Disclaimer : L'univers de Kuroko no Basket que vous reconnaitrez aisément appartient à Fujimaki Tadatoshi. L'auteur me le prête très aimablement pour que je m'amuse avec et je ne retire aucun profit de quelque nature que ce soit de son utilisation si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue.
Note de l'auteur : Je veux remercier du fond du cœur ma béta-lectrice, Futae qui s'est servie de son "Eagle Eye" (fallait que j'la case celle-là !) pour corriger cette histoire et me conseiller. C'est grâce à son enthousiasme, ses encouragements et son sens de l'analyse et de la critique sans détour, que cette histoire a pu voir le jour.
Note importante : j'avais décidé de retirer toutes mes histoires de ce site suite à ce que je pense être un piratage. Je me suis laissée convaincre de les remettre, mais malheureusement ce site fonctionne tellement mal que je n'ai pas pu toutes les récupérer. J'ai donc décidé de les reposter. Si vous les lisez et qu'elles vous plaisent, n'hésitez pas à le dire, ça me fera plaisir et ça me remontera le moral même si les commentaires ne seront pas les mêmes qu'à l'origine.
Bonne lecture.
Shadow : une nouvelle fois, merci pour ton commentaire. Et que tu prennes le temps de relire cette histoire et de laisser une review me fait vraiment très plaisir. C'est joli ce que tu dis "comme une vieille chanson dont on a oublié les paroles mais reste bloquée dans la mémoire" Ce texte t'a vraiment marqué et plu et j'en suis très heureuse. Je sais que tu connais la suite, mais j'espère que tu continueras à prendre du plaisir à la relire. La voici, bonne lecture.
Le roman de notre histoire
Chapitre 4
Assis à son bureau de la brigade financière, l'inspecteur Otsubo venait de mettre un point final à son rapport. Une affaire de détournement de fonds dans une société de travaux publics. Le chef comptable avait utilisé l'argent de l'intéressement du personnel pour son propre usage. Le montage était plutôt bien fait, mais quand les employés s'aperçurent qu'ils ne recevaient pas les montants qu'ils attendaient, ils ont commencé à se poser des questions. La direction demanda un audit interne et l'escroquerie fut découverte. L'homme fut immédiatement licencié bien sûr et les responsables proposèrent de dédommager les salariés, mais le les sommes étaient loin du manque à gagner qu'ils avaient subi.
Devant le refus des dirigeants de faire un effort, ils déposèrent une plainte et la brigade financière s'occupa de l'enquête. Tous les éléments venaient d'être adressés au tribunal qui allait maintenant statuer sur cette affaire.
— Kasamatsu ? T'as fini ton rapport ? demanda l'inspecteur à son subordonné qui était assis à l'autre bureau de la pièce.
— Terminé et envoyé. Avec ça le juge devrait rendre son verdict rapidement.
— Espérons-le. Les preuves sont irréfutables. C'était un cas assez simple. T'as fait du bon travail.
— Merci. Je suis curieux de voir quelle sera la stratégie de la défense, sourit le lieutenant en s'asseyant sur le coin du bureau de son chef.
— Je pense qu'ils plaideront non coupables. Ils diront que pour pas mettre en danger la trésorerie, ils ne pouvaient offrir plus aux salariés.
— Si c'est vrai et que l'entreprise se retrouve en difficulté, il pourrait y avoir des licenciements, non ?
— Ils devront alors fournir la preuve que c'est la seule solution pour la pérennité de la société. De toute façon, c'est plus notre problème. C'est aux avocats de faire leur travail.
— J't'offre un verre ?
— Pourquoi pas ? C'est l'heure de fermer boutique. Allons-y.
Les deux policiers prirent leurs affaires et quittèrent le bâtiment. Non loin de là, il y avait un bar très agréable que fréquentaient la plupart des enquêteurs de la brigade financière. Ils ne travaillaient pas avec des armes – bien qu'ils en aient une ainsi qu'une paire de menottes –, des casques ou des boucliers, mais ce qu'ils faisaient été tout aussi important. Ils jonglaient avec des chiffres, des relevés de compte bancaires, des montages délictueux avec des sociétés fictives et pour parvenir à les faire parler, ils avaient tous reçu une formation en comptabilité avec des experts. Et régulièrement ils avaient des remises à niveau parce que, c'était bien connu que l'argent donnait une inventivité débordante à ceux qui se décidaient à franchir la ligne rouge entre l'honnêteté et la fraude. Et cette ligne rouge était si ténue que certains ne la voyaient même pas… Otsubo et Kasamatsu, confortablement installés devant leur verre, étaient loin d'imaginer qu'une nouvelle affaire aller leur tomber dessus.
Le lendemain, ils arrivèrent presque en même temps vers huit heures. Après avoir chacun pris un thé au distributeur, ils s'assirent à leur bureau respectif et allumèrent leur ordinateur. Les employés du tri des courriels avaient commencé à travailler à six heures et depuis les préposés à cette tâche sélectionnaient les mails importants de ceux qui l'étaient moins, classaient les vrais et les faux, et les répartissaient vers les différents services. Ce fut ainsi qu'Otsubo et Kasamatsu reçurent le message d'une personne qui souhaitait les voir pour leur parler de vive voix.
