Bonjour,

Avant tout, je remercie Nevevar, Luna dans les Etoiles et Sebferga d'avoir mis l'histoire en Alert et Favoris. Et merci à Luna dans les Etoiles et Sebferga pour leurs reviews.

Bonne lecture !

Disclaimer: Le Seigneur des Anneaux appartient à J.R.R. Tolkien. Et Final Fantasy 7 à Square Enix.

Traduction :

Mae govannon : Bienvenue (en elfique)


Chapitre 2 :

Morwen

Tandis que les deux magiciens marchaient à travers la forêt de Mirkwood, Radagast racontait à Gandalf comment il avait découvert la fleur.

D'après lui, cela avait commencé il y a neuf mois. Il n'avait pas l'intention de s'approcher de Dol Guldur, mais il avait reçu une vision de Yavanna, la Valar de la nature. Elle l'avait enjoint à se rendre là-bas pour tenter de sauver son jardin.

– D'après elle, de nombreuses âmes avaient été fauchées par les Ténèbres et semées à l'entrée de la forteresse. Lorsque j'y suis arrivé, j'ai découvert de jeunes pousses imprégnées de magie. Elles étaient toutes en train de se faner. Je n'ai réussi à en sauver qu'une poignée avec ma magie, mais au final, seule la dernière que vous avez vue a tenu le coup pendant neuf mois.

Gandalf considéra l'enfant, toujours nichée au creux de ses bras. Ainsi donc, il y en avait eu d'autres avant elle… Et toutes semblaient ne pas avoir supporté l'influence des Ténèbres.

Si cette enfant est importante aux yeux de Yavanna, alors il faut la protéger, décida le magicien.

Son récit fini, Radagast regarda autour de lui et réalisa qu'ils n'avaient pas pris le chemin de sa maison.

– Où allons-nous, Gandalf ?

– Au palais du roi Thranduil.

Le magicien brun s'arrêta.

– Vous pensez que c'est une bonne idée ? Le roi n'est guère… accommodant, surtout depuis ce qui s'est passé à Erebor !

Gandalf soupira. En effet, depuis l'épisode avec la Compagnie de Thorïn, le roi n'avait plus mis le nez hors de son palais. Le magicien se rappelait son regard hanté, quand il avait vu nombre de ses guerriers morts dans les ruines de Dale. Mais il ne pouvait laisser le bébé à Radagast. Il ne doutait pas que le magicien ferait tout pour la garder en vie. Après tout, il avait investi de nombreux efforts dans l'entretien de sa fleur ! Mais une plante et un bébé étaient deux choses radicalement différentes.

– Ce petit être va avoir besoin d'une nourrice et d'être éduqué, mon ami. Je ne doute pas de vos talents, mais ni vous ni moi n'aurons le temps ni le savoir-faire pour l'élever comme il se doit.

Radagast acquiesça, quoiqu'une lueur de déception brillait dans son regard.

– Lorsqu'elle sera plus âgée, vous pourrez la revoir, le rassura Gandalf. Nul doute qu'elle va développer des pouvoirs en rapport avec la nature, et qui mieux que vous pourrait l'aider à les maîtriser ?

Radagast parut ragaillardi par ses paroles, et suivit le Magicien Gris vers le palais.

Bientôt, ils perçurent des bruits dans les arbres et les buissons alentour, puis des elfes émergèrent de différentes cachettes. Bien qu'armés, ils n'avaient pas pointé de flèches ni d'épée vers eux. Tout le monde connaissait bien les deux magiciens, en particulier leur chef, Legolas, qui s'avança.

– Legolas Thranduilion ! sourit Gandalf. Heureux de vous revoir.

Mae govannon, Mithrandir et Radagast. Que venez-vous faire ici ?

Son regard fut attiré par un objet que Gandalf semblait avoir emballé dans sa cape, contre sa poitrine.

– Nous devons voir le roi, c'est important, dit Gandalf. Et nous aurons aussi besoin des services d'une nourrice.

Legolas haussa un sourcil surpris en voyant un bébé emmailloté dans la cape du magicien. Il fut tenté de poser une question, mais s'en abstint. La forêt était dangereuse, ce n'était pas le meilleur endroit pour s'expliquer.

Aussi, il ordonna à quelques elfes de retourner à leur poste, tandis que d'autres le suivirent pour escorter les magiciens jusqu'au palais.

