5. Le sauvetage

15 janvier 1999 Rafael

Garrick Ollivander est un homme impassible et droit. Il me fait penser à Don Curro, un ami de ma grand-mère, qui est aussi celui qui m'a initié à ce qu'ils appellent ici la Défense contre les Forces du Mal. Don Curro parlait d'Études des Forces Magiques, lui. Il a aussi été mon professeur d'Astronomie. J'ai passé des semaines entières avec lui dans des coins perdus à traquer des créatures et regarder les étoiles. Don Curro n'a jamais, lui, pensé que ma grand-mère ou moi tenions mal nos baguettes. Ou il ne l'a jamais dit. J'ai passé la nuit à soupeser les deux alternatives sans arriver à trancher.

Dans sa célèbre boutique du Chemin de Traverse londonien, Ollivander écoute d'abord les explications de ma mentore sans l'interrompre. Puis il demande à m'examiner, prenant une série de mesures dont j'ignore bien l'usage, mais Tonks-Lupin n'a pas eu l'air surprise. Ensuite seulement, l'artisan se met à étudier ma baguette - bois d'oranger et crin de licorne. Il commente qu'elle est extrêmement ancienne, mais en excellente condition, me félicitant même pour mon entretien. J'acquiesce sobrement plutôt que de lui révéler que ma grand-mère aurait dit qu'on était trop pauvres pour ne pas respecter nos quelques possessions et que, plus je prendrais soin de ma baguette, plus celle-ci m'écouterait. Imaginez avec quels espoirs je la cire chaque semaine depuis plus d'une décennie.

Il s'installe à son établi et fait une série de tests. Nous attendons en silence qu'il se retourne pour nous avec ses conclusions : "La baguette en elle-même ne souffre d'aucune dégradation. Vous avez parlé d'un sortilège qui se révèle au contact de la main de votre Aspirant. Puis-je voir ?"

Je produis un nouveau bouclier devant Ollivander en tenant la baguette comme j'en ai l'habitude, puis comme ils voudraient tous que je la tienne et en grimaçant. Ollivander ne cache pas sa fascination.

"Jamais rien vu de pareil ! Ce n'est certainement pas la baguette elle-même qui refuse le contact... C'est ce sortilège qui se met entre vous... Fascinant ! Et un peu révoltant pour un homme comme moi qui cherche à trouver la meilleure connexion possible entre le sorcier et sa baguette... Ça doit être une expérience bien désagréable pour vous, Aspirant Soportújar."

Lui non plus ne dénature pas totalement mon nom. Je me demande si c'est l'influence de ma mentore sur ses compatriotes.

"Mais est-ce qu'il ne gagnerait pas à en utiliser une autre ?", veut savoir Tonks-Lupin, les bras croisés.

"Cette baguette est parfaitement adaptée à ses mesures et à sa magie" est l'opinion de Ollivander. "Ce qu'il vous faut, Aspirant, c'est quelqu'un qui libère cette baguette du sortilège qui l'empêche de totalement faire une avec son propriétaire. Il vous faut un briseur de sorts."

On n'a pas tellement le temps d'en discuter après parce que dès qu'on arrive à la Division, on est envoyés pour piloter une équipe de protection d'une visite protocolaire danoise. Je crois qu'une autre fois, j'aurais trouvé ça excitant, tous ces puissants. Bon, on ne croise pas Dumbledore, je crois que Dumbledore aurait réveillé mon ambition latente.

Là, puisque je ne suis même pas considéré comme capable de garder une porte comme un policier débutant, je suis Tonks-Lupin dans ses rondes et ses vérifications. Mais, du coup, j'ai pas mal de temps pour ressasser cette histoire de malédiction sur ma baguette - et sur celle de ma grand-mère. Quelque chose de plus vieux qu'elle d'ailleurs puisqu'elle tenait sa baguette comme moi. Et quelque chose qui a dû diminuer ses capacités - comme les miennes - quelque chose qui nous a rendu vulnérables. Peut-être une des raisons de sa mort. Mes poings sont serrés avant même que j'ai fini de formuler l'idée. Et juste après, cette question ouverte, est-ce que Don Curro savait ?