— T'en dis quoi ? demanda Kasamatsu en terminant son thé presque froid.
— Je sais pas… Il donne aucune raison, aucune petite information pour qu'on s'intéresse à son cas…
— C'est pour ça que j'pense qu'on devrait accepter d'le rencontrer.
— Une intuition ?
— Mouais… J'vais lui répondre en lui envoyant mon numéro de portable. On verra bien s'il appelle.
— J'te laisse gérer. Tu as un bon instinct.
— Merci, sourit Kasamatsu. Voilà ! On a plus qu'à attendre.
— On a d'autres affaires en cours. On en est où avec Seto Kentaro (1) ?
— L'arnaque informatique aux moyens de paiements ne fait plus aucun doute. J'pense que…
Kasamatsu fut interrompu par la sonnerie de son téléphone. L'écran affichait que le numéro était inconnu. Il décrocha.
— Lieutenant Kasamatsu, brigade financière.
— Je suis Furihata Koki. J'vous ai envoyé un mail pour vous rencontrer.
— Oui, nous l'avons reçu. Est-ce que vous pouvez m'en dire un peu plus sur les raisons qui vous ont poussées à nous contacter ? demanda-t-il en faisant signe à Otsubo de lui passer un stylo pendant qu'il prenant une feuille dans l'imprimante.
— Je préfère vous parler directement. J'vous donne mon adresse. Je suis chez moi, vous pouvez venir quand ça vous arrange. J'ai aussi des documents à vous montrer.
— Ne quitter pas un instant, j'vois ça avec mon supérieur… Il dit qu'il a des informations, mais il veut rien dire au téléphone. À sa voix, j'ai l'impression qu'il a peur, relaya le lieutenant à Otsubo.
— On va passer.
— Allo ?
— Oui?
— Nous allons venir. Le temps d'arriver chez vous.
— Très bien. Je vous attends.
— Furihata Koki ? Ce nom me dit quelque chose, fit Otsubo en fronçant les sourcils pour réfléchir.
— C'est le même nom qu'un auteur de polars et de thrillers plutôt réputé, mais c'est peut-être un homonyme.
Les deux policiers quittèrent leur bureau. Il leur fallut presque une heure pour se rendre à l'adresse qu'ils avaient reçue. Ils étaient au pied d'une tour d'une trentaine d'étages d'aspect moderne avec des balcons et des terrasses à chaque fenêtre. Otsubo trouva assez facilement une place pour se garer et ils marchèrent jusqu'à l'entrée de l'immeuble. Kasamatsu repéra rapidement le nom sur l'interphone et sonna.
— Oui?
— Je suis Kasamatsu, on s'est parlé un peu plus tôt au téléphone, répondit le lieutenant, soucieux de ne pas en dire trop en pleine rue.
Un petit "clic" se fit entendre et la porte s'ouvrit. Les deux hommes se dirigèrent vers les ascenseurs et montèrent au vingt-troisième étage. Sur le palier, ils cherchèrent le nom au-dessus des sonnettes.
— C'est là, fit Otsubo en appuyant sur le bouton.
— C'est pourquoi ? s'enquit une voix à l'intérieur.
— Je suis le lieutenant Kasamatsu.
— Pouvez-vous me montrer votre insigne ?
— Bien sûr.
Les deux policiers se plièrent à la demande et la porte s'ouvrit enfin. Un homme dans la trentaine les fit entrer et referma rapidement derrière eux.
— J'vous en prie, le salon est à gauche.
Otsubo et Kasamatsu le précédèrent et il les invita à s'asseoir sur le canapé. L'intérieur était élégant, décoré à l'occidentale, plutôt sobre, et les murs étaient tapissés de livres. La pièce ressemblait à une bibliothèque universitaire.
— J'peux vous offrir un thé ou un café ? proposa Furihata.
— Un thé, merci, accepta Otsubo.
— Moi également.
Pendant que le maître des lieux s'affairait dans la cuisine, Kasamatsu se leva et regarda les rayonnages. Les ouvrages présents couvraient de nombreux genres. Fantastique, Polar, Science-Fiction, Historique, Thriller et d'auteurs comme Stephen King, Gibson, Grisham, Agatha Christie, Tolkien, Mori, Herbert et bien d'autres.
— Chef, c'est bien l'écrivain dont on parlait. J'ai lu tous ces livres et ils sont là.
— J'les ai lus aussi. J'avoue qu'ils sont très réalistes.
— J'prends ça comme un compliment, déclara Furihata en posant un plateau avec des tasses fumantes sur la table basse.
— Comment réussissez-vous à obtenir autant de détails sur les méthodes de la police ? demanda l'inspecteur.
— J'ai un ami qui travaille à la scientifique de Fukuoka. Nous nous connaissons depuis le lycée. C'est mon premier lecteur. J'lui envoie toujours mon manuscrit pour qu'il me dise si j'ai pas raconté de bêtise, expliqua Furihata avec un petit sourire en leur donnant leur boisson.
