Note de l'auteure: Bonjour/Bonsoir tout le monde! Grosse surprise et pour moi et pour vous chers lecteurs!
Chapitre 4
Devant l'air horrifié de Dames Iduna et Yelena, je leur explique que ce n'était pas vraiment une conversation, mais une mise en garde. Me mettant debout, je tends la couverture à Dame Yelena qui la reprend.
-Je suis désolé, mais je dois m'absenter un moment.
Moins d'une minute plus tard, je m'envole.
J'essaie de comprendre comment Chernabog a pu m'adresser la parole, mais je ne vois pas.
Un autre détail me revient en tête alors que je reprends le chemin vers la Bretagne.
Dans les livres d'Histoire il est dit qu'Esmeraldo est né à Paris et non en Bretagne. Un changement dû à mon arrivée? C'est fort possible.
Le voyage est long, mais je continue de battre des ailes: Il est vital que je retrouve Ruben et sa Cour au plus vite!
Je ne sais pas pendant combien de temps il m'a fallut pour les retrouver, mais lorsque je vois le cercle de roulottes je plonge en piqué après avoir repéré celle de Ruben et sa famille.
Mère Nature, merci mille fois de m'avoir fait naître nyctalope!
Me posant sur le toit, je reprends mon apparence première tout en réfléchissant sur ce que je pourrais dire pour convaincre l'ensemble de la Cour des Miracles.
-Ruben, mon ami! Es-tu sérieux?
Étonné d'entendre des voix, je baisse la tête pour voir Clopin et Ruben sortir de la roulotte, se dirigeant vers le feu. Heureusement que j'ai une excellente ouïe!
-Je le suis, Clopin. acquiesce Ruben. Pourquoi Améthyste aurait-il insisté pour qu'on l'attende si un danger ne nous attendait pas à Paris?
-Peut être, mais il ne m'inspire pas confiance. hausse des épaules Clopin.
Cette confidence me fait mal au cœur. Me redressant, je descends souplement du toit de la roulotte pour les rejoindre.
-Vous m'en voyez navré, Monsieur Trouillefou.
Ma prise de parole fait sursauter les deux hommes qui se retournent dans ma direction.
-Améthyste! Te voilà de retour!
-Et vêtu comme un Prince, en plus!
Si Ruben me sourit, heureux de me revoir, ce n'est clairement pas le cas de Clopin.
-Mes vêtements vous dérangent? Très bien. Souhaitez-vous connaître la raison pour laquelle je suis parti précipitamment? Ou bien voulez-vous conduire les vôtres dans la gueule du Malin?
Je ne laisse pas le temps à Clopin ou Ruben de s'exprimer que je me rends auprès du feu, remerciant Mère Nature qu'il y ait que Ruben et Clopin de debout.
Une fois prêt du feu, j'attends que mes aînés arrivent. C'est le cas moins d'une minute plus tard. Ruben en profite pour donner de l'intensité aux flammes, faisant ronfler le feu d'une puissance plus que bienvenue.
-Que s'est-il passé Améthyste pour que tu partes aussi soudainement?
-Je suis sincèrement désolé, mais je devais me rendre au royaume d'Arendelle le plus rapidement possible.
-À Arendelle? hausse des sourcils, surpris, Ruben. C'est très loin d'ici.
-Vous n'êtes pas le seul à avoir un don. souris-je.
Tournant la tête vers Clopin, je prends un air sérieux.
-J'ai entendu vos paroles à mon égard. Vous êtes libre de ne pas me croire. Après tout, qui suis-je pour vous ? Hormis une connaissance de votre chef et ami? Je ne vous dirais qu'une chose: Continuez votre voyage jusqu'à Paris et vous aurez la mort et la disparition de 3 d'entre vous. Qui sont-ils ? Je ne peux le dire, mais ces faits vous marqueront. Comme ils marqueront la petite Esmeralda.
En entendant mon discours, Clopin fronce davantage des sourcils, le regard luisant d'interrogation.
-Que veux-tu dire?
Pendant deux minutes, je garde le silence, fixant Clopin droit dans les yeux. Il n'a pas confiance en moi? Ok, mais qu'il ne compte pas sur moi pour lui révéler ce que je sais!
-Je ne peux en dire davantage car trop de choses ont sûrement changé depuis mon arrivée.
Tournant la tête vers Ruben, mon visage s'adoucit.
-Vous cherchez un pays où vous ne serez pas jugés ? Venez avec moi, j'en connais un. Ce pays est très différent de la Bretagne de part son climat, mais si vous acceptez de me suivre, je vous promets de vous conduire personnellement à Paris après quelques années. Je vous en fait la promesse.
-Comment comptes-tu t'y prendre? demande, glacial, Clopin. Arendelle est de l'autre côté de la Bretagne.
Levant mon poignet gauche à hauteur d'yeux, je lui souris effrontément avant de grimacer.
-Le gros inconvénient est que je ne sais pas conduire de bateau. J'avais bien pensé à un second plan, mais je devrais faire plusieurs voyages et endormir les chevaux pour que ça soit réalisable.
Un silence s'installe entre nous pendant lequel Ruben et Clopin s'éloignent du feu pour discuter entre eux. Malgré ma curiosité, je ne cherche pas à savoir ce qu'ils se disent.
Avec un bout de bois, je dessine au sol quelques formes sans queue ni tête, réfléchissant à ce que je pourrais dire pour convaincre Clopin de ma bonne foi.
Par contre je n'aurais peut-être pas dû leur montrer mon bracelet. C'est trop technologique pour eux, ils pourraient croire que je fais de la magie ou quelque chose du même genre.
J'ai bien assez d'argent, mais ça paraîtrait suspect que je me rende en ville pour me rendre en ville et y chercher quelqu'un qui accepterait de conduire tout ce beau monde à Arendelle, mais comment savoir si cette personne serait fiable? Qu'elle ne chercherait pas à s'enrichir en faisant quelque chose de mal?
-Quelqu'un a parlé de bateau?
Sursautant, je me retourne pour voir s'avancer vers moi un homme de plus ou moins trente ans à l'œil gauche anthracite reflétant la curiosité, mais aussi la sympathie et la bonté, le droit étant masqué par un cache-œil noir, les cheveux courts de couleur poivre et sel défaits et emmêlés, comme si les attacher reviendrait à le condamner à mort.
Il est vêtu d'une tunique jaune pâle à courtes manches, d'un pantalon et de bottes noires.
Pourquoi ai-je le sentiment de l'avoir déjà vu quelque part?
-Leland! Mère Nature, tu es là!
Tournant la tête vers Ruben et Clopin, je vois ce dernier courir vers le nouveau venu.
Qu...oi?!
Abasourdi, je n'entends pas de quoi ils parlent tellement le choc est grand! Comment se fait-il que Leland soit DÉJÀ là?! Et Ann? Où est-elle?
-Améthyste? Est-ce que ça va?
Tournant la tête vers Ruben, je parviens difficilement à lui demander si Leland est marié.
-Oui, depuis cinq ans. Ils sont les marraine et parrain de mon fils.
-Co...oment se nom...me-t-elle?
-Ann. Tu es sûr que ça va? Tu es très pâle.
Je tente de reprendre contenance, il me faut du temps, mais j'y parviens. Une fois calme, je tourne la tête vers Ruben tout en lui présentant mes excuses.
-Je vais mieux, désolé pour la frayeur.
-Tu connais Leland.
J'acquiesce. Après tout, il est inutile de nier.
-J'aurais dû le rencontrer beaucoup plus tard...explique-je.
-Leland est un excellent navigateur.
Je comprends ce que sous-entend Ruben. Acquiesçant, je me lève pour aller lui parler lorsque je vois Clopin et Leland revenir vers nous.
-Gamin, je suis ton homme! s'exclame Leland avec un grand sourire tout en me prenant la main qu'il secoue de haut en bas. J'ai su convaincre cette tête de mule d'accepter ta proposition!
-Hé! s'exclame, indigné, Clopin. Je ne suis pas une tête de mule, Gádjo (1)!
Leland ne fait pas attention à l'appellation, qu'il me pose LA question qui va me faire passer pour un fou.
-Où vas-tu trouver le bateau?
-À vrai dire, je l'ai avec moi. Je ne pourrais vous le montrer que plus tard. Lorsque nous serons dans une ville portuaire.
