Salut tout le monde et bonne lecture !


« Peut-être quelque chose à propos d'un clan. » dit Harry en fixant le plafond de la bibliothèque.

Sirius, qui feuilletait un livre sur la magie noire – plus par habitude que par espoir de trouver quelque chose qui pourrait détruire l'Horcruxe – leva les yeux.

« Un clan ? » demanda-t-il.

« Mmm. » répondit Harry.

Il roula sur le ventre et écrivit quelque chose sur un morceau de parchemin qui était déjà couvert de mots et de phrases qui pourraient par chance constituer l'incantation pour devenir Animagus. James, Lily et même Remus avaient toujours eu une écriture très soignée celle de Harry ressemblait beaucoup à celle de Sirius, à peine lisible.

« Comme toi, moi et Lunard. On est des chiens ou des loups, alors c'est un clan, une meute. »

Sirius baissa la tête, alors Harry ne put distinguer le sourire légèrement niais qui se dessina sur ses lèvres. Les choses avaient été un peu … tendu n'était pas le bon mot, mais le meilleur que Sirius pouvait trouver … Entre lui et Harry durant la semaine précédente, depuis l'incident avec Rogue, mais Harry le considérait toujours comme sa famille, faute de mieux.

« Qu'est-ce que t'en penses ? »

« Je pense que ça pourrait marcher, dit-il en essayant de paraître nonchalant. Peut-être- »

« Salut. » dit Remus en apparaissant dans l'encadrement de la porte.

Il portait précautionneusement une cinquantaine de lettres dans ses bras.

« Le facteur arrive, dit Sirius à Harry en pouffant de rire. Dumbledore te fait distribuer les lettres pour Poudlard, cette année ? T'en as assez là. »

Remus le fusilla du regard et jeta la pile à Sirius, qui s'arrangea pour en rattraper deux, en recevoir une dans l'œil et manquer complètement les autres elles s'étalèrent sur le sol. Harry s'avança et les réunit en une pile instable, tandis que Sirius jurait et marmonnait dans sa barbe des choses impolies à propos de Remus. Celui-ci le regarda avec sévérité et regarda Harry, mais il ne semblait pas avoir entendu. Sirius n'avait pas hâte de devoir se censurer lorsque Harry aurait également une excellente ouïe.

« Comment s'est passé le déjeuner ? » demanda-t-il à Remus, qui se laissait tomber sur le canapé.

Un grand sourire – probablement similaire à celui qu'avait arboré Sirius il y a quelques minutes – apparut sur son visage pendant un bref instant – obligeant Sirius à lever les yeux au ciel Remus était toujours aveugle. Harry vit l'expression et sembla étouffer un rire, avant de rapidement plaquer son visage contre le tapis. Sirius regarda ses épaules trembler, mais Remus n'avait pas remarqué il fronçait les sourcils désormais.

« C'était bien, dit-il. Mais je suis inquiet. »

Sirius attendit un peu et Harry lui tendit le paquet d'enveloppes en regardant curieusement Remus pendant tout ce temps.

« Elle s'inquiète à propos de quelque chose. Depuis le début de la semaine, je pense, mais peu importe ce que c'est, ça a l'air de beaucoup la contrarier. Elle a l'air épuisé. »

« Tu lui as demandé ce qu'il se passait ? » demanda Sirius.

« Et bien, non. » dit Remus en changeant un peu de position.

Sirius leva à nouveau les yeux au ciel.

« Alors maintenant, vous vous inquiétez tous les deux – elle à propos de son problème et toi, pour elle. »

Remus cligna des yeux.

« Tu aurais pu proposé de l'écouter, continua-t-il. Elle a le droit de refuser si elle ne voulait pas. »

Remus laissa échapper un grognement désapprobateur et montra les lettres en face de Sirius de la main.

« Quelque chose d'intéressant ? » demanda-t-il.

Sirius arqua un sourcil pour indiquer que non, il n'avait pas manqué l'évidente tentative de Remus de changer de sujet, mais il ne commenta pas. Il parcourut la pile et fronça les sourcils.

« La moitié est à toi. » dit-il.

« Je ne voulais pas les trier à la maison. » répondit-il.

« Tu les veux ? »

« Brûle-les, lui dit Remus, faisant rire Harry. De toute façon, ce sont sûrement des lettres d'insultes, des pétitions ou des offres d'emplois. »

Sirius grimaça Remus avait déjà reçu deux offres d'emplois l'une d'une bijouterie de l'Allée des Embrumes qui était spécialisée dans l'argent et l'autre du Département de Régulation et de Contrôles des Créatures Magiques, demandant à Remus de rejoindre l'Office de surveillance des loups-garous.