— Il n'est pas censé vous faire ce genre de confidence, tiqua Otsubo
— Il ne parle jamais d'affaire en cours. Il me dit juste si les méthodes utilisées par mes personnages policiers et criminels sont crédibles. J'ai vu assez d'séries et lu de livres pour m'aider dans mes histoires. J'lui demande rien qui n'soit déjà connu du grand public.
— Si vous nous expliquiez pourquoi vous nous avez contactés ? fit Kasamatsu en buvant une gorgée de thé.
— C'est très simple… Je suis presque certain que la maison d'édition avec qui je travaille ne me verse pas la totalité de mes droits d'auteur…
— Qu'est-ce qui vous fait croire ça ? poursuivit le lieutenant.
— J'ai reçu trois mails qui, je pense, ne m'étaient pas destinés… J'les ai imprimés… Les voici…
Il donna les feuillets à Otsubo qui les tendit à son subordonné après les avoir lus. Effectivement, leur contenu avait de quoi mettre la puce à l'oreille.
— Je sais bien que pour vous ce n'est peut-être pas très important, mais je suis certain de ne pas être le seul écrivain dans ce cas…
— Non, non, protesta Kasamatsu. S'il y a une malversation financière et qu'il y a des victimes, ça nous regarde, le rassura le lieutenant… Avez-vous d'autres éléments qui pourraient appuyer ce qui est dit dans ces mails ?
— Depuis presque six mois, les ventes de mes livres ont chuté drastiquement… Il peut y avoir un désintérêt de la part des lecteurs, mais jamais de manière aussi brutale…
— Que voulez-vous dire ?
— Lorsqu'une œuvre perd en notoriété, les ventes diminuent progressivement… À la librairie de Shinjuku, le responsable m'a assuré en avoir vendu encore six, mais les exemplaires ne ressortent pas dans mon espace personnel sur le site de mon éditeur…
— Vous pensez qu'il a falsifié les chiffres ? s'enquit à nouveau le lieutenant.
— Si les ventes étaient apparues, on m'aurait versé mes droits d'auteurs automatiquement et on les verrait sur mon compte bancaire… Ce qui n'est pas le cas…
— Ce mail dit "J'ai presque fini de m'occuper des quinze premiers. Il ne restera que le top cinq". Qu'est-ce que ça peut vouloir dire ? demanda Otsubo, de plus en plus intrigué.
— Il s'agit du classement des auteurs par exemplaires vendus en une semaine… Jusqu'à présent j'étais dans les quinze premiers… Le top cinq regroupe les écrivains qui vendent plus de cinq cents livres par semaine toutes plateformes de vente confondues en international…
— Et la même chose risque de leur arriver…
— C'est exact… J'sais pas c'qu'ils font d'l'argent qu'ils versent pas, mais ça m'a pas l'air très honnête…
— Dans l'autre message, il est écrit "On arrête les réimpressions et on écoule les stocks". Là aussi qu'est-ce que ça signifie ? questionna Kasamatsu.
— Un ouvrage est édité à un certain nombre d'exemplaires… Au-dessous d'un seuil établi, il faut le réimprimer pour faire face à la demande… Si c'est pas fait, les librairies se retrouvent en rupture et il n'y a plus de ventes… La maison d'édition réduit ses frais au maximum, mais pour l'auteur, c'est une perte sèche… Plus de revenu…
— Le dernier message dit "Pour le top cinq, il faudra modifier les bases de données des points de vente". Qu'en pensez-vous ?
— J'avoue que… je sais pas trop… Peut-être qu'ils prendront plus leur temps pour faire chuter les ventes… Pour la base de données, je ne sais pas…
— Dommage qu'on ne puisse pas voir les autres adresses, soupira Otsubo en se frottant le menton.
— Certainement parce que c'est en copie carbone invisible, expliqua Furihata.
— Avez-vous une idée de comment vous vous êtes retrouvé destinataire de ces mails ?
— Pas la moindre… Mais je suis certain qu'c'est une erreur et j'ai peur de ce qu'il pourrait se passer s'ils s'en aperçoivent…
— Connaissez-vous d'autres auteurs de cette maison ? poursuivit Kasamatsu, en mettant dans un coin de son esprit cette dernière phrase.
L'écrivain avait peur de quelque chose de toute évidence. Il était nerveux et sur son visage aux traits tirés, on lisait l'inquiétude et peut-être même, la crainte.
— Un seul… Il est dans le top cinq… C'est un gars très sympa… Je crois que c'est c'qui m'a poussé à vous contacter…
— Vous lui en avez parlé ?
— Non… J'étais sûr de rien… Pensez-vous qu'je doive le faire ?
— Comment s'appelle-t-il ?
— Mori Tora… Mais son vrai nom c'est Kagami Taiga… J'ai son numéro de téléphone et son adresse si vous voulez le joindre…
— Oui, merci. Monsieur Furihata, j'ai l'impression que… que vous avez peur de quelque chose, finit par dire Kasamatsu qui sentait son intuition se confirmer de plus en plus.
— C'est pas faux, hésita l'écrivain. Le PDG de Rakuzan est quelqu'un de plutôt… intimidant…
— Qu'entendez-vous par là ?