Ce dernier se trouvait caché sous une immense colline rocheuse, au bout d'un pont étroit qui surplombait le torrent d'une rivière.

Sitôt qu'ils eurent franchi les grandes portes bleues marquant l'entrée des cavernes, les deux magiciens attendirent.

Un elfe s'en alla prévenir les guérisseurs. L'une d'entre elles ne tarda pas à rejoindre les arrivants et prit le bébé des bras de Gandalf avec soin.

Legolas suivit des yeux la jeune femme, tandis qu'elle s'éloignait avec le nouveau-né.

Mais il s'abstint de questions et conduisit les magiciens à travers le dédale de couloirs, jusqu'à la salle du trône.

Thranduil les attendait. Assis sur son immense siège en bois orné de grands andouillers de cerf, il salua d'un signe de tête les elfes et les magiciens.

Son regard ne se posa que brièvement sur Radagast, pour se fixer sur Gandalf.

– Mithrandir, qu'est-ce qui vous amène dans mon royaume ? Et puis-je savoir pourquoi vous avez requis les services d'une de mes guérisseuses ?

– Pardonnez notre arrivée impromptue, roi Thranduil. Je n'avais pas l'intention de m'attarder, mais une découverte de Radagast m'a poussé à changer mes plans.

Son collègue magicien fit « oui » de la tête, mais en voyant tous les regards se tourner vers lui, il cligna des yeux.

– Oh ? C'est à moi de parler… ? Eh bien, je…

Il parut réfléchir, ouvrit la bouche, puis se ravisa. Gandalf se crispa et jeta un regard inquiet à Thranduil. Bien qu'impassible, le roi regardait le magicien brun avec agacement.

– Gandalf m'a aidé à faire naître la dernière protégée de Yavanna, finit par dire Radagast.

Thranduil fronça brièvement les sourcils.

– De quoi parlez-vous ?

Avec un soupir, Gandalf entreprit de lui raconter la découverte de la fleur, comment Radagast en avait vu tout un champ se flétrir et l'enfant qui était sortie de la dernière d'entre elles.

À mesure qu'il parlait, le visage de Thranduil se mua en une surprise mêlée d'incrédulité.

– Ce que vous me racontez là est impossible. Aucun être ne peut naître d'une fleur !

– Ça reste à voir, dit Radagast avec un sourire énigmatique. Oubliez-vous les Ents ?

– Ce sont des êtres à part, qui plus est ils résident à Fangorn. En revanche, qu'une enfant puisse naître d'une fleur m'apparaît plus comme une fable qu'une possibilité.

– Je comprends vos doutes, seigneur Thranduil, intervint Gandalf. Mais j'ai été témoin de la naissance de cette enfant. Elle n'est humaine qu'en apparence, car un grand pouvoir gronde en elle.

– Un pouvoir ? répéta le roi.

Gandalf ne put répondre, car la guérisseuse venait de rejoindre la salle. Elle avait nettoyé l'enfant et enveloppé dans un linge propre. Elle s'inclina devant son roi, puis lui rapporta que l'enfant était en parfaite santé, mais toujours endormie.

Le roi lui ordonna de s'approcher, ce qu'elle fit. Tous considérèrent le visage poupin endormi.

Thranduil tendit la main pour toucher son front. Sitôt en contact avec sa peau, il retira vivement ses doigts. Gandalf n'avait pas menti, il sentait quelque chose chez elle. Cela s'apparentait à l'énergie des Istaris, sauf que cette magie était bizarre. Comme un mélange de Lumière et de Ténèbres.

– Mithrandir… Qu'est-ce que cela ? Je sens une part d'Ombre chez cette enfant.

– Je sais, monseigneur, soupira Gandalf. Mais Yavanna a envoyé un message à Radagast en disant que la vie de cette enfant était importante.

– Vraiment ? Je ne veux pas paraître irrespectueux, Radagast, mais êtes-vous bien sûr qu'il s'agissait d'un message et non d'une hallucination provoquée par l'herbe à pipe ?

À ces mots, Radagast parut offensé. Toute trace de douceur ou de rêverie avait déserté son visage, lui donnant l'air plus vieux et plus menaçant. Bien que moins puissante que Gandalf, une sensation de force écrasante se forma autour de lui. Legolas, qui se tenait près de lui, ne put s'empêcher de reculer d'un pas.

