02 - Aomine Daiki x OC - Pourquoi elle ?

Le professeur Takada entra dans la salle de la 1-D et frappa dans ses mains pour attirer l'attention de ses élèves qui se tournaient vers lui, à la fois curieux et interloqués.

_ Bonjour, asseyez-vous, fit-il dans un silence de plomb.

Alors qu'elle parlait à une fille à la place voisine, Momoi imita les autres en se demandant ce qui se passait. En effet, ce n'était pas dans les habitudes de son professeur de se comporter ainsi.

_ Une nouvelle élève arrive dans votre classe, j'espère donc que vous l'accueillerez comme il se doit, reprit-il en posant son sac à côté de son bureau. Entrez !

A cette invitation, la porte s'ouvrit et une jeune fille à la chevelure sombre entra dans la classe, la tête baissée. Elle se plaça à l'endroit indiqué par le professeur et prit la parole, d'une voix timide :

_ Bonjour, je m'appelle Mizuto Ayane, j'espère qu'on s'entendra bien.

La jeune fille s'inclina devant les élèves de sa classe et alla s'asseoir à la place que lui indiquait le professeur. Tiens, la place à gauche de la sienne était vide, se dit-elle en sortant ses affaires de cours. Elle attacha ses cheveux ébènes avec un ruban rouge et tenta de se concentrer sur le cours.

Être la petite nouvelle n'était pas très agréable, surtout qu'elle n'était pas du genre à se mêler aux autres. Ayane laissa errer ses prunelles grises sur les autres élèves et capta le sourire d'une fille à la longue chevelure rose, tout en prenant machinalement des notes. Elle était vraiment mignonne, songea-t-elle en lui rendant un sourire timide.

Enfin, la pause ! Elle allait enfin pouvoir souffler un peu avant de reprendre les cours pour la deuxième moitié de la matinée. Bon, l'adolescente devait avouer qu'elle était un peu perdue mais avec un travail acharné et de la motivation, elle savait qu'elle pouvait réussir à augmenter ses notes.

Elle but une gorgée d'eau de la bouteille qu'elle avait sorti de son sac quand soudain, Ayane fut arrachée à ses pensées par une voix douce qui s'adressait à elle.

_ Bonjour, je suis Momoi Satsuki, ravie de te connaître.

Oh, c'était la fille de tout à l'heure… Ne voulant pas paraître impolie, la brune lui sourit à son tour.

_ Moi de même, Momoi-san.

_ Ca te dit qu'on mange ensemble, ce midi ?

_ Euh… D'accord.

La jeune fille n'était pas certaine que ce soit une bonne idée mais elle mit de côté ses doutes en voyant la joie sur le visage de Momoi. Si cela pouvait lui faire plaisir, et bien soit.

Momoi ne pouvait pas nier être attendrie par la nouvelle élève qui lui faisait penser à une brebis perdue au milieu des loups. Elle décida donc de la prendre sous son aile, ne voulant pas la laisser seule. Et puis, elle pressentait qu'elles allaient bien s'entendre, toutes les deux. Cela la changerait des filles qui voulaient être ses amies juste par intérêt : se rapprocher d'Aomine, le meilleur basketteur de l'équipe de Too.

D'ailleurs, au sujet de son ami d'enfance, il n'était pas encore venu en cours, ce matin. Surtout qu'elle l'avait vu arriver au lycée, un peu avant la sonnerie. Il était vraiment incorrigible, se dit-elle en retenant un soupir ennuyé. Même si elle se doutait que cela ne l'intéressait pas vraiment, Satsuki lui envoya un message pour l'avertir de l'arrivée d'une nouvelle élève dans leur classe.

La rose eut juste le temps de ranger son téléphone car le professeur de mathématiques arriva dans la salle et commença son cours. Après un dernier regard en direction de Mizuto, elle se concentra et prit des notes, devant les donner à Aomine, bien qu'il n'en voulait pas.

OoOoOoO

Pendant ce temps, un jeune homme à la peau sombre somnolait sur le toit du lycée, se moquant royalement d'aller en cours. Et ce, malgré les nombreux messages de Satsuki l'incitant à s'y rendre. Il bailla avant d'ouvrir des yeux endormis sur le ciel nuageux au-dessus de lui. Il espérait qu'il n'allait pas pleuvoir, il avait la flemme de bouger en plus.

La sonnerie de son téléphone le fit soupirer car il devinait sans peine qui venait de lui envoyer un message. Elle ne pouvait pas lui lâcher un peu la bride, de temps en temps ? Cela devait être trop lui demander. En soupirant une nouvelle fois, Daiki se redressa et prit son téléphone pour lire le message.

Tiens, une nouvelle élève ? Encore une idiote, comme les autres… Toutes les filles du lycée -ou presque- lui couraient après et cela devenait un peu lassant d'entendre toujours la même chose. Si la nouvelle était comme cela, il n'avait pas hâte de la rencontrer, ça non. Quoique… Le basketteur leva une nouvelle fois ses prunelles bleues vers le ciel gris et esquissa un sourire carnassier. La nouvelle… Il pourrait en profiter pour s'amuser un peu à ses dépends.

Aomine répondit rapidement à son amie d'enfance et s'allongea de nouveau, posant un magazine représentant Mai-chan sur son visage pour s'endormir tranquillement. Il attendait l'heure du midi où Satsuki viendrait le retrouver avec son bentô immangeable. Le lycéen frissonna d'appréhension en imaginant ce qu'elle avait pu lui préparer. Hors de question de le manger, il en allait de sa survie.

L'heure du midi arriva bien vite, Ayane avait à peine eu le temps de se faire à l'idée qu'elle ne mangerait pas seule, comme avant. En effet, dans son ancien lycée, elle était toujours seule et n'avait aucune amie. Peut-être que cela allait changer, en tout cas, elle l'espérait sans non plus se faire trop de faux espoirs.

