05 - Midorima Shintaro x OC - Seulement toi...
Dans la classe 1-F du lycée Shutoku, tous les élèves sans exception connaissaient l'étrange et amusante manie de Midorima Shintaro avec ses objets chanceux. Et gare à ceux qui y touchaient, ou pire encore, qui les cassaient. Dans ces moments-là, le basketteur pouvait se montrer très désagréable et seul Takao parvenait à le raisonner, bien qu'il le niait catégoriquement.
Ginko Chizuru était justement dans cette classe et bien sûr, elle ne faisait pas exception à la règle. Parfois, quand elle le voyait arriver dans leur salle, elle ne pouvait pas retenir un sourire car il fallait bien avouer que certains objets chanceux étaient tout simplement ridicules. Comme aujourd'hui, d'ailleurs. Alors qu'elle était occupée à attacher ses longs cheveux blonds ondulés en queue de cheval à l'aide d'un ruban noir, elle le vit arriver avec une peluche de pingouin qui faisait presque la moitié de sa taille. Son air sérieux détonnait totalement avec la peluche, ce qui fit pouffer discrètement la jeune fille.
Mais en même temps, c'était ce petit grain de folie qu'on ne soupçonnerait pas de sa part au premier abord qui l'avait attiré chez lui. Certains avaient beau le trouver étrange mais c'était le plus beau garçon qu'elle n'ait jamais vu. Et à chaque fois qu'il posait ses prunelles vertes sur elle, cela la faisait frémir et battre son cœur plus vite. Elle aimerait se rapprocher un peu de lui, seulement elle était un peu trop timide pour faire le premier pas.
Juste derrière lui, Chizuru vit Takao qui se retenait de rire devant la bêtise de son coéquipier, lui aussi. Quand leurs regards se croisèrent, ils durent se mordre la joue intérieure pour ne pas rire ouvertement. Mais ce qui était sûr, c'était que lui aussi trouvait drôle l'objet chanceux du vert et il ne se faisait pas prier pour le charrier avec. Il adressa un clin d'oeil de connivence à la jolie blonde, ce qui la contraignit à mettre sa main devant sa bouche pour cacher son sourire à Midorima qui regardait dans sa direction, avant que Takao ne décide de taquiner son coéquipier irrité avec un sourire en coin qui en disait long :
_ Oh, c'est trop mignon, Shin-chan qui emmène sa peluche au lycée !
_ La ferme, Takao, lui intima-t-il sèchement, sans le regarder.
Voilà presque quatre mois qu'il connaissait Takao et Shintaro se demandait encore comment il faisait pour le supporter. Il ne perdait jamais une occasion de le taquiner sur ses objets chanceux et cela l'agaçait prodigieusement. Comment osait-il se moquer de Oha-Asa ? Puis il entendit un pouffement léger sur sa gauche et il se tourna légèrement dans cette direction pour jeter un regard noir au responsable. Mais quand le basketteur vit une paire d'yeux bleu glacé posé sur lui, il se sentit frissonner et il se détourna sans plus rien dire. Quelle était cette sensation ? Voulant oublier ce qui venait de se passer, Midorima alla poser sa peluche dans le fond de la classe -car trop volumineuse pour être à côté de lui- et il alla s'asseoir à sa place sans plus regarder celle qui possédait ce regard qu'il trouvait beau, malgré lui.
Oh mince, elle s'était fait prendre, se dit Chizuru en se figeant. Bizarrement, le vert ne lui avait rien dit et s'était contenté de simplement l'ignorer en continuant son chemin. Elle pouvait respirer de nouveau normalement car elle avait craint de se prendre une réflexion. Et puis, il restait le garçon le plus impressionnant qu'elle ait jamais rencontré jusque là. Juste à côté d'elle, elle vit Takao lui sourire une nouvelle fois et elle le lui rendit timidement. Elle appréciait vraiment ce jeune homme bien qu'elle ne lui parlait pas vraiment parce qu'il avait toujours le sourire et cela lui remontait le moral quand elle se sentait un peu seule.
Le brun avait été étonné de voir que son coéquipier n'avait rien dit à la jeune fille blonde alors que d'ordinaire, il ne se faisait pas prier pour envoyer une remarque bien sentie comme il savait si bien les faire. Cela lui donna envie d'apprendre à la connaître. Il connaissait simplement son nom, dont il aimait la sonorité, mais c'était presque tout. En la détaillant discrètement, Takao dut admettre qu'elle était plutôt jolie avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds.
D'ailleurs, à chaque fois qu'il la voyait, Ginko était toujours seule. Cela lui faisait un peu de peine, surtout qu'elle avait l'air sympa, en plus, rien qu'à en juger par le moment de complicité qu'ils avaient partagé, un peu plus tôt. Il était même persuadé d'avoir vu ses prunelles très claires briller d'amusement. Ne s'était-elle donc fait aucune amie depuis le début de l'année ? C'était bien dommage. Enfin, elle se plaisait peut-être seule, il ne la connaissait pas bien, après tout.
En attendant que le professeur de mathématiques daigne enfin de se montrer, car il était souvent en retard, Chizuru sortit son carnet à dessin de son sac et commença à griffonner quelque chose à l'intérieur. Dans ces moments-là, elle se laissait complètement porter par son imagination et le monde extérieur n'existait plus pour elle. Son crayon bougeait comme par lui-même sur la feuille et elle aimait cette sensation de créer une image à partir de rien.
_ Voilà, ça devrait être bon, comme ça, murmura-t-elle pour elle-même en posant son crayon à papier dans sa trousse.
Quand la jeune fille vit la personne qu'elle avait dessiné, elle écarquilla les yeux avant de se mettre à sourire avec amusement. Evidemment, il avait fallu qu'elle dessine Midorima avec sa jolie grande peluche de pingouin. Cette scène avait dû la marquer plus qu'elle ne l'aurait cru et cela lui ferait un petit souvenir amusant. Son léger rire attira l'attention de Takao qui lui tapota l'épaule pour lui parler.
_ Qu'est-ce que tu as ? lui demanda-t-il curieux.
_ Juste ça, regarde, lui dit-elle en lui tendant son carnet.
En voyant le dessin qui était parfaitement réalisé en passant, Takao ricana en reconnaissant son coéquipier avec son objet chanceux du jour au creux de son bras gauche. Même les bandages de ses doigts étaient réalistes, se dit-il en examinant la feuille plus attentivement. Ne résistant pas, le brun aux yeux de faucon tourna les pages du carnet et remarqua le talent de sa voisine à saisir des moments sur le vif et ce, de mémoire.
_ Tu es vraiment douée, tu sais, Ginko-chan, fit-il en lui rendant son bien.
_ Merci, mais je dessine juste pour le plaisir, tu sais, expliqua la jeune fille avec un sourire timide.
Le temps passait et les choses ne changeaient pas, à croire. Chizuru était toujours autant gênée par les compliments, surtout par celui qu'elle devinait hautement sincère que Takao lui avait adressée. D'ailleurs, c'était la première fois qu'elle parlait aussi longuement avec un camarade de classe depuis qu'elle était au lycée et cela lui faisait vraiment plaisir.
A deux places derrière eux, Midorima assistait au rapprochement entre son coéquipier et cette fille, Ginko Chizuru si sa mémoire était bonne. Solitaire, pas vraiment d'amis, elle lui ressemblait un peu, en somme. De ce qu'il pouvait en juger avec le peu qu'il en avait vu, elle était souvent plongée dans une sorte de carnet durant les pauses et parfois, elle en oubliait de déjeuner, le midi. Une seule et unique fois, il lui avait adressé la parole justement à cause de cela, lui disant de manger car les cours n'allaient pas tarder à reprendre. Il ne savait toujours pas pourquoi il avait agi ainsi car habituellement il ne se mêlait pas de ce genre de chose, mais le sourire doux qu'elle lui avait adressé pour le remercier avait remué quelque chose au fond de lui. Il s'était d'ailleurs éloigné sans un mot de plus vers sa place afin d'oublier ce qui venait de lui arriver.
