Chapitre 58 : Tes erreurs
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Comme tous les élèves de Poudlard, Remus avait reçu les extraits du magazine Harry et il avait eu du mal à y croire. Lire l'histoire de Pamela et surtout la manière dont sa souffrance avait été traitée par la justice lui avait fait beaucoup de peine. Tout avait été si justement décrit qu'il était facile d'imaginer la douleur de la victime, de pouvoir s'identifier à elle, même si on n'était pas forcément concerné.
La Serdaigle affirmait ne plus rien attendre ni de la justice ni de Nott. Avec les éléments dont elle disposait, Pamela savait qu'elle ne pouvait pas faire appel ni tenter de prouver qu'elle disait la vérité quand elle affirmait que Nott l'avait violée. Sa seule chance était l'usage du Veritaserum, mais elle ne pouvait l'imposer au sorcier.
Dans l'article, la blonde évoquait également le très bon travail de l'infirmière de l'école ainsi que de l'association qui l'avait accompagnée tout au long du processus. Pamela avait aussi mis en avant le bon accueil de la police magique qui gérait les affaires non magiques. La policière qui avait pris sa plainte avait fait preuve d'empathie à son égard et l'avait avertie de la suite potentielle de sa démarche. Même si la responsabilité de Nott n'avait pas été prouvée, les enquêteurs avaient travaillé sur son affaire et elle en était heureuse, sachant que ce n'était pas toujours le cas.
Enfin, elle finissait en déclarant que si elle parlait, c'était parce qu'elle avait le sentiment de ne pas avoir pu le faire correctement lors du procès. Qu'elle avait manqué de temps et de moyens. Elle voulait dire sa vérité, la seule qui comptait.
À présent, elle ne désirait qu'une seule chose, continuer sa vie.
L'extrait était conséquent et retransmettait bien l'émotion de la jeune femme.
Quant à l'autre extrait, Remus s'était senti mal à l'aise tout le long de sa lecture. Il n'en était pas sûr, mais il pensait qu'il s'agissait de Regulus. C'était après tout la seule personne qu'il connaissait qui avait eu à faire à Rosier. À aucun moment des noms ou des éléments permettant de reconnaître la victime n'étaient dévoilés, mais des détails lui avaient sauté aux yeux. Le Poufsouffle se souvenait ainsi de ce qu'il s'était passé entre Rosier et Regulus et de ce que Sirius, James et lui avaient fait pour sortir Regulus des griffes du Serpentard.
L'article était glaçant. Il était question de ce que le blond lui faisait dans leur dortoir. Pour toute personne suffisamment attentive, cette simple remarque permettait de se faire une idée du genre de la victime.
La lecture était presque insoutenable et s'il s'avérait qu'il s'agissait bien du 6ème année, Remus s'en voudrait énormément. Il n'avait pas vu la souffrance de Regulus alors même qu'il l'avait longuement côtoyé. S'il avait su… il aurait tenté d'arrêter ça plus tôt. A l'époque, Sirius et James lui avaient simplement dit que Rosier avait forcé et manipulé le 6ème année dans le but de faire un Serment Inviolable. C'était suite à cette révélation que Severus et Regulus s'étaient rapprochés des Maraudeurs et qu'ils s'étaient entraidés pour trouver une solution.
Visiblement, si ses déductions étaient justes, même une fois l'histoire réglée, personne ne lui avait dit la vérité. Remus n'avait jamais trop apprécié Rosier, mais il n'aurait jamais imaginé qu'il soit capable de faire preuve d'autant de cruauté. Il n'arrivait pas à croire qu'autant de personnes se fourvoient au sujet du blond.
Une partie du châtain ne pouvait croire que chez les Serpentard, tout le monde ignorait le calvaire qu'avait vécu le cadet des Black, ni quelle était la vraie nature du blond.
Remus se posait beaucoup de questions et ne savait pas bien comment agir à présent. Il lui était difficile de croire que Regulus avait accepté de parler à des inconnus de ce qu'il avait vécu, et surtout que ses tourments soient exposés à tous.
Un début d'explication lui était venu de Sirius. Son ex-petit ami lui avait envoyé une lettre dans la soirée d'hier pour lui demander d'aller voir James. S'il avait d'abord été surpris, il avait vite compris pourquoi. Remus avait été choqué d'apprendre que James était l'auteur de l'article, et encore plus étonné d'apprendre que son ami possédait un magazine.
Sirius avait été plutôt froid dans sa lettre et lui avait demandé d'aller ordonner au Maraudeur de faire retirer son article concernant Regulus. Remus avait alors compris que James avait publié l'histoire du Serpentard sans son autorisation. Dans sa lettre, Sirius disait qu'il le laissait gérer car s'il s'en occupait, il était sûr de s'emporter et alors son amitié avec James n'en ressortirait pas indemne. De plus, il était plus facile de discuter de sujets délicats face à face plutôt que dans des lettres qui ne permettaient pas de discussion instantanée.
Remus savait que James et Regulus avaient un miroir magique qui leur permettait de discuter même à très longue distance. Il savait aussi que si Sirius ne l'utilisait pas, c'était bien car comme il le lui avait signalé, il risquait de s'emporter. C'était presque irréaliste d'imaginer ces deux personnes inséparables fâchées. L'ancien Poufsouffle se sentait ainsi sous pression et il était partagé quant à ce qu'il s'était passé. Il lui fallait rassembler ses idées et convaincre son ami de prendre la bonne décision.
xXx
Après avoir reçu la visite de Godron, l'ancien Poufsouffle avait décidé de se rendre chez les Potter. Perturbé par les dernières nouvelles, le châtain avait à peine fait attention au roux qui n'avait pas semblé remarquer qu'il était préoccupé. Godron s'était montré bavard et si le châtain ne devait retenir qu'une chose, c'était que contrairement à ce qu'il avait pensé au départ, les visites de l'infirmier étaient des distractions plutôt agréables parfois. Godron était toujours aussi tranchant, mais il paraissait sincèrement se soucier de sa santé et était appliqué. De plus, une fois que l'on comprenait qu'il n'était pas méchant mais qu'il manquait simplement de tact, c'était plus facile.
Mais ce que Remus appréciait le plus était les bonnes nouvelles qu'il apportait. Effectivement, Godron avait affirmé qu'il se remettait tranquillement et c'était plaisant à entendre. Ses parents étaient encore plus heureux que lui. À présent, Remus espérait qu'ils arrêteraient de s'inquiéter dès qu'il éternuait ou déclarait vouloir faire une petite promenade seul.
-Maman, papa, je sors un moment. Je vais voir James.
Remus était majeur. Il n'avait, en principe, pas à les informer de ses moindres faits et gestes mais le châtain trouvait sa démarche plus polie. De plus, il avait été habitué à faire ainsi depuis tout petit. En l'occurrence, avec ce qui lui était arrivé, cela aurait créé des sueurs froides inutiles à ses parents s'il disparaissait sans prévenir.
Le fait qu'il annonce ses intentions et ne demande pas la permission était pour que ses parents comprennent qu'il voulait reprendre le cours de sa vie et que, même affaibli, il était toujours apte.
-Tu sors mon chéri ? lui demanda sa mère.
Lyall et elle étaient dans le salon. Le père de Remus leva la tête du livre qu'il lisait comme il avait pris quelques jours de repos pour pouvoir être avec sa famille. Le lendemain, il devrait néanmoins déjà retourner au travail.
La mère de Remus laissa tomba la chemise qu'elle était en train de repriser pour s'approcher de son fils.
-Je ne serai pas long, assura-t-il.
-C'est soudain, constata son père. Est-ce que ça a à voir avec la lettre que tu as reçue hier ? Tu avais l'air plutôt bouleversé.
Remus savait qu'il était inutile de mentir à ses parents.