_ Tu viens, Mizuto-san ? l'appela Momoi peu après la sonnerie. On va manger sur le toit, on sera tranquille pour discuter.

_ Oh, d'accord, ça me va.

Sur le toit ? Pourquoi pas ? Le temps était clément, après tout, alors autant en profiter. La brune prit sa boîte à bentô puis se fit tirer par le bras par Momoi qui semblait pressée de manger. Elle devait avouer qu'elle trouvait la rose plutôt amusante.

Et elle voulait discuter, avait-elle dit. Mais discuter de quoi ? Bon, Ayane verrait bien, cela n'allait pas non plus être la mer à boire.

Pendant qu'elles marchaient dans les couloirs du lycée en direction du toit, Ayane vit Momoi se faire arrêter par un jeune homme brun à lunettes. Elle se demandait qui il pouvait bien être, surtout que la rose semblait bien le connaître. En tout cas, il devait être plus âgé qu'elle, du moins d'après ce qu'elle voyait. Il était plutôt beau garçon, elle devait l'avouer mais il dégageait quelque chose d'étrange.

_ Mizuto-san, je te présente le capitaine de notre équipe de basket, Imayoshi Shoichi, en troisième année, entendit-elle soudain.

Satsuki sourit avec amusement quand elle vit le sursaut de sa voisine qui s'inclina devant le ténébreux.

_ Enchantée, Imayoshi-senpai, fit la brune timidement.

Le jeune homme esquissa un sourire que Ayane jugeait quelque peu effrayant. Il n'était pas comme les autres, elle en était certaine. En quoi, elle ne saurait pas le dire, cependant.

_ De même, Mizuto-chan, lui répondit-il avant de reporter son attention sur sa manager. Momoi, le coach aimerait te voir à la fin de tes cours.

_ D'accord ! À plus tard !

Après un signe de main à leur intention, Imayoshi tourna dans un couloir, disparaissant de leur champ de vision.

Les deux filles reprirent leur marche en direction des hauteurs du lycée. Un silence assez pesant s'était installé depuis le départ du capitaine de l'équipe de basket et Ayane ne comprenait pas pour quelle raison. Seulement, il fut rompu par Momoi qui lui indiqua qu'elles étaient bientôt arrivées.

_ Tu fais partie du club de basket ? demanda soudain la brune timidement.

_ Oui, en tant que manager ! En plus, mon ami d'enfance en est membre, lui aussi…

Momoi poussa un profond soupir avant de reprendre, presque tristement :

_ Même s'il ne vient presque jamais aux entraînements…

_ Pourquoi ça ?

_ Il est persuadé que personne ne peut le battre.

Le moins que l'on pouvait dire était que l'ami d'enfance de Satsuki était on ne peut plus arrogant. Dire que personne ne pouvait le battre était quelque peu prématuré car on trouvait toujours plus fort que soi, même si parfois cela prenait du temps. Bon d'accord, elle ne le connaissait pas mais ce qu'elle apprenait sur lui ne lui donnait pas vraiment envie de le rencontrer en personne.

_ Comment s'appelle-t-il ? Je connais peut-être son nom…

Momoi s'arrêta net devant la porte et se tourna vers la jeune fille qui l'accompagnait, avec un petit sourire forcé aux lèvres. Connaître son nom ? La rose en était quasiment certaine.

_ Il s'appelle Aomine Daiki.

Ce nom n'était pas inconnu pour Ayane et pour cause : c'était celui de l'As de la Génération Miracle. Un joueur de basket au style inimitable et inarrêtable sur le terrain. Il est vrai qu'elle ne s'intéressait pas plus que cela à ce sport mais même elle connaissait les noms de ces joueurs exceptionnels. Grâce à son jeune frère notamment. Akira lui en parlait très souvent, étant donné qu'il faisait partie du club de basket du collège Teiko, comme Aomine autrefois.

_ Aller, viens, sinon nous n'aurons pas le temps de manger avant la reprise des cours, rappela la manager en lui attrapant la main pour la tirer vers l'avant.

Après cinq minutes de marche à tout casser, les voilà arrivées devant la porte qui menait au toit, où se trouvait le jeune basketteur sans doute encore endormi. Ayane riait à une anecdote du club de basket racontée par Momoi quand elle entendit un grognement agacé, ce qui la fit se figer brièvement.

_ Aomine-kun, entendit-elle la rose appeler, arrête de dormir et viens manger !

_ Je veux pas crever en bouffant ta cuisine indigeste, Satsuki, répondit une voix grave qui donna des frissons à la brune.

Bon sang ! Aomine Daiki était là, devant elle. Dire qu'elle ne voulait pas le rencontrer, et bien c'était un peu raté. La brune retint un soupir puis esquissa un sourire amusé en voyant les joues gonflées de sa nouvelle amie -du moins le pensait-elle- qui la rendait encore plus mignonne.

_ Aomine-kun ! s'indigna la rose.

Tout en se redressant en position assise pour faire face à son amie d'enfance, Daiki esquissa un sourire carnassier devant sa réaction enfantine. C'était bien connu que Satsuki ne savait pas cuisiner, il avait été son cobaye pendant des années donc il était bien placé pour le savoir.

Jetant un coup d'oeil sur la gauche de la rose, le basané remarqua la présence en retrait d'une jeune fille à la peau pâle et à la chevelure d'ébène. Elle maintenait sa tête baissée, si bien qu'il ne pouvait pas voir son visage. Était-elle timide ou se moquait-elle de lui parler ? Pour le savoir, une seule solution : il devait s'approcher d'elle.

Avant de se lever, le jeune homme remarqua une chose intéressante, qui le fit sourire. D'ailleurs, il ne put s'empêcher d'en faire la remarque à voix haute :

_ Pas mal la culotte bleue.