Jamais il n'admettrait que son imbécile de coéquipier et lui étaient amis, même s'il parvenait à l'apprécier quand il restait sérieux et quand il ne l'appelait pas avec ce surnom ridicule. Il lui en avait fait plusieurs fois la remarque, au début de l'année, mais cela n'avait servi à rien car Takao en faisait toujours à sa tête. Comme là, à sympathiser avec cette fille qui n'était rien d'autre pour eux qu'une camarade de classe. Plutôt jolie mais c'était tout. Se rendant compte de ce à quoi il venait de penser, Shintaro se figea et se détourna d'eux en rougissant légèrement.
_ Bonjour, tous à vos places, merci, fit soudain la voix du professeur en entrant dans la salle.
Il poussa un soupir en voyant la peluche de taille imposante dans le fond de la salle et ne put s'empêcher de demander, désabusé :
_ Je suppose que cette peluche t'appartient, Midorima, n'est-ce pas ?
_ Oui, sensei, répondit-il en remontant ses lunettes, c'est mon objet chanceux d'aujourd'hui.
Plusieurs élèves se mirent à rire plus ou moins discrètement, ce qui leur valut un regard noir du basketteur qui les calma directement. Le professeur, lui, se contenta de soupirer une nouvelle fois mais ne fit aucune remarque. Bien que Midorima soit un élève assez spécial, il était un des meilleurs de la classe, ce qui ne pouvait être ignoré. Il décida donc de ne rien dire de plus pour commencer enfin son cours.
_ Bon, pour le cours d'aujourd'hui, nous allons…
Après un dernier sourire à l'intention de son voisin de droite, Chizuru se concentra sur le cours car elle voulait combler ses lacunes dans cette matière. Elle avait un peu de mal à comprendre certaines notions importantes du programme mais elle n'avait personne pour lui expliquer vu qu'elle n'avait pas d'amies dans cette classe. En effet, les filles ne pensaient qu'aux garçons et à la meilleure façon d'attirer dans leurs filets les membres de l'équipe de basket du lycée, très populaires.
La blonde avait autre chose de plus intéressant à faire de ses journées qu'à parler de garçons. Pour elle, ses cours étaient très importants car elle avait promis à sa mère, sur son lit de mort, qu'elle ferait tout pour être une des meilleures élèves de sa classe. Presque cinq ans qu'elle s'en était allée et elle pensait sans cesse à elle. Sa mère avait donné sa vie pour donner naissance à sa petite soeur et elle lui avait promis aussi de la protéger.
Mais elle était heureuse d'avoir pu parler avec Takao malgré tout car il était aussi gentil qu'elle l'avait imaginé, et très moqueur aussi. Surtout avec Midorima, d'ailleurs. Depuis le début de l'année scolaire, la jeune fille avait l'occasion d'en voir des vertes et des pas mûres avec ces deux-là.
OoOoOoO
Quatre longues heures plus tard et c'était l'heure du midi. Comme elle en avait l'habitude, Chizuru rangea ses affaires de cours et sortit son bento ainsi que son carnet à dessins pour les poser sur la table. Seulement, elle avait à peine fini de tout préparer qu'elle entendit la voix du brun l'appeler de l'entrée de la salle.
_ Tu viens avec nous, Ginko-chan ? lui demanda-t-il avec un sourire.
A côté de lui, Midorima retint un sursaut à cette proposition à laquelle il ne s'attendait pas. Et elle non plus à en juger par l'expression de surprise sur son visage. Il fronça les sourcils quand elle posa ses prunelles bleues sur lui, en tentant de réprimer un frisson incongru. Elle lui adressa un sourire timide auquel il répondit par un signe de tête bref avant de remonter ses lunettes en ignorant les battements plus rapides de son cœur.
_ Tu es sûr que je ne vous dérangerai pas ? répliqua-t-elle hésitante.
En vérité, la question était adressée au vert qui la fixait depuis que Takao lui avait fait cette proposition. D'ailleurs, elle se demandait pourquoi il avait fait cela, alors qu'ils ne se parlaient que depuis le matin-même. C'était très gentil de sa part mais Chizuru n'était pas certaine d'être à sa place parmi eux.
Alors qu'elle l'observait pour essayer de deviner ce qu'il pouvait bien penser de tout cela, la jolie blonde se dit qu'en fait le shooter de la Génération Miracle était vraiment mignon. Ses lunettes renforçaient son côté sérieux, ce qui ne le rendait plus attirant à ses yeux. Elle l'avait bien sûr remarqué avant mais en prit pleinement conscience aujourd'hui. Pour quelle raison ? Tout simplement parce qu'elle était trop souvent perdue dans son monde. Le fait qu'il la fixe aussi intensément lui donnait des frissons le long de son échine. Oui, il la troublait, c'était clair. Mais elle se calma quand elle vit la fameuse peluche dans son bras et retint un sourire amusé, ne voulant pas le vexer et qu'il refuse sa venue.
_ Tu es d'accord, Shin-chan ? s'enquit soudain Takao, rompant ainsi le contact visuel entre eux.
Quel était donc cet échange de regard entre la blonde et son coéquipier ? Lui qui voulait juste ne pas laisser Ginko toute seule ne s'attendait pas à ce que Midorima soit intéressé par elle, bien qu'il le nierait jusque sous la torture. A force de passer du temps avec lui, le meneur brun commençait à bien savoir le déchiffrer et il était formel : le vert était intéressé par leur jolie camarade. Le jeune homme ricana tout bas en disant que les choses allaient devenir plus intéressantes dans les jours qui venaient. En effet, maintenant qu'il avait vu cela, il allait tout faire pour que Ginko reste le plus possible avec eux.
Pourquoi lui demandait-il son avis seulement après avoir proposé à leur camarade de venir avec eux ? Le manque de logique de Takao était vraiment affligeant, se dit Shintaro en se retenant de lever les yeux au ciel. La politesse voudrait qu'il accepte mais il n'était pas certain que c'était une bonne idée. Après tout, ce matin, son horoscope lui avait dit de se méfier s'il y avait une fille dans son entourage car cela pourrait changer quelque chose dans sa vie. Il ne savait pas si ce serait en positif ou en négatif mais il n'était jamais trop prudent.
De toute façon, tant qu'il avait son objet chanceux avec lui, rien ne pouvait lui arriver. Midorima soupira avant de prendre enfin la parole, d'un ton ennuyé :
_ Tant qu'elle ne me dérange pas.
Ne pas le déranger ? Que cela voulait-il dire ? Chizuru n'était pas certaine de comprendre pour quelle raison il disait une chose pareille vu qu'elle ne lui parlait jamais. Mais en soi, ce n'était pas si grave. Elle pourrait apprendre à connaître Takao, et lui aussi du coup. Ce qui n'allait certainement pas plaire aux idiotes de leur classe, bien que cela la laissait complètement indifférente.
_ Merci, Midorima-kun, fit-elle avec un sourire timide. Et toi aussi, Takao-kun.
Le jeune homme aux doigts bandés fit comme si ce n'était pas important mais quelque part au fond de lui, il espérait avoir pris la bonne décision. En effet, c'était une fille et il n'était pas spécialement à l'aise avec elles. Il lui suffirait simplement de lui parler le moins possible et tout irait bien.
