Chapitre 19 : Légèreté et Éloges
Le jour de l'enterrement, les trois filles se réveillèrent avec une drôle lourdeur sur le cœur. Comme pour compenser, inconsciemment, elle débutèrent une conversation sur le ton le plus léger possible.
- Dis donc Ali, j'ai cru comprendre que vous étiez montés dans la Cabane hier soir... Demanda Gabrielle, en enfilant une jambe dans un collant
- Moi ? S'exclama Alicia, faussement innocente
- Ouais, toi ! Vous avez disparu pendant looooonngtemps !
- Si tu crois qu'on a pas tous remarqué que vous alliez vers la clairière ! Souligna sa grande sœur en se brossant les cheveux avec délicatesse
- Je vois pas le problème. On est allé observer les étoiles ! Affirma la plus jeune avec aplomb
- Bien sûr... Grinça Gabrielle tandis que Serena ricanait
- Attends, je n'oserai jamais marcher sur le territoire sacré de ma grande sœur ! Tout le monde sait que c'est SA Cabane. Continua Alicia avec une lueur amusée dans les yeux
- Alors ça, c'est peut être l'excuse la plus pourrie que t'ai jamais trouvé, frangine... S'exclama Serena d'un ton légèrement déçu
- Surtout que tout le monde y est passé ! Même moi, j'y ai été et... je vous arrête tout de suite, je vous dirai pas avec qui ! Avertit Gabrielle devant les questions qui naissaient sur les lèvres des deux sœurs
- Donc la meuf veut tout savoir et rien payer... Marmonna Serena avant d'enfiler une robe noire du plus bel effet
- Bon ok, j'avoue tout ! Je craque sous la pression ! Fini par dire Alicia, qui au fond avait très envie d'en parler
- Aaaaah ben tu vois quand tu veux ! C'était bien ? Demanda Gabrielle avec curiosité
- Pas mal ouais...
- Juste pas mal ? S'étonna Serena en observant ses deux paires de chaussures avec intensité
- Tu veux le détail ? Ironisa Alicia
- Ben oui, je veux le détail ! S'exclama Gabrielle
- Ouais ben vous en parlerez plus tard ! Y'a des choses que je veux pas entendre ! Répondit Serena qui avait enfin fait son choix de chaussures
- T'es devenu prude en te tapant le grand frère ? S'étonna Gabrielle
- Pas spécialement, au contraire !
- Eh eh eh... Ricana Gabrielle, une pince à cheveux dans la bouche
- D'ailleurs en parlant de ça, je tiens à dire que je suis OUTRÉE que tu m'en ai par parler genre TOUT DE SUITE ! Accusa Alicia en regardant sa sœur galérer à enfiler sa seconde chaussure
- Alors déjà, c'est l'hôpital qui se fout de la charité, Ali... Et ensuite, t'aurais voulu quoi, que je t'envoie un message à la seconde où on avait fini ? Ironisa l'aînée
- Absolument ! T'avais mieux à faire peut être ?
- Ouais. Pioncer !
- Faut la comprendre, Ali. Le garçon l'avait complètement épuisée. On peut le comprendre, il avait des années de virginité à rattraper donc il a donné tout ce qu'il avait... Grinça Gabrielle d'un ton amusé
- Je sais pas si c'est ça mais en tout cas, j'ai pas à me plaindre, soit dit en passant. Répondit Serena en s'attaquant à sa propre coiffure
- Ça contredit ce que tu m'avais dit sur le fait que tout le monde est un peu nul la première fois alors... Commenta Alicia
- Ou pas. Ça peut peut être devenir encore meilleur ! Souligna Gabrielle
- Si c'est le cas, attendez vous à ce que je sorte plus jamais de mon pieu parce que...
- Ouais ben je veux pas spécialement de détails non plus à ce niveau là ! Avertit Alicia
- Oh, vous êtes devenu chiante ! Se plaignit Gabrielle
- Et du coup, sans donner de détails scabreux, vous êtes aussi allé visiter la Cabane ? Demanda Alicia, curieuse malgré tout
- Ouais. C'était ouf. Les deux fois !
- Les deux fois ! Mais je t'en supplie, explicite un peu plus ! Demanda Gabrielle
- Plus tard.
- Mais tu lui as quand même précisé que la Cabane, c'était un endroit symboliquement hyper important de ta relation amoureuse précédente ? S'inquiéta Alicia
- Bien sûr que je lui ai dit ! Et il a décidé qu'il s'en foutait !