Le regard entendu du lycéen étant posé sur elle, Ayane comprit qu'il parlait d'elle. La colère gonflait en elle et la jeune fille se mit à serrer les poings pour se retenir de le frapper même s'il ne sentirait probablement rien.

_ Je ne te permets pas ! Tu es vraiment sans-gêne !

Bon, il fallait avouer que c'était une situation des plus gênantes pour elle, c'était la première fois qu'un garçon faisait une remarque sur ses sous-vêtements. En tout cas, le culot d'Aomine était sans limite.

La réaction de la brune à côté de Momoi était plutôt amusante, bien que Daiki ne s'y attendait pas. La plupart du temps, les filles en profitaient pour le tenter mais pas elle. Bizarrement, son envie de la provoquer s'accrut.

_ Il fallait pas me la montrer, c'est tout.

_ Je ne te la montrais pas, et puis quoi encore ? s'écria Ayane, les joues rouges.

Le sourire carnassier sur le visage du bleuté s'agrandissait et c'est ainsi que la nouvelle comprit qu'il se moquait d'elle et cherchait simplement à la faire réagir. Tout en s'asseyant le plus loin possible de lui, elle prit la décision de ne plus lui adresser la parole pour ne pas lui donner satisfaction. Cela lui apprendrait, tiens ! Sans se douter une seule seconde que sa résolution allait être mise à rude épreuve…

OoOoOoO

Plus d'un mois et demi s'était écoulé depuis la rencontre entre Ayane et Aomine par l'intermédiaire de Satsuki. Et cela faisait le même laps de temps que la jeune fille avait des envies de meurtre. Il était proprement insupportable ! Toujours à chercher la petite bête jusqu'à ce qu'elle s'énerve ! Le pire, c'était qu'il y parvenait sans peine, et c'était encore plus agaçant.

La brune soupira et tenta de penser à autre chose. Momoi, par exemple… Depuis le jour de son arrivée, la rose l'avait prise sous son aile et elle pouvait à présent la considérer comme une véritable amie. Elle lui avait même confié avoir un coup de cœur pour un garçon nommé Kuroko Tetsuya. Ayane avait même pu voir une photo où Momoi figurait avec la Génération Miracle et elle devait avouer que ce Kuroko était plutôt beau garçon. Elle comprenait pourquoi son amie en était amoureuse. Enfin, ils l'étaient tous…

Mais il fallait dire que la nostalgie mêlée de tristesse sur le visage de la rose l'avait quelque peu intriguée. Satsuki lui avait ensuite expliqué tout ce qui s'était passé dans les grandes lignes, ce qui lui avait bien mis les nerfs. Sentant que cela faisait encore beaucoup souffrir sa camarade, Ayane l'avait timidement prise dans les bras pour la réconforter.

Cela lui faisait beaucoup de bien de ne plus se retrouver seule et de pouvoir compter sur des amis sincères. Car oui, Ayane s'était aussi rapprochée des membres du club de basket du lycée. Par exemple, il arrivait que Imayoshi l'aide pour un devoir ou exercice qu'elle n'aurait pas compris, non sans la taquiner bien sûr, ou encore Susa qui veillait sur elle discrètement comme un grand frère… Elle adorait les autres tout autant, sauf…

Non ! Il ne fallait plus qu'elle pense à cet imbécile imbu de lui-même ! Bon, elle n'était pas aveugle et avait parfaitement remarqué que Aomine Daiki possédait une beauté quelque peu intimidante, effrayante même, mais son côté pervers et trop sûr de lui l'éliminait d'office de sa liste de petit ami potentiel. Enfin, liste hypothétique, elle n'en avait pas vraiment. Et d'après ce qu'elle savait de lui, il adorait les grosses poitrines, ce qui faisait un peu défaut à la brune. Mais elle s'en moquait !

_ Pourquoi faut-il toujours que j'en revienne à ce crétin ? soupira-t-elle en se redressant dans son lit. Je ferai mieux de faire mes devoirs, ça va m'occuper, au lieu de perdre mon temps bêtement.

Heureusement, elle n'en avait pas énormément, cela suffirait à l'occuper en attendant la visite de Momoi. En effet, elle venait chez elle pour passer un après-midi entre filles, ce qui allait lui faire un bien fou. Ce serait la première fois qu'une amie venait chez elle et, pour l'occasion, les parents d'Ayane avaient décidé de sortir pour laisser la maison aux deux jeunes filles. Et il était même possible que la rose dorme chez elle, ce soir… Elle attendait d'ailleurs sa confirmation d'un moment à l'autre.

Quelques minutes plus tard, la sonnerie d'appel de son téléphone retentit et Ayane le prit machinalement avant de décrocher sans regarder le nom du correspondant. Peut-être aurait-elle dû car quand elle entendit la voix narquoise de celui qu'elle ne pouvait pas voir en peinture, elle frissonna.

_ Tiens, tu décroches, cette fois ?

_ Si j'avais su que c'était toi, je n'aurais même pas pris cette peine, lança-t-elle venimeuse.

Le ricanement qu'elle entendit fit battre son coeur plus vite. Voilà encore une chose qu'elle détestait chez lui : quand elle entendait sa voix, elle n'était plus maîtresse d'elle-même.

_ Tu m'aimes à ce point, ma belle ? se moqua-t-il sans cesser de rire.

_ Tu n'as pas idée, ironisa-t-elle en levant les yeux au ciel. Je rêve de toi toutes les nuits, enfin surtout de la manière dont j'aimerais me débarrasser de toi.

