04 - Kuroko Tetsuya x OC - Une visite surprise
Tout avait commencé par un jour de pluie, le lendemain de son arrivée à Tokyo avec sa mère, avant sa rentrée dans son nouveau lycée, un mois après le début de l'année scolaire. Elle était partie faire quelques courses pour le repas du soir, à la demande de sa mère qui s'occupait des derniers problèmes administratifs pour leur nouvelle vie. En sortant du konbini, Kodama Aoi s'était faite surprendre par une averse aussi rapide que puissante et elle se retrouva trempée en l'espace de quelques secondes. Elle trouva refuge sous une devanture de magasin et décida d'attendre ici que cela passe.
Mais malheureusement, elle n'avait rien pour s'essuyer un peu et commençait à frissonner. De plus, elle n'avait pas vu qu'une autre personne qu'elle faisait la même chose. Ses longs cheveux violets dégoulinaient le long de son dos, ce qui augmenta ses tremblements. Quelle idiote, se dit-elle en secouant la tête. Elle aurait mieux fait de prendre un parapluie…
Ce fut quand elle entendit une voix masculine s'élever non loin d'elle qu'elle comprit qu'elle n'était pas seule. Elle sursauta et mit une main sur sa poitrine pour tenter de se calmer.
_ Bonjour.
Le cœur battant, la jeune fille s'était tournée dans la direction de cette voix et vit qu'il s'agissait d'un garçon d'environ son âge avec de beaux cheveux bleu ciel. Elle se demandait pourquoi elle ne l'avait pas vu avant. Ses prunelles du même bleu ne reflétaient aucune émotion mais elle se sentait comme hypnotisée par la profondeur de ce regard posé sur elle. La violette avait cette impression un peu troublante qu'il arrivait à lire en elle, bien qu'ils venaient à peine de se rencontrer.
_ Bonjour, lui répondit-elle poliment.
Aoi prit le temps de le regarder plus attentivement. Malgré son expression neutre, elle ne pouvait pas nier qu'il était très mignon. Il portait un uniforme sportif, ce qui signifiait qu'il faisait partie d'un club de sport, mais elle ne savait pas de quel établissement vu que le nom de l'école était à moitié caché par l'anse de son sac. Un petit sourire apparut soudain sur le visage du garçon qui se tourna complètement vers elle, ce qui le changea du tout au tout. Elle se sentit rougir sous son attention marquée et se détourna pour ne plus l'avoir dans son champ de vision, afin de lui cacher ses joues rouges.
Mais que se passait-t-il ? Elle venait tout juste de le rencontrer et ils n'avaient presque pas parlé. Alors pourquoi son cœur battait si vite à la vue de ce garçon ? Un coup de foudre ? Elle n'y croyait pas, pas depuis que ses parents s'étaient séparés avant sa naissance. En effet, il s'étaient mis ensemble suite à un coup de foudre qui n'avait hélas pas duré. Sitôt sa mère tombée enceinte, son géniteur avait pris la fuite et n'était jamais revenu. Mais alors, si ce n'était pas cela, c'était quoi ?
_ Kuroko Tetsuya, enchanté, entendit-elle soudain.
Réalisant qu'il venait de lui donner son nom, la jeune fille se dit qu'il serait impoli de ne pas en faire autant. Elle prit une profonde inspiration et se tourna de nouveau vers lui avec un sourire, avant de se présenter à son tour.
_ Kodama Aoi, de même, Kuroko-san, assura-t-elle. Et je suis désolée de ne pas t'avoir vu, quand je suis arrivée.
_ Ce n'est rien, lâcha-t-il en secouant la tête, j'ai l'habitude.
De son côté, Tetsuya était amusé par la réaction de sa voisine quand elle avait entendu sa voix pour la première fois. Toujours ce même sursaut, presque identique à celui de Kagami. Il avait pris le temps de l'observer avant de lui adresser la parole, profitant du fait qu'elle ne l'avait pas remarqué.
Cheveux violets plus sombres que ceux de Murasakibara lui arrivant au dessus du coude, des yeux vert sapin, mais ce qui l'avait marqué était cette expression de tristesse qu'il voyait en permanence dans ses prunelles vertes. La jeune fille était un peu plus ronde que celles qu'il voyait habituellement dans son lycée mais cela ne gâchait en rien la douceur qu'elle dégageait et la sympathie qu'elle lui inspirait, bien qu'il vienne de la rencontrer. Kodama Aoi était plutôt mignonne, il ne le niait pas, bien qu'elle ne soit pas à son avantage à cause de la pluie. La curiosité qu'il éprouvait l'incita donc à faire durer ce petit moment hors du temps, en discutant un peu avec elle.
En la voyant tenter d'essorer ses cheveux, Kuroko sortit une serviette inutilisée qu'il avait en double de son sac de sport et la lui tendit, toujours son petit sourire aux lèvres, lui donnant l'occasion qu'il attendait. De toute façon, il rentrait chez lui et n'en avait donc plus besoin pour aujourd'hui.
_ Ce sera plus facile avec ça, Kodama-san, lui fit-il remarquer avec un certain amusement.
_ Oh, merci !
Tout en s'essuyant le visage ainsi que les cheveux, Aoi remarqua soudain que le jeune homme la fixait de manière plutôt intense. Son souffle se coupa tandis que son coeur dansait la salsa dans sa cage thoracique. Bon, il fallait vraiment qu'elle se reprenne, parce qu'elle commençait à dériver et sérieusement.
Puis, ce qu'il lui avait dit plus tôt lui revint en mémoire. Comment cela, il en avait l'habitude ? Et il ne paraissait pas en être affecté plus que cela. Quel étrange garçon… Même si la jeune fille devait avouer qu'elle n'avait jamais vu une personne dégageant une si faible présence, elle le trouvait intéressant. Kuroko Tetsuya, son nom sonnait bien.
_ Je ne t'ai jamais vue dans le coin, tu viens d'arriver ? s'enquit soudain le joueur fantôme.
