Bonjour !
Bienvenue dans le chapitre deux de cette histoire, que j'avais commencée sans savoir quoi en faire.
Je ne dirais pas que l'inspiration est revenue, maiiiis... Nous verrons.
En attendant, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !
« Sirius. »
Le sorcier interpellé sursauta, renversant au passage une partie de son thé sur le comptoir de la cuisine, ce qui déclencha les grommellements de Kreattur.
« Hermione, que se passe-t-il ?» demanda l'animagus en ignorant son elfe de maison, lequel se lança dans une litanie d'insultes dont les deux sorciers préférèrent ne pas tenir compte.
Hermione se passa une main dans les cheveux, grimaçant lorsqu'elle se coinça les doigts dans un nœud. Son idée lui avait paru brillante à deux heures du matin, mais à la lumière du jour et dans la cuisine, elle n'était plus sûre de rien.
« C'est à cause du tableau ? » finit par demander Sirius.
Hermione hocha la tête.
« Je veux tenter quelque chose, dit-elle. J'aimerais que tu me montres comment transférer de l'énergie vitale.»
Sirius pâlit soudainement.
« Hermione non. C'est trop dangereux. »
« Mais si le tableau est inerte, il n'absorbera rien !» Se défendit la sorcière avec véhémence.
« Et s'il ne l'est pas, il pourrait te drainer.» Répondit l'animagus en secouant la tête. « Ce n'est qu'un tableau, Hermione. Est-ce que ça vaut le coup de mettre ta vie en danger ? »
Hermione se tordit les mains, visiblement partagée, et Sirius se rendit compte qu'elle avait toutes les chances de mettre son idée à exécution, avec ou sans son aide. Il soupira et se frotta les yeux.
« Admettons que je t'aide. Tu retournes à Poudlard demain, pourquoi ne pas attendre l'été ? »
Mais la sorcière secoua la tête en signe de dénégation.
« Je sens que je dois le faire avant de repartir. » Répondit-elle doucement, les yeux fixés au sol.
« Regulus a attendu dix-sept ans. Deux mois de plus ne changeront rien.»
Hermione se contenta de le fixer jusqu'à ce qu'il capitule en soupirant et lui fasse signe de le suivre. Ils marchèrent jusqu'à la petite bibliothèque et Sirius ferma soigneusement la porte derrière eux avant de s'y appuyer.
« Très bien, dit-il. Pose tes mains sur le cadre du tableau. Tu vas vouloir atteindre la toile mais un contact direct avec la peinture pourrait provoquer une mauvaise réaction. Ferme les yeux, et concentre toi pour visualiser un lien entre ton cœur et ta cible. Vas-y doucement.»
Hermione se mit en position, regarda Regulus qui lui sembla plus inquiet et tendu que d'ordinaire, et lui adressa un petit sourire avant de fermer les yeux et de calmer sa respiration. Visualiser un lien entre son cœur et le jeune homme austère à qui elle avait raconté toute sa vie depuis presque un an n'était pas difficile; mais y faire circuler de la magie était une autre histoire. Elle tenta de moins penser au tableau, et plus à ce qu'il représentait.
Un léger picotement apparut dans ses doigts avant de remonter le long de ses bras jusqu'à ce qu'elle ait l'impression de traverser un brouillard de glace dont chaque cristal lui griffait la figure et les mains. Ce n'était pas particulièrement agréable, mais pas assez douloureux pour qu'elle abandonne, surtout quand elle entendit Sirius prendre une brusque inspiration derrière elle. Sans ouvrir les yeux pour ne pas perdre sa concentration, elle sentit que quelque chose fonctionnait.
Elle avait raison.
Quelque chose bougeait au-dessus de sa tête, mais Hermione ferma les yeux encore plus fort en envoyant un flot de magie plus puissant. Elle y était presque, et la fatigue qui commençait à peser sur ses épaules n'allait pas la faire renoncer. Elle ignora la douleur qui pulsait dans ses tempes et le tremblement de ses doigts, et se contenta de serrer le cadre doré du tableau jusqu'à en avoir mal.
« Hermione. Hermione, arrête !»