-Très bien, j'ai hâte!
Ouf! Sans le savoir, Leland me soulage d'un grand poids! C'est soulagé que je lui adresse ces mots:
-Vous ne serez pas déçu.
Me rasseyant, je suis soulagé de savoir que grâce à Leland Clopin partira avec nous. C'est avec un sourire que je regarde Ruben et Leland taquiner Clopin qui continue de râler.
De ce que j'ai retenu de mes cours de géographie, nous nous trouvons dans la forêt de Gâvre. La ville portuaire la plus proche est Brest. Soit à deux jours de marche (2).
Un rapide coup d'œil au ciel ne m'aide pas à savoir le temps qu'il fera demain, mais un long frisson dans le dos m'informe que la nuit est fraîche.
-Améthyste?
Tournant la tête vers la droite, je vois Ruben prendre place à mes côtés.
-Quand souhaites-tu que nous partions?
-Demain. C'est possible?
-C'est faisable, bien que je trouve que partir aussi tôt n'est pas bon pour les enfants et bébés qui peuplent ma Cour.
-Je comprends ta crainte, mais là où je vais vous conduire ces enfants pourront bénéficier d'un endroit sec et chaud.
D'ailleurs, je devrais écrire un mot à Agnarr pour lui en parler. Sentant une main sur mon épaule, je souris à Ruben.
-Merci Améthyste. Pour tout ce que tu fais pour les miens. Et pour la famille de Rubis.
-De rien. lui adresse-je un clin d'œil.
Pendant dix minutes j'explique à Ruben en quoi mon bracelet n'est pas un bijou ordinaire. Ce n'est pas simple d'expliquer avec des mots faciles, mais Ruben semble comprendre.
[NDA: Pour le reste du chapitre, nous passons sous le POV de l'auteure car je me rends compte que laisser Amé' avoir l'exclusivité de l'histoire peut déranger certaines personnes.]
Le lendemain matin, Ruben apprend à sa Cour le changement de direction. Au lieu de se rendre à Paris, ils vont se rendre à Arendelle.
Si certains membres posèrent des questions sur le pourquoi d'un tel changement, c'est Améthyste qui leur apprit qu'en allant à Arendelle ils ne risquaient pas de se faire arrêter puis exécuté comme Manolo Sanchez.
Cette argument de poids suffit à l'ensemble de la Cour des Miracles pour accepter le changement de pays.
Comme pour mettre les nerfs de tout le monde en pelote il fallut deux bonnes semaines à la Cour de Tiago et Améthyste pour atteindre Brest.
Au matin du quatrième jour, ils rencontrent une mère de famille et ses quatre enfants dont trois sont fortement malades.
Amélie, la mère de famille, apprend à Rubis le nom du mal qui ronge ses enfants.
Si Clopin et quelques membres de la Cour refusent d'apporter leur aide, plus par crainte que par mépris, en découvrant la richesse apparente quoique discrète des personnes en détresse.
-Je refuse de laisser ces personnes souffrir davantage! répond, glaciale, Rubis en fusillant du regard les froussards.
Les membres de la Cour sait que Rubis est une jeune femme douce, gentille, ayant à cœur d'aider les gens dans le besoin, mais tous ont appris avec le temps que Rubis a développer une colère froide lorsqu'elle juge une situation injuste.
-Rubis, tu es folle! s'exclame, choqué, Ruben. La rougeole est contagieuse! Pense à nos enfants!
-J'y pense, figures-toi! réplique la jeune mère toujours aussi glaciale. Il est hors de question que je ne tente rien pour sauver ces pauvres gens! Quel genre de guérisseuse serais-je si je n'apporte pas mon aide à ceux qui en ont besoin?
Pendant une heure, Ruben tente de faire changer sa femme d'avis, en vain. Rubis obtient gain de cause grâce à sa ténacité sous le regard admiratif d'Améthyste.
Elle prit une roulotte vide où elle fit installer les malades afin de s'en occuper.
Elle refusa toutes visites, mais garda près d'elle son fils nouveau-né afin qu'elle puisse l'allaiter.
Pendant dix jours et neuf nuits Rubis montra toutes ses compétences à soigner.
Elle mit tant d'ardeur à soigner ses patients qu'elle rata le réveil de l'un d'eux qui, malgré sa vue floue, la compara à un Ange.
Concentrée dans sa tâche, Rubis l'avait entendu, mais n'avait rien dis. Ni ne s'était retournée, touchée par le compliment.
C'est au matin du dixième jour qu'elle se réveilla en sentant une faible secousse sur son genou gauche. S'étirant tout en se frottant les yeux, Rubis s'approche du lit où elle a l'agréable surprise de voir son patient le plus âgé avoir les yeux ouverts!
Posant une main sur le front de son patient, Rubis sourit.
-Votre fièvre est tombée, vous êtes tiré d'affaires Monsieur de Châteaupers.
L'appelé sourit, mais son sourire s'estompe lorsqu'il demande d'une voix inquiète comment vont ses benjamins.
Comprenant la requête de son patient, Rubis va les voir. Elle revient très vite avec le même sourire soulagé, un verre d'eau à la main.
-Votre frère et votre sœur dorment profondément, ils sont eux aussi tirés d'affaires.
Soulagé au-delà des mots, l'alité en soupire, le regard brillant de reconnaissance.
Avec des gestes doux, Rubis aide son patient à se redresser un peu pour ensuite l'aider à boire.
L'eau fraîche fait un bien-fou à l'alité qui en gémit de bonheur. Rubis rit doucement, amusée. Reposant le verre sur la table de chevet, elle recouche son patient qu'elle recouvre de la couverture.
-Comment vous ap...pelez-...vous? demande ce dernier avec quelques difficulté.
-Rubis. sourit cette dernière en lui remettant derrière les oreilles quelques mèches rebelles. Lopez Rubis. Reposez-vous à présent, je vais avertir votre mère et votre sœur de votre réveil.
Voyant son patient se rendormir très vite, Rubis sourit, attendrie. Prenant son fils dans ses bras, elle quitte la roulotte, des cernes immenses sous les yeux, fatiguée, mais heureuse.
En la voyant sortir, Amélie court vers elle pour la questionner. Rubis l'interrompt en levant la main, lui demandant de la suivre jusqu'à la rivière afin qu'elles soient plus à l'aise. Ce que fait Amélie.
Les deux mères de famille se dirigent vers une petite rivière où Rubis se dévêtit afin de nettoyer sa robe après qu'elle ait confié son bébé à Amélie.
-Madame Lopez, dites-moi! l'implore Amélie, ne pouvant plus attendre. Comment vont mes enfants?
Ayant terminé sa tâche, Rubis s'immerge dans l'eau, appréciant la fraîcheur de l'élément liquide.
Tournant la tête vers son interlocutrice, elle lui fait signe d'avancer. Ce qui lui permet de récupérer son fils qu'elle allaite aussitôt.
-Madame de Châteaupers, j'ai la joie de vous apprendre que vos enfants sont hors de danger.
En entendant la nouvelle, Amélie sent ses jambes trembler avant qu'elle ne tombe à genoux, des larmes de soulagement roulant sur ses joues, le regard brillant de soulagement, le cœur apaisé, un immense sourire reconnaissant étirant ses lèvres.
-Oh, Mère Nature! Sois remerciée mille fois!
Étonnée d'entendre le nom de Mère Nature de la bouche d'une noble, Rubis n'a pas le temps de questionner son aînée que cette dernière lui sourit tout en s'essuyant les yeux.
-Plus tard, voulez-vous? Je vais de ce pas informer ma fille de l'heureuse nouvelle.
-Bien sûr, je comprends. lui sourit en retour Rubis. Si vous voyez mon époux, pouvez-vous lui demander de me rejoindre?
-D'accord. accepte Amélie en se relevant.
Quittant son aînée des yeux, Rubis embrasse le front de son fils tout en le regardant avec amour et tendresse.
-Mon bébé, grâce à toi, j'ai pu sauver ces gens du gouffre des Limbes. Merci beaucoup mon cœur.
Comme pour lui répondre, Esmeraldo sourit pour ensuite se remettre à téter.
Du côté d'Amélie, cette dernière se met à courir tout en appelant sa fille aînée.