Je suis à peu près certain que Tonks-Lupin voit bien que je ne suis pas totalement concentré. Plusieurs fois, elle trouve des moyens indirects pour me ramener à notre mission - m'envoyer porter des messages qu'elle aurait pu envoyer par jeton, par exemple. Mais en fait, je suis content d'avoir des distractions. Et puis j'apprends des trucs : notamment que beaucoup pensent que Tonks-Lupin a la direction de cette mission parce qu'elle est proche non seulement de Shacklebolt mais aussi de Dumbledore.

"Elle a été sa garde du corps", m'explique par exemple l'agent-principal Saral que je retrouve sur cette mission.

"Et c'est le protecteur de Lupin", renchérit un autre. "Il a été le témoin de leur mariage. Moi, je dis qu'elle est revenue parce qu'il lui a demandé. Pour pousser les réformes qu'il a en tête."

Des trucs qui en d'autres circonstances, si je n'avais les yeux de ma grand-mère et la haute stature fière de Don Curro dans la tête, me passionneraient. Là, je coupe court et prétends que la réponse à mon ambassade est urgente.

Notre équipe suit la visite protocolaire jusqu'au Centre international des Portoloins de Londres en début de soirée. Pendant le dîner protocolaire, Tonks-Lupin m'envoie patrouiller dans les couloirs, avec une policière qui commence par avoir l'air totalement intimidée pour finir par m'entreprendre sur les corridas qu'elle juge barbares. Quand nos protégés sont repartis, Tonks-Lupin remercie toute l'équipe et leur dit de rentrer vite chez eux. Je ne suis pas assez bête pour penser que ça s'applique à moi.

"Un peu distrait, non ?" est l'introduction de Tonks-Lupin quand on se retrouve tous les deux.

"Pardon, cheffe", je tente.

"Je veux bien que cette histoire de malédiction probable soit difficile à digérer, mais c"est un truc sans doute plus vieux que toi, tu as grandi malgré elle et tu es là et on cherche ensemble des solutions. Ou tu me laisses tomber et, moi, j'arrête de chercher avec toi."

"Non ! ", je m'affole parce que je ne sais pas ce que je ferai dans ce pays qui n'est pas le mien sans les ressources qu'elle semble avoir, parce qu'en trois jours, j'en suis venu à lui faire une sorte de confiance. "Je veux dire ..."

"... que tu vas faire la distinction dans ta tête entre ton boulot et ta vie personnelle. Quand mes mômes sont malades, je ne cesse pas d'être l'Auror que j'ai fait le serment d'être", elle martèle. "T'apprends, Ok. Mais, avec moi, t'apprendras pas à pleurer sur ton sort. On est d'accord ?"

"Oui, Auror Tonks-Lupin", je promets avec toute la ferveur que je peux réunir. "Ça ne se reproduira pas."

"Vaut mieux pas", elle commente plus calmement. "C'était une mission pantoufle, mais ça n'excuse rien."

"Non, Auror Tonks-Lupin."

Elle me laisse clairement mariner avant de reprendre : "Bon, t'es dispo pour aller voir un vieux pote Briseur de sorts ?"

"Maintenant ?"

"T'es pas dispo ?"

"Cheffe..." Les mots se bousculent dans ma tête et dans ma bouche. J'ai pas l'habitude de faire confiance et, cette femme abat méthodiquement mes repères et mes défenses. Voilà que je m'inquiète pour elle : "Mais ton mari, tes enfants ?"

"Ils comprendront", elle prétend avant de me donner l'adresse pour transplaner.