Il n'y avait pas à dire : Aomine adorait faire sortir la jeune fille de ses gonds. Allongé sur son lit, il l'écoutait vociférer contre lui de l'autre côté du combiné. Il ne se lassait pas de l'entendre crier contre lui, cela lui changeait agréablement de toutes ces voix mielleuses qu'il entendait à longueur de temps. Au moins, avec elle, le jeune homme savait qu'il ne s'ennuierait pas. La preuve, il ne s'était pas attendu à cette réponse, bien qu'il la trouve assez drôle. Mais si elle continuait à s'énerver ainsi contre lui, elle allait finir par manquer d'air.

En tout cas, Daiki devait avouer qu'il s'était trompé sur elle. Non, elle n'était pas ennuyeuse, comme les autres filles. Mizuto Ayane était rafraîchissante et ne cherchait pas à lui tomber dans les bras. Bien au contraire. C'était peut-être pour cela qu'il l'aimait bien.

_ Eh doucement, Ayane, si tu respires pas, tu vas tomber dans les pommes, ajouta-t-il sur un ton narquois en se redressant.

_ Imbécile ! Et arrête de m'appeler par mon prénom, c'est chiant !

_ Non, j'aime bien, sois pas si gênée, A-ya-ne.

La moquerie contenue dans la voix du basketteur était vraiment agaçante. Et encore, le mot était faible. Au fait, pourquoi continuait-elle de lui parler au lieu de raccrocher ? En son for intérieur, la brune s'avoua que la situation était plus amusante qu'autre chose. Finalement, la jeune fille commençait à l'apprécier plus qu'elle ne l'aurait cru à leur première rencontre. Même si le fait qu'il utilise son prénom au lieu de son nom de famille la déstabilisait pas mal.

_ Bon, pourquoi tu m'as appelée, Aomine ? lui demanda-t-elle plus calmement.

_ Ta douce voix me manquait.

Douce voix ? Alors qu'elle ne faisait que lui crier dessus, à chaque fois qu'ils se voyaient ? Ses oreilles avaient besoin d'un bon nettoyage en profondeur. Elle retint son rire, ne voulant pas lui donner cette satisfaction.

_ Et bien toi, tu ne me manquais pas du tout, soupira-t-elle en levant les yeux au ciel. J'étais en train de réviser, chose que tu devrais faire, toi aussi, ajouta-t-elle avec malice.

Bien sûr, Ayane savait que Aomine ne révisait jamais, pas plus qu'il ne se donnait la peine d'aller en cours. Elle le savait vu que le bureau vide à côté du sien lui appartenait, justement. Elle l'avait appris de Satsuki, lors de l'une de leurs conversations.

_ La flemme, entendit-elle soupirer à l'autre bout du fil. Je préfère t'emmerder, c'est plus intéressant.

_ Pourquoi je ne suis pas étonnée ? Tu es insupportable, quand tu t'y mets vraiment.

_ C'est le but et t'as encore rien vu, ma jolie.

Ma jolie ? Cet idiot venait-il vraiment de l'appeler "ma jolie" ? Ses joues se mirent à rougir instantanément et son coeur semblait vouloir s'échapper de sa cage thoracique, tellement il battait fort et vite. Heureusement que l'As de Too ne pouvait pas la voir, sinon il se serait encore plus moqué d'elle… ou bien il aurait profité de la situation, à voir. Stop ! Il fallait vraiment qu'elle arrête de penser à lui ainsi !

_ Ce n'est pas comme si j'en mourrais d'envie, hein…

L'ironie contenue dans la voix de son interlocutrice le fit sourire avec amusement. Bon, le basketteur n'était pas dupe, il savait qu'elle n'était pas aussi énervée qu'elle le prétendait. Il était même prêt à parier qu'elle était en train de sourire, à l'autre bout du fil.

_ Bon, je te laisse, hâte de te voir lundi au lycée, Ayane !

Malheureusement pour elle, alors qu'elle aurait voulu lui envoyer une réplique bien sentie, Aomine venait de raccrocher, sans doute fier d'avoir eu le dernier mot pour cette fois. Ce n'était que partie remise, la brune aurait sa revanche plus tard.

Bon, il fallait qu'elle se concentre sur ses devoirs en attendant d'avoir des nouvelles de Momoi. Mais avec l'appel imprévu de l'autre crétin, elle avait pris du retard. Seulement, il fallait avouer qu'elle prenait de plus en plus de plaisir à se chamailler avec lui ainsi. Et parfois, la lycéenne se sentait toute chose, en sa présence. Le son de sa voix grave la faisait souvent frissonner et la profondeur de ses prunelles bleu nuit quand elles croisaient les siennes l'hypnotisait.

Seigneur, pas ça ! Tout mais pas ça ! En comprenant ce qui lui arrivait, Ayane agrippa avec force son haut au niveau de son coeur. Comment c'était arrivé ? Comment avait-elle fait pour ne pas s'en rendre compte ? Non, elle ne voulait pas être amoureuse de Aomine, c'était supporter des souffrances bien trop fortes ! La jeune fille comprenait à présent pourquoi elle avait des envies de meurtre à chaque fois qu'elle entendait des filles se vanter d'avoir partagé une nuit avec lui. C'était de la jalousie pure et simple.

Un appel la sortit de ses pensées douloureuses et la brune vit avec soulagement qu'il s'agissait de Satsuki. Après avoir repris le contrôle de ses émotions ou presque, elle décrocha et son amie lui dit qu'elle est devant chez elle.

_ J'arrive !

Presque trois heures plus tard, Ayane était en train de pleurer silencieusement dans les bras de la rose qui la berçait calmement. Momoi n'était pas surprise d'entendre l'aveu de la jolie brune. Elle pressentait que cela pouvait arriver, vu la manière dont ils se chamaillaient, tous les deux. Ils n'arrêtaient pas de se chercher l'un l'autre et quand ils ne se voyaient pas, ils se manquaient, bien qu'aucun des deux ne l'ait avoué explicitement.