- Il voulait marquer son territoire ! Effacer la présence de l'autre. Un truc très primal ! Devina Gabrielle
- Peut être mais encore une fois, c'était très bien... Éluda Serena avec un sourire un peu rêveur
- C'était mieux qu'avec Gale ? Demanda la blonde
- Oh ben oui ! Largement même...
- Faudrait lui dire, tiens. Ça lui fera les pieds ! Suggéra férocement Gabrielle
- Au fait, ça fait combien de temps que vous... Demanda Alicia
- Pas longtemps. Ça fait quelque chose comme 4/5 jours que...
- Ah ! Je croyais que tu me cachais des trucs depuis des semaines ! Ça me rassure, quelque part...
- D'ailleurs ça me fait penser. Faudra quand même qu'on ait une discussion quand on rentrera.
- Oh ? Un truc sérieux ? Demanda Alicia
- Plutôt oui. Mais je te dis, on en parlera ensemble... Répondit Serena
- Tu vas quand même pas proposer un truc à quatre ? Demanda Gabrielle, curieuse
Hein ? S'exclama l'aînée
- Mais ça va pas ? Réagis la cadette
- Ouais parce que vous êtes sœurs, ils sont frères, c'est dégueulasse... Commenta Gabrielle en s'attaquant bravement à son maquillage
Serena et Alicia lui jetèrent un regard pantois. Parfois, elles avaient du mal à comprendre comment fonctionnait l'esprit de leur amie.
- Comment ça, t'avais deviné ? Demanda Edward en posant l'appareil maléfique dont on lui avait affirmé qu'il servait à défroisser les chemises
- Ben oui. Ça m'a semblé évident. En tout cas, ça me semble évident depuis quelque chose comme 4 ou 5 jours. Je sais pas si il y a eu un truc avant mais... Répondit Alphonse en observant son frère d'un œil amusé
- Non, y'a rien eu avant. C'est fou, j'arrive pas à te cacher quoi que ce soit...
- Franchement, t'étais un livre ouvert
Edward soupira et tenta de reprendre son œuvre de défroissage sans se brûler à nouveau. Après quelques secondes, il demanda quand même :
- Non mais comment t'as deviné ?
- Ben déjà, t'étais hyper tendu à l'idée que je refasse ton lit.
- Tant que ça ?
- Je comprends, j'ai eu la même chose avec le mien après qu'Alicia et moi on ait... enfin tu vois.
- Et c'est tout ce qu'il t'a fallu pour comprendre ?
- Pas vraiment. T'avais un comportement bizarre aussi.
- Du genre ?
- Du genre très gêné pour des trucs sur lesquels tu l'étais pas avant. Et beaucoup moins sur des trucs dont tu refusais de parler. Genre quand j'ai sous entendu que j'avais passé la nuit avec Ali, tu t'es pas mis à gueuler en me demandant de respecter la pudeur ou un truc comme ça. Comme si, d'un coup, t'avais plus de complexes à ce propos.
- Et ben. Quelle subtilité frangin. T'as trop regardé cette série là, Sherlock Ironisa Ed
- Oh et puis, il y avait de longs cheveux bruns sur l'oreiller et t'avais des griffures dans le dos... Termina Alphonse avec un sourire
- Oh... Effectivement... Euh...
Alphonse termina de se marrer devant la gêne de son grand frère.
Les filles sortaient de leur chambre en continuant tranquillement leur discussion quand Edward passa une tête en dehors de la sienne et les héla. Avant qu'une des deux sœurs ne puisse répondre, Gabrielle commenta :
- Je vois ce que tu voulais dire quand tu parlais de son torse Réna...
- Hey ! Réagirent Ed et Serena en choeur
- C'est bon, c'est bon, c'est bon... Rit Gabrielle en levant les mains
- T'as besoin de quelque chose, Ed ? Demanda gentiment Alicia
- Je voudrais demander un service à Serena... Répondit ce dernier
- Quel genre de service ? Demanda la jeune femme
- Franchement, on est d'enterrement dans une demi-heure, refrénez vous ! S'exclama Gabrielle
- Ça n'a rien à voir mais j'ai quand même besoin de la voir en privé. Répondit Edward
- Besoin ? Je sais que t'as des années à rattraper, mais de là à parler de besoin, Continua la blonde
- J'avais jamais capté à quel point t'étais chiante toi...