-Blanche? Où es-tu, ma fille? Blanche!
Étonnée d'entendre son nom, l'appelée lève la tête de la petite table où elle enseignait la lecture à sa petite élève.
Voyant sa mère courir vers elle, Blanche se lève, mais à peine est-elle debout qu'elle est prise dans une étreinte d'ours!
-Ma fille, tes frères et sœur sont saufs! s'explique Amélie, euphorique. Oh, comme je suis heureuse!
En entendant cette bonne nouvelle, Blanche écarquille les yeux de surprise, mais très vite la joie remplacement l'étonnement. Au comble du bonheur, elle serre sa mère, des larmes de joie roulant sur ses joues pâles, des tonnes de mercis adressés à Mère Nature.
Esmeralda sourit en voyant les deux femmes aussi heureuses. En cet instant, elle se promet d'étudier davantage pour être une aussi excellente guérisseuse que sa mère!
Deux mains se posant sur ses épaules font pencher la tête d'Esmeralda vers l'arrière pour voir son père se tenir debout derrière elle.
-Ta mère a encore fait de l'excellent travail, ma chérie.
-Oui! Je suis trop contente!
Pendant que mère et fille s'enlacent, Amélie redresse la tête, plongeant son regard clair dans celui de Ruben.
Silencieusement, elle formule la demande de Rubis. Ainsi que l'endroit où elle se trouve.
Acquiesçant, Ruben la remercie de la même façon. Entraînant Esmeralda avec lui, père et fille se rendent auprès de leur épouse et mère.
Ils la retrouvent à la rivière en train de rire aux éclats...un cheval d'eau à ses côtés?!
Ruben n'a pas le temps de formuler une pensée que l'animal redresse la tête, les ayant sentis, pour changer de position, méfiant.
En voyant l'être de l'eau changer d'attitude, Rubis tourne la tête vers ce qui dérange son ami. Elle sourit à pleines dents en voyant son mari et leur fille.
Se relevant, elle adresse toute son attention à l'équité tout en passant sa main tout au long de l'encolure, ce qui semble apaiser l'animal.
-Tout va bien, Nook. prend-elle la parole. Il s'agit de mon mari, Ruben, et d'Esmeralda, ma fille.
💧Je sens quelque chose de différent en eux.💧 hennit-il doucement en acceptant la caresse. 💧Demande-leur de s'approcher.💧
Étonnée par la demande, Rubis obéit néanmoins. Je ne lui ai pas parlé de l'étrange don de Ruben, pourtant. L'a-t-il deviné grâce à son statut d'Esprit Élémentaire?
Y allant avec douceur, Ruben attrape la robe de sa femme suspendue à une branche avant d'entrer dans l'eau. Sans pour autant quitter des yeux l'animal.
Impressionnée par l'étrange animal, Esmeralda ne montre pas la même retenue que son père. S'élançant vers l'étrange animal qui ne bronche pas en la voyant courir vers lui, Rubis lui ayant raconté le caractère impulsif de sa fille.
-Racli (3)! Va doucement!
Trop tard. Esmeralda se trouve devant l'animal, des étoiles pleins les yeux.
Nook observe pendant une longue minute l'enfant pour ensuite baisser la tête, posant son naseau sur le front de la petite qui rit, yeux clos, en sentant l'eau la mouiller.
-Vous êtes Nook, pas vrai? murmure doucement Esmeralda. L'Esprit de l'Eau?
💧En effet.💧 acquiesce l'équité.
Étonnée d'entendre une voix dans sa tête, Esmeralda ouvre de grands yeux surpris.
💧N'aies crainte, enfant, je ne te veux aucun mal.💧
Pendant une longue minute ni l'enfant ni l'animal ne reprend la parole sous le regard ému de Rubis et celui admiratif de Ruben.
💧J'avais vu juste. Tu es très différente des autres enfants.💧
-Pourquoi dites-vous que je suis différente?
💧Parce que tu l'es. Comme ton petit frère. Et votre père.💧
De plus en plus surprise, Esmeralda plonge son regard dans celui de l'animal.
💧Tu découvriras ton don bien assez tôt.💧 s'explique Nook. 💧À plus tard, jeune Élue. Au tour de ton père, à présent.💧
-À plus tard...murmure, troublée, l'enfant.
Pendant la courte conversion, aucun des parents de la petite n'est intervenu. Rubis ayant expliqué à son mari que leur fille ne risque rien, que l'instant est rare.
Ruben n'avait pu qu'approuver, trouvant le moment cérémoniel. Voir magique.
C'est grâce à Rubis que sa Cour et lui-même croient en Mère Nature et aux Esprits protecteurs, mais pouvoir contempler l'un d'eux aussi près? C'est un rêve.
-Papa? Nook souhaite te parler.
Reprenant pied avec la réalité, Ruben bat quelques instants des paupières pour ensuite se diriger vers l'Esprit de l'Eau.
Avec lenteur, une fois proche de l'animal, ce dernier baisse la tête, l'invitant à le caresser. Levant la main gauche qu'il pose entre les deux oreilles, Ruben plonge son regard dans celui de l'animal.
💧Je ne m'étais pas tromper.💧
Sursautant en entendant la voix de l'Esprit résonner dans sa tête, Ruben ne dit rien malgré le début de curiosité qui lui brûle la langue.
💧Tu descends d'une longue lignée de gens bien, Ruben Lopez.💧
Que voulez-vous dire? Je ne suis qu'un orphelin sans lignage.
💧Détrompes-toi.💧 secoue de la tête Nook. 💧De part les actions de tes ancêtres, Gabriel et Lucia Lopez, leurs descendants ont été bénis en guise de remerciement. Ton don en est la preuve.💧
-Parlez-moi de ma famille...s'il vous plaît.
En entendant la voix de son chéri trembler, Rubis sent son cœur se serrer. Avec Clopin, elle sait mieux que quiconque la douleur de son mari sur son absence de lignage. Qu'il se pose beaucoup de questions sur sa famille de sang qu'il n'a jamais connue.
C'est sous le regard de sa femme et de sa fille que Ruben apprend qui il est réellement.
De son côté, Améthyste fait de son mieux pour ignorer les remarques désagréables de Clopin. Il se montre aimable avec toutes les personnes qu'il croise, s'amuse avec les enfants, s'entraîne au corps à corps avec Musclor (un colosse dépassant Ruben de trente bon centimètres) ou bien aide à préparer les repas tout en découvrant qu'il est possible de se nourrir convenablement de viandes et de légumes.
Améthyste n'est pas un jeune garçon qui raffole de la viande, mais grâce à la cuisine gitane il découvre d'autres saveurs. Notamment grâce à l'odorat. Bien qu'il est précisé qu'il continuera de manger des légumes, fruits et du poisson.
En ce moment, Améthyste s'occupe à ramasser du bois pour le feu de ce soir, mais il sent que sa patience atteint tout doucement ses limites en entendant Clopin faire des sous-entendus qu'il n'apprécie guère…
-En faite, tu nous conduits à Brest dans le but de toucher une grosse somme d'or! Je me...
-MERDE À LA FIN! hurle, à bout, Améthyste.
Laissant tomber les quelques bûches qu'il a dans les bras, Améthyste se retourne pour attraper Clopin par le col de sa chemise, faisant sursauter ce dernier qui en lâche aussi ses bûches.
-J'ai parfaitement compris que tu ne m'apprécies pas. Que tu te questionnes sur moi, ok. Que tu trouves étranges que je refuse de répondre aux questions que les autres, hormis Ruben et Rubis, me posent titille ta curiosité, je peux comprendre. Cependant, sache que jamais, au grand jamais, je ne vous vendrais contre une quelconque somme d'argent! Tu veux savoir pourquoi? Tu le veux? Très bien, je vais te le dire! Je viens du futur! Là d'où je viens, ma famille, mes amis et tout ce qui faisait mon monde a disparu sous les assauts des sbires de Chernabog! On m'a fait voyager dans le passé pour empêcher un massacre mondial, mais ce que les Invocateurs ont oublié une chose: Je n'ai que 15 ans! Je suis seul pour mener à bien cette mission! Et je...et je...
Lâchant Clopin, Améthyste tombe à genoux, tête basse, de lourds sanglots déchirant sortent de la barrière de ses lèvres, des larmes brûlantes roulant en cascade le long de ses joues.