_ Tu sais, Ayane-chan, je crois que tu as tes chances, lui annonça-t-elle sérieusement. Tu es une des rares filles avec qui Dai-chan ne s'ennuie pas et qui ne lui court pas après.

_ Sauf que je ne suis pas son style de fille, et on le sait toutes les deux, murmura la jeune fille en essuyant ses larmes. Je n'ai aucune chance.

_ Laisse-le se rendre compte de certaines choses, on en reparlera à ce moment-là.

Se rendre compte de certaines choses ? Mais lesquelles ? Non, en fait c'était mieux si elle ne savait pas. De toute façon, Ayane était quasiment certaine que Aomine n'était pas pour elle. Ce qu'elle pensait de lui à leur rencontre était encore d'actualité, même si les sentiments s'en étaient mêlés en cours de route. Bordel, elle n'avait pas demandé à tomber amoureuse d'un crétin fini et pervers sur les bords ! La voilà bien…

Heureusement, Ayane avait réussi à se calmer avant le retour de ses parents. Et comme elle l'avait espéré, Satsuki dormait chez elle. Il n'y avait pas à dire : rien de tel que de rire avec une amie pour oublier ses idées noires.

OoOoOoO

Le lundi matin, Ayane mentirait si elle disait qu'elle n'appréhendait pas de retourner au lycée, au risque de croiser Aomine. Seulement, elle était timide, d'accord, mais pas lâche. Elle l'affronterait donc comme elle l'avait toujours fait jusqu'ici. Et il fallait surtout que l'As de Too ne se doute de rien quant à ses sentiments pour lui. Déjà qu'elle avait eu du mal à s'y faire alors ce n'était pas pour lui dire maintenant.

En parlant du loup, la brune le vit en train de faire le pied de grue devant le lycée à guetter elle ne savait qui. Bon, en fait c'était elle qu'il attendait, comprit-elle quand elle le vit s'approcher avec un sourire moqueur, comme à son habitude.

_ Je te manquais tellement que tu ne peux pas t'empêcher de m'attendre ? l'attaqua la lycéenne en faisant mine d'être concentrée sur son téléphone. Je n'en espérais pas tant de ta part, Aomine.

Cette fille maniait l'ironie comme personne, se dit-il en retenant un rire. Il n'y en avait pas deux comme elle. Seulement, il n'allait pas laisser passer de telles paroles sans rien dire. Il ricana quand une idée mesquine lui vint en tête. Allait-elle oser ou non ? Il avait hâte de le savoir.

_ C'est beau de rêver, ma jolie, mais non, je voulais juste te proposer quelque chose, répondit le bleuté avec un sourire carnassier.

_ Quoi donc ? fit-elle un peu méfiante. Si c'est encore un de tes paris idiots, je passe mon tour.

_ Viens avec moi sur le toit, je t'en dirai plus quand nous serons seuls, répliqua-t-il en lui montrant les curieux qui s'amassaient autour d'eux.

En effet, leur relation à la fois amicale et conflictuelle avait fait le tour du lycée et certaines rumeurs prétendaient même qu'ils allaient finir en couple. Momoi n'y était d'ailleurs pas étrangère, surtout qu'elle était aux premières loges, étant amie avec les deux concernés.

_ Et les cours ? Je ne peux pas les rater ! protesta-t-elle quand il la tira par le bras pour l'emmener avec lui.

_ Oublie, pour une fois.

Le ton agacé qu'il avait employé figea la jeune fille qui ne dit plus rien et qui se laissa conduire par le basané vers son lieu préféré pour glander pendant les heures de cours : le toit. Tout en marchant, elle se demanda ce qu'il pouvait avoir derrière la tête. Ce qu'elle savait, c'était que cela ne lui disait rien qui vaille. Aomine Daiki et ses idées foireuses, Satsuki l'avait prévenue plus d'une fois.

Les cours, toujours les cours… Elle ne pouvait pas penser à autre chose, pour une fois dans sa vie ? Sérieusement, c'était une des seules choses qui l'agaçait chez la brune. Enfin, Daiki était quand même satisfait qu'elle l'ait suivi sans vraiment résister. Ainsi, il allait pouvoir voir son visage quand il allait lui proposer le pari qu'il avait en tête

_ Vas-y, parle, lui intima-t-elle, les bras croisés sur sa poitrine.

Pendant quelques minutes qui parurent longues à la lycéenne, le basketteur ne prononça pas un seul mot, se contentant de la fixer narquoisement. La jeune fille commençait à devenir nerveuse, bien qu'elle s'efforçait de ne rien lui montrer. En effet, il était de plus en plus difficile pour elle de soutenir le regard intense que Aomine posait sur elle, à cet instant précis.

_ Dépêche-toi, ou je vais en cours, le prévint-elle avec agacement.

_ Les cours, t'as que ce mot à la bouche, fit le bleuté en levant les yeux au ciel. Puisque t'es pas patiente, voilà ce que je te propose : cap ou pas cap de m'embrasser ?

Euh… Non, mais… Il était sérieux, là ? Hors de question qu'elle se prête à ce jeu débile ! Elle n'était pas un jouet ! Mais en même temps, cela ne l'étonnait pas du tout de lui, il ferait n'importe quoi pour profiter de la situation. Seulement, elle ne mangeait pas de ce pain-là.

_ Je passe, désolée.

_ Tu as jusqu'à mercredi, ma belle, et si tu le fais pas, tu seras mon esclave pour une semaine.

Les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, les joues rougies par la gêne ou la colère, il n'était pas sûr… La vision qu'il avait d'elle le fit sourire d'un air moqueur et triomphant, persuadé qu'elle ne le fera pas.

