Note d'auteure: Je pense que ce chapitre est tout aussi long (ou moins?) que le précédent. En vous présentant à nouveau mes excuses pour la gêne ocasionnée.
Chapitre 5
Ces émouvants tableaux touchent toutes les personnes dans la pièce. C'est l'exclamation choquée de Clopin qui fait tourner toutes les têtes vers lui.
-Rubis?! Depuis quand t'es une Princesse?!
En entendant la question du meilleur ami de son mari, entourée à nouveau par ses sœurs, Rubis éclate de rire.
-Mais non, gros bêta! Je ne suis ni Princesse ni Reine!
-Hein?! s'exclame le gitan, perdu.
-En effet. sourient les trois sœurs en chœur. C'est par nos/ leur mariages que nous/elles sommes/sont devenues Reines.
En s'entendant s'exprimer ainsi, les trois sœurs se regardent pour ensuite éclater de rire, très vite rejointes par les autres.
Quelques minutes plus tard tout ce beau monde se rend à la salle à manger, les enfants courant devant ''poursuivis'' par Clopin et Abraham qui, un faux air menaçant sur le visage, clament haut et fort qu'ils ont grand appétit et qu'ils mangeraient bien quelques enfants.
Améthyste et les autres sourient, amusés, tout en couvant du regard les petits.
Se consultant du regard, les six enfants se sourient, complices.
À la "surprise" des chasseurs, les petites proies se séparent en deux groupes de trois.
Elsa, Honeymaren et Christine pour le premier alors que le second est composé d'Anna, Esmeralda et Ryder.
Jouant le jeu, les chasseurs s'arrêtent net de courir, regardant leurs proies leur échapper dans de grands éclats de rire!
-Par la Terre Nourricière! s'exclame Clopin, les yeux écarquillés, tout en se grattant le haut du crâne, la tête tournée vers son compère. C'est que nos proies sont malignes!
Il constate qu'Abraham réfléchit.
-La logique voudrait qu'on se sépare. prend-il la parole. Qu'en dites-vous?
-Ça me va! Je m'occupe du premier groupe! acquiesce Clopin.
C'est ainsi que les deux hommes se séparent. Abraham monte à l'étage pendant que Clopin zyeute chaque pièce après les avoir ouvertes.
Abraham est le premier à attraper ses "proies"...après avoir entendu une exclamation de stupeur!
Esmeralda, Anna et Ryder s'étaient cachés derrière un gros pot après avoir monté les escaliers quatre à quatre.
Essoufflés, les trois enfants pouffent de rire, certains que l'un des ''ogres'' ne pourra pas les trouver.
Ce qu'aucun des enfants ne remarque est que l'arbuste empoté est dans un triste état.
Désignée pour être la guetteuse, Esmeralda regarde de chaque côté, les mains posées de chaque côtés du pot elle ne voit pas qu'une faible lueur verte émane de ses mains.
Ce n'est pas le cas d'Anna et Ryder qui ouvrent de grands yeux, criant de surprise.
-Esmeralda! Tes mains!
Sursautant, l'appelée se retrouve vers ses camarades de jeux qui pointent du doigt ses mains.
Curieuse, Esmeralda baisse les yeux pour voir, au comble de la stupeur, que ses mains brillent!
Les enfants ne remarquent pas que la plante morte reprend de la vigueur et des couleurs pour déployer un Poinsettia moucheté éclatant de santé.
-Jésus, Marie, Joseph! s'exclame une voix.
Sursautant, les enfants se retournent pour voir Abraham debout devant eux, tenant dans sa main tremblante sa croix en argent, les yeux écarquillés.
Tremblante de la tête aux pieds, les yeux baissés sur ses mains, Esmeralda hésite un long moment.
Redressant la tête, Esmeralda sourit à pleines dents.
-C'est mon don! Nook m'avait dit que mon don se manifesterait!
Secouant de la tête pour remettre de l'ordre dans ses pensées, Abraham sourit.
-Oh, Esmeralda! s'écrit-il en souriant à pleines dents. C'est merveilleux!
Attrapant la fillette sous les aisselles, Abraham la fait tournoyer en tournant plusieurs fois sur lui-même.
Heureux pour leur amie, Ryder et Anna applaudissent alors qu'Esmeralda rit aux éclats.
De son côté, Clopin a trouvé des pistes menant à ses "proies". Pistes qu'Elsa et les autres lui ont donnés volontairement.
Après quinze minutes de recherche, Clopin finit par attraper Honeymarren et Christine qu'ils calent sous ses bras, ces dernières riant aux éclats en essayant de retrouver leur liberté en se tortillant comme des vers.
Après 10 minutes supplémentaires de recherche, Clopin finit par trouver Elsa qui, en se voyant coincée, abdique dans un grand éclat de rire.
La fille aînée d'Agnarr et d'Iduna s'était cachée dans l'un des placards de la cuisine.
Placée sur les épaules de l'adulte, Elsa et ses compagnes de jeu parlent gaiement de leur fratrie.
Elsa et Honeymaren sont bluffées en apprenant que Christ' est la neuvième dans l'ordre des naissances.
-...entre ma naissance et celle de ma petite sœur il y avait deux autres enfants: Marc et Ève. Ils sont morts avant d'avoir deux ans.
-Oh, c'est triste. s'expriment Elsa et Honeymaren.
-Mes parents en ont souffert, c'est sûr. acquiesce Christine, toujours calée sous le bras du Gitan. La naissance de Léa a été compliqué, Maman y a risqué la vie, mais elle tenait à avoir son dernier enfant.
-C'est des choses qui arrivent. approuve Clopin. Cependant je ne comprends pas pourquoi tes parents ont voulu une aussi grande fam...
Alors qu'il est au milieu de l'escalier, Clopin sent son pied déraper, il écarquille des yeux en se sentant partir en arrière.
Ni lui ni aucune des fillettes n'a le temps de crier qu'Elsa réagit rapidement.
Se retournant à moitié, elle tend les mains pour faire apparaître un toboggan de glace sur lequel Clopin tombe pour ensuite se sentir glisser vers l'arrière...et se retrouver au pied de l'escalier.