Bill Weasley est un autre membre de la tribu rousse dont je connais déjà un membre - Ron - de l'Académie. On m'a aussi dit que le fils de Tonks-Lupin étudiant avait la sœur comme amoureuse. Ce Wesley-là est briseur de sorts chez les Gobelins. Fraîchement recruté après des années de vadrouille, il porte un crochet de serpent en guise de boucle d'oreille et des bottes en cuir - peut-être en dragon. Il dégage une classe exotique et tranquille que je ne saurais jamais même feindre. Il a été en classe avec Tonks-Lupin, que lui aussi appelle Tonks et non Dora - un truc qu'il va falloir que je creuse. Il est enfin, et sans doute heureusement, fasciné par la malédiction sur ma baguette qu'il diagnostique, lui, avec un pendule.

"Un truc bien spécial", il estime. "Bien ancien. Tu dis que Linky le voit à l'œil nu ?" Tonks-Lupin confirme. "Ça pousse pour de la magie très ancienne... sans doute pas blanche du tout, selon les critères des Aurors, je veux dire... "

"Merci, Bill, de nous considérer comme une bande de vieux réacs puants", commente Tonks-Lupin avec légèreté. "Moi, ce qui m'intéresse, c'est ce qu'on peut faire pour rendre sa liberté à cette baguette..."

"Bien formulé", il apprécie. "Vieilles magies, marqueur génétique, malédiction ciblée... sur un objet complexe comme une baguette... Moi, je ne m'y risquerais pas tout seul. Un jour peut-être, mais pas aujourd'hui, pas pour ton aspirant - trop peur des représailles", il prétend. Elle se contente de sourire. "Le meilleur spécialiste qui me vient à l'esprit, c'est Fonsfata. Il enseigne habituellement à la Scuela à Venise mais, comme vous avez de la chance, il est l'invité de Girasis à Londres cette semaine."

"Girasis", répète Tonks-Lupin l'air, pour la première fois, prudente et incertaine. Plus de sourire.

"Pas ta pote ?", vérifie Bill qui l'a visiblement senti comme moi.

"Pas la pote de Remus. Je ne suis pas sûre qu'elle sache que j'existe."

"Ah. Bon, eh bien, madame Lupin, permettez-moi de vous faire profiter de mon inestimable réseau et de solliciter pour vous et votre aspirant une rencontre avec le professeur Fonsfata."

"A charge de revanche, Monsieur Weasley", elle sourit largement.

"T'inquiète, je suis certain que j'aurai bien l'occasion", il sourit lui aussi. "Et puis je suis curieux de l'expertise de Fonsfata."

En les quittant, je rencontre Aonghus qui revient de chez Zoya en bas de l'immeuble où se trouve notre colocation.

"Tu rentres bien tard, on ne te voit plus, ça a l'air de partir sur les chapeaux de roue !" est son accueil. "À toute vitesse, je veux dire."

"J'avais compris, mais merci", je décide d'être magnanime. "Ouais... t'avais raison, avec Tonks-Lupin, on ne s'ennuie pas."

"Exigeante ?"

"Un peu" j'admets. "Mais super... disponible..."

"Vous avez déjà... le prend pas mal... vous vous êtes entraînés ensemble ?"

"On n'en est pas au duel", je formule pudiquement, mais, au fond, c'est ce que Aonghus veut entendre. Pour lui, je suis un mauvais duelliste, pas un gars qui ne dispose que d'une baguette prévue pour lui, mais ensorcelée pour ne fonctionner qu'à moitié. Que je rame lui paraît logique et je découvre que je n'ai pas tellement envie de lui expliquer qu'il y a peut-être une explication qui n'a rien à voir avec mes compétences.

"T'es pas de garde ce week-end au moins ?" est sa question suivante.

"Je ne crois pas."

"Renseigne-toi mais, vendredi, il y a une fête étudiante qu'il ne faut certainement pas rater. Tout le monde y va."

"Merci pour les infos".