Sirius utilisa sa baguette pour ouvrir une enveloppe. Avec précaution, il sortit un parchemin rose et fortement parfumé et le tendit à portée de bras.

« Cher Sirius, lut-il tout haut. Je sais que cela fait des années depuis notre dernière correspondance, mais ton innocence retrouvée m'a donné envie de renouer notre connexion. J'ai réfléchi à la façon dont tu as été si injustement traité par le Ministère et bien que je ne puisse pas parler en leur nom, je pense que tu devrais être … indemnisé. Je pensais personnellement à- »

Sirius s'interrompit, choqué.

« A quoi ? » demanda Harry.

Sirius lança un rapide Incendio et détruisit la lettre.

« Peu importe. » murmura-t-il, choqué et embarrassé.

Remus avait du mal à ne pas rire et Sirius lui adressa un doigt d'honneur lorsque Harry ne regardait pas.

« C'était quoi ? » poursuivit Harry.

« Je te dirais quand tu seras plus grand. » dit fermement Sirius, en choisissant une enveloppe normale.

Harry fronça le nez, comprenant visiblement, et acquiesça. Sirius ouvrit l'enveloppe et sentit quelque chose d'amer – qui le plaça tout à coup sur ses gardes – mais le maléfice s'exécuta avant qu'il ne puisse réagir.

Il y eut un craquement lorsque les os de ses mains se brisèrent. Sirius jura, des larmes apparaissant dans ses yeux, et sa baguette et l'enveloppe tombèrent sur le bureau.

« Finite. » lança Remus, presque immédiatement.

Mais cela ne fit rien et les poignets de Sirius se brisèrent à leur tour. Sa vision s'embruma et il entendit Remus essayer un autre contre-sort. La tension commença à se propager dans ses avants-bras et il serra les dents, se préparant aux fractures. Harry cria quelque chose, de la lumière aveugla Sirius, puis la sensation dans ses bras diminua. Il s'affaissa sur sa chaise, respirant difficilement entre ses dents serrés.

Remus était déjà penché sur lui, lançant des sorts pour diminuer la douleur et d'autres pour inspecter les dommages. Harry disparut avec un POP et revint quelques secondes plus tard avec les soins d'après pleine lune.

« Le Poussos, s'il te plaît, Harry. » dit Remus.

Sirius grogna le Poussos avait un goût affreux et cela démangeait et faisait mal. Remus fit apparaître un verre et le remplit à moitié. Il le porta ensuite à la bouche de Sirius et celui-ci l'avala à contrecœur.

« Bordel de merde. » souffla Sirius en essayant de ne pas vomir la potion.

Remus l'aida ensuite à boire un verre d'eau après ça, heureusement.

« Ce n'est pas si horrible. » dit Remus.

« C'est affreux. » s'écria Sirius, faisant sourire Remus.

« Et pour autant, tu m'en donnes tous les mois. » dit-il, l'air amusé.

« Seulement si la fracture est trop complexe pour la réparer avec une baguette, répliqua Sirius, en grimaçant, sentant la chaleur se répandre dans ses mains. Et ces temps-ci, ce n'est pas souvent le cas. »

Remus sourit et acquiesça, concédant son erreur, et Sirius lui tira la langue.

« Ça n'a pas l'air bien guéri. » dit Remus avec éloquence, en faisant mine d'être très affecté par son geste.

Il déboucha la bouteille de Poussos et la leva, comme pour le menacer.

« Je devrais t'en donner une autre dose, juste au cas où- »

Sirius ferma la bouche avec obstination et leva les bras pour repousser Remus, mais sans pouvoir utiliser ses mains et sans être capable de plier les poignets, il savait qu'il perdrait si Remus décidait vraiment de le lui faire boire. Sirius étudia ses options et fit la seule chose qu'il pouvait faire baisser la tête contre le bureau, sans trop secouer ses mains au passage.

Cela semblait être une idée maligne – infaillible même – mais il n'avait pas remarqué la pile de cendres qui avait remplacé l'enveloppe ensorcelée et le livre que Sirius lisait auparavant. Un nuage sombre s'envola autour de sa tête, le faisant éternuer. Remus et Harry éclatèrent de rire et Sirius garda les yeux fermés, reconnaissant qu'ils n'aient pas été ouverts lorsque sa tête avait touché le bureau.

« R-récurvite. » réussit à lancer Remus, le prenant apparemment en pitié.

Il y eut une sensation de grattement sur le visage de Sirius, avant que cela ne s'arrête et qu'il juge sûr de rouvrir les yeux. Harry ricanait, mais Remus s'était déjà repris. Sirius frotta son poignet sur son épaule – très doucement – parce que ça commençait à gratter.