Abasourdi, les yeux exorbités par l'aveu de son jeune vis-à-vis, Clopin ne sait que dire ou que faire. Les mots tourbillonnent sous son crâne, lui donnant un début de mal de tête, mais petits à petits les pièces du puzzle s'assemblent dans son esprit.
Le puzzle n'est pas complet, mais de ce que Clopin en conclut est que derrière ses airs d'adulte, Améthyste cache sa souffrance d'être séparé des siens. Est-ce définitif? Clopin l'ignore, mais s'il y a bien une chose qu'il n'a jamais aimé voir chez quelqu'un (sauf un ennemi) est des larmes de souffrance.
Sous ses yeux, il ne peut que constater qu'Améthyste souffre réellement de l'absence des siens. C'est pourquoi il se laisse tomber à genoux devant l'adolescent qu'il prend d'autorité dans ses bras.
Si Améthyste est surpris par l'étreinte, il tente de s'en défaire, refusant que Clopin le blesse à nouveau. Néanmoins il constate assez vite que malgré qu'il soit filiforme Clopin est assez robuste.
-Je suis le Roi des idiots...murmure ce dernier. Pardon.
Le monde des Gitans est régi par plusieurs règles d'or, mais celle qui vient à l'esprit de Clopin est celle qui dit qu'il est interdit qu'un enfant pleure. Qu'il pleure de joie ou de rire, c'est fort bien, mais que le dit-enfant pleure de douleur? Non. Ça, tout gitans se refusent à l'envisager.
C'est maladroitement que Clopin tente de réconforter Améthyste qui pleure à gros sanglots, murmurant des « Papa », « Maman », « Grande sœur » , « Tout le monde » d'une voix déchirante, faisant serrer douloureusement son cœur.
Après de très longues minutes à tenter de réconforter Améthyste, Clopin le sent s'apaiser.
-Améthyste? l'appelle-t-il doucement.
C'est la respiration calme du jeune garçon qui informe Clopin qu'Améthyste s'est endormi.
Doucement, Clopin se redresse avec Améthyste dans les bras pour ensuite retourner au campement, la tête pleine de questions.
Quelques minutes plus tard, il dépose Améthyste dans son lit qu'il recouvre de la couverture.
-Reposes-toi, petit. Tu me donneras plus de détails plus tard.
Alors qu'il allait sortir de la roulotte, Clopin aperçoit dans un coin de l'habitacle un couteau à bois et un bloc de bois de forme longiligne.
Pendant une longue minute, Clopin hésite. Le travail du bois n'est pas sa spécialité, mais...que pourrait-il faire pour se faire pardonner?
Clopin sort de la roulotte pour aller s'installer auprès du feu.
En chemin, il apprend par la Grosse Irma que les enfants de Madame de Châteaupers sont tirés d'affaires.
-Pourquoi? sourit-il, malicieux. Tu doutais des capacités de Rubis?
-Idiot! rigole Irma en lui donnant une tape sur l'épaule avant de reprendre gravement. Tout le monde sait qu'elle est la meilleure, mais je trouve qu'elle a joué gros cette fois.
-Je trouve aussi. acquiesce Clopin. J'ignore d'où lui vient sa santé de fer, mais j'espère qu'elle ne tombera jamais malade.
-Que Mère Nature t'entende! soupire la Grosse Irma. Que Mère Nature t'entende!
La Grosse Irma reprend sa route en direction d'une roulotte. Roulotte qui n'est pas la sienne, mais Clopin ne s'en soucie guère.
Reprenant sa marche vers le feu, il a la joie d'y voir Ruben et sa famille discuter avec Madame et Mlle de Châteaupers.
-Bonsoir tout le monde! les salue-t-il avec bonne humeur. Rubis, j'ai appris tes exploits d'aujourd'hui: Ménages-toi, d'accord?
-Promis. acquiesce la nommée avant d'étouffer un bâillement. D'ailleurs, je vais de ce pas aller m'allonger, je suis fourbue!
Sur ce, Rubis se lève, Esmeraldo dans les bras.
En passant à côté de Clopin, elle lui murmure à l'oreille qu'elle sait qu'il a blessé Améthyste.
-...à toi de tout faire pour gagner sa confiance.
Surpris, Clopin regarde Rubis avec de grands yeux surpris, mais cette dernière reprend sa route vers sa roulotte.
S'installant à la place de Rubis, Clopin écoute Ruben lui résumer leur discussion.
-Je suis content pour vous, Mesdames, mais excusez ma curiosité: Il y a quelque chose que je ne comprends pas.
-Je vous écoute. sourit Amélie.
-Comptez-vous retourner sur Paris?
-Nous n'avons pas vraiment le choix. soupire Amélie. Je voulais que certains de mes enfants puissent voir le pays où je suis née, mais ça sera pour une prochaine fois.
Devant le regard interrogatif des deux hommes, Amélie explique qu'elle est née parmi le peuple des Northuldras.
-Comme maman! s'exclame, ravie, Esmeralda en relevant la tête de son ardoise.
Surprises par l'exclamation de la fillette, Amélie et Blanche tournent la tête vers l'enfant. C'est néanmoins Ruben qui prend la parole.
-C'est exact. Ma femme est, avec ses sœurs, une Northuldra qui a su fuir avant qu'une étrange Brume ne sépare les Northuldras et les soldats d'Arendelle pendant onze années.
-Des soldats d'Arendelle? Mais que faisaient-ils là?
-De ce que Rubis se rappelle le Roi Runeard était venu leur rendre visite pour faire une alliance avec eux. En guise d'amitié éternelle entre les deux nations il avait ordonné la construction d'un pont.
Acceptant le verre de Moretum et d'eau que Luisa leur tend à chacun, Ruben reprend après avoir bu une longue gorgée.
-Tout se passait bien, mais sans crier et gare des affrontements ont éclaté pendant lesquels les deux chefs ont trouvé la mort. reprend-il. Le Prince Agnarr aurait péri lui aussi si la Reine Iduna ne l'avait pas sauvé. Vent, l'Esprit millénaire, a sauvé ces quatre enfants qui sont devenus respectueusement les Souverains d'Arendelle, la Reine de Corona et ma femme.
Sans voix. Amélie et Blanche sont sans voix.
-J'ignorais qu'il s'était passé tant de choses...murmure, troublée, Amélie. Je comprends mieux les inquiétudes de ma défunte mère.
-Sauf erreur de ma part, vous ne ressemblez pas à une femme Northuldra. fait remarquer Clopin.
Amusée, Amélie explique qu'il s'agit de l'un des nombreux pouvoirs de Mère Nature.
-Vous devez savoir que ma mère, Chenoa*, a quitté notre peuple il y a une quarantaine d'années suite à la mort de mon père biologique suite à une infection pulmonaire. reprend-elle.
Buvant une gorgée de sa boisson, Amélie la trouve à son goût.
-Nous avons erré de par le monde jusqu'à trouver un endroit où vivre, à savoir Paris. Ma mère a pu se remarier avec un homme de petite noblesse du nom de Boulainvilliers (4) grâce à qui j'ai reçu une excellente éducation et qui m'a fait rencontrer le père de mes enfants.
-C'est triste. murmure Esmeralda, les yeux brillants, en prenant les mains de la noble dame dans les siennes.
-Je te remercie pour ta sollicitude, ma petite. lui sourit Amélie. Mais tu sais, mon mari me comble tous les jours de bonheur et d'amour depuis notre mariage et même avant.
-Alors je suis contente pour vous! sourit Esmeralda sous l'œil fier de son père et de son parrain.
-Esmeralda? l'appelle tendrement Blanche. Tu m'as parlé de Nook tout à l'heure. À quoi ressemble-t-il?
Un grand sourire aux lèvres, Esmeralda retourne près de Blanche. Tel un moulin à vent un jour de fort bourrasque, l'enfant se fait une joie de décrire l'Esprit de l'Eau.
Heureuse de voir sa fille aînée aussi épanouie, Amélie ne peut que sourire.
Finalement ce n'est pas plus mal que ce malotru de Jean-Marie soit mort! songe-t-elle.
Plusieurs heures passent lorsque Rubis et Améthyste rejoignent les autres pour le repas du soir.