-Un peu.
-Est-ce que c'est grave ? Ton ami a des problèmes ? demanda sa mère.
Elle lui caressa les cheveux et pendant quelques secondes, le châtain profita de ce contact réconfortant.
-Ça ira, éluda-t-il.
-Je peux t'y conduire si tu veux. Pendant que tu discuteras avec ton ami, je pourrais me balader dans le village ou prendre le temps de discuter avec les Potter. Quand j'y pense, nos familles n'ont jamais pris le temps de faire connaissance ! Ce sont pourtant un peu des célébrités, plaisanta Lyall.
Remus voyait que sa mère était enchantée par l'idée et avait envie de se joindre à eux.
-Ce ne sera pas nécessaire ! les coupa-t-il. Tout ira bien, ne vous inquiétez pas.
Il soupira ensuite.
-S'il vous plaît, laissez-moi reprendre une vie normale. Je vous adore, mais je ne peux pas passer toutes mes journées avec vous.
Si ses parents avaient l'air déçu et troublé, ils n'ajoutèrent rien. Remus, qui avait l'impression de s'être montré un peu dur avec eux, les embrassa avant de partir. Il ne voulait pas tarder au cas où l'un d'eux change d'avis.
xXx
James se sentait épuisé et il détestait être amorphe. Il n'aimait pas les jours qui précédaient les pleines lunes. Il ne pouvait rien faire à cause de la fatigue. Il avait du mal à réfléchir et ne supportait pas le contact des autres. La seule nourriture qu'il pouvait ingérer était de la viande très saignante et il était d'une humeur exécrable. Ses parents en avaient d'ailleurs déjà un peu fait les frais.
James détestait mal se conduire avec eux. Heureusement, ils savaient qu'il ne le faisait pas exprès, que ce n'était qu'un mauvais moment à passer et que c'était plus dur encore pour lui. Les lendemains de pleine lune étaient plus supportables. S'il ne se blessait pas gravement, il lui faudrait juste dormir environ deux jours pour se remettre. Pendant ces quelques jours où il ne serait pas opérationnel, il avait prévenu son équipe qu'aucune réunion de Harry n'aurait lieu. Celles-ci reprendraient dans cinq jours pour finaliser les articles à paraître avant que Frank n'envoie le magazine à l'impression.
Pour cette pleine lune qu'il avait décidé de passer seul, il serait dans la cave que ses parents et lui avaient tenté d'aménager tant bien que mal. C'était une solution alternative car James ne voulait pas retourner dans la cabane hurlante. Il craignait que Sirius, malgré sa demande, ne vienne lui prêter main forte. Si pour son meilleur ami se rendre dans la cabane hurlante ne posait pas de problème, à Godric's Hollow, c'était plus compliqué. De plus, les parents de James pourraient également l'en empêcher. Du moins, James l'espérait.
Euphémia et son époux dormaient dans le jardin pour l'occasion. Il faisait suffisamment bon et la tente qu'ils possédaient était confortable. James n'était pas tout à fait à l'aise avec le sujet, mais il n'avait pas le choix. Il serait doublement enchaîné et la porte serait condamnée grâce à plusieurs sorts pour l'arrêter et pour alerter si jamais il réussissait à s'enfuir.
L'ancien Gryffondor espérait qu'il n'y aurait pas de complication. Malheureusement, il était trop tard pour y penser. Ils ne pouvaient plus modifier leur plan. Et en toute honnêteté, James n'avait pas les idées claires en ce moment, il préférait donc ne pas se prendre la tête. Ses parents l'avaient bien compris et étaient d'une patience et d'une douceur admirables avec lui. Chaque jour, il était reconnaissant d'avoir des parents si incroyables avec lui. Fleamont et Euphémia disaient qu'il était leur petit miracle, mais James ressentait la même chose à leur sujet. Avoir des parents comme eux, c'était une chance inespérée.
Il penserait à le leur répéter quand il irait un peu mieux. En attendant, il tentait de trouver le sommeil, en vain. Il était fatigué, mais la faim le tenaillait et surtout, Regulus lui manquait terriblement. Il ne savait pas si c'était normal mais il sentait l'odeur du Serpentard partout dans sa chambre.
À bout, James décida de sortir pour aller manger. De l'étage, il put alors entendre ses parents discuter avec un visiteur. Il hésita à descendre. Il n'avait pas envie qu'on le voie avec une mine affreuse.
Son ventre gargouilla à cet instant et il décida qu'il se fichait bien d'avoir le teint blafard. En descendant les escaliers et en longeant l'entrée, il reconnut ensuite la voix de Remus. Il s'arrêta, surpris, et retourna sur ses pas.
-Moony ? Qu'est-ce que tu fais là ? Tu es venu manger avec moi ? lui demanda-t-il en souriant.
-James, qu'est-ce que tu fais debout ? Tu devrais te reposer, tu as une mine affreuse, déplora sa mère.
-J'ai faim, se contenta de dire le brun.
Il y eut un moment de flottement avant que Fleamont ne déclare qu'il allait s'occuper de lui préparer une assiette et qu'il devait s'asseoir.
-Je suis désolé d'être passé à l'improviste, je n'avais pas pensé à la pleine lune, s'excusa Remus.
Sa mère s'apprêtait à répondre, mais James la devança.
-Ce n'est pas grave, je suis content de te voir.
James l'étreignit alors longuement avant de l'entraîner à sa suite dans le séjour.
-Je ne devrais peut-être pas rester, hésita Remus.
-Mais si ! C'est super que tu sois là. Profite pendant que je suis encore cohérent ! Ce soir, je ne parlerai qu'en grognements et demain, je ne saurai même plus comment je m'appelle, rigola-t-il.
L'ancien joueur de Quidditch put cependant voir que sa mère ne semblait pas goûter à la blague.
-Je vais voir si ton père a besoin d'aide en cuisine. Sans Ritchi, notre elfe, nous sommes bien démunis, déclara-t-elle d'une voix raide en se détournant.
James acquiesça. Tant qu'il pouvait manger, il se fichait bien de qui était aux fourneaux. Il observa ensuite son ami qui avait l'air plutôt tendu.
-Est-ce que ça va ? Tu as l'air bizarre.
-Je ne veux vraiment pas te déranger…
-Maintenant que tu es là, tu ne vas pas faire marche arrière. Qu'est-ce qu'il y a ?
Remus soupira.
-C'est au sujet des extraits que tu as publiés. Sirius m'a dit que c'était toi qui gérais ce magazine.
-Oh, vous vous reparlez finalement, c'est super !
Remus fit la moue, il n'avait pas envie d'aborder le sujet maintenant.
-Je veux juste que tu saches que Sirius paraît assez en colère. De ce que je comprends, tu n'aurais pas dû faire ça. Regulus a très mal réagi.
James fronça les sourcils.
-Regulus va mal ? demanda-t-il, attristé.
Remus acquiesça.
-Nous en discuterons plus tard, tu m'as l'air vraiment à bout. Je préviendrai Sirius et nous en reparlerons tous ensemble pour savoir comment rattraper le coup et retirer l'article sans que cela ne paraisse étrange, ajouta le Poufsouffle.
-Hein ? Mais je ne vais pas retirer l'article ! Si Regulus va mal, c'est à cause de Rosier, pas de moi ! Moi je l'aime et je l'aide à obtenir réparation !
-James, tu ne peux pas dire ça, souffla Remus, choqué.
-Pourquoi pas ? s'agaça l'ancien Gryffondor. C'était une ordure, tu trouves ça juste qu'il ne paye jamais ?!
-Je n'ai pas dit ça mais c'est Regulus qui a été touché par cette histoire, c'était à lui de décider d'en parler ou non.
