Scott rayonnait, sans doute plus que jamais. Il salua chacun des membres de sa meute avec une chaleur un peu trop poussée. Un peu gênante. Mais on ne lui dit pas, parce que ce n'était pas grave et Stiles… Stiles garda le silence lorsque l'alpha passa un bras autour de lui, dans un geste qu'il jugeait un peu intime, cependant… Il ne pouvait pas se permettre de le recadrer devant tout le monde. Non seulement cela risquait de décrédibiliser l'alpha et son statut aux yeux des autres, mais cela le mettrait aussi lui, Stiles Stilinski, sur le devant de la scène. Autant dire que si, en général, l'hyperactif faisait son possible pour ne pas attirer l'attention, c'était encore pire maintenant qu'il était gêné. Parce qu'il n'aimait pas la manière dont Scott se montrait avec lui, comme si… Comme s'il ne le considérait pas comme un simple ami. Sincèrement, Stiles avait cru que son mot durant le cours lui suffirait. Et peut-être qu'en soi, c'était le cas : peut-être que Scott avait compris ce fait.
Et peut-être que Stiles se trompait. Il était possible que l'alpha soit ainsi avec lui, juste… Juste parce qu'ils étaient meilleurs amis. Après tout, ils se connaissaient presque depuis le berceau : et si Scott avait décidé de lui accorder l'importance qu'il méritait, de simplement rattraper le temps perdu ? Ce temps qu'il avait passé à l'ignorer, à privilégier ses amours à leur amitié ? Si ce n'était que cela, à la rigueur… Oui, Stiles pourrait lui pardonner et potentiellement s'adapter. En fait, ce qui lui manquait, c'était la compréhension. Plus vite il lui aurait parlé, plus vite cette situation serait démêlée.
- Stiles, tu serais un amour si tu pouvais déposer mon sac, fit Scott en le lui tendant.
Y voyant là l'occasion de fuir ses bras, l'hyperactif esquissa un sourire qui se voulut chaleureux et se saisit de la hanse avant de s'écarter de la foule d'êtres surnaturels. En général, l'on réunissait tous les sacs au même endroit, mais l'alpha le prévint au dernier moment qu'il avait pris de l'alcool et donc qu'il conviendrait de le mettre avec les autres bouteilles, à la cuisine. Ensuite seulement, son sac rejoindrait ses semblables. Stiles s'exécuta avec plaisir parce qu'ainsi, il avait le temps de réfléchir à la manière dont il pourrait l'aborder pour lui faire comprendre qu'il serait bien pour eux de s'isoler pour discuter un peu. Outre la mise au point qu'il avait à faire, cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas pris le temps de converser… Juste tous les deux. Ces derniers temps, trouver du temps pour ne pas faire que traquer des créatures surnaturelles était difficile et les choses commençaient doucement à se calmer à Beacon Hills. Cette soirée meute était une bouffée d'air frais en cette période anxiogène. Enfin, tout le monde ne la percevait pas comme telle, mais Stiles… Se sentait des plus tendus et il ne lui tardait qu'une chose : prendre du temps pour lui, se ressourcer, et peut-être, apprendre à s'aimer. Il aimerait réellement se sentir à l'aise parmi les autres, ne pas se dévaloriser mentalement à tous bouts de champs, ne pas se comparer sans arrêt à des êtres surnaturels. La seule chose qu'il ne dévaluait jamais, c'était son statut d'humain. Il ne voulait pas avoir quelque pouvoir que ce soit et se satisfaisait de sa condition. Disons simplement qu'il ne se voyait pas changer la personne qu'il avait toujours été. L'on avait beau dire, le surnaturel changeait les gens, dans une certaine mesure et Stiles désirait ardemment rester le même, tout en ne s'appréciant pas. C'était paradoxal, mais il l'avait toujours été.
Sans se presser outre mesure, Stiles posa un peu brutalement le sac de son meilleur ami sur la table – il lui avait légèrement glissé des mains et l'ouvrit. Il en sortit ce qu'il avait à en sortir et déposa l'alcool avec les autres bouteilles sans jamais se douter que son geste, aussi normal soit-il, allait totalement changer le cours de la soirée.