- J'arrive... On se capte tout à l'heure, Dit alors Serena en se dirigeant vers la chambre
Elle y entra et constata qu'elle était vide et en bordel. Elle demanda :
- Alphonse est pas là ?
- Il est dans la salle de bain, il essaie de se coiffer. Tu sais que tu ressembles à une veuve noire ? Demanda Edward en la regardant attentivement
Il était perturbé de la voir vêtue autrement qu'en jeans et encore davantage par le fait qu'elle s'était maquillée pour de vrai.
- C'est un enterrement, pas une soirée dans un bar... T'avais besoin de quelque chose ? Répondit Serena, vaguement amusée
- Ouais. Tu saurais me défroisser ça ? Demanda-t-il en lui mettant sa chemise sous le nez
- Merde, on en est déjà là dans notre relation ? Tu me demandes de repasser tes chemises ? Grimaça Serena
- Très honnêtement, j'ai essayé d'utiliser le triangle chaud là et c'est l'enfer ce truc, j'y arrive pas !
- Et qu'est ce qui te fait dire que je serai naturellement plus douée que toi pour faire ce genre de chose ?
- T'arrives à faire une valise en 45 secondes donc je me suis dit que t'étais sans doute capable de rendre ce truc portable ! Répondit Edward
- Oh... Oh ! Je vois. Mais on utilise pas la noétique pour des futilités ! Répondit Serena en masquant difficilement son sourire
- C'est soit ça, soit je vais à la cérémonie torse nu et il y a un risque pour que ta pote explose si je le fais.
- C'est pas faux... Bon, fait voir ça.
Elle fronça les sourcils et quelques secondes plus tard, la chemise se défroissait toute seule et paraissait comme neuve. Elle sourit de satisfaction et Edward lui dit :
- Quelle puissance ! Je suis impressionné
- Oh, ta gueule...
Il l'embrassa pour masquer son rire et Alphonse entra dans la chambre à ce moment. Constatant son frère à demi nu embrassant sa très jolie compagne, il dit à son tour :
- Hey, vous pouvez pas faire ça plus tard ?
- Non mais c'est incroyable, vous avez tous l'esprit mal placé ! Se défendit Edward
- Grave. Confirma Serena
Au fond du bois d'Eden School, une petite foule commençait à prendre place. On avait installé plusieurs rangs de chaises, qui faisaient face à une petite plateforme et à une petite fosse. Les deux couples et Gabrielle s'arrêtèrent devant le dernier rang, comme saisis brusquement par l'atmosphère solennelle. Serena demanda où il fallait s'assoir et ce fut la voix de Galen, arrivant derrière eux, qui lui répondit :
- Lio et Maël ont proposé que ceux qui allaient participer à l'éloge devraient s'asseoir au premier rang.
Il avait revêtu un uniforme de cérémonie du plus bel effet. Il avait de grosses cernes et ses mains, pourtant cachées dans ses poches, avaient l'air d'être serrée en poing.
- T'as réussi à écrire quelque chose Gab ?
- Oui, j'ai réussi... Marmonna la jeune femme
- Ça va aller ? Lui demanda alors le militaire
Elle fut déstabilisée par le ton sincère du jeune homme et l'inquiétude dans ses yeux. D'un ton plus doux, elle lui dit :
- Oui, je vais le faire. Je lui dois bien ça... Merci de t'en inquiéter, vieux frère...
- Je suis désolé, Gab... J'ai été odieux
- Oui, mais c'est pas grave. On fait des trucs cons quand on est en deuil.
Elle sourit tendrement à Serena, qui lui rendit son sourire avant d'attraper la main d'Edward. Gale remarqua ce geste et fronça les sourcils. Il dit :
- On devrait aller s'asseoir...
- Vous voulez qu'on aille se mettre plus loin ? Demanda Alphonse d'une voix douce
Alicia se tourna vers lui, les yeux écarquillés et articula lentement :
- Je t'interdis de t'éloigner de moi...
Sa grande sœur sembla confirmer la position de sa sœur en serrant plus fort la main d'Edward. Tout le monde alla donc sagement s'asseoir au premier rang. Fixant la fosse du regard, Alicia se tourna vers sa sœur et lui dit :
- T'as pas intérêt à me faire un coup comme ça et à mourir jeune.
- Je t'ai déjà dit, je t'abandonnerai plus jamais, lui répondit-elle dans un souffle
- Promis ?
- Promis
Alicia garda le silence quelques secondes encore avant de murmurer, comme pour elle même.