-Il l'a fait, il m'a parlé, insista James. Franchement, l'extrait est soft ! Tu n'imagines même pas l'enfer qu'il a vécu ! Je veux que tout le monde sache quel genre de personne c'était. Ils ont tous fait semblant de ne pas voir !
Remus le dévisagea. James perdait la tête.
-Tu te rends compte de ce que tu dis ? Il ne s'agit pas de toi, James !
Ce dernier se leva et se planta devant son ami. Il avait les poings serrés et le visage fermé.
-Je devrais partir, répéta le Poufsouffle après quelques secondes. Ça ne sert à rien de te parler maintenant.
Il se retourna avant de se diriger vers la porte.
-Je ne regrette rien, affirma le brun derrière lui, et Remus se retourna. C'est toujours les mêmes qui payent et qui en souffrent. Il est temps que les gens qui commettent ce genre d'acte arrêtent de penser qu'ils peuvent s'en sortir. Regulus a assez souffert. Il ne voulait pas porter plainte parce qu'il se disait que ça ne servirait à rien. Je vais lui montrer qu'il est écouté et qu'il obtiendra ce qu'il a toujours voulu, qu'on reconnaisse enfin les préjudices qu'il a subis.
Des pas se firent alors entendre comme les parents de l'ancien Gryffondor revenaient. James les ignora. Il se sentait crispé et tout son corps semblait rejeter la présence de son ami.
-Est-ce que tout va bien ? s'inquiéta Euphémia.
Fleamont posa le plat sur la table basse. Il se tourna ensuite vers son fils et posa sa main sur son épaule pour le détendre.
-J'allais partir, les informa Remus. Encore désolé d'être venu sans prévenir, ce n'était vraiment pas le bon moment.
Alors que ses parents rassuraient le châtain, James prit son plat de poulet et remonta dans sa chambre. Il n'avait pas envie que ses parents lui posent des questions et préférait donc s'isoler. Il avait envie de manger en paix.
xXx
Padfoot se trouvait dans une situation délicate. Il se sentait perdu et énervé contre James. Mais pourquoi avait-il fait ça ?! Il n'avait prévenu personne, pas même son équipe apparemment ! En effet, en discutant avec Rita, Padfoot avait appris que c'était également une surprise pour elle. Néanmoins, elle avait été très enthousiaste et voyait cela comme une bonne surprise, ignorant que James n'avait pas fait les choses dans les règles. Il n'avait pas reçu l'accord de Regulus pour dévoiler ce pan si intime et fragile de sa vie. Jamais ce témoignage que James avait obtenu de manière fourbe n'aurait dû être publié.
Cette décision était insensée et ressemblait si peu à l'ancien Gryffondor… En avisant Remus de ce qu'il s'était passé, la colère avait parlé. L'esprit n'avait à aucun moment pensé au froid qu'il y avait entre eux. Remus en avait également fait peu de cas lorsqu'il lui avait envoyé sa réponse. La colère de Padfoot était alors retombée en comprenant que James n'était plus vraiment lui-même, subissant avec force l'influence de la pleine lune. Il restait encore à savoir jusqu'à quel point celle-ci avait pu avoir des conséquences sur sa décision. Même si cela rendait son acte plus compréhensible, il n'en était pas pour autant excusable.
Peut-être que Regulus pourrait le pardonner s'il se décidait à ne pas publier son article et trouvait un moyen pour que jamais personne ne le suspecte d'avoir été la victime de Rosier. Regulus le savait, avec cet article, il ne faudrait pas longtemps à quelques personnes pour comprendre qu'il s'agissait de lui. Remus avait ainsi très vite compris, tout comme lui, et malheureusement, le Poufsouffle s'inquiétait dans sa lettre que James refuse de changer d'avis, même une fois qu'il aurait retrouvé complètement ses esprits. Ce point-là allait forcément poser problème.
Padfoot s'en occuperait en temps voulu. Il verrait une fois que la pleine lune serait passée et que James serait remis. Sa principale préoccupation restait son petit frère. Ce qui inquiétait le plus l'esprit était que Regulus se retrouve dans le même état que le Sirius de ce monde. Que son esprit se brise à cause de la douleur trop forte et soudaine et qu'il devienne inatteignable. Le jour où il avait découvert l'article, le Serpentard avait paniqué et il avait simplement pu pleurer sous le choc. Le lendemain, il avait refusé de se lever avant de se dire que si son comportement changeait, cela se remarquerait. C'était triste à dire, mais la seule chose qui faisait tenir Regulus, c'était la volonté que personne ne le suspecte, que personne ne sache.
Padfoot se sentait impuissant et aussi en colère. Un peu contre James, beaucoup contre Rosier. Malheureusement, l'inconvénient d'en vouloir à un mort, c'était que cela créait de la frustration. Cela donnait l'impression de perdre son énergie à diriger sa colère et son ressentiment contre un ennemi invincible, inatteignable. Son meilleur ami avait dû ressentir la même chose et, tout comme lui, James avait dû s'en vouloir, se détester d'être passé à côté de sa souffrance, de ne pas avoir pu l'aider. Tout ça, Padfoot le comprenait et le ressentait également.
C'était pour cette raison qu'il était difficile pour lui de faire face à Regulus. Padfoot avait pratiquement tout vu du malheur de son petit frère. Du moins au début. Quand Rosier avait commencé à aller trop loin, Regulus lui avait demandé de partir. Il avait voulu préserver sa dignité et pour lui, cela passait par le fait que son gardien n'assiste pas à sa descente aux enfers. Padfoot avait probablement cédé trop facilement mais cela avait été si dur pour lui d'assister à son malheur sans pouvoir rien faire... Il n'avait pu prévenir personne. Regulus était le seul avec qu'il avait pu interagir et il avait également été incapable d'user de la magie. Il avait été à ses côtés à chaque instant, l'avait soutenu, mais son frère ne s'était jamais confié sur le réel mal qu'il subissait.
La seule chose que Padfoot avait pu faire était d'imaginer ce que Rosier lui faisait. Regulus n'avait pas eu besoin de parler pour qu'il comprenne sa douleur et l'imagine. Du moins, c'est ce que l'esprit avait pensé. La vérité était que Regulus avait juste cherché le courage d'en parler à la bonne personne. Que James le trahisse ainsi… L'ancien Gryffondor avait fait une erreur qui ne serait pas facilement réparable.
Padfoot ignorait quels étaient les bons mots qui permettraient à Regulus d'être plus apaisé, qui rendraient tout moins douloureux. Malheureusement, il n'y avait pas de formule magique à ce sujet.
Padfoot devrait improviser, il n'y avait que ça à faire. Mais surtout, il ne devait pas commettre d'impair. Le pire qu'il pouvait lui arriver était d'empirer la situation. Pour cela, il avait réfléchi longuement à la façon d'aborder le sujet avec le Serpentard. L'esprit savait qu'il y avait de grandes chances pour que Regulus ne souhaite pas parler de ce qu'il avait vécu ni du coup de poignard que James lui avait mis. Le pire était qu'il était convaincu que James avait agi avec de bonnes intentions, soucieux d'apaiser le cœur de son petit-ami en rétablissant la vérité. Mais l'esprit le savait, James l'avait surtout fait pour lui, pour se débarrasser de son sentiment de culpabilité.
En dehors des cours pour éviter les interrogations et surtout pour ne pas avoir à croiser le regard des autres, Regulus restait dans la chambre individuelle d'Erd. Padfoot comprenait qu'il n'ait pas envie de se retrouver au même endroit que ses camarades de dortoir qui n'avaient strictement rien fait pour arrêter Rosier lorsqu'il avait agi. Et encore moins de voir dans leurs yeux qu'ils savaient très bien qu'il était l'auteur des accusations contre le blond.
