07 - Kagami Taiga x OC - Sentiments perturbants

Depuis quelques semaines à présent, Kagami était mal à l'aise à l'idée de se rendre à l'entraînement de basket. Et pour cause ! Le club avait à présent une manager, du nom de Fukuyama Mei, qui secondait la coach. Elle était arrivée après leur victoire à la Winter Cup, n'ayant pas osé s'inscrire avant par timidité.

Tandis qu'il marchait seul jusqu'au gymnase du club de basket, le lycéen se demandait comment il avait pu en arriver là. Au début, le tigre de Seirin n'avait pas prêté plus que cela attention à elle, restant de son côté et se concentrant sur son entraînement. Puis, peu à peu, il avait laissé errer ses prunelles rouges sur elle pendant qu'elle parlait à une autre personne que lui, quelques secondes par-ci par-là, la trouvant plutôt jolie. Seulement, aujourd'hui, le jeune homme ne parvenait plus à la lâcher du regard, tellement même qu'il s'était pris un ballon en pleine tête, déconcentré par le beau sourire qu'elle affichait à ce moment-là. Aucun membre de l'équipe ne lui en avait fait la remarque mais il savait que tous se posaient des questions sur son comportement étrange.

Et sa personnalité n'avait rien à envier à son physique : douce, souriante, calme. Non, quand elle était là, Taiga n'était pas lui-même et cela l'agaçait de ne pas en comprendre la raison. Tout ce qu'il savait, c'était que cela venait d'elle.

_ Que se passe-t-il, Kagami-kun ? fit soudain la voix sans émotion de Kuroko. Quelque chose ne va pas ?

Tellement plongé dans ses pensées, le jeune homme n'avait pas entendu son coéquipier arriver -à supposer qu'il remarquerait sa présence, bien entendu- et, comme de fait, sursauta violemment en entendant sa voix non loin de lui.

_ Bordel, Kuroko ! Arrête ça, c'est chiant ! lui reprocha-t-il en lui lançant un regard noir.

Le joueur fantôme esquissa un léger sourire amusé, cette scène se répétait tous les jours ou presque mais il ne s'en lassait pas.

_ Ce n'est pas de ma faute si tu es perdu dans tes pensées, lui fit-il remarquer sans paraître troublé outre mesure par les reproches du rouge.

En effet, depuis quelques temps, Kuroko avait remarqué que sa lumière était souvent dans la lune. Et il avait aussi compris que cela avait un rapport avec leur nouvelle manager. Combien de fois avait-il raté une passe à cause de son manque de concentration ? Le bleuté ne les comptait plus. Il avait essayé de lui en parler, une fois, mais à son étonnement, Kagami avait rougi et bafouillé des paroles incompréhensibles. Depuis ce jour, il l'observait plus attentivement et ce qu'il avait découvert l'intéressait au plus haut point : Fukuyama Mei ne laissait pas le rouge indifférent.

Les deux basketteurs arrivèrent ensemble au gymnase et virent que la coach et Mei étaient déjà présentes, discutant sans doute de l'entraînement qui allait suivre. Tandis qu'ils se dirigeaient vers les vestiaires pour se changer, Kagami faillit se prendre la porte à force de fixer la jeune fille à la belle chevelure blanche. Il lui fallut un coup de coude de Kuroko dans les côtes pour qu'il reprenne ses esprits.

Alors qu'il allait s'énerver après lui, Tetsuya ne put s'empêcher de se moquer de lui, un petit sourire narquois sur les lèvres :

_ Regarde devant toi, Kagami-kun, sinon tu risques de te prendre un mur.

_ Kuroko ! gronda le rouge en le suivant.

Les deux amis disparurent derrière la porte qui menait aux vestiaires mais n'importe qui pouvait entendre la voix forte de Kagami s'énerver contre son ombre.

OoOoOoO

Alors qu'elle réglait les derniers points à revoir lors de l'entraînement avec Riko, Mei entendit les voix de Kagami et Kuroko entrer dans le gymnase. Elle se tourna et leur adressa un sourire avant de se tourner vers la coach, qui continuait de lui parler. Seul le bleuté lui répondit avec un signe de main, le rouge, lui, ne la regardait même pas. La détestait-il ? Tout dans son comportement le laissait à penser.

Cependant ce n'était pas son cas. Mei appréciait vraiment l'As de Seirin au même titre que les autres joueurs de l'équipe. Enfin, non… Si elle était vraiment honnête avec elle-même, elle dirait que Kagami était à part des autres pour elle. Depuis qu'elle l'avait rencontré, soit presque deux mois auparavant, la jeune fille se sentait de plus en plus troublée à chaque fois qu'elle le voyait. Au début, ce n'était pas grand-chose, juste qu'elle l'avait trouvé mignon mais plus le temps passait, plus cela s'intensifiait.

Seulement, vu qu'ils ne se parlaient jamais si cela ne concernait pas le basket, elle ne pourrait pas se rapprocher de lui. Il lui faudrait de l'aide mais Mei ne voyait pas à qui elle pourrait la demander.