« Ça va ? »

Sirius agita ses doigts très prudemment. Ils étaient plutôt raides, mais plus douloureux. Il ne se sentait cependant pas encore prêt à bouger ses poignets.

« On ne peut mieux. » grommela-t-il.

Nul besoin de le dire, ils se montrèrent beaucoup plus prudents pour trier les lettres après ça. Sirius refusa que Harry ne les aide et l'envoya à l'autre bout de la pièce pour continuer à travailler sur son incantation d'Animagus. Harry s'y rendit à contrecœur, mais ne travailla pas du tout au lieu de ça, il faisait rouler sa baguette entre ses doigts, en gardant Sirius et Remus à l'œil.

Aucune des autres lettres ne fut aussi rocambolesque, cependant. Quelqu'un avait envoyé à Remus une enveloppe pleine d'une sorte de potion, mais lui et Sirius l'avaient senti et furent capables de la détruire avant qu'elle ne cause le moindre problème. Sirius reçut tout un tas de lettres de fans et d'insultes, trois demandes d'interviews – qu'il détruisit rapidement – et une enveloppe avec l'emblème du Département de la Justice Magique. La dernière, il l'inspecta avec curiosité et lança quelques sorts avant de décider qu'elle était sûre à ouvrir.

Le parchemin qui en tomba était chiffonné, comme si l'expéditeur avait changé d'avis et l'avait chiffonné avant de changer d'avis à nouveau.

M. Black,

J'écris de la part de quelqu'un que nous connaissons tous les deux. Je sais que tu ne nous dois rien, ni à l'un, ni à l'autre, mais j'aurais bien besoin d'aide.

Cordialement,

Gawain Robards

Robards n'avait pas utilisé le parchemin officiel du Ministère, n'avait pas non plus signé avec son poste et bureau il avait simplement utilisé son nom. Sirius relut la lettre et comprit que ce 'quelques-un' ne pouvait être que Marlène. Son estomac se serra douloureusement. Il ne l'avait pas vu depuis plus d'un mois – pas depuis qu'elle les surveillait, lui et Harry, dans les cellules du Ministère – mais les choses étaient toujours tendues entre eux, et avec raison. Elle n'était même pas venue à son procès, bien qu'il suspectait qu'elle avait quelque chose à voir avec l'apparition de Peter, puisque son mentor était celui qui l'avait ramené au tribunal.

Pour autant, pensa-t-il avec difficulté. Pourquoi a-t-il besoin de mon aide ? Après quelques instants de réflexion – uniquement interrompus par un signe de tête en direction de Harry et de Remus, qui avaient l'air troublé – il parvint à la conclusion qu'il connaissait Marlène mieux que personne … Dumbledore, McGonagall, Fol-Oeil ou même Robards lui-même la connaissaient, bien sûr, mais pas aussi bien que Sirius Et même Sirius ne la connaissait plus aussi bien qu'auparavant. A qui d'autre Robards aurait-il pu demander de l'aide ? se demanda Sirius. Il pensa à Amélia pendant un moment, mais il était presque sûr que Robards lui aurait demandé de l'aide avant de demander à Sirius.

Sirius plaça la lettre dans la poche de son jean et se leva.

« Patmol ? » demanda Harry en s'asseyant.

Remus le regardait avec méfiance. Sirius gratta ses poignets douloureux et replaça sa chaise sous le bureau.

« Je vais au parc, dit-il. Quelqu'un veut venir ? »


« Marlène va bien ? » demanda Remus en s'asseyant sur le banc, près de Sirius.

Sirius arracha ses yeux du Numéro Treize – qu'il fixait depuis dix bonnes minutes – et adressa à Remus un regard un peu coupable. Ensuite, il jeta un morceau de parchemin à Remus, que Remus lut et lui rendit, confirmant ses suspicions.

« Tu vas aller le voir ? »

Sirius haussa les épaules.

« Je ne devrais sans doute pas. » dit-il, ses yeux maintenant fixés sur Harry, qui était assis sur l'herbe, observant quelque chose près de son pied.

Remus pensa qu'il était en train d'écouter leur conversation sa tête était trop penchée dans leur direction pour que ce soit une coïncidence.

« Il a raison de dire que tu ne lui dois rien. » dit Remus pour tester la réaction de Sirius.

Comme il s'y attendait, Sirius se tourna vers lui, l'air furieux.

« Je sais que les choses n'ont pas été simples entre elle et moi dernièrement, dit-il à voix basse. Mais si elle a des ennuis ... »

Il secoua la tête.