Cette jeune fille l'intéressait parce que, même s'il l'avait surprise, elle s'était excusée de ne pas l'avoir remarqué au lieu de le lui reprocher. Et cette solitude qu'elle essayait de ne pas montrer le touchait, alors que cela ne le concernait pas.
_ Oui, j'ai emménagé hier en ville, avec ma mère, expliqua-t-elle avec un sourire timide. J'habitais à Okinawa depuis ma naissance et on a dû partir parce que ma mère a trouvé un nouveau travail à Tokyo.
_ D'accord, répondit Kuroko en hochant la tête. Tu vis seulement avec ta mère ?
Ce même sentiment de colère et d'injustice envahit Aoi à cette question mais elle tenta de le réprimer car le jeune homme aux cheveux bleu ciel n'y était pour rien. Après tout, il ne savait pas et sa question était légitime. Dans son ancienne ville, ses anciens camarades l'avaient sans cesse jugée sur le fait qu'elle n'avait jamais connu son père et ils n'arrêtaient pas de se moquer d'elle. C'était aussi pour cela qu'elle avait déménagé ici, pour tout recommencer.
_ Désolé si je t'ai froissée, Kodama-san, fit Tetsuya en sentant le malaise présent chez sa voisine. Tu n'es pas obligée de répondre.
Ce n'était qu'une question anodine mais elle semblait avoir remué quelque chose de désagréable chez la violette, dont le visage s'était renfrogné. Il tourna brièvement la tête vers le ciel et vit qu'il commençait à se dégager. La pluie était devenue beaucoup moins forte mais étrangement, il ne voulait pas quitter Kodama qui l'intriguait.
_ Non, ce n'est pas de ta faute, le rassura-t-elle sans le regarder, c'est juste que ça me rappelle de mauvais souvenirs. Pour tout te dire de façon brève, ajouta-t-elle après quelques minutes de silence, je n'ai jamais connu mon père et je porte le nom de ma mère.
_ Je vois, répliqua le passeur, et j'ai l'impression que tu te sens responsable, je me trompe ?
Bon sang, elle avait du mal à y croire ! Comment un garçon qu'elle venait tout juste de rencontrer pouvait-il aussi bien la cerner ? Et comment pouvait-elle se confier ainsi sur sa vie privée alors qu'elle ne le connaissait pas ? Ce n'était pas du tout son genre de parler d'elle comme cela avec un inconnu. Il était très fort, elle devait l'avouer. Cela lui donnait envie d'apprendre à le connaître. Mais ils manquaient un peu de temps, elle devait rentrer chez elle pour préparer le dîner avec sa mère et sa famille à lui devait aussi l'attendre.
_ Peut-être, oui, soupira-t-elle avec un sourire triste.
La pluie s'était enfin arrêtée, remarqua Aoi un peu déçue. Elle serait bien restée plus longtemps en la compagnie de Kuroko mais tant pis. Elle sortit son portable de la poche de son pantalon et vit qu'il était assez tard. En effet, la nuit tombait et elle n'aimait pas cela. Il fallait donc qu'elle rentre chez elle au plus vite.
_ Je te raccompagne, Kodama-san, entendit-elle soudain sur sa droite.
_ Tu n'es pas obligé, tu sais, tenta-t-elle de refuser pour ne pas l'obliger à faire un détour. Je peux rentrer seule.
En entendant la phrase de la jeune fille, Tetsuya secoua la tête. Et puis, s'il le lui proposait, c'était que cela ne lui coûtait pas. Cela lui permettrait aussi de rester un peu plus longtemps en sa compagnie, donc il faisait d'une pierre deux coups.
_ Je ne laisse pas une amie rentrer seule à la nuit tombée, déclara-t-il sur un ton décidé.
Une amie ? Ils venaient tout juste de faire connaissance et le bleuté la considérait déjà comme une amie ? C'était la première fois qu'une telle chose lui arrivait et elle ne put faire autrement que de sourire joyeusement, heureuse et reconnaissante. Oui, Aoi était vraiment contente d'habiter à Tokyo car cela lui avait permis de faire la rencontre de ce jeune homme différent des autres.
_ Dans ce cas, merci, Kuroko-san, fit-elle touchée par sa prévenance.
Pendant qu'ils marchaient côte à côte, elle tenant son sac de course et lui son sac de sport, le basketteur remarqua les tremblements que Aoi tentait de réprimer. Elle devait sans doute encore avoir froid, vu qu'elle n'avait pas pu faire sécher ses vêtements humides. Il retira sa veste du club de basket sans un mot et la posa sur ses épaules, pour lui donner un peu de sa chaleur. En effet, il avait eu le temps de s'abriter avant l'averse donc sa veste était sèche. Et puis, ce serait bête qu'elle tombe malade, n'est-ce pas ?
Sentant un tissu assez épais envelopper son corps tremblant, la jeune fille à la chevelure violette sursauta et baissa les yeux pour voir qu'il s'agissait de la veste de Kuroko. Elle ne put retenir un rougissement en sentant son odeur de vanille musquée, et se détourna pour ne pas qu'il le voit, pour la deuxième fois en même pas une heure. Pour se donner une contenance, elle entreprit de lire le nom de l'école inscrit sur le côté gauche de la veste et tressaillit en voyant que c'était aussi le nom de son lycée. Seirin, le lycée où elle ferait sa rentrée, le lundi suivant.
Elle pourrait donc le revoir, songea-t-elle heureuse de cette nouvelle. Au moins, elle connaîtrait déjà quelqu'un, ce qui n'était pas une mauvaise chose. Et puis, peut-être même qu'elle pourrait découvrir ce qui se cachait derrière ce visage beau mais sans émotion apparente.