_ Bonjour, Fukuyama-san, entendit-elle soudain sur sa gauche.

Elle sursauta et sourit avec amusement en constatant qu'il s'agissait simplement de Kuroko. C'était d'ailleurs de lui dont elle était le plus proche dans l'équipe. Étrange quand on connaissait sa personnalité, d'ailleurs, mais c'était ce qui faisait son charme, selon elle.

_ Bonjour, Kuroko-kun, le salua-t-elle à son tour. Tiens, Kagami-kun n'est pas avec toi ? s'étonna-t-elle en ne le voyant pas à côté du bleu.

_ Non, il est parti mettre de la glace sur son nez, il revient, expliqua-t-il, une lueur moqueuse dans ses prunelles azur. Il s'est pris une porte de vestiaire en plein visage.

Encore ? Décidément, ce genre d'accident lui arrivait souvent, se dit-elle en retenant un rire devant le regard de connivence que l'ombre de Seirin lui adressa en voyant sa lumière venir les rejoindre.

_ Ca va mieux, Kagami-kun ?

_ Oh, ferme-la, Kuroko, ronchonna le rouge en serrant les points.

Un pouffement léger attira l'attention du tigre qui remarqua enfin qu'ils n'étaient pas seuls. Il se tourna vers la jeune fille qu'il voulait éviter et lui adressa un sourire crispé. Bon sang, pourquoi son coeur battait-il si vite quand elle était près de lui ? Et pourquoi se mettait-il à rougir comme ça ? Il avait l'air complètement ridicule.

_ Bonjour, Kagami-kun.

_ Ouais, salut, Fukuyama, fit-il d'une voix tendue. Faut que j'y aille !

Tandis qu'il s'éloignait en courant pour aller prendre un ballon, Taiga ne remarqua pas la déception qui marquait les traits de la manager de leur équipe. Lui ne pensait qu'à une chose : se calmer et se concentrer sur le basket.

Non, Mei ne savait plus quoi faire pour que Kagami arrête de l'éviter ainsi. C'était sans espoir, se dit-elle douloureusement. Seulement, elle avait oublié la présence de Kuroko qui fronçait les sourcils, ne comprenant pas quelle mouche avait piqué son coéquipier. Elle soupira tristement avant de rejoindre Riko en compagnie du bleuté qui ne l'avait pas quittée.

Le joueur fantôme n'aimait pas l'expression qu'il voyait sur le visage de son amie et se jura de lui parler un peu plus tard, vu qu'ils étaient de corvée de nettoyage du gymnase, ensemble.

L'entraînement avait commencé depuis plus d'une heure et Kagami enchaînait les fautes techniques et les passes manquées, ce qui l'agaçait au plus haut point. Heureusement qu'il n'était pas dans un match officiel, sinon il ne donnait pas cher de sa peau. Déjà que son capitaine commençait à s'énerver contre lui, donc si la coach s'y mettait aussi, il n'allait pas sortir vivant de cet entraînement.

_ Dix minutes de pause, annonça soudain Riko.

A bien y regarder, la coach de Seirin sentait que quelque chose n'allait pas avec le tigre mais elle ne saurait dire quoi. Il était complètement à côté de la plaque et ne parvenait pas à se concentrer comme il le faudrait. Puis elle avait remarqué quelque chose aussi avec sa jeune voisine à la chevelure de neige : ses prunelles mauves se posaient très souvent sur l'As de l'équipe et, dans ces moments-là, elle pouvait y voir passer de la tristesse et même de la douleur. Mei serait-elle… ?

Ignorant tout des pensées qui s'emparaient de son aînée d'un an, Mei donna une gourde et une serviette à chaque joueur qui passait devant elle avec un doux sourire. Elle les aidait, les soutenait à sa façon et cela lui suffisait.

_ Merci, Fukuyama-san, fit le joueur fantôme en prenant place dans les gradins.

_ Je t'en prie, c'est mon rôle.

Une nouvelle fois, l'adolescente laissa errer son regard en direction de Kagami qui s'épongeait le visage et le cou avec la serviette qu'elle lui avait donné un instant auparavant. Elle ne put réprimer un soupir, montrant toute la tristesse du monde. Bon, il fallait qu'elle se reprenne, ce n'était pas le moment de flancher.

L'entraînement était terminé depuis plus d'un quart d'heure quand Kagami sortit des vestiaires, lavé et changé. Il salua ses coéquipiers, la coach étant déjà partie, et se tourna vers son ombre se trouvant au milieu du terrain avec Mei.

_ À demain, Kuroko… et bonne soirée, Fukuyama, fit-il sur un ton hésitant.

_ Bonne soirée, Kagami-kun, le salua la jeune fille avec un sourire qui fit battre son cœur plus vite. Sois prudent.