Mais à trop penser, Padfoot avait peur de se perdre. Il ne devait pas se disperser. La priorité était la santé mentale de Regulus. Il ne lui restait que quelques jours à supporter avant de pouvoir quitter Poudlard et ses rumeurs incessantes. Néanmoins, si Regulus décidait de ne pas pardonner James, la question du logement se poserait.
Sirius -Padfoot- devrait-il le suivre ? Regulus pouvait accéder à son coffre, il pourrait se payer quelque chose si ses parents ne l'avaient pas déjà vidé. Padfoot imaginait bien les Black se venger de Regulus du procès qu'il intentait à leur encontre en manœuvrant pour l'appauvrir, comme ils l'avaient fait pour Sirius. Autant de questions qui donnaient mal à la tête à l'esprit.
Arrivé à son but, il frappa à la porte de la chambre du Serpentard du 2e année et attendit.
Ce fut ce dernier qui lui ouvrit. Erd eut une expression étrange et il fronça le nez avant de faire un pas en arrière. Padfoot n'y avait jamais fait attention, mais alors que lui s'était toujours montré courtois et jovial avec Erd, celui-ci semblait mal à l'aise en sa présence. Était-il impressionné ? Peut-être qu'il ne l'aimait pas pour une raison qu'il ignorait, ou alors était-ce simplement qu'il ne voulait pas faire ami-ami avec un Gryffondor ? Difficile à savoir.
-Je suis juste venu voir mon frère, je ne serai pas long.
Le demi-loup-garou ne répondit pas, mais le laissa entrer.
L'endroit n'était pas très grand et Padfoot aperçut rapidement son frère qui tentait de lire un livre dans la chambre de l'adolescent. Il releva la tête en l'entendant s'approcher. Il n'avait plus les yeux rouges, mais cernés. Regulus était également moins pâle que la veille. C'était en soi une première victoire.
-Sirius…
Padfoot jeta un coup d'œil derrière lui. Erd se dandina d'un pied sur l'autre avant de déclarer qu'il allait travailler dans son bureau. Padfoot alla alors s'asseoir à côté de son frère sur le lit du plus jeune.
-Ce n'est pas bon de s'isoler ainsi. Tu sais que je suis là pour toi, n'est-ce pas ?
-Je sais. Je n'ai juste envie de voir personne. Mais ne t'inquiète pas, je ne vais pas rester dans la chambre d'Erd éternellement. Le pauvre ne comprend pas ce qu'il se passe, mais surtout il doit vouloir être tranquille…
Padfoot ne put que soupirer.
-Il y a deux jours, tu étais dévasté parce que c'était soudain. Comment vas-tu maintenant ?
Le Serpentard haussa les épaules.
-Quand est-ce que James va retirer l'article ?
L'esprit fut embarrassé car il n'avait pas de réponse à donner à son frère.
-Je l'ignore, admit-il. C'est la pleine lune ce soir et depuis quelques jours, James est déjà sous son influence. Je ne sais pas si c'était le cas quand il a décidé d'écrire l'article et de le publier ou s'il l'a fait en toute connaissance de cause. Mais pour discuter de ça sereinement avec lui, je pense qu'il faudra attendre encore au moins trois jours.
Le regard de Regulus se voilà.
-Je vais donc devoir encore attendre...
-Je suis désolé.
-Je suis en colère contre lui, murmura-t-il. Tu sais, je lui avais fait comprendre que je ne voulais pas en parler, que les gens sachent…
-Il pensait sans doute bien faire… Il souhaitait qu'enfin la vérité soit rétablie.
-Ne me dis pas qu'il a fait ça pour moi, je n'en suis pas du tout convaincu.
Padfoot ne s'y risqua pas.
-Il est possible que je sois responsable, soupira ensuite Regulus. J'avais bien vu qu'il était bizarre, que cela l'avait vraiment rendu furieux de savoir ce qu'il s'était passé avec Rosier. Je n'ai pas suffisamment fait attention aux signes.
-Tu n'as rien à te reprocher, lui fit remarquer son frère. Tu n'aurais jamais pu prévoir la réaction de James. Tout comme tu n'es pas coupable pour ce que Rosier t'as fait, tu es la victime dans l'histoire. Tu essaies de surmonter ce qu'il t'est arrivé et tu as le droit de choisir comment faire, si tu veux ou non raconter ton traumatisme. Tu es mon petit roi et je serai toujours là pour toi.
Padfoot caressa les cheveux de son frère avant de le prendre dans ses bras. Regulus mit pourtant un long moment avant de lui rendre son étreinte, ce qui l'inquiéta.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-R-Rien, bredouilla-t-il.
Il prit ensuite une grande inspiration avant de sourire.
-Je vais faire au mieux pour tenir jusqu'à ce qu'il retire l'article. Pour le reste, j'aviserai.
xXx
-Il paraît que depuis la parution du témoignage de Pamela dans le magazine Harry, Nott a été convoqué dans le bureau des directrices, lâcha Bhavana en s'installant dans le parc avec ses amies.
Isabell et Dorcas, qui révisaient, s'arrêtèrent à son arrivée. Il faisait beau et beaucoup d'étudiants avaient choisi de profiter du soleil et des températures plus qu'agréables. Les trois jeunes femmes se rassemblaient quelques fois pour s'aider à réviser, rester motivées et surtout s'aider dans les matières ou l'une d'elles avait plus de mal. Lily les avait longuement accompagnées avant d'arrêter Poudlard et parfois, Pamela se joignait à elles. Aujourd'hui, elle n'était pas là et c'était pour cette raison que Bhavana avait abordé le sujet.
Comme le premier numéro du magazine avait pour thème l'éducation sexuelle, les extraits publiés dans Harry avaient beaucoup fait parler. Si certains ignoraient encore ce qu'il s'était passé entre Nott et Pamela, à présent il était impossible pour quiconque de passer à côté de cette histoire. Le magazine avait la particularité de ne pas simplement évoquer les faits ni le témoignage de Pamela. Il prenait également fait et cause pour la jeune femme en pointant les détails perturbants du procès et l'attitude plus qu'étrange d'un homme qui se disait innocent. Bien entendu, le magazine ne relevait que des faits facilement vérifiables, mais ne disait pas clairement que Nott était coupable. Leurs auteurs n'en avaient pas le droit alors que celui-ci avait déjà été jugé et déclaré non coupable.
Jusqu'à présent, le brun s'était fait discret et silencieux, mais pour combien de temps ? Bien que les révélations sur Rosier aient choqué et interpellé un grand nombre de personnes, Nott ne pourrait pas se cacher derrière cette diversion bien longtemps. Rosier n'était plus là pour répondre de ses actes alors que lui, si.
Les choses avaient d'ailleurs commencé à bouger. Cette convocation chez les directrices, le trio se demandait bien ce qu'elle cachait. Elles n'avaient pas vraiment agi lors du procès, elles avaient simplement facilité les démarches de la blonde en lui permettant d'avoir des autorisations de sortie et un suivi avec l'infirmière ainsi qu'un suivi psychologique si elle le désirait. Mais elles n'avaient jamais parlé à Nott, ni fait quoi que ce soit d'autre.
-Qu'est-ce qu'elles lui ont dit à votre avis ? s'interrogea Isabel.
-Aucune idée, soupira Dorcas.
-Elles ont dû lui parler du procès, lui demander s'il est vraiment innocent, jubila Bhavana.
-Je ne suis pas sûre qu'elles puissent faire ça, releva la Poufsouffle.
Dorcas acquiesça.
-Elles doivent quand même le faire. Imaginez que Nott soit en fait coupable, ça veut dire qu'elles auraient laissé un prédateur à Poudlard ! Encore un point noir à ajouter et c'est tout sauf ce qu'elles veulent. Ce serait une affaire qui pourrait définitivement mettre l'école à genou.