_ Mais pas de quoi, Ginko-chan, assura le meneur aux yeux de faucon. Alors, on y va ou on attend qu'il neige ? Les autres vont nous attendre.
Euh… Les autres ? Pendant qu'elle prenait son bento et son carnet à dessin avec un crayon à papier, Chizuru se demandait qui pouvaient bien être ces "autres" dont Takao parlait. De toute façon, elle le découvrirait bien en temps voulu. Elle se hâta de rejoindre les deux basketteurs et le brun commença à lui parler pour la mettre à l'aise tout en marchant, ce dont elle lui était reconnaissante. Il arrivait même à la faire rire en racontant des anecdotes sur sa vie en général et sur le club de basket. Il fallait dire que Takao avait un don pour rendre les histoires drôles, ce qui aidait pas mal.
_ Ah bah quand même, fit soudain une voix impatiente que Chizuru ne connaissait pas. Vous voulez que je vous frappe, ou quoi ?
_ Désolé, Miyaji-san, s'excusa Takao avec un sourire contraint. Shin-chan voulait que Ginko-chan vienne avec nous et il l'a presque obligée à nous suivre.
_ Oï Takao, gronda le vert, une veine palpitant sur sa tempe.
La jeune fille aux prunelles bleues n'en revenait pas. Ce n'était pas Midorima qui avait insisté pour qu'elle vienne mais bel et bien Takao. Il était sacrément culotté, quand même, se dit-elle en adressant un regard interrogateur au shooter de la Génération Miracle qui haussa simplement les épaules. Il devait y être habitué, alors… En tout cas, il y avait de l'ambiance quand le brun était dans les parages et elle allait lui prouver qu'elle non plus n'était pas dépourvue d'humour.
Elle se hâta donc de le corriger avec un sourire taquin :
_ Ce n'est pas ce dont je me souviens, Takao-kun, il me semble plutôt que c'est toi qui as voulu que je vienne. Midorima-kun a simplement accepté.
Miyaji était un peu étonné de voir cette jeune fille prendre la défense de Midorima mais il le savait déjà. Cette scène se répétait tous les jours ou presque et il devait avouer que c'était assez amusant de voir le meneur faire tourner en bourrique leur joueur vedette ainsi.
La jeune fille s'inclina devant les autres membres de l'équipe de basket et leur adressa un sourire timide avant de se présenter :
_ Ginko Chizuru, une camarade de classe, enchantée de vous rencontrer.
Un jeune homme aux courts cheveux noirs se leva et fit signe à celui qui restait d'en faire autant. Il lui sourit à son tour pendant que Midorima alla s'installer à sa place habituelle.
_ Otsubo Taisuke troisième année, je suis le capitaine, tu es la bienvenue parmi nous, Ginko-san, assura-t-il.
Les deux restants se présentèrent à leur tour et Chizuru devaient avouer qu'ils étaient très impressionnants mais bien plus sympathiques que ne le disait la rumeur. Elle passait un agréable moment avec eux et s'était surprise à rire une nouvelle fois aux idioties de Takao qui se faisait reprendre tout le temps par le blond, d'un tempérament plutôt vif, d'après ce qu'elle avait pu constater.
La relation entre les membres du cinq majeur de l'équipe de Shutoku était vraiment rafraîchissante à voir et parfois, la jeune fille pouvait voir Midorima esquisser l'ombre d'un sourire. La première fois, elle avait eu l'impression de l'avoir imaginé mais il avait recommencé. Son visage changeait du tout au tout quand il souriait et il était encore plus mignon. Sans réfléchir, Chizuru s'empara de son carnet posé à côté d'elle et commença à dessiner ce qu'elle venait de voir. C'était bien trop rare pour ne pas être capturé sur feuille, et elle sentait qu'elle aurait envie de le revoir.
Cela faisait du bien de ne plus être seule et elle était vraiment reconnaissante à Takao d'avoir insisté pour la faire venir avec eux. Elle espérait avoir la possibilité de revenir avec eux, le lendemain midi, car le moins que l'on pouvait dire était qu'elle ne s'ennuyait pas une seule seconde en leur compagnie. Puis, la voix de son voisin de classe la fit relever vivement la tête, lorsqu'elle entendit son nom. Heureusement qu'elle avait eu le temps de finir son esquisse, elle ferait les retouches une fois rentrée chez elle, quand ses devoirs seraient terminés.
_ Eh Otsubo-san, l'appela soudain Takao, est-ce que Ginko-chan peut venir à notre entraînement ce soir ?
_ Ca ne me pose pas de problème, si elle en a envie, répondit-il avec un sourire à l'intention de la jeune fille surprise par cette proposition.
Toujours dans son coin, Shintaro grinça un peu des dents devant l'idée saugrenue que son coéquipier venait d'avoir. Que Ginko vienne à l'entraînement ? Pour quelle raison ? Il n'était même pas certain qu'elle sache jouer ni même qu'elle s'intéressait au basket. Bon, il reconnaissait ne presque rien connaître d'elle mais elle n'avait rien à faire dans le gymnase avec eux. Surtout qu'elle risquerait de le déconcentrer dans ses tirs et cela, il n'en avait pas besoin.
De toute façon, le jeune homme à lunettes savait qu'il n'avait rien à dire car son capitaine venait de donner son accord et le sourire lumineux apparu sur le visage de la blonde indiquait sans nul doute qu'elle serait présente. Quelle plaie ! Pourvu qu'elle ne le dérange pas…
_ T'as vu, Shin-chan, Ginko-chan sera là ce soir, alors tu as intérêt de donner le meilleur de toi-même, fit malicieusement Takao.
En effet, le meneur de Shutoku avait parfaitement vu son coéquipier regarder dans la direction de celle qu'il avait décidé de prendre sous son aile quand il était persuadé que personne ne le regardait. Et ce qu'il avait remarqué était vraiment très intéressant : c'était minime mais le brun était persuadé d'avoir vu le shooting guard rougir alors qu'il se détournait d'elle en la voyant tourner la tête dans sa direction. Cela lui donna une petite idée mais décida de n'en parler à personne, pour le moment. Ce serait son petit secret.
_ Je donne toujours le meilleur de moi-même, nanodayo, répliqua Shintaro agacé. C'est à toi de ne pas te rendre ridicule parce que la venue de Ginko est ton idée.
_ Oh Shin-chan s'inquiète pour moi, je suis touché, le taquina le brun avec un clin d'oeil en direction de la jeune fille.
_ La ferme, Takao.
Ne pouvant plus se retenir, Chizuru éclata d'un rire cristallin en entendant les deux coéquipiers se chamailler ainsi. Depuis le début de l'année, elle les voyait se disputer ainsi de loin -bon le mot était un peu fort- mais être aux premières loges était complètement différent. Elle essuya ses larmes d'hilarité une fois son rire calmé en posant son regard bleu ciel brillant sur ses camarades de classe. Bien qu'il devait s'en défendre, cela se voyait que Midorima respectait son camarade au même titre que les autres. Sinon, il ne prendrait même pas la peine de lui répondre, elle en était certaine.
Elle l'avait déjà vu faire avec un élève de leur classe qu'elle aussi trouvait agaçant et il s'était pris un vent magistral, ce qui l'avait fait sourire. C'était d'ailleurs à partir de ce moment-là qu'elle avait commencé à s'intéresser secrètement au numéro six de Shutoku. Et puis, le surnom que le brun lui donnait était complètement ridicule pour un garçon aussi grand et sérieux que l'était le vert, mais c'était ce contraste qui était drôle, justement.