Seulement, Tetsuya n'était pas dupe et vit parfaitement le rouge sur les joues de la jeune fille qu'il accompagnait. Rougissait-elle par timidité ou bien… c'était autre chose ? Quoi qu'il en soit, il esquissa un petit sourire tendrement moqueur qui disparut rapidement. Elle était adorable ainsi, se dit-il en regardant la route. Le numéro onze de Seirin pressentait que Kodama Aoi deviendrait importante dans sa vie, bien qu'il ne saurait dire pour quelle raison, ni dans quel sens. Et il espérait qu'elle partageait ce sentiment, sinon ce serait dommage.
_ Nous sommes arrivés dans ma rue, annonça la violette en serrant les pans du vêtement autour d'elle.
Reconnaissant le quartier dans lequel il vivait, le bleuté se dit que la coïncidence était bien trop belle. D'autant plus qu'il n'y croyait pas du tout. Peut-être pouvait-il pousser la chance un peu plus loin…
_ Tu es inscrite dans quel lycée ? lui demanda-t-il soudain.
_ Si j'en juge par ta veste, lui répondit-elle amusée en le regardant, le même que le tien.
La bouche légèrement entrouverte, le joueur fantôme se tourna vers sa voisine, agréablement surpris de sa réponse. Il ne s'y attendait pas car il y avait de nombreux lycées dans cette ville mais c'était une chance qu'il ne devait pas laisser passer. Quelques secondes plus tard, un sourire énigmatique naquit sur son visage et il dit simplement :
_ C'est bien.
Cette réponse laconique, Aoi ne savait pas trop quoi en penser. Il était très difficile pour elle de déchiffrer le jeune homme à ses côtés car il ne laissait rien transparaître. Elle espérait seulement qu'il éprouvait la même joie qu'elle.
Tetsuya s'arrêta brusquement de marcher et attrapa la main de la violette pour attirer son attention. Elle lui adressa un regard interrogateur et son sourire s'accentua. Il venait d'avoir une idée et il ne se fit pas prier pour lui en faire part, en espérant tout de même qu'elle accepte.
_ Ca te dit de faire la route avec moi jusqu'au lycée, lundi matin ?
_ Bien sûr, déclara-t-elle sans hésiter. Mais ça ne te fait pas un détour ?
Aoi était ravie de cette proposition, ainsi elle penserait moins au stress qui allait inévitablement l'envahir en faisant sa rentrée dans un nouvel établissement. Et puis, elle allait passer encore du temps seule avec lui, ce qui n'était pas négligeable. Euh… doucement, elle venait juste de le rencontrer, ne surtout pas faire de plan sur la comète, hein.
_ Non, j'habite une rue plus loin, lui apprit-il.
Ils étaient donc presque voisins, c'était trop beau. En effet, la jeune fille se dit qu'il était possible de se croiser en dehors des cours et cette possibilité la fit sourire joyeusement. Rien n'interdisait qu'ils passent du temps ensemble en tant qu'amis, n'est-ce pas ? Puis elle le vit lui tendre son téléphone, sans doute pour y noter son numéro. Alors qu'elle le prit, ses doigts entrèrent en contact avec ceux du jeune homme et un frisson courut le long de son échine. Elle nota rapidement son numéro de téléphone dans l'appareil avant de le lui rendre, sans oser le regarder.
Oui, Kuroko lui plaisait beaucoup mais Aoi ne se faisait pas d'illusion : elle n'était pas assez mince pour pouvoir espérer lui plaire. Elle se détestait de penser cela mais c'était ainsi qu'elle voyait les choses. Elle se sentait mal dans sa peau à cause de ses rondeurs et personne ne l'avait vraiment aidée à s'accepter. On lui répétait toujours qu'il fallait qu'elle maigrisse, ce qui avait fait disparaître sa confiance en elle et son estime propre. La seule personne qui l'acceptait comme elle l'était était sa mère, vu qu'elle aussi était ainsi durant son adolescence. Elle connaissait donc les conséquences que cela pouvait avoir sur l'estime de soi.
Mais pourquoi pensait-elle à de telles choses maintenant ? Le bleuté n'était pas encore parti et il pourrait se poser des questions. Surtout que, si elle avait raison, il était très observateur.
_ On est presque voisins, alors, fit-elle remarquer un peu tard, on pourra faire la route ensemble tous les matins.
_ Ca ne me dérange pas, assura le basketteur en hochant la tête. A lundi matin, Kodama-san.
_ A lundi, Kuroko-san, le salua-t-elle avec un signe de la main. Et merci de m'avoir raccompagnée.
Le jeune homme hocha simplement la tête, même si ce n'était pas la peine. Alors qu'il s'éloignait d'elle pour rentrer chez lui à son tour, Tetsuya était certain que quelque chose n'allait pas chez sa nouvelle amie. Son visage s'était rembruni bien trop rapidement pour que cela soit naturel. Elle avait l'air de souffrir et il n'aimait pas cela. Il ne comprenait pas trop d'où lui venait cette envie de l'aider mais il le voulait car il aimait beaucoup son sourire. La tristesse ne lui allait pas et seule la joie convenait à son visage.
La violette le regarda s'éloigner avec un petit sourire à la fois rêveur et mélancolique, elle aurait voulu rester un peu plus longtemps avec lui mais sa mère devait s'impatienter donc elle se détourna de Kuroko avant de rentrer chez elle pour préparer le repas. Oui, elle voulait voir lundi arriver vite pour le retrouver. Seulement, avant d'ouvrir la porte de sa maison, elle se rendit compte qu'elle avait encore sa veste sur elle. Elle fit marche arrière pour voir s'il était encore visible mais il n'y avait personne. Tant pis, elle allait la lui rendre quand elle le reverrait.
Au moment où elle retirait ses chaussures dans l'entrée, la sonnerie de son téléphone retentit. Elle venait de recevoir un message, étrange. Quand elle s'empara de l'appareil pour voir de qui il s'agissait, Aoi constata que cela venait d'un numéro inconnu. Peut-être que…
Text from "Unknown" à 18h16
C'est Kuroko, je viens de rentrer chez moi. Je t'envoie ce message pour que tu aies mon numéro. Et ne t'en fais pas pour la veste, tu me la rendras la prochaine fois.