Kuroko lui adressa un simple signe de la main avant de se reconcentrer sur sa tâche. Il leur fit un signe de la main à son tour avant de quitter enfin le gymnase. Le jeune homme poussa un soupir de soulagement lorsque Mei ne fut plus en vue.

Qu'est-ce qui lui avait pris de la saluer, lui qui ne le faisait jamais ? Oui, il reconnaissait mal se comporter avec elle, pourtant il n'avait rien de spécial à lui reprocher. Elle était sympa, en plus. C'était lui qui ne savait pas gérer ses émotions quand elle était là. Il faudrait qu'il fasse des efforts ou elle allait finir par le détester.

Bordel ! C'était vraiment compliqué, les sentiments ! Euh… Les sentiments ? Taiga s'arrêta net sur le trottoir à cette pensée, le souffle court. Bon d'accord, oui elle était mignonne mais cela s'arrêtait là, il n'avait pas de sentiments pour elle.

Alors là, il fallait qu'il pense à autre chose parce que ce n'était plus possible. Il commençait à divaguer, et sérieusement en plus.

_ Qu'est-ce que je fous, bordel ? Faut que j'aille manger, ça me remettra les idées en place, marmonna-t-il en reprenant sa route.

Et pour cela, rien de mieux qu'un passage au Maji Burger afin de faire le plein de force avant de rentrer chez lui. Mais Kagami se fit tout de même une promesse, en entrant dans le fast-food : ne plus se comporter en crétin fini avec Fukuyama car elle n'avait rien fait de mal. Peut-être que cela l'aiderait à comprendre ce qui se passe en lui. Enfin, il l'espérait…

OoOoOoO

Pendant ce temps, la manager et l'ombre de Seirin nettoyaient et rangeaient le gymnase pour l'entraînement du lendemain. Souvent, le bleu l'entendait soupirer et parfois même, il la voyait s'essuyer les yeux, sans doute à cause de quelques larmes. Frustration ou souffrance ? Peut-être un peu des deux.

_ Kagami-kun est un imbécile, déclara soudain Kuroko en se rapprochant d'elle. Il ne voit même pas qu'il te fait du mal.

En entendant cette phrase, Mei eut un hoquet de surprise. Elle ne s'attendait pas à cela. Mais cela n'enlevait en rien ce qu'il venait de dire. Oui, elle souffrait que le jeune homme aux prunelles carmines l'évite si ostensiblement, surtout qu'elle ne voyait toujours pas ce qu'elle avait pu faire de mal.

_ Je ne sais pas ce que je lui ai fait pour mériter un tel traitement de sa part, soupira la jeune fille en mettant le ballon qu'elle tenait dans le bac à rangement.

_ Je dirai que c'est parce que tu es une fille, du moins c'est une des raisons, dit le bleuté en posant une main douce sur son épaule. Il n'est pas doué avec les filles, c'est une certitude.

Cela, la blanche l'avait déjà remarqué à plusieurs reprises, notamment quand la manager de Too Gakuen venait leur rendre une petite visite. Kagami réussissait toujours à la faire pleurer, sans le faire exprès, et c'était toujours Kuroko qui la calmait avec délicatesse.

_ Oui, c'est vrai…

Kuroko la fixait intensément et il était en train de se poser une question. Pourquoi cette situation l'atteignait-elle autant ? A moins que leur manageuse ne soit tombée amoureuse de leur as… Ce qui était largement possible avec ce qu'il avait pu remarquer durant les semaines passées. Le sourire que la jeune fille adressait à Kagami était toujours plus doux et lumineux que ceux auxquels le reste de l'équipe avait le droit. Et puis, elle ne cessait de poser son regard pétillant sur lui quand elle était persuadée que personne ne faisait attention à elle. Seulement lui ne pouvait pas manquer ces détails flagrants.

_ Est-ce que tu es amoureuse de Kagami-kun ? demanda-t-il soudain, voulant en avoir le coeur net.

Mais… mais… c'était quoi cette question ? Mei écarquilla les yeux de surprise, horrifiée. Comment avait-il fait pour le remarquer alors qu'elle venait à peine de s'en rendre compte elle-même ? Et il fallait qu'elle rougisse aussi, par dessus le marché ! La manager de Seirin ne savait pas ce qui était le pire : le fait qu'il lui ait posé cette question entre toutes ou encore le fait qu'il s'en soit rendu compte.

_ Kuroko-kun… Je… Mais…

Ses joues rouges et ses balbutiements étaient suffisants pour le joueur fantôme pour comprendre qu'il avait visé juste. Un petit sourire naquit sur ses lèvres et il se dit que l'occasion était trop belle pour aider la jeune fille. Après tout, ils étaient seuls donc ils pouvaient réfléchir à un plan pour qu'elle se retrouve seule avec le rouge.

_ Je vais t'aider, Fukuyama-san, assura-t-il sans cesser de sourire. A partir de demain midi, tu mangeras avec nous, je viendrai te chercher dans ta classe.