_ Moi, ton esclave ? Tu rêves, crétin ! Bon j'ai assez perdu de temps comme ça, je vais en cours.

_ Dans ce cas, embrasse-moi.

La brune aux prunelles gris orage le regarda presque avec mépris avant de lui donner sa réponse, claire et sans détour :

_ Non.

Ayane quitta le toit sous le rire sombre du basketteur de Too qui se moquait allègrement d'elle. Mais tant pis, grand bien lui fasse. Elle ne céderait pas à son caprice, et puis quoi encore ! En tout cas, cette entrevue entre eux avait laissé des traces car son coeur peinait à se calmer, ainsi que son souffle. L'embrasser ? Oui. Mais pour un pari ? Non. Comment pouvait-il proposer une chose pareille comme si ce n'était rien ? Peut-être que pour lui, c'était justement le cas. Seulement pour elle, c'était autre chose. Elle ne donnerait pas son premier baiser pour un pari. Et ce, même si elle l'aimait.

Et si… Et si le sourire qu'il affichait au moment de son départ voulait dire qu'il ne la croyait pas capable de le faire ? En fin de compte, elle allait peut-être revoir sa position, ne serait-ce que pour lui donner une bonne leçon. Et Ayane avait son idée sur le moment où cela allait se passer. Ainsi il ne pourrait pas dire qu'elle fuyait. Vu que cela allait se passer devant témoin.

Resté seul sur le toit, Daiki rit de plus belle en revoyant la réaction de la brune à propos de son pari. Dans les deux cas, il était gagnant donc à elle de voir ce qu'elle préférait. Il s'allongea et sortit son magazine fétiche de son sac avant de le poser sur son visage pour dormir un peu.

OoOoOoO

Le lendemain soir, après les cours, Ayane tremblait alors qu'elle se dirigeait vers le gymnase en compagnie de Momoi. Bien sûr, elle avait mis son amie au courant de ce qu'elle comptait faire après le départ du coach. Et elle lui avait assuré son aide, si elle ne parvenait pas à faire ce qu'elle voulait. Elle aurait voulu se débarrasser de cela dès la veille mais elle n'en avait pas eu le courage.

Bon, il fallait déjà que Aomine soit présent, ce qui n'était pas gagné, vu qu'il séchait quasiment tous les entraînements depuis le début de l'année. Cependant, alors que les deux filles entraient dans le gymnase du club de basket, elles furent surprise de voir l'As de leur équipe en train de s'échauffer -mollement certes, mais il était là- et s'arrêter à leur vue.

_ Tu viens m'encourager ? Avec un baiser, c'est mieux, la provoqua-t-il d'emblée en les rejoignant d'un pas léger.

Rira bien qui rira le dernier, songea-t-elle en serrant les poings. Ayane lui sourit narquoisement en lui lançant avec ironie :

_ Ce n'est pas comme si tu en avais besoin, n'est-ce pas ? Tu as toute une horde de fans qui seraient ravies de le faire à ma place, ajouta-t-elle en levant les yeux au ciel, à la fois moqueuse et jalouse.

Sur ces mots, la brune s'éloigna de lui, souriant avec triomphe sous le regard amusé du capitaine qui avait assisté à la scène.

_ Vous vous entendez toujours aussi bien, tous les deux, dis-moi, la taquina-t-il avec son sourire emblématique.

_ Et encore, tu n'as rien vu, Imayoshi-senpai, assura-t-elle avec un clin d'oeil.

Le ténébreux à lunettes ricana devant la répartie de la jeune fille avant d'appeler tout le monde au milieu du terrain. Le pire, c'est qu'il n'en doutait pas. Elle préparait sans doute un mauvais coup dont la victime n'était nul autre que Aomine en personne.

Oui, elle avait changé, la petite Ayane, depuis son arrivé dans leur lycée. Elle avait beaucoup plus d'assurance et sa relation ambiguë avec Aomine l'amusait beaucoup.

L'entraînement se déroula normalement et la jeune fille, assise à côté de la manager, était vraiment stupéfaite de l'écart qu'il y avait entre l'As de l'équipe et les autres joueurs. Et pourtant, ses senpais et Sakurai n'étaient pas mauvais du tout. Mais ils le paraissaient en comparaison du talent du bleuté. Maintenant qu'elle le voyait par elle-même, Ayane comprenait l'écart qu'il pouvait y avoir entre un joueur de la Génération Miracle et un joueur plus banal. Même si l'équipe de Too n'avait rien de banal, bien sûr.

Le coach quitta le gymnase après quelques recommandations et ce fut le signal pour la jeune fille. Après un dernier encouragement de Momoi -qui n'allait pas manquer une miette de la scène- Ayane se dirigea vers Daiki qui était toujours assis sur le banc, en train de terminer sa gourde.

_ Tu me veux quoi ? lui demanda-t-il, les coudes posés sur ses genoux.

_ Rien de spécial, pourquoi ?

Alors qu'il ouvrait la bouche pour répondre, la brune se baissa rapidement et colla ses lèvres sur les siennes. Seulement, elle n'avait pas prévu ce qui se passa ensuite. Au contact de sa bouche, elle sentit comme un courant électrique lui parcourir le corps avec violence et elle n'aurait pas su dire qui approfondit le baiser en premier.

Bon sang, elle avait très chaud et elle mourait d'envie d'avoir encore plus. Sans cesser de l'embrasser, elle sentit Aomine la faire asseoir sur ses genoux à califourchon et la serrer encore plus contre lui. Elle ne put résister à l'envie d'enfouir ses mains dans ses cheveux bleu nuit et se colla encore plus à lui.

De son côté, Daiki n'avait pas compris tout de suite ce qui se passait. Mais quand il réalisa ce que Ayane était en train de faire, il décida de profiter de la situation pour la dévorer entièrement. Ses mains lui touchaient les épaules, le dos et même les fesses. Ce n'était plus du sang qu'il avait dans les veines, mais carrément un incendie qui ravageait tout sur son passage.