Entendre sa voisine rire ainsi avait fait plaisir à Takao car il se doutait que cela ne devait pas lui arriver souvent, vu qu'elle était toujours seule au lycée. Il jeta un coup d'oeil discret à son carnet de dessins et vit qu'il était ouvert sur une esquisse de Midorima en train de sourire légèrement. Oh, serait-elle elle aussi intéressée par lui ? Voilà qui devenait encore plus drôle, oui il avait hâte de voir les semaines défiler.
OoOoOoO
Un mois et demi s'était écoulé depuis ce jour qu'elle avait passé en compagnie des joueurs de basket et Chizuru se trouvait maintenant la plupart du temps avec eux, quand elle n'avait pas envie de rester seule pour dessiner. Elle avait réalisé des dessins de presque tous les membres du cinq majeur de l'équipe et leur en avait donné une copie à chacun avec un petit mot écrit au bas de la feuille. Elle souriait en se rappelant la joie brillant dans les yeux de Takao quand il avait reçu le sien. Il l'avait même prise dans ses bras pour la remercier, répétant à tout va qu'il était super et qu'il était trop classe dessus. Depuis ce jour-là, elle aussi avait le droit à son petit surnom et elle l'adorait, contrairement à Midorima.
Elle les avait représentés pendant des entraînements alors qu'ils jouaient un match. La blonde ne comptait plus les esquisses de mouvements incroyables qu'elle avait commencé et elle avait d'ailleurs bientôt terminé celui de Midorima. Ne restait plus qu'à mettre un peu de couleurs aux endroits stratégiques et ce serait bon. Elle avait déjà trouvé le petit mot qu'elle lui écrirait, espérant qu'il ne sonne pas trop ambigu.
_ Eh Chizu-chan, où tu es ? entendit-elle soudain à l'extérieur de la classe où elle se trouvait.
_ Je suis là, Takao-kun, l'appela-t-elle en levant la main pour qu'il la voit.
Même si elle savait qu'avec ses yeux de faucon, il l'aurait sans doute trouvé assez facilement… Elle rangea rapidement ses affaires dans son sac, voulant que la surprise soit complète, et se leva en le voyant approcher d'elle à toute vitesse.
_ Que se passe-t-il ? Tu me sembles bien fébrile, non ? lui demanda-t-elle étonnée de le voir ainsi.
Lui qui était toujours souriant et blaguait à longueur de temps regardait partout à moitié paniqué, paraissant être à la recherche de quelque chose d'important.
_ Oui, Shin-chan ne sait plus où il a mis son objet chanceux et il refuse de jouer tant qu'il ne l'a pas, expliqua-t-il essoufflé. Or, on a besoin de lui pour ce match et Miyaji-san menace de l'assommer à coup d'ananas.
Comprenant le problème que cela posait, la blonde essaya de se rappeler quel était ce fameux objet mais elle n'y parvenait pas. Et puis, elle n'était pas certaine d'avoir vu le garçon aux cheveux verts avec quelque chose dans sa main gauche, ce matin. Peut-être était-il dans son sac… Bien que cela restait rare, cela pouvait arriver, surtout quand l'objet en question était fragile.
_ Et il s'agit de quoi, aujourd'hui ?
_ Une tasse verte avec une tête de grenouille dessus.
Se partageant les recherches, les deux lycéens commencèrent à regarder partout dans la pièce, ainsi que dans le couloir. Ils refirent même le chemin emprunté par les basketteurs mais aucune trace de cette tasse verte. Le temps défilait et il serait bientôt l'heure pour eux de partir pour le lycée Meisei où ils allaient disputer un match amical. Cela devenait donc urgent, se dit la jeune fille blonde tandis qu'ils revenaient tous les deux dans leur classe.
Soudain, Chizuru eut une illumination en fixant le bureau où était assis Midorima en cours et alla fouiller dans le casier juste en dessous. Quelques secondes plus tard, elle sourit en brandissant triomphalement l'objet recherché.
_ Vite, on n'a pas une seconde à perdre ou les autres partiront sans nous, fit Takao en la prenant par le poignet pour qu'elle l'accompagne.
_ Nous ?
Alors comme ça, elle venait aussi ? Mais ce n'était pas prévu, à l'origine, et elle n'était même pas manager en plus. De plus, son père allait s'inquiéter s'il ne la voyait pas rentrer après l'heure où se termine théoriquement l'entraînement de basket.
Oui, elle avait avoué à son père qu'elle était devenue assez proche des membres du club de basket de son lycée, ce qui semblait l'avoir rassuré. Après tout, quel parent voulait voir son enfant rester seule ?
_ Oui, tout le monde veut que tu viennes, tu es notre supportrice numéro un, non ? Alors tu dois être là !
L'air de rien, il lui avait rappelé ce qu'elle avait écrit en bas du dessin qu'elle leur avait donné à chacun. Bien qu'il le pensait vraiment mais là n'était pas la question, pour l'instant. Ils allaient finir par être en retard et Takao ne voulait pas que Miyaji finisse par lui lancer un ananas sur la tête.
_ D'accord, je prends mes affaires, je préviens mon père et j'arrive, accepta-t-elle avec un sourire.
Chizuru rangea précautionneusement la tasse de Midorima dans son sac et envoya un message rapide à son père pour le prévenir qu'elle rentrerait un peu plus tard avant de se mettre à courir avec Takao en direction de l'entrée du lycée, où le reste de l'équipe les attendait. D'ailleurs, elle se demandait pourquoi c'était Takao qui était allé chercher l'objet chanceux du basketteur à lunettes et non lui. Peut-être qu'il cherchait ailleurs, elle ne le saurait sans doute jamais.
Au bout de quelques minutes de course intensive, la jeune fille aux yeux bleus était complètement essoufflée en arrivant devant l'équipe de basket. Une fois qu'elle parvint à respirer de nouveau normalement, elle fusilla Takao du regard avant de l'attraper par le col de sa veste pour qu'il se baisse à sa hauteur. Et tout cela, sans faire attention aux autres qui la regardaient d'un air amusé.
_ La prochaine fois que tu me fais courir aussi vite sans me prévenir, je te tue, Takao Kazunari, gronda-t-elle énervée.
_ Je te prête un ananas, si tu veux, renchérit Kimura d'un air entendu.
_ Avec joie, Kimura-senpai, accepta-t-elle en lui adressant un sourire plein de vengeance contenue. Je crois que ce cher Bakao-kun a oublié que je n'étais pas une sportive comme vous.
Takao devait avouer qu'elle était impressionnante quand elle s'énervait. Il y réfléchirait à deux fois désormais. Et puis, ce regard à faire froid dans le dos, elle lui rappelait Shintaro quand il était à bout de nerfs.
Midorima, quant à lui, était plutôt satisfait de voir son agaçant coéquipier remis à sa place ainsi. Et puis, il devait avouer que ce surnom était plutôt bien trouvé, il allait le garder en réserve, savait-on jamais. Ginko avait réussi ce que lui ne parvenait pas à faire, elle avait donc gagné son respect. La raison pouvait sembler idiote pour certains mais il fallait supporter Takao à longueur de temps pour comprendre à quel point il pouvait être fatigant.
Seulement, cela ne lui rendait pas son objet chanceux et il en avait vraiment besoin aujourd'hui pour conjurer sa malchance, son signe étant troisième, derrière les Sagittaires premiers et les Vierges deuxièmes. Quelle plaie !
Soudain, Shintaro vit la jeune fille s'approcher de lui en lui tendant sa tasse verte avec un sourire qu'il qualifierait de moqueur. Il retint son envie de soupirer et la prit doucement dans ses mains, rassuré. Un frisson bien importun s'empara de lui au moment où leurs doigts se frôlèrent et il fit semblant de rien sans se douter une seconde que Takao n'avait pas été dupe. Il n'était pas très sûr mais il croyait avoir senti un frisson chez la jeune fille aussi. Que se passait-t-il à la fin ?