À la surprise de tous, sauf de Rubis, Améthyste ne prend pas place à la droite de Ruben, mais s'installe auprès de Musclor.
Autre surprise, le jeune garçon ne prononce pas un mot lorsque quelqu'un l'interroge. Même les enfants n'arrivent pas à lui tirer un mot. La seule réponse que tous obtiennent est un micro-sourire désolé.
-Améthyste?
Levant la tête de son bol de ragoût, l'appelé voit Clopin près de la marmite, la louche en main.
-Veux-tu encore un peu de ragoût?
Fusillant l'adulte des yeux pendant quelques secondes, Améthyste ne répond pas. Posant son bol à terre, le jeune garçon se lève, quittant le cercle pour s'enfoncer dans la forêt.
-Clopin? Qu'as-tu fait au petit?
Cette question c'est Musclor qui vient de la poser.
Personne n'ignore la relation tendue entre Clopin et Améthyste depuis l'arrivée de ce dernier parmi eux.
Si les enfants ne comprennent pas, les adultes (plus Amélie et Blanche), eux, savent qu'au bout d'un moment ''d'interrogatoire'' (d'harcèlement?) qu'Améthyste va craquer.
Ruben avait tenté d'apaiser les choses, mais lorsque Clopin l'interrogeait sur les choses dont Améthyste parlait avec lui, Ruben lui répondait que Rubis et lui-même ne pouvaient en parler à personne.
Visiblement c'est arrivé aujourd'hui. est la pensée de tout le monde.
-Tu es fier de toi?
Penaud, Clopin ne dit rien, tête basse.
C'est Ruben qui a posé la question. Le regard luisant de colère, il se lève.
-J'espère pour toi qu'Améthyste n'est pas parti. reprend-il la parole. Car sans lui seule Mère Nature sait ce qui nous serait arrivé si nous avons gardé notre destination de base.
💧Il est monté sur la plus haute branche d'un charme.💧 se manifeste une voix dans la tête de tout le monde. 💧Ne cherchez pas à lui parler, il a besoin d'être seul un moment.💧
-Vent?! s'exclame, surprise, Rubis.
💧Oui, c'est moi!💧 est l'exclamation toute guillerette de l'Esprit invisible.
Pour appuyer ses dires, Vent s'amuse à soulever les enfants de terre pour ensuite décoiffer les adultes (du moins ceux qui ont encore des cheveux) sous le rire ravi de Rubis qui reconnaît le caractère malicieux de l'Esprit.
Pendant deux heures l'Esprit raconte ce qu'il s'est passé à Arendelle le fameux jour où lui et les autres Esprits se sont fâchés. Comme il explique que c'est grâce à la petite Elsa que la Brume n'est plus qu'un souvenir désormais.
Heureuse de la nouvelle, Rubis en pleure de bonheur, le cœur en fête. Elle est enveloppée par les bras puissants de son mari.
Tout le monde applaudit, partageant la joie de la femme de leur Chef.
De son côté, Clopin se sent misérable.
S'étant éloigné des autres, il se rend auprès de la rivière, réfléchissant à ce qu'il pourrait faire pour se faire pardonner.
La nuit durant, il ne bouge pas, se creusant la tête. Cependant, il rate le retour d'Améthyste, mais ce dernier ne va pas le voir. Il se dirige vers sa roulotte où il se couche directement dans son lit.
Pas pour y dormir, mais pour écrire. Longtemps.
Le lendemain matin tout le monde (sauf les enfants) est debout dès la première heure. Le voyage reprend.
Cinq jours plus tard tout ce beau monde arrive à Brest, se dirigeant vers le port où tous voient un magnifique bateau derrière Améthyste.
Ce dernier avait pris de l'avance afin d'acheter assez de nourriture, d'eau fraîche et d'habits chauds.
-Tout le monde! J'ai le plaisir de vous présenter le Neptune (5)!
Le Neptune est un magnifique un galion à trois-mâts carrés, muni d'un mâtereau avant et d'une civadière. Il mesure 63 m de long avec une largeur de 16,40 mètres et un tirant d'eau de 2,20 mètres. Il est équipé det 20 km de cordage (soit 11 tonnes de cordes) et de deux cales hautes de plafond (A) où est stockée les denrées dans la première alors que la seconde est divisée en plusieurs boxes pour les chevaux et de garages pour les roulottes.
De plus les cabines sont assez grandes pour y accueillir une famille de six personnes (B), alors que la pièce pour les repas est assez grande pour y accueillir une centaine de personnes (c).
-Tu as dû dépenser une sacrée somme, gamin! siffle, admiratif, Leland.
-Héritage familial. répond avec un clin d'œil le jeune garçon. Je ne sais pas conduire, mais je peux être ton Capitaine en second.
-Avec plaisir! accepte avec joie Leland.
C'est ainsi que pendant 20 jours Leland et Améthyste conduisent tout ce beau monde à Arendelle.
Amélie avait eu la joie de voir ses enfants alités debout, en pleine forme. Elle avait écrit à son mari pour lui apprendre l'heureuse nouvelle.
Grâce à Vent, sa missive arrive rapidement à destination.
À Reims, Joseph est surpris de recevoir du courrier volant.
Ouvrant la fenêtre de son bureau, le patriarche de Châteaupers attrape le courrier.
Refermant la fenêtre à cause du froid extérieur, Joseph s'installe à son bureau pour lire la missive de son épouse.
Bonté divine! songe-t-il. Ils en ont vécu des choses!
Il est ravi d'apprendre que ses enfants sont rétablis et que leur voyage continue.
Attrapant une feuille de parchemin et sa plus belle plume, Joseph se met à écrire.
Il apprend à sa femme le recrutement de leurs fils jumeaux chez les Capitaines Tréville (6) (pour Phebus à Paris) et François (pour Philippe à Orléans), de l'entrée à la Cour du Roi de Renaud, Sabine et Marie sous la demande de la Reine Charlotte de Savoie. Tout en précisant que leur petite Léa grandit bien.
Il joint à la lettre un petit portrait regroupant les enfants.
Retournant à la fenêtre, il tend le bras.
-Esprit du vent, si c'est bien vous, apportez ceci à ma femme, je vous prie.
💧J'y cours, j'y vole!💧
Sursautant sous la surprise, Joseph en lâche sa réponse qui s'envole.
-Faites bien attention à vous, mes Amours. murmure-t-il, sa main droite serrant la croix qu'il porte autour du cou.
Assisse dans un coin ombragé du pont supérieur, Blanche dessine le profil de Leland et d'Améthyste.
De part sa nature douce et discrète, Blanche sait se faire oublier. Un "don" qu'elle a développé très tôt dans sa vie.
Après tout, son grand-père paternel lui répétait assez souvent dans son enfance qu'elle aurait dû naître garçon.
Que contrairement à ses frères, elle est un poids inutile.
Dire que la mort de son grand-père l'avait soulagé est un euphémisme. Blanche n'avait jamais parlé des brimades du vieillard.
C'est Christine, déjà garçon manqué alors qu'elle n'avait que 4 ans, qui avait levé le voile.
La jeune fille de 16 ans qu'était Blanche avait fondu en larmes, racontant tout à ses parents et ses grands frères.
Malheureusement, cet Enfer avait revu le jour un mois après son mariage avec Jean-Marie d'Abzac.
-C'est magnifique.
Redressant la tête, Blanche voit devant elle, enveloppée dans une couverture, Rubis, son fils dans les bras.
-Oh, Madame Lopez!
Se décalant, Blanche fait de la place à Rubis qui s'installe.
-Merci.
-Je vous en prie.
Un silence s'installe pendant lequel Blanche continue de dessiner alors que Rubis allaite son bébé.
Du coin de l'œil, Blanche a un sourire attendri en voyant le tendre tableau à sa gauche.
Reportant son attention sur son œuvre, Blanche dessine à nouveau.
En arrière-plan, elle rajoute Rubis sans se douter que cette dernière l'observe du coin de l'œil.
-Excusez ma curiosité, mais avez-vous été mariée Blanche?
Se raidissant en entendant la question, Blanche stoppe tout mouvement.
-Je...oui.
Voyant que son interlocutrice se sent mal, Rubis s'excuse, ne voulant pas la blesser.
-Ne le soyez pas, j'ai encore du mal à réaliser que je sois libre.