-Est-ce que tout le monde va bien? demande-t-elle.
Secouant la tête pour remettre de l'ordre dans ses pensées, Clopin émet un bruit bizarre avec sa bouche*.
-Je vais bien. sourit Honeymaren.
-Moi aussi. acquiesce Christine.
-Pareil. se relève Clopin après avoir déposé à terre ses petites charges.
Tournant la tête vers la chose qui leur a sauvé la vie, il écarquille des yeux.
-De la glace?!
-Mais comment?! s'exclame en même temps Christine.
Sentant la nervosité la gagner, Elsa passe et repasse ses mains le long de sa tresse**.
Voyant que son amie hésite à parler, effrayée, Honeymaren la prend dans ses bras, prête à lui murmurer à l'oreille la comptine de leur clan lorsque Clopin et Christine s'écrient à nouveau en chœur:
-Mère Nature et tous les autres! C'est merveilleux!
Au comble de la surprise, Elsa et Honeymaren tournent la tête vers les deux autres.
-Vraiment?
-Bien sûr! sourit Clopin en faisant face aux fillettes. Mon meilleur ami, Ruben, a lui aussi un don: Celui de manipuler le feu!
-C'est vrai! acquiesce vivement Christine, des étoiles pleins les yeux. Je l'ai vu de mes propres yeux!
Heureuse d'apprendre cette information, Elsa est si soulagée qu'elle se met à questionner Clopin. Sous le regard tendre d'Honeymaren.
D'un claquement de doigts Elsa fait disparaître le toboggan pour ensuite guider les autres vers la salle à manger tout en répondant aux questions de Clopin et Christine qui répondent de leur mieux à ses questions à elle.
-Grand-mère dit que Mère Nature a ses raisons de bénir ceux et celles qu'elle choisit. réfléchit Honeymaren. Elle dit aussi qu'il existe des Esprits Élémentaires et d'Esprits protecteurs.
-Ah? hausse un sourcil, curieuse, Christine. Tu as des exemples?
-Il y a le Père Noël, le Lapin de Pâques, la Fée des dents, le Marchand de Sable et Jack Frost comme Esprits protecteurs, mais je ne me rappelle plus des noms de ceux liés aux saisons.
-Je connais les quatre premiers, mais le dernier ne me dit rien. Qui est-ce?
-Il s'agit de l'Esprit de l'Hiver. sourit Honeymaren. C'est lui qui apporte la neige, le gel, le givre et le verglas.
-Il n'est pas très bien connu en dehors des pays nordiques. explique Elsa.
-Et vous les avez vu? demande, tout aussi curieux, Clopin. À quoi ressemblent-ils?
-Je ne les ai jamais vus. secoue de la tête Elsa.
-Moi, j'en ai vu un. acquiesce Honeymaren.
Toutes les têtes se tournent vers elle. Même Elsa la regarde avec surprise. Honeymaren sourit, les joues légèrement teintes de rouges.
-J'étais très petite, mais je me souviens d'une voix de femme recouverte de plumes. Et d'une main douce caressant mon visage fiévreux.
Arrivés à la salle à manger, tout le monde s'installe.
À peine installés, Abraham annonce à tous que le don d'Esmeralda s'est manifesté!
Cette bonne nouvelle apporte un tonnerre d'applaudissements ce qui fait rougir de plaisir la première-née de Rubis et Ruben.
Lorsque les applaudissements prennent fin les serviteurs apportent le repas, faisant saliver Clopin.
Lorsque tout le monde est servi, Agnarr interroge Ruben, Leland et Clopin sur leur vie entant que membres de la Cour de Tiago.
Il est incroyablement surpris d'apprendre que les rumeurs circulant sur la Cour sont en majorité fausses et que oui la Cour a ses propres lois. Comme il apprend que si la Cour s'appelle « de Tiago » c'est en hommage au précédent Chef, afin de mieux la différencier des Cours des Miracles de Paris et d'Espagne.
-Depuis que j'ai succédé à mon père adoptif, il y a 13 ans, j'ai dû appliquer la peine maximale cinq fois. explique Ruben.
-Votre père adoptif?
Ruben acquiesce tout en reprenant:
-Tiago Sánchez de Moncada (1), de son vrai nom, m'avait adopté peu après la mort de ma mère biologique, deux jours après ma naissance. Nokk m'a appris que ma famille était décédée et que j'étais le seul rescapé. Comme il m'apprit que mon don est un cadeau de Mère Nature en guise de remerciement vis-à-vis de mes aïeux.
-Cadeau dont bénéficie votre fille aujourd'hui. sourit tendrement Agnarr, la tête tournée vers les enfants.
Tournant la tête vers les enfants à son tour, Ruben est heureux de voir sa fille se lier avec ses cousines et les petits Northuldras. Avec la plus grande délicatesse, il se met à caresser le haut du crâne de son bébé qui en gazouille de plaisir dans son sommeil.
-Je me demande si le petit aura un don, lui aussi.
Cette réflexion c'est Clopin qui la pose, curieux.
-Anna n'a jamais manifesté le moindre don, mais cela ne l'a jamais dérangé. réfléchit Agnarr. Il est possible que votre bébé n'en possède pas.
-Je...pense que vous vous trompez, Majesté.
Surpris, Agnarr et les deux autres tournent la tête pour voir Luc, tête basse, les joues rouges, se mordant la peau de la main.
-Oui, Monsieur de Châteaupers? Je vous écoute.
Légèrement rassuré que le Roi ne tienne pas compte de son impolitesse. Qu'au contraire, qu'il l'encourage, Luc baisse sa main, mais tout aussi intimidé, il tente de s'expliquer...sans pour autant relever la tête.
-J...je pense que...certains dons...ne se mani...festent p...pas im...mé...diatement...
-Hé, respire petit! s'exclame Leland, son voisin de gauche. Personne ne va te manger!
-Leland a raison! acquiesce vivement Clopin. Alors, respire un grand coup et montre à tous tes si beaux yeux de chat!