_ Elle était dans le casier de ton bureau, heureusement que j'ai eu l'idée de regarder dedans, le taquina-t-elle gentiment en essayant d'ignorer le frémissement qui l'avait saisie. Tu devrais faire plus attention, Midorima-kun.
Plus le temps passait, plus Chizuru s'avouait qu'elle adorait taquiner le shooter de la Génération Miracle, et vu qu'il ne lui disait rien, elle continuait. Bien sûr, sans aller trop loin ni lui manquer de respect. En tout cas, elle le trouvait plus intéressant que les autres garçons de leur classe -Takao étant à part vu qu'elle le considérait comme une sorte de frère un peu fou- et elle aimait beaucoup parler avec lui car il savait écouter. A force de le côtoyer tous les jours depuis plus d'un mois et demi, elle commençait sérieusement à craquer pour lui, rougissant parfois sans raison quand il la regardait.
La voix du capitaine l'arracha à ses pensées et elle secoua la tête pour se reprendre.
_ Bon, il faut y aller, les gars, alors en route !
Les joueurs et la jeune fille montèrent dans le bus du lycée pour rejoindre le coach qui les attendait afin de leur donner les dernières recommandations. Il n'était pas surpris de la présence de Ginko, c'était devenu une habitude. Bien qu'elle ne soit pas la manager de l'équipe à proprement parler, elle en avait un peu le rôle et il la voyait souvent avec eux.
Le vert lui était certes reconnaissant d'avoir retrouvé son objet chanceux mais ce n'était pas une raison de lui parler ainsi. Et surtout, pourquoi ne relevait-il pas quand elle le taquinait de la sorte devant les autres alors qu'il ne s'en privait pas avec Takao ? Et pourquoi son cœur s'accélérait-il quand elle lui souriait ou lui parlait ?
Midorima avait un peu appris à la connaître durant toutes ces semaines qu'elle avait passé avec eux et il devait avouer qu'il était agréable de discuter avec elle quand le brun ne s'en mêlait pas. Il l'avait même aidée pour ses exercices de maths qu'elle ne comprenait pas. Oui, il aimait passer du temps avec elle et elle ne le dérangeait pas autant qu'il le faisait croire. Parfois, il se contentait simplement de l'écouter sans rien dire, aimant le son de sa voix.
Le jeune homme en était certain, à présent : quelque chose clochait en lui quand il se trouvait à proximité de la jolie blonde. Quand quelqu'un parlait d'elle, il tendait l'oreille pour écouter la conversation et intervenait quand les personnes se montraient irrespectueuses envers elle. Lui-même ne savait pas pourquoi il prenait sa défense ainsi mais c'était plus fort que lui. Puis Shintaro se rappelait qu'une fois, il avait été tellement perdu dans sa contemplation de Ginko -il ne s'en était même pas rendu compte- qu'il avait sursauté quand Takao le lui avait fait remarquer. Il n'avait d'ailleurs pas pu s'empêcher de rougir et elle l'avait surpris.
Une pensée le fit soudain presque trembler : serait-il possible qu'il craque pour elle, finalement ? Quelle idiotie… L'amour n'était qu'une perte de temps, avait-il toujours pensé, mais à croire qu'il était comme tous les autres, vu que lui aussi s'était fait prendre au piège sans l'avoir voulu. Serait-ce aussi pour cela que Takao essayait de les rapprocher autant que possible ? Il avait soudain une envie de meurtre. Midorima laissa errer son regard vert sur le paysage qui défilait en se demandant comment il allait s'en sortir.
Assise sur le banc à côté du coach, Chizuru assista à la victoire sans appel de l'équipe de Shutoku contre celle de Meisei, 78 à 35. Elle accueillit les joueurs avec un sourire radieux, leur disant qu'elle était vraiment très fière d'eux. Takao ne pouvait s'empêcher de fanfaronner pour la faire rire, ce qui fonctionna comme d'habitude. Bien qu'elle s'y accoutumait à force d'assister aux entraînements, la jeune fille était toujours aussi émerveillée en voyant les tirs de Midorima et avait les yeux brillants à chaque fois. Pendant le deuxième quart-temps, il l'avait surprise à le regarder et elle s'était mise à rougir, un peu gênée.
Sur le chemin du retour, le coach les félicita à son tour mais il répétait que les choses sérieuses allaient commencer et qu'ils ne devaient donc pas se reposer sur leurs lauriers. Il les quitta en les prévenant que les entraînements allaient devenir plus difficiles pour bien les préparer aux qualifications de la Winter Cup.
_ Vous savez quoi ? fit soudain Takao sur un ton de conspirateur. Demain, c'est l'anniversaire de Chizu-chan ! Alors préparez les cadeaux !
Sans en avoir l'air, le meneur aux yeux de faucon capta le bref regard intéressé de son coéquipier aux cheveux verts en direction de leur camarade de classe et amie. Celle-ci affichait une mine surprise de toute beauté et il était fier de lui. Peut-être qu'il allait prévoir un petit quelque chose pour faire avancer les choses entre Chizuru et Midorima… Non, pas peut-être, certainement plutôt.
_ Comment tu le sais ? lui demanda-t-elle les yeux écarquillés.
_ Facile, ta date de naissance est notée dans ton carnet de dessin, lui rappela-t-il avec un clin d'oeil.
_ C'est pas vrai, soupira-t-elle plus amusée qu'irritée, tu as encore feuilleté mon carnet. Et sache une chose, cher voisin de classe, je n'ai pas besoin de cadeau.
Ainsi donc, Ginko était du signe de la Vierge, constata silencieusement Midorima. Vierge et Cancer, ce n'était pas impossible… Stop ! Au lieu de penser à des choses inexistantes, il ferait mieux de se reprendre. Pour son cadeau, il n'avait pas besoin de chercher bien loin : il allait lui offrir son objet chanceux du jour. Comme cela, elle ne craindrait rien pour cette journée et elle penserait à lui en le regardant. Shintaro se figea brièvement à cette pensée, se demandant comment il pouvait être aussi niais.
_ Et tu viens, Shin-chan, tu n'as pas le choix, lui dit soudain son coéquipier.
Vu qu'il avait prévu d'être présent, le fait que Takao lui dise cela n'avait aucun sens. En effet, il voulait offrir son cadeau en personne, c'était la moindre des choses.
_ La ferme, Takao, répondit-il néanmoins agacé.
_ Et tu comptes faire ça où, Takao ? lui demanda le capitaine soupçonneux.
Alors comme cela, son voisin savait que son anniversaire était le lendemain et il avait préparé les choses en conséquence… Il cachait bien son jeu, elle devait l'avouer car la jeune fille blonde n'avait rien deviné. Peut-être aurait-elle pu comprendre quand il lui avait demandé si elle était libre, le week-end qui arrivait. Enfin, il fallait dire aussi qu'elle n'avait pas réalisé quelle date ce serait, non plus.
_ Tu aurais peut-être pu au moins m'en parler, parce que je crois que ça me concerne, non ? lui fit remarquer Chizuru en levant les yeux au ciel. Imagine que j'avais quelque chose de prévu avec mon père et ma sœur, Bakao-kun.
_ Allez, on va bien s'amuser, la supplia presque le brun en faisant des yeux de chien battu. Et ne m'appelle pas comme ça…
Ah le petit enf-… Takao savait qu'elle ne pouvait pas résister quand il faisait cet air-là et il en profitait. Bon, intérieurement, elle aurait voulu lui sauter au cou pour le remercier parce qu'elle n'avait jamais vraiment fêté son anniversaire avec des amis mais il n'aurait pas dû.