- Je voudrais un bonhomme de neige...
Serena lâcha alors la main d'Edward pour enlacer sa petite sœur, comprenant le code qu'elle venait de prononcer. Elles ne lâchèrent pas de tout le temps que dura la cérémonie. Serena monta la dernière sur la plateforme. Elle prit une grande inspiration et commença son hommage :
- Si je dois mettre des mots sur ce que je ressens depuis ces derniers jours quand je pense à Laurie... c'est un profond sentiment d'injustice. C'est pas juste. Laurie aurait pas dûe disparaître aussi tôt. C'est pas juste.
Elle soupira et continua son discours :
- Elle a toujours été sûre de ce qu'elle voulait faire. Sa vocation, c'était de défendre les opprimés. Les enfants qui ressemblaient à celle qu'elle était en arrivant ici. Elle voulait défendre et servir. C'était pas juste un slogan pour elle. C'était un mantra et elle y croyait de toutes ses forces. Personne n'aurait pu accomplir cette mission mieux que Laurie. Elle était le genre d'héroïne qu'on vient chercher dans les films, en espérant qu'elle accepte la mission parce que sans elle, on sait bien qu'on a aucune chance. La lutte contre la violence faites aux femmes et aux enfants, c'était son champ de bataille et puis...
Serena sentait ses yeux qui commençaient à brûler. Elle cligna plusieurs fois et reprit son discours d'une voix un peu moins assurée :
- Et puis voilà, on a reçu une mauvaise nouvelle du champ de bataille. De savoir qu'elle allait être inscrite sur la liste de ceux tombés au combat n'aurait sans doute pas fait flancher Laurie. Elle n'aurait pas fait demi tour, elle y serait allée quand même. Mandatée de justice, voilà ce qu'elle était. Elle était d'accord pour mourir en la servant. La Justice. La Liberté. C'est fou, de mourir pour ça. Pour une idée. C'est beau mais c'est fou. Mais je maintiens que c'est pas juste. On devrait pas... on devrait pas être séparé pour toujours de ceux qu'on aime. Pas aussi tôt. Pas comme ça. C'est pas juste.
Sa voix s'éteignit doucement et elle descendit de l'estrade comme un robot sous les applaudissements de l'assistance. Ses yeux brûlaient toujours mais restaient obstinément secs. Edward, qui l'avait regardé intensément, lui prit la main. Il se sentait complètement démuni face à la douleur de Serena. Elle lui murmura :
- C'est pareil pour toi. Je t'interdis de t'éloigner de moi...
- J'en avais pas l'intention... Répondit le jeune homme
Quelques jours plus tard, Serena rassembla tout le monde dans la suite 201 et les aligna sagement sur le canapé. Elle prit une grande respiration et dit :
- Le soir où on a appris que Laurie est morte, j'ai fait une proposition à Ed...
- Ben on avait compris… Ricana Alicia
- Non mais avant de… Avant quoi.
- C'est sérieux, va falloir écouter, les mioches, Prévint Edward l'air sérieux comme jamais.
Il regardait Serena intensément. Il y avait bien réfléchi et pendant des jours, il ne s'était toujours pas senti capable de prendre une décision concernant l'ouverture de la Porte et leur retour chez eux. Peu importe la décision, il aurait à faire un sacrifice qu'il ne se sentait pas prêt à accomplir. Raison pour laquelle il avait eu une idée mais il attendait de voir la réaction de son frère et d'Alicia avant de la proposer.
- En discutant avec Ed, j'ai pu me rendre compte de l'injustice de votre situation. Vous êtes dans un monde qui n'est pas le vôtre. On connait pas vos possibilités à long terme. Encore plus au vu de la manière dont les choses sont en train d'évoluer. Et puis, il vous reste des gens que vous aimez de l'autre côté de la Porte, des gens qui vont bien, qui sont en vie… Et vous ne pourriez jamais les revoir ? C'est pas juste
- Qu'est ce que tu proposes ? Demanda Alphonse, après un instant de silence où les visages de ceux qu'ils avaient laissés s'étaient imposés à lui
- D'ouvrir la Porte. Si on peut passer d'un côté, on peut passer de l'autre… Dit Serena, doucement
Alicia eut alors un gémissement presque douloureux en entendant ces mots et elle jeta un regard blessé à sa grande sœur, qui se le prit de plein fouet. Alphonse murmura alors, à voix basse :
- Vous voulez qu'on parte ?