— Il a une personnalité assez déconcertante… Lorsqu'il parle, tout le monde obéit comme si les gens qui le côtoient ne pouvaient rien faire d'autre… Il est très calme, mais le ton de sa voix laisse parfois sous-entendre une menace… C'est très déstabilisant… Il a beaucoup de relations et qui sait de quoi il pourrait être capable… C'est un personnage effrayant…
— Il s'occupe des éditions ? demanda Otsubo à son tour.
— Il gère le groupe bien sûr avec une armée de collaborateurs et son Vice-Président, mais comme il adore la littérature, il s'occupe des éditions lui-même…
— Vous vous sentez menacé ? s'enquit encore le lieutenant, suivant toujours son instinct.
— Pour être honnête, j'sais pas… J'ignore s'ils ont découvert qu'ils m'avaient envoyé ces mails… Je suis prudent, je sors presque plus de chez moi sauf si je suis accompagné…
— C'est très bien, continuez comme ça, déclara Otsubo. Voilà c'que nous allons faire… Nous allons joindre ce Kagami Taiga et voir s'il s'est aperçu de quelque chose en c'qui le concerne… Vous avez le numéro de mon collègue, j'vous donne également le mien… Si vous découvrez autre chose ou si vous vous sentez en danger, n'hésitez pas à nous appeler de jour comme de nuit… D'accord ?
— Très bien… Merci beaucoup… J'avais peur que cette histoire ne vous paraisse pas assez importante, je suis rassuré…
— Dès qu'il s'agit d'argent, nous sommes concernés… Même si ce ne sont de que vagues soupçons… Une enquête de base permettra de l'déterminer… Une dernière chose… Avez-vous une liste des librairies où vos livres sont en vente ? Et pouvons-nous aussi avoir une copie de ces mails ?
— Oui, oui, bien sûr… J'vous édite tout ça…
— Qu'en penses-tu ? demanda Otsubo à son collègue quand qu'ils furent seuls.
— Une maison d'édition ? Une première pour moi…
— Pour moi aussi…
— Voilà… tout est là, fit Furihata en leur tendant quatre feuilles.
— Merci beaucoup… Nous allons vous laisser… Il faut que nous en référions à notre supérieur et nous vous tiendrons informés… Soyez prudent et appelez-nous à toute heure si quelque chose ne va pas…
— C'est moi qui vous r'mercie pour le temps qu'vous m'avez accordé, sourit l'écrivain qui se sentait à la fois rassuré et anxieux.
Furihata ferma sa porte à triple tour et ne put s'empêcher de frissonner. Maintenant qu'il avait accompli cette démarche, il doutait d'avoir fait le bon choix. Il n'était pas aussi courageux que certains personnages de ses romans. Pourtant, il aurait bien voulu être capable de tenir tête à Akashi comme le faisait Kagami. Pour avoir parfois entendu certaines de leurs conversations houleuses à travers la porte du bureau du jeune PDG – alors qu'il attendait lui-même son rendez-vous –, il savait que son ami ne s'en laissait pas compter et qu'il ne se pliait pas aux "ordres" du patron de Rakuzan. Pas comme lui qui se mettait à trembler dès qu'il apercevait sa silhouette. Il soupira et tenta de se convaincre qu'il avait fait ce qu'il fallait tout en téléphonant à Kagami.
Une fois dans leur voiture, les deux policiers restèrent un moment silencieux. Pour l'instant, ils ne voyaient qu'une banale arnaque aux droits d'auteurs. Mais ce n'était pas toujours si simple lorsqu'il s'agissait d'une grosse entreprise. Et là, en l'occurrence, Rakuzan n'était pas qu'une maison d'édition. Il y avait un groupe commercial énorme derrière aux activités multiples. Une des cinquante plus importantes firmes du Japon.
— Ton avis ? demanda finalement Otsubo.
— Ça pue… Rakuzan, rien que ça ! s'exclama-t-il en tournant son regard bleu roi vers son chef.
— Ton intuition était bonne… Pour l'instant, faut en parler à Mabo (2).
Mabo était le surnom affectueux dont les policiers de la brigade financière avaient affublé le commissaire Nakatani Masaaki, le grand patron. C'est lui qui donnait le feu vert à ses enquêteurs pour travailler sur une affaire en priorité plutôt que sur une autre. Le capitaine avait écouté ses deux inspecteurs lui présenter les faits qu'ils avaient recueillis dans la matinée. Il avait posé quelques questions pour avoir des précisions, mais les réponses étaient encore trop vagues, voire inconnues. Mais le fait que Rakuzan paraissait bel et bien impliquée changeait quelque peu la donne. Il autorisa donc une procédure de début d'enquête classique, c'est-à-dire rassembler les informations de base. C'est ainsi qu'après avoir rapidement mangé un morceau, les deux policiers se rendirent chez Kagami.
Il faisait de plus en plus chaud. Le mois de juillet semblait vouloir battre des records de chaleur. C'était surtout l'humidité qui était dérangeante. Tout paraissait moite. Kagami s'était installé sur le canapé de l'engawa et regardait parfois son jardinier qui travaillait. Le vieux Takeda avait des gestes lents et précis pour tailler les arbustes et les fleurs. L'écrivain se leva et alla préparer une citronnade. C'était encore ce qu'il y avait de plus rafraîchissant.