« Elle est toujours un ancien membre de l'Ordre – elle fait encore partie de la famille – et elle n'a personne d'autre ! »

« Non, sans doute que non. » confirma calmement Remus.

« Je le ferais pour n'importe qui – toi évidemment, Amélia, Bean, Dung, Em- »

« Je sais que tu le ferais. » dit Remus en levant les yeux.

Sirius semblait s'être attendu à des reproches et eut l'air stupéfait de ne pas les voir arriver. Sirius jeta à nouveau un œil en direction du Numéro Treize, avant de détourner rapidement le regard. Ses yeux se posèrent sur une bande d'enfants de l'autre côté du parc. La plupart d'entre eux portaient des chapeaux de couleurs vives – Remus suspecta qu'il s'agissait d'un anniversaire – ainsi que leurs uniformes scolaires.

« On est une famille. » dit Sirius, ses yeux passaient de ces enfants joyeux à Harry, qui était assis sagement, regardant également la fête d'anniversaire.

« Si c'était Reg, je l'aurais aidé, même si on était pas toujours d'accord. »

Obligeamment, Remus ne fit pas remarquer que Regulus était mort, et cela depuis de nombreuses années.

« Reg n'a jamais essayé de te tuer. » dit-il doucement, en observant Harry pour être sûr qu'il n'entendait pas.

Sirius n'avait pas raconté l'histoire entière à Harry, ce que Remus comprenait parfaitement.

« Tu penses qu'il se sent seul ? » demanda Sirius.

« Euh, dit Remus, stupéfait. Et bien, euh … Je suis sûr que tes parents sont avec lui maintenant – si tu crois à ces choses-là – et James et Lily sont aussi- »

« Pas Reg, dit Sirius, exaspéré. Harry. »

Les yeux de Harry étaient toujours fixés sur les enfants à l'autre bout du parc – ils chantaient en chœur 'Joyeux anniversaire' – et il arborait la plus étrange des expressions. Il semblait un peu curieux, mais aussi triste, coupable et embarrassé.

« Oh, dit Remus. Tu devrais pas changer de sujet aussi brusquement- »

« 'Si tu crois à ces choses-là', répéta Sirius en éclatant de rire. Sérieusement. »

« T'y crois ? » demanda Remus.

Sirius eut l'air surpris puis, l'air un peu penaud, hocha la tête.

« Et toi ? »

Remus inclina la tête, ils échangèrent un regard, avant de détourner les yeux.

« Donc, dit Remus en creusant dans l'herbe avec le bout de sa chaussure. Harry ? »

« Ouais, dit Sirius en appréciant fortement le changement de sujet. Harry. »

« Et sa solitude. » confirma Remus.

« Exactement, dit Sirius, avant de soupirer. Il n'a rien dit, mais je me demandais ... »

« Il t'a toi et Kreattur, et moi. » dit Remus.

« Ouais, un elfe de maison complètement dingue- »

Sirius dit cela avec plus d'affection que Remus ne s'y était attendu, malgré qu'il sache ce que la relation entre Sirius et Kreattur était devenue.

« -le parrain le plus irresponsable du monde – qui était un fugitif jusqu'à très récemment - et- »

« Un loup-garou ? » suggéra Remus en riant.

« J'allais dire une marraine excessivement mature, excessivement sérieuse. » dit Sirius en haussant les épaules.

Remus se mit à rire.

« Je veux dire, on s'amuse – je sais qu'on s'amuse – et grâce à Azkaban, je n'ai encore que vingt-trois ans ... »

Il adressa à Remus un sourire qui lui donnait vraiment l'air de n'avoir que vingt-trois ans, au lieu de trente.

« Mais je ne suis plus un gosse. Je ne peux pas l'être, parce que Harry a davantage besoin d'un parent que d'un frère … Pour l'instant, en tout cas. »

Remus pensait plutôt que Sirius était un peu des deux, mais était curieux de savoir ce que Sirius avait à en dire et ne le fit pas remarquer.

« Mais il a besoin d'un ami ou de quelque chose comme ça, poursuivit Sirius. Quelqu'un de son âge. J'avais Reg, quand j'étais petit- »

« James et moi n'avions personne, fit remarquer. Tout comme Pete. »

Il y eut un moment de silence après le nom de Peter – Remus se demanda brièvement comment il se faisait à Azkaban et était sûr que Sirius se demandait la même chose – et Sirius hocha la tête.

« Non, c'est vrai. »

Sirius serra les poings Remus ne pensait pas qu'il s'agissait d'un geste de colère, mais plutôt un geste pour essayer de stopper la douleur que le Poussos laissait derrière lui.