Soudain elle s'écarta de lui, les joues rougissantes, peinant à le regarder en face. Elle n'aurait jamais cru aller si loin ! Que s'était-il passé ? Elle se leva doucement de ses genoux et reprit son souffle tant bien que mal avant de se retourner vers lui. Ses prunelles sombres la brûlaient aussi fort qu'une flamme ardente et elle ne savait plus vraiment où se mettre. Seulement, il lui restait une chose à faire avant de pouvoir partir.

_ Désolée, je ne serai pas ton esclave… Daiki. A plus.

Fière d'avoir eu le dernier mot pour une fois, Ayane quitta le gymnase en se disant que les choses allaient devenir de plus en plus compliquées entre eux. Elle ne pourrait plus jamais le regarder en face, il avait sans doute deviné ce qu'elle ressentait pour lui, à l'heure qu'il est.

OoOoOoO

Quelques jours plus tard...

Aomine laissait son regard errer sur les nuages qui parsemaient le ciel bleu, allongé sur le toit de son lycée. Une légère brise soufflait de temps en temps, ébouriffant ses cheveux bleu nuit. Ses pensées étaient troubles et il ne savait pas comment gérer cela. Il était agacé, c'était clair. Une fille de rien du tout avait réussi à bouleverser tout son monde bien réglé, il se demandait encore comment c'était possible.

Plus il cherchait à ne pas penser à elle, plus elle s'imposait dans son esprit. Comment faisait-elle ? Non, c'était incompréhensible pour lui. Mizuto Ayane était l'exacte opposée de son style de fille alors pourquoi ? Pas beaucoup de poitrine alors que c'était ce qu'il préférait chez les filles… Mais malgré tout, la brune dégageait quelque chose à laquelle il était étonnamment sensible. Une sorte de sensualité dont elle n'était même pas consciente...

Une scène très particulière lui revint en mémoire. Daiki se mordit la lèvre inférieure en se rappelant le regard à la fois brûlant et gêné qu'elle lui avait adressé avant de se détourner de lui. Dire que tout venait d'un pari qu'il lui avait lancé. Mais il avait été tellement sûr qu'elle n'allait pas le faire qu'il s'était retrouvé bête quand elle s'était penchée sur lui et l'avait embrassé. Sauf qu'il n'avait pas prévu que le baiser lui ferait autant d'effet…

_ Bon sang ! jura-t-il d'une voix sourde.

La brûlure familière du désir naquit en lui à cette pensée. Il ne parvenait plus à penser à autre chose qu'à ce baiser. Surtout que depuis cela, il n'arrêtait pas de faire des rêves érotiques où Ayane tenait la première place. Rien que celui de la nuit dernière ne l'aidait pas à garder son sang-froid quand il la voyait, et ce n'était pas le plus osé. Il en avait fait d'autres bien plus chauds, les nuits précédentes.

Pourquoi elle ? Pourquoi elle et pas une autre ? Daiki ne se comprenait plus du tout, il avait perdu la tête à cause d'un baiser -certes tout sauf chaste- alors qu'il en avait reçu et donné pas mal d'autres. Seulement, aucun ne lui avait fait un tel effet sur ses sens. Il mourait d'envie de l'embrasser, encore et encore, jusqu'à plus soif. Même si cela ne s'arrêterait certainement pas au baiser. Son désir d'elle était bien trop puissant.

Était-ce seulement du désir ou y avait-il quelque chose d'autre ? Car ce qu'il éprouvait pour Ayane était sans commune mesure avec ce qu'il avait ressenti pour les autres, à savoir un désir bassement charnel qui avait disparu après une nuit. Mais avec la brune, il avait l'impression que ce serait différent, bien qu'il ne saurait pas dire pour quelle raison. C'était son instinct qui le lui disait. Il rit sombrement en se traitant de crétin niais. Il fallait qu'il se reprenne, quand même.

Soudain, la sonnerie des messages provenant de son téléphone l'arracha à ses pensées, ce qui l'agaça et le soulagea à la fois. Il se demandait quand même qui venait le faire chier alors qu'il était en train de réfléchir à une situation des plus épineuses.

Aomine répondit brièvement au message de Satsuki qui lui enjoignait de venir à l'entraînement mais s'il se pointait, cela lui ferait trop penser à ce qui s'était passé la dernière fois qu'il était venu, soit ce jour-là précisément. Depuis, ses coéquipiers -en particulier Imayoshi et Wakamatsu- ne cessaient de le charrier à ce sujet mais il faisait comme s'il s'en moquait.

Merde, il ne se reconnaissait plus ! Depuis quand se prenait-il la tête comme cela pour un simple baiser ? Autant laisser les choses venir comme elles le voulaient ! Sa résolution prise, il se redressa et constata que le soleil avait entamé sa descente derrière l'horizon. Cela signifiait qu'il était temps pour lui de rentrer chez lui, l'établissement étant presque vide.

Enfin c'était son but jusqu'à ce qu'il remarque la présence d'une jeune fille à la longue chevelure ébène debout devant la grille, à pianoter sur son téléphone. Sans résister à sa pulsion, il se dirigea vers elle et lui adressa un sourire carnassier.

_ Bah alors, tu m'évites Ayane ?

_ Comme si, lui répondit-elle sans le regarder. Ce n'est pas moi qui ne vient pas en cours, n'est-ce pas ?

Bon, elle marquait un point mais il ne l'admettrait pas devant elle. Un détail le chiffonnait, cependant.

_ Pourquoi tu me regardes pas ?