Parce que dans le sac de Scott se trouvait un petit flacon. Un petit flacon mal fermé qui aurait dû être solidement scellé… Un flacon qui s'était finalement complètement ouvert au fond du sac, et duquel s'échappait déjà le produit qu'il contenait. Stiles le sentit-il ? Non, car il était inodore et incolore. En somme, indétectable. Et c'était bien pour cela que Scott avait délibérément amené sa drogue au loft : car personne ne pourrait la sentir, pas même les deux Hale, loups de naissance de leur état.
Car l'on ne pouvait pas sentir quelque chose qui n'avait pas d'odeur.
Sans se rendre compte que le produit volatile l'avait pénétré de toutes parts, Stiles referma le sac et l'emmena avec les autres, dans un coin du salon, sans être aucunement conscient du cataclysme qu'il avait indirectement provoqué. Sa peau le piqua un peu, mais rien qui ne fut assez fort pour l'alerter : en somme, il revint, souriant, dans le groupe auquel il s'était rattaché au départ avec un plaisir non dissimulé, car Scott s'en était allé discuter avec Peter.
Sauf que, peu à peu, il se sentit défaillir. Pas assez pour tomber, mais suffisamment pour le perturber. Disons… Qu'il ne devrait pas fixer les lèvres de chacun de ses amis avec autant de… D'insistance, ou du moins, quelque chose qui y ressemblait. Il se mit, inconsciemment, à faire attention à chacun de leurs gestes. A trouver le sourire d'Isaac à tomber. A juger le regard de Jackson des plus sexy. A s'avouer que Liam avait un sacré charme. A reluquer discrètement le postérieur on ne peut plus tentateur de Derek. A admirer les yeux de Lydia. A se mordre brièvement la lèvre inférieure en regardant le bassin de Peter. Et encore, si ce n'était que cela… Si cela s'arrêtait à de simples impressions, ça irait. Oui, mais Stiles se mit carrément à avoir envie de tâter le terrain. Il jeta un regard en coin à Isaac, qui se trouvait actuellement à côté de lui. Pourquoi avait-il soudainement besoin de poser ses mains sur son corps ? Stiles se réfréna autant qu'il le put et se fustigea mentalement pour penser à des choses pareilles. Comment pouvait-il songer à ses amis de cette manière ? A chacun de ses amis ? Quoique, Scott, qui passait non loin de là, le laissait ni chaud ni froid. Cependant, cela n'arrangeait pas son problème pour autant. Ressentant soudainement quelque chose d'inattendu, Stiles devint rapidement pâle et s'excusa auprès de ses amis, qui venaient justement de tourner la tête vers lui. Pour quelle raison ? Son odeur. Qui s'était presque brusquement teintée de quelque chose de particulier, de fort, et de profondément perturbant.
De l'excitation.
Tirant sur le bas de son t-shirt et sur les pans de sa chemise alors qu'il commençait à avoir chaud, Stiles se faufila parmi les convives et une fois proche de celui qui l'intéressait – quoi ? –, il lui demanda d'un air désespéré :
- Derek, tu… Je peux t'emprunter ta salle de bain ?
Le loup qui, au départ, parlait avec son oncle, tourna la tête vers lui et fronça rapidement les sourcils.
- Oui, bien sûr, mais qu-
- Merci ! Le coupa brusquement l'hyperactif, pressé de s'éloigner.
Et surtout, de dissimuler la présence physique de sa gêne. Très franchement, il aurait pu y aller sans lui demander la permission mais ce qu'il avait… Enfin, il n'était pas idiot. Vu la manière dont il se sentait actuellement et qui n'allait pas en s'arrangeant, il se doutait de ce qu'avait dû commencer à sentir Derek, sans en imaginer la puissance.
Sans hésitation aucune, Stiles s'enferma dans la salle de bain du rez-de-chaussée du loft. D'un coup d'un seul, il retira sa chemise, laissant apparaître ses bras nus dépassant de son t-shirt un peu plus moulant qu'il ne l'aurait voulu. T-shirt qui, par chance, était assez long pour… Non, en fait, il ne dissimulait absolument plus la bosse incroyable qui lui déformait le pantalon. Si Stiles comprit l'origine de cette apparition saugrenue ? Absolument pas. A vrai dire, il était dans le flou le plus total et crevait de chaud. Ses doigts s'accrochèrent aux bords du lavabo et se crispèrent au point que ses phalanges devinrent rapidement blanches. Stiles se regarda dans le miroir.
Il avait le regard vitreux et embrumé. Les joues rouges, tout comme ses lèvres qu'il n'arrêtait pas de mordiller. Ses yeux descendirent. Cette bosse.