— Monsieur Takeda, venez boire… Ça vous f'ra du bien…
— Ah… je veux bien, sourit le vieil homme en rejoignant son employeur d'un pas lent.
— J'adore c'que vous avez fait de ce jardin, le complimenta Kagami.
— C'est gentil… J'ai de bons matériaux à travailler… La terre est riche et les plantes poussent bien…
— C'est une bonne chose…
— Une très bonne chose… J'économise sur l'engrais…
— Vous savez bien qu'il n'est pas question d'économie… C'est vous-même qui m'avez dit qu'il vaut mieux laisser la nature travailler toute seule…
— C'est juste, sourit le vieil homme, et ne l'aider que lorsque c'est vraiment nécessaire… J'ai presque terminé pour aujourd'hui… Merci pour la citronnade…
Le jardinier s'occupa encore une vingtaine de minutes puis alla ranger ses outils dans la remise. Il fit un signe de main à son employeur en ressortant et rentra chez lui. Kagami observa l'endroit pendant un moment, ravi de ce qu'il devenait. Hormis le cerisier aux fleurs d'un rose pastel au printemps, il y avait bien sûr le Ginkgo Biloba et surtout l'érable. À l'automne, ces deux-là donneraient une magnifique combinaison d'or et de rouge cardinal (3) rehaussée par les verts foncés des conifères taillés. Les massifs d'hortensias et de camélias rivalisaient de couleurs allant du blanc le plus pur au bleu indigo ou lavande en passant par diverses nuances de rose. Les fleurs de lotus qui décoraient le bassin piquetaient sa surface de taches blanches, roses ou violettes. Le carillon de l'entrée le sortit de sa contemplation.
— Bonjour, messieurs, dit-il en ouvrant la porte sur deux hommes en costumes.
— Inspecteur Otsubo et lieutenant Kasamatsu de la brigade financière. Pouvons-nous vous parler ?
Si Furihata ne l'avait pas appelé, Kagami aurait pu s'inquiéter, lui qui n'avait jamais fraudé. Mais là, il était très curieux de connaître les raisons de leur présence.
— Bien sûr, entrez.
Il les conduisit jusqu'au salon où ils s'installèrent. L'écrivain avait remarqué de quelle manière les deux policiers regardaient autour d'eux comme s'ils jaugeaient sa maison tel un huissier faisant une estimation des biens à saisir.
— J'peux vous offrir de la citronnade ?
— Avec plaisir, répondit Otsubo.
— Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? demanda Kagami en remplissant les verres de ses visiteurs.
— Vous n'avez relevé aucun problème dans le montant de vos droits d'auteur que vous verse votre éditeur ? interrogea Kasamatsu
— Un problème ? De quel genre ? s'enquit le maître des lieux qui ne comprenait pas le sens de la question, vu que son ami ne lui avait rien expliqué.
— Du genre qu'ils ne vous seraient pas payés dans leur totalité ? expliqua Otsubo.
— Quoi ? Vous plaisantez ?
— Pas du tout, répondit froidement l'inspecteur.
— J'ai pas encore regardé le récapitulatif hebdomadaire sur mon espace… J'ai des raisons de m'inquiéter ?
— C'est possible, reprit le lieutenant. Ça vous dérange pas d'y jeter un œil maintenant ?
— Non, pas du tout… Mais si vous pouviez me préciser c'qui s'passe, j'avoue que je suis un peu perdu…
— Un auteur de Rakuzan nous a contactés à ce sujet, dévoila brièvement Otsubo. C'est lui qui nous a donné votre adresse…
— Furihata m'a téléphoné, mais sans me dire quoi que ce soit… Si vous m'disiez c'qu'il vous a raconté, ce s'rait plus simple, non ?
Les deux policiers se regardèrent et l'inspecteur commença à relater l'entretien qu'ils avaient eu le matin même avec l'écrivain et lui montra les mails imprimés pendant que Kagami se connectait à son espace personnel sur le site de Rakuzan.
— Voilà, j'y suis…
— Vous ne constatez rien d'anormal ? questionna Otsubo qui regardait l'écran par-dessus l'épaule de l'écrivain.
— À première vue, j'dirais qu'non… Mon dernier roman s'est encore bien vendu ces deux dernières semaines et le précédent aussi même s'il commence à accuser une légère baisse…
— Comment expliquez-vous cette baisse ? demanda Kasamatsu penché par-dessus l'autre épaule.
— Les lecteurs intéressés ont acheté le livre à sa sortie en librairie et dans les semaines qui ont suivi… Par la suite, les ventes se stabilisent et diminuent à mesure que les acheteurs se font plus rares… Les ventes sur le web reflètent la même baisse, expliqua-t-il, corroborant ainsi ce que leur avait dit Furihata.
— Est-il possible qu'un livre ne soit plus du tout acheté même s'il est toujours à la vente ? interrogea encore Otsubo.
— Oui c'est possible, enfin je crois… Je s'rais incapable de vous en citer un…
— Peut-on voir les ventes par librairies ?