-Libre? répète, curieuse, Rubis. Que voulez-vous dire?
Pendant une longue minute, Blanche hésite. C'est la douceur toute maternelle de Rubis et le début d'amitié qui les unit qui la pousse à se confier.
-À la base, mes frères, ma sœur, notre mère et moi-même sommes partis pour me remettre de la mort de mon mari. se lance-t-elle. Il est mort il y a un mois.
Posant une main compatissante sur l'épaule de Blanche en guise de soutien silencieux, Rubis ne dit rien. Ce qu'apprécie Blanche.
-Nous avons été mariés trois ans. reprend-elle. Ce n'était pas un mariage d'Amour, mais Jean-Marie était un homme charmant. Très attentionné, très tendre, très compréhensif lors des premières semaines après que mon frère Abraham ait célébré notre mariage.
Un nouveau silence. Blanche frissonne, mais Rubis devine que ce n'est pas un frisson de froid. Bien que les températures refroidissent petits à petits depuis qu'ils se rapprochent du Nord.
-J'ai très vite déchanté lorsqu'il m'a montré son vrai visage. C'était un mois après nos noces. Ma vie de femme mariée a été horrible, mais je n'ai jamais su trouver le courage d'en parler à quiconque. J'ai supporté en silence cet Enfer tout en faisant mon possible pour satisfaire ma Reine.
Un silence. Plus long que le précédent. Le regard perdu dans le vague, Blanche caresse sa gourmette en or, retraçant du bout des doigts son nom et sa date de naissance gravés.
-Ce sont mes frères, Phoebus et Philippe, qui ont découvert mon secret en venant me rendre visite par surprise. Ils ont surpris Jean-Marie en train de me frapper. Sans leur visite, je serais sûrement morte depuis longtemps.
Horrifiée, Rubis a un hoquet de stupeur, mais ne dit rien.
-Père a su convaincre Sa Majesté Louis XI de me rendre ma liberté à défaut de pouvoir briser mon mariage. sourit, désabusée, Blanche. Sa Majesté Charlotte de Savoie m'a accordé une année de congé, mais je sais qu'à mon retour ma place sera prise.
-Je suis sincèrement navrée. Je n'aurais pas dû vous questionner.
Tournant la tête vers son interlocutrice, Blanche lui sourit.
-Il n'y a pas de problèmes. Je crois...que j'avais besoin de raconter mon histoire. Qu'une personne étrangère à ma famille puisse avoir connaissance de mon vécu. Et me dire ce que j'aurais pu faire pour éviter de revivre pareil Enfer.
-Je suis touchée par la confiance que vous m'accordez, mais je ne sais comment je pourrais vous conseiller. prend la parole Rubis. Aussi loin que remontent mes souvenirs d'enfance mes parents s'aimaient et se respectaient mutuellement. En tant qu'épouse Ruben me couve d'Amour, ce que je lui rends bien volontiers. Il n'a jamais eu le moindre mot ou geste déplacés à mon égard.
Quel dommage qu'il n'existe pas davantage d'hommes comme Monsieur Lopez.
-J'aurais adoré naître parmi les Esprits Élémentaires et votre peuple. sourit Blanche en se tournant vers Rubis. J'ai le sentiment que les enfants sont élevés sans la moindre distinction. Que filles et garçons reçoivent la même éducation et les mêmes valeurs.
-Je pense, effectivement, que vous aurez aimé. acquiesce Rubis. Que diriez-vous de vivre quelques temps avec Ruben, les enfants et moi dans ma tribu? Après tout, vous avez du sang Northuldra qui coule dans vos veines.
Surprise, Blanche écarquille des yeux.
-Je...vraiment?
Pour seule réponse, Rubis sourit.
Depuis ce jour, Rubis et Blanche sont devenues officiellement amies.
Royaume de Corona, très tôt le matin (10 jours avant l'arrivée d'Améthyste et de la Cour)
Installée sur un confortable tabouret, sa harpe posée sur son épaule droite, le regard observant sans le voir l'horizon marin accueillir le lever du soleil, ses doigts glissent puis pincent délicatement les cordes de son instrument.
Chaque matin depuis deux ans, la Reine Arianna joue le morceau qu'elle avait composé lorsqu'elle avait appris sa grossesse.
Le ton a changé, mais la Reine est persuadée que sa fille est vivante. Que si sa ravisseuse l'a arrachée c'est pour profiter du pouvoir de la Solis ou plus familièrement nommée Fleur du Soleil.
Sa grossesse s'était compliquée alors qu'elle en était à huit mois, comprenant mieux l'inquiétude et la peur de sa plus jeune sœur.
Certes, leur situation n'était pas pareille, mais Iduna et elle-même avaient eu très peur pour Rubis. Après tout, elles n'avaient que 15 ans à l'époque!
Peur qui s'était envolée six mois après la naissance de la petite Esmeralda.
Aujourd'hui, huit ans plus tard, Arianna est heureuse pour ses sœurs, mais...
Si Arianna est honnête avec elle-même, elle ne peut nier le léger pincement de jalousie qui lui tord le cœur en pensant à ses jeunes neveux.
Oh, elle adore Esmeralda, Elsa, Anna et Esmeraldo! Mais savoir que ses sœurs ont eu un deuxième enfant alors qu'elle-même ne peut plus enfanter la rend triste.
Et un peu jalouse.
Soudain, quelque chose attire son attention. Stoppant tout mouvement, Arianna fronce des sourcils.
Le quelque chose est bien là, mais elle n'arrive pas à voir ce que c'est.
Remettant sa harpe debout, Arianna se dirige vers les doubles portes-fenêtres qu'elle ouvre pour se tenir debout à son balcon, elle ne peut louper que la chose capte bel et bien son attention, mais malgré ses efforts elle ne voit pas.
Semblant comprendre le problème, la chose soulève un pan de la mer, ce qui lui permet de se soulever, faisant écarquiller de surprise les yeux d'Arianna en voyant que l'être se révèle être un vieil homme, mais pas n'importe quel vieillard en voyant la couronne d'or ceinturant son front, sa queue de poisson grise (7) et le trident qu'il tient dans sa main gauche.
-Le Roi d'Atlantica (8)...murmure Arianna sous le choc.
-En effet, jeune Reine. acquiesce Triton avec un sourire. Je viens vous voir pour vous apprendre une grande nouvelle de la part de Mère Nature: La Brume séparant votre tribu de naissance du reste du monde est levée! Que diriez-vous de rejoindre cette friponne de Yelena? Oh, et appelez-moi Triton!
-Alors la grande nouvelle que ma sœur Iduna voulait m'annoncer en m'invitant à passer quelques jours à Arendelle...
-C'est cette même nouvelle. acquiesce une nouvelle fois Triton. Alors? Qu'en dites-vous?
-Pardon?! sursaute Arianna. Mais je ne peux prendre cette décision seule! Je dois en parler à mon mari!
-Vous n'avez pas besoin de mon accord si vous souhaitez revoir votre sœur, ma mie.
Sursautant, Arianna se retourne pour voir son époux devant elle, un petit sourire d'excuse aux lèvres.
-Frédérik? Que voulez-vous dire?
-Que vous pouvez vous rendre auprès de votre sœur. s'avance le monarque. Après tout, ne vous l'avais-je pas promis? Je ne peux m'y rendre, mais je serais heureux de vous savoir auprès de votre sœur et de nos petites nièces.
Levant la tête vers Triton, Frédérik lui demande de prendre soin de sa femme.
-Soyez sans craintes, Roi de Corona. promet Triton. Jamais, je ne blesserais l'une des trois Sœurs Sacrées.
Hésitante, Arianna regarde tour à tour son mari et Triton, se mordant la lèvre inférieure.
Reconnaissant le signe d'hésitation chez sa Reine, Frédérik s'avance vers elle pour la prendre dans ses bras.
-Allez-y, ma chère. Si revoir votre sœur peut vous aider à apaiser quelque peu votre âme, qui suis-je pour vous le refuser?
Se blottissant contre le torse de son mari, Arianna sourit, apaisée.
Triton ne dit rien, ému de ce magnifique tableau que sont ces deux êtres se câliner.
Se reculant, Arianna lève la tête vers son époux, son sourire s'agrandit, les yeux luisants d'Amour et de reconnaissance.