« Et je sais que Jamie se sentait seul avant Poudlard et pendant les vacances. Pourquoi tu penses qu'il nous écrivait autant ? Et tu ne peux pas me dire que tu n'as jamais voulu un ami- »

« Les amis étaient impossibles pour moi à ce moment-là, dit Remus en regardant de nouveau les petits fêtards. J'étais trop dangereux. »

Sirius lui frappa le bras, avant de jurer et de placer sa main sur l'autre. Remus éclata de rire avant de pouvoir s'en empêcher, mais son amusement fut rapidement remplacé par de l'inquiétude.

« Ça va ? Tu ne t'es rien cassé, pas vrai ? »

« Sale con. » marmonna Sirius en inspectant sa main.

Remus dissimula un sourire.

« Et non, rien. C'est juste sensible. »

Sirius agita ses doigts et secoua les mains.

« Un second avis serait bon à prendre, tu sais. » murmura-t-il après un instant.

« Voyons voir, alors. » dit Remus en essayant de regarder les mains de Sirius.

« Par Merlin, Lunard ! lança Sirius, l'air à nouveau exaspéré, en se frappant le côté de la tête, et en poursuivant avant que Remus ne puisse exprimer la moindre inquiétude à propos de ses mains. Ça valait le coup. Et je parlais d'une opinion à propos de Harry ! »

« Je pense que c'est possible qu'il se sente seul, dit Remus après un instant de réflexion. Il a eu l'air d'apprécier de passer du temps avec les petits Weasley quand ils sont entrés par effraction dans le bureau d'Amélia et je sais qu'il n'a pas aimé Hydrus Malefoy et qu'il était un peu partagé à propos de Drago, mais je pense qu'il a apprécié la compagnie, malgré tout. »

« C'est ce que je pensais, moi aussi. »

« Tu y as déjà pensé ? » demanda Remus, un peu surpris.

« Pas mal, oui, admit Sirius. Quand on a commencé à vivre ensemble, il m'a dit qu'il ne voulait pas aller à l'école et j'étais d'accord – parce qu'il ne voulait pas – mais quand j'y ai plus réfléchi, j'ai réalisé que c'était trop risqué de le laisser sortir de la maison – et qu'il soit loin de moi – quand on était en planque. Rester entre nous était nécessaire et il ne s'est jamais plaint, alors j'ai laissé tomber l'idée. Depuis le procès, par contre, je commence à me demander ... »

« Tu peux toujours demander, tu sais. » dit Remus.

« Je sais. » répondit Sirius.

« Alors pourquoi tu ne l'as pas fait ? »

« Parce que je n'ai pas encore de solution à proposer, dit-il en grimaçant. S'il se sent seul, je veux être capable de répondre autre chose que 'merci de me l'avoir dit, mais il n'y a rien à faire. Pas de chance, gamin'. »

Les enfants jouaient désormais au loup – certains avaient gardé leurs chapeaux, mais la majorité était dispersée sur la pelouse, comme des étranges fleurs coniques – et pouffaient de rire à l'autre bout du parc. Remus les observa, avant de tourner les yeux vers Sirius.

« L'école. » dit-il.

« L'école ? demanda Sirius, simplement. Comme ces stupides classes préparatoires à Poudlard qu'ils organisent à Pré-au-Lard ? »

Remus cligna des yeux.

« Ils organisent quoi ? »

« Des classes préparatoires, expliqua Sirius. Où tu apprends des choses sur les matières, les Maisons et comment tenir ta baguette correctement – ce qui est plutôt inutile si tu veux mon avis, vu que la plupart des professeurs vont expliquer ça au début, de toute façon- »

« Il y a des écoles avant Poudlard ? Comme- comme une sorte d'école primaire sorcière ? »

« Ouais, dit Sirius. Mais elles sont nulles, et c'est pour ça que tout le monde apprend à la maison ou a un tuteur. »

« Tu y es allé ? »

« Non, dit Sirius. Mes parents ont engagé un tuteur quand j'ai eu onze ans. »

Il se mit à sourire et Remus comprit rapidement que ça avait mal fini.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

« Je lui ai mis le feu, dit Sirius en grimaçant, avant de reprendre rapidement la parole. C'était de la magie accidentelle ! Je ne voulais pas, mais … et bien, ces choses arrivent ... »

Il haussa les épaules d'un air penaud, mais sans aucun remord apparent.

« Peter y a été. »

« A ces cours ? » demanda Remus, se demandant pourquoi il n'avait jamais su ça.