L'exclamation de Clopin n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Les
autres tournent la tête vers Luc, mais c'est Amélie qui parvient à rassurer son quatrième fils...après lui avoir saisi les mains pour l'empêcher de se blesser à nouveau.
Gêné d'être le centre de l'attention, mais se trouvant dans l'incapacité de fuir, Luc se voit contraint d'obtempérer.
Levant la tête bien droite, Luc ouvre doucement les yeux...révélant un œil vert et un œil gris.
Devant le silence des autres (plus exactement les souverains, Yelena et les enfants) et leur air surpris qu'il croit être du dégoût, Luc pâlit drastiquement pour ensuite se lever d'un bond, libérant de ce fait ses mains de celles de sa mère.
Sourd aux appels des membres de sa famille, Luc quitte la pièce à manger sous l'appel inquiet de sa mère.
-Je vais aller lui parler. se lève Améthyste.
Sortant à son tour de la pièce, le jeune garçon se met à la recherche de Luc.
Après 20 minutes de recherches, Améthyste le trouve dans la bibliothèque roulé en boule au pied de la cheminée.
Ou du moins le devine-t-il en voyant les habits froissés de ce dernier.
Refermant la porte, Améthyste entre pour ensuite se diriger vers le jeune homme au sol.
S'asseyant en tailleur, à la gauche de Luc, Améthyste ne dit rien.
Seul le crépitement du feu brise le silence de la pièce. Défaisant son chignon, Améthyste sort de sa veste un peigne en bois, cadeau de la Grosse Irma.
S'il est honnête avec lui-même, Améthyste est réellement surpris d'être le témoin de la manifestation du don de Luc. Ignorant si le principal intéressé est au courant.
-Moi aussi, j'ai connu le rejet et le dégoût des autres. commence-t-il. Aussi à cause de la couleur inhabituelle de mes yeux.
Se mettant à peigner ses cheveux sans quitter le feu des yeux, Améthyste reprend la parole.
-Seule ma sœur et notre grand-père maternel m'ont soutenu, mais j'ai dû apprendre à me défendre seul assez tôt.
Luc ne dit rien, ni ne change de position, mais il écoute. Dévoré par la curiosité.
-Mes détracteurs n'étaient que des moutons stupides, gobant tout ce que Klaus disait. reprend, amer, Améthyste. Ils ont fait de ma vie un Enfer, me pensant dépourvu de don. Pendant longtemps je me suis comporté comme un véritable vaurien puisqu'ils me voyaient comme tel...je ne remercierais jamais assez Mère Nature de m'avoir fait croiser la route d'amis chers qui ont...avaient su me soutenir.
Luc n'a pas loupé le lapsus, mais il ne dit rien.
Serrant des poings et des dents en se souvenant des insultes et autres brimades, Améthyste a le sentiment d'être à nouveau le petit garçon sans défense.
Avant qu'il ne rencontre ses amis. Qui sait? Sans eux, il aurait très certainement filé du mauvais coton!
-Ce que je veux dire est que tu dois faire face à tes détracteurs. Tu es quelqu'un de bien, Luc, ne laisses pas ces imbéciles gâcher ta vie. Et encore moins les laisser gagner.
-Mais mes yeux...
-Tes yeux sont magnifiques! le coupe Améthyste, la tête tournée vers son vis-à-vis. Ceux qui osent te traiter de Démon ou fils de Satan sont des imbéciles!
Sentant des bras l'enlacer, Améthyste en sursaute de surprise.
-Je ne savais pas que tu avais autant souffert...murmure Luc, la voix tremblante. Tu es quelqu'un de si secret….
Si tu savais pourquoi je ne dis rien...songe, désabusé, Améthyste. Je n'aurais pas dû parler franchement à Ruben et Rubis, mais...je n'avais pas vraiment le choix.
-Mon histoire est trop longue et compliquée. secoue doucement de la tête Améthyste.
Ouvrant la bouche, Luc n'a pas le temps de formuler un mot que son estomac et celui d'Améthyste grondent, leur rappelant efficacement qu'ils n'ont pas mangé grand chose tout à l'heure.
Quelques minutes plus tard c'est hilares que les deux jeunes garçons quittent la bibliothèque pour retrouver les autres qui les ont patiemment attendus.
La nuit est tombée depuis plusieurs heures, mais Abraham ne dort pas.
En ce 8 mars, il est dans l'incapacité de dormir. Alors, il prie.
Contrairement à avant, il ne prie pas que Dieu, mais aussi Mère Nature.
Il prie pour une âme. Une âme qui a rejoint trop tôt le Paradis...ou les Landes selon les dires de sa mère, de Rubis, d'Améthyste et des Reines Iduna et Arianna.
Une âme qui avait bousculé sa vie alors qu'il ne savait pas ce qu'il voulait faire de sa vie.
Il l'avait rencontré alors qu'il patientait dans la boutique de Madame Héloïse Bertin (2), la couturière favorite de son père, une liste de commande en main.
La pauvre avait les bras chargés de plusieurs rouleaux de tissus, lui obstruant la vue, elle l'avait percuté par derrière.
À 15 ans, Abraham était déjà grand pour son âge. Le choc dans son dos l'avait surpris, mais en se retournant il lui avait évité de chuter en lui saisissant le bras.
Lorsque leurs yeux étaient entrés en contact, ils avaient eu leur coup de foudre respectif.
Abraham est incapable de dire ce qu'il a fait après leur rencontre, mais il se souvient de leur balade en barque sur la Seine le lendemain matin.
Constance (3) Doigtdefée* était son nom.
Elle n'était pas de naissance bourgeoise ou noble, mais Abraham s'en moquait. Après tout, sa mère n'était pas née noble, elle aussi!
Constance n'était pas grande, ni une beauté fatale, mais elle avait quelque chose que les jeunes filles de bonnes familles n'avaient pas.
Orpheline depuis l'âge de 6 ans, elle avait été recueillie par son oncle tavernier répondant au nom de Jacques-Michel Bonacieux (4).
Leur histoire était simple, mais si belle. Joseph et Amélie avaient été séduit par la jeune fille, de même que les frères et sœurs de l'amoureux lorsque ce dernier leur apprit leurs fiançailles après trois ans de relation.
Grâce à sa belle, Abraham avait su trouver sa voie. Il s'était découvert un talent dans le dessin, mais plus spécialement l'orfèvrerie.
Le premier bijou qu'il lui avait offert, lors de leur premier Noël, était un pendentif en argent en forme de cœur où il avait glissé à l'intérieur un petit portrait de lui-même.
En retour, elle lui avait offert un pendentif identique où à l'intérieur se trouvait aussi un mini-portrait d'elle.
Leur bonheur prit tristement fin le 8 mars.
Constance travaillait ce jour-là, Abraham avait prévu de lui apprendre l'heureuse nouvelle le jour-même de son anniversaire: Le Roi acceptait leur mariage!
Alors qu'il se dirigeait vers la boutique, il avait eu un très mauvais pressentiment.
Inquiet, il avait couru à en perdre haleine pour constater, avec horreur, que la boutique brûlait!
Alors qu'il allait s'élancer dans l'établissement en proie de l'élément dévastateur, Abraham avait été stoppé par l'oncle de sa promise.
Que lui avait dit le tavernier? Il ne s'en souvient pas, mais il se rappelle très bien d'avoir su se libérer pour ensuite pénétrer dans le bâtiment en feu. Un feu inhabituel.
Malgré les flammes et la fumée, Abraham avait appelé sa belle tout en repoussant les différents objets lui barrant la route...
Il ne se souvient pas de ses mains brûlées, ni de ses vêtements en proie aux flammes et encore moins de sa perte de connaissance.
Qui l'avait sauvé? Personne n'a jamais su donner de réponses précises, mais les témoins étaient tous unanimes pour dire que son sauveur était très grand. Et qu'il avait disparu très vite après qu'il ait pris une profonde inspiration salvatrice.
Lorsqu'il avait repris connaissance, une semaine plus tard, Abraham se trouvait dans son lit, les mains, la tête et quelques autres parties du corps bandés.
C'était sa mère qui l'avait soigné après que des amis à son père l'aient ramené chez lui.
Pendant une longue semaine toute sa famille était restée à son chevet, priant pour son réveil.
Joseph avait su être présent en apprenant que son fils aîné avait été blessé...et que sa future bru avait péri dans l'incendie de son lieu de travail.
Il avait payé les funérailles de la jeune fille et de son oncle, le cœur de ce dernier ayant lâché le lendemain de la tragédie, leur offrant des sépultures dignes des gens bien qu'ils étaient.
En apprenant la nouvelle de la mort de sa fiancée et de l'oncle de cette dernière, Abraham avait fondu en larmes.
Durant les semaines qui suivirent son réveil, Abraham avait été inconsolable.
C'est à cette période qu'il rencontra Claude Frollo. Qui lui appris que c'était à cause des bohémiens que sa fiancée avait péri.
À 18 ans et dévoré par le chagrin, Abraham avait été séduit par les idéaux de son aîné. À savoir éjecter chaque insectes qu'étaient les bohémiens et les étrangers.
Abraham changea de voie et entreprit des études ecclésiastiques...sa famille assistant, impuissante, à sa métamorphose en une toute autre personne.
Cependant, il ne devient pas une copie conforme de Claude Frollo, mais son regard et son attitude envers les étrangers changèrent.
Après tout, il restait le même vis-à-vis de ses cadets, mais ces derniers n'étaient pas dupes.
Ils voyaient bien que leur aîné souffre encore terriblement de la perte de sa fiancée.
Pourtant, Abraham cache quelque chose aux yeux de sa fratrie.
Il réussit ses études à l'âge précoce de 25 ans, mais son nouveau lui n'avait pas attendu d'être diplômé pour faire arrêter les quelques Gitans présents en France...
Si je n'avais pas attrapé la rougeole et découvert grâce à Dame Rubis que je me trompais quel genre de personne serais-je devenu?
Abraham ne veut pas l'imaginer.
Doucement, il décroise les mains, mais malgré cette précaution et les années écoulées ces dernières continuent de le faire souffrir.
Se mettant debout, Abraham se dirige vers l'immense fenêtre dont il écarte légèrement le rideau de gauche.
-Constance...murmure-t-il en fixant la lune. Neuf ans se sont écoulés depuis ton départ, mais je n'arrive pas à avancer. Je me suis longtemps fourvoyé, mais grâce à Dame Rubis et les autres je me rends compte que j'étais dans le faux. Cependant...c'est ton souvenir qui m'a permis de ne pas sombrer totalement dans la noirceur dans laquelle Frollo voulait m'amener.
Soupirant lourdement, Abraham redresse la tête. Regardant à nouveau l'astre argenté, il se souvient d'une chanson que Constance avait chanté pour le rassurer...un an avant sa mort.
Promets-moi si tu me survis
D'être plus fort que jamais
Fort...le suis-je seulement?
Je serai toujours dans ta vie
Près de toi, je te promets
Bien que le geste lui soit douloureux, Abraham caresse l'unique souvenir matériel de sa belle qu'il possède, ce dernier reposant sur son torse nu.
Et si la Mort me programme
Sur son grand parchemin
De ne pas en faire un drame
Pourquoi la Faucheuse est-elle venue à toi?
De ne pas en avoir peur
Je t'avais promis d'essayer, mais...
Pense à moi, comme je t'aime
Et tu me délivreras
Constance, je me sens si faible sans toi à mes côtés.
Tu briseras l'anathème
Qui me tient loin de tes bras
Il m'arrive très souvent de rêver à une vie où tu es vivante, entourée d'une ribambelle d'enfants.
Pense à moi, comme je t'aime
Rien ne nous séparera
Je n'ai jamais aimé les chrysanthèmes, tu le sais.
Même pas les chrysanthèmes
À la place, je venais t'apporter un bouquet de roses noires.
Tu verras, on se retrouvera...
Oui, mais quand?
N'oublie pas ce que je t'ai dit
L'Amour est plus fort que tout
Ton assassin a beau avoir été retrouvé par mes frères, sa punition ne te rendra jamais à moi...
Ni l'Enfer ni le Paradis
Ne se mettront entre nous
Une semaine après son départ avec ses cadets et leur mère, Abraham avait reçu un courrier des jumeaux l'informant qu'ils avaient capturé le meurtrier de Constance et des autres travailleuses ayant péri presque 10 ans auparavant.
Et si la Mort me programme
Sur son grand parchemin
L'homme avait rapidement avoué son crime. Donnant comme unique explication que l'une des victimes de l'incendie était son ancienne fiancée, qu'il ne supportait pas la rupture.
C'est pourquoi il avait mis le feu.
Elle ne prendra que mon âme
Mais elle n'aura pas mon cœur
Serrant dans son poing le bijou, Abraham siffle de douleur lorsque la peau entre en contact avec le métal.
Pense à moi, comme je t'aime
Et tu me délivreras
Abraham se souvient des paroles de son père lorsqu'il lui avait parlé de Constance.
Tu briseras l'anathème
Qui me tient loin de tes bras
-Fils, tu dois savoir qu'un de Châteaupers n'aime qu'une fois, mais...je suis persuadé que tu réussiras à trouver de quoi apaiser ton âme. Si c'est dans la religion, je te souhaite le meilleur, mon enfant.
Pense à moi, comme je t'aime
Rien ne nous séparera
Toujours. Ta place est et restera dans mon cœur.
Même pas les chrysanthèmes
Tu verras, on se retrouvera...
Je t'aimerais à jamais Constance de Châteaupers.
Assise devant sa coiffeuse tout en peignant ses cheveux bruns mi-longs, le regard absent, Ann repense à sa conversation avec Amélie, Blanche, Yelena, Rubis et les Reines de Corona et d'Arendelle au petit salon après le dîner.
FLASH-BACK:
C'est Rubis qui l'encourage à parler, étant sa meilleure amie depuis leur arrivée dans la Cour de Tiago un an auparavant.
Cette amitié est née naturellement, comme si un lien invisible les liait.
Ann avoue à ses interlocutrices son désir d'avoir un enfant. Et les nombreux échecs depuis qu'elle s'est unie à Leland avant de s'enfuir d'Angleterre. Les époux Hope ont dû fui afin d'éviter un mariage arrangé avec un mercenaire du nom de Bob Hawkins. Le père d'Ann, John Jewel, la menaçait de faire appel au Roi pour rompre leur mariage.
-...c'était i ans. termine-t-elle. C'est à cette époque que nous avons rencontré Dymas (5), son fils Proteus (5) et son genre Sinbad (5) qui nous ont aidé à fuir. Nous avons appris qu'ils sont décédés de maladie deux mois plus tard.
Yelena, sa voisine de droite, lui prend délicatement la main.
-Ne perdez pas espoir, très chère. lui sourit-elle amicalement. Moi aussi j'ai connu des difficultés à devenir mère. J'avais 30 ans lorsque j'ai appris que j'étais enceinte.
Ann est surprise d'apprendre l'âge qu'avait la vieille dame, Amélie lui explique que les femmes Northuldras ont une constitution plus robuste que les femmes Européennes. Que contrairement à ces dernières, avoir 30 ans n'est pas le signe qu'une femme n'est plus en âge d'être mère.
-...après tout, j'ai bien mis au monde ma dernière fille il y a deux mois. sourit-elle en faisant un clin d'œil. Et je vais bientôt avoir 44 ans.
Surprise, Ann tourne la tête vers Blanche dans l'attende d'une désinformation.
-C'est la vérité. sourit la jeune femme au regard et aux cheveux aussi noirs que le plumage d'un corbeau.
Amélie avait avoué à tous qu'elle aussi est une Northuldra de naissance, son nom était Sora (6).
Yelena en avait pleuré de joie en apprenant cette nouvelle. Elle avait expliqué aux trois sœurs que la mère de Sora, Aponis (7), était la meilleure amie de Nokomis (8), leur grand-mère à elles trois, malgré une certaine différence d'âge.
-Je comprends mieux pourquoi je tenais absolument à donner le prénom d'Aponis à ma fille. murmure, émue, Arianna en tapotant ses yeux brillants de larmes avec son mouchoir.
Et moi celui de Nokomis à la mienne. songe Rubis tout aussi émue que son aînée.
D'un même ensemble, Iduna et Rubis enlacent leur aînée, lui montrant leur soutien indéfectible.
C'est la voix tremblante de douleur qu'Arianna raconte sa propre grossesse, le danger qui les menaçait sa fille et elle-même jusqu'à ce que Dame Soleil ne dépose sur Terre une larme, donnant naissance à la Solis ou Fleur de Soleil.
-Mère Nature avait prévenu mon mari via ses rêves de ce cadeau. Frederik avait tout de suite ordonné aux soldats d'aller la chercher au plus vite, mon état empirant chaque minute davantage. En buvant la concoction réalisée par le médecin royal j'ai pu retrouvé la santé et mettre ma fille au monde, mais je n'ai pu goûter à ce bonheur qu'une seule année...une horrible vieille femme m'a volé mon bébé la nuit même du premier anniversaire de ma petite Raiponce...
Se lovant contre Rubis qui lui caresse le dos et les cheveux, Arianna pleure en silence alors que Iduna lui serre une main sous le regard compatissant des autres femmes.
-Garde espoir, grande sœur, je suis persuadée que ta fille te reviendra. murmure d'une voix douce Rubis.
Touchée, Blanche sent son cœur se serrer devant la détresse de la Reine de Corona.
Sans pouvoir se l'expliquer, elle se met à chanter. Une chanson d'espoir.
Blanche chante pour réconforter Arianna, mais aussi Ann. Et un peu pour elle.
Depuis son plus jeune âge, elle est capable de sentir les émotions des gens qui l'entourent…
Son public improvisé l'écoute avec ravissement. Ce dernier s'agrandit en la personne d'Agnarr, Ruben Abraham, Luc, Clopin et les enfants en entrant silencieusement dans la pièce.
Améthyste est resté à la bibliothèque, une pile de feuilles de papier devant lui, armé d'une plume et d'un encrier.
Il écrit. Encore et encore.
Ses mémoires d'abord. Ensuite ce qui a changé depuis son arrivée dans le passé. Ou du moins le peu dont il a connaissance.
Comme il note ce qu'il lui reste à faire.
Il reste encore tellement de choses à faire...soupire-t-il.
Sur la feuille devant lui, Améthyste note le nom des futurs fervents du Malin. Et les différents moyens pour les empêcher de revenir.
Le plus simple serait de commencer par l'Italie. Par Jehan Frollo.
Se souvenant de ce qu'il a lu de la biographie de l'un des membres de la Troupe Bénie, Améthyste en frissonne d'effroi.
Oui, ça m'a l'air plus raisonnable. acquiesce-t-il.
Se levant, il rassemble ses notes après les avoir relus une nouvelle fois.
Se retournant, il constate avec effroi que la porte est fermée!
Sa respiration jusque là normale devient difficile, éradique. C'est avec effroi qu'il voit les murs se rapprocher vite, trop vite, de lui!
Paralysé par la terreur, le jeune garçon ne parvient pas à bouger, sentant son rythme cardiaque s'emballer, son corps transpirer à grosses gouttes et trembler de la tête aux pieds.
Améthyste est incapable de prononcer un mot, la gorge nouée.
Sans qu'il ne s'en rende compte, Améthyste lâche son paquet de feuilles qui tombe en silence par terre.
Des images qu'il pensait avoir enfouies au fin fond de sa mémoire lui reviennent en force :
Il revoit le soir où Klaus et son ami l'avaient tiré du lit pour une « expérience ».
FLASH-BACK:
Du haut de ses quatre ans, Améthyste était ravi que son grand frère veuille faire une activité avec lui, mais bien que encore fatigué il avait suivi les grands sans poser de questions, l'esprit encore embrumé de sommeil.
Klaus et les autres avaient quitté la maison puis le village en vélo pour s'arrêter au cimetière.
Du haut de ses quatre ans, Améthyste avait eu peur. Il se souvient de s'être accroché à la main de son aîné, la peur au ventre, lui demandant pourquoi ils étaient là. Qu'il voulait rentrer.
-Allons, Amé'! avait souri Klaus. T'es un grand maintenant! Tu vas voir, tu vas adorer!
Améthyste se souvient de s'être fait la réflexion que le sourire de son aîné n'était pas le même sourire réconfortant que celui que Raip' lui adressait lorsqu'il se blessait ou faisait un mauvais rêve.
Déjà à l'époque, le meilleur ami de Klaus ne lui inspirait pas confiance. Refusant de donner son véritable nom, il se faisait appeler Fantomas par Klaus et le reste de Paris.
Le guidant vers un endroit précis du cimetière où un Saule Pleureur se trouvait, Améthyste avait pu voir, éclairé par des lampadaires fonctionnant à la lumière de la lune, un e étrange boîte. Il ne le savait pas encore, mais il s'agissait d'un cercueil.
À quatre ans, Améthyste n'a jamais entendu parler de la mort ni ne peut reconnaître les objets lui faisant référence, mais lorsque Klaus l'avait poussé vers l'étrange boîte vernie, il se souvient que sa peur avait augmenté. Que son corps frissonnait sous la peur...à moins que c'était à cause du vent froid de ce début novembre?
Quelle que fût la réponse, il avait fait des pieds et des mains pour ne pas entrer dans la boîte, pleurant à chaudes larmes, mais une poussée violente dans le dos l'avait fait tomber à l'intérieur, tête la première.
Le bruit mat qui s'en était suivi avait fait crier le petit garçon qu'était Améthyste, il s'était retourné sur le dos où avec ses poings et ses pieds il avait tambouriné et crié pour que son grand frère le libère, qu'il veut retourner à la maison.
Combien de temps était-il resté enfermé? Il l'ignore, mais le noir total et l'étroitesse de sa prison l'ont fortement marqué.
Pendant ce qui lui a semblé des heures, Améthyste a crié, pleuré, pour qu'on le libère jusqu'au moment où il crut mourir d'asphyxie .
La dernière chose dont il se souvient avant de perdre connaissance avait été la voix puissante de son père.
Il n'avait repris connaissance qu'un mois plus tard , mais depuis ce jour sa relation avec Klaus n'a jamais plus été la même.
Il en resta profondément marqué. La seule chose positive qui en sortit fut que ses parents ont enfin réalisé qu'il était bien leur fils, mais loin d'être un enfant battu, Améthyste avait souffert de l'indifférence de ses parents. Seule Raiponce lui avait apporté tout l'Amour et le respect que tout être humain mérite de recevoir.
Cette terrible nuit brisa efficacement l'enfance d'Améthyste qui se métamorphosa en un petit voyou qui, loin d'avoir un casier judiciaire, commit de légers délits et infractions.
C'est cette même nuit que son pouvoir s'était manifesté pour la toute première fois, mais cela Améthyste ne le sut pas avant un moment.
FIN DU FLASH-BACK
Alors qu'elle allait reprendre le refrain de son chant, Blanche s'arrête, livide. En voyant sa fille aînée aussi blême, Amélie se lève, inquiète.
C'est Ruben et Agnarr qui la rattrape à temps et l'aident à s'asseoir.
-Amé...thyste...murmure-t-elle faiblement. Peur... mal...
Rubis est la première à se lever, son instinct de guérisseuse éveillé.
-Où est-il?
-À la bibliothèque. répond Agnarr.
Ordonnant aux enfants de rester auprès de Yelena et des autres, Rubis sort de la pièce, suivie par Ruben (après qu'il ait confié son fils à Arianna) et Clopin.
Il ne leur faut que cinq minutes pour arriver à destination, mais en voulant ouvrir la porte, Rubis constate très vite que la porte est fermée.
-Améthyste! l'appelle-t-elle tout en frappant du plat de la main. Tu m'entends?
Au lieu d'une voix humaine c'est d'étranges bruit qui lui répondent.
Tournant la tête vers son mari, Rubis n'a pas besoin d'exprimer ce qu'elle attend de lui que Ruben acquiesce.
Se décalant de quelques pas sur le côté, Rubis laisse son mari et Clopin tenter de défoncer la porte.
Ce n'est qu'à la sixième tentative que la porte cède...pour y découvrir un animal que reconnaît Clopin.
-Un alligator?!
En entendant l'exclamation, l'animal tourne la tête vers la voix pour ensuite foncer vers Clopin et Ruben, mais à la surprise du couple Clopin bondit sur l'animal.
Ce qui s'ensuit surprend beaucoup Rubis et Ruben, mais ils sont incapables de bouger, abasourdis.
D'un bond, Clopin se retrouve à califourchon sur le dos de l'animal, il tente tant bien que mal de se retourner, mais l'alligator se débat comme un beau diable.
Difficilement, Clopin parvient à se mettre dans la bonne position où il passe ses bras sous la mâchoire de l'animal. La maintenant fermée.
Comme un toréador essayant de dompter un taureau, Clopin se sent soulevé plusieurs fois dans les airs, mais il tient bon.
-'ben'! crie-t-il. Un p'tit coup de main ne serait pas de refus!
Reprenant ses esprits, Ruben accourt donner un coup de main à son meilleur ami, mais à peine a-t-il fait trois pas que l'animal fait un demi-tour sur lui-même, lui administrant un puissant coup de queue en plein torse, envoyant Ruben valser contre le mur du couloir.
-Ruben! s'écrit, inquiète, Rubis en s'élançant vers son mari.
-'ben'! s'écrit en même temps Clopin.
Arrivée auprès de son époux, Rubis l'examine rapidement. Ruben lui offre un sourire rassurant, une main se massant l'arrière du crâne, un bleu commençant à se former sur son torse. Soulagée, elle tourne la tête vers Clopin.
Elle écarquille des yeux en remarquant la couleur inhabituelle des yeux de l'animal.
-Ses yeux! Clopin! Il s'agit d'Améthyste!
-Ok!
Serrant davantage sa prise autour du cou de l'alligator tout en se mettant à lui parler doucement, Clopin le sent se détendre petit à petit.
Plusieurs minutes s'écoulent pendant lesquelles l'alligator se calme. Une fois endormi, l'animal change d'apparence, laissant place à Améthyste profondément endormi dans les bras de Clopin, torse nu.
C'est à cet instant qu'arrive Agnarr et Elsa, inquiets.
-Est-ce que tout va bien?
-Désolé pour la porte, mais oui tout va bien. acquiesce Ruben.
Agnarr fait un signe de la main signifiant que ce n'est pas un problème.
-Est-ce que Améthyste va bien? demande, cramponnée à la jambe droite de son père, Elsa en le voyant dans les bras de Clopin.
-Oui, il dort. Est-ce que tu peux me conduire à une chambre?
-D'accord. acquiesce la fillette.
-Dans ce cas, je vais prévenir les autres. soupire, soulagé, Agnarr.
Quittant la bibliothèque, tout le monde suit la petite Princesse jusqu'à un appartement où une fois à l'intérieur Clopin dépose Améthyste sur le lit.
Se reculant, Clopin laisse sa place à Rubis qui examine minutieusement l'adolescent sous le regard inquiet d'Elsa et celui interrogatif des deux hommes.
Dix minutes suffisent à Rubis pour établir un diagnostic tout en se rappelant des paroles de Blanche: Crise d'angoisse. Passée, mais crise d'angoisse assez violente.
Tournant la tête, elle adresse un sourire rassurant aux autres.
-Améthyste va bien, il a besoin de beaucoup de repos.
Tout le monde soupire de soulagement. Suite à la demande de Rubis, les deux hommes laissent seules Elsa et Rubis au chevet de l'adolescent.
-Tante Rubis? prend la parole Elsa. Que s'est-il passé avec Améthyste?
-Est-ce que Améthyste vous a dit qu'il est un thérianthrope?
-Non, mais je l'avais deviné. secoue de la tête la petite Princesse. Bien que je ne connaissais pas le mot.
Adressant un sourire à sa nièce, Rubis l'invite à la rejoindre.
Arrivée près de sa tante, Elsa se fait porter pour ensuite se retrouver sur les genoux de son aînée, la remerciant d'un sourire.
Lui rendant son sourire, Rubis reporte son attention sur Améthyste dont elle caresse doucement la joue, son cœur se serrant en voyant quelques larmes coulées.
Quand le vent frais
Vient danser
Depuis qu'elle le connaît, Rubis se sent proche d'Améthyste.
La rivière chante
Pour ne pas oublier
Comme elle ressent une profonde tendresse pour lui.
Ferme les yeux
Si tu veux voir
Une tendresse toute maternelle. réalise-t-elle.
Elsa: Ton reflet
Dans son grand miroir
Agréablement surprise, Rubis tourne la tête vers sa nièce qui tient dans ses mains une de celles d'Améthyste. En chantant doucement.
Elsa: Dans l'air du soir
Tendre et doux
De sa main de libre, Rubis caresse les cheveux de la fillette qui lève les yeux vers elle, un petit sourire timide aux lèvres.
Rubis: L'eau claire murmure
Un chemin pour nous
Lui rendant son sourire, Rubis reporte son attention sur Améthyste.
Les deux: Si tu plonges dans le passé
Prends garde de ne pas t'y noyer
Ta confiance envers Ruben et moi est honorable, mais que continues-tu à nous cacher? songe la jeune femme.
Rubis: Elle chante pour qui sait écouter
Cette chanson, magie des flots
Est-ce parce que je suis mère que je sens les tourments de ton cœur? Qui es-tu vraiment Améthyste Scorpion?
Elsa: Il faut, nos peurs, apprivoisées
Pour trouver le secret de l'eau
Quelle douleur gardes-tu prisonnière en toi?
Elsa: Quand le vent frais
Vient danser
Améthyste...songe Elsa, inquiète pour son grand ami. J'ignore ce qu'aurait été ma vie sans ton intervention, alors...merci.
Rubis: Une maman rêve tout éveillée
Dors, mon enfant, n'aies plus peur
Même si ça doit me prendre des années, je découvrirais qui tu es. est la pensée de Rubis.
Elsa: Le passé reste au fond des cœurs.
Les a-t-il entendues chanter? Elsa et Rubis remarquent que les paupières de l'endormi frémissent...pour finir par se soulever.
D'une voix douce, Rubis lui parle afin de mieux l'ancrer dans la réalité alors qu'Elsa lui caresse la main qu'elle tient toujours dans les siennes.
-Où...? murmure-t-il faiblement.
-Tu es dans tes appartements. lui sourit paisiblement Rubis.
-Tu vas bien? demande en même temps Elsa, inquiète.
-Je...oui.
-Que s'est-il passé? lui demande Rubis en lui caressant à nouveau la joue.
-Je...c'est si flou...
Le regard aiguisé de Rubis ne rate pas la faible lueur de peur dans les yeux de son patient.
Sans quitter Améthyste des yeux, Rubis demande à sa nièce d'aller chercher de quoi boire et manger pour leur jeune ami.
-J'y vais de ce pas! acquiesce l'enfant.
Déposant avec douceur la main de son aîné sur le lit, Elsa saute hors du lit pour ensuite sortir de la chambre, prenant garde à laisser la porte entrouverte.
-Que t'est-il arrivé Améthyste?
Pâle, le jeune garçon détourne la tête, le visage marqué par la honte.
-Je...vois pas...de quoi...
-Pas de ça avec moi. le coupe gentiment, mais avec fermeté Rubis. Tu souffres, je le vois bien, mais si tu t'obstines à garder le silence je ne pourrais pas t'aider à guérir.
Un silence s'installe, mais Améthyste ne détourne pas les yeux du mur.
C'est le souvenir de sa famille qui l'aide à prendre la parole. Difficilement, il raconte son enfance, la raison pour laquelle ses parents ne faisant pas attention à lui (tout en précisant bien qu'il n'était pas mal traité), ce qu'il s'est passé dans son enfance, la raison de cette 'expérience', la durée de son hospitalisation, mais il tait le nom du responsable.
Enfin de compte, Améthyste se retrouve en larmes dans les bras de Rubis qui tente de le réconforter, comprenant mieux le mal-être de son jeune ami.
Quelle ineptie! Comment ces gens ne se sont-ils pas rendus compte qu'ils faisaient souffrir leur fils?! Heureusement qu'Améthyste avait sa grande sœur pour l'aimer!
∞ Détrompez-vous, Dame Rubis. Ma femme et moi aimions Améthyste. ∞
Sursautant, Rubis lève la tête pour voir un homme de même taille que Ruben, le crâne nu, le regard gris-bleu, vêtu simplement. Le teint transparent quoique foncé.
-Qui êtes-vous? serre-t-elle davantage Améthyste contre elle, en guise de protection.
∞ Améthyste est notre plus grande fierté, mais nous regrettons de l'avoir ignoré.∞
Comprenant qui est son interlocuteur, Rubis le fusille des yeux.
-C'est bien beau d'avoir des remords, mais cela n'effacera jamais tout le mal qu'a connu votre fils! feule-t-elle comme une chatte en colère. Tout ça parce que son don ne s'est pas manifesté plus tôt! Vous devrez avoir honte de vous!
∞ Croyez bien que j'ai honte de mon comportement passé.∞ baisse la tête le colosse. ∞ Lui sauver la vie est l'unique geste que je pouvais lui faire pour me faire pardonner...ma femme en aurait fait autant si...∞
Sous le froncement de sourcils interrogatif de Rubis l'homme commence à disparaître.
∞ Protégez mon fils, Dame Rubis! Dites-lui que sa mère et moi l'aimions et combien nous sommes fi...∞
L'homme n'a pas eu le temps de terminer sa phrase qu'il a complètement disparu!
-Comptez-moi sur moi, je compte bien le protéger.
-Et sur moi aussi. s'expriment deux voix d'hommes derrière elle.
Rubis ne se retourne pas, reconnaissant les voix.
-Comment va Améthyste? demande Clopin en s'arrêtant à ses côtés.
-Il est épuisé, mais je pense qu'il ira mieux dans le futur. répond la femme de Ruben en couchant Améthyste (profondément endormi) dans le lit.
-Si le fantôme qu'on a vu est son père, ils ne se ressemblent pas du tout! fait remarquer Clopin en rassemblant les cheveux d'Améthyste sur son torse.
Sans quitter Améthyste des yeux, Rubis acquiesce.
-Il semblerait que Mère Nature nous offre un petit frère. s'exprime Ruben en posant ses mains sur les épaules de sa femme.
-C'est vrai, mais un frère au lourd passé. acquiesce à nouveau Rubis en posant ses mains sur celles de son époux.
Note de l'auteure: Alors? Qu'en avez-vous pensé? J'ai hâte de lire vos commentaires!
1) Clin d'œil à la série "Zorro" dans laquelle jouait Guy Williams.
2) Avez-vous deviné quel est le clin d'œil?
3) Et là?
4) Personnage issu de la série britannique "The Musketeers" que, personnellement, je ne connais pas du tout!
5) Personnages du film « Sinbad, la légende des sept mers »
de 6) à 8) Prénoms féminins amérindiens signifiant « Oiseau chantant qui prend son envol », Papillon (7) et « Fille de la lune » (8)
°Souvenez-vous du duel entre Phoebus et Esmeralda dans l'enceinte de Notre-Dame.
*Pour son physique, je l'imagine comme Blanche-Neige du film "Blanche-Neige et les souliers rouges"...lorsqu'elle ne les porte pas!
**Geste que fait Pepa Madrigal pour se calmer!