La lycéenne lui sourit avec reconnaissance pour l'aide qu'il lui apportait, bien qu'elle soit encore gênée que son ami soit au courant. Mais bon, elle avait confiance, elle savait bien qu'il n'était pas du genre à raconter tout ce qu'il savait à tout le monde. Seulement, avant qu'elle n'ait eu le temps de lui répondre, la porte d'entrée du gymnase s'ouvrit et deux silhouettes reconnaissables entrèrent avant de se rapprocher d'eux.

_ Tetsu-kun ! s'écria Momoi en le prenant dans ses bras.

_ Satsuki, soupira le basané qui l'accompagnait, t'es toujours obligée de lui sauter dessus comme ça ?

_ Tais-toi, Dai-chan ! fit-elle en serrant contre elle le pauvre fantôme qui commençait à manquer d'air.

Mei sourit, amusée par cette scène des plus habituelles. En effet, il n'était pas rare de voir ces deux-là venir après les entraînements, et elle avait fini par sympathiser avec eux. Momoi s'était montrée curieuse de la connaître et elle lui avait donné beaucoup de conseils, pour le rôle de manager. Bon, Aomine Daiki l'impressionnait encore mais elle était quand même plus à l'aise avec lui qu'au début.

_ Momoi-san, l'appela la blanche avec un sourire presque moqueur, tu ferais mieux de le lâcher ou tu vas finir par l'étouffer.

Bien sûr, la jeune fille n'ignorait pas les sentiments que la rose nourrissait pour Kuroko, elles en avaient parlé une fois, car Momoi avait été un peu jalouse de sa complicité avec le joueur fantôme. Mais Mei l'avait rassurée tout de suite : elle n'était pas amoureuse de lui et le voyait simplement comme un bon ami. La conversation avait ensuite déviée sur les garçons et la manager de Too avait réussi à lui faire avouer que Kagami lui plaisait. Même si à ce moment-là, elle ne savait pas encore qu'elle en était amoureuse.

_ Salut Mei, fit l'As de Too avant de regarder autour de lui. Kagami n'est pas là ?

_ Bonsoir, Aomine-san, non il est parti il y a plus de trente minutes, lui dit-elle en souriant devant sa déception évidente. Pas de duel pour toi, ce soir, je crois bien.

_ Oh, ça va, ronchonna-t-il en se grattant la nuque.

Non, Mei n'était plus choquée de l'entendre l'appeler par son prénom, c'était comme cela depuis le début. Mais elle n'était pas encore prête à en faire autant, elle le connaissait à peine, après tout, même si lui ne s'embarrassait pas de détails de ce genre.

Une chose intrigua fortement Daiki. Pendant un bref instant, il avait cru apercevoir une lueur de tristesse dans ses yeux mauves quand il avait mentionné le nom de son abruti de rival. Et ce n'était pas la première fois que cela arrivait. De plus, elle restait toujours plus tard quand il venait le défier en un contre un, arguant qu'elle devait ranger le gymnase car elle était la manager de l'équipe. Mais son regard se posait toujours sur le rouge, de la tendresse et de l'amusement brillant dans ses prunelles.

Seulement, il ne lui en parlerait pas parce que cela ne le concernait pas. Et puis, ce n'était pas le genre de conversation qui le mettait à l'aise donc autant l'éviter si possible. Si Kagami était aveugle, ce n'était pas son problème. Quoique… S'il avait la possibilité de le faire tourner en bourrique, cela pourrait être drôle.

OoOoOoO

Quelques heures plus tard, la lycéenne de Seirin était couchée dans son lit, sur le dos, et fixait le plafond en souriant. Elle avait passé une très bonne soirée en compagnie de ses nouveaux amis, elle s'était encore plus rapprochée de Momoi et cela lui faisait vraiment plaisir. Et puis, Aomine n'avait cessé de la taquiner sur ses rougissements dès que le nom de Kagami était mentionné. Bien sûr, elle ne s'était pas laissée faire, il ne fallait pas non plus abuser. Et puis elle devait avouer que certaines de ses réactions lui avaient fait penser à Kagami. Ces deux-là étaient plus semblables qu'ils ne voulaient bien l'admettre, elle le tenait de Kuroko. Bien sûr, l'As de Too s'était indigné et avait dit qu'il n'était pas comme Kagami. Ce qui avait fait rire les deux filles assises en face d'eux, n'en croyant pas un mot.

Cela la changeait beaucoup de son collège où elle avait passé son temps seule, ou presque. Sa chevelure que certains disaient bizarre repoussait ses camarades, qui lui répétaient qu'elle n'était pas normale. Elle ne cessait de leur expliquer que c'était naturel et qu'elle était née comme cela, mais rien n'y avait fait. Parfois, elle avait eu l'impression qu'ils avaient peur d'elle, alors qu'elle ne ferait pas de mal à une mouche. Plus d'une fois, elle s'était retrouvée en pleurs dans les toilettes à cause d'une réflexion méchante d'un autre élève.