Bonne soirée, Kodama-san, à lundi.
Kuroko Tetsuya.
Sa signature était simple et sans prétention, songea la jeune fille avec un petit sourire. Même dans ses messages, on voyait qu'il était lui-même, direct et franc. Ne voulant pas le laisser dans le vent et aussi pour confirmer qu'elle avait bien reçu le message, Aoi tapa un bref message pour lui souhaiter une bonne soirée et le remercier avant de ranger son portable dans sa poche de pantalon et de monter dans sa chambre pour enfin retirer ses vêtements humides qui lui collaient désagréablement à la peau. Puis, une fois changée, la violette alla vite rejoindre sa mère dans la cuisine pour commencer à préparer le repas. Elle prendrait une douche avant de se coucher.
_ Tu m'as l'air un peu dans la lune, Aoi, tout va bien ? s'enquit sa mère en coupant des légumes pour faire une soupe.
_ J'ai rencontré un garçon de mon âge plutôt gentil et il m'a raccompagnée, lui répondit-elle sans vraiment réaliser ce qu'elle venait de dire.
_ Celui à qui appartient la veste dans l'entrée, c'est bien ça ?
La future lycéenne de Seirin hocha la tête distraitement, concentrée sur sa tâche d'éplucher les légumes que sa mère coupait. Elle sentait parfaitement le regard intéressé de sa mère posé sur elle mais la jeune fille fit comme si de rien n'était. Après tout, c'était la première fois qu'elle lui parlait d'un garçon, il était normal qu'elle soit curieuse. Mais Aoi ne voulait pas en parler pour le moment, voulant garder cela pour elle. Bien qu'elle savait qu'elle lui en parlerait sans doute plus tard, car elle lui disait presque tout.
OoOoOoO
Le lundi suivant, Aoi s'était réveillée en avance, histoire de ne pas trop se mettre la pression pour son entrée à Seirin. Elle prit tranquillement son petit déjeuner en compagnie de sa mère qui n'allait pas tarder à partir à son travail. Et comme de fait, quelques minutes plus tard, la violette la vit se lever de table.
_ Bon, je dois y aller, Aoi, annonça-t-elle avec un petit sourire. Tu as bien préparé ton bento pour ce midi ?
_ Oui, ne t'en fais pas, maman.
La mère de famille déposa un baiser sur la joue de sa fille, comme elle en avait pris l'habitude depuis son tout premier jour d'école. Elle regrettait quand même de ne pas être présente pour elle mais Aoi lui avait confié qu'elle ne s'y rendait pas seule. Le garçon de la dernière fois l'accompagnait car lui aussi était à Seirin. Même si, de son avis, il y avait anguille sous roche. La jeune fille avait été rêveuse depuis son retour, le samedi soir, et elle pressentait un coup de coeur pour ce jeune homme.
_ A ce soir, ma fille !
_ A ce soir, maman, et travaille bien.
Après un dernier signe de main à l'intention de sa mère, Aoi la vit fermer la porte et soupira pour faire évacuer le stress qu'elle commençait à ressentir, à mesure que le temps passait. Elle débarrassa la table du petit-déjeuner et alla prendre sa douche.
Sous le jet d'eau, le malaise habituel la tenaillait. Elle n'aimait pas du tout son corps et ne supportait pas de se voir nue. Elle termina donc de se laver rapidement avant de sortir de la cabine et d'enrouler sa serviette violette autour d'elle. La jeune fille se sentait un peu mieux, une fois sa silhouette couverte. Mais elle devait se sécher et enfiler son nouvel uniforme. Uniforme d'été vu qu'on était au mois de mai et que la chaleur commençait à se faire sentir.
Entièrement blanc et de style marin avec des rayures sur le haut, Aoi l'aimait beaucoup mais appréhendait de le voir sur elle. L'heure tournait et Kuroko n'allait pas tarder à arriver donc elle ne se posa pas plus de question et enfila la jupe, le haut et les chaussettes hautes. Ensuite, elle se sécha les cheveux et décida de les laisser détacher en mettant juste une barrette en forme de fleur pour dégager le côté droit de son visage.
Soudain, la jeune fille entendit sonner à la porte d'entrée et frémit tout en allant chercher son sac de cours qu'elle avait laissé dans sa chambre. Elle descendit les marches à toute allure et vérifia que tout était fermé avant d'ouvrir la porte d'entrée pour se trouver face à Kuroko, un demi-sourire aux lèvres.
_ Bonjour, Kodama-san, la salua-t-il alors qu'elle fermait la porte à clé.
_ Bonjour, Kuroko-san, je ne t'ai pas trop fait attendre ?
_ Je viens d'arriver.
L'uniforme lui allait étonnamment bien, se dit Tetsuya en la détaillant comme à son habitude. Il la voyait enfin à son avantage et il n'était pas déçu. Elle était encore plus mignonne qu'il ne le pensait. Il n'accordait que peu d'importance à ses rondeurs car ce n'était qu'un détail. Il aimait les filles douces, peu importe leur physique, et Kodama entrait parfaitement dans cette catégorie.
Le bleuté commença à avancer doucement, tout en parlant avec la jeune fille de tout et de rien. Même si c'était plus elle qui parlait car il aimait l'écouter. Se pourrait-il qu'il craque pour elle ? Sans doute. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour que cela lui arrive mais il ne regrettait pas.
Leurs mains se frôlèrent soudain et le basketteur sentit un frisson lui remonter le dos. Il se tourna vers Aoi et la vit rougir en croisant son regard. Ce n'était donc pas de la timidité, comprit-il avec un petit sourire bref. Son crush était réciproque. Cependant, ce n'était pas le moment de le lui dire car il y avait bientôt les qualifications pour les play-offs de l'Inter-High et il avait besoin de rester concentré sur son objectif.