« Ouep, répondit Sirius. Et il était très fier d'ailleurs – il a essayé de me dire comment tenir ma baguette le premier jour et il avait cette stupide petite chanson qui allait avec – et donc, James et moi, on l'a fait s'asseoir et on lui a expliqué qu'il ne devrait jamais parler de ces leçons ou de quoi que ce soit d'autre qu'il y avait appris s'il voulait traverser son premier vrai jour d'école. »

Oh, pensa Remus. Voilà pourquoi.

« Mais c'est donc pas de ça que tu parlais ? demanda lentement Sirius. Tu ne savais même pas que ça existait. »

Remus secoua la tête et Sirius plissa les yeux.

« Alors, tu parlais de quoi ? »


« Nymphadora, viens ici un moment, avant de t'enfuir. » dit Maman.

Tonks passa la tête dans l'encadrement de la porte du salon. Maman agitait sa baguette sur des vêtements pour les repasser – Papa lui avait acheté un fer à repasser moldu pour Noël voilà deux ans et Maman ne l'avait même pas essayé – et fit signe à Tonks de s'asseoir. Tonks s'exécuta.

« Pas sur l'accoudoir. » dit Maman, l'air irrité, tout en attrapant une autre des chemises de Papa.

Tonks glissa de l'accoudoir sans aucune grâce et atterrit sur le dos sur l'assise du fauteuil.

« Mieux ? » demanda-t-elle.

Maman leva les yeux au ciel, mais elle arborait désormais un sourire.

« Comment se passe la formation ? » demanda Maman, après un moment.

Le cœur de Tonks se serra.

« Je te vois peu ces temps-ci, alors j'imagine que ton emploi du temps doit être chargé ... »

Un commentaire qui fut suivi par un regard en coin.

« Plutôt chargé, ouais. » dit Tonks, un peu mal à l'aise.

Elle ne se souvenait plus de la dernière fois où elle et Maman avaient pu partager une conversation qui allait plus loin que le contenu du dîner ou si, par pitié, Tonks pouvait arrêter de transplaner dans la maison.

« Les examens arrivent. »

« Et ensuite, c'est les vacances ? »

« Plus ou moins, dit Tonks. Seulement en août et ce n'est pas vraiment des vacances. Les cours et d'autres trucs sont suspendus, mais je devrais travailler avec Fol-Oeil sur certaines affaires … Je pensais à aller voir Charlie et Tom quand même. »

Cela fit sourire Maman.

« Comment vont-ils ? »

« Bien, je pense, répondit Tonks. Ils deviennent complètement incapables quand il s'agit d'écrire, alors c'est dur à dire, mais aucun des deux n'a été mangé encore, donc j'imagine que c'est déjà bien. »

Maman se mit à rire et attrapa une robe appartenant à Tonks.

« Et toi, comment vas-tu ? » demanda Maman.

« Moi ? dit Tonks. Bien. Pourquoi ? »

Maman posa sa baguette et plaqua ses mains sur ses hanches. Tonks sentit ses yeux gris sur son visage et à contrecœur, tourna les siens pour croiser son regard.

« Quoi ? »

« Tu as l'air fermé, ces derniers temps, expliqua Maman. Plus silencieuse. Ça a un rapport avec un garçon ? »

Maman s'éclaircit la gorge et adressa un regard éloquent à Tonks.

« Ou un homme, plutôt ? »

« Quoi ? demanda Tonks, stupéfaite. Non, c'est juste des trucs d'Auror qui commencent à m'atteindre. C'est rien. »

C'était un mensonge manifeste l'histoire Florence-est-Smoky creusait un gouffre dans la conscience de Tonks depuis une semaine maintenant et elle s'était résolue à faire quelque chose à propos de ça aujourd'hui … Elle ne savait juste pas encore quoi.

« Tu aimes quand même ce que tu fais ? demanda Maman. Tu sais, quand tu as été accepté, j'étais inquiète que tu ne puisses peut-être pas- »

« Je peux gérer. » répliqua Tonks, faisant frémir Maman.

« Ne prends pas ce ton avec moi, Nymphadora Gladys Tonks, dit Maman, levant sa baguette en guise d'avertissement. Je vois bien que tu es stressée en ce moment, mais ça ne veut pas dire que je tolérerais que tu soies impolie. »

« Ne m'appelle pas Nymphadora. » grommela Tonks, se sentant coupable.

« Je t'appellerais de la façon que je veux, dit fermement Maman, en repassant les ourlets d'une nouvelle robe. Alors, quelle est cette affaire d'Auror qui t'embête ? »

« Je ne suis pas censée en parler. » dit-elle.

« C'est moi. Allez, je parie que tous tes amis savent. » dit Maman en arquant un sourcil.