En arrivant au lycée Seirin, en avril dernier, Mei avait craint que cela se reproduise mais à son plus grand étonnement, rien n'était arrivé. Elle avait même sympathisé avec des filles de sa classe, ce qui la changeait de la solitude qui avait toujours accompagné sa vie scolaire jusqu'alors. Sans compter que la jeune fille avait remarqué des cheveux aussi étranges que les siens dans la foule des élèves : bleu ciel et rouge sombre. Elle s'était renseignée, en novembre dernier, et avait appris qu'ils faisaient partie du club de basket du lycée.

Le basket, un sport qui lui plaisait beaucoup sans jamais avoir osé le pratiquer… Si c'était pour se ridiculiser, ce n'était pas la peine. Puis elle avait appris que le club ne possédait pas de manager, ses amies l'avaient donc encouragée à postuler pour ce poste mais elle était bien trop timide pour cela. Mais après la Winter Cup, que Seirin avait remporté, Mei s'était décidée à sauter le pas.

Et elle ne le regrettait pas, non. Son cercle d'amis s'était encore agrandi, à son plus grand bonheur. Et la relation entre Kagami et Kuroko ne cessait pas de l'amuser. Elle s'était surprise plusieurs fois à rire à cause des remarques du bleuté sur la maladresse de son camarade. Il fallait dire que le joueur fantôme ne faisait pas dans la dentelle, non plus.

En songeant au rouge, Mei poussa un soupir tremblant avant de se mettre sur le ventre, le visage enfoui dans son oreiller. Elle aimerait tellement se rapprocher de lui, au moins en tant qu'amie… Et elle savait que, malgré l'aide de Kuroko, il faudrait un certain temps à Kagami pour l'accepter comme telle, maladroit comme il était. Mais elle était décidée à faire des efforts pour ne pas l'ennuyer, ne voulant pas le braquer. Elle devrait se comporter avec naturel et ne pas se laisser envahir par la timidité qu'elle ressentait quand il était proche d'elle.

_ On verra bien demain, souffla-t-elle avant d'éteindre sa lampe de chevet.

Il était vraiment temps de dormir, sinon elle n'allait pas tenir la cadence le lendemain, surtout avec les examens qui allaient arriver. Heureusement que les cours avaient été annulés pour l'après-midi, afin de leur permettre de réviser, ce qu'elle allait s'empresser de faire en allant à la bibliothèque du lycée, bien plus calme que chez elle, à cause de la présence de ses deux jeunes frères. Elle les adorait mais ils étaient particulièrement bruyants quand ils s'y mettaient.

Mei ferma les yeux, un sourire amusé aux lèvres, imaginant la réaction de Kagami quand il allait la voir manger avec eux, avant de se laisser porter par le sommeil.

OoOoOoO

Presque deux semaines étaient passées depuis la discussion entre Kuroko et Mei, et comme prévu, la jeune fille mangeait avec Kagami et lui le midi. Cela ne s'était pas fait sans heurts, le rouge était intimidé à l'idée de la voir avec eux. Il se rappelait d'ailleurs comment il avait réagi en la voyant arriver avec son ombre, le premier midi. Son coeur s'était accéléré sans raison et il n'avait presque pas osé poser les yeux sur elle, ni même dire un mot.

Heureusement, il arrivait à présent à parler avec elle à peu près normalement. Seulement, les réactions étranges de son corps à sa présence n'avaient pas disparu, elles s'étaient même renforcées. D'ailleurs, en ce moment-même, Fukuyama était là, assise entre lui et Kuroko, en train de rire à une remarque du bleuté.

_ Tu n'es pas croyable, Kuroko-kun, s'esclaffa-t-elle, les yeux brillants. Il n'y a que toi pour dire une chose pareille sans sourciller.

Bon, là, Taiga était complètement largué. De quoi ils parlaient ? Puis le regard entendu de son coéquipier lui fit comprendre qu'il parlait de lui. Il allait le tuer, ami ou pas. Ces derniers temps, le joueur fantôme aimait beaucoup se moquer de lui, et devant Mei en plus. Il passait pour quoi devant elle, sérieusement ?

_ Bon, je dois y aller, je dois aller donner des papiers au bureau du proviseur, les avertit soudain le bleu azur en se levant. Kagami-kun, on se retrouve tout à l'heure pour aller en cours.

_ Ouais, ça marche, fit celui-ci la bouche pleine.

Sans que Kagami le remarque, bien trop occupé par sa nourriture, Mei et Kuroko échangèrent un sourire de connivence et la jeune fille articula un "merci" silencieux. C'était bien la troisième fois depuis qu'ils mangeaient tous les trois ensemble que le passeur les laissait seul ainsi. Il espérait que cela allait finir par payer mais connaissant sa lumière comme il le connaissait, ce n'était pas gagné, se dit-il en tournant dans un couloir.