Voulant faire oublier à Kuroko ce qu'il venait de voir, Aoi lui posa une question qui la travaillait depuis qu'ils s'étaient rencontrés :
_ Dis-moi, Kuroko-san, tu fais partie de quel club ?
_ Du club de basket, répondit-il simplement.
Basket ? Il n'était pas très grand, pour un sportif pratiquant le basket, se dit la jeune fille aux cheveux violets avec surprise. Elle était curieuse de le voir en action mais elle ne savait pas si c'était possible. En effet, elle pressentait qu'il était doué mais son manque de présence devait lui être utile d'une manière ou d'une autre sur le terrain. Et elle voulait voir cela de ses propres yeux.
_ Tu pourras venir nous voir ce soir, si tu veux, Kodama-san, lui proposa-t-il avec un petit sourire taquin.
Tetsuya avait parfaitement senti sa curiosité et il comprenait pour quelle raison. Au premier abord, il n'avait pas l'air d'un basketteur mais elle comprendrait mieux sur le vif. C'était pour cette raison qu'il le lui avait proposé, et aussi pour rentrer avec elle après l'entraînement, bien entendu.
_ C'est vrai ? Mais je ne veux pas vous déranger.
_ Ca ira, assura-t-il en hochant la tête. Nous arrivons au lycée.
Aoi tourna la tête en direction de l'établissement scolaire et était surprise de voir les bâtiments neufs qui le composaient. Mais d'après ce qu'elle savait, ce lycée n'en était qu'à sa deuxième année d'existence donc c'était parfaitement logique.
_ Je dois me rendre au secrétariat pour connaître ma classe et qu'on me donne mon carnet, lui dit-elle en se tournant vers lui. On se voit plus tard ?
Non, le joueur fantôme ne voulait pas la laisser maintenant, c'était encore trop court.
_ Tu sais où c'est ? Sinon, je peux t'accompagner, fit Kuroko l'air de rien.
Il était probable qu'ils ne se retrouvent pas dans la même classe et cela l'attristait un peu, Tetsuya devait l'avouer. Mais il savait qu'il pouvait la revoir pendant les pauses.
_ Non, je ne sais pas, avoua la violette. Dans ce cas, je compte sur toi.
En réalité, Aoi se souvenait parfaitement où se trouvait le secrétariat du lycée, sa mère lui ayant expliqué, mais elle non plus ne voulait pas le quitter si vite. Le temps était passé trop rapidement, elle n'avait pas pu en profiter comme elle le voulait. Autant profiter des quelques minutes qui leur restait avant de devoir se rendre en classe.
_ C'est là, annonça le numéro onze, je t'attends ici.
_ Tu vas être en retard, lui reprocha gentiment la jeune fille.
_ On a encore du temps, les cours commencent dans quinze minutes.
La nouvelle élève de Seirin ne comprenait pas pour quelle raison le jeune homme aux cheveux bleu ciel insistait pour l'attendre mais elle en était heureuse. Son coeur s'emballa dans sa poitrine en voyant les prunelles intenses de Kuroko posées sur elle et elle ne savait pas quoi en penser car aucune émotion n'apparaissait sur son visage.
_ Je fais vite alors, fit-elle avant d'entrer dans le bureau.
Un seul élève était devant elle, elle n'aurait donc pas longtemps à attendre, ce qui la soulagea. Une fois le garçon aux cheveux noirs parti, une femme d'une cinquantaine d'années lui fit signe d'avancer vers elle.
_ Bonjour, je suis Kodama Aoi et je suis nouvelle, expliqua-t-elle timidement. On m'a dit de venir vous voir quand j'arriverai ce matin.
_ Oui, je me souviens de toi, Kodama-san, assura la femme en lui souriant. Voilà ton emploi du temps, ta classe est notée dessus et ton carnet. Ne le perds surtout pas.
_ D'accord, merci et bonne journée.
Presque dix minutes que son amie était entrée, il ne restait plus beaucoup de temps avant le début des cours. Tetsuya espérait qu'elle sortirait vite car il ne voulait pas non plus arriver en retard. Même si la plupart du temps, les professeurs ne faisaient pas attention à lui, ce qui faisait enrager Kagami, à chaque fois. Il esquissa un petit sourire amusé à cette pensée.
Quelques instants plus tard, il vit enfin Aoi sortir du bureau et venir le rejoindre rapidement. Il la laissa reprendre son souffle avant de lui poser la question qui le taraudait depuis qu'il savait qu'elle allait à Seirin :
_ Tu es dans quelle classe ?
_ En 1-B, répondit-elle sans le regarder, et toi ?
Entendant aucune réponse, Aoi se tourna vers le basketteur et le sourire satisfait qu'il affichait lui mit la puce à l'oreille. Dans sa classe ? Non, elle n'avait pas autant de chance, quand même ? Seulement, sa réponse ne lui apportait aucun détail.
_ Tu vas vite le savoir, répliqua le bleuté amusé de la moue boudeuse que la violette affichait.
Tetsuya préférait lui laisser la surprise, ce serait plus drôle. Lui aussi se trouvait en 1-B mais il voulait qu'elle le découvre à la dernière minute.
Soudain, la cloche se mit à retentir dans tout le lycée et Kuroko conduisit la jeune fille à leur salle de classe. Pendant qu'ils marchaient, elle essayait de tout faire pour savoir dans quelle classe il se trouvait mais se contentait de sourire avec amusement à chaque fois qu'elle lui posait la question. Elle le saurait bien assez tôt, ils étaient presque arrivés de toute façon.
_ La 1-B, Kodama-san, annonça-t-il en s'arrêtant devant la porte ouverte.
Pour une fois, Kagami était déjà présent, le monde tournait à l'envers ce matin, se dit Tetsuya avec un regard entendu. Il se tourna vers elle et son sourire s'accentua quand il prit une nouvelle fois la parole.
_ Tu me rejoins après ? Tu dois attendre que le professeur te dise d'entrer.