Il faut deux jours avant qu'on ait des nouvelles de ce fameux professeur vénitien. Deux journées pendant lesquelles je fais de mon mieux pour être l'aspirant modèle. Là avant l'heure, concentré et proactif. Tonks-Lupin a un passage devant le juge pour une affaire ancienne et je vais jusqu'à prendre des notes pendant l'audience.

"Je me moquerais bien un peu, mais je préfère ça que de te voir ruminer des trucs sur lesquels tu n'as pas de prise. En plus, sur le fond, c'est un excellent exercice", est son commentaire quand je lui montre parce qu'elle a bien remarqué que je prenais des notes.

Ma mentore est en train de m'expliquer le système des gardes de week-end - ce qui me permet de vérifier que je ne le suis pas - quand son miroir vibre dans son sac. Depuis que je suis ici à Londres, j'ai vu l'essor pris par ces objets de communication. Absolument inaccessibles financièrement pour ma bourse et j'imagine long à acquérir même avec une paie d'Aspirant. Mais en même temps, qui appellerais-je ?

"Pardon, c'est Bill", elle me montre l'image en guise de preuve. "Je t'écoute, Bill. Demain après-midi à son hôtel ? Parfait, on va s'organiser. Remercie-le pour nous." Elle me regarde ensuite avec ses yeux gris bienveillants. "Tu vas tenir le coup même si je ne suis pas là pour t'occuper ?"

"Il paraît qu'il y a une grande fête étudiante ce soir. Tous mes colocataires y vont", je lui réponds alors que je n'ai pas réellement décidé d'y aller. C'est pour la rassurer sur ma vie sociale, je crois.

"Pas une mauvaise idée", elle conclut d'ailleurs.

16 janvier 1999

Cette histoire de fête me poursuit. Mes colocataires, Aonghus en tête, ne cessent de m'en parler. Ils anticipent l'alcool et les drogues - oui, même mes petits amis apprentis Aurors. Ils anticipent aussi la musique, la danse et la drague. Ils anticipent jusqu'aux souvenirs qu'ils en auront. Comme moi, je me sens hanté par le passé, je finis par céder à tant d'anticipations et à ma quasi-promesse à Tonks-Lupin et je les suis.

La foule est quand même intimidante et, à la fois, un endroit où je pourrais être presque anonyme, presque un autre - un caméléon plutôt qu'un mouton noir. Je garde donc un repère d'où ils sont, mais je pars un peu en exploration. C'est comme ça que je tombe sur Ron Weasley, dans un passage entre deux salles.

"Ah, Sopo !", il m'interpelle quand il me reconnaît. Puis, il se tourne vers une alcôve derrière lui et dit : "Il faut que je vous présente Rafael Sopor.. Désolé, Sopo, je ne retiens jamais."

"Rafael Soportújar", je réponds avec patience. La fille ressemble trop à Ron - est-ce qu'il y a plusieurs sœurs Weasley ?

"Espagnol ?", questionne alors un garçon qui se tient dans l'ombre derrière le frère et la sœur. Il a une voix grave assez chaude.

"Andalou", je réponds.

"Entonces que piensas de London ?", il me demande alors avec un espagnol fluide, mais avec un accent étonnant, presque latino, sans que j'arrive à le placer avec exactitude.

"Llueve mucho", je réponds et il a un rire bref qui ressemble à un aboiement.

"Cyrus", intervient Ron en anglais avec un peu de nervosité. "Sopo est l'aspirant de ta mère..."

"Non ?!", s'exclame ledit Cyrus, sortant un peu de l'ombre, sans doute pour mieux me voir. "Mais depuis quand ?"

"Lundi."

À le dire, je m'émerveille de tout ce qui a pu se passer en une semaine.

"Ah, ça fait combien de temps qu'on n'est pas passé voir mes parents, Gin ?"

"Deux... non, trois semaines", répond la jolie rousse, en fronçant le front pour aboutir à cette conclusion. Elle a des yeux noisette et une silhouette athlétique. Une vraie présence.