- Non. Je veux pas que vous partiez. Je veux que vous ayez le choix de partir si vous le souhaitez, de pouvoir rentrer chez vous. Précisa Serena
Elle regarda sa sœur et lui demanda :
- Qu'est ce que t'en penses ?
- Moi, je veux pas qu'ils partent… Mais c'est égoïste. On doit regarder les choses en face, c'est pas un bon deal qu'on leur a imposé. Quitter un monde pour lequel vous avez combattu pour qu'il devienne meilleur pour un monde en train de pourrir doucement… Finit par dire Alicia, sans pouvoir masquer la tristesse de sa voix
- Il y a des choses que j'aime ici… Murmura Alphonse en la regardant
- Comme quoi ? Demanda la jeune fille
- Comme toi…
- Oh, Al… Je sais pas si c'est suffisant… Dit Alicia
Ils avaient tous les deux les larmes aux yeux en se regardant. Serena se taisait, un peu torturée par l'idée d'avoir fait de la peine à sa petite sœur. Et puis, si elle était toujours persuadée que son idée était bonne sur le plan strictement intellectuel, son cœur et ses tripes protestaient avec force. Constatant le dilemme moral qu'il lisait dans les yeux de la jeune femme et la peine des deux cadets, Edward se sentit suffisamment sûr de son idée pour clamer :
- Franchement, je trouve que vous en faites beaucoup trop...
- Ed ! Dit Serena d'un air de reproche, tandis que les deux cadets le regardaient d'un air surpris et légèrement outré
- Quoi, c'est vrai ! On vous demande pas de prendre une décision de suite. C'est juste une idée. On a aucune idée de comment on va pouvoir ouvrir cette Porte, ni même si c'est possible. Il est pas question de faire ses valises maintenant. Et puis… le temps qu'on y arrive, il y a pas mal de choses qui peuvent changer !
Il regarda Serena et dit :
- Rien que depuis que tu as fait cette proposition, il y a pas mal de choses qui ont évolué non ? Et ça fait qu'une semaine…
- C'est pas faux… Répondit Serena.
Bien sûr qu'il y avait encore du temps à passer ensemble avant un éventuel départ des frères. Ce qui était limite pire, quand Serena y réfléchissait. Ça ne faisait qu'une semaine et elle se sentait déjà bien empêtrée dans ses sentiments pour lui. L'idée qu'il parte était la promesse de souffrance mais c'était le plan depuis le début. Non ? Edward continua, toujours aussi sérieux :
- Imaginons qu'on arrive à ouvrir la Porte dans les 6 mois. On se sera peut être gravement pris la tête tous les 4 et vous serez peut être ravies de nous voir dégager.
- C'est cool, t'es un garçon optimiste… Marmonna Serena
- Imaginons qu'on arrive à ouvrir la Porte dans 2 ans et que ce Monde soit en guerre. On aura toujours envie de partir. Mais cette fois, on vous emmène. Avec nous. De l'Autre Côté.
Un silence suivit cette affirmation. Edward avait les mains enfoncées dans ses poches et toujours un air si sérieux sur le visage. Il regardait Serena avec dans les yeux une intensité remarquable. La jeune fille fut sans voix. Alicia dit :
- Vous voudriez qu'on vienne avec vous ? Demanda alors Alicia, incrédule
- Pourquoi pas ? Demanda Edward
- Ça serait égoïste de vous demander de quitter Votre Monde pour venir avec nous dans le Nôtre mais… Ed a raison. Ça pourrait vous permettre d'échapper à la guerre ou à la violence… Et on resterait ensemble… Dit alors Alphonse en saisissant Alicia par la main
Alicia regarda alors sa soeur et lui dit :
- Ça serait quitter notre maison…
Serena regarda alors la chambre qui était son foyer depuis des mois. Elle repensa au fait qu'elle ne se sentait chez elle nulle part depuis son enfance, si on exceptait Eden School, où elle ne pouvait revenir que ponctuellement. Elle dit alors à sa sœur, d'un ton très sérieux :
- Ma maison c'est toi. Où tu iras, je serai chez moi
Alicia eut un sourire d'affection pour sa soeur, qui le lui rendit. Edward ajouta autre chose :
- Enfin imaginons qu'on arrive à ouvrir la Porte dans 5 ans. Mais que ce Monde là soit en paix. Qu'on se soit battit une vie qui nous plaise et qu'on soit heureux. On reste. C'est tout.