Quel intérêt de faire tant de secret ? Mais Aoi aimait beaucoup cette facette taquine que son ami venait de lui montrer. Il la quitta pour entrer dans la classe qui serait aussi la sienne et la jeune fille le vit rejoindre un grand gaillard aux cheveux rouges qui somnolait sur son bureau.
Ayant une brusque envie d'embêter son coéquipier, le joueur fantôme de Seirin s'approcha de lui en masquant sa présence. Il s'arrêta juste devant lui et le salua comme à son habitude :
_ Bonjour, Kagami-kun.
Pour son plus grand plaisir, le rouge sursauta violemment avant de le fusiller du regard. Ah ce petit rituel du matin qu'il ne changerait pour rien au monde…
_ Kuroko, gronda le tigre agacé, je t'ai déjà dit d'arrêter ça.
Arrêter ? Oh ça non, ce n'était pas près d'arriver, se dit Kuroko en retenant une envie de rire. Il se tourna brièvement en direction de Kodama et vit de l'amusement dans ses prunelles vert sapin. Il hocha la tête et reporta son attention sur Kagami qui n'avait pas décoléré.
_ La prochaine fois, je t'enverrai un message avant, répondit sérieusement le bleuté avant de se mettre à sa place, juste derrière lui.
_ Ca sert à rien !
Il le savait mais c'était une autre façon de se moquer de lui qu'il affectionnait et Kuroko ne s'en privait pas. Seulement, il ne put pas en profiter plus longtemps car le professeur entra dans la classe en laissant la porte ouverte. Or, ce n'était pas dans ses habitudes, songeait la plupart des élèves.
Aoi était stressée mais il était temps d'entrer, son professeur venait de l'appeler. Heureusement que son ami aux yeux bleu ciel se trouvait dans cette même classe, ainsi elle se sentait un peu plus rassurée. Elle entra donc dans la salle, espérant que les autres élèves n'allaient pas se moquer d'elle. De toute façon, elle ne pouvait plus faire machine arrière et devait entrer dans cette salle. Elle verrait bien ce qu'il allait arriver ensuite.
OoOoOoO
Enfin fini ! La jeune fille aux cheveux violets soupira en fermant son cahier de japonais. Elle était certes en vacances d'été, et il restait encore une dizaine de jours, mais à croire que les professeurs voulaient les surcharger de travail car elle venait seulement de terminer ses devoirs pour la rentrée de septembre. Aoi pensa à Kuroko qui n'avait pas autant de temps qu'elle pour les faire car il avait un camp d'entraînement de basket pendant une semaine et elle s'était terminée la veille. Elle aurait bien voulu venir avec eux -surtout que Riko le lui avait proposé- mais cela n'avait pas été possible car sa mère était tombée malade et elle avait eu besoin d'elle. Son ami était-il déçu qu'elle ne soit pas venue ? La jeune fille l'ignorait car son visage n'avait rien montré à ce moment-là. Il était toujours aussi secret que le jour de leur rencontre.
C'était fou comme trois mois pouvaient passer très vite, songea Aoi en levant les yeux vers une photo posée sur son bureau. Cela s'était passé quelques jours avant les vacances, pendant un entraînement de basket auquel elle avait assisté. Elle se trouvait sur le banc et Kuroko était derrière elle, les mains posées sur ses épaules, regardant simplement l'objectif. La violette s'en souvenait comme si c'était hier. Elle n'avait pas pu réprimer ses frissons et avait levé les yeux vers lui, c'était d'ailleurs à ce moment précis que Izuki avait pris la photo. Elle lui avait demandé si elle pouvait l'avoir et le meneur de l'équipe la lui avait remise le lendemain, à l'entrée du lycée, alors que Kuroko n'était pas encore arrivé.
_ Sacré Izuki-senpai, fit-elle amusée en se rappelant des blagues qui faisaient la réputation du brun aux yeux d'aigle.
Elle ne savait pas si elle se faisait des idées car tout se mélangeait dans sa tête mais, par certains moments, Aoi avait l'impression que Tetsuya se montrait plus ambigu avec elle. Et cela arrivait de plus en plus souvent. Des sous-entendus, des petits sourires étranges… Rien que d'y penser, elle sentait son coeur battre la chamade dans sa poitrine. Oui, ces trois mois avaient suffi pour qu'elle tombe complètement amoureuse de lui. Ils s'étaient énormément rapprochés, à un tel point qu'ils s'appelaient par leur prénom. C'était lui qui l'avait fait en premier et elle s'était sentie toute chose la première fois.
Ils allaient ensemble au lycée presque tous les matins et il la raccompagnait tous les soirs, se retrouvant ainsi seuls. Récemment, Kuroko avait commencé à lui embrasser légèrement la joue en la quittant, ce qui la faisait rougir à chaque fois. Elle se désespérait de réagir ainsi car elle aimerait en faire autant. Mais sa timidité n'avait pas disparu et elle n'avait pas assez confiance en elle pour cela.
_ Je ne peux plus rester comme ça, murmura-t-elle dans un souffle, je dois en avoir le coeur net.
Retirant son pyjama short, Aoi enfila une robe d'été verte toute simple à bretelles ainsi qu'une paire de sandalettes blanches. Il fallait qu'elle aille le voir et elle savait qu'il était seul chez lui, jusqu'au mardi suivant. Il lui avait expliqué que sa famille avait décidé de partir quelques jours en vacances pendant qu'il était avec son équipe de basket. Mais s'ils avaient su qu'il était rentré plutôt que prévu, la violette était persuadée qu'ils ne l'auraient pas laissé seul ainsi. Elle décida de ne pas l'avertir de sa venue pour lui faire la surprise. Pourvu qu'elle ne le dérange pas alors qu'il se reposait…
Grâce à lui, la jeune fille ne se souciait plus vraiment de ses rondeurs et s'acceptait presque comme elle était. En effet, presque à chaque fois qu'il la voyait, le joueur fantôme lui disait qu'elle était jolie et cela lui faisait vraiment plaisir. Car après tout, quand le garçon qu'on aimait nous trouvait belle, on se sentait comme pousser des ailes. Certes, elle avait encore du travail à faire sur elle-même pour que ce soit complètement le cas mais elle était sur le bon chemin. De plus, elle avait réussi à perdre cinq kilos, ce qui avait été un grand pas en avant. Certains diraient que ce n'était pas grand chose mais pour elle, c'était énorme. Son moral s'était améliorée et c'était déjà une grande victoire.