Un silence léger et apaisant s'installa autour d'eux, sans qu'aucun des deux adolescents ne veuille le rompre pour le moment. Oui, Mei appréciait beaucoup ces instants de calme avec Kagami. Elle le regardait s'empiffrer du coin de l'oeil et ce spectacle l'amusait toujours autant, comme le montrait son sourire.

_ Tu viens à l'entraînement, ce soir ? fit soudain le rouge en la regardant à son tour.

Le jeune homme sentit son coeur manquer un battement devant le sourire qu'il pourrait qualifier de tendre qu'elle affichait. Il se racla la gorge et tenta de se reprendre, ne voulant pas passer pour un idiot plus qu'il ne le faisait déjà devant elle.

_ Non, je ne pourrai pas venir, avoua-t-elle, les yeux dans le vague. J'ai un contrôle important en anglais, demain matin, donc il faut que je révise à la bibliothèque.

La mine déçue du tigre de Seirin intriguait la jeune fille à la chevelure blanche. Et puis, c'était la première fois qu'il lui posait une telle question… En tout cas, malgré sa déception de ne pas être présente, son intérêt pour elle lui faisait plaisir.

_ Oh, tant pis alors, souffla Kagami. Dans ce cas, attends-moi, on rentre ensemble.

Euh… Quoi ? C'était bien lui qui venait de lui proposer cela ? Taiga ne revenait pas d'avoir eu un tel courage. Et pourquoi son coeur dansait-il la samba dans sa poitrine ? Ce n'était pas un rendez-vous, non plus. Alors pourquoi se mettre dans un tel état de nerfs ? Peut-être parce qu'elle n'avait pas encore répondu…

_ D'accord, accepta Mei dans un sourire doux, viens me rejoindre quand l'entraînement est terminé, dans ce cas, ce sera plus simple.

Le bonheur de la lycéenne ne connaissait plus de bornes : elle allait rentrer en compagnie de Kagami, ce soir. Encore un moment seule avec lui, elle allait en profiter comme elle le pourrait.

Puis il fut l'heure de retourner en cours. C'est donc à regret que Mei se leva de la chaise où elle était installée et salua l'As de l'équipe de basket de la main avant de retourner dans sa classe. Bon, il fallait qu'elle se concentre, surtout que le cours d'anglais de cet après-midi allait être important pour son contrôle. Elle eut une dernière pensée pour Kagami et Kuroko avant l'arrivée du professeur.

Quand Kuroko revint dans la classe, il remarqua l'air presque rêveur de sa lumière. Bon il savait ce qui s'était passé, Mei l'avait averti par message. Quand bien même, le passeur avait été agréablement surpris par l'initiative du rouge. Il lui adressa un regard entendu et il obtint en réponse un soupir. Oui, il avait hâte que son amie lui raconte ce qui se serait passé pendant le chemin du retour. On ne dirait pas comme cela en le voyant, mais il ne niait pas être une véritable commère, surtout quand les sujets l'intéressaient.

OoOoOoO

Pendant l'entraînement, les coéquipiers de Kagami se posaient encore plus de questions. Était-il possible que ce soit la présence de leur manageur qui trouble leur As à ce point ? C'était plausible car, en son absence, il n'avait plus la tête ailleurs et était parfaitement concentré sur ce qu'il faisait. Oui, se disaient-ils, il y avait anguille sous roche.

Kuroko était amusé par les senpais qui semblaient un peu hésitants par rapport au rouge. En un sens, il les comprenait. Sauf que lui savait exactement ce qui se passait dans l'esprit et le coeur de Kagami. Sa lumière pouvait bien se mentir à lui-même mais pas lui mentir à lui. Bien qu'il le niait farouchement -non sans quelques rougissements révélateurs-, Kagami craquait sur la jeune fille aux cheveux de neige. Pour le passeur, c'était on ne peut plus évident. Ne manquait plus qu'à lui faire réaliser les sentiments de Mei. Bon, pour le moment, il ne s'en mêlerait pas mais si son coéquipier restait buté sur ses positions, Kuroko ne resterait pas sans rien faire.

_ Cinq minutes de pause, annonça Riko soudainement.

Essoufflé, Kagami se dirigea vers le banc pour prendre une bouteille. Bon sang, l'entraînement était vraiment difficile, aujourd'hui, se dit-il en s'aspergeant du reste de l'eau contenue dans la bouteille. Mais cela payait, oui.

Seulement, une chose manquait, tout de même. Fukuyama et sa présence chaleureuse. Jamais il n'aurait cru penser cela un jour mais il devait s'avouer qu'elle lui manquait. Un peu. S'était-il tellement habitué à sa présence qu'il estimait que c'était normal de l'avoir à ses côtés ? Peut-être mais pas seulement. Et c'était quoi ce pincement au niveau de son coeur ?

_ Je serais donc… chuchota-t-il stupéfait.

_ Amoureux ? Oui, c'est évident, acheva Kuroko comme si de rien était.

Kagami sursauta au son de la voix de son ombre qui affichait un petit sourire moqueur. Il n'arriverait jamais à détecter sa présence, c'était vraiment frustrant !