-Merci Frédérik.
Se hissant sur la pointe des pieds, Arianna lui offre un petit baiser, baiser que Frederik rend plus passionné sous le regard détourné de Triton.
C'est à bout de souffle que les époux se séparent.
-Roi Triton? Je suis prête à partir.
Tendant sa main tenant son trident, Triton offre un sourire rassurant à Arianna.
-Fermez les yeux.
Ayant toute confiance en l'Esprit, Arianna obéit.
Sous le regard écarquillés par la surprise, le Roi de Corona voit le trident de Triton s'illuminer pour ensuite voir une boule de lumière se diriger vers Arianna, la faisant flotter à un mètre du sol.
Petits à petits les jambes d'Arianna fusionnent devenant une queue de poisson alors que sa couronne, ses bijoux et ses habits s'effacent, montrant davantage de peau alors que sa poitrine est recouverte d'une paire de coquillages violets. De même que sa queue de poisson.
Seul son collier de perles avec l'aigue-marine en son centre n'a pas disparu.
Le phénomène ne dure pas longtemps, mais pour Frédérik c'est une véritable surprise.
Il sait, par sa chère et tendre, que certains Esprits sont puissants, mais pouvoir en être le témoin? Il n'aurait jamais cru ça possible. Quoique les Sirènes ne soient pas des Esprits.
Lorsque la lumière s'estompe, Frédérik court vers sa femme, bras tendus.
Cette dernière descend tout en douceur dans ses bras pour ensuite ouvrir les yeux.
-Vous êtes magnifique, ma Reine. murmure, ébloui, Frédérik.
Tournant la tête vers son époux, Arianna lui sourit.
C'est en voulant bouger une jambe que la Reine de Corona sent sa queue de poisson. Tournant la tête vers ses mmebres inférieurs, Arianna écarquille les yeux en découvrant sa nouvelle apparence.
-Allons-y. sourit Triton.
Délicatement, Frédérik aide sa femme à se tenir debout dans le jet d'eau.
Et sous le regard encourageant de Frédérik, Ariana et Triton descendent petits à petits jusqu'à être immergés à moitié dans la mer.
Après un dernier signe de la main, Arianna et Triton plongent: Direction Arendelle!
{Dix-huitième jour}
Installé dans le nid-de-corbeau, les cheveux au vent, yeux clos, Améthyste joue de son ocarina.
Leland lui a ordonné de se détendre après l'avoir surpris à naviguer de nuit. Et ce, plusieurs fois.
Pour en réalité s'entretenir avec Sable. Ce dernier lui avait promis que North viendrait le chercher le soir de Noël afin qu'il puisse s'entretenir avec les autres Gardiens, mais aussi avec les Fées et les autres Esprits Protecteurs.
Le Neptune est génial, merci pour ce cadeau papa.
Penser à son père efface son sourire, son cœur se serrant douloureusement. Une larme solitaire roulant sur sa joue droite.
Papa...
-Améthyste? Ça ne va pas?
Rouvrant les yeux, Améthyste voit debout devant lui la petite Esmeralda. Accrochant son instrument à sa ceinture, il l'interroge.
-Esmeralda? Que fais-tu ici?
-Ann et Blanche m'ont montré de jolies dames tout à l'heure, mais je n'ai pas compris pourquoi elles étaient dans l'eau.
Un petit sourire attendri étire les lèvres de l'adolescent. Faisant signe à la fillette de s'asseoir sur ses genoux, Améthyste explique à la petite ce que sont les Sirènes.
-Dis? C'est vrai que là où on va on va rencontrer Tante Iduna?
-Oui, comme je suis persuadé que ton autre tante sera là aussi. sourit Améthyste.
-Ah?
💧Est-ce que je dois en parler à Rubis?💧
Non, attendons que nous soyons arrivés. Peux-tu demander à Dame Iduna et son époux de nous attendre à la salle de bal, s'il te plaît?
💧Ça marche!💧
-Améthyste? Est-ce que tu sais si mes tantes ont des enfants?
Baissant les yeux sur sa petite interlocutrice, le jeune garçon sourit.
-Oui, elle en ont.
Une heure plus tard, Améthyste et Esmeralda descendent pour donner un coup de main à la Grosse Irma pour le repas de midi.
Le reste de la journée se passe sans le moindre problème, Améthyste évite toujours Clopin qui tente de s'excuser depuis le début du voyage.
Lorsque le soir arrive tout ce beau monde se réunit sur le pont inférieur, emmitouflés dans de chaudes couvertures.
Et comme chaque soir les anciens racontent de nouvelles histoires, on joue gaiement, on applaudit les artistes pour leur créativité.
Que ça soit musique, jonglerie, acrobatie (Ruben montra à Améthyste qu'il sait captiver son public sans utiliser son don) et danse.
Quant à Améthyste, sous l'insistance de Ruben, montre la panoplie de son répertoire.
Le jeune garçon fait attention à ne se transformer qu'en des animaux légers existants réellement.
Les Dragons, Licornes, Phénix et d'autres créatures dites "légendaires" (et ceux de la préhistoire) il les évite soigneusement.
Aussi bien parce que ça demande beaucoup d'énergie, mais aussi parce que certains membres de la Cour (les anciens, quelques sceptiques et Leland pour ne citer qu'eux) et les de Châteaupers pourraient prendre peur.
Bien que ces derniers aient beaucoup évolué. Notamment Abraham qui, au début, refusait d'entendre parler de Mère Nature et des Esprits, mais tout au long du voyage il commence à comprendre l'importance des croyances de sa mère, de la famille Lopez et de la Cour.
Pour cela il avait beaucoup parlé avec sa mère, Rubis et Améthyste.
Après tout, ça ne fait que deux ans qu'il est devenu Prête.
De plus n'avait-il pas avoué que la principale raison pour laquelle il avait choisi cette profession avait été le décès tragique de sa fiancée?
La principale règle du jeu est que le public doit deviner le nom de chaque animal qu'Améthyste prend l'apparence.
Le premier soir, Améthyste avait créé la surprise en révélant son pouvoir.
-Avant toutes choses, vous devez savoir que je suis un thérianthrope.
Tout le monde s'était regardé, interrogatif. C'est Esmeralda qui avait levé le doigt.
-Un quoi?
-Thérianthrope. sourit l'adolescent. Ça veut dire que mon don me permet de prendre l'apparence de n'importe quel animal.
La soirée se passe bien, tout le monde s'amuse...jusqu'à ce que Clopin interroge Améthyste.
-Est-ce que tu sais prendre l'apparence d'un être humain?
Surpris, le jeune garçon, sous les traits d'une otarie, lève la tête.
Reprenant forme humaine, Améthyste explique qu'il pourrait, mais qu'il n'a jamais tenté l'expérience par le passé.
Tournant la tête vers son public, Améthyste s'excuse, mais qu'il commence à fatiguer.
-Dans deux jours nous arriverons à Arendelle. Je sais que je ne suis pas votre Chef, mais je tiens à vous dire que si vous rencontrez le moindre problème venez me voir. D'accord?
-D'accord!
À Arendelle Arianna avait créé la surprise en apparaissant dans le Fjord sous les traits d'une Sirène pour ensuite reprendre forme humaine grâce à Triton.
Ce dernier avait fourni des habits chauds à sa protégée tout en lui souhaitant un agréable séjour.
Iduna avait été ravie de l'arrivée de son aînée. Elle lui avait raconté tout ce qu'il s'est passé un mois auparavant.
-C'est incroyable...ce garçon est plein de ressource. s'était exprimée Arianna.
-En effet. acquiesce Agnarr. Grâce à lui, Elsa arrive doucement à maîtriser son don. Elle a hâte de lui montrer ses progrès.
Ce que les adultes ignorent est que Sable avait créé une connexion entre les esprits d'Elsa et d'Améthyste.
Par les songes, le jeune garçon apprenait à la fillette à mieux maîtriser son don tout en lui expliquant que ce n'est pas lui son "professeur", mais l'un de ses oncles.
-Je suis curieuse de le rencontrer. avait sourit la Reine de Corona. Au moins pour le remercier d'avoir permis à Yelena et aux autres d'être libres.