– Qui prend soin des animaux et de cette forêt depuis des siècles, Thranduil ? Qui soigne les bêtes et les plantes touchées par l'Ombre ? Certainement pas vous, qui êtes trop occupé à rester ici, muré dans votre palais, à boire du vin matin et soir !

Thranduil lui répondit par un sourire sardonique. Il fallait plus que le petit tour de magie de Radagast pour l'effrayer.

Gandalf posa une main sur l'épaule du magicien, qui parut se calmer.

Soudain, un petit bruit en provenance de la guérisseuse attira l'attention de chacun. Le bébé remuait et poussait de petits cris dans son sommeil.

XxXxXxXxXxXxXxXxXxXxX

Alice n'aurait jamais cru que la mort puisse être si… apaisante.

Après avoir rendu son dernier souffle dans sa voiture, elle n'avait eu que les ténèbres pour seule compagnie.

Mais bien vite, la noirceur environnante s'était muée en un grand ciel étoilé.

Surprise, la jeune femme avait senti qu'on l'attirait quelque part. Elle avait tenté de bouger, mais son corps avait disparu. Elle était morte, après tout, n'est-ce pas ?

Pourtant, rien ne l'avait préparée à cette espèce de vision étendue, qui lui permettait de voir plus loin qu'avec des yeux humains.

Bientôt, une femme était apparue devant elle. Jamais elle n'en avait vu d'aussi belle. Grande, la peau d'un blanc nacré comme la lune, ses longs cheveux noirs semblaient se fondre avec le ciel étoilé.

– Tu n'es pas la première à mourir sous la lame de la Main Noire de Sauron, fille des hommes. Mandos n'a hélas pu les accueillir, car l'Ombre les a marquées. Toi seule n'a pas suivi son appel, aussi le Valar a pu te juger. Tu es différente, tu fais partie des plus fortes. Hélas, nous ne pouvons te garder. Il te faut y aller, mais nous ferons tout pour t'aider.

Alice ne comprenait rien à ce qu'elle disait. Elle aurait aimé le lui dire, mais comment faire quand on n'a plus de bouche ?

Pourtant, la mystérieuse femme avait dû l'entendre, car elle lui offrit un sourire énigmatique.

– Tu finiras par comprendre, ne t'inquiète pas. Il est temps d'y aller, maintenant. Yavanna te guidera.

Une femme apparut à côté d'elle. Cette nouvelle venue était tout l'opposé de la première : blonde, vêtue de vert, la peau dorée et ses yeux… Jamais Alice n'avait vu une telle couleur ! On aurait dit que toutes les nuances du vert semblaient s'être concentrées dans ses prunelles.

Lorsqu'elle fit un geste de la main, Alice se sentit happée par une force invisible. Ce fut à nouveau l'obscurité, puis il y eut de la lumière… et ensuite une obscurité plus douce, teintée de rose.

La jeune femme sentit quelque chose de bizarre, comme si elle flottait dans un liquide chaud. C'était… moyennement confortable, car elle se sentait coincée, comme si on l'avait mise dans un espace étriqué.

Puis il y eut à nouveau une sensation de froid, suivie de bruits. Des gens parlaient, deux hommes à en juger leur voix. Elle aurait aimé qu'ils se taisent, pour qu'elle continue de se reposer.

Mais bien vite, d'autres voix étaient venues se joindre aux premières. Et lorsqu'elle sentit des doigts froids sur son front, elle n'y tint plus. Il était temps d'ouvrir les yeux.

Mais elle n'y arrivait pas. Pourquoi ? Elle se sentait… bizarre. Son corps lui paraissait anormalement recroquevillé et faible. On l'avait recouverte de tissu, ça, elle le sentait, mais… pourquoi se sentait-elle ainsi ?

Peut-être était-elle à l'hôpital ? On avait dû la mettre sous perfusion et son corps était trop faible pour bouger.

Impossible. On m'a tranché la gorge. Je suis sûrement morte.

Elle ouvrit la bouche et tenta d'articuler un mot, mais ses cordes vocales semblaient lui faire défaut. Elle ne put émettre qu'un bruit qui s'apparentait au babillement d'un nourrisson.

Prise de panique, elle se mit à gigoter plus fort. Où était-elle ? Que lui arrivait-il ? Et ses parents ? Mon Dieu, ils devaient se faire un sang d'encre ! Elle voulut formuler une question, quand elle entendit à nouveau une des premières voix lui parler. Elle disait quelque chose d'incompréhensible, mais cela parut apaiser son âme d'instinct. Aussi, elle ne put résister et se rendormit.

