cuillère dans sa tasse de thé, contemplative.
« Il y a un calendrier à respecter, des convenances à observer. Vous, les jeunes de la nouvelle génération, semblez méconnaître l'importance de ces traditions. C'est regrettable. » dit-elle avec un soupir peiné. « Cependant, c'est aussi dans l'intérêt de votre sœur. Les apparences sont primordiales. Il est important de montrer au monde que Draco courtise votre sœur avec toutes les attentions requises avant d'envisager une annonce officielle. La patience est de rigueur ici, Miss Greengrass. »
« Mrs. Malfoy, tout le respect que je vous dois mis à part, je tiens à souligner que notre famille a fait preuve d'une patience considérable, et moi en particulier. Dois-je vous rappeler ma discrétion concernant les fréquentations douteuses de votre fils ? » rétorqua Daphné.
Sa voix trahissait une tension croissante. L'image de Draco, aperçu dans des circonstances douteuses en compagnie d'une Sang-Impur lors d'un gala, resurgit dans son esprit.
Un sourire énigmatique naquit sur les lèvres de Narcissa, accentuant la suspicion de Daphné. Elle ignorait si Narcissa possédait des informations qui justifiaient son calme olympien devant ses menaces ou si c'était une manifestation de la propre paranoïa de Daphné.
« Je n'ai certainement pas oublié cela, Miss Greengrass, soyez-en assurée. »
« Et pourtant, votre inertie et l'indécision de votre fils semblent indiquer le contraire. » rétorqua Daphné avec impétuosité.
Le sourire de Narcissa se mua en un rictus subtil, ses yeux bleus pétillant d'une satisfaction mystérieuse.
« Permettez-moi de clarifier un point, Miss Greengrass. Écouter vos préoccupations et discuter avec vous d'un sujet aussi sensible que mon fils ne doit pas vous induire en erreur. C'est moi qui prends les décisions. » affirma-t-elle avec autorité. « Et si vous souhaitez poursuivre nos échanges, vous devez comprendre que je ne tolère pas les menaces, surtout lorsqu'elles sont formulées de manière si grossière et maladroite. »
Son ton austère provoqua un frisson chez Daphné, sans qu'elle ne sache pourquoi. Une intimidation subtile l'envahit soudainement. Narcissa porta sa tasse à ses lèvres, pensive.
« Vous savez, j'ai une certaine tendresse pour vous, Miss Greengrass. Vous me rappelez moi-même à votre âge. Cette ardeur, cette volonté de défier l'ordre établi, et surtout ce manque cruel de patience et de vision... »
Narcissa marqua une pause, son regard plongé dans celui de Daphné.
« Il est essentiel que vous appreniez à penser sur le long terme. Évitez les solutions immédiates et incertaines qui pourraient vous attirer des ennemis. Ces mêmes ennemis qui, un jour, pourraient entraver votre ascension. » poursuivit Narcissa d'un ton grave.
Daphné garda le silence.
« Si vous aspirez à atteindre mon niveau un jour, vous devrez forger des amitiés et des alliances solides. Un entourage qui apprécie collaborer avec vous. » continua Narcissa. « Nous sommes semblables, vous et moi. Comme je vous l'ai dit, je me vois en vous. Avec de la patience et de la souplesse, vous pourriez aller loin, peut-être même me surpasser. »
Narcissa ajouta ces mots après un moment de réflexion, son regard toujours fixé sur Daphné. Cette dernière fut prise de court par ses paroles.
« Lorsque vous assumerez le rôle de Gouverneure pour votre propre famille, il sera essentiel que vous soyez entourée d'alliés, et non d'adversaires guettant la moindre faille pour vous faire chuter. » conclut Narcissa avec une assurance inébranlable.
Daphné, en dépit de son impatience, ne pouvait ignorer la vérité qui émanait des propos de Narcissa. Elle comprenait que son ambition, souvent aveugle, l'avait parfois menée à des choix hâtifs. Cette rencontre lui servait de piqûre de rappel : elle avait encore beaucoup à apprendre.
La menace des relations compromettantes de Draco n'était qu'un coup de bluff risqué de sa part. Au fond, Daphné doutait de l'impact réel de cette révélation au sein de la communauté. Draco n'était sûrement pas le premier homme des Treize à entretenir secrètement des liens avec une femme de rang inférieur. De plus, il était fort probable que leur liaison ne soit qu'éphémère, à l'image de celle que Daphné avait connue avec Draco. Cette révélation pâlirait face au scandale des Nott. Si son bluff était percé à jour sans produire l'effet escompté, Daphné se retrouverait démunie, face à des ennemis de taille comme les Malfoy.
Et, bien qu'elle s'efforce de le dissimuler, Daphné craignait Narcissa Malfoy. L'ascension de cette dernière attestait de sa force de caractère et de sa détermination sans faille. La sous-estimer serait une erreur dangereuse. Finalement, Daphné choisit de modérer son impatience et de se montrer plus réceptive aux propositions de Narcissa. L'opportunité d'apprendre d'une femme aussi accomplie n'était pas à négliger.
« Vous avez raison, Madame la Gouverneure. Mon empressement était malavisé. Je serais honorée de bénéficier de votre expertise et de vos conseils. » dit-elle finalement, levant les yeux pour croiser le regard glacial de Narcissa.
Un sourire de satisfaction se dessina lentement sur le visage de cette dernière. E
« Votre décision est des plus judicieuses, Miss Greengrass. » répondit-elle d'une voix douce, empreinte d'une chaleur nouvelle. « Votre capacité à reconnaître la valeur de la patience et de la prudence est louable. »
Après une gorgée de thé, Narcissa maintint son regard sur Daphné.
« Votre disposition à accepter mes conseils et mon soutien me réjouit. Vous possédez un potentiel indéniable, Miss Greengrass, et c'est avec plaisir que je vous guiderai dans son développement. »
Elle reposa sa tasse sur le bureau.
« Concernant l'union de Draco et Astoria, si les choses évoluent favorablement, nous pourrions envisager une demande en fiançailles officielle lors du bal de Yule que j'organise annuellement. » annonça-t-elle, reprenant un air sérieux, presque transactionnel.
Bien que l'événement n'ait lieu que dans six mois, Daphné estimait que cette attente supplémentaire était un petit prix à payer pour la réalisation de ses ambitions.
« Cependant, j'insiste sur une condition essentielle. » poursuivit Narcissa, sa voix se faisant plus sérieuse. « Astoria doit se montrer irréprochable jusqu'à l'événement. Nous ne tolérerons aucun scandale susceptible de compromettre un futur mariage avec Draco. Il est impératif que sa réputation reste immaculée. »
Elle marqua une pause, laissant le poids de ses mots imprégner l'atmosphère.