-Vous pensez qu'il l'a vraiment fait ? demanda la blonde.
Dorcas et Bhavana échangèrent un regard.
-Franchement, je n'en sais rien, admit Bhavana. J'ai du mal à voir Nott comme un violeur. On est de la même maison et je le connais plutôt bien, mais nous ne sommes pas amis alors il peut forcément cacher ses mauvais côtés. Et soyons honnêtes, ce n'est pas le genre de chose qu'un mec va dire devant une fille, ni qui que ce soit d'autre.
-C'est sûr. Je le connais très mal alors je ne peux pas me prononcer, ajouta Isabel. Toutefois, j'ai envie de croire Pamela. C'est une fille discrète qui ne se mêle pas des histoires des autres et qui fait sa vie de son côté sans se préoccuper des critiques. Pourquoi accuserait-elle Nott si ce n'est pas lui ?
-La seule manière de chasser tout doute ce serait qu'il utilise le Veritaserum, pointa Dorcas. Pourquoi il ne le fait pas ? On aurait alors le fin mot de l'histoire.
Bhavana haussa les épaules.
-Et concernant Rosier, vous en dites quoi ?
-C'était sacrément glauque… C'est horrible d'imaginer quelqu'un faire subir autant de sévices et de cruauté à quelqu'un d'autre, murmura Isabel en tremblant d'effroi.
-Il est mort, pourquoi ça ne sort que maintenant ? releva la Gryffondor.
-La victime ne devait pas avoir envie de parler avant, ou n'osait pas. Rosier est traité comme un héros depuis l'attaque, ça devait être dur de trouver le bon moment, lui fit remarquer la Poufsouffle.
-Vous savez, si pour Nott j'ai des doutes, en ce qui concerne Rosier, ça ne m'étonnerait pas, affirma Bhavana. Je dirais même que j'y crois totalement ! C'était une telle crotte de piaf quand on est sorti ensemble ! Il m'ignorait la moitié du temps et n'était gentil que quand il voulait qu'on couche ensemble. Et puis un jour, je l'ai surpris qui parlait de moi à ses amis. Il était rabaissant et vulgaire, je le reconnaissais à peine. Quand j'ai tenté de lui parler pour mettre fin à notre relation, il a complètement changé. Hyper présent et gentil, il m'offrait des cadeaux et sincèrement, j'étais en train de changer d'avis. Il a d'ailleurs dû le sentir car c'est pile à ce moment-là qu'il m'a laissé tomber tout en assurant que le problème ne venait de personne en particulier, que nous n'étions simplement pas compatibles. Il disait qu'il ne voulait pas se poser, plutôt étudier et profiter de sa jeunesse.
-Sérieusement ?
Dorcas la dévisagea.
-C'est vachement mesquin !
-C'est même plus que ça, c'est de la manipulation ! s'indigna Isabel. Pourquoi tu n'en as jamais parlé ?
-J'avais l'impression que ce n'était pas important, que je m'étais imaginée certaines choses, avoua Bhavana. Il faut aussi dire que je ne désirais pas donner l'image d'une fille jalouse et délaissée qui critique son ex parce que celui-ci l'aurait laissé tomber…
-Je comprends, affirma Dorcas. Mais ce n'est pas rien, tu devrais toi aussi témoigner.
-Pourquoi ça ? s'étonna la Serpentard.
-Pour montrer son vrai visage, appuyer le précédent témoignage. Ce genre de choses.
Bhavana soupira et regarda le ciel sans rien dire. Lentement, l'idée faisait son chemin en elle.
xXx
Dans quelques jours à peine, Poudlard se terminerait. Les 5e et 7e année passeraient leurs examens et puis tous les élèves seraient alors en vacances. Au début du mois de juillet, les élèves recevraient leurs notes et pourraient réfléchir à ce qu'ils désiraient faire pour la suite.
Si avant la pause accordée par les directrices la tension avait été à son comble et bon nombre d'étudiants avaient été plutôt angoissés par l'échéance des examens, les deux extraits du magazine Harry avaient permis de leur changer les idées. Si certains voyaient ça d'un mauvais œil, affirmant que cela les déconcentrait, créait de l'agitation, mais que surtout Poudlard n'avait pas vocation à recueillir ce genre d'histoires, d'autres pensaient au contraire que c'était utile de savoir que certains de leurs camarades pouvaient s'exprimer.
Cela avait déjà commencé lors du procès de Pamela et de la divulgation par Nott de ses accusations. Mais c'était plus franc à présent. Les différentes opinions se heurtaient et chaque élève commençait à prendre parti. Si beaucoup continuaient à soutenir Nott en affirmant que Pamela cherchait juste à le salir, de plus en plus de personnes changeaient d'avis et accordaient le bénéfice du doute à la blonde, voire étaient complètement de son côté.
A l'inverse, personne ne parlait trop du témoignage qui accablait Rosier. Il y avait une espèce de silence sombre autour de l'ancien Serpentard. Comme si personne n'osait être le premier à dénoncer le comportement toxique du Sang-Pur. Néanmoins, quelques voix s'étaient élevées au début pour assurer que c'était absurde et abject d'accabler un mort et de porter de fausses accusations à son égard. Puis très vite, les gens avaient arrêté de parler de lui, de ce qui était dénoncé, peut-être pour cacher la poussière sous le tapis.
Cela avait donné une impression assez horrible à Severus, malaisante. Comme si les gens ne voulaient pas le défendre trop fort de peur d'être pris dans la tourmente ensuite. Severus en était venu à se demander si personne ne montait au créneau pour défendre l'honneur du blond parce qu'ils savaient que c'était un monstre. Plus il y pensait et plus le futur potionniste se disait qu'il était impossible que personne n'ait su ce que Rosier avait fait à Regulus. Ses camarades de chambre savaient, indubitablement. Pour les avoir un peu observés, Severus les avait vus crispés et étrangement discrets ces derniers jours.
Il n'en était pas sûr, mais d'autres personnes pouvaient également être au courant. Si lui avait pu s'en douter, d'autres avaient pu analyser la situation et se faire leurs propres conclusions. Mais peu importe ce que chacun avait pu se raconter, la réalité était probablement plus cruelle encore.
Severus n'osait plus regarder Regulus en face. Comment l'approcher et le soutenir après l'avoir ignoré si longtemps ? Le Serpentard ne s'était jamais senti si honteux. Il s'était rappelé sa conversation avec Lily, les conseils qu'elle lui avait donnés et les remises en question qui en avaient résulté.
Depuis cette conversation, il avait réfléchi et en était venu à la conclusion que si Regulus et lui avaient des torts partagés, il était plus âgé, plus mature, et qu'il avait injustement passé ses nerfs sur son ami. Regulus était fragile en ce moment alors il devait le soutenir. Le 6e année avait tant fait pour lui à l'époque. Regulus était une personne généreuse, bien sûr qu'il se mettait en quatre pour aider Erd !
Et Severus l'avait bien vu, Barty avait beau coller son aîné, il n'excellait pas franchement en compassion et en conseils. Il n'avait pas encore 16 ans, c'était quelque chose de trop complexe pour lui. Le 6e année avait besoin d'un ami à ses côtés, de son meilleur ami.
Lily n'était plus à Poudlard pour le soutenir et l'encourager alors Severus allait devoir se motiver seul et enfin trouver le courage de faire ce premier pas vers le cadet de la famille Black.
xXx
James Potter avait l'impression de se réveiller d'un cauchemar. Ces derniers jours, il avait vu ses émotions malmenées, déréglées et ne s'était pas vraiment reconnu. S'il devait décrire ce qu'il avait vécu, il dirait que c'était les mêmes sensations que lors d'une fête quand on buvait trop. Au début, on se sentait bien, euphorique et surpuissant, et puis la descente commençait. Venaient alors la colère, la fatigue et les excès et surtout les mauvaises décisions.