Chizuru sentit soudain un regard insistant peser sur elle et quand elle se tourna dans cette direction, elle vit qu'il s'agissait de Midorima. Au moment où leurs prunelles se croisèrent, elle eut la stupéfaction de le voir rougir légèrement avant de se détourner, comme si elle l'avait pris en flagrant délit. Euh, cela voulait dire quoi, au juste ? Son coeur battait la chamade dans sa poitrine et elle avait du mal à reprendre son souffle.
_ Bon d'accord, accepta-t-elle dans un soupir quelques instants plus tard, mais comme demandait le capitaine, on fait ça où ?
_ On va tous chez Shin-chan, sa maison est grande et sa famille n'est pas là, demain, annonça le numéro dix avec un sourire malicieux. Et tout le monde ramène de quoi grignoter et boire.
_ Oï, tu pourrais me demander, Takao, grinça Shintaro se retenant de le frapper.
Chez lui, non mais et puis quoi encore ? Il avait quand même son mot à dire, non ? Un de ces jours, il allait finir par le tuer, oh ça oui !
_ Takao-kun, on ne peut pas s'imposer comme ça, tenta de le raisonner la blonde.
_ Mais Shin-chan nous aime, alors bien sûr qu'il sera d'accord !
Le vert ne fit rien pour le contredire, sachant que c'était perdu d'avance de toute façon. Ses coéquipiers étaient déjà venus chez lui quelques fois, surtout pour parler des matchs, mais ce serait la première fois que Chizuru viendrait. Il n'était pas vraiment à l'aise avec l'idée car, après tout, elle allait empiéter sur son domaine personnel.
Mais la phrase utilisée par Takao le fit soudain tiquer. Aurait-il compris ce qu'il n'admettait pas ressentir pour la jeune fille ? Le regard entendu que le brun fit passer de lui à elle à plusieurs reprises ne lui laissait pas le moindre doute. C'était donc bien intentionnel.
Quand son ami brun avait utilisé le mot "aimer" en parlant du vert, Chizuru avait frémi fortement. Non, elle ne le niait plus : elle était bel et bien tombée amoureuse de Midorima sans vraiment le vouloir. Donc elle craignait un peu la soirée de lendemain, étant donnée qu'elle avait lieu chez lui. Son instinct lui disait de se méfier car venant de Takao, on pouvait s'attendre à tout.
Oh mais ce serait l'occasion de lui donner enfin le dessin qu'elle avait fait de lui ! Elle venait de mettre la touche finale, le matin-même, et elle en était très fière. Ne restait plus qu'à noter le petit mot qui allait le terminer complètement. Oserait-elle… ou non ? Elle décida qu'elle verrait le lendemain au moment de l'écrire. Et si elle osait, allait-il comprendre où elle voulait en venir ? Elle le saurait tôt ou tard, si elle le faisait bien sûr.
Il fut ensuite convenu que tous se retrouvaient pour 18h30 chez le shooter de la Génération Miracle, pour bien en profiter. Et vu que Chizuru ne savait pas où il habitait, Takao viendrait la chercher pour l'y conduire lui-même.
_ Et Chizu-chan, tu as intérêt de te faire belle, ce sera ta journée, après tout, la taquina le meneur avec un clin d'oeil.
_ Pourquoi ? Je ne le suis pas, en temps normal ? répondit-elle sur le même ton.
_ Bien sûr que si, murmura Midorima tout bas pour lui-même.
Seulement, malheureusement pour lui, le silence était tombé pile à cet instant et quand il comprit que tout le monde l'avait entendu, le pauvre Shintaro sentit son visage chauffer à un tel point qu'il crut qu'il allait s'évanouir. Le sourire doux et taquin que Ginko lui adressa ne l'aida pas à retrouver son calme et il dut se détourner pour ne plus le voir.
_ Oh Shin-chan rougit, il est trop mignon ! s'écria Takao en frappant dans ses mains.
_ Je ne rougis pas et je ne suis pas… commença à nier le vert en le fusillant du regard.
Mais il fut coupé par la voix claire de Chizuru qui répéta la phrase qui lui avait valu la honte intégrale devant tout le monde :
_ Bien sûr que si, Midorima-kun.
Cette phrase pouvait être comprise de deux manières différentes, se dit la lycéenne de Shutoku, mais ce n'était plus si grave. Tant pis s'il le découvrait.
_ En tout cas, merci pour le compliment, ajouta-t-elle avec un sourire doux.
_ Ce n'était pas un compliment, nanodayo, marmonna le jeune homme, essayant de paraître convaincant.
Pourquoi niait-il toujours quand c'était évident ? La blonde devait avouer que c'était plutôt amusant et elle trouvait même cela attachant. Midorima n'était pas à l'aise avec ce qu'il ressentait, un vrai tsundere. Minute, ce qu'il ressentait ? Euh… d'accord. Maintenant, c'était elle qui sentait monter le rouge à ses joues pâles. Se pourrait-il que… ? Non, ne pas se faire de faux espoirs, elle en aurait le cœur net plus tard. Du moins, elle l'espérait.
Finalement, Chizuru avait hâte d'être au lendemain soir pour voir ce que cette fête d'anniversaire allait lui réserver comme surprise. Et quelque chose lui disait qu'elle n'avait pas fini d'en voir.
OoOoOoO
Voilà une demi-heure que tout le monde était arrivé chez Shintaro et celui-ci n'était pas rassuré quant à l'état de sa maison à la fin de la soirée. De plus, Ginko et Takao était arrivés les derniers vu que le jeune homme brun s'était trompé de route pour aller la chercher chez elle.
En tout cas, la jeune fille était vraiment sublime, ce soir, lui-même ne pouvait pas le nier. Elle avait attaché ses cheveux blonds en tresse qui venait sur le devant avec un ruban du même bleu que ses yeux et que la robe qu'elle portait. Celle-ci soulignait à merveille sa silhouette harmonieuse et il ne pouvait s'empêcher de la regarder très fréquemment. Il avait presque senti son souffle se couper quand elle l'avait salué avec un sourire lumineux et il s'était détourné quand elle lui avait demandé si tout allait bien.
Son cadeau se trouvait dans la poche de son pantalon et il s'agissait, comme prévu, de l'objet du jour de Ginko. Un joli médaillon en argent en forme de cœur dans son écrin car Oha-Asa avait spécifié un objet avec un cœur, peu importe que c'était mais il fallait un cœur. Il avait longtemps hésité puis il était tombé sur ce médaillon. Midorima savait qu'elle avait perdu sa mère quelques années auparavant -elle en avait parlé pendant une séance de révision avec Takao et lui- et il s'était dit que la jeune fille pourrait mettre sa photo dedans pour l'avoir toujours avec elle. Bien sûr, il était hors de question de dire ce qui l'avait poussé à choisir cela mais il espérait quand même que cela lui plairait.
_ C'est l'heure des cadeaux, s'écria le meneur aux yeux de faucon en frappant dans ses mains. Qui se lance ?
_ J'avais dit que ce n'était pas la peine, soupira la blonde avec un sourire désabusé.
_ Évidemment que si !
Le premier qui se lança était le capitaine qui tenait un paquet assez plat, enveloppé d'un beau papier rose fuchsia. En s'en emparant, Chizuru se demandait de quoi il s'agissait.
_ Joyeux anniversaire.
La lycéenne de Shutoku lui sourit en le remerciant et commença à ouvrir le paquet. Quelque chose de orange apparut soudain dans son champ de vision, ce qui la fit froncer les sourcils. En dépliant le tissu, il s'avérait que c'était une veste du club de basket du lycée à sa taille. Elle l'essaya aussitôt et elle lui alla parfaitement. Un sourire ému sur ses lèvres, elle alla enlacer brièvement Otsubo en répétant plusieurs fois "merci".