« Les Malfoy ne sauraient s'associer à une famille dont l'honorabilité serait remise en question par la communauté. Vous comprenez sûrement l'importance de cette condition, Miss Greengrass. » conclut Narcissa d'un ton entendu.
Daphné hocha la tête avec assurance, confiante. Astoria avait toujours été discrète et désireuse de satisfaire son clan. Elle avait été préparée toute sa vie dans l'optique de devenir l'épouse idéale pour un homme de grande stature. Il était évident qu'elle n'aurait aucun mal à remplir ces conditions.
« Je m'assurerai qu'elle respecte ces directives. » répondit Daphné, déterminée à concrétiser l'union entre les deux familles. « Vous pouvez compter sur ma discrétion et mon engagement. »
« Parfait. Je suis ravie de voir que nous sommes sur la même longueur d'ondes, Miss Greengrass. Cela ne peut être que bénéfique pour notre future collaboration. »
En quittant le bureau, Daphné laissa échapper un soupir de soulagement. Les prochains mois seraient déterminants, mais elle était prête à relever ce défi. Si tout se passait comme prévu, elle aurait bientôt atteint l'objectif qu'elle s'était fixé : lier les Greengrass et les Malfoy par les liens du mariage.
En prime, elle bénéficierait du mentorat et des précieux conseils de Narcissa Malfoy pour sa propre ascension. Une victoire totale à tous égards.
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Alors qu'elle observait son reflet dans le miroir, Ginny ne put s'empêcher de constater à quel point elle avait changé. Bien qu'il fût difficile de déterminer précisément ce qui avait changé dans son apparence, une maturité et une assurance indéniables émanaient désormais de ses traits, tempérées toutefois par une inquiétude sous-jacente, probablement due aux responsabilités qui accompagnaient son nouveau quotidien.
Elle se sentait véritablement adulte, un contraste frappant avec l'insouciance des années précédentes. Les paroles de Katrina Street-Porter, prononcées peu après leur rencontre, résonnaient désormais avec une pertinence accrue en elle. « Les personnes de l'élite ont aussi leurs problèmes, Ginny. Cependant, leurs soucis sont d'une nature différente de ceux des personnes moins fortunées. »
Cette pensée lui semblait désormais empreinte de vérité. Autrefois, sa vision du monde était manichéenne. Elle voyait les riches et les élites comme des oppresseurs et les pauvres comme des victimes vertueuses. Cependant, son ascension sociale avait dévoilé à ses yeux les subtilités et nuances de cette réalité. Avec la richesse et le pouvoir, les défis et les dilemmes ne disparaissaient pas. Ils se transformaient en enjeux moraux et en jeux d'influence plus complexes.
La jeune fille insouciante d'autrefois, vivant au jour le jour sans objectif ou vision, semblait avoir définitivement disparu. À sa place se dressait désormais une femme consciente des complexités du monde, dont les yeux s'étaient ouverts sur les conséquences de ses actes et sur la façon dont ils affectaient l'arène sociale où elle évoluait.
Il lui arrivait parfois d'avoir l'impression de mener une vie complètement différente. Les récents bouleversements avaient précipité son existence dans une direction imprévue, la propulsant abruptement dans un monde jusqu'alors inenvisageable. Elle avait d'abord pris conscience de ces changements à travers le regard des autres. Elle avait été rapidement déconcertée par le contraste flagrant de traitement qu'elle recevait depuis qu'elle fréquentait des personnalités influentes, devenait plus aisée et que son apparence reflétait cette progression. Son accession au statut de Sorcière de Sang-Pur avait été la concrétisation de cette ascension. Désormais, un monde de possibilités, autrefois inimaginables, s'ouvrait à elle.
Ginny appliqua soigneusement une nouvelle couche de rouge à lèvres et vérifia que son chignon, à la fois discret et élégant, était en place. Ce matin-là, elle s'était parée avec un soin particulier pour se rendre au ministère. Ce n'était pas un jour ordinaire. L'heure était à la célébration. Elle saisit son sac à main et quitta les toilettes, rejoignant d'un pas assuré le hall du Département de l'Uniformisation de la Pureté Exemplaire. À la réception se dressaient deux comptoirs distincts pour accueillir les visiteurs : l'un réservé aux Sang-Purs, l'autre aux Sang-Impurs.
Un souvenir précis refit surface dans son esprit. L'année précédente, elle avait accompagné Mrs Moretti pour son recensement annuel obligatoire en ces lieux. Elle se souvenait des files interminables pour les sorciers de rang inférieur, contraints de patienter de longues heures devant les rares comptoirs qui leur étaient réservés. Cette fois cependant, ce fut vers le comptoir des Sang-Purs que ses pas la menèrent.
« Vous êtes attendue à la Galerie, premier couloir à droite, troisième porte, » lui indiqua l'employée avec un sourire aimable.
Ginny suivit ses instructions et arriva devant une imposante porte en chêne sculpté, surmontée d'une plaque dorée portant l'inscription : Galerie des Distinctions.
La salle grandiose arborait de hauts plafonds voûtés ornés de délicates moulures ainsi que d'imposants lustres diffusant une lumière tamisée, conférant au lieu une atmosphère solennelle. Les murs étaient ornés de portraits de sorciers illustres, tous affichant une expression fière et hautaine. Au centre de la pièce trônait une statue majestueuse de Lord Voldemort, sculptée dans un marbre d'un noir profond. Sa posture conquérante et sa baguette pointée vers le ciel semblaient invoquer une force invisible. Sous l'effigie, l'inscription 'La Pureté Sera la Clef' était gravée dans la pierre.
Trois personnes se tenaient près d'un pupitre vers lequel Ginny s'approcha. Deux d'entre eux portaient des robes de magistrats arborant les couleurs du département, tandis que le troisième, un vieil homme aux traits fatigués, paraissait avoir largement dépassé les soixante-dix ans.
« Pur soit le sang. » l'accueillit cérémonieusement la femme vêtue de la robe de magistrat.
« Victorieuse soit sa venue. » répondit Ginny.
« Vous êtes Ginevra Margaret Weasley ? » interrogea la femme.
Ginny acquiesça.
« Bienvenue. Je suis Mafalda Hopkrik, présidente de la Commission d'enregistrement des Sang-Impurs et Indésirables. » se présenta-t-elle.
Ginny reconnut son visage, maintes fois aperçu sur les immenses affiches placardées dans le hall du département, où elle figurait aux côtés de Dolorès Ombrage, la Ministre elle-même. Son collègue magistrat s'avança alors auprès de Ginny et du vieillard.
« Vos baguettes, je vous prie. » demanda-t-il.
Ginny tendit sa baguette, imitée par le vieil homme. Elle supposa qu'il se trouvait ici pour la même raison qu'elle : il avait obtenu la Grâce ministérielle. Compte tenu de son âge avancé, Ginny se demanda s'il avait mené une vie irréprochable pour mériter ce privilège si rare. L'idée qu'un homme, arrivé au crépuscule de son existence, ait dû se comporter de façon irréprochable toute sa vie, sans jamais faillir, soulignait à quel point l'obtention de cette grâce relevait de la chimère. Elle se remémora une conversation avec Narcissa Malfoy, qui lui avait ouvert les yeux sur les véritables rouages du système, ébranlant ainsi ses dernières illusions.
« Le citoyen modèle est un mythe qu'on fait croire aux gens pour contrôler leurs comportements. Mais c'est un effort futile qui n'aboutira jamais à rien. » lui avait expliqué Narcissa.
« Vous êtes en train de me dire qu'il est impossible pour nous d'être pardonnés ? » avait demandé Ginny, la gorge sèche.
« Non. Simplement que la moralité d'une personne et son comportement n'ont rien à voir là-dedans. Si nous souhaitons obtenir votre grâce, nous devrons utiliser un angle différent. »
C'était en côtoyant l'élite du régime et en découvrant les dessous de ce monde que Ginny avait saisi la véritable nature de la Grâce ministérielle. Présentée comme un mécanisme légal pour pardonner les sorciers de rang inférieur, les conditions pour l'obtenir étaient extrêmement rigoureuses, presque inatteignables, exigeant notamment la preuve d'une rupture totale avec les actes ou les personnes ayant conduit à la trahison.' Cela impliquait souvent la mort de ces derniers. La Grâce effaçait l'infraction du dossier de la personne, lui permettant de reprendre sa vie sans le stigmate de la trahison.
En réalité, l'obtention de la grâce était une question de négociations et de compromis politiques. Un individu ordinaire, sans relations dans les hautes sphères, n'avait aucune chance d'obtenir ce pardon. Il s'agissait d'un autre outil de contrôle des Treize, maintenant l'illusion d'une possibilité de rachat tout en la rendant inaccessible à la plupart.
Mafalda Hopkrik invita Ginny et le vieillard à se placer sur les marques tracées au sol, à proximité de la statue de Voldemort. Elle se dirigea ensuite d'un pas solennel vers le lutrin et y déplia un parchemin.
« Aujourd'hui marque un jour important de votre existence. Le jour où vos actions vertueuses et votre dévotion se voient enfin reconnues et récompensées. » commença-t-elle. « L'octroi de la Grâce ministérielle est la preuve de votre engagement envers les valeurs sacrées léguées par notre Lord. »
Elle prononça un long discours pompeux sur la pureté du sang et l'héritage sacré de Voldemort, que Ginny écouta en silence, une sourde rancœur montant en elle. Sa présence en ces lieux n'était en rien le fruit d'un quelconque mérite. La femme fit l'éloge de son dévouement avec exagération, magnifiant son travail et son engagement auprès de deux figures éminentes de la communauté, Cressida Warrington et Pansy Parkinson. Ginny se demandait si ces mêmes arguments fallacieux avaient servi à Narcissa pour négocier officieusement l'obtention de cette Grâce. Elle se sentait telle une imposteure, une marionnette prise dans les rouages d'un jeu de pouvoir et de manipulation.
Elle jeta un regard bref vers le vieillard à ses côtés, se demandant s'il faisait partie de ceux rares qui avaient véritablement mérité cette grâce par leurs propres mérites, ou s'il était, à l'instar de Katrina et d'elle-même, un bénéficiaire de la corruption et des réseaux d'influence.
Un sentiment de révolte l'envahit. Ginny se sentait déchirée entre sa position actuelle et sa loyauté envers ses amis moins privilégiés. Elle songea à Hermione et le traitement abominable qu'elle avait subi après avoir épousé Théodore. Les choses auraient-elles été différentes si Hermione avait obtenu la Grâce ministérielle avant d'officialiser son union avec Théodore ?
L'attitude de son amie lors de leur rencontre fortuite dans leur ancien appartement trahissait un traumatisme profond. Quelque chose chez Hermione semblait profondément détruit. Bien que Ginny ignorait les détails de ce qui était arrivé à Hermione pendant sa disparition, elle pressentait que les circonstances étaient sombres. Qui savait ce qu'Hermione avait enduré aux mains de ceux qui la considéraient comme inférieure, furieux de son audace à s'unir à l'un des leurs ?
Ginny avait délibérément évité Draco après sa rencontre avec Hermione, redoutant de trahir accidentellement la promesse de silence faite à son amie. La jeune femme se sentait coupable de créer des cachotteries entre eux, surtout après avoir critiqué Draco à maintes reprises pour son manque de transparence par le passé.
La cérémonie, empreinte d'une solennité excessive, s'apparentait à une démonstration d'opulence ostentatoire. Par cette mise en scène, le régime cherchait à renforcer l'idée du cadeau gracieux qui leur était accordé. Son regard se porta sur le vieillard, dont le visage, empreint d'une émotion palpable, reflétait une attention totale au discours.
Ginny, quant à elle, comptait les minutes, impatiente de mettre fin à cette mascarade. Lorsque Mafalda Hopkrik conclut enfin son allocution, elle s'avança d'un pas vif dans leur direction, un parchemin scellé à la main, la précieuse preuve officielle de leur Grâce Ministérielle tant convoitée.
« Votre passé, entaché par l'infamie de la Traîtrise de Sang, est désormais effacé. Vous êtes aujourd'hui reconnue comme Sorcière de Sang-Pur, une distinction accordée uniquement aux plus méritants. Conformément aux enseignements de notre Lord, la pureté du sang est une vertu essentielle, un héritage à préserver et à transmettre de génération en génération, » déclara Mafalda en tendant le document à Ginny.
L'autre fonctionnaire se présenta, tenant une boîte élégante renfermant une baguette magique sans restriction, symbole tangible de son nouveau statut.
« En acceptant cet honneur, un serment solennel vous est demandé. Jurez-vous, Ginevra Margaret Weasley, de respecter et de perpétuer les principes sacrés de la pureté du sang, comme nous les a légués Lord Voldemort ? » demanda Mafalda.
« Je le jure. » répondit d'une voix ferme.
« Jurez-vous de transmettre ces valeurs et de guider les générations futures de votre famille sur le chemin de l'exemplarité et de la droiture, afin qu'elles puissent également chérir cette pureté ? » poursuivit la femme.
« Je le jure. » répéta Ginny.
« Jurez-vous de respecter ce serment, de vous y consacrer entièrement, et de dédier votre vie à la préservation de cette pureté et à l'édification d'un héritage inébranlable ? »
« Je le jure. »
« Que Lord Voldemort soit témoin de cette déclaration. En vertu des pouvoirs qui me sont conférés par le Coven Sacré, je vous déclare officiellement absoute de vos fautes passées, et vous consacre désormais Sorcière de Sang-Pur. Que Lord Voldemort soit votre guide et gardien dans cette nouvelle vie. Puisse sa valeur, sa vigueur et sa vertu vous accompagner aujourd'hui, demain et tous les jours de votre existence. » proclama Mafalda.
Un tonnerre d'applaudissements éclata, provenant de Mafalda, de son collègue magistrat ainsi que des portraits ornant les murs alentours, leurs clameurs enthousiastes résonnant sous la voûte de la salle.
Quand Ginny sortit de la pièce, le précieux sésame en poche, son cœur battait fortement, l'ampleur de sa nouvelle réalité prenant forme. Elle avait enfin obtenu ce qu'elle convoitait tant, et peinait encore à saisir pleinement l'ampleur de ce changement.
Elle se dirigea vers le département de la coopération magique pour rejoindre le cabinet de la gouverneure Warrington, afin d'entamer sa journée de travail. En pénétrant dans la pièce, ses yeux s'écarquillèrent devant le spectacle d'une pluie chatoyante de confettis qui surgit de nulle part avant de s'évaporer sitôt le sol atteint. Une banderole avec les mots 'Félicitations Ginny !' flottait au centre de la pièce. Face à elle, la gouverneure et les membres du cabinet l'applaudissaient avec ferveur. Surprise, Ginny resta figée, la bouche entrouverte.
Katrina s'approcha d'elle, passant un bras autour de ses épaules pour la mener vers les autres qui la félicitaient chaleureusement. Cormac McLaggen, débordant d'enthousiasme, brandit une bouteille d'hydromel fraîchement ouverte, et un toast fut porté en l'honneur de Ginny. La Gouverneure prit la parole.
« Miss Weasley, l'exploit que vous venez d'accomplir est tout à fait exceptionnel. L'obtention de la Grâce ministérielle est un témoignage de votre mérite personnel, et je tiens à vous féliciter pour cette prouesse hors du commun. Votre travail acharné, votre dévouement et votre persévérance ont prouvé que vous êtes une sorcière d'une valeur inestimable. Je suis convaincue que vous avez devant vous un avenir des plus prometteurs. » dit-elle avec un sourire, son œil magique oscillant rapidement, trahissant son excitation.
Elle leva son verre et ajouta :
« Vous incarnez parfaitement l'objectif de notre projet de loi. Vous prouvez qu'en offrant une chance aux sorciers de rang inférieur, nous pouvons déceler des talents extraordinaires et contribuer à la construction d'un monde meilleur. »
Touchée par ses compliments, Ginny la remercia chaleureusement. Elle ne s'était pas attendue à une telle démonstration. Sans surprise, seule Mandy Brocklehurst ne montrait aucun enthousiasme, se tenant en retrait, le visage fermé et marqué par l'irritation. Ginny s'en moquait royalement. Elle n'avait, de toute façon, jamais rien attendu de positif de cette femme, hostile envers elle depuis son arrivée au cabinet. En revanche, Ginny avait tissé des liens avec les autres membres, notamment Katrina, qu'elle considérait désormais comme une véritable amie.
« Miss Weasley, j'aimerais que vous preniez part à la présentation de notre projet devant la commission, prévue dans deux jours. Vous y exposerez les derniers développements de notre initiative. Cela est un peu précipité, mais je suis convaincue que vous relèverez le défi. » déclara Cressida.
Ginny ouvrit de grands yeux, stupéfaite.
« Je… J'en serais honorée, madame la gouverneure. » répondit Ginny, hochant de la tête avec vigueur.
Satisfaite, Cressida hocha la tête avant de s'éclipser vers son bureau, non sans féliciter Ginny une dernière fois. Le reste de l'équipe l'imita, reprenant leurs activités, l'ambiance au beau fixe. La jeune femme jeta un regard bref vers Mandy qui s'était figée, abasourdie. La section de la présentation désormais assignée à Ginny relevait d'ordinaire des attributions de Mandy. En temps normal, c'était à ses côtés ainsi qu'à ceux d'Agbert Ruthdower, le gestionnaire financier, que la gouverneure exposait l'avancement du projet devant la commission.
Un sentiment de profonde satisfaction envahit Ginny tandis qu'elle prenait pleinement conscience qu'elle était celle qui supplanterait Mandy pour cette présentation. Cette dernière, à en juger par la colère brûlante au fond de ses prunelles, était elle aussi arrivée à cette conclusion. Ginny lui adressa un sourire narquois avant de s'installer à son bureau, pleinement consciente du regard noir que Mandy lui lançait. Animée d'une irrépressible envie de tourmenter Mandy, Ginny multiplia les va-et-vient auprès d'Agbert, abreuvant ce dernier de questions dont elle connaissait pertinemment les réponses - tout cela sous le regard enragé de Mandy.
Dans l'après-midi, une silhouette se posta devant Ginny. En levant les yeux, elle croisa le regard glacial de Mandy. Un sourcil arqué, elle attendit silencieusement que cette dernière prenne la parole.
« J'ai besoin du rapport sur les activités financières du mois dernier. Je vous l'ai mentionné, hier. » dit Mandy, la voix empreinte de hargne.
« Effectivement, vous m'en avez parlé hier. Vous êtes ici depuis suffisamment longtemps pour savoir que l'élaboration de ce rapport nécessite au moins une semaine, conformément à nos procédures internes. » répondit tranquillement Ginny.
« C'est urgent. Les finances le veulent pour finaliser les dépenses du mois. Priorisez-le. » somma sèchement Mandy, manifestement outrée que Ginny ait l'outrecuidance de lui répondre par la négative.
« Vous savez qu'ils font cette demande tous les mois. Pourquoi ne pas l'avoir anticipée pour être certaine que vous l'auriez à temps ? » demanda Ginny, faisant mine d'être réellement intéressée par la réponse.
Son objectif était de mettre en évidence aux yeux de tous les défaillances de Mandy. La question sembla plonger Mandy dans l'embarras, la réduisant au silence tandis qu'elle jetait des coups d'œil furtifs autour d'elle, comme si elle craignait que les autres aient entendu les paroles de Ginny. Cette dernière savait que leurs collègues épiaient leur échange, même s'ils prétendaient être occupés à autre chose. Dans l'espace confiné du cabinet, toute conversation était audible par tous. Ginny, pleinement consciente de cela, n'avait pas besoin d'élever la voix pour que ses paroles portent.
« Si c'est vraiment une urgence, demandez à Cormac. Ou mieux, faites-le vous-même. Cette tâche n'a rien de surhumain, vous devriez y arriver seule. » ajouta Ginny d'une voix doucereuse.
Mandy, avec sa mâchoire serrée, semblait bouillir de rage face au calme apparent de Ginny. Cette dernière, d'excellente humeur, décréta que narguer sa collègue déplaisante de cette manière lui procurait une immense satisfaction. Depuis son arrivée au cabinet, Mandy n'avait eu de cesse de chercher à la déstabiliser. Les piques constantes et les tentatives flagrantes de sabotage de Mandy avaient longtemps été source d'anxiété pour Ginny. Aujourd'hui, toutefois, elle avait le dessus. Elle se sentait complètement à l'aise dans son poste, et bénéficiait de la confiance et de l'aval de la gouverneure. Les intimidations de Mandy n'avaient plus aucun effet sur elle.
« Non, c'est à vous de le faire. » réclama Mandy.
Elle connaissait la raison de son insistance. Depuis son arrivée, Ginny avait pris l'habitude de produire ces rapports, démontrant une rigueur et un souci du détail qui avaient fait d'elle une référence en la matière et qui étaient très appréciés par ses collègues. A l'époque, Ginny avait voulu à tout prix bien faire, déterminée à faire bonne impression et à montrer que la gouverneure avait fait le bon choix en l'embauchant sur le rôle de consultante sur le projet. Mandy appréciait probablement le confort de ne pas avoir à s'investir autant sur une tâche aussi inintéressante. Grâce au travail méticuleux de Ginny, qui passait de longues heures à compiler et vérifier l'intégralité des dépenses mensuelles afin de s'assurer de leur parfaite concordance tant avec les prévisions budgétaires qu'avec les pièces justificatives, le travail de Mandy se limitait à une revue finale d'à peine cinq minutes.
Devoir faire ce travail colossal et manuel pour le jour suivant serait impossible pour Cormac ou Mandy, car ils n'y étaient pas habitués. Grâce à son expérience dans la tâche et sa méthodologie personnelle, Ginny aurait probablement pu le faire en quelques heures et réussir à rendre un résultat satisfaisant avant la fin de la journée. Cette fois, cependant, Ginny avait des priorités plus pressantes.
« Je ne peux pas vous aider. Je travaille sur la présentation pour la Commission, comme gouverneure Warrington me l'a demandé. Si vous pensez que votre demande est plus urgente, je vous invite à la consulter. Si elle change mes priorités, je m'exécuterai. » dit Ginny avec un sourire en coin.
Face à cette réplique, Mandy sembla sur le point d'imploser sous le coup de la fureur. Pourtant, elle demeura silencieuse, consciente que la gouverneure n'admettrait jamais que Ginny délaisse les priorités fixées pour assumer une besogne que Mandy, par sa propre négligence, avait omis d'anticiper. Elle tourna les talons et quitta la pièce d'un pas furieux, laissant Ginny savourer ce petit triomphe. Katrina étouffa un rire.
« Une petite pause thé ? » murmura-t-elle à l'intention de Ginny, sa voix si basse que cette dernière dut presque lire sur ses lèvres.
Elles se retrouvèrent à l'abri des regards indiscrets dans la salle de réunion du cabinet. Une fois la porte fermée, Katrina laissa échapper un rire plus franc. Ses yeux pétillaient de malice.
« Bien joué ! » gloussa Katrina avec délectation. « Elle doit bouillir de rage à l'idée que tu l'aies supplantée pour la présentation. Et le meilleur dans tout ça, c'est qu'elle n'a pas son mot à dire. »
Ginny hocha la tête, ricanant à son tour.
« C'est tellement jouissif. »
« Je suis tellement fière de toi pour ta Grace ministérielle. Tu es spectaculaire. À ton arrivée au cabinet, j'ai tout de suite senti que tu avais ce quelque chose en plus. Tu es comme moi, comme la gouverneure. » confia Katrina, le regard brillant d'admiration.
« Merci, Katrina. C'est en partie grâce à toi. Tu m'as beaucoup appris et tu m'as permis de rencontrer les bonnes personnes et d'avoir des belles opportunités. » dit Ginny avec reconnaissance.
Si Katrina avait effectivement été essentielle pour son intégration au Ministère, Ginny savait toutefois qu'une autre raison expliquait son succès récent : ses liens étroits avec les Malfoy. Elle ne pouvait évidemment pas révéler cette information à Katrina, une femme aussi observatrice que perspicace.
L'année précédente, le jour de l'attentat au Bal de l'Ellébore, Katrina l'avait aperçue avec Draco. Elle avait déjà posé des questions à l'époque, alors qu'il n'y avait encore rien entre eux. Depuis, Ginny veillait avec le plus grand soin à ne laisser filtrer la moindre allusion quant à ses liens avec Draco et Narcissa. Elle ne pouvait pas se permettre de compromettre sa mission en laissant Katrina ou Cressida découvrir leur proximité.
« Une de mes connaissances au DUPE m'a dit que seulement deux personnes ont reçu la Grâce cette année : toi et un autre homme. » révéla Katrina. « Après l'attentat, le ministère a été encore plus réticent à accorder des Pardons. En recevoir un est vraiment exceptionnel de ta part. »
Ginny écouta les paroles de Katrina d'un air pensif.
« Je me demande ce que cet homme a pu faire pour obtenir sa Grâce. » commenta-t-elle.
« 'Services rendus à la communauté', apparemment. C'est le délateur le plus prolifique du pays. À cause de lui, des centaines de personnes ont été envoyées à Azkaban ou au bûcher, » expliqua Katrina.
Cette révélation remplit Ginny d'un profond malaise. Ce vieil homme, malgré son statut inférieur, avait donc activement contribué à l'oppression du régime, espionnant et dénonçant ceux qui l'entouraient pour assurer sa propre Grâce. À première vue, elle avait éprouvé de la sympathie pour lui, mais en réalité, il avait trahi ses pairs sans scrupules, les condamnant à des destins tragiques. Combien de familles et de vies avaient été détruites par ses actes ? Si sa Grâce avait été accordée, c'était la preuve que ses trahisons avaient été nombreuses et significatives.
L'homme avait arboré un air de fierté non dissimulée lors du discours de la présidente de la commission. Il ne faisait aucun doute qu'il était intimement convaincu du bien-fondé de ses actes, en dépit de ses propres origines modestes. Ginny, ayant observé suffisamment de comportements douteux, savait que l'homme dormait probablement à poings fermés, malgré ses actions. Elle chassa ces pensées de son esprit, s'efforçant de se concentrer sur autre chose que la noirceur humaine.
« Comment se fait-il que tout le monde soit déjà au courant ? » interrogea-t-elle, cherchant à changer de sujet.
Pendant la pause déjeuner, de nombreux employés du ministère, avec qui elle avait collaboré sur le projet de loi, l'avaient félicitée. Un sourire malicieux éclaira le visage de Katrina.
« Tu sais bien que les parchemins volent vite, ici. Et il se pourrait bien que j'aie moi-même contribué à répandre la nouvelle. » ajouta Katrina d'un air conspirateur. « Crois-moi, c'est encore mieux pour toi si la nouvelle se répand vite. Les opportunités vont pleuvoir, je te le garantis. Je me souviens, quand j'ai reçu ma Grâce, c'était comme entrer dans un cercle très fermé. »
Elle laissa échapper un petit rire.
« Mandy va devenir folle de jalousie. Mais, ça fait partie du jeu. Comme je le dis toujours, si tu n'as pas de détracteurs, c'est que tu n'es personne. C'est le prix à payer quand on se démarque. Surtout pour nous, les transfuges de classe. » révéla Katrina, contemplative.
Ginny hocha la tête.
« Tout semble te sourire en ce moment. J'ai hâte de voir ce que l'avenir te réserve. » affirma Katrina avec un sourire.
« Je serai pleinement satisfaite quand cette pimbêche aura quitté le cabinet. » déclara Ginny.
Elle se remémorait tous ces moments où Mandy avait tenté de l'humilier en public, la faisant se sentir plus bas que terre. Ginny avait finalement pris l'avantage, et cette sensation était exaltante. Elle savait que l'occasion de rendre la pareille à Mandy approchait et était bien déterminée à ne pas la laisser filer.
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Retenu fermement à une chaise de contention, un homme laissait échapper des hurlements déchirants, empreints d'une douleur insupportable. Des cordelettes ensorcelées le maintenaient fermement en place, enroulées autour de sa nuque, ses poignets, ses chevilles et sa taille. Les courroies, si serrées qu'elles blanchissaient la peau à leur contact, s'enfonçaient cruellement dans sa chair. Sa peau, autrefois hâlée et pleine de vitalité, affichait désormais une teinte grisâtre alarmante. Son visage, marqué par des signes de fatigue intense, oscillait douloureusement à chaque spasme. Ses traits, tirés par l'épuisement, étaient déformés par la douleur.
À chaque nouvel assaut, des cris déchirants s'échappaient de sa gorge, témoignant du calvaire insupportable qu'il endurait. Ils étaient si intenses et si désespérés, qu'ils semblaient faire vibrer les murs de la pièce sombre. Ses cordes vocales, éraillées par tant de hurlements, peinaient à soutenir l'intensité de sa douleur. Il tentait de parler, murmurant des supplications inaudibles, tandis que son corps s'affaissait davantage sur la chaise pour ensuite se redresser violemment sous l'effet d'une nouvelle vague de douleur.
« Monsieur Cunningham. » intervint un technicomage. « Sa fréquence cardiaque est en chute. Devons-nous continuer ? »
Gideon se détacha de la vision de l'homme pour regarder son collaborateur, puis il acquiesça.
Le technicomage hocha la tête et s'approcha d'un microphone, dont la voix résonna dans la pièce où se trouvait le sujet de test.
« Injectez la dernière dose. » ordonna-t-il.
Dans la salle, une autre technicomage, vêtue d'une blouse grise, confirma les instructions d'un hochement de tête. Elle examina une fiole à la lumière : le liquide à l'intérieur scintillait d'une nuance violacée. D'un geste expérimenté, elle agita sa baguette, et des filaments étincelants, jaillirent de la fiole. Ils glissèrent vers l'homme et se fixèrent fermement à sa peau, dessinant un réseau lumineux le long de son bras. L'homme se mit à hurler, comprenant le danger imminent, se débattant vainement, les yeux emplis de terreur. Ses liens le maintenaient toutefois fermement, l'empêchant de faire le moindre mouvement.
Avec une précision chirurgicale, les filaments magiques traversèrent la peau, formant un chemin direct dans les veines de l'homme sans aucune incision visible. Le liquide violacé se mit à s'écouler le long de ces voies scintillantes, se mélangeant au sang de l'homme. La réaction fut immédiate. L'homme convulsa violemment, et des cris stridents jaillirent de ses lèvres. Ses membres se tordirent et son dos se cambra violemment. Ses yeux, dilatés par la terreur, se révulsèrent soudainement, laissant apparaître le blanc de ses yeux. Peu après, un dernier sursaut agita son corps avant qu'il ne retombe, inerte. Ses cris s'évanouirent. Son visage, autrefois tordu par la douleur, affichait désormais une expression étrangement paisible. On aurait pu le croire endormi, si ce n'était le sang épais s'écoulant de ses yeux et de ses oreilles.
Gideon n'avait pas besoin de confirmation du technicomage pour savoir que l'homme était mort.
Il observa l'homme sans vie dans la pièce, une frustration amère nouant sa poitrine. Depuis le début des expériences, bien que des avancées majeures aient été réalisées, le coût humain s'était avéré exorbitant. Il le savait - ce qu'il entreprenait était profondément immoral, le plongeant dans un dilemme éthique. Normalement, ces tests auraient dû s'étendre sur des années, suivant un protocole rigoureux et approuvé. Ils auraient dû administrer des doses infimes aux sujets de test pour étudier et minimiser les effets secondaires. Cependant, la pression exercée par Bellatrix Lestrange l'avait contraint à précipiter les choses. Dans l'illégalité la plus totale, des individus avaient été soumis à des tests extrêmes, dans l'objectif d'accélérer l'obtention de résultats.
Quand il avait créé Magicore, plusieurs décennies plus tôt, Gideon Cunningham avait été animé par la vision d'un futur riche en innovations magiques. La quête constante pour repousser les limites de la magie avait été pour lui une mission passionnante. Les projets audacieux et avant-gardistes de son équipe l'avaient toujours poussé à aller de l'avant. Mais le progrès avait aussi sa part d'ombre. Des dilemmes moraux auxquels il devait faire face continuellement. L'équilibre entre l'éthique et l'avancement de la magie pour le bien commun était une frontière incertaine qu'il frôlait en permanence.
Bellatrix Lestrange, de son côté, avait franchi cette limite sans scrupule en exigeant des tests sur des sujets humains pour une substance non homologuée. Par l'intermédiaire de ses relations, elle lui fournissait régulièrement des "volontaires". Selon elle, ces personnes étaient des indésirables, n'ayant de valeur que celle qu'on voulait bien leur attribuer. À maintes reprises, Gideon avait regretté d'avoir collaboré avec Bellatrix, ayant accepté ses généreux financements au fil des années pour soutenir son entreprise. Devenue un sponsor majeur de Magicore, elle mobilisait son vaste réseau de contacts fortunés pour soutenir le développement de l'entreprise, sous couvert de faire progresser les avancées magiques. Les étapes de recherche et de développement, à la fois prolongées et coûteuses, engloutissaient une grande part des profits de Magicore. Face à cette réalité, les contributions financières externes, largement discrétionnaires, s'avéraient essentielles. C'était dans ce contexte que Gideon s'était progressivement enlisé dans un affairisme pragmatique, acceptant les fonds de sources variées pour maintenir l'élan de son entreprise. Toutefois, cette dépendance aux contributions de mécènes comme Bellatrix impliquait une concession tacite : une perte partielle de l'autonomie sur Magicore. Gideon se trouvait désormais dans un imbroglio, où il devenait de plus en plus difficile de refuser les demandes, parfois douteuses, de ces bienfaiteurs influents.
Quand Magicore développa une méthode permettant de détecter les aptitudes magiques d'un fœtus, Bellatrix se hâta de la promouvoir auprès du Coven sacré. Ce n'est que plus tard que Gideon comprit la véritable raison de son enthousiasme. Dans la foulée, elle poussa l'adoption d'une loi ordonnant l'avortement systématique des fœtus identifiés comme Cracmols.
Pendant de nombreuses années, Gideon s'était convaincu que ses inventions n'étaient que cela : de simples inventions. Le but premier de Magicore était d'enrichir la compréhension de la magie, d'en diffuser la connaissance et d'en repousser les limites. La magie était, par nature, neutre. L'utilisation néfaste de ses inventions relevait non de la magie elle-même, mais de l'intention des individus qui l'utilisaient.
Cependant, face à la réalité actuelle de ses expérimentations, Gideon ne pouvait plus ignorer l'immoralité de ses actions. Ils étaient sur le point de réaliser une percée magique à la fois prodigieuse et tragiquement sombre. Cette nouvelle technique révolutionnaire déterminerait précisément l'origine du sang d'un individu. Avec une fiabilité de 90%, elle pourrait confirmer le statut de sang d'une personne, allant jusqu'à révéler depuis combien de générations du sang Moldu circulait dans ses veines. Cet usage servirait le dessein que Bellatrix convoitait depuis des décennies.
L'épuration ethnique.
Gideon en avait pleinement conscience : la portée de cet instrument, dans les mains de Bellatrix et de ses partisans, serait cataclysmique. Les implications pour la société sorcière seraient profondes et divisives, et Gideon se demandait s'il pourrait un jour se pardonner pour avoir joué un rôle dans cette sombre entreprise.
Il pensa alors à sa sœur aînée, Cressida Warrington, dont il connaissait bien la position sur cette question. Selon elle, en tant que créateur d'un procédé magique, il devait assumer la responsabilité morale de son utilisation potentielle. Elle s'était fermement opposée à l'utilisation des Sans-Visages dans l'attaque récente contre les dissidents, un projet expérimental risqué confié à Gideon par le Ministre de la Magie et la Procureure.
Ayant conscience de la collaboration croissante de Gideon avec Bellatrix, Cressida s'était progressivement distancée de lui. Ses idées progressistes et controversées, autrefois ardemment défendues, avaient souvent provoqué des regards suspicieux et des murmures désapprobateurs au sein de leur communauté. Un prix fort avait été payé pour ces positions téméraires : l'extraction barbare de son œil droit à l'âge de dix-sept ans, au vu et au su de tous. Une sanction sévère exigée par le Coven contre Cressida après de lourds soupçons d'appartenance à un groupe prônant des opinions hérétiques. Le châtiment avait été perpétré devant l'intégralité des Treize sacrés, les enfants y compris, dans une volonté délibérée de dissuasion contre toute velléité de rébellion.
Gideon s'aperçut qu'il n'avait pas vu Cressida en privé depuis des mois. Hormis de brèves apparitions protocolaires lors des assemblées du Coven sacré, elle semblait l'éviter volontairement, accentuant son isolement. Sa sœur doutait-elle de la loyauté de Gideon, le considérant trop aligné sur les ambitions sinistres de Bellatrix et ses associés ? Et pouvait-il vraiment lui en vouloir ? Après tout, ses soupçons n'étaient pas infondés. Plus le temps passait, plus Gideon se retrouvait enchevêtré dans les spirales des tentacules de Bellatrix Lestrange. Il lui était désormais impossible de faire marche arrière, comme le lui avait froidement signifié Bellatrix, quelques mois auparavant :
« Vous feriez mieux de choisir votre camp avec discernement, Cunningham. Ne vous laissez pas manipuler par les élucubrations de votre sœur aînée. Nous savons tous quelles fréquentations elle entretenait par le passé et les conséquences que cela a entraîné. Je suis certaine que si nous creusons davantage, nous serons capables de trouver des choses suspectes une fois encore. » avait-t-elle indiqué sournoisement.
Même plus de quarante ans après les faits, les égarements juvéniles de Cressida continuaient de la poursuivre, jetant une ombre sur tous ceux qui lui étaient associés, de près comme de loin.
« Et si, effectivement, nous trouvons quelques informations douteuses, sachez qu'il ne serait pas difficile de vous y rattacher, monsieur le Gouverneur. » avait-elle menacé. « N'oubliez pas que la loyauté envers votre gouvernement et votre clan surplombent tout, y compris vos anciens liens familiaux. »
Une voix sortit Gideon de ses pensées profondes.
« Le dernier test s'est révélé concluant, monsieur Cunningham. » lui annonça le technicomage.
L'expert tendit à Gideon un parchemin rempli de chiffres et d'indications techniques.
« Le dosage administré au dernier sujet a donné des résultats prometteurs. Nous avons pu déterminer avec précision le pourcentage et l'origine de son sang. » affirma-t-il.
Tenant le rapport détaillé dans sa main, Gideon observait l'expert, dont la voix trahissait une pointe d'excitation. Les résultats indiquaient clairement que le sujet était de sang mêlé, précisant la proportion de sang magique et révélant une ascendance moldue remontant à quatre générations. Ce résultat marquait un pas de plus vers leur objectif. Gideon savait que la prochaine étape consisterait à développer une méthode d'extraction minimisant la contamination lors des tests hors du corps. Néanmoins, en dépit de cette avancée majeure, une lourde préoccupation pesait sur lui : la formule actuelle du sérum était excessivement instable et son caractère léthifère trop prononcé pour envisager une commercialisation responsable.
La convocation reçue plus tard dans la journée du bureau de la procureure ne fit qu'accroître son anxiété. Ces convocations étaient devenues plus fréquentes récemment, presque synchronisées avec les réussites ou les échecs de ses recherches. Il en vint même à se demander s'il n'y avait pas un infiltré dans sa propre entreprise qui informait la procureure des avancées du projet.
Le lendemain, en pénétrant dans le bureau opulent, il fut accueilli par l'aura imposante de Bellatrix Lestrange. Il éprouvait toujours une nervosité certaine au contact de la procureure. La beauté sauvage de Bellatrix, caractérisée par ses longs cheveux noirs encadrant un visage tranchant et des yeux pénétrants, était à la fois intimidante et impressionnante. Ses grands yeux noirs étincelaient d'une intelligence froide et calculatrice, qui semblait étudier ses alentours avec une intensité dérangeante. L'aura de pouvoir qui émanait d'elle était évidente. Même assise calmement derrière son bureau, elle exerçait un contrôle total sur la situation. Gideon avait le désagréable sentiment d'être une proie pénétrant dans le territoire d'un prédateur dangereux.
Tout dans cette pièce reflétait le goût extravagant de Bellatrix. Le bois sombre et élégant des murs, les étagères remplies d'ouvrages juridiques et d'objets mystérieux, et son bureau en acajou dominant la pièce avec des documents épars. Mais parmi tous ces détails, un en particulier captait l'attention de Gideon : un rongeur qui errait sur le bureau, reniflant le bois. Sa présence était déconcertante, un rappel des bizarreries que Bellatrix semblait affectionner. Parfois, il ne préférait pas poser de questions, incertain de vouloir avoir des explications sur ses penchants douteux.
Il gardait un souvenir précis de la première soirée privée à laquelle Bellatrix l'avait convié. Les images scabreuses cette nuit de débauche et de turpitude ne s'effaceraient jamais de sa mémoire. Croiser des visages familiers et influents, normalement vus sous un jour respectable, s'adonner à des activités répréhensibles avait été un choc profond. Gideon avait saisi la portée de la prépotence de Bellatrix et les profondeurs jusqu'où certains étaient prêts à sombrer sous sa coupe.
Dans une atmosphère pesante, Gideon attendait anxieusement ce que Bellatrix allait lui dire.
« Valeur et vigueur, madame la procureure. » salua-t-il d'une voix courtoise.
« La pureté avant tout. » répondit Bellatrix en l'invitant à s'installer sur le siège face à elle. « Dites-moi, où en sont nos tests, Gouverneur Cunningham ? »
Comme à son habitude, elle aborda directement le sujet sans s'encombrer de banalités.
« Depuis notre dernier entretien, nous avons réalisé des avancées significatives. Je suis confiant dans les résultats que nous obtiendrons bientôt. » affirma-t-il en déposant un dossier sur son bureau.
Après avoir rapidement examiné les documents, Bellatrix les jeta sans hésiter dans la cheminée où crépitait un feu doux. Il était clair qu'elle ne voulait laisser aucune preuve écrite de leurs travaux. Être associée à de tels tests illégaux serait problématique à la vue de sa position.
« Néanmoins, nous rencontrons toujours certains effets secondaires préoccupants. » admit Gideon.
« Alors intensifiez les tests. » ordonna-t-elle.
« Si nous précipitons les choses, nous risquons de perdre inutilement des sujets. » fit remarquer Gideon.
L'expression de Bellatrix trahissait de l'irritation face à sa réponse.
« Ils ne sont que des cobayes. » coupa-t-elle avec mépris. « Des rats de laboratoire qui devraient être honorés de servir une cause aussi noble. Leur sacrifice sera le seul fait marquant de leurs existences insignifiantes. »
Gideon ne réagit pas à ces mots, désormais habitué à l'implacabilité déshumanisante dont cette femme pouvait faire preuve. Tout en prononçant ces mots, Bellatrix jouait négligemment avec le rat sur son bureau, l'air indifférent. L'animal émit un couinement effrayé, tentant de s'écarter de ses caresses brutales.
« J'espère que nous vous fournissons suffisamment de... sujets ? » demanda-t-elle avec une insistance appuyée.
Sensible à la tension de la situation, Gideon hocha la tête avec empressement.
« Bien. » dit-elle d'un air satisfait en se redressant. « Cependant, ce n'est pas la raison principale de votre convocation aujourd'hui, Gouverneur. Vous souvenez-vous de notre discussion concernant les dissidents et sur leur méthode pour protéger leurs secrets en cas de capture ? »
Gideon hocha la tête. L'année précédente, ils avaient constaté une hausse inquiétante des attaques contre les Mangemorts. Plusieurs avaient péri, les crimes portant manifestement la marque des dissidents, avec leur devise "Liberté et Dignité" gravée sur les corps. Le procédé qu'ils utilisaient pour empêcher les trahisons après capture était en particulier intrigant. Les dernières informations significatives obtenues d'un dissident dataient de l'année précédente. Après une longue séance de torture, l'homme avait révélé l'existence du F.L.O.P. et de son leader, le Phénix. Immédiatement, il était mort violemment. Quelque chose avait explosé à l'intérieur de son crâne, déversant une substance verdâtre, mêlé à du sang, qui avait jailli à travers tous les orifices de son visage.
Curieux, Gideon s'était penché sur ce cas avec intérêt, désireux d'en apprendre davantage sur ce qui semblait être un sortilège particulièrement avancé. La personne qui l'avait mise au point était sans aucun doute un sorcier brillant. Gideon et certains de ses experts avaient participé à l'autopsie mais n'avaient pas été en mesure d'identifier quel procédé les dissidents utilisaient. Il devinait qu'il s'agissait d'une variante du sortilège de Fidelitas.
« J'ai trouvé une personne qui pourrait nous éclairer à ce sujet. » déclara-t-elle, une étincelle d'excitation dans son regard en faisant un geste en direction du rat.
Gideon détourna son regard vers l'animal qui s'était approché du bord du bureau. Le rat sauta et, en plein air, se transforma en un homme court et replet. Confus, l'inconnu jeta des regards apeurés autour de lui et renifla machinalement, révélant des dents jaunies.
« Peter Pettigrow ici présent va nous assister. Il détient des informations que vous trouverez indéniablement précieuses. » annonça Bellatrix d'un ton triomphant, ses yeux sombres brillants d'une lueur calculatrice.
J'espère que ce chapitre vous a plu !
Daphné ne baisse pas les bras. Elle est résolue à sceller cette alliance entre les Greengrass et les Malfoy. Mais peut-elle vraiment faire confiance à Narcissa pour atteindre son objectif ?
Ginny est désormais officiellement reconnue comme une sorcière de Sang-Pur. Les rivalités au bureau ne s'apaisent pourtant pas. Heureusement, les temps où elle se laissait intimider par Miss Mandy sont révolus... Mandy recevra-t-elle enfin la monnaie de son gallion ?
Quant à Gideon, il lui est impossible de dire non à la redoutable Bellatrix. Cette nouvelle invention s'annonce menaçante, surtout entre les mains d'une personne aussi psychopathe comme elle...
À très bientôt, et n'hésitez pas à laisser un commentaire - c'est toujours apprécié !
Fearless