Vu que sa mère n'était pas encore rentrée, la lycéenne de Seirin laissa un mot accroché sur le réfrigérateur où elle la prévenait qu'elle allait chez Kuroko et quitta la maison en prenant le soin de fermer à clés derrière elle. La nuit n'allait pas tarder à tomber et donnait à sa rue une dimension un peu mystérieuse. Elle aimait beaucoup ce moment entre chien et loup et décida de prendre son temps pour se rendre dans la rue de derrière, même si elle savait que son ami et amour secret n'aimait pas la savoir seule la nuit dehors.
Les battements de son coeur s'accélérèrent de plus en plus au fur et à mesure que Aoi s'approchait de la maison du bleuté. Elle s'était d'ailleurs rendue plusieurs fois chez lui -et lui chez elle- pour faire leurs devoir ensemble et elle avait même dîné trois fois avec la famille Kuroko, invitée par les parents de Tetsuya. Elle les appréciait beaucoup, ainsi que sa grand-mère, et elle avait compris en les rencontrant de qui le basketteur tenait sa gentillesse et sa délicatesse.
Avant de frapper à la porte qui se dressait devant elle, la violette essuya ses mains rendues moites par l'appréhension sur sa robe. Le courage lui manqua soudainement, ce qui l'arrêta net. Était-ce vraiment une bonne idée d'aller lui parler ? Elle ne savait plus. Bon, elle n'allait pas non plus rester devant comme une idiote, n'est-ce pas ? Après tout, elle n'était pas obligée de lui en parler maintenant.
Dans la maison, Tetsuya se trouvait sur le canapé du salon en train de lire un livre qu'il avait acheté en compagnie de Aoi, deux semaines plus tôt, devant sa télévision. Il avait été heureux de voir qu'elle partageait son intérêt pour la lecture et il l'avait emmenée dans son endroit préféré en ville -si on ne parlait pas de basket- à savoir, la bibliothèque. Il pouvait y passer des heures et son amie l'avait étonné en lui confiant son désir de devenir écrivain. Elle écrivait beaucoup, d'après sa mère qui lui en avait parlé, et il était curieux de lire un de ses textes, un jour.
Il était seul chez lui et cela ne le dérangeait plus que cela, car sa grand-mère lui avait laissé de nombreux plats cuisinés au congélateur, connaissant le talent très limité du jeune homme dans ce domaine. Nigou était couché dans sa bannette, près de lui, et dormait du sommeil du juste. D'ailleurs, il était bientôt l'heure de dîner, se dit-il en regardant l'horloge accrochée au-dessus de la télévision. Il terminait ce chapitre et irait manger.
Soudain, Kuroko entendit frapper à la porte d'entrée, ce qui le fit relever la tête une nouvelle fois. Il se demandait qui pouvait bien venir à cette heure-ci, surtout qu'il faisait déjà nuit et qu'il n'attendait personne. Il se leva du canapé et alla ouvrir à son visiteur… qui était en réalité une visiteuse. Aoi se tenait sur le perron, un sourire timide sur son visage.
_ Bonsoir, Tetsuya-kun, j'espère que je ne te dérange pas, dit-elle sans oser le regarder en face.
En tout cas, elle était très mignonne dans sa robe verte. Simple et fraîche, elle attirait son regard sans faire le moindre effort. Un détail lui sauta aux yeux immédiatement : elle avait perdu quelques kilos et cela lui allait plutôt bien. Seulement, sa visite n'était pas anodine car, habituellement, elle lui annonçait sa venue. Quelque chose n'allait pas ? Il la laissa entrer chez lui, fronçant les sourcils quand elle ne le vit pas.
_ Bonsoir, Aoi-chan, tu vas bien ? lui demanda-t-il en fermant la porte derrière elle. Et non, mon amie ne me dérange jamais.
Aoi était soulagée de voir que le bleuté ne paraissait pas irrité de sa venue impromptue. Sinon, sa voix aurait été plus sèche et il n'aurait pas pris la peine de lui demander comment elle allait. Il savait très bien faire comprendre à son entourage quand il était en colère ou agacé.
_ Oui, ça peut aller.
Tetsuya accompagna la violette jusqu'au salon et alla lui chercher un verre d'eau fraîche sans lui demander. C'était toujours ce qu'elle faisait quand elle venait chez lui. Il s'installa ensuite dans le canapé à ses côtés et la vit lire le résumé du livre qu'il était en train de lire avant son arrivée, tout en caressant le petit chien qui était venue la saluer.
_ Oh mais c'est celui que tu as acheté quand j'étais avec toi, se souvint-elle en souriant.
_ Oui.
Pourquoi était-elle venue chez lui ? Non, elle ne le dérangeait pas mais une telle visite n'était pas normale, il en était certain.
_ Ta visite est étrange, ce n'est pas dans tes habitudes de venir sans me prévenir, lui fit-il remarquer posément.
_ Je sais bien mais je n'avais pas envie d'attendre la rentrée de septembre pour te revoir, répliqua-t-elle sans le vouloir.
_ Tu m'as manqué aussi, Aoi-chan, comprit-il à demi-mot.
Décidément, Kuroko arrivait toujours à la surprendre avec des petites attentions de ce genres quand elle s'y attendait le moins. Et à chaque fois, son coeur dansait la salsa dans sa cage thoracique et son souffle se faisait plus erratique. Aoi ne savait plus où elle en était, le concernant. Et il fallait qu'elle se décide à lui parler.