"Alors ?", continue Cyrus en me regardant. Beaucoup de prestance lui aussi. Il ressemble au jeune homme qui était à gauche du couple sur la photo du bureau de Tonks-Lupin. Il a des yeux gris incisifs plutôt que bienveillants, mais qui ressemblent à ceux des jumeaux que j'ai entrevus à Poudlard et à ceux de leur mère que je commence à connaître un peu. Je me souviens de cette histoire de lien familial entre le père naturel officieux de ce garçon et Tonks-Lupin. Je vois bien ce qui entretient la rumeur.

"J'ai survécu", je réponds, parce que je sens bien que ce qu'il veut, c'est du croustillant, pas que je lui raconte que je suis en train de me raccrocher à sa mère adoptive comme un naufragé moldu à une bouée de sauvetage. Je n'ai aucune idée de leurs relations en plus. Et moi, je n'ai pas eu la chance de connaître ma mère autrement qu'en photos où elle aura éternellement vingt-cinq ans.

"On pariait tous qu'elle finirait par récupérer Ron", il commente avec un geste vers le frère de sa petite amie.

"Et moi, ça ne m'aurait pas fait peur", estime ce dernier en bombant un peu le torse.

"Je crois que c'est mieux si tu as plus de distance", commente la sœur.

J'ai l'impression que ledit Ron va répliquer et je décide d'éloigner la conversation des conditions de l'aspiranat.

"¿Dónde aprendió español un brujo británico?", je tente.

"Ma mère est brésilienne. Je veux dire... Laelia, ma mère... naturelle, avant l'adoption", il formule assez brusquement, comme si le sujet l'exaspérait. Sa copine le regarde avec un air inquiet. "Dora est ma mère", il rajoute en me regardant comme s'il convenait de me convaincre. "J'avais neuf ans quand Laelia a été tuée... et que je suis venu ici... Dora a toujours été là pour moi."

Ainsi sa mère a été tuée. La mienne est réputée s'être suicidée. Ma grand-mère a toujours pensé que son compagnon de l'époque - un certain Edelmiro Allodia - y était pour quelque chose. Mais ce n'est sans doute pas un bon sujet pour une fête.

"D'où le Mãe ?", je questionne sur une inspiration.

"Tu as vu les mômes ?", il vérifie. "T'es en train de te faire adopter. Cool. Bienvenue dans le clan des Lupin." Il me tend la main. Je la prends. Il a une poigne franche de garçon sûr de lui. Oui, je l'envie un peu.

"Ils ont l'adoption facile, faut bien dire !", souscrit la jeune fille en gloussant un peu. C'est peut-être l'effet de la boisson qu'elle tient à la main.

Son frère renchérit un truc qui me fait me demander si, après dix-huit mois dans ce pays, j'arriverais un jour à comprendre toutes les subtilités. Ça ressemble à "Même Rogue", ce qui n'a pas de sens. D'ailleurs, Cyrus l'ignore, mais fait apparaître une timbale argentée de sa poche et ramasse au sol une sorte de thermos. "Tu en veux ? Un cocktail maison... un peu arrangé, mais rien que du bon..."

"Cyrus", grommelle Ron. C'est un avertissement.

"Tu vas raconter ça à ma mère... ? Zut, j'ai oublié ton nom."

"Rafael."

"¿Se lo vas a contar a mi madre, Rafael?", répète donc Cyrus dans ma langue, cette fois, avec cet accent brésilien que je reconnais maintenant.

Est-ce que me rapprocher du fils de ma mentore, surtout de cette façon-là, est malin ? À ce stade, ça ne me paraît pas quelque chose de mauvais. Surtout que ledit Ron a certainement la même chose dans son verre. Pourquoi je ne tenterais pas l'adoption, moi aussi ? Ou l'infiltration.

"¿Qué le voy a decir? ¿Que tenía mucha sed?", je souris donc en tendant la main vers le gobelet. Cyrus approuve et me le donne.