« En fait, non, ils ne savent pas. » répondit Tonks.

« Oh. » dit Maman, apparemment surprise.

Tonks comprenait le choc généralement, Tonks était très ouverte à propos de ses problèmes, alors cela devait être très important si elle le gardait secret.

« D'accord, ma chérie, dit Maman, troublée. Je te laisse gérer tes histoires d'Auror, d'accord ? »

Tonks se mit à sourire, reconnaissante que ce soit Maman avec qui elle avait cette conversation elle était plus souvent sur la même longueur d'ondes avec Papa qu'avec Maman, mais Papa aurait insisté pour qu'elle s'ouvre et demande de l'aide. Maman, en tant que Serpentard, savait généralement quand faire profil bas et laisser les autres personnes gérer leurs problèmes.

« Ça me va. » dit Tonks.

Elle murmura le mot de passe de son Sidekick et vérifia l'heure.

« Merde. » lâcha Tonks.

Maman ouvrit la bouche pour lui faire une remarque. Tonks se redressa sur le canapé et sauta sur ses pieds.

« Il vaut que j'y aille ou je vais être en retard » dit-elle en couvrant la voix de Maman.

Elle embrassa sa joue.

« Je t'aime ! »

« Nymphador- »

Mais Tonks débutait déjà son transplanage. Le salon disparut autour d'elle et fut remplacé par l'allée où était située l'entrée des visiteurs du Ministère.

« Très bien, se dit-elle à elle-même. D'ici à ce que j'arrive au Niveau Deux, j'aurais pris ma décision. »

Elle inspira profondément et grimpa dans la cabine téléphonique. Se donner un délai limite semblait l'aider un peu elle ne venait pas au Ministère pour les cours (qui avaient lieu cet après-midi), mais Florence et Yaxley étudiaient dans l'un des amphithéâtres, et avaient proposé à Tonks de les rejoindre. Fol-Oeil était dans son bureau avec leur liste de suspects à la signature magique bleue pâle. Elle pouvait aller le voir ou aller voir Florence, et elle avait été distante envers les deux dernièrement, alors il y aurait des questions, elle en était sûre. Et elle devrait leur donner des réponses.

Elle se dirigea vers Fol-Oeil, ce qui était probablement inévitable. Il ne leva pas la tête quand elle entra, mais elle se doutait que son œil était pourtant tourné vers elle.

« Nymphadora. » dit-il, avant de lever enfin les yeux.

« Monsieur. » dit-elle nerveusement.

Une expression étrange passa sur son visage, à la fois pleine d'espoir et méfiante.

« Je- C'est Florence, Florence Prewett. » lança-t-elle, avant de craquer.

Fol-Oeil lui fit signe de s'asseoir.

« Je sais. » répondit-il.

« Tu quoi ? » murmura Tonks, contente de s'être assise ou ses jambes l'auraient sans doute abandonné.

« Je sais. Ça fait plusieurs jours. Prewett est la cousine de Lovegood, ce qui explique qu'elle la connaissait et qu'elle soit capable d'organiser la première interview. Et Lovegood est une brave femme qui tient à la confidentialité, mais la façon dont elle a défendu l'identité de Smoky m'a fait penser qu'il y avait quelque chose de personnel. Et j'avais raison. Prewett est sur la liste, avait accès à Greyback – avait un mobile vu que c'est un loup-garou et à cause de la mort de Clarke – et elle a eu un O à son A.S.P.I.C. de métamorphose la quatrième meilleure note qu'on ait eu, après Potter, toi et Black, alors elle en est capable. »

« Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? »

« Je l'ai presque fait, dit Fol-Oeil. Puis j'ai réalisé que tu savais déjà et je voulais voir comment tu allais le gérer. »

« Un test ? demanda-t-elle faiblement. Je n'ai pas dormi depuis des jours, je me suis inquiétée et, et- et c'était un test ?! »

« L'implication de Prewett ne l'était pas, dit Fol-Oeil, l'air sinistre. Mais ta réaction, oui. »

Tonks ne trouvait même pas l'énergie d'être furieuse.

« J'ai passé le test ? » demanda-t-elle.

« Ce n'est jamais si simple. » soupira-t-il.

« On fait quoi alors ? » demanda-t-elle avec une petite voix.

« On lui parle, dit Fol-Oeil. Et ensuite, on avise. »

« Je veux aider, dit Tonks. Je veux comprendre pourquoi. »

« Tu vas comprendre, répondit sinistrement Fol-Oeil. Mais tu le feras en restant en retrait. Je poserais les questions. »


« Ta baguette. » dit Fol-Oeil, en tendant la main.