-Grâce à lui Elsa et Anna ont pu se faire de nouveaux amis en la personne de la petite Honeymaren et de son frère Ryder. sourit Iduna. Il sera de retour dans une dizaine de jours avec la Cour de Tiago.
-La Cour de Tiago?! Il est fou!
-J'ai essayé de le convaincre, mais c'est lui qui m'a convaincu. Il se porte garant de ces gens.
-Bien que nous ne connaissons pas Améthyste depuis très longtemps, nous lui devons beaucoup. acquiesce à nouveau Agnarr. Sans lui quelle idée idiote me serait passée par la tête?
-Je n'ose pas imaginer. grimace Arianna.
{Salle de bal, 5 heures du matin}
D'après les calculs de Leland ils arriveront à destination pour midi. songe Améthyste en se frottant les yeux.
Il s'est levé tôt pour pouvoir se rendre à Arendelle afin de prévenir les souverains.
Une épaisse couverture sur les épaules, une boisson chaude entre les main qu'il boit doucement, espérant se réveiller rapidement, Améthyste patiente.
Heureusement que Gerda l'avait reconnu en faisant sa promenade matinale quotidienne.
Pas sûr que les soldats m'auraient laissé entrer sans son aide. grimace-t-il.
En entendant la porte derrière lui s'ouvrir, Améthyste tourne la tête pour voir entrer Agnarr, Iduna et Arianna.
Posant sa tasse sur le meuble, Améthyste se lève pour ensuite faire la révérence. Tout en baisant la main des deux sœurs.
-Majestés.
Se redressant, Améthyste offre un sourire reconnaissant à la Reine de Corona en lisant dans son regard vert printanier* que la couleur de son regard ne la gêne pas, mais est source de curiosité.
-Je suis heureuse de pouvoir rencontrer le sauveur de mes nièces. sourit Arianna. Par contre ma sœur et mon beau-frère avaient omis de me dire que vous êtes si jeune.
-J'ai 15 ans, ma Dame.
Passée la surprise, Améthyste demande aux trois souverains de préparer onze couverts supplémentaires.
-Onze? hausse des sourcils Agnarr.
-Je voudrais vous présenter quelques personnes. sourit mystérieusement Améthyste.
Sept heures plus tard, Agnarr, sa femme, sa belle-sœur, Yelena et les enfants (Elsa, Anna, Honeymaren et Ryder) attendent dans la salle de bal le retour d'Améthyste.
-Pourquoi tant de mystères, Améthyste? se fait entendre une voix d'homme.
-Vous aurez très bientôt la réponse. est l'explication du jeune garçon.
Lorsque les portes s'ouvrent les quatre adultes et les quatre enfants voient entrer Améthyste suivi de trois femmes (dont une qui détonne par son regard et sa chevelure sombres), de deux jeunes hommes ayant la vingtaine (l'un ayant les yeux baissés), une enfant vêtue comme un garçon et un homme ayant un cache-œil.
Ils sont rejoints par deux autres hommes (le premier est de grande taille (qui est torse nu et ayant une écharpe aux couleurs vives drapée sur l'épaule gauche et ceinturée à la taille) alors que le second est de taille moyenne) et une enfant à la peau mate.
L'homme de taille moyenne a un anneau d'oreille à l'oreille droite et a les cheveux courts.
L'autre a un tatouage de couleur rouge représentant une fleur et a les cheveux épais retenus en un chignon sur le haut du crâne, mais une mèche s'en est échappée, glissant le long de son épaule pour finir sa course sur son torse. Il a au menton un étrange bijou en or.
La fillette et l'homme de grande taille aident à avancer une femme à la peau claire et aux courts cheveux blancs. Elle a les yeux clos, guidée par l'enfant et le géant.
-Vos Majestés, Dame Yelena, les enfants. Laissez-moi vous présenter quelques-uns de mes compagnons de voyage. sourit Améthyste. Voici Madame Amélie de Châteaupers et ses enfants Abraham, Luc, Blanche et Christine.
Les nommés font la révérence à chaque fois qu'Améthyste les présente un à un. Bien que la petite Christine se soit inclinée à la façon des hommes, amusant beaucoup les trois souverains!
Vient ensuite la présentation de Leland et d'Ann qui laissent leur place à l'homme de taille moyenne, les yeux luisant de culpabilité tranchant nettement avec l'air espiègle sur son visage.
Il commence à se dandiner sur place d'une façon tellement burlesque que les enfants éclatent de rire
-Vient ensuite Clopin Trouillefou Roi de Thunes, successeur du grand-Coësre, suzerain suprême du royaume de l'Argot.
Surpris, Clopin faillit tomber par terre en entendant ses titres, mais il se rattrape à temps en faisant le poirier sous les applaudissements ravis et les rires francs des enfants...et le regard amusé des grands.
-Ensuite voici Ruben Lopez et ses enfants: Esmeralda et Esmeraldo.
Doucement les appelés se détachent de la femme aux yeux clos pour se mettre à la gauche d'Améthyste en tentant d'imiter les de Châteaupers...permettant aux adultes de voir une toute petite main mate serrant la mèche de cheveux paternelle.
En voyant la fillette au nom d'une pierre précieuse Iduna et Arianna ont le même sentiment qui leur noue l'estomac. Yelena, quant à elle, se retient de pleurer en reconnaissant l'enfant dans les traits de la petite Esmeralda...
-Et en dernier...sourit Améthyste. Voici Madame Lopez...Rubis.
En entendant son prénom, Rubis ouvre lentement des yeux.
Lorsque ses yeux sont grands ouverts, elle reste tétanisée en voyant deux femmes face à elle, en état de choc. Deux femmes qu'elle reconnaît très bien malgré les années...
Le sourire d'Améthyste s'agrandit davantage en voyant les Reines Arianna et Iduna fondre sur leur sœur et la serrer contre elles dans une longue étreinte d'Amour.
-Ari'! 'Duna! s'exclame Rubis, lovée dans les bras de ses aînées, en sentant ses yeux brûler. Oh, Mère Nature! Comme vous m'avez manquées!
-Toi aussi, petite sœur! sourient les deux plus âgées.
Pendant plusieurs minutes les trois sœurs restent enlacées sous le regard ému des autres.
Après le câlin, les trois sœurs se sourient, des larmes de bonheur roulant le long de leurs joues, le cœur et l'âme en fête.
Yelena ne peut s'empêcher de les rejoindre, Arianna et Iduna lui laissant leur place, lui permettant de prendre Rubis dans ses bras en lui exprimant toute sa joie de pouvoir la revoir.
Rubis est au comble de la joie de revoir la femme qui lui a enseigné l'art de guérison et en qui elle a toujours vue une seconde mère. Sans réfléchir, Rubis se jette dans ses bras, remerciant mille fois Mère Nature pour ce magnifique présent...
Note de l'auteure: Je m'excuse si ce chapitre vous a paru long, mais je ne savais pas à quel moment le couper en plusieurs chapitres, mais j'espère de tout cœur que vous aurez pris plaisir à le lire!
1) Nom en romani pour désigner un homme qui n'est pas un Gitan.
2) D'après Google Maps en ce qui concerne la marche à pieds.
3) Mot en romani pour dire "Fille" à défaut d'avoir pu trouver "Ma fille" dans cette langue.
4) Boulainvilliers est un ancien nom noble ayant réellement existé. Il s'agit d'un clin d'œil à la Marquise de Boulainvilliers qui recueilli Jeanne de Valois-Saint-Rémy future Comtesse de la Motte.
5) Nom de bateau qui existe réellement. Alors j'ignore s'il est assez grand pour contenir une cinquantaine de personnes plus les roulottes et chevaux que je vois bien être placés dans la seconde cale. Mon amie Dina m'a appris que ce bateau a un moteur, mais vous vous doutez bien que pour le bon déroulement de mon histoire le moteur est totalement absent !
6) Clin d'œil au personnage du même nom dans le roman "Les 3 Mousquetaires".
A, B et C sont des rajouts de ma part.
7) C'est fait exprès que j'ai changé la couleur de sa queue de poisson.
8) Par le passé Nokk avait informé Rubis qu'il existe un royaume marin, il avait donc donné le nom de Triton.
*Finalement je préfère cette teinte de vert pour les yeux d'Arianna et de Raiponce car je trouve que l'émeraude va mieux à Ruben et ses enfants!