_ Arrête ça, Kuroko !

_ Que vas-tu faire, à présent ?

Qu'allait-il faire ? Taiga ne le savait pas. Le romantisme, ce n'était clairement pas son truc. Seulement, il ne voulait pas que Kuroko -ou pire encore, Aomine- se moque de lui en disant qu'il n'avait pas le courage de se déclarer. Ouais, mais le problème, c'était qu'il n'avait jamais fait ce genre de chose.

Le sifflet du coach retentit, il y reviendrait donc à la fin de l'entraînement. Mais une question le taraudait : comment le bleuté avait vu ce qu'il ressentait pour leur manageuse ? Il était décidément trop fort pour lui, soupira-t-il intérieurement avant de retourner sur le terrain avec les autres.

OoOoOoO

Cela faisait plus de deux heures et demi que Mei se trouvait bloquée sur une même notion. Elle avait beau la laisser de côté pour y revenir plus tard, elle ne parvenait pas à trouver la solution. En posant son cahier sur la table, la jeune fille soupira. Décidément, ce n'était pas son jour avec l'anglais. Elle ne parvenait pas à se concentrer comme il le faudrait… Sans doute à cause de la proposition de Kagami, s'avoua-t-elle en posant sa tête dans le creux de ses bras.

Cela n'aurait pas dû la préoccuper autant mais la blanche se demandait encore quelle idée il avait en tête pour vouloir être avec elle. Elle ne voulait pas se faire de faux espoirs et elle devait déjà s'estimer heureuse de s'être rapprochée de lui comme cela. De l'extérieur, on aurait pu les croire amis mais elle n'en était pas convaincue. Parfois, quand il ne la regardait pas, elle avait pu voir des rougissements sur ses joues et elle ne savait pas pourquoi.

Soudain, un bruit de chaise en face d'elle la fit sursauter et Mei se redressa vivement avant de se retrouver face à l'As de Seirin, venant sans doute d'arriver.

_ Tu t'en sors ?

_ Non, pas vraiment, soupira-t-elle en faisant glisser son cahier jusqu'à lui. Et l'entraînement, ça a été ?

_ Ouais.

Dire que le jeune homme était intimidé était encore en dessous de la vérité. Il serait vraiment amoureux de Mei, comme son coéquipier l'avait dit ? En se retrouvant avec elle, il devait avouer que c'était fortement possible. Bordel, il ne savait plus quoi dire, ni quoi faire ! Il était vraiment ridicule, quand il y pensait… Il devait se reprendre !

_ On y va ? fit Mei en se levant après avoir rangé ses affaires.

_ Ou… ouais.

Oh ? Mais que lui arrivait-il ? La manager de Seirin était étonnée par le comportement de Kagami. On aurait dit qu'il était retourné deux semaines en arrière, quand il avait des difficultés à lui adresser la parole. Non, elle ne voulait pas que cela recommence, pas avec le mal qu'elle avait eu à le faire parler avec elle.

_ Tu es sûr que tout va bien ? demanda-t-elle alors qu'ils quittaient ensemble la bibliothèque du lycée.

_ Evidemment ! s'emporta-t-il.

A peine avait-il crié qu'il le regrettait… Mais quel idiot, se dit-il en voyant le visage de Fukuyama s'assombrir.

_ Désolé…

_ Ne t'en fais pas, va, le rassura-t-elle avec un petit sourire. Tu n'es pas obligé de tout me dire, après tout, on se connaît à peine.

Et Mei pensait réellement ce qu'elle venait de dire, bien que cela fut quelque peu douloureux à admettre pour elle. Elle retint un soupir de résignation tandis qu'ils quittaient le lycée dans un silence de plomb. Ce n'était pas vraiment comme cela qu'elle avait imaginé ce moment où ils seraient ensemble mais cela lui apprendrait à imaginer des choses qui s'avéraient en fin de compte complètement fausses.

L'ambiance n'était pas vraiment au beau fixe, songea Taiga alors qu'il marchait à côté de la blanche. Et peut-être que c'était de sa faute, en plus… Non, il devait rattraper le coup, sinon il allait en entendre parler pendant des semaines car Kuroko ne le lâcherait pas avec cela. Et c'était hors de question !

_ J'ai besoin d'une pause, annonça-t-il soudain, je t'invite.

_ Oh, mais…

_ J'insiste, je veux me faire pardonner.

La résolution brillant dans les prunelles rouges de Kagami la convainquit d'accepter, et elle ne voulait surtout pas le froisser. Même si elle ne voyait pas en quoi il voulait se faire pardonner.

_ D'accord, ça me va, dans ce cas.

Où allait-il l'emmener ? Si c'était comme ce que Kuroko lui avait dit, ce serait au… Gagné, pensa-t-elle amusée, en voyant le Maji Burger se dessiner sous ses yeux. Puis la commande de Kagami la fit halluciner ! Oui, elle le reconnaissait maintenant : il était quasi-identique à Aomine. Ce constat la fit sourire tandis qu'elle passait sa commande à son tour.