_ Comme ça, tu fais vraiment partie de l'équipe, Ginko-chan, expliqua le capitaine avec un sourire.
_ C'est génial, bravo Otsubo-san, se réjouit Takao. Comme ça, Chizu-chan devient notre mascotte.
A peine sa phrase terminée, le jeune homme se reçut un coup derrière la tête de la part de Kimura, juste derrière lui.
_ Une mascotte ? répéta la blonde. Je ne suis pas un animal ou une peluche, Takao-kun.
Au mot peluche, le numéro dix de l'équipe de basket et la jeune fille ne purent s'empêcher de regarder en direction de Midorima, qui leva les yeux au ciel, avant d'éclater de rire dans un bel ensemble. Ils avaient pensé tous les deux à la peluche en forme de pingouin que le vert avait le jour où ils s'étaient vraiment parlé pour la première fois, presque deux mois auparavant.
Décidément, ils n'allaient pas le lâcher avec cela, se dit Shintaro en soupirant. Il ne comprenait pas qu'on puisse se moquer avec autant de légèreté des objets porte-bonheur de Oha-Asa.
Ils passèrent chacun leur tour offrir leur cadeau à leur amie et Chizuru reçut un carnet de dessin relié de la part de Miyaji et une palette contenant plus de deux cents crayons de couleurs différents de celle de Kimura. Elle était vraiment gâtée, cette année, en comptant les cadeaux de son père et sa soeur, offerts le matin-même. Son père lui avait offert un nouveau téléphone portable, l'ancien fonctionnant très mal, et Mei, sa petite soeur de presque cinq ans, avait créé un album photo contenant des images d'eux trois pour retracer leur vie depuis le départ de leur mère.
_ Comme ça, tu pourras continuer à faire de magnifiques dessins, comme ceux que tu nous as fait, fit remarquer le vice-capitaine en posant sa main sur les cheveux blonds de sa cadette.
Le fameux dessin que lui n'avait pas encore reçu, songea Midorima après avoir entendu la phrase de Kimura. Y avait-il une raison à cela ou c'était juste un contretemps ? Et puis, il s'en moquait, après tout, ce n'était qu'un dessin. Rien de bien important. Non… il était en train de se mentir à lui-même, admit-il péniblement. Il avait l'impression de ne pas compter autant que ses coéquipiers pour elle, et venant de la fille pour il craquait -un peu, il ne fallait pas non plus abuser- c'était un peu désagréable.
_ Merci, Kimura-senpai et toi aussi, Miyaji-senpai, fit-elle d'une voix chevrotante.
Elle était vraiment émue de tous les cadeaux qu'elle venait de recevoir et elle savait que ce n'était pas fini, car il manquait ses deux camarades de classe. C'était à présent au tour de Takao, d'après ce qu'elle pouvait voir, et la jeune fille aux prunelles bleu glacé craignait le pire. Certes, elle l'adorait mais il était du genre à faire beaucoup de blagues donc elle se méfiait quand même.
_ Joyeux anniversaire, Chizu-chan ! lança-t-il en lui tendant une boîte enveloppée de papier rouge.
_ Merci, Takao-kun.
Voyant qu'il était impatient qu'elle découvre son cadeau, Chizuru fit exprès de prendre tout son temps pour le déballer. Elle s'était découverte une facette plus taquine depuis qu'elle connaissait mieux Midorima et Takao, et elle ne perdait pas une occasion de les embêter un peu. Au bout de quelques secondes interminables, elle finit enfin d'enlever le papier cadeau. Rien n'était marqué sur la boîte, il s'agissait d'une boîte blanche rectangulaire et plate, toute simple, ne donnant aucune indication sur ce qu'elle contenait.
_ Kami-sama, souffla-t-elle éberluée par ce qu'elle venait de voir en ouvrant, mais tu es fou…
_ Joyeux anniversaire, Chizu-chan, répéta le meneur alors qu'elle se jetait dans ses bras pour le remercier.
Takao était heureux que son cadeau lui plaise à ce point, une tablette de dessin numérique que lui n'avait jamais utilisé. Il l'avait reçue en cadeau suite à son admission au lycée Shutoku de la part de sa tante. Elle était toute neuve, il avait juste changé la boîte pour qu'elle voit à la toute dernière seconde de quoi il s'agissait. Connaissant la passion de Chizuru pour le dessin, il s'était dit que c'était le cadeau parfait pour elle. Autant qu'elle serve à quelqu'un, se dit-il en la serrant brièvement dans ses bras.
_ Merci, chuchota-t-elle en s'éloignant de lui.
Midorima fronça les sourcils une nouvelle fois quand il vit la blonde se jeter dans les bras de son coéquipier, les larmes aux yeux. Alors qu'il s'approchait, il vit quel était son cadeau. Takao avait fait fort, il devait le reconnaître. C'était évident qu'un tel cadeau allait faire mouche et il se sentit soudain ridicule avec son médaillon.
_ Il ne reste que toi, Shin-chan, entendit-il celui-ci claironner moqueusement.
_ Je crois qu'il est au courant, tu sais, Takao-kun, fit remarquer la blonde en adressant un sourire d'excuse au vert qui s'approchait d'elle.
Sans un mot, Chizuru le vit tendre un petit paquet vers elle et elle le prit en le remerciant. Même lui avait joué le jeu, elle ne l'aurait pas cru. En tout cas, peu importe ce que c'était, elle en était ravie d'avance car cela venait de Midorima. D'ailleurs, quand elle aurait terminé d'ouvrir tous les cadeaux, il faudrait qu'elle lui donne enfin le dessin qu'elle avait fait de lui.
En retirant le papier vert et doré, la jeune fille tomba sur un écrin de velours noir. Un bijou ? Bonne pioche, elle adorait les bijoux, en plus. Vu la taille, cela pouvait un pendentif ou une bague qui portait chance, connaissant le goût du jeune homme pour l'horoscope. Ou même encore, son objet chanceux à elle, ce ne serait pas étonnant. Retenant tant bien que mal ses tremblements, elle ouvrit doucement l'écrin et vit qu'il s'agissait d'un pendentif en argent, en forme de coeur. Oh, et elle pouvait même l'ouvrir… Un médaillon !
_ Merci Midorima-kun, je l'adore, dit-elle avec un beau sourire.
Retenant un soupir de soulagement, le vert esquissa l'ombre d'un sourire quand elle se tourna vers ses coéquipiers pour leur montrer ce qu'il lui avait offert. En songeant à ce qu'il avait mis à l'intérieur du bijou, il espérait juste qu'elle ne l'ouvre pas devant les autres.
_ C'est ton objet chanceux pour aujourd'hui, alors prends-en soin, expliqua-t-il d'une voix qu'il voulait neutre.
_ Compte sur moi, assura-t-elle en attachant la chaîne autour de son cou.
Cela lui faisait d'ailleurs penser qu'elle n'avait pas vu le sien depuis qu'elle était arrivée chez lui. Cela ne lui ressemblait pas de ne pas en avoir…
_ Quel est celui des Cancer, aujourd'hui ? demanda-t-elle curieuse.
Malgré la question somme toute innocente de sa camarade, Shintaro se mit à rougir furieusement sans rien répondre. Mais malheureusement pour lui, Takao était au courant vu qu'il se renseignait à chaque fois pour savoir à quoi s'attendre. Ce fut donc lui qui répondit à sa place sur un ton moqueur :
_ Un baiser de la personne qu'ils aiment, c'est beau, non ?
_ Takao, gronda le joueur de la Génération Miracle, tu parles trop.