- Mais qu'est-ce que tu fous là toi ?! Se demanda-t-il à haute voix d'un ton rageur.
Parce qu'il ne comprenait pas d'où lui venait cette excitation soudaine, encore moins cette érection du feu de dieu ! Stiles tenta de se calmer, de réfléchir, ce qui était tout sauf facile parce que la quasi-totalité de ses pensées tournaient actuellement autour des atouts de chacun de ses amis. Et d'ailleurs, depuis quand ceux-ci l'excitaient-il ? Les amis, ça n'était pas censé donner des envies lubriques ! Surtout pas aussi brutalement ? Et ce besoin qu'il ressentait, grandissant à une vitesse ahurissante, de se toucher… Oui mais non ! Tout de suite, l'hyperactif jugea cela sale, tout simplement parce qu'il trouvait particulièrement indécent l'idée de se masturber au loft de Derek en pensant à quel point presque tous ses amis l'excitaient. Et puis pourquoi ? Pourquoi ressentit-il l'envie urgente de s'astiquer la hampe ? Pourquoi pensait-il aux lèvres de Peter ? Puis, aux mains d'Isaac ? Au regard de braise de Derek ? Aux longs doigts de Jackson ? Aux jolies courbes de Lydia ? Au bassin… Il avait chaud, trop chaud, beaucoup trop pour continuer d'essayer de réfléchir ainsi. Et puis ça faisait mal, aussi. Sauf que Stiles ne voulait pas s'autoriser à laisser son érection à l'air libre. Il se sentait à l'étroit dans son pantalon ? Il n'avait qu'à attendre que ça passe, en espérant que cela ne traîne pas trop. Il avait une soirée à passer avec ses amis et… Stiles devint rouge de honte. Comment pourrait-il les regarder dans les yeux après ça ? S'il s'était isolé avant que l'on ne découvre la catastrophe, cela n'enlevait pas le fait que penser à chacun d'eux l'excitait de manière complètement démesuré. Il n'y avait qu'à voir la manière dont Derek avait froncé les sourcils et…
- Oh mon dieu… Gémit-il.
C'était impossible à retenir. Stiles lâcha le lavabo, tituba et se laissa glisser contre le mur de la salle de bain, glacial. L'était-il réellement ? Aucune idée, mais le contact avec les carreaux du mur et du sol était désagréable tant la différence de température avec son corps était flagrante… Mais tant mieux ! Il allait assumer et ainsi, peut-être que son mini lui cesserait enfin de durcir comme un dératé. Sincèrement, il avait besoin de le toucher. Aussitôt, dans son esprit, une main qui n'était pas la sienne apparut et empoigna sa hampe fermement. Stiles sursauta et regarda tout autour de lui : personne, fort heureusement. Manquant de gémir à nouveau, il plaqua ses mains sur sa bouche, rouge de honte. Pitié, qu'ils n'aient rien entendu… Pitié, pitié, pitié… ! Stiles eut envie de pleurer tant il avait envie… Besoin... De tant de choses ! Et il s'exhorta malgré tout de ne pas se toucher, de ne pas céder à la tentation qui, pourtant, pouvait l'aider ! Car il était dur à un point tel que la jouissance devrait être vite atteinte. Mais pouvait-on réellement parler de jouissance lorsque l'excitation était née de l'ombre ? Dans son esprit, la même question continuait de tourner en boucle : pourquoi je suis comme ça ?! Et il était incapable d'y répondre, tout comme il était incapable de penser à autre chose que ce problème des plus gênants. Handicapants, même. Car Stiles essaya de se relever, sans pour autant y arriver. La manière dont son sexe était serré entre ses vêtements lui faisait anormalement mal. Stiles ferma les yeux et serra les poings jusqu'à se planter les ongles dans la peau de sa main. Ne pas se toucher, ne pas se toucher, ne pas…
- Stiles ? Stiles, qu'est-ce qui…
L'hyperactif rouvrit brutalement les yeux et désira plus que tout cacher sa bosse beaucoup trop proéminente pour être dissimulée par quelque tissu que ce soit. Paniqué, il voulut la cacher de ses mains, qu'il pressa contre elle.
Mauvaise idée.