13 janvier 2021 Iris

Quand il me voit arriver en Écosse, Mark interprète correctement que tout n'est pas pour le mieux. Il n'est pas le seul, je dirais, aux regards que je croise dans la Division écossaise en sortant du bureau de son commandant régional, Rigel Savage. J'ai son accord pour que je sois celle qui mette les choses au clair avec mon ancien aspirant. Ce sont des choses qui se font au-delà de toute procédure officielle.

"J'ai des ennuis ?", veut savoir ledit ancien aspirant dès que nous sommes seuls.

"Ron a retenu notre Commandante de t'inviter dans son bureau. Il ne le fera pas deux fois", je formule sobrement.

"Olivia ?", il s'inquiète, et ça me fait plaisir qu'il ne pense pas qu'à lui.

"Qui ?", je réponds de ma voix la plus faussement innocente qu'il reconnaît comme de juste.

"Merci. Et toi, cheffe ?", il questionne tout bas.

"Je suis là pour veiller à ce que ton esprit d'initiative soit utilisé à des fins collectives", je tente, mais ça ne le rassure pas. "J'aurais dû te prévenir dès que j'ai su que Bruxelles s'intéressait à l'affaire, mais je n'ai pas pensé que tu aurais autant avancé en une nuit où tu ne devais même pas travailler... "

"Je suis sincèrement désolé, cheffe."

"Sois plutôt soucieux de ne pas aggraver ton cas et fais de ton mieux", je lâche en m'en voulant un peu. "Mais la prochaine fois, je ne laisserai rien au hasard moi non plus." Il ne sait pas quoi me répondre et je décide d'amortir la remontrance : "Sur le fond, tu nous as donné des infos que jamais Bruxelles n'imaginait qu'on aurait. La Commandante dit : ils nous laissent une place parce qu'ils flippent de ce qu'on fera s'ils ne nous la laissent pas. Ce n'est pas totalement glorieux, mais ça sert notre objectif."

"Ok", il soupire. "Et maintenant ?"

"Tu me montres ton dispositif. J'ai des rapports à faire sur nos actions toutes les trois heures. Tu vas m'aider. Et j'ai quand même quelques infos supplémentaires à te donner."

Wang me montre le plan de placement des sphères de surveillance qui couvrent à bonne distance la maison. Il n'y a pas d'angles morts et ça me paraît assez loin pour éviter la plupart des dispositifs de détection.

"Ce ne sont ni des enfants de chœur, ni des apprentis sorciers. Ce sont des gars qui ont des moyens et des vrais savoir-faire magiques, Mark. Faut tout sauf les sous-estimer. Qui t'aide ici ?"

"Des policiers, un par rotation."

"Savage va demander à Forrest de venir en appui", je lui apprends. C'est en parlant de Dikkie que je me souviens qu'elle est de la génération de Sopo. Une information dont je ne sais que faire. Je me dis qu'il faudrait que j'en parle avec ma mère qui a été sa mentore. Puis, je réalise que depuis le début, c'est ce qui la met mal à l'aise. Et la présence de Mark en face de moi m'aide assez à imaginer pourquoi.

Puisque cette voie d'enquête semble peu praticable, je me concentre sur les informations qui ont été sanctionnées comme devant être diffusées aux troupes. Je sors la copie des photos laissée par Zorrillo et je lui présente succinctement les sept protagonistes espagnols de cette histoire. J'insiste sur Edelmiro Allodia qui est propriétaire de la maison.

"Quelqu'un te dit quelque chose ?"

Mark secoue la tête. "Pour l'instant, je n'ai revu que la jolie Siofra et l'elfe qui nous avait ouvert. Personne d'autre."

"T'en vois un des sept, tu me contactes immédiatement. Je ne réponds pas, tu contactes Weasley. Ou la division de Londres si ça ne suffit pas. Mais tu n'attends pas. Et tu informes tous ceux qui doivent l'être de cette consigne."