Ils allèrent s'installer à la table habituelle du jeune homme, qu'il partageait habituellement avec son coéquipier fantôme. Malgré toute sa bonne volonté, Kagami n'en menait pas large. Cela avait toutes les apparences d'un rendez-vous, bien que cela n'en était pas un. Cette pensée le fit avaler de travers et Mei le fixait avec inquiétude.

_ Ca va ?

_ Ouais, c'est bon.

_ Ne mange pas aussi vite, lui dit-elle avant de prendre une gorgée de son thé glacé à la pêche. On a le temps, hein.

Elle n'avait pas tort, ils avaient le temps. Lui vivait seul et, d'après ce qu'elle lui avait dit, elle vivait avec sa mère et ses deux petits frères, son père étant décédé quand elle était en première année de collège. De plus, elle lui avait confié voir très peu sa mère, étant très prise par son travail. Donc elle devait s'occuper de ses frères, la plupart du temps.

Quand elle lui avait raconté cette portion de sa vie personnelle, Kagami n'avait pas su comment réagir. En général, il n'aimait pas parler de ces choses-là mais il l'avait écoutée, sentant qu'elle en avait besoin. C'était d'ailleurs depuis cette discussion qu'ils s'étaient rapprochés de plus en plus.

_ Comment vont tes frères ? s'enquit-il soudain.

_ Oh, eh bien, ils vont bien tous les deux, assura-t-elle souriante. Ils passent tous les deux dans la classe supérieure. Tomoki entre au collège Teiko et veut s'inscrire dans le club de basket. Quant à Eiji, il passe en dernière année de primaire.

_ Au club de basket de Teiko ? Le même que cet abruti d'Aomine ? Eh bah, je lui souhaite bien du courage.

Étrangement, Mei avait un sourire amusé en regardant derrière lui. Quand il le fit à son tour, il remarqua la présence de son abruti de rival, le visage renfrogné.

_ Oï Kagami, c'est qui l'abruti ?

_ Je crains que ce ne soit toi, Aomine-san, répondit la blanche avec un clin d'oeil en direction du basané.

Daiki lui envoya un regard noir avant de remarquer le clin d'oeil qu'elle lui adressa. Puis le nom de son ancien collège avait attiré son attention, il ne le niait pas.

_ Et à part ça, vous parliez de Teiko, non ? fit l'As de Too en s'installant à leur table.

_ Oui, confirma la jeune fille. Un de mes petits frères entre à Teiko, l'année prochaine, et veut suivre les traces de son basketteur préféré.

_ Oh et c'est qui ?

_ Euh… Si je dis "le seul qui peut me battre, c'est moi", ça te dit quelque chose ?

Non, mais il rêvait, là ? Elle n'était quand même pas en train de foutre de lui, si ? En plus, depuis sa défaite, il ne la sortait même plus, cette phrase… Mais en soi, Aomine était fier comme un coq. Tiens, cela lui donnait une idée, en plus…

_ La prochaine fois qu'on se voit, je viens chez toi, annonça-t-il avec un sourire carnassier.

_ Et si je ne veux pas ? s'amusa-t-elle à répliquer.

_ Tu feras avec, et puis, ton frangin sera content, non ?

_ Il risque la syncope, surtout s'il apprend qu'on est amis.

Kagami rongeait son frein pendant que son rival parlait avec Mei. Il n'aimait pas la complicité qui régnait entre eux. La jalousie le brûlait au fer rouge. Amis ? Ils étaient amis ? Heureusement, Aomine ne tarda pas à quitter les lieux, sa commande payée.

_ Oh et Kagami, sois pas si jaloux, je vais pas te la voler, ta petite Mei, balança-t-il avant de quitter le fast-food en ricanant, fier de sa boutade.

Le tigre de Seirin serrait les poings, en colère contre l'As de la Génération Miracle. Il lui prenait quoi de lancer une bombe pareille ? Il allait le dérouiller ! Au prochain duel, il allait le lui faire payer. Et puis, comment il savait ça, en plus ? Oh… Après avoir laminé Aomine, il allait sérieusement s'occuper du cas de son ombre. Il se le jura.

_ Kagami-kun, l'appela la jeune fille, hésitante, tu es… jaloux ?

Sa question, pourtant inoffensive, le figea complètement et le fit perdre son envie de vengeance. Il n'osait plus la regarder en face et ne connaissait donc pas sa réaction sur ce qu'elle avait entendu.

_ Euh… ouais, reconnut-il en se grattant la nuque.

_ Pourquoi ?

Ne pouvant refouler l'espoir qui venait de naître au fond d'elle, Mei appréhendait quand même la réponse du basketteur en face d'elle. Elle en laissa tomber ses frites et se concentra sur le beau visage de Kagami, dont les joues étaient cramoisies. Ce qui la fit rougir, à son tour.

_ Dis-moi pourquