Elfe Bêta : Mokonalex
Note d'auteur : Voilà la suite. Et le dernier chapitre va être également posté dans la foulée, il est corrigé.
Bonne lecture à tous.
La gondole commandée par la magie de Severus Rogue glissait sur les eaux lisses et froides du Lac Noir. On n'entendait que le clapotis des vaguelettes sur l'étrave et le bruit intermittent de la rame unique qui plongeait dans l'eau, faisant avancer le majestueux esquif si inattendu en ces lieux.
Harry, en ricanant, avait allumé la bougie se trouvant dans la lanterne, histoire de bien narguer le château, depuis là où ils se trouvaient en plein milieu du vaste Lac Noir.
Vautré de tout son long sur le siège il regardait le ciel étoilé que de très rares nuages troublaient.
— Si je comprends bien, Monsieur Potter, s'amusa le Serpentard, vous souhaitez que l'on nous découvre rapidement… C'est bien dommage, ma foi. Je voulais jouer un peu avec vous…
— Jouer ? Jouer comment ? rougit le jeune sorcier. Comme dans la salle de bain ?
— C'est une excellente idée que je vous remercie d'avoir eue, Monsieur Potter, répondit l'ex-Mangemort, un sourire carnassier aux lèvres.
Aussitôt, il en profita pour s'allonger de tout son long sur Harry et lui dévora les lèvres sans attendre. Sa main gauche glissa pour caresser l'entrejambe du lionceau qui hoqueta de surprise.
— Dites voir, Professeur, on n'est plus dans la chambre ou la salle de bain. Donc on n'a plus l'alarme pour nous dénoncer…
— J'ai vu Poppy me lancer le sort discrètement cet après-midi. Je ne l'ai pas annulé. Si je fais quoi que ce soit avec quelqu'un, vous ou un ou une autre, elle le saura, l'alarme retentira.
— Oh !
— Oui, oh ! Donc, attendons-nous à ce que ça bouge dans quelques minutes, annonça Severus en regardant vers le château, un léger sourire au coin des lèvres.
Une main l'attrapa par le cou et l'obligea à se pencher sur son propriétaire. Il semblait évident qu'Harry avait les meilleures dispositions envers le Directeur de Serpentard. Autant que ledit serpent en profite un peu…
Dans le hall, les deux professeurs et la médicomage suivaient toujours les indications de direction données par le sortilège des Quatre-Pointes. La baguette de sureau d'Albus montrait à présent la porte donnant sur les pelouses devant le château.
— Ils sont dehors dans le parc ? s'exclama Minerva. En pyjama et pieds nus ? Mais ils vont attraper la mort !
— L'alarme ! cria Poppy encore une fois. Elle retentit encore ! Mais qu'est-ce qu'ils fabriquent, au nom de Merlin ! Ils ne sont quand même pas en train de faire des cochonneries derrière un buisson ?
— Sur lequel avez-vous lancé votre sort d'alarme, Poppy ? Ou alors les deux ?
— Sur Severus, Albus. J'ai pensé qu'il était plus dangereux que Potter. Je ne voyais pas Harry sauter sur Severus, mais le contraire… sans souci. Vous l'avez bien vu. Leurs attitudes sont quand même particulières. Severus est un mâle dominant et Potter m'a fait penser à une petite chose sans défense quand ils sont sortis de la salle de bain.
— Oui ! pesta Minerva outrée en les devançant pour sortir du château. Nous n'aurions jamais dû les laisser ensemble dans cette fichue salle de bain et on aurait dû les mettre dans des chambres séparées !
— Severus aurait tout cassé, Minerva ! protesta Poppy et avec raison, car si le Maître des Potions avait vraiment été recouvert de potion rose – la véritable – il aurait fait n'importe quoi pour arriver à ses fins, et la Médicomage en était pleinement consciente.
— Poppy a raison, Minnie. Je connais bien Severus et en effet, il n'aurait reculé devant rien pour retrouver Harry. Nous avons fait au mieux étant données les circonstances. La potion rose, c'est une chose terrible. Montre-nous Severus Rogue et Harry Potter, demanda-t-il à sa baguette une nouvelle fois.
Cette fois, la baguette tourna légèrement vers la droite. Albus leva les yeux et scruta le ciel étoilé, l'horizon et le décor éclairé pauvrement par les lueurs de l'astre céleste.
— Eh bien, allons-y, mes chères amies. Ils sont visiblement du côté du Lac Noir.
— En pleine nuit près du lac, ronchonna Minerva en soulevant ses longues robes vert émeraude pour ne pas les mouiller de rosée ou les salir.
Alors qu'ils arrivaient au niveau de la plage de sable blond qui faisait les beaux jours des élèves, éclairés par le Lumos de la baguette de Poppy Pomfresh, Albus remarqua la lueur de la lanterne de la gondole, minuscule point jaune sur un lac d'encre.
— Qu'est-ce que c'est que ça ? marmonna-t-il en rangeant sa baguette pour prendre ses multiplettes dans sa poche.
Il les porta à ses yeux après avoir soulevé ses lunettes pour les mettre sur son front. Il tripota quelques boutons… la vision nocturne c'était drôlement bien sur les multiplettes. Cher, mais drôlement bien.
— Je les vois. Ils sont là.
— Où ça, Albus ?
— Nos deux oiseaux font une promenade romantique en gondole sur le lac ! ne put s'empêcher de rire le vieux Directeur. En gondole ! Je vous demande un peu ! Sacré Severus…
— En gondole ? Il se croit à Venise, ce mécréant ? s'énerva la Gryffondor. A quoi joue-t-il ?
— Si j'osais, je dirais qu'il cherche à séduire Harry, Minnie. C'est très romantique, les promenades en gondole, vous savez.
— Non ! Je ne sais pas ! Et je m'en fiche, Albus ! Récupérez Monsieur Potter intact, c'est tout ce que je vous demande !
— Bien, bien… allons prendre une petite barque et nous pourrons les rejoindre.
— Albus, comment ont-ils trouvé une gondole ? C'est une métamorphose ? proposa Poppy, intriguée.
— Je suppose car nous n'en avons pas. Je ne sais pas comment ils ont fait, car ils n'ont normalement pas de baguettes et la métamorphose n'est pas le point fort de Severus. Quant à Harry…
— Il est mauvais ! assena Minerva. Il doit travailler plus que les autres pour avoir un résultat moyen. Et sans Miss Granger il aurait échoué depuis longtemps. Il n'a pas le talent de James pour cette discipline, c'est le moins qu'on puisse dire ! Et Severus n'était pas très bon non plus, je me rappelle. Lui à part ses potions…
— Ne soyez pas mauvaise langue, Minnie. Severus était un excellent élève. Horace était très fier de lui.
Minerva ne répondit pas. Baguette allumée en main, elle cheminait avec précaution au milieu des cailloux, de l'herbe humide glissante tout en retenant un pan de sa robe de la main gauche. Oser la faire crapahuter ainsi en pleine nuit ! Ils ne perdaient rien pour attendre !
Pendant ce temps, dans la gondole, la température montait. Les deux sorciers, allongés sur la banquette brune en peluche haletaient sans aucune gêne, pénis à l'air. Son pantalon serré meurtrissant son érection, Harry l'avait largement déboutonné et Severus s'était engouffré dans cette voie soudainement libérée. Aussitôt Harry avait poussé des petits gémissements jugés excitants par le Maître des Potions. Lui aussi à l'étroit dans son pantalon de drap noir, il n'avait pas tardé à se déboutonner également. Harry l'ayant remarqué, il avait osé – en rougissant copieusement – glisser sa main sur la hampe de chair laissée à sa libre appréciation. Et le Maître des Potions semblait particulièrement apprécier cette initiative lui aussi, justement.
Harry poussa un long gémissement et leva son bassin de surprise lorsqu'une bouche chaude le happa et lui fit voir des étoiles qui n'étaient pas au-dessus d'eux, celles-là.
— Par Merlin ! Gnéééééé… trop… ouaaaaah… bon…
Severus s'amusa des réactions d'Harry. Et pourtant il ne put s'empêcher de songer au piercing du sale gamin. Le commentaire de Lucius n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Cependant, demander une fellation à Harry qui ne connaissait absolument rien au sexe gay, c'était un peu abusif. On verrait ça… plus tard, quand il serait déniaisé. Oh, le Serpentard n'avait pas changé d'avis ! Il voulait toujours Harry ! Et il espérait très fortement arriver à ses fins sous peu, et si possible avant l'aube…
Le bruit suspect de clapotis et de voix étouffées lui fit cesser ses administrations à regret. Il semblait que le trio infernal avait emprunté une barque et s'approchait dangereusement vite de la gondole.
Albus ne savait pas ramer, ou il n'en avait pas la force, donc à chaque fois il ensorcelait ses rames. C'était évidemment ce qu'il avait encore fait là. D'où la vitesse anormale de la barque empruntée à Hagrid qui à ce moment avait un vague air de hors-bord moldu vintage avec sa proue anormalement relevée. Le vieil homme avait visiblement métamorphosé les extrémités immergées des rames en hélices magiquement actionnées.
— Zut ! pesta le Serpentard en relevant la tête. Rhabille-toi, Harry, on doit dégager vite fait d'ici ou ils vont nous attraper.
— Sont loin ? s'inquiéta le jeune sorcier en tentant de remettre son pantalon en place.
— Non, dans quelques secondes ils seront là. Ils ont ensorcelé une barque façon hors-bord. Elle file à toute allure.
Harry se redressa et jeta un coup d'œil sur le lac. Il écarquilla les yeux d'horreur, car McGonagall avait sa mine des mauvais jours et ça allait chauffer pour son matricule.
— On va se faire pulvériser, gémit-il soudain apeuré.
° Misère, elle va me démolir ! Elle a la tête de Voldy devant un Moldu ! Faut que Severus nous tire de là ! °
Mais heureusement, Severus avait, semblait-il, plus d'un tour dans son sac. Il sortit sa baguette de sa manche gauche, la pointa en direction de la barque et murmura discrètement :
— Navis Perforare…
La barque d'Albus fit une embardée et sembla ralentir drastiquement. Harry remarqua que les deux femmes s'agitaient et enjoignaient Dumbledore de faire quelque chose.
— Tu as fait quoi, Severus ?
— Un simple trou dans la barque. Elle prend l'eau maintenant. Alors elle va forcément flotter moins bien…
— Ils vont couler ?
— Albus est parfaitement capable de conjurer un bouchon mais ça les ralentira. On file, Harry ! Accroche-toi à mon cou.
Le Gryffondor se demanda une fraction de seconde pourquoi donc il devait s'accrocher ainsi, mais il se retrouva soudain flottant dans les airs et s'élevant rapidement hors de la portée du trio.
— Sans balai ? Mais comment tu fais ?
— Magie Noire, mais chut ! C'est un secret.
— Tu parles d'un secret, ils nous voient, gloussa Harry ravi de l'expérience.
Il ne gloussa pas longtemps. Un éclair rouge de stupéfixion les rasa et ils entendirent Albus protester et incendier Minerva pour cet acte inqualifiable selon ses dires.
Severus plissa les yeux de contrariété et se retourna vers la petite barque à présent immobile à une quinzaine de mètres de la gondole.
— Bombarda ! fit-il en visant la coque de noix sous la ligne de flottaison.
Les cris des deux femmes emplirent alors le silence de la nuit. La barque coula en quelques secondes et les trois membres du staff de Poudlard se retrouvèrent à nager au milieu du lac avec les plus grandes difficultés. Leurs lourds vêtements trempés les entraînaient au fond et l'eau était glacée.
— Severus ! Ils vont se noyer !
— Ne t'inquiète pas. Ils savent nager et ils peuvent monter sur la gondole.
— On va où ?
— Salle sur demande. Je veux avoir la paix pour le reste de la nuit.
Harry ne répondit pas et se contenta de hocher la tête. Le vent lui fouettait le visage et ses longs cheveux volaient dans tous les sens, se mêlant à ceux du Maître des Potions.
Albus, flottant au milieu de l'eau froide, les regarda s'éloigner en soupirant. Si Minerva n'avait pas eu cette « brillante » idée, il était persuadé qu'il aurait pu convaincre Severus de rentrer à l'infirmerie avec Harry. Après tout, une promenade en gondole ce n'était pas dramatique et c'était même mignon par certains aspects. A présent, il allait avoir affaire à un Severus Rogue en colère et ayant une baguette. Et un Severus armé et drogué, ça allait faire du vilain si on se mettait en travers de son chemin. Il allait falloir ruser, mais auparavant les trouver.
Non. Tout d'abord il fallait sortir de l'eau et puis rentrer se changer et mettre au point un plan de bataille.
Il soupira. Les deux femmes piaillaient et pestaient, enjoignant le vieil homme à faire quelque chose. Il sortit alors sa baguette et se fit léviter puis une fois hors de l'eau il se dirigea vers la gondole où il atterrit sans encombre. Deux coups de baguettes plus tard, les deux sorcière échevelées, trempées et tremblantes le rejoignirent dans la gondole. Albus se sécha d'un coup de baguette et laissa les deux sorcières en faire autant. Il toisa Minerva sans aménité.
— Professeur McGonagall, vous serez bien aimable de ne jamais recommencer ce que vous venez de faire ! Si vous aviez stupéfixé Harry, il serait tombé et se serait noyé en quelques minutes et là… vous auriez eu un Severus déchaîné sur les bras ! Un Severus dangereux et létal !
— Je ne visais pas Potter, marmonna la sorcière vexée. Je visais Severus.
— Harry ne sait pas voler sans balai, Minerva ! Severus inconscient, il serait lui aussi tombé et nous aurions eu deux noyés au lieu d'un !
— Comment fait donc Severus pour voler sans balai ? demanda alors Poppy, intriguée, en tentant de remettre en place sa coiffe ruinée et dégoulinante. Je n'avais encore jamais vu une chose pareille !
— Un petit tour que lui a appris Tom, sans nul doute ! soupira Albus en s'asseyant sur la coque de la gondole, là où le gondolier se tenait normalement debout.
D'un geste de baguette, il anima la rame et la gondole glissa majestueusement sur les eaux calmes afin de les ramener vers la rive.
Le voyage de retour de Severus et Harry vers Poudlard fut évidemment bien plus rapide que l'aller. En quelques minutes, le Lac Noir fut traversé ainsi que les terres et le Maître des Potions atterrit tranquillement devant la porte du château, son passager toujours accroché à lui. Il le déposa sur le sol et posa un doigt sur ses lèvres pour indiquer à Harry qu'il fallait garder le silence. Le Professeur Rogue n'avait pas tort. Il était possible qu'à cette heure-ci – juste un peu plus de 23h30 – Argus Rusard et son abominable Miss Teigne se baladaient dans les couloirs, sans compter les fantômes rapportant tout à Albus, tout comme les portraits – ces commères éhontées – et Peeves… Misère ! Alors lui, s'il les voyait, il ferait tant de boucan qu'il réveillerait tout le château, des cachots à la plus haute tour. Harry leva son index droit pour signifier à Severus d'attendre une minute et il sortit la carte du Maraudeur de son blouson. Un Assurdiato les entoura bientôt et les deux sorciers purent parler normalement.
— Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises !
— Hein ? Qu'est-ce que tu racontes, encore ? pesta Severus méfiant.
— Du calme, c'est juste le mot de passe de la carte, tu l'as déjà entendu, souviens-toi.
Il déplia le parchemin autant qu'il le put, repéra leur position sur la carte et expliqua au Serpentard son fonctionnement.
— Regarde, nous sommes ici, fit-il en posant l'index sur les deux étiquettes collées devant ce qui représentait les portes du château. Dès qu'on va entrer, nos étiquettes vont se déplacer et leur cheminement sera matérialisé par des pas. On peut savoir qui se trouve sur notre chemin et donc ainsi éviter toute rencontre. Alors si on couple la carte avec ma cape d'invisibilité, personne ne pourra nous repérer, sauf bien entendu si nous faisons du bruit, ou si nous parlons.
— Je vois maintenant comment ces fichus Maraudeurs me trouvaient à coup sûr. Impossible de me cacher nulle part pour être tranquille. J'étais systématiquement dérangé et attaqué dès que je sortais de la salle commune des Serpentards.
— C'est sûr que si on veut s'en servir pour commettre des délits ou des crimes… c'est malheureusement imparable. Tu n'avais aucune chance. J'en suis désolé. Sache que je n'ai jamais utilisé ma carte et ma cape pour faire du mal à quelqu'un. Je n'ai d'ailleurs jamais fait de mal à personne, avec ou sans. Je me suis contenté de me défendre lorsque tes serpents m'attaquaient, c'est tout, soupira Harry qui n'espérait même pas être crû.
Mais le Directeur de Serpentard n'ajouta rien et suggéra simplement qu'ils entrent en se cachant sous la cape. Ainsi, ils n'auraient aucun mal à rejoindre le septième étage et la Salle sur Demande.
Harry déplia donc la cape et ils se glissèrent de nouveau dessous. Severus lança en plus un sort de discrétion sur leurs chaussures et ils poussèrent la porte. Celle-ci, bien graissée par Hagrid, ne grinça pas du tout. Le hall était plongé dans le noir et seule la lune qui entrait par les fenêtres éclairait légèrement le lieu. Le grand escalier tout en marbre blanc se reflétait dans la pénombre. Les deux hommes gravirent lentement les marches, les comptant par habitude, afin d'éviter celles piégées qui emprisonnaient les pieds des malheureuses personnes ayant l'audace de les fouler. Arrivés au premier étage, ils eurent la satisfaction de constater qu'aucun des escaliers ne se mettait en branle pour changer de direction. C'était franchement pénible quand on était pressés. Mais c'était le prix à payer pour vivre dans un château magique millénaire. Ce qui fut pénible aux yeux d'Harry se fut leur impossibilité d'allumer la baguette de Severus. Il ne fallait pas se faire repérer par les portraits pour le moment endormis. Alors déambuler en tâtonnant les murs ce n'était pas franchement agréable.
Pourtant, ils arrivèrent sans encombre au septième étage, non loin de la porte des Gryffondors, gardée par le tableau de la Grosse Dame. Le couloir était désert et ne comportait qu'une seule ornementation : une tapisserie représentant un sorcier tentant d'apprendre à des Trolls en tutus roses à danser le ballet. Le mur d'en face était vide. Severus sortit de sous la cape et laissa Harry s'occuper de la plier et de la ranger. Un coup d'œil sur la carte du Maraudeur indiqua au jeune Gryffondor que Rusard s'approchait avec sa chatte pelée.
— Severus, vite ! Rusard ! Il est dans l'escalier du septième étage.
Le Maître des Potions hocha la tête en silence et arpenta nerveusement le corridor. A son troisième passage, une porte se matérialisa et sans attendre il l'ouvrit et entra, Harry sur les talons.
La Salle sur Demande s'était transformée en chambre à coucher. Un grand lit à baldaquin aux couleurs de Serpentard – ben voyons, songea Harry – trônait au centre de la pièce juste devant une immense cheminée où un bon feu crépitait. Un lourd tapis un peu usé – mais d'où venait-il donc ? – étouffa le bruit de leurs pas. En entrant dans la pièce, Severus avait désactivé tous les sorts dont ils étaient bardés. Adieu sorts de discrétion, de silence et surtout… plus d'alarme de détection de la moindre activité sexuelle. Severus en avait terminé de jouer à faire semblant. A présent, on allait s'attaquer aux choses sérieuses.
Harry se tourna dans tous les sens pour voir les détails de la pièce telle qu'elle s'était métamorphosée pour leur usage. La flambée dans la vaste cheminée était bien tentante et il s'en approcha rapidement puis tendit ses mains engourdies au-dessus des flammes orangées. Voler sans balai était bien surprenant, et même par certains côtés… agréable, mais alors qu'est-ce que ça caillait là-haut avec le vent qui vous fouettait ! Et des vêtements moldus même en cuir, ça ne tenait pas chaud comme un équipement de Quidditch bardé de sorts de protection et de chauffage. Un coup d'œil sur sa gauche le fit copieusement rougir et il baissa la tête, gêné. Le Gryffondor venait de prendre conscience qu'il n'y avait qu'un seul lit et à deux places, s'il vous plaît ! Cela voulait bien dire ce que ça avait l'air de sous-entendre… Severus Rogue avait l'intention de le faire dormir avec lui et certainement… plus.
Ce « plus » inconnu était bien tentant, si on considérait les échantillons précédemment reçus, mais par Merlin, qu'est-ce que c'était gênant !
Le Maître des Potions remarqua le coup d'œil d'Harry et la rougeur sur ses joues. Et cela l'amusa terriblement. A pas de loup, il s'avança derrière le jeune sorcier et se plaqua contre son dos.
— Harry… Tu devrais te déshabiller… Autant nous coucher, non ? On va être bien tranquilles maintenant, ils ne pourront pas entrer ici, même si Albus devine où nous sommes.
Harry hocha la tête en silence, toujours aussi écrevisse. Il connaissait très bien les propriétés de la Salle sur Demande : la porte ne s'ouvrirait pas tant qu'ils s'y trouveraient tous les deux. Mais… se déshabiller ? Se montrer tout-nu ? Encore ? La douche avait déjà été une sorte d'épreuve, enfin surtout au début. Oh et puis après tout ! Qu'est-ce que ça allait changer ? Ils s'étaient déjà vus nus et ils s'étaient déjà copieusement tripotés et embrassés… et par Merlin, ça avait été fichtrement agréable.
— On ne fait plus semblant, alors ?
— Non, Monsieur Potter, cette nuit on ne fait plus semblant. Cette nuit est juste pour nous. Et personne n'en connaîtra tous les détails. Personne d'autre que nous… sauf si vous le racontez à vos amis, bien entendu.
— Non ! Personne ! Ça ne les regarde pas !
Severus se déplaça face au jeune sorcier et posa sa main contre son cou. De son pouce, il caressa la mâchoire à la peau encore douce et glabre, puis il la retira et glissa ses doigts dans les longs cheveux méchés de bleu.
— J'adore tes cheveux longs, Harry. Ça te va superbement bien. Et sans les lunettes, tu ne ressembles plus à ton père, ni d'ailleurs à ta mère. Tu es unique, juste toi.
— Juste Harry ? tenta le lionceau avec un petit sourire hésitant.
— Juste Harry. Cette nuit, c'est juste Harry et Severus, murmura la Terreur des cachots.
— Et… demain ?
— Harry, les effets de la potion rose sont censés durer une semaine. Tu sais ce que ça veut dire ?
— On peut rester ici enfermés une semaine ? s'exclama Harry, les yeux écarquillés de surprise.
— On peut… si on le souhaite.
— Ils vont tous être fous… Je parle du Directeur et de McGo et aussi Madame Pomfresh. Et Ron et Hermione, et tous les autres, ça va jaser. Je ne te dis pas ce que Malefoy va encore aller raconter à son père !
— Qu'il raconte ! Le Seigneur des Ténèbres sera absolument enchanté et il nous fichera la paix un bon moment.
— Et une fois les effets de la soi-disant potion rose disparus, qu'est-ce qu'on fera ?
— Nous verrons. Mais en tout cas nous aurons bien donné le change et c'est ce qu'Albus voulait, non ?
— Je n'ai jamais compris pourquoi le Ministère n'a jamais demandé au Premier Ministre Moldu de l'aider à nous débarrasser de Voldy. Un ou deux snipers bien planqués et paf ! Une balle dans la tête et ça serait terminé et personne ne verrait rien. Franchement, ça ne serait pas bien compliqué.
Severus resta interdit devant cette suggestion banalement proposée. Par la barbe de Merlin ! Et si c'était LA solution ? Il savait très bien ce qu'était un sniper, il avait vu assez de films de guerre, d'action et autres du genre quand il était enfant et ado. Il y avait la télévision chez lui à l'époque et son père était friand de ce genre de programmes. C'était une idée à sérieusement considérer et il allait en parler à Albus et aussi à Kingsley Shacklebolt dès qu'ils sortiraient d'ici.
Pour le moment, il avait bien mieux à faire.
Severus prit Harry dans ses bras et se pencha pour l'embrasser voluptueusement. Le garçon était docile et c'était assez surprenant. Qui aurait pensé que quelques caresses et baisers étaient juste ce qu'il fallait pour apprivoiser le Gryffon réputé rebelle ? Pendant quelques minutes, il n'y eut rien d'autre que des soupirs et des bruits de baisers, puis celui d'un blouson de cuir qu'on laissait tomber sur le tapis…
Impatient, Severus sortit sa baguette de sa manche et lança un Devestio sur Harry qui sursauta, puis un second sur lui. Leurs vêtements allèrent se plier sagement dans un coin en deux piles nettes et distinctes.
Conscient de sa soudaine nudité, Harry croisa les bras devant sa poitrine et baissa la tête.
— Viens… On sera mieux sous les couvertures, bien au chaud. Et ne t'inquiète pas, je ne te ferais rien que tu ne souhaites pas. N'aie pas peur…
Hochant la tête sans dire un mot, Harry se précipita vers le lit et écarta rapidement les couvertures pour se glisser entre les draps. Severus prit son temps et de sa baguette il baissa l'intensité lumineuse des torches dans la salle. Il était parfaitement conscient qu'Harry le regardait avec attention et même le scrutait, examinant son corps nu avec intérêt et appréhension. Il se rappela soudain un détail et claqua la langue d'agacement. Il allait oublier !
Severus se dirigea vers sa pile de vêtements et fouilla dans les poches de sa cape. Il en sortit un petit flacon bleuté et revint tranquillement vers le lit. Il glissa la fiole sous l'oreiller resté libre et écarta les couvertures puis se coucha. Aussitôt, il se mit sur le côté, une main soutenant sa tête et un léger sourire aux lèvres, il planta son regard d'onyx dans celui émeraude de son partenaire. Sans un mot, il quitta sa position et s'allongea de tout son long sur le lionceau docile. La chaleur du corps du Serpentard fit Harry pousser un soupir et fermer les yeux. Aussitôt, une bouche gourmande chercha la sienne et une main glissa le long de sa hanche nue.
Pendant plusieurs minutes, ils continuèrent à s'embrasser et se caresser. Harry s'enhardissait à présent et ses deux mains parcouraient le corps nu du Maître des Potions. Il poussa un gémissement lorsque son sexe fut emprisonné dans une paume chaude et douce, puis il sursauta lorsqu'il sentit une langue douce caresser son téton droit. Par Merlin ! Il n'aurait jamais pensé qu'ils pouvaient être sensibles comme ça…
— Tu aimes ?
— Gnnnn… ouiiiii…
Harry ne savait plus où il se trouvait et quasiment plus comment il s'appelait, à cette heure. Tout ce qui importait, c'étaient les mains et la bouche qui le caressaient et lui procuraient ces incroyables sensations.
Lorsque le Serpentard glissa au fond des draps pour prendre son sexe dans sa bouche, Harry poussa un long gémissement.
— Sev'rus… je… je vais…
— Oh non, pas tout de suite, répondit le professeur en relâchant son partenaire momentanément.
Severus remonta vers son oreiller et récupéra le flacon de lubrifiant qui se trouvait dessous, puis il s'agenouilla et regarda son futur amant, admirant les lueurs des flammes de la cheminée sur sa peau, les rougeurs de l'excitation et son air alangui.
— Harry, je vais te faire l'amour. Tu es prêt ?
Le jeune sorcier ouvrit les yeux et une lueur d'appréhension apparut dans son regard.
— N'aie pas peur. J'ai ici un petit flacon qui contient tout ce dont nous avons besoin. C'est un lubrifiant que j'ai créé il y a quelques années et qui permet aussi le relâchement des muscles pour faciliter l'intromission. Tu ne ressentiras aucune douleur.
— D'accord.
Harry regarda Severus ouvrir le petit flacon et en verser une bonne quantité sur son pénis érigé ainsi que sur sa main droite. Il remit ensuite le bouchon et posa le flacon entre les deux oreillers.
— Ecarte les jambes, Harry.
Le lionceau hocha légèrement la tête et, le rouge aux joues d'être ainsi exposé, il obéit à la demande. Tout en regardant Severus Rogue se positionner toujours à genoux entre ses jambes, il ne put s'empêcher de l'admirer. Son corps était fin et sec mais relativement musclé. Le Maître des Potions avait la peau douce, des abdominaux assez développés et une bande de poils noirs remontait de son pubis jusqu'au-dessus de son nombril. Les jambes de l'homme étaient légèrement poilues, bien moins que les siennes finalement. Harry promettait d'être bien poilu lorsqu'il aurait vieilli de quelques années… Il avait déjà une petite touffe entre ses deux pectoraux et une bande de poils pour le moment clairsemés remontait un peu vers son nombril.
La main droite de Severus alla se placer sur le périnée d'Harry et commença à le masser du bout des doigts. Un peu surpris, Harry sursauta. Il retint son souffle lorsqu'un doigt englué puis deux pénétrèrent dans son intimité. Curieusement, il n'en ressentit aucune douleur, juste une sensation d'écartement pas désagréable. Lorsque les doigts bougèrent, la sensation devint nettement plus plaisante et il remonta un peu plus les jambes. Le Serpentard comprit l'invitation silencieuse.
— Harry, je vais remplacer mes doigts par mon sexe maintenant. Ne te crispe pas, ça va aller, tu vas voir.
— Ok, répondit le susnommé dans un souffle.
Deux mains puissantes agrippèrent ses cuisses et Harry sentit la pointe du pénis bien raide se placer devant son anus et entrer tout doucement centimètre par centimètre. Lorsqu'il fut totalement entré en Harry, Severus poussa un long soupir de bien-être. Ça faisait bien longtemps qu'il n'avait pas eu de relation sexuelle, et savoir qu'il baisait le fils de son ennemi juré était un petit plus qui n'était pas à dédaigner. Prends-ça dans les dents, James Potter !
— Ça va ?
— Oui, répondit Harry. Bouge, par Merlin, bouge !
Obéissant, Severus commença un pilonnage en règle, doucement d'abord puis plus rapidement. Alors qu'il changeait légèrement d'angle, Harry poussa un long gémissement et commença à se caresser tout en ondulant instinctivement son bassin. Severus esquissa un petit sourire. Il avait trouvé le bon angle, visiblement. Et Harry semblait avoir des dispositions naturelles très intéressantes. Il s'allongea à demi sur le jeune sorcier, en reposant sur ses mains tendues de chaque côté de lui et chercha sa bouche pour l'embrasser tout en continuant son labourage en règle. Harry, de sa main libre, attrapa Severus par le cou et lui rendit son baiser avec ferveur.
Par Merlin ! Le sale gamin avait vraiment des dispositions… Severus n'allait pas durer longtemps à cette allure-là. Entre les coups de bassin d'Harry et ses propres mouvements, il commençait à voir des étoiles. Il glissa une main entre leurs deux corps et attrapa le pénis d'Harry pour l'amener plus rapidement au plaisir. Il n'était pas question qu'il termine avant le jeune homme !
Severus se redressa et se remit dans sa position première. A présent, il labourait violemment Harry qui gémissait sans gêne, la tête renversée et sa main toujours active sur son pénis. Severus passa alors son pouce lubrifié sur le gland rose vif et le Gryffondor poussa un cri puis s'arque bouta. Son cri se termina en gémissement tandis qu'il éjaculait à longs jets en tremblant. Ce fut le signe pour le sorcier aux yeux noirs. Il se déchaîna alors à grands coups de rein accompagnés de « han ! » sonores et de « oui ! » de satisfaction. Il ne dura pas plus de quelques dizaines de secondes supplémentaires et laissa lui aussi échapper un gémissement lorsque l'orgasme libérateur éclata dans son ventre et qu'il inonda les entrailles de son jeune amant.
Par Salazar… Ça faisait des années qu'il n'avait pas pris un pied pareil ! Et avec Harry Potter en plus ! Si on lui avait dit ça il y avait seulement quelques mois, il aurait cru la personne bonne pour Sainte-Mangouste, secteur psychomagique !
Un Tergeo lancé négligemment d'un geste de la main retira toutes traces sur le ventre d'Harry et Severus s'allongea aussitôt sur lui pour butiner son cou, le nez dissimulé par les longs cheveux méchés de bleu. Harry l'enlaça et glissa une main dans les cheveux noirs du sorcier, les yeux clos. Il se trouvait présentement sur un joli nuage rose et n'avait aucune envie d'en redescendre. Lorsque le Maître des Potions se déplaça pour s'allonger près de lui, la tête sur son oreiller, Harry se mit sur le côté contre lui et de sa main droite lui fit tourner la tête afin de chercher ses lèvres.
Severus retint un gloussement d'aise. Il semblait qu'il avait créé un monstre… Harry ne semblait pas traumatisé et sa gêne et son appréhension avaient disparu, dirait-on. C'était parfait ! La nuit ne faisait que commencer… Et le lionceau de Minerva avait encore des choses à apprendre et à découvrir.
Qu'Harry soit encore son élève pour l'année ne le dérangeait pas du tout, bien qu'il bafouât allègrement le règlement de Poudlard. Après tout, ce n'était pas sa faute ! Entre la potion rose… hem hem… le Seigneur des Ténèbres et les suggestions d'Albus, on ne pouvait rien lui reprocher. Enfin… pas trop…
Pendant qu'Harry perdait sa virginité entre les bras du Directeur de Serpentard, Albus avait réintégré sa tour après avoir envoyé Minerva et Poppy, toutes deux transies de froid, prendre des douches réconfortantes et changer de vêtements.
Il prit lui aussi une douche et changea sa robe de sorcier. Puis en soupirant, il retourna dans son bureau après avoir demandé à un Elfe de lui apporter du thé et quelques gâteaux – citron et chocolat – et il attendit patiemment le retour de sa Médicomage et de sa sous-Directrice. Albus eut quand même l'idée d'utiliser de nouveau le sortilège des Quatre-Pointes, afin de repérer vaguement où pouvaient se cacher Severus et Harry. Mais la baguette tournoya sans se fixer dans une direction précise. Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose : les deux renégats s'étaient réfugiés dans la Salle sur Demande, seul endroit incartable du château. Et aussi, seul endroit où personne ne pourrait aller les dénicher. Il allait falloir attendre qu'ils en sortent. Et il allait aussi falloir se rendre à l'évidence qu'Harry n'en sortirait pas vierge, c'était un fait absolu.
Deux coups frappés à la porte de son bureau lui firent lever la tête. D'un geste négligent de la main, il ordonna l'ouverture du lourd panneau de bois sculpté. Poppy et Minerva, toutes deux en pantoufles, chemises de nuit, peignoirs et bonnets de nuit entrèrent. Vu l'heure avancée, elles n'avaient pas jugé bon de se rhabiller de pied en cape et s'étaient préparées pour la nuit.
— Alors Albus ? Des nouvelles de nos fugueurs ? s'inquiéta Poppy Pomfresh en prenant place sur une des deux chaises placées devant le bureau directorial.
Minerva, silencieuse et la bouche pincée, s'assit sur la chaise à côté, les bras croisés. Elle n'avait toujours pas digéré la remontrance de Dumbledore après sa tentative de stupéfixion de Severus Rogue.
— Je sais juste une chose, Pompom. Harry et Severus sont dans le château, mais impossible de les atteindre. Ils se sont cachés dans la Salle sur Demande et il faudra attendre qu'ils en sortent d'eux-mêmes.
— On ne peut pas les y obliger ? pesta la Professeure McGonagall.
— Non. On ne peut pas. La salle est incartable. Actuellement, on ne trouverait même pas la porte.
— Mais, Albus, ce n'est pas possible de les laisser là-bas sans surveillance ! paniqua la Médicomage horrifiée, une main sur sa bouche. Severus va abuser de ce pauvre Potter !
— C'est certainement déjà trop tard, Poppy, répondit le vieil homme en secouant la tête. Mais Severus ne fera pas de mal à Harry, il n'est pas un violeur. Il va tenter de le séduire, à la place. Et il n'aura aucun mal, j'en suis certain. N'oubliez pas qu'Harry est également sous l'influence de la potion rose. Il est minuit, ils sont seuls, au chaud depuis trente minutes dans une pièce magique qui leur a certainement généré un grand lit et une bonne cheminée allumée. S'ils n'ont pas déjà consommé leur… relation, ils sont en train de le faire. Et je le répète, non, je ne peux rien faire. Je ne peux pas obliger Poudlard à ouvrir cette porte.
— Vous devez renvoyer Severus, Albus ! Avoir des relations sexuelles avec un élève est absolument interdit.
— Minerva ! Je ne peux pas renvoyer Severus pour une faute qu'il n'a pas commise de son propre chef. A cause de la bêtise de Monsieur Malefoy, il est sous l'influence d'une terrible potion de luxure pour laquelle il n'existe aucun véritable antidote. Il a déjà reçu la seule potion qui puisse un peu atténuer ses effets, et Harry se trouve dans la même situation. Avant cet incident, ils faisaient semblant, je vous le rappelle. Une comédie dont vous avez vous-même eu l'idée, si je me souviens bien.
Albus toisa sa professeure de métamorphose par-dessus ses lunettes en demi-lunes. Il avait bien compris qu'elle en voulait à mort au Maître des Potions et mettait tout sur son dos.
— Alors ils sortiront demain de cette Salle sur Demande, annonça Poppy avec assurance. Les effets les plus puissants de la potion rose cessent au bout de vingt-quatre heures.
— Et les moins puissants ? l'interrogea son amie Minerva.
— Une semaine au plus, mais les effets résiduels sont vraiment négligeables. Ce sont les premières vingt-quatre heures qui sont les plus terribles.
Albus soupira, peu convaincu. Il était persuadé que Severus et Harry allaient profiter un maximum des effets de la potion et se comporter comme des strangulots en rut et ceci pendant une semaine. Ensuite… ces deux-là étaient bien capables de poursuivre leur relation interdite. Ou alors, tout rentrerait dans l'ordre et ils ne se regarderaient plus, voire même ils ne se supporteraient plus, comme auparavant, comme le sous-entendait Poppy. Le vieil homme en doutait fort. Ces deux zigotos ne faisaient jamais rien comme les autres. Il se saisit de la théière, semblant faire contre mauvaise fortune bon cœur, et commença à remplir les trois tasses présentes sur le plateau.
— Un biscuit au chocolat, Minerva, Pompom ?
Albus reposa sa théière et leur tendit l'assiette aux biscuits recouverts de chocolat au lait. Il s'était réservé la totalité de la tarte au citron, indifférent à l'intérêt que Poppy semblait porter à ladite tarte. Il avait besoin de réconfort citronné, et donc la tarte était pour lui tout seul, merci bien.
— Merci, Albus, lança distraitement la Médicomage en prenant deux biscuits en même temps. Dites donc, vous pensez que ça va se passer comment pour la fameuse potion de grossesse masculine que Vous-Savez-Qui a obligé Severus à inventer ? – Oui, Minnie m'a raconté ça –. Parce que s'il faut vraiment qu'il en refile une dose à Monsieur Potter, il ne va pas avoir beaucoup de mal.
— Et pourquoi donc, Poppy ? pesta McGonagall, outrée. Ce n'est pas parce que Potter est actuellement obligé d'avoir des relations sexuelles avec Severus Rogue qu'il va accepter de prendre la potion et d'avoir ensuite une autre relation avec lui afin de tomber enceint. Ils se détestent ! Quand les effets de la potion rose auront disparu, ils ne supporteront même pas de se trouver dans la même pièce !
— Vous… vous êtes sûre, Minnie ? hésita la Médicomage, douteuse.
— Évidemment !
Mais Poppy scruta le visage du vieux sorcier et celui-ci baissa les yeux. Il ne répondit pas sur le champ et pendant une petite minute touilla le contenu de sa tasse de thé avec sa petite cuillère en or. Puis d'une voix faible, il avoua ses doutes.
— Je pense comme vous, Poppy. Ce n'est pas certain du tout qu'il se heurte à une difficulté quelconque. Je crains fort que cet épisode de potion rose ne change à jamais leur relation personnelle. Severus et Harry sont tous deux des sorciers extrêmement sentimentaux, même s'ils ne l'avoueront jamais de leur plein gré. Mais je les connais bien… tous deux sont désireux de stabilité. Ils souhaitent trouver l'âme sœur comme on dit. La guerre et son état d'espion ont freiné Severus toutes ces années, mais je sais qu'il souffre de sa solitude… de son célibat forcé. Je me disais qu'après la guerre, une fois Voldemort vaincu, il chercherait à se caser, il épouserait une sorcière quelconque. Ça sera peut-être un sorcier finalement.
— Hein ? Un sorcier ? s'étonna Minerva McGonagall. Pas Potter, tout de même !
— Harry ou un autre, fit Albus en haussant les épaules. La potion rose ne fait pas d'un hétéro un homosexuel, vous l'avez dit vous-même. Harry et Severus sont visiblement tous les deux bisexuels sinon la situation d'aujourd'hui n'existerait pas.
— En bref, nous n'avons pas de chance, quoi !
— Il n'est pas question de nous, ni de chance, Minerva. C'est embêtant pour Harry qui était jusqu'à ce soir, encore vierge. Et c'est embêtant dans l'absolu car c'est contraire aux règles de Poudlard. Mais encore une fois, il n'y a pas mort de sorcier. Pour le moment.
— Mais alors, Albus, qu'est-ce qu'on fait ?
— Nous terminons notre thé et nous allons tous nous coucher, ma chère Pompom. Il n'y a rien d'autre que nous puissions faire pour le moment.
Dans la Salle sur Demande, Harry et Severus étaient très occupés. Ils avaient dormi trois heures et le Maître des Potions, peu habitué à devoir partager un lit, s'était spontanément réveillé en sentant un corps chaud remuer près de lui. Il s'était souvenu des évènements de la soirée et avait aussitôt décidé qu'il allait les exploiter au maximum. Il n'était pas question qu'il ne profite pas à fond de l'aubaine. Harry était visiblement partant pour le sexe et désireux d'apprendre quelque chose pour une fois. Ça lui changeait des potions pour lesquelles il n'avait aucun talent.
Et tandis que le château endormi attendait l'aube, Severus Rogue se faisait faire une fellation par un Gryffondor très attentif et appliqué.
— Attention à tes dents, Harry. Il faut faire attention à ne pas mordre ou égratigner.
— Hu hu… marmonna l'élève.
— Mmmm… Ce piercing était… gnnn… une bonne idée… c'est… oui, continue. Comme ça !
Il avait lu dans un magazine moldu, il y a quelques années, que ça donnait des sensations lors des fellations, et c'était vrai. Et c'est ce qui lui avait donné l'idée de le dire à Harry pour le déstabiliser lorsqu'il lui avait fait avaler une potion anti-douleur à la table des Gryffondors. Et savoir que Lucius était au courant de ce piercing lui avait ensuite donné l'idée de tester la théorie du magazine, rien que pour pouvoir lui envoyer l'info dans ses dents blanches. Le noble blond lui tapait sérieusement sur le système depuis un moment. Il était sournois et faux cul, et Severus était absolument persuadé que Lucius le poignarderait dans le dos à la première occasion tout comme sa belle-sœur Bellatrix Lestrange.
A l'aube, le couple n'avait pas encore dormi, du moins pas beaucoup. A l'heure où les élèves quittaient leurs salles communes pour se rendre au petit-déjeuner dans la Grande Salle, Harry, échevelé et pantelant, chevauchait le Maître des Potions allongé et alangui contre les oreillers. Le duo s'éclatait totalement ! Plus ils faisaient l'amour ou se caressaient et s'embrassaient et plus ils avaient envie de recommencer. Pour Harry, c'était la découverte du siècle et il baignait dans la félicité la plus totale. Severus, lui, se considérait en vacances ! Il avait décidé qu'il resterait le plus longtemps possible caché ici avec Harry Potter. La Salle leur avait procuré des toilettes après trois heures du matin, lorsque le Gryffondor avait eu une envie pressante, et donc une salle de bain ne poserait aucun problème.
Severus avait recommandé à Harry de ne pas appeler Dobby, afin que l'Elfe n'ait rien à rapporter à Albus[1]. En effet, Dobby n'était pas lié à Harry. Il était employé par Albus comme Elfe du château et donc lui devait respect et fidélité au moins un minimum. Mais Albus ignorait que Severus possédait une Elfe-de-Maison. C'était même la seule chose donc il avait hérité à la mort de ses grands-parents. Personne n'avait voulu de l'Elfe âgée. Le Ministère qui avait hérité des biens de Septimus Prince avait décidé de laisser la petite créature qu'ils jugeaient inutile et sans valeur marchande à celui qui aurait dû par sa naissance en hériter.
Ava s'occupait donc du Maître des Potions. Elle faisait son ménage, sa lessive et le soignait lorsqu'il était souffrant. Si c'était trop grave, elle le conduisait à l'infirmerie en toute discrétion. Lorsqu'elle n'avait rien à faire, Ava donnait un coup de main aux cuisines et aidait au ménage dans la salle commune de Serpentard. Personne à part Crocus, le vieux chef des Elfes de Poudlard, ne savait qu'elle avait un maître et son identité.
Severus avait expliqué à Harry pour Ava, et il avait été convenu entre eux que ce serait elle qui leur apporterait tout ce dont ils auraient besoin durant leur séjour « forcé » dans la Salle Va et Viens.
Lorsqu'ils entrèrent dans la Grande Salle accompagnés de leurs condisciples, Ron et Hermione s'attendaient à y trouver leur ami Harry, relâché de l'infirmerie par la dragonne maîtresse des lieux, mais il n'était pas là. A la table professorale, la place du Maître des Potions près d'Albus Dumbledore était vide également.
Hermione lança un regard lourd à Ron qui soupira en se servant copieusement en bacon grillé à souhait.
— Ils ne sont pas là, Ron. Je ne sais pas ce que cette potion leur a fait, mais ça doit être sérieux. Il faut qu'on mange vite et qu'on aille voir ce qui se passe à l'infirmerie.
— Pas la peine, Mione, marmonna Ron Weasley, très gêné et les oreilles rouges. Je sais ce qui se passe.
— Ah bon ? Et c'est maintenant que tu le dis ? pesta la brunette, les deux mains sur les hanches et le regard furibond.
En face d'eux, Dean et Seamus suivaient leur conversation et tendirent l'oreille, très intéressés également.
— Bill et Charlie m'ont raconté. Il y a longtemps, quand Lucius Malefoy était élève ici en dernière année, le professeur de potions de l'époque, un certain Horace Slughorn, avait voulu leur faire faire de l'engrais rose pour Madame Chourave. Le cours comprenait les Serdaigles et les Serpentards. Lucius Malefoy avait alors balancé dans le chaudron de Xéno Lovegood, ouais le père de Luna, une boulette compressée de poudre de sauge. Cette poudre si elle est mélangée à l'engrais rose en cours de fabrication, ben… ça donne une puissante potion de luxure appelée potion rose. Y a pas d'antidote, Mione. Faut attendre que l'effet passe tout seul.
— Quoi ? Mais c'est horrible !
— Continue, Ron, qu'est-ce qui s'est passé après, à cette époque ? demanda Seamus.
— Ben… Bill m'a dit que tous les élèves avaient été arrosés de potion rose. Il avait fallu séparer les filles des garçons en urgence. Les mecs furent enfermés dans l'infirmerie, gavés de potion anti-désir. Parait que c'est le seul remède un peu efficace. Et les filles, ben, elles furent enfermées dans leurs dortoirs. Il parait que les premières vingt-quatre heures sont assez… ben c'est hard quoi. Si vous voyez ce que je veux dire. Après ça se calme et en huit jours y a plus rien, aucun effet et aucun risque. Le père Malefoy avait failli être renvoyé et si son vieux n'était pas intervenu… c'est ce qui serait arrivé. Hier on a fait de l'engrais rose pour Madame Chourave et on était en cours avec l'autre petite enflure décolorée. Pour moi, c'est clair et net, Lucius Malefoy a expliqué à son abruti de fils comment on faisait ce tour et il en a profité. Il a pas eu trop de mal, hein ! Harry était tout seul dans son coin avec Rogue qui rodait autour de lui comme un chien de garde.
— Mais alors, si ce que tu dis est vrai, ils sont actuellement sous l'influence de cette potion de luxure, et… oh misère !
Hermione venait de prendre conscience qu'étant donné la nature des relations récentes entre Harry et le Professeur Rogue, ils devaient être en train de baiser frénétiquement comme des malades ou du moins essayer.
— J'espère que Madame Pomfresh les a séparés, sinon… pauvre Harry, ajouta-t-elle.
— Mione, tu rigoles ? ricana Dean. Tu vois Pomfresh être capable d'empêcher Rogue de faire ce qu'il veut, toi ? Même pas sûr que Dumbledore ait pu, ouais ! A mon avis, ce connard graisseux a embarqué Harry, l'a planqué on ne sait où et est en train de le troncher en long en large et en travers. Va marcher en crabe de feu, le Ryry, quand on va le récupérer, moi j'vous l'dis. D'tout' façon, c'est pas comme s'il avait pas l'habitude, hein ! On sait tous ici qu'ils baisent ensemble. Faut vraiment avoir de la merde dans les yeux pour pas avoir pigé.
Après avoir asséné sa vérité, Dean vida la moitié de la boite de Magical Krispies dans son bol de lait et entreprit de se sustenter façon Troll affamé.
Hermione était au bord des larmes et n'avait plus du tout faim. Ce pauvre Harry, en objet sexuel de ce désagréable Severus Rogue, c'était absolument épouvantable.
— Te bile pas, Mione. Tu connais Ry, il se tire de toutes les situations les plus dingues les doigts dans le nez. On va le voir revenir demain tout jouasse avec des cernes sous les yeux et avec éventuellement… ou… probablement un peu de mal à s'asseoir. Et c'est tout.
— Ronald Weasley ! Comment peux-tu être aussi insensible ? Tu parles de notre meilleur ami ! Tu as vraiment la sensibilité d'une cuillère à café !
— Je parle du mec qui est arrivé tatoué, cheveux longs et teints, sans lunettes et habillé tout en cuir avec un piercing sur la langue, Mione. Je te parle du mec qu'on a vu de nos yeux vu rouler une pelle à Rogue et se faire peloter le derrière. Je te parle du mec dont Rogue a dit qu'il était à lui devant ce connard de Lucius Malefoy. Tu étais là aussi, tu sais ce que ça veut dire. Tu as même été la première à piger !
— Je… c'est vrai… mais… ça n'empêche pas… Et puis, c'est interdit par le règlement de Poudlard.
— Comme tu l'as vu, ça n'a pas l'air de déranger Dumbledore, ni Harry d'ailleurs. On ne sait pas tout, Mione, je peux te l'dire. On ne sait pas tout !
A la table des Vert et Argent, Drago Malefoy se faisait discret. Il avait sacrément pris sur les doigts la veille au matin après le cours de potions. Il avait voulu piéger Harry Potter mais pas son Directeur de Maison. Il avait espéré que le Sauveur, arrosé de potion rose, se serait attaqué à un peu n'importe qui et que ça aurait ruiné la mission que le Seigneur des Ténèbres avait imposée à Severus Rogue. Si celui-ci arrivait à la mener à bien, Severus aurait la place enviée de bras droit du Mage Noir et non pas Lucius ou Bella. Et ça, ça ne faisait pas leur affaire. Il fallait donc que Severus échoue. Comme le Maître des Potions avait lui aussi été englué, il était sous l'emprise de la potion de luxure tout comme Potter. Et forcément, ils avaient dû depuis baiser comme des malades à moins que ce vieux fou de Dumbledore n'ait réussi à les isoler séparément. Et ça Drago l'espérait très fortement, sinon… adieu la place de bras droit pour Lucius.
Son père lui avait bien expliqué que l'effet de la potion rose était très court, juste vingt-quatre heures, après il n'y avait plus que quelques pulsions à peine remarquables et ne nécessitant pas de mesures particulières. Or, les deux englués de la veille n'étaient pas présents au petit-déjeuner. Il allait donc falloir attendre les cours communs avec ces idiots de Gryffies, par conséquent le cours de défense donné par sa cousine au sale sang-mêlé dans l'après-midi ou éventuellement se renseigner à midi dans la salle commune pour savoir quelle année Serpy avait eu cours avec Rogue dans la matinée.
Le sot ne songea pas une seule minute qu'il y avait une possibilité que ses deux victimes ne reviennent pas de sitôt.
Albus Dumbledore, Minerva McGonagall et Poppy Pomfresh attendirent toute la journée que les deux fugueurs reviennent, penauds et la queue entre les jambes comme disaient les Moldus. Mais… malheureusement, à l'heure du repas du soir, aucun d'eux n'avait reparu. Ron restait stoïque à la table des Gryffondors mais Hermione était dans tous ses états. Elle se résolut alors à aller interroger le Directeur alors qu'il quittait la Grande Salle pour une promenade digestive avant que la nuit ne tombe.
— Professeur Dumbledore ! Excusez-moi, Monsieur, mais nous n'avons aucune nouvelle d'Harry. Il n'est pas revenu. Il est toujours à l'infirmerie ? Et le Professeur Rogue, comment va-t-il ?
— Miss Granger… soupira Albus un peu gêné. Harry et le Professeur Rogue sont actuellement en isolement. Je ne peux malheureusement pas vous dire quand ils seront en état de reprendre leurs cours. Nous l'ignorons. Il va sans dire que vous serez prévenue dès que nous aurons des informations. Ils ne courent aucun danger, rassurez-vous. Excusez-moi, je suis attendu. Bonne soirée.
Et le vieil homme fila sans demander son reste. Il avait déjà Minerva et Poppy sur le dos, et Filius et Pomona commençaient à poser des questions également. Et il n'avait aucune réponse à leur donner. Absolument aucune.
Il ne pouvait tout de même pas leur dire qu'il pensait sincèrement que Severus et Harry, sevrés de la potion rose, avaient quand même décidé de poursuivre leur marathon sexuel. On était dans une école, pas dans un bordel de l'Allée des Embrumes ou de la Venelle des Pucelles.
1 Severus ignore que Dobby ne peut pas entrer dans cette salle.