Un baiser de la personne qu'ils aimaient ? Mais à sa connaissance, Midorima n'était amoureux de personne, ce n'était pas du tout son style. Seulement, à en juger par la réaction de celui-ci à la révélation de son coéquipier, elle n'était plus sûre de rien. Qui pouvait bien être l'heureuse élue ? Elle tenta d'ignorer la sensation de malaise qui venait de s'emparer d'elle.
_ Shin-chan est amoureux de…, commença le numéro dix.
Il ne put cependant pas aller plus loin car Midorima lui mit rapidement une main sur sa bouche pour l'empêcher de parler. Dommage, la concernée était présente en plus...
_ Je n'aime personne, nanodayo, nia-t-il les joues rouges.
_ C'est évident, ironisa Miyaji avant de lui donner un coup sur la tête. Je vais te noyer si tu mens.
Ainsi donc, il avait raison… Donc les choses allaient devenir très intéressantes d'ici la fin de la soirée, se dit Takao en esquissant un sourire entendu en direction du shooter de la Génération Miracle.
Quelques instants plus tard, le maître de maison était à la recherche de la jeune fille qui lui avait demandé de le rejoindre dans le jardin. Il se demandait ce qu'elle lui voulait car elle ne lui avait jamais fait une telle requête. Il la trouva sur la terrasse, assise sur une chaise en regardant le ciel étoilé de cette nuit de septembre. Elle semblait tenir quelque chose dans sa main droite et elle se leva en le voyant approcher. Bon, il ne pouvait plus reculer, à présent.
Seulement, avant qu'il ne puisse dire un seul mot, Chizuru lui tendit une feuille enroulée et attachée avec un ruban vert.
_ Je l'ai fini ce matin, j'espère qu'il te plaira, chuchota-t-elle pour ne pas rompre la sérénité du lieu.
Le basketteur le prit sans dire un mot et retira le ruban doucement avant de dérouler ce qu'il pensait être le dessin de lui. Gagné, se dit-il en l'observant de plus près. Elle l'avait représenté quand il sautait pour tirer et il devait reconnaître que c'était très bien fait. Il avait presque l'impression de regarder une photo de lui en noir et blanc.
Puis une phrase en bas de l'image attira son attention. Shintaro lut doucement ce qu'elle avait écrit et écarquilla les yeux devant la deuxième partie. Il dut s'y reprendre à deux fois pour être sûr d'avoir bien lu mais il n'avait pas fait d'erreur.
Signé ta fan n°1, Ginko Chizuru
PS : Seulement toi…
En voyant Midorima avec de la surprise sur le visage, Chizuru se dit distraitement que cela lui allait plutôt bien. Cela la changeait de le voir montrer une autre émotion que l'agacement. Il avait vraisemblablement dû déchiffrer la phrase qu'elle avait écrite et elle esquissa un sourire un peu triste. Avait-il compris ce qu'elle voulait lui dire ?
_ Que veut dire la deuxième partie ?
En entendant sa question, elle se mit à frissonner et resserra les pans de la veste qu'elle venait de recevoir autour d'elle.
_ "Seulement toi", c'est ça ? fit-elle mine de demander.
Le jeune homme à lunettes hocha la tête sans répondre. Quand il releva la tête vers la porte vitrée menant au jardin, il ne put retenir un soupir irrité. Sans explication, il demanda à Chizuru de le suivre dans le fond de la cour pour ne pas avoir de témoin gênant. Est-ce que c'était ce qu'il pensait ou se faisait-il des idées ? Il aurait très vite la réponse.
_ Cette phrase veut dire ce qu'elle veut dire, mais je vais être plus explicite, fit-elle en plongeant son regard clair dans le sien.
Son cœur battait si vite que Chizuru avait l'impression qu'il allait sortir de sa cage thoracique. Elle ne pouvait plus revenir en arrière, à présent. Ses mains commencèrent à trembler mais elle rassembla tout son courage pour dire enfin ce qu'elle ressentait vraiment pour lui.
_ Seulement toi possèdes mon cœur, voilà ce que ça veut dire, Midorima-kun, avoua-t-elle dans un souffle.
Shintaro mit plusieurs minutes à réaliser ce que la blonde venait de dire mais quand il le fit enfin, il se sentit frémir et son cœur manqua un battement. Elle l'aimait ? C'était bien ce que Ginko venait de dire, il n'avait pas rêvé ?
_ A l'origine, je ne voulais pas te le dire, tu sais, mais c'était l'occasion ou jamais, dit-elle sans le regarder.
Pour la première fois de toute sa vie, Shintaro se laissa porter par ses émotions et prit la main de la jeune fille avant de l'attirer presque brusquement contre lui pour l'enlacer. Il ne se reconnaissait pas du tout, tout cela était nouveau pour lui mais il devait avouer qu'il se sentait libéré d'un poids énorme.
_ Midorima-kun, qu'est-ce que tu fais ?
Bon ok, là il fallait qu'on lui explique parce que Chizuru ne comprenait plus rien. Le vert l'avait tout à coup attirée dans ses bras sans un mot et elle sentait sa respiration saccadée et ses battements de cœur rapides.
_ Ouvre le médaillon, Ginko, lui indiqua le numéro six en rougissant.
Quand il la relâcha, la lycéenne de Shutoku fit ce que Midorima lui avait demandé et elle découvrit un petit morceau de papier plié en quatre à l'intérieur du bijou. Elle le déplia lentement pour ne pas le déchirer malgré son impatience et se mit donc à lire le petit message qui était écrit dessus.
Je ne sais même pas pourquoi j'ai écrit ça mais je crois que j'aimerai être en couple avec toi, Ginko Chizuru. Je pense que… même à l'écrit c'est difficile de mettre des mots sur ce que je ressens… Je pense que je suis amoureux de… de toi.
En voyant ce message si indécis et touchant à la fois, la jeune fille blonde ne put retenir un sourire attendri. Il avait préféré lui écrire un mot caché à l'intérieur de son cadeau plutôt que de le lui dire… Mais cela ne la gênait pas le moins du monde, il était comme cela, elle tâcherait donc de lui donner confiance et elle allait commencer maintenant.
En relevant la tête vers lui, Chizuru le vit assis sur une souche d'arbre non loin d'elle, en train de regarder à son tour le ciel étoilé. Elle n'en était pas certaine avec l'obscurité ambiante mais il semblait être tout gêné de ce qui venait de se passer et ses joues rouges étaient là pour le confirmer. Il n'osait même plus la regarder.
Lentement, elle s'approcha de lui et quand elle fût juste devant lui, elle lui toucha l'épaule pour manifester sa présence. Un sourire plein d'amour sur ses lèvres, la blonde prit le visage du basketteur en coupe entre ses mains et déposa un léger baiser à la commissure de ses lèvres.
_ Je t'aime, Midorima Shintaro, déclara-t-elle soudainement. Seulement toi…
Cette phrase signifiait une nouvelle évolution dans leur relation, songea Chizuru alors qu'il la prenait une nouvelle fois dans ses bras après s'être mis debout. Puis elle entendit un murmure prononcé par celui qu'elle aimait et elle eut l'impression de voler très haut dans le ciel :
_ Je t'aime, Ginko Chizuru.
Suivant son instinct, Shintaro serra plus fort la jeune fille contre lui et baissa sa tête pour poser enfin ses lèvres sur les siennes. Oui, il l'aimait, admit-il enfin. Et chose primordiale, il avait enfin obtenu son objet chanceux, le baiser de la personne aimée.
Peu importait l'avenir, Midorima Shintaro avait trouvé celle qui lui convenait et ne comptait pas la laisser lui filer entre les doigts de sitôt.