XxXxXxXxXxXxXxXxXxXxX

Voyant que le bébé semblait s'agiter dans ses bras, la guérisseuse lui chuchota des mots réconfortants.

L'enfant parut légèrement se calmer, mais il ouvrit à nouveau la bouche pour émettre des petits cris.

Radagast s'approcha et, tout en murmurant une formule magique, passa la main sur son front. Aussitôt, les yeux de l'enfant s'ouvrirent.

Tous purent voir deux pupilles aux couleurs différentes. Le droit était d'un vert feuille magnifique, avec des paillettes d'or, tandis que le gauche avait une couleur dorée qui évoquait le feu.

Gandalf sentit son inquiétude croître en voyant cela. Pas de doute, deux forces opposées grondaient dans le corps du bébé. Mais si le bien l'emportait, comme semblaient l'espérer les Valars, il ne fallait pas éliminer ce bébé. Il devait convaincre le roi de le garder, mais…

Perspicace, Thranduil devança le magicien et dit :

– Je refuse de laisser cette… chose en mes murs, Gandalf ! Repartez avec elle et libérez-nous de cette menace.

– Chose ?! s'écria Radagast, indigné. Yavanna m'a demandé de garder cette enfant en vie.

– Les Valars pensent qu'elle doit vivre, monseigneur, renchérit Gandalf. Voulez-vous vraiment aller à l'encontre de leur volonté ?

Legolas, qui n'avait pas lâché l'enfant du regard depuis qu'elle avait ouvert les yeux, s'approcha d'elle.

Le bébé avait déjà refermé ses yeux et dormait, avec un air si paisible que rien ne laissait deviner qu'elle pouvait être dangereuse.

– Peut-être ont-ils raison, dit le prince dans un murmure.

– Comment ? demanda Thranduil, surpris.

– Ada… Ce n'est encore qu'une enfant. Qu'importe la part d'Ombre en elle, une part de Lumière s'y trouve aussi, comme le prouvent ses yeux. Après tout, le seigneur Elrond a fait de même pour Estel, il l'a recueilli et élevé comme son fils, malgré les péchés d'Isildur. Aujourd'hui, c'est un rôdeur et l'un de nos meilleurs alliés parmi les Hommes. Si nous faisons le nécessaire, cette enfant pourrait devenir une alliée de taille, elle aussi. Et qui sommes-nous pour nous opposer à la volonté des Valars ?

Le roi adressa à son fils un regard courroucé, mais s'abstint de tout commentaire. Il regarda l'enfant, puis dit :

– Soit, elle restera vivre ici, du moins durant quelques années.

– Je vous remercie pour cette sage décision, sourit Gandalf.

– Mais si jamais elle s'avère être une menace, je ferai le nécessaire pour qu'elle ne puisse nous nuire.

Le sourire de Gandalf s'effaça, pour laisser place à un visage inquiet. Finalement, peut-être aurait-il mieux valu ne pas venir ici avec l'enfant.

– Nous devrions lui trouver un nom, suggéra Radagast. Que diriez-vous de Lothiriel ?

Gandalf approuvait cette idée. Ce prénom signifiait « fille de la fleur » en elfique, et quoi de mieux pour une enfant née d'une fleur ?

– Ce nom ne sied guère à un être comme elle, dit Thranduil. Elle s'appellera Morwen, car nous ne pouvons nous permettre d'ignorer le rôle qu'a joué l'Ombre dans sa création.

Les magiciens et Legolas prirent l'air inquiet. Morwen… Cela voulait dire « sombre dame ».

Gandalf regarda le bébé avec inquiétude. Même s'il désapprouvait, il ne pouvait s'opposer au choix du roi, ou bien ce dernier pourrait revenir sur sa décision et refuser de la garder.

Le magicien se tourna vers Radagast. Ce dernier lui fit signe que tout irait bien. Il veillerait sur elle. Et en regardant le prince Legolas, Gandalf vit que lui aussi n'aimait pas l'attitude du roi. Peut-être pourrait-il les aider, si nécessaire…

Tandis que la guérisseuse repartait avec l'enfant, Gandalf la suivit des yeux.

Bonne chance… Morwen.


Voilà ! Que pensez-vous du prénom choisi par le roi ? Est-il justifié à vos yeux, ou auriez-vous préféré Lothiriel, voire autre chose ?