Lorsqu'il avait écrit l'article rapportant les paroles de son petit-ami, il avait été en colère et ça avait été une manière de poser sur papier tout ce qu'il avait appris, une manière de rendre tout cela concret. Il avait voulu poser ses émotions, mais également rendre plus réaliste la souffrance de Regulus en ayant une trace écrite. Cela avait existé. Regulus n'en parlait pas, mais ça avait existé et plus personne n'aurait dû pouvoir détourner les yeux.
À ce moment-là, il n'avait pas encore eu l'intention de le publier. Il avait plutôt été dans l'hésitation. Devait-il en parler à Regulus ? Mais plus il se relisait, plus il se disait que tout était bien présenté, tout était juste, poignant, et que ne rien divulguer serait dommage. Pour ne pas rester inactif, il avait décidé d'aller à la rencontre de Pamela. Son histoire le touchait et il trouvait cela injuste que pour une fois qu'une victime parle, elle n'obtienne pas une fin heureuse. Bien sûr, il ne pouvait pas être convaincu de la culpabilité de Nott mais c'était sa conviction. L'image que renvoyait la justice n'était pas bonne et surtout, cela allait en dissuader d'autres de faire de même et de dénoncer leur bourreau.
Après tout, le Serpentard lui-même le lui avait dit. Après le procès de Pamela, il avait enterré à tout jamais l'idée de parler. James ne voulait pas qu'il se résigne ni que qui que ce soit d'autre renonce à parler de peur de ne pas être cru, écouté.
Pamela avait décidé de lui parler. Enfin, elle ne lui avait pas vraiment parlé. La blonde avait enregistré sa confession et la lui avait transmise. James avait fait un travail de retranscription et avait, finalement, changé très peu de choses.
Au moment d'envoyer le témoignage de Pamela à l'impression, il avait une dernière fois regardé celui de Regulus. Il avait hésité. Et puis, au lieu de penser au Serpentard, il avait revu l'image de Rosier souriant pour le narguer. Il s'était ensuite dit qu'il ne pouvait pas le laisser s'en sortir comme ainsi.
Il n'avait pas voulu écouter Remus quand celui-ci était venu le trouver mais une fois de plus, et comme bien souvent, le Poufsouffle avait eu raison. Malheureusement, James avait plus agi pour lui que pour son amoureux. Même s'il pensait vraiment que se taire n'était pas la bonne option, il n'avait pas à forcer Regulus à parler.
La réunion avec l'équipe Harry venait de se finir et l'ancien Gryffondor avait fait le choix de ne publier dans la version finale que le témoignage de Pamela. Il était toujours convaincu que Regulus devait rétablir la vérité, qu'il en aurait besoin pour se libérer d'une partie de ses souffrances. Mais à présent qu'il avait les idées plus claires et qu'il avait pris suffisamment de recul sur sa dernière décision, il comprenait que ce n'était pas son avis le plus important. Peu importe qu'il estime avoir raison ou non, divulguer les agissements de Rosier ne lui appartenait pas.
Il ne l'aurait fait pour personne d'autre, il n'avait pas non plus à le faire pour Regulus parce qu'il était son petit-ami. Cela ne lui donnait aucun droit.
Le problème maintenant était de savoir comment se faire pardonner de Regulus et James se sentait si anxieux qu'il ne savait pas comment aborder le Serpentard. Devait-il se confondre en excuses, quitte à avoir l'air pitoyable ? Mais cela suffirait-il ? S'il se contentait d'excuses ordinaires, Regulus comprendrait que s'il regrettait la manière, il n'avait pas changé d'avis sur le fait de révéler les agissements de Rosier.
De plus, plus il attendrait et plus cela serait compliqué de parler avec le Serpentard. Si jusqu'à présent il avait pu se cacher derrière la pleine lune, plus le temps passerait et moins son prétexte serait valable.
James avait suffisamment de choses compliquées à gérer, pourquoi donc était-il parti se créer de nouveaux problèmes ? Avec Regulus de surcroît alors que jusque-là, tout allait si bien entre eux !
Le meilleur choix à ce stade était de contacter Remus et de le prier de l'aider. L'ancien Poufsouffle était toujours de bons conseils. Ou alors, il pouvait directement s'entretenir avec Sirius. C'était son meilleur ami et il était avec Regulus à Poudlard, il était le mieux placé pour l'informer sur l'état du Serpentard. Quoique le châtain lui avait dit que Sirius était également énervé contre lui… Mais c'était son meilleur ami, il avait peut-être déjà passé l'éponge et était prêt à l'aider pour que tout ne s'arrange !
Lentement, James était en train d'établir sa stratégie. D'un geste distrait, il se gratta le bras et sentit alors les croûtes d'une de ses blessures. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il n'avait pas rencontré de problème particulier. Enfermé et enchainé, la bête avait été furieuse et s'était déchainée avant de se mutiler pour passer sa frustration. N'ayant aucun souvenir de la nuit, James ignorait ce qu'il avait fait le reste du temps. Ses blessures n'étaient pas très nombreuses néanmoins, signe qu'il s'était vite arrêté.
Pourrait-il adopter la même stratégie la prochaine fois ?
-James ? retentit soudain une voix.
Avachi sur son lit à se prendre la tête, ce dernier se redressa, pas sûr d'avoir bien entendu. Son nom s'éleva alors de nouveau dans la pièce.
Il s'agissait de Regulus qui tentait de le contacter à travers leur miroir magique ! En réalisant cela, James se mit à paniquer. Il n'était pas prêt à parler à Regulus. Il n'avait pas encore pu recueillir les conseils de Remus ! Et s'il disait une bêtise et gâchait définitivement tout ?
Mais la voix de son petit-ami retentit de nouveau et James sentit une certaine urgence dans son ton, un certain désespoir.
-Je suis là, Regulus, dit-il en saisissant l'objet magique.
Il y eut un silence pendant quelques secondes. Regulus observa les quelques ecchymoses visibles sur le haut du corps du brun et les marques de griffure sur son front. James quant à lui se sentit troublé devant l'expression inquiète du plus jeune. C'était le moment de s'excuser. Au bout du compte, peu importe tous les beaux discours qu'il pourrait imaginer, le principal était qu'il s'excuse avec sincérité.
-Je suis désolé pour ce que j'ai f-
-Je dois te parler de Sirius, le coupa Regulus. Je-Je ne sais pas comment te le dire et tu vas probablement me prendre pour un fou mais je ne peux pas me taire !
Regulus était vraisemblablement paniqué.
-Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
James était perdu et l'angoisse et le manque de cohérence de son petit-ami ne l'aidaient pas à saisir l'urgence de la situation. Les yeux cernés et agrandis par l'angoisse, Regulus semblait tout droit sortir d'une épreuve traumatisante, luttant pour trouver ses mots.
-C'est au-au sujet de Sirius, répéta le Serpentard.
James sentit ses épaules se raidir. Il avait un mauvais pressentiment.
-Erd m'a fait une confidence qui m'a plutôt troublé, continua Regulus après avoir repris son souffle.
L'ancien Gryffondor prit un instant pour se rappeler de l'adolescent. Il n'avait jamais fait attention à lui et la dernière fois qu'il l'avait vu remontait à un moment.
-Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
-Que Sirius a une odeur de mort.
James écarquilla les yeux et Regulus le dévisagea.
-Tu es un loup-garou, tu n'as rien senti de particulier ou eu une impression étrange en le côtoyant ces derniers temps ?
-Non, non pas du tout ! lui assura-t-il. Mais je ne comprends pas, qu'est-ce qu'il veut dire par "odeur de mort" ?
Regulus fit une tête bizarre et James eut l'impression qu'il savait ce que voulait sous-entendre Erd, mais qu'il hésitait à partager sa pensée avec lui.