Kagami pianota sur le clavier et un nouveau tableau apparut à l'écran.
— Il semble y avoir eu une baisse à Shinjuku. Seulement dix-sept exemplaires de mon dernier livre vendu cette semaine…
— Je crois que vous devriez appeler pour vous faire confirmer ce chiffre, suggéra le lieutenant en se redressant.
Sans poser de question, Kagami prit son téléphone et appela la librairie. En raccrochant, il était livide.
— Alors ?
— D'après leur informatique, il y aurait eu vingt-neuf ventes…
Pris d'une soudaine inspiration, il ouvrit une nouvelle fenêtre et alla sur son compte bancaire. Dans la colonne crédit, une somme apparaissait et un rapide calcul lui confirma que les droits d'auteur qui lui avaient été versés correspondaient à la vente de dix-sept livres.
— J'crois qu'on levé un lièvre, grinça Kasamatsu.
— J'vais demander à toutes les librairies qui m'distribuent de m'envoyer un état des ventes de tous mes livres depuis les deux derniers mois et j'vous les ferai parvenir… J'les comparerai avec les chiffres de Rakuzan… Laissez-moi une carte avec votre mail.
— Bien, soupira Otsubo, j'crois qu'on a matière à entamer une enquête…
— Si j'peux vous aider, vous pouvez…, commença Kagami avant d'être interrompu par la sonnerie de son téléphone et en voyant qu'il s'agissait de la librairie de Shinjuku, il décrocha.
— Oui… ah… dix-sept ? D'accord… Non, ce n'est pas grave, ça arrive… Merci… Le gérant vient de m'dire qu'il s'était trompé en me disant qu'il avait vendu vingt-neuf livres… Sa base de données n'en indique que dix-sept…
— Sa base de données ? firent en chœur les deux policiers.
— Voilà c'que le mail voulait dire ! s'écria Kasamatsu. Et ils viennent de le faire à l'instant !
— Ils vont trafiquer les chiffres des ventes dans les librairies !
— Mais pour ça ils ont besoin d'un hacker, murmura Kagami comme pour lui-même.
— Pardon ? sursauta Otsubo.
— Pour modifier une base de données à laquelle vous n'avez pas accès, il faut pirater le système, leur expliqua l'écrivain. Seuls celui ou ceux qui l'ont créé ou qui travaillent dessus peuvent le faire puisqu'ils sont les seuls à connaître les codes d'accès… J'avais informatique en option à la fac, ajouta-t-il… devant l'air étonné des deux hommes.
— Arnaque aux droits d'auteur et piratage informatique… Magnifique ! soupira le lieutenant.
— Monsieur Kagami, j'vous suggère de n'parler à personne de tout ceci pour l'instant, lui conseilla l'inspecteur. Nous avons assez d'éléments pour commencer une enquête… Nous vous tiendrons informé… Et faites-nous parvenir ce récapitulatif aussi vite que possible, s'il vous plaît… Avant qu'ils n'aient le temps de pirater les chiffres… Et ne dites rien à votre éditeur…
— J'vais le faire de suite, j'ai beaucoup de librairies à contacter… Quant à Rakuzan, s'ils sont coupables, je me f'rai un plaisir de témoigner contre eux…
Il raccompagna les deux inspecteurs à l'entrée et retourna en courant dans son bureau. Il passa le reste de l'après-midi à contacter les points de vente et à envoyer des mails aux distributeurs en ligne de ses livres pour obtenir toutes les informations dont aurait besoin la brigade financière. La soirée était bien avancée lorsqu'il appela Furihata.
— Taiga… Comment vas-tu?
— Je suis en rogne ! J'ai rencontré les inspecteurs cet après-midi…
— J'espère que tu m'en veux pas d'leur avoir donné tes coordonnées…
— Jamais de la vie… T'as bien fait… Apparemment on m'arnaque à moi aussi !
— Ah… Je suis désolé…
— Ne le sois pas ! T'es mon héros ! Sans toi je ne m'en serais peut-être jamais aperçu… J'ai contacté tous mes points d'vente du Kanto pour qu'ils m'envoient un récapitulatif sur mes bouquins… Tu devrais faire la même chose… Demain je joindrai les autres… Ensuite il faudra comparer avec c'qui apparaît sur notre espace perso chez Rakuzan et tout donner aux inspecteurs…
— C'est c'que j'ai fait. Et j'ai eu de drôles de surprises… Ça doit faire un certain temps qu'ils ont commencé à modifier les chiffres…
— Koki ? Qu'est-ce qui s'passe ? demanda Kagami après un long silence de son interlocuteur.
— J'ai peur, Taiga…
— Peur ? De quoi ?
— D'Akashi. Qu'il s'aperçoive que j'ai reçu ces mails par erreur…
— Tu t'sens menacé ?
— Non, mais tu sais à quel point il m'impressionne… Va savoir c'qu'il pourrait faire s'il apprend qu'j'ai contacté les flics…
— Il te f'ra rien du tout… C'est pas dans son intérêt… Ce serait accorder du crédit à c'que t'as découvert… Et on est deux maintenant…
— Oui, c'est juste… Tu crois qu'on devrait avertir les autres auteurs du top cinq?