Douleur et plaisir le submergèrent en un toucher pourtant léger et atténué par le tissu de son caleçon plus celui de son pantalon. Il se mordit violemment la lèvre inférieure pour ne pas gémir, mais ce fut peine perdu. Et ce son si purement involontaire retentit dans la salle de bain, tant et si bien que Stiles se figea, avant de finalement avoir envie de mourir. Il ne bougea plus, ne retira même pas ses mains qui tentaient vainement de cacher sa bosse. Le moindre mouvement pouvait, il le savait, déclencher un nouveau son et il était hors de question qu'il en sorte un nouveau.
Pas devant Isaac.
Ni personne d'autre.
- J'suis désolé, souffla Stiles. Sors, s'il te plaît…
- Mais enfin… Mais pourquoi tu… Qu'est-ce que…
Le bouclé était complètement abasourdi, à tel point qu'il n'arrivait pas à savoir quelle question poser en premier. Pas juste parce que Stiles avait une érection des plus impressionnantes, non ! Mais bien parce qu'il ressentait quelque chose, lui aussi. Et que ce quelque chose, qui l'avait à peine effleuré mais déjà contaminé quelques minutes plus tôt, se mit à l'embaumer.
- Je sais pas Isaac, je sais pas ! Paniqua Stiles.
Rouge. Son visage était rouge. Rouge de honte. Rouge de luxure. Rouge de chaleur. Rouge d'envie. Et ses yeux. Un regard aussi excité que douloureux. Isaac s'efforça de recentrer ses pensées. Même si c'était gênant, il ne pouvait pas laisser son ami dans un tel état, surtout au point de paniquer de cette façon. Parce que Stiles ne semblait réellement pas comprendre comment il avait pu en arriver là et Isaac le croyait.
- Isaac, s'il te plaît, laisse-moi… Le supplia Stiles, en rejetant sa tête en arrière.
L'arrière de son crâne touchait les carreaux toujours aussi frais du mur. Il ferma les yeux, profondément désespéré. Il avait mal, sa respiration était laborieuse et son corps battait beaucoup trop vite. Ses joues étaient toujours aussi rouges, comme sa lèvre inférieure, qu'il s'était remise à mordiller. Et Isaac trouva malgré lui cette vision atrocement sexy.
- Stiles, s'étrangla-t-il alors qu'il se rendait compte avec horreur de la manière dont il pensait à son ami.
- Isaac… Soupira l'hyperactif en rouvrant les yeux.
Il était au bord de l'implosion. Il avait mal. Il brûlait d'un désir incompréhensible.
Et si la progression de son mal avait été assez lente de son côté, elle fut plus rapide chez Isaac. Parce qu'il était proche de lui. Physiquement. Qu'il restait à ses côtés, incapable de l'abandonner. Alors forcément, l'aphrodisiaque, dont un simple échantillon s'était accroché à l'hyperactif, le contaminait à une vitesse stupéfiante.
Leurs regards s'accrochèrent. Y brillait la même envie, le même besoin. Entre eux flottait un parfum inodore qui, s'il embaumait désormais l'entièreté de la salle de bain, avait déjà commencé à atteindre les couloirs et la cuisine… Ainsi que l'endroit, dans un des coins du salon, où se trouvaient tous les sacs. Mais c'était à Stiles qu'était accroché une partie de l'aphrodisiaque et malgré lui, il le répandait… Juste au fur et à mesure que le temps passait.
- J-je… Je devrais partir, mais… J'ai pas envie, avoua le bouclé avec horreur, comme s'il savait qu'il devrait ressentir l'inverse.
- Et moi, je… J'en peux plus, c'est si dur ! Manqua de gémir à nouveau Stiles sans remarquer le double sens de ses mots.
Isaac sentit son cœur arrêter de battre l'espace d'un instant suite à cette déclaration plus qu'imagée. La drogue s'était complètement infiltrée en lui. Parce qu'il s'était rapproché inconsciemment… Encore. Que son propre pantalon commençait déjà à se déformer tant l'excitation de Stiles lui sautait au visage. Il avait… Bordel, il le faisait bander ! En lui, son loup ne savait où donner de la tête. Lui aussi savait que quelque chose n'allait vraiment pas, mais… L'humain. Il ne voyait plus que l'humain. Son regard empli d'une luxure douloureuse. Cette envie si semblable à la sienne. Ce besoin urgent de jouir… Le combat était perdu d'avance.
Alors, Isaac passa brutalement une main derrière la nuque de l'hyperactif et scella leurs lèvres dans un état d'urgence absolue.