"Bien compris, cheffe", il promet. Et son recours à mon statut depuis le début de la conversation qui est un effort sensible sur les "ok, Iris" qu'il me sert en général.

"Après notre discussion, je pars en Irlande pour mettre en place la surveillance d'une autre maison d'Edelmiro Allodia. Il se pourrait que les maisons soient connectées par un réseau parallèle aux Cheminettes. Du coup, si quelqu'un sort d'ici sans que vous l'ayez vu entrer, c'est ultra-intéressant", je continue.

"Tu veux le savoir", confirme Mark. "Je comprends." La question qui lui vient me saisit comme un truc que j'aurais dû anticiper : "Est-ce que l'infiltré est parmi eux ?", il demande en désignant les sept photos étalées sur la table.

"C'est une bonne question, Mark", je reconnais, coincée entre les recommandations de ma hiérarchie et le rappel récent que, sans les informations adéquates, un subordonné plein d'initiative peut prendre de mauvaises décisions. "Bruxelles n'a pas donné d'informations officielles sur l'identité du ou des infiltrés - ils ont un peu laissé entendre qu'il pouvait y avoir plusieurs personnes", je formule un peu la mort dans l'âme.

Mais est-ce que le nom de Sopo aiderait Mark dans son travail ? Non. Je n'ai pas de photos et peut-être même qu'il a transformé son apparence et qu'il n'a plus grand-chose en commun avec le jeune homme patient que j'ai côtoyé à la Division, à Poudlard ou à l'appartement de Londres quand j'avais cinq ans. Je ne sais même pas quelles relations il a encore avec ma mère, je réalise. C'est comme si ce type s'était évaporé de ma vie sans que je m'en rende compte.

"On va documenter tout ce qu'on voit passer et peut-être que certains vont se distinguer. Ils communiquent comment avec Bruxelles ?", continue Mark, concentré.

"Ils ont parlé de messages, sans plus." Ce qui est la stricte vérité. Pris par la visite et ses conséquences, je réalise que je n'ai pas analysé tout ce qui pouvait l'être, ni poser toutes les questions.

"On ne leur inspire pas totalement confiance", il regrette. "Ils se sont dits que le meilleur moyen de nous surveiller était de nous impliquer a minima - c'est ce que tu as dit. Bon, un rapport toutes les trois heures ?"

"Exactement, Mark. "Tu vas faire ça ici et je vais aller mettre ça en place en Irlande."

"Tu l'auras, Iris."

OOOOOO Notes linguistiques

Les phrases en espagnol qui ressemblent bien à Cyrus comme à Rafael, non ?

"Entonces que piensas de London ?" Alors, que penses-tu de Londres ?

"Llueve mucho" Il pleut beaucoup

"¿Dónde aprendió español un brujo británico?" Où un sorcier britannique a-t-il appris l'espagnol ?

"¿Se lo vas a contar a mi madre, Rafael?" Tu vas raconter ça à ma mère, Rafael ?

"¿Qué le voy a decir? ¿Que tenía mucha sed?" Qu'est-ce que je lui dirais ? Que j'avais très soif ?

ooo

Notes personnages (Complétées, avec des précisions temporelles)

Rafael Eolo Soportujar : Aspirant Auror d'origine andalouse sous la responsabilité de Dora Tonks-Lupin, Rang Trois, juste revenue à la Division, en 1999.

Nuria Soportujar : Grand-mère décédée de Rafael, maitre des potions.

Azahara Soportujar : Mère décédée de Rafael, fille de Nuria.

Jovela Sylfor : Bijoutière qui s'est fait voler une tiare

Lieutenant Jérémy Berrycloth : bras droit de Kingsley Shacklebolt en 1999. Proche de Scrimgeour

Kingsley Shacklebolt : Commandant en 1999 ancien mentor de Dora

Dora Tonks-Lupin : Auror Rang Trois en 1999 ; 2021 Commandante des Aurors britanniques

Carley Paulsen : Auror Rang Trois en 1999, ami de Dora, a été le mentor d'Albus Ogden ; 2021 Lieutenant détaché à la Coopération internationale auprès du Département d'application des Lois magiques.