— Peut-être… Mais j'pense qu'on devrait plutôt attendre d'avoir plus de preuves pour les transmettre à la police… Attendons de recevoir les états de nos ventes pour comparer… On avisera après. D'accord ?
— D'accord… J'te laisse… Merci d'avoir appelé…
— C'est normal… Merci à toi surtout et à celui qui a fait cette erreur… Sans ça, on n'aurait rien découvert…
— Si, peut-être plus tard… Trop tard! Une fois qu'ils auraient modifié les bases de données, on n'aurait rien pu prouver…
— C'est clair… Appelle-moi si ça va pas, OK ? Attends…
— Quoi?
— Qu'est-ce qui t'as poussé à contacter la police ?
— J'en sais rien… J'en ai assez d'Akashi… Mais j'peux rien faire puisque j'ai reçu un acompte sur mon prochain livre… Peut-être que comme ça j'pourrai quitter Rakuzan sans trop de dégâts…
— Je vois… Moi aussi, j'veux partir… On tient peut-être là une occasion de le faire…
— Peut-être… Espérons… Bonne nuit, Taiga…
Il posa son téléphone sur le bureau et se laissa aller contre le dossier de son fauteuil en soupirant. Décidément, son nouveau roman ne bénéficiait pas de conditions idéales pour avancer. D'abord Akashi qui ne veut pas l'éditer et qui le tanne pour qu'il revienne à son genre habituel et maintenant, ça. Mais qu'est-ce que Rakuzan cherchait à faire ? Pourquoi prendre un tel risque ? À moins que la maison d'édition ne perde de l'argent… Non. Ils auraient trouvé un autre moyen pour faire des économies. C'est l'image de Rakuzan qui va en prendre un coup dans l'aile. Et pas que les éditions, le groupe tout entier !
Jade arriva, la démarche tranquille. Maintenant que les inconnus étaient partis, elle allait pouvoir récupérer son humain. Elle sauta sur le bureau et grimpa sur son épaule où elle s'installa comme à son habitude. Son ronronnement finit par calmer l'écrivain. La ronron-thérapie, c'était vraiment magique… Un peu plus calme, Kagami reprit son téléphone et chercha un contact qu'il trouva rapidement.
— Yo, Taiga! fit la voix d'Himuro. Quoi de neuf?
— Des emmerdes… T'es libre ce week-end ?
— J'ai rien prévu sauf pianoter encore et toujours, pourquoi?
— J'ai besoin de tes talents d'informaticien. De TOUS tes talents, répéta-t-il en insistant bien sûr le mot.
— Wow! Tu m'inquiètes… Qu'est-ce qui s'passe?
— J'veux pas en parler au téléphone… Même si tu peux pas tout le week-end au moins samedi ou dimanche… Et amène tout ton attirail… Tu vois ce que je veux dire ?
— Oh là! Je suis plus qu'inquiet là, je suis effrayé! Bon, je s'rai chez toi samedi matin vers neuf heures…
— Merci… Tu s'ras content, c'est pile dans tes cordes…
— J'en ai l'eau à la bouche, plaisanta l'informaticien. À samedi…
Il raccrocha et regarda sa boîte mail où un certain nombre de messages étaient arrivés. Ils venaient de plusieurs points de vente avec les récapitulatifs qu'il avait demandés en pièces jointes. Il les enregistra et les imprima. Dès la première vérification, l'escroquerie fut visible. Il soupira et caressa la tête de Jade qui était toujours sur son épaule. Il la prit dans ses bras et alla sur l'engawa. La nuit était tiède. Les grillons avaient entamé leur concert, le bruit apaisant de l'eau du bassin les accompagnait et rafraîchissait l'air. En levant les yeux, il distingua le premier croissant de lune. Il n'y avait pas un souffle de vent.
Il s'assit sur le canapé en rotin, la chatte sur les cuisses. Il n'arrivait plus à ordonner ses pensées. Ou bien peut-être se posait-il trop de questions ? Il entendit un léger froissement dans la végétation sèche. Jade s'était vivement levée. De chatte douce et câline, elle était passée en mode félin prédateur implacable en une fraction de seconde. Soudain, elle bondit et s'enfonça dans les ombres du jardin sans un bruit. Il entendit le craquement de feuilles mortes qu'on écrase, un bruit de lutte, un tout petit couinement et Jade réapparut avec une souris morte entre les crocs. Elle posa son butin au pied de Kagami et s'assit.
— C'est pour moi ? sourit-il. C'est vraiment trop gentil…
Il alla chercher un sac en papier dans lequel il glissa la dépouille du malheureux rongeur en le tenant par la queue et le jeta dans la poubelle. Jade se frotta à ses jambes et se dirigea vers l'escalier comme pour dire qu'il était l'heure d'aller se coucher. Il était presque minuit et de toute manière Kagami n'arrivait pas à se concentrer. Le sommeil était peut-être la solution au chaos qui régnait dans son esprit. Il la suivit et s'allongea sur son lit seulement vêtu d'un caleçon. Contrairement à ce qu'il pensait, il s'endormit rapidement.