_ J'en ai pas spécialement envie mais si tu y tiens tant que ça…

Sur ces mots, la brune redressa la tête et plongea ses prunelles grises dans celles bleues de l'adolescent en face d'elle. Cela lui avait manqué, en fait. Car oui, elle l'évitait depuis leur baiser échangé, cinq jours plus tôt. Mais elle ne le lui dirait pas, elle voulait garder sa fierté.

Son coeur battait la chamade mais elle soutint l'intensité du regard d'Aomine sans sourciller. A présent, elle le reconnaissait : elle était irrémédiablement tombée amoureuse de cet imbécile arrogant. Un léger sourire naquit sur ses lèvres à cette pensée.

Le jeune homme commença à avancer vers elle, tel un prédateur devant sa proie, et il la vit reculer à chaque pas qu'il faisait dans sa direction. Comme il l'avait prévu : il continuait à avancer mais elle était bloquée par le mur de l'enceinte du lycée. Daiki s'approcha à la frôler et se pencha pour lui susurrer à l'oreille :

_ Tu peux plus m'échapper, ma jolie.

Pourquoi elle ? Finalement, l'As de Too devait avouer qu'il se moquait du pourquoi du comment. C'était elle et puis voilà. Il baissa lentement son visage vers le sien et juste avant de toucher ses lèvres des siennes, il murmura lascivement :

_ Tu es à moi, à partir de maintenant.

Sans lui laisser le temps de répondre, le basané captura sa jolie bouche dans un baiser passionné. Il la serrait contre lui à l'étouffer ou presque mais elle ne se débattait pas. Que se passait-il ? Il avait loupé un épisode ou quoi ?

Il s'écarta d'elle légèrement sans la lâcher et prit la parole, un peu essoufflé :

_ Pourquoi tu me repousses pas ? Tu me détestes, non ?

Le détester ? Ayane aurait vraiment préféré mais ce n'était plus le cas. Elle resterait avec lui tant qu'il voudrait d'elle, même si il y aurait un prix à payer car il ne l'aimait pas comme elle.

_ Te détester ? Ce n'est plus vraiment d'actualité, Daiki.

La brune se mit alors sur la pointe des pieds et déposa un léger baiser dans le cou du basketteur, le sentant frémir contre elle. Son odeur enivrante lui fit oublier tout ce qui n'était pas lui.

_ Bien que tu me rendes parfois folle de rage, non, je ne te déteste pas.

_ Tu commences à m'intéresser, là.

Aomine avait du mal à comprendre où elle voulait en venir et il n'était pas certain qu'elle le sache elle-même. Mais elle en avait trop dit ou pas assez. Et puis, quelque chose lui disait que cela allait sans doute lui plaire.

_ J'aime quand tu m'appelles par mon prénom, avoua-t-il avec un sourire amusé.

_ Je ne vois pas pourquoi je m'en priverai vu que tu le fais, toi.

Elle n'avait pas tort, sur ce coup-là, mais il ne mentait pas. Le fait qu'elle l'appelle ainsi lui faisait beaucoup d'effet. Voire même un peu trop, s'il était vraiment honnête avec lui-même.

_ Tu m'aimes bien, dans ce cas ? fit-il les sourcils légèrement froncés.

Ayane soupira à cause de l'insistance du bleuté à vouloir savoir. Mais en même temps, il ne serait pas lui-même s'il ne le faisait pas. Et puis, elle devait avouer que cela l'amusait de le laisser mariner ainsi. Mais vu qu'il ne semblait pas comprendre ce qu'elle voulait lui dire, elle décida d'abréger son attente.

_ Je crois que "aimer bien" est encore trop faible, en fait, fit-elle mine de réfléchir avant de lui sourire, amusée. Je t'aime tout court, crétin !

Elle l'aimait ? C'était quoi ? Une blague ? Parce que si c'était le cas, Aomine ne trouvait pas cela drôle. Une déclaration et une insulte dans la même phrase, cette fille était unique en son genre. Du moins, c'était la première fois qu'on lui faisait ce coup-là.

Mais en entendant sa déclaration, son souffle s'était coupé et son coeur avait manqué un battement. En examinant attentivement son visage, il ne remarqua aucune trace de moquerie et la sincérité brillait dans ses prunelles grises.

_ Tu me plais aussi, lui dit-il en retour. Donc on est un couple, maintenant.

_ Seulement si tu es d'accord.

La jeune fille sourit en le voyant donner son accord d'un signe de tête.

_ Si un autre mec s'approche trop près de toi, je l'éclate, la prévint-il sérieusement.

Dire "je t'aime" et toutes ces niaiseries, ce n'était pas trop son truc, Ayane en était consciente. Car elle avait appris à le connaître, en presque deux mois de temps. Même s'il lui restait des choses à découvrir sur lui, Aomine Daiki était celui qu'elle voulait et personne d'autre. Mais ce qu'il venait de lui dire lui montrait qu'il tenait assez à elle pour être jaloux et possessif.

_ Ca me convient, pour le moment, fit-elle avec un clin d'oeil. Un jour, tu me diras ces trois petits mots mais je saurai être patiente.

_ Tu peux attendre encore longtemps, ma belle.

Daiki s'interrompit brièvement avant de reprendre d'une voix suave, en ignorant le sourire en coin de la brune :

_ Si on reprenait où on s'était arrêtés ?

_ Aucune objection.

A peine avait-elle fini de parler que Aomine s'empara de ses lèvres et cette fois-là, aucun des deux n'interrompit le baiser, se laissant emporter par la passion et le désir brûlant en eux. Peu importait les gens autour, ils étaient dans leur bulle. Seuls eux comptaient.

Si on avait dit à Daiki, deux mois plus tôt, que la fille qu'il venait de rencontrer allait devenir si importante pour lui au point de ne plus vouloir la laisser partir, il n'en aurait pas cru un mot.