Tout doucement, le joueur fantôme posa sa main sur l'épaule nue de la jeune fille et sentit le frémissement qui la parcourut à cet instant. Elle leva la tête vers lui et il put voir son visage rouge adorable. Un petit sourire attendri et amusé à la fois étira ses lèvres et il eut soudain envie de la prendre dans ses bras. Ce n'était pas le moment, se raisonna-t-il tant bien que mal.
_ Pourquoi es-tu venue ? s'enquit-il soudain.
A cette question, Aoi se figea instantanément. En même temps, elle débarquait comme cela sans le prévenir, logique qu'il se pose des questions. Elle n'était cependant pas certaine de ce qu'elle devait faire et dire. Devait-elle lui avouer ce qu'elle ressentait au risque de perdre son amitié ou, au contraire, garder son amour pour lui secret et se contenter de rester son amie ? C'était une excellente question et la jeune fille en cherchait encore la réponse.
_ Tu veux savoir pourquoi je t'ai parlée, la première fois qu'on s'est vus ? l'interrogea subitement Tetsuya.
_ C'est vrai que ça m'a étonnée mais je ne savais pas qu'il y avait une raison particulière, fit-elle avec surprise.
Aoi se demandait où son ami voulait en venir avec cette question mais elle sentait qu'elle aurait le fin mot de l'histoire très rapidement. En effet, ce n'était pas son genre de parler sans rien dire. La façon dont il la regardait la rendit toute chose et elle le sentit prendre délicatement sa main dans la sienne.
_ La solitude que je voyais en toi m'avait touchée, révéla-t-il avec un léger sourire triste. Et ça m'a donné envie de te connaître, je ne le regrette pas une seule seconde, d'ailleurs.
_ Moi aussi, je suis contente que tu m'aies parlé, ce jour-là, avoua-t-elle le coeur battant.
Le numéro onze de Seirin le savait déjà, elle n'avait pas besoin de le lui dire. Les prunelles vertes de la jeune fille brillaient toujours quand elle les posait sur lui et il aimait ce regard. Toujours sa main dans la sienne, il caressa doucement sa paume avec son pouce et la sentit tressaillir à ce contact. Il ne s'en laissait pas et il ne le pourrait jamais, il le savait.
Aoi était devenue très importante pour lui et il avait compris qu'il était amoureux d'elle, lors du camp d'entraînement. Kagami lui avait souvent demandé pourquoi il était autant dans la lune et il avait simplement souri d'un air énigmatique, ce qui avait agacé son coéquipier. Il n'avait pas voulu le dire à ce moment-là car c'était à elle qu'il voulait le dire en premier. Seulement, Tetsuya n'avait pas prévu ce qui allait se passer, une chose qui allait l'aider à faire le premier pas.
_ Il y a quelque chose que je voudrais te dire depuis quelques temps déjà, Tetsuya-kun, se lança la violette, plutôt tendue. Même si je dois t'avouer que je ne sais pas trop comment m'y prendre, en fait…
Devinant ce qu'elle voulait lui dire à la façon qu'elle avait de le regarder, Kuroko ne put s'empêcher de sourire plus franchement qu'il ne le faisait habituellement. Il allait lui épargner ce moment de doute en lui disant ce qu'il ressentait le premier.
_ Moi, je sais, déclara-t-il soudain en la prenant dans ses bras, j'aimerai que tu deviennes ma copine, Aoi-chan.
_ Mais… pourquoi ? Je ne suis même pas jolie !
_ Et si je te disais que je t'aime, me poseras-tu encore la question ?
Pour la première fois depuis qu'elle le connaissait, la jeune fille aux prunelles vert sapin put voir les émotions sur le visage du bleuté. Ses yeux brillaient d'amour et de tendresse, ce qui la fit verser quelques larmes de joie.
_ Tu te trompes sur une chose : tu es jolie et pour moi, tu es la plus belle fille que je connaisse, parce que tu as bon coeur et j'adore ton sourire, surtout quand il est pour moi. Et plus important, encore : tu me vois toujours.
_ Oui, je te vois toujours, confirma-t-elle avec émotion.
Tous ces beaux compliments, Aoi avait l'impression de vivre un rêve. Finalement, elle avait bien fait de venir rendre visite au jeune homme. Et puis, malgré toutes les fois où il avait tenté de lui faire peur, cela n'avait pas marché car elle arrivait toujours à sentir sa présence. Facile quand elle sentait un frisson lui parcourir son échine à chaque fois qu'il venait à l'endroit où elle se trouvait.
Tetsuya se leva, Aoi l'imita aussitôt, ce qui lui donna l'occasion de la serrer enfin dans ses bras. La sentir contre lui était quelque chose de merveilleux. Soudain, il eut une envie irrésistible de l'embrasser sur ses lèvres mais elle ne lui avait pas encore donné sa réponse. Donc…
_ Alors, tu veux être ma copine ? répéta-t-il en déposant un léger baiser sur sa joue.
_ Plus que tout au monde, accepta-t-elle dans un souffle, et je ne te l'ai pas encore dit mais moi aussi, je t'aime, Tetsuya-kun.
Le basketteur sentit son coeur s'emballer à la déclaration de sa nouvelle copine. Pour cacher ses joues légèrement rougies, il plongea sa tête dans le cou de Aoi et huma son parfum de chèvrefeuille qu'il adorait.
N'y tenant plus, Kuroko releva légèrement la tête et posa enfin ses lèvres sur les siennes pour sceller leur besoin d'être ensemble. Sans s'en rendre compte, il approfondit le baiser et se sentit à sa place, tenant la fille qu'il aimait contre son coeur.
Embrassant tendrement son désormais petit-ami, Aoi se dit que le changement de vie pouvait apporter quelque chose de bon car cela lui avait permis de faire une rencontre très particulière avec un garçon tout aussi particulier qui avait marqué son esprit ainsi que son coeur. Et ce, dès leur première rencontre.