Le lendemain, il reçut beaucoup de mails concernant ses ventes et les écarts avec les chiffres de Rakuzan ne firent que confirmer la fraude pour certains d'entre eux. Et il n'était pas question de sortir l'excuse de la mise à jour quotidienne puisque certains écarts remontaient à plusieurs jours et semblaient ne pas avoir été encore altérés. Ce qui était une bonne chose. Les preuves s'accumulaient. Les droits versés différaient bien des ventes des librairies qui n'avaient pas été modifiées. Il imprima tous les documents en double et constitua deux dossiers : un pour lui et un qu'il donnerait à la police. Il appela Furihata pour voir si son collègue allait bien. Celui-ci lui confirma qu'il avait fait la même chose.
Kagami mit les feuillets dans une grande enveloppe qu'il ferma soigneusement et appela un coursier pour qu'il le porte à la brigade financière. Il n'y avait pas encore tous les documents, mais au moins les policiers pourraient déjà avoir de quoi travailler. Moins de deux heures plus tard, Kasamatsu lui téléphonait pour le remercier d'avoir fait aussi vite. L'esprit un peu plus serein, l'écrivain se replongea dans son roman SF bien qu'il n'avançât pas beaucoup. Il se contenta de relire et de modifier des tournures de phrases.
Himuro sonna à l'entrée vers neuf heures et quart. Kagami l'entraîna dans la cuisine pendant qu'il leur préparait deux cafés et une fois confortablement installés dans le salon, il lui expliqua toute l'affaire. L'informaticien fut étonné d'une telle malhonnêteté, ce qui conforta ses raisons pour pirater. Il ne faisait pas ça pour détourner de l'argent et s'en mettre plein les poches, mais pour dénoncer ce genre de manœuvres et les faire éclater au grand jour.
— Par quoi tu veux que je démarre ? demanda-t-il à Kagami assit à ses côtés.
— Entrer dans le système de Rakuzan, ce serait bien…
— Un instant... voilà... Ça, c'est fait. Ensuite ?
— T'es déjà dedans ? s'écria l'écrivain, surpris.
— Bien sûr, c'est trop facile… Alors ?
— Les mails…
— OK… c'est parti… Tu veux faire quoi ?
— Déjà, retrouver les trois mails que Koki a reçus et effacer son nom de la liste des destinataires…
— Les dates ?
— Tiens, elles sont là, lui montra Kagami sur les feuillets imprimés. Tu peux voir les noms même en copie carbone ?
— Oui… Voilà… son nom a disparu… S'ils ne s'en sont pas déjà aperçus, ils ne pourront plus… Après ?
— Qui sont les autres ?
— Alors… Akashi, Mibuchi, Hayama, Nebuya.
— Nebuya ?
— Oui… C'est qui ?
— Le chauffeur et le garde du corps d'Akashi… Une vraie brute… Je me demande c'qu'il vient faire dans cette histoire… Qui les a envoyés ?
— Là que j'peux te dire avec certitude que c'est un hacker… Impossible de remonter sa trace…
— Tu peux trouver d'autres mails du même genre sur les destinataires ?
— On va voir… Ça va me prendre un peu plus de temps…
— Tu risques rien au moins, s'inquiéta Kagami.
— Pour l'instant non… J'ai passé facilement les trois firewalls sans déclencher d'alarme, mais faut être prudent, ils ont peut-être un traqueur (4) … Tu peux m'faire un autre café, s'te plait ?
— Bien sûr…
— Alors ? fit l'écrivain en posant la tasse fumante à côté du clavier.
— J'en ai trouvé quatre que j'ai envoyé sur un serveur… Je les récupérerai après…
— Toujours pas de traqueur ?
— Je sais pas… un truc a bloqué une commande… C'est peut-être lui…
— Qu'est-ce qu'il se passera s'il te trouve ?
— Tout dépend de sa programmation. Il peut simplement m'expulser du système, mais également infiltrer le mien et le détruire…
— Ah ouais, quand même… C'est risqué ton truc…
— J'ai jamais dit qu'ça l'était pas… Mais j'suis pas un débutant… encore un autre mail… Merde !
Himuro avait appuyé sur plusieurs touches à la fois et s'était déconnecté.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Kagami, inquiet.
— Il m'a viré, l'enflure ! Bon. Maintenant qu'je sais qu'y a un traqueur, j'vais agir différemment… D'abord je change ton IP au cas où y l'aurait enregistré…
— Tu peux faire ça ?
— Bien sûr, sourit Himuro en buvant son café. C'est le b.a.-ba du piratage…
À suivre…
(1) Seto Kentaro est le coéquipier d'Hanamiya qui dort au début du match Seirin – Kirisaki Daiichi.
(2) Mabo est le surnom que donne Aida Kagetora à l'entraîneur de Shutoku, Masaaki Nakatani lorsqu'ils se retrouvent dans les gradins au match Seirin contre Touou.
(3) Photo. Ginkgo Biloba Érable rouge
(4) Traqueur : j'ignore comment on nomme un logiciel qui va repérer et expulser un intrus dans un système informatique. Je lui ai donc donné ce nom. Ne pas confondre avec le firewall qui lui est censé empêcher l'intrusion.