La voix de Sirius lui parvint comme si elle se trouvait sous l'eau, étrangement lointaine et distordue. Hermione tourna la tête vers lui et entrouvrit les yeux, confuse par la lumière argentée qui baignait la salle et la lourdeur de ses membres. Ses mains semblaient à présent collées au tableau, et la sorcière réalisa qu'elle n'aurait pas été capable de les retirer si elle l'avait voulu. Le tableau lui-même brillait intensément.
« Par Merlin et les Fondateurs, c'est impossible !»
Hermione eut un vague sourire en entendant l'animagus jurer dans sa barbe avant de refermer les yeux. Elle était épuisée, et quoi qu'il doive se passer à présent, il fallait que cela arrive vite.
« Aller, Regulus.» Murmura-t-elle doucement.
Quelque chose de lourd la heurta, ses mains se décrochèrent du tableau avec une sensation de brûlure qui la fit crier, et sa tête heurta le sol dans un angle bizarre. Hermione perdit connaissance avant d'entendre les voix appeler son nom.
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Hermione revint à elle avec un mal de tête tel qu'elle décida que ne pas ouvrir les yeux relevait probablement de l'instinct de survie. Elle se souvenait d'avoir perdu connaissance mais pas du résultat de son expérience, et garder les paupières closes lui permettait également de reculer le moment où elle apprendrait son échec ou sa réussite. Hermione espérait toujours le meilleur, mais ses quelques années dans le monde sorcier lui avaient aussi appris à se préparer au pire. Elle poussa un soupir lorsque la douleur continua de marteler ses tempes au lieu de refluer et réalisa que les bruits autour d'elles s'étaient soudainement interrompu.
« Hermione ?»
Hermione fronça les sourcils. Elle ne reconnaissait pas la voix, et ouvrir les yeux lui semblait une extrême mauvaise idée, aussi se contenta-t-elle d'agiter vaguement la main, que quelqu'un lui saisit aussitôt.
Elle n'était donc pas en danger, suppléa son cerveau de manière très productive. La sorcière soupira de nouveau.
« Hermione, est-ce que ça va ?»
« Tu vois bien que non, répondit la voix de Sirius, sinon elle aurait déjà réagi. Hermione, tu as mal quelque part ?»
Cette question-là était facile et Hermione agita doucement les doigts pour tenter de désigner sa tête. Quelques secondes plus tard, une fiole était posée contre ses lèvres et la jeune femme but la potion avec gratitude, malgré le goût exécrable qui lui envahit la bouche. Elle sentait la douleur refluer et ses capacités de réflexions revenir, à son plus grand soulagement. Sirius parlait encore à sa droite, et la voix inconnue répondait avec un net agacement qui lui donna envie de sourire. C'était le même ton qu'employait Ron pour répondre à ses frères, et elle avait déjà constaté que ces intonations particulières existaient chez tous les cadets qu'elle avait rencontrés. Avoir des frères et sœurs ainés pouvait apparemment être assez exaspérant.
Mais ce n'était pas Ron qui parlait, ni aucune autre personne qu'elle connaissait, bien que la voix lui paraissait étonnamment familière. Proche de Sirius, mais beaucoup plus jeune.
Hermione ouvrit les yeux.
À ses côtés se trouvaient deux hommes remarquablement similaires malgré la différence d'âge: ils avaient la même forme de visage, d'yeux et de nez, la même couleur de cheveux et les mêmes iris gris métalliques. La sorcière ouvrit la bouche mais était incapable de parler, trop surprise. Quand elle avait pensé à injecter de l'énergie directement dans le tableau, elle s'attendait seulement à ce qu'il s'anime, pas à avoir son occupant en chair et en os à ses côtés, lui tenant la main délicatement et lui parlant d'un air inquiet.
Hermione réalisa qu'elle devait le fixer, la bouche ouverte, depuis plus d'une minute et referma les mâchoires si brusquement qu'elle se mordit la lèvre. Le rire de Sirius résonna quelque part dans la pièce mais ses yeux restèrent fixés sur le jeune homme qui lui faisait face et l'observait à présent avec une expression gardée, comme s'il n'était pas exactement sûr de comment l'aborder.
Ce qui était tout à fait inutile, puisqu'il lui tenait toujours la main.
« Regulus ?» Souffla Hermione, sans y croire tout à fait.
Mais le sourire hésitant sur le visage de son interlocuteur lui donna la réponse avant même qu'elle ne demande si c'était bien lui.