Dawn Lawrell-Paulsen : Auror de Rang Trois en 1999, amie de Dora, a été la mentor de Albus Ogden ; 2021 Sous Commandante, chargée de la conformité des dossiers et les relations avec le Magenmagot

Charity Perkins : Auror de Rang Trois en 1999 (sera la mentore d'Iris)

Osmond Nuttley : Auror de Rang Quatre en 1999

Zoya Twycross: Jeune Auror de Rang 5, petite amie d'Albus Ogden en 1999. Future épouse de Albus Ogden.

Albus Ogden : Jeune Auror Rang 5, habite dans la même colocation que Rafael en 1999. Son père est juge.

Eurydice "Dikkie" Forrest, Aspirante de Gawain Robards en 1999. 2021 : Auror de Rang Deux en Ecosse.

Aonghus Giles, Aspirant de Andrea Williamson en 1999, colocataire de Albus Ogden, Nydia Lytton et Rafael Soportujar.

Nydia Lytton, Aspirante de Herman Hawlish en 1999, colocataire de Albus Ogden, Aongus Giles et Rafael Soportujar .

Aelius Wind, ancien petit ami de Dora, Analyste en 1999

Agent principal chef Saral en 1999

Agent Stanley Alter en 1999

Balor McLaggen, petit ami éconduit de Jovela Sylfor, voleur de la tiare, maître des potions, en 1999.

Iris Lupin McDermott, R3 dans l'équipe mixte Aurors/Brigade sous les ordres du sous-commandant Ron Weasley en 2021

Samuel McDermott, R2 dans l'équipe centrale d'enquête en 2021, époux de Iris Lupin

Nimuë et Klervie McDermott, filles jumelles de Iris et Sam, 5 ans en 2021

Fergie McDermott, mère de Samuel, s'occupe souvent des jumelles en 2021

Mark Wang, R4 dans l'équipe mixte Aurors/Brigade, en 2021, ancien aspirant d'Iris Lupin

Agente Principale Olivia Miller, petite amie de Mark Wang en 2021

Hermosa Fioralquila McNair - sorcière hispano-britannique, ancienne cheffe du XIC, en prison en 2021

Edelmiro Allodia, sorcier espagnol qui a racheté une propriété d'Hermosa. Financier de la Nouvelle-Atlantide

Siofra O'Shea, sorcière irlandaise, spécialiste en bibliothèque, un autre nom utile.

Fidel Leales, chef d'un clan au sang pur espagnol en 2021, chef présummé de la Nouvelle-Atlantide

Duilio Fervi - ami et bras droit de Fidel Leales, issu d'une longue famille de serviteurs de la communauté sorcière espagnole,

Nicéforo Casagrande, beau-frère de Edelmiro Allodia. Soutien financier de la Nouvelle Atlantide

Albano Altamira, homme d'affaires espagnol qui n'a pas réussi à devenir premier ministre, membre de la Nouvelle-Atlantide

Graciano Fioralquilla Fervi, un cousin éloigné d'Hermosa, membre de la Nouvelle-Atlantide,

Ayoze Nauzet - sorcier canarien,porteur aussi d'une envie d'indépendance envers le Ministère espagnol, membre de la Nouvelle-Atlantide

Philippine Maisonclaire, sous-commandante française, Commandante du Bureau européen des Aurors à Bruxelles en 2021

Lieutenant Ernesto Zorrillo, Auror espagnol détaché au Bureau européen des Aurors à Bruxelles en 2021

Sous-Commandant Rigel Savage. Auror dirigeant la Division écossaise du Bureau britannique en 2021

Et merci à tous ceux qui laissent des traces dans la neige.