Florence sortit lentement sa baguette et la posa dans sa main abîmée. Ensuite, elle s'assit, croisa les jambes et posa ses mains sur ses genoux. Tonks referma la porte du bureau de Fol-Oeil et lança plusieurs sortilèges pour éloigner les curieux et pour la verrouiller.

« Je ne compte pas m'enfuir, dit Florence en regardant Tonks par-dessus son épaule. Tu n'as pas besoin de fermer à clé. »

« Tu sais pourquoi tu es là ? » gronda Fol-Oeil.

« Oui. » répondit doucement Florence.

« Tu es accusée du meurtre de Fenrir Greyback. » dit Fol-Oeil.

Florence ne répondit pas. Tonks eut envie de pleurer, parce son silence valait un aveu. Tonks fit apparaître une chaise pour elle-même et s'assit, serrant ses genoux contre sa poitrine. Fol-Oeil lui lança un regard et elle se redressa – sans enthousiasme – et fut récompensé par un petit signe de tête.

« Je n'ai pas besoin de t'expliquer à quel point c'est grave, n'est-ce pas ? »

« Non, murmura-t-elle. Mais vu les circonstances, je pense- »

« Les circonstances ? » demanda Fol-Oeil.

« Vu qui il était. » dit Florence avec un regard dur.

« Un meurtre est un meurtre, peu importe la victime. » dit Fol-Oeil.

« Avez-vous déjà tué quelqu'un, Auror Maugrey ? »

« Ce n'est pas moi qui répond aux questions. » répondit Fol-Oeil, mais il était évident que c'était le cas.

Tonks serra de nouveau ses genoux contre sa poitrine et cette fois, Fol-Oeil ne lui fit aucune remarque.

« Pendant la guerre ? » demanda Florence.

Étonnement, Fol-Oeil acquiesça.

« Parce que vous le deviez ? Pour sauver quelqu'un ? »

« Dans l'instant, parce que je n'avais pas d'autre choix, dit Fol-Oeil. Tu avais le choix- »

« Il avait déjà tué Melvin, dit Florence. Il a mordu plus d'une centaine de personnes et en a tué probablement autant. Ce n'est peut-être pas la guerre dans un sens conventionnel, Monsieur, mais c'est pourtant le cas. Avec beaucoup de victimes, tout ça à cause d'un fou avec un ego surdimensionné, tout ça dure depuis vingt ans et non deux, mais ça ne rend pas les choses moins horribles. »

« Ça ne justifie pas le meurtre- »

« Vous avez combattu pendant la guerre, expliqua-t-elle. Si vous aviez Vous-Savez-Qui à portée de baguette, vous le laisseriez s'en aller, sous prétexte que 'tuer, c'est mal' ? »

« Le meurtre- »

« Tuer est mal, certainement- » dit Florence en coupant Fol-Oeil.

Tonks les dévisageait l'un et l'autre c'était comme regarder des poursuiveurs se passer le Souaffle.

« -alors pourquoi ce meurtre est un si gros problème ? »

« Greyback était peut-être un meurtrier, mais il était emprisonné et non en position de menacer quiconque, grogna Fol-Oeil, l'air un peu agité. Il n'était pas dangereux à- »

« Il n'était pas dangereux ?! s'exclama Florence, furieuse. Il est en permanence dangereux ! Il n'a pas besoin d'une baguette pour faire du mal aux gens ! »

Tonks se souvint de l'attaque de Matt à Londres et frissonna.

« Il était déjà puni pour ses crimes- »

« A Azkaban ? demanda Florence en levant les yeux au ciel. Greyback n'est pas assez humain pour être affecté par les Détraqueurs et être suffisamment puni. Il n'aurait pas apprécié, évidemment, mais il serait redevenu le monstre qu'il était en même pas une semaine de liberté. »

« Il aurait pu changé- »

« Azkaban est une prison, pas un centre de correction, s'écria Florence. Si vous croyez vraiment que les gens peuvent changer, alors pourquoi l'évasion de Sirius Black est si grave ? Il a passé sept ans là-bas il a sûrement du changer si tout le monde est censé le faire ! Vous savez aussi bien que moi que Greyback n'aurait pas changé il serait sorti avec une envie de vengeance. Je ne dis pas que ce que j'ai fait est bien – c'est moralement discutable, je sais ça – mais je ne pense pas non plus que c'est une mauvaise chose, et je pense certainement que sa mort apportera davantage de choses positives que de choses négatives. »

Fol-Oeil et Tonks échangèrent un regard désespéré et Florence croisa les bras, les fixant avec une expression glacée.