-Pourquoi tu ne me parles pas ? Tu sais que je suis de ton côté et que je suis là pour t'aider !
Regulus lui lança un regard noir à ces mots et James se rappela alors qu'il avait blessé le Serpentard à ce sujet et que s'il l'avait contacté, c'était probablement parce qu'il n'avait pas eu d'autre choix. Alors qu'il l'avait ignoré plus tôt, le malaise que Regulus ressentait lui parvint enfin. Le loup-garou sentit alors son estomac se tordre d'inconfort. La culpabilité l'assaillit avec force et il ne trouva rien à dire.
Regulus se passa finalement une main dans les cheveux et quand il reprit la parole, le plus âgé eut l'impression que le Serpentard préférait ne pas s'attarder sur cet étrange sentiment et ne parler que de ce qu'il avait appris au sujet de Sirius.
-Il faut que tu fasses attention à tes prochains échanges avec lui. Il sera moins vigilant avec toi alors tu devras noter tout ce qu'il pourra te dire qui manquera de cohérence ou ce qu'il dira sans faire attention et qui pourrait te paraître étrange.
-Je ne comprends pas pourquoi tu penses qu'il se confierait plus à moi qu'à toi. Je veux dire, tu le vois plus que moi…
Regulus se mordilla les lèvres, retenant une fois de plus une information, et James s'obligea à ne pas montrer qu'il en était frustré.
-C'est compliqué. Reste juste vigilant, s'il te plait.
Pour ne pas le braquer ou encore qu'il raccroche trop vite, James décida d'aller dans son sens.
-Je veux bien, mais dans quel but ? Est-ce qu'il va mal ? Il est en danger ? Ça à avoir avec ce qui lui est arrivé ? Il a dit la dernière fois qu'il n'avait fait aucun progrès, que ce qu'il avait vécu l'avait plus détruit que ce qu'on pensait. Il m'a même dit qu'en vérité, il était toujours coincé dans sa noirceur, cet état horrible dans lequel je l'avais trouvé...
-Il t'a dit ça ?
James acquiesça et Regulus pâlit.
-Merci, je crois que je commence à comprendre ce qu'il se passe exactement.
Sa voix tremblait et il semblait perdu. James avala sa salive. Ses paroles étaient très loin d'être rassurantes.
-Il faut que je te laisse.
-Regulus, attends ! s'écria James pour le retenir. J'aimerais qu'on parle de ce qui est arrivé, de ce que j'ai fait. Ce serait dommage de mettre fin à cet appel sans même que je puisse m'expliquer et m'excuser ! Je suis désolé... Je suis terriblement désolé, je t'en prie, pardonne-moi ! répéta-t-il. Je me suis laissé envahir par la colère et si je ne peux pas rattraper mon erreur, je peux essayer de réparer les pots cassés. J'ai renoncé à publier l'intégralité de tes confidences et je me plierai en quatre pour que la blessure que je t'ai infligée guérisse, débita-t-il sans s'arrêter.
Regulus resta silencieux, regarda longuement son petit-ami puis soupira.
-Je ne pense pas que je puisse te pardonner, James.
Cela déstabilisa tant l'ancien Gryffondor que pendant quelques secondes, il oublia de respirer. Il voulut dire quelque chose, mais rien ne lui vint.
-Je n'ai pas envie qu'on se sépare ni que ce soit différent entre nous, poursuivit Regulus. Mais c'est sans doute impossible car tu m'as fait vraiment beaucoup de mal, James. Au fond de moi, je peux comprendre pourquoi tu l'as fait, c'est pourquoi j'essaie avec peine de ne pas te juger trop durement. Voilà pourquoi j'aurais aimé que toi aussi tu comprennes mes choix et respecte mes décisions.
Regulus prit une inspiration tremblante. Il baissa la tête, ses cheveux cachant alors ses yeux au brun.
-Tu as dit ce que tu avais à dire et j'ai fait de même. N'oublie pas d'être vigilant comme je te l'ai demandé. Pour le reste, nous en discuterons à un moment plus approprié.
Regulus raccrocha et James demeura figé. Il avait échappé au pire, pourtant il n'était pas satisfait. C'était même tout le contraire. James prenait conscience à cet instant que même si Regulus l'aimait et qu'il voulait que leur couple passe cette épreuve, ce ne serait probablement pas le cas. Cette erreur, Regulus s'en rappellerait à chaque fois qu'il le regarderait.
Qu'avait-il fait... ?
xXx
Cela faisait déjà deux jours que le Serpentard cherchait des informations sur le mal qui frappait son frère dans la bibliothèque. Toute cette histoire lui donnait mal à la tête, mais son cœur n'était pas en reste. Le 6e année avait peur de découvrir la vérité, que durant tout ce temps, Sirius avait souffert sans qu'il ne le sache. Il lui fallait accepter que durant ces semaines, ces derniers mois, son frère n'était jamais revenu et une autre personne avait pris sa place.
C'était troublant et complètement fou jusqu'à ce qu'il en discute avec James. Qu'il s'oblige à verbaliser et admettre ce qu'il avait appris. Il ne pouvait pas y croire. Mais les preuves avaient toujours été là. Sans même s'en rendre compte, son frère les avait disséminés ici et là, lors de leurs échanges. Si Regulus ne s'était pas posé de question, c'était parce qu'il n'avait pas pensé cela possible, il avait objecté que cela puisse arriver.
Mais James avait dit que Sirius avait déclaré n'avoir jamais avancé depuis ce qui s'était passé il y a déjà plusieurs mois. Si pendant tout ce temps, tout le monde avait été trompé, c'était bien parce que Sirius n'avait pas changé. Les faits troublants ne concernaient que des détails. Néanmoins, la vérité ne pouvait plus être ignorée. Son frère était possédé. Dans tous les manuels qu'il avait trouvés, l'odeur de mort faisait référence à une possession d'esprit. Elle était légère au début et plus la possession était longue, plus l'odeur s'intensifiait. Celle-ci s'expliquait parce que le corps possédé, privé de son essence, entrait en décomposition. L'esprit se nourrissait de l'esprit vital de son hôte et si la personne possédée était faible, celle-ci pouvait même finir par en mourir. Dans les registres, les délais avant que ces symptômes apparaissent différaient. Heureusement, les symptômes les plus graves n'apparaissaient pas avant en moyenne 1 an.
Si la possession datait bien de la période de fragilité du Gryffondor, Regulus avait encore largement le temps de le sauver. Il fallait juste trouver comment. À part l'odeur particulière propre à ce phénomène, il y avait d'autres symptômes permettant d'identifier la possession. Notamment les problèmes de mémoire et d'incohérence. Souvent, l'esprit prenait le pas sur l'individu et s'appropriait ses souvenirs, sauf que cela faisait beaucoup d'informations à analyser en plus de sa propre conscience à gérer. La plupart du temps, il finissait par devenir fou et devenait un esprit maléfique qui détruisait son hôte.
Au fur et à mesure de ses lectures, Regulus se sentait de plus en plus mal. Il craignait les prochaines informations car peu importe ce qu'elles seraient, il ne faisait aucun doute qu'elles seraient mauvaises.
-Qu'est-ce que tu fais ?
Regulus releva la tête et attrapa le regard de Severus qui lisait avec attention et curiosité le titre du livre précédent qu'il avait lu et qui se trouvait toujours sur sa table. Regulus tenta tant bien que mal de le soustraire à son regard.
Quelle heure était-il ? Il n'avait pas vu le temps passé et n'avait pas eu conscience que la première journée d'examen était déjà finie. Mais que faisait Severus dans la bibliothèque ?
-Les secrets pour détecter et comprendre les possessions maléfiques, lut le 7ème année. Je ne devrais pas être surpris, mais c'est probablement parce que tu as ce genre de centre d'intérêt plutôt atypique que les gens ont autant de mal à te comprendre. Comment vas-tu ?
Regulus ignorait s'il s'agissait d'une question générale ou si Severus tentait de savoir comment il se sentait après la sortie de l'extrait du magazine Harry.
-Comme d'habitude, répondit-il, choisissant de rester évasif. Et toi ? Comment s'est déroulée cette première journée d'Aspic ?
-Je suis plutôt confiant, confia le futur potionniste en s'installant devant son camarade. Mais je reste concentré pour demain, je ne veux pas chuter bêtement en pensant que tout est déjà joué.
Regulus acquiesça et un silence tomba entre eux comme le naturel de la discussion s'éteignait. Le 6e année était encore surpris par l'échange. Après l'avoir ignoré pendant si longtemps, c'était étrange de parler de nouveau avec son ami. Severus quant à lui avait l'air mal à l'aise. Il voulait discuter mais ignorait quel sujet aborder et craignait par-dessus tout de faire un impair ou encore que le plus jeune le rejette.
-Que cherches-tu exactement ?
Le plus vieux indiqua le livre avec un signe du menton.
-Rien de spécial, j'ai juste envie de m'instruire un peu, mentit-il.
Severus ne tomba pas dans le panneau.
-Si ça t'intéresse vraiment, en début d'année on a étudié rapidement le sujet. Notre professeur de défense contre les forces du mal nous avait conseillé un livre qui parlait très bien de ces créatures.
Severus se leva pour aller chercher le livre et Regulus le suivit. Il s'agissait d'un petit livre rouge avec des images. Regulus ne l'avait pas pris parce qu'il le pensait maigre en information et qu'il semblait traiter le sujet sans profondeur. Plus que tout, il avait l'air d'avoir été écrit pour un jeune public, ce qui était bizarre en soi. Mais d'après son camarade, il était plutôt complet, comme quoi il ne fallait pas juger un livre à sa couverture.
-Si je me rappelle bien, les esprits sont différents des fantômes même s'ils ont quelques similitudes. C'est compliqué de s'en débarrasser parce qu'ils sont forts. À leur mort, s'ils n'ont pas trouvé le repos ou alors si l'esprit a été séparé du corps, ils errent jusqu'à trouver un hôte compatible. La plupart du temps, c'est une personne faisant partie de sa famille. Parfois, s'ils ont juste 20% d'ADN en commun, la possession peut marcher. Il reste dans notre monde jusqu'à accomplir leur but. C'est obsessionnel et ils en perdent la raison dans 80% des cas. C'est dangereux et il existe peu de moyens de les vaincre. Il faut brûler le corps originel, l'aider à accomplir son but ou alors l'aider à trouver la rédemption autrement que par la vengeance.
Regulus fronça les sourcils, étudiant les possibilités qui s'offraient à lui. Depuis qu'il avait compris que son frère était possédé, il avait également compris par qui. Du moins, il en avait une idée. Néanmoins, il devait encore le confronter. Une partie de lui refusait de croire que Padfoot avait fait ça. Et malgré les informations qu'il avait trouvées et ce que Severus lui disait, il refusait de penser que Padfoot pourrait faire du mal à son frère, ni même qu'il deviendrait un esprit cruel avide de sang et de vengeance.
-Est-ce que tu es toujours sûr que tu cherches juste à nourrir ta curiosité ou est-ce que tu as un problème, Regulus Black ? lui demanda soudain son ami.
Regulus le fixa quelques secondes avant de plaquer un sourire sur ses lèvres. Il aurait aimé être honnête, mais il ne pouvait pas. Pas sur ce sujet.
-Tu l'as dit, non ? J'ai toujours eu de drôles de manières de passer le temps.
Il attrapa le livre sous l'air un peu dépité du plus vieux.
-Merci, Severus. Pour le livre et pour avoir été là pour moi l'autre jour.
Cette confession surprit tant le 7e année qu'il ne put que bredouiller.
-Et je suis désolé d'avoir été injustement dur avec toi. Je te connais et je sais que tu as fait au mieux pour Erd.
-Ce n'est pas… J'ai aussi mes torts, souffla finalement le plus vieux. Ce jour-là, j'ai passé mes nerfs sur toi alors que tu cherchais juste des réponses. Je suis désolé.
Regulus acquiesça puis, sans rien ajouter de plus, quitta la bibliothèque. Ils ne s'étaient pas à proprement parler réconciliés, mais ils étaient en bonne voie. Ils étaient tous les deux assez pudiques et avaient du mal à parler de leurs sentiments mais l'un comme l'autre considérait toujours l'autre comme un précieux ami.
xXx
Padfoot le sentait, c'était bientôt la fin pour lui. Hier, alors que les examens se finissaient tout juste, Regulus avait cherché à plusieurs reprises à lui parler. Quelque chose dans son ton lui avait fait comprendre que le sujet le concernait et que c'était suffisamment grave pour que son petit frère n'ose pas le regarder dans les yeux. S'il allait même plus loin, il dirait même qu'il avait senti le Serpentard sur ses gardes, mal à l'aise. Depuis quelques jours, l'attitude du 6e année avait changé mais occupé par les Aspic et encore bouleversé par ce que James avait fait, Padfoot y avait fait peu attention.
À présent, il voyait les regards, les questions muettes, l'ambiance pesante et la distance qu'imposait Regulus. Padfoot ignorait ce que son frère savait exactement. Il n'était même pas sûr que ça le concerne lui, mais plutôt Sirius. Pourtant, Padfoot n'était pas tranquille. Son mauvais pressentiment ne le quittait pas. Mais les examens étaient finis et il ne pourrait pas indéfiniment fuir son frère. Au mieux pourrait-il le faire patienter jusqu'à ce qu'ils retournent chez les Potter pour l'été.
Il pouvait également se tromper et son frère cherchait peut-être seulement à se confier sur ce qu'il s'était passé et comment il se sentait après ce qu'avait fait James.
Dans deux jours, il y aurait une grande fête à Poudlard, une espèce de bal de promo pour les dernières années. Les 7e année n'étaient pas obligés d'y assister, mais c'était un tournant assez important dans leur vie étudiante. Quant aux autres élèves, ils avaient la possibilité de rester jusqu'au dernier jour et de partir ensuite. Padfoot n'avait pas dans l'idée de rester, mais il n'était pas encore sûr. Une partie de lui avait envie de repousser le moment où Remus, James, Regulus et lui se retrouveraient enfin. Mais l'autre ne rêvait que de ça, d'être entouré de ses amis, de nouveau tous ensemble. À présent qu'ils n'étaient plus seuls contre Jedusor, ils pouvaient profiter un peu de leur jeunesse.
Du moins l'espérait-il.
Padfoot observa le parc pris d'assaut par les élèves désireux de profiter d'un bon bain de soleil. Le château s'agitait un peu avec au programme de la soirée, une première salve de départs. Poudlard, c'était fini pour lui. Il avait cette sensation un peu tragique que ces derniers jours étaient passés bien trop vite et qu'il aurait des regrets. Mais c'était toujours un peu comme ça.
Le 2e numéro de Harry était sorti, mais cette fois-ci il n'y avait pas eu de distribution générale. Padfoot n'avait pas réellement suivi l'évènement mais si Regulus n'avait pas fait de seconde crise, c'était que James avait compris son erreur et retenu la leçon. De ça aussi, il faudrait en parler une fois tous ensemble.
Padfoot soupira et observa le château. La page de Poudlard s'achevait et cela lui faisait un peu mal au cœur. Mais ce n'était pas aussi douloureux qu'à son arrivée dans ce monde.
Peut-être avait-il progressé dans le fait d'accepter ce qu'était sa vie à présent.
Peut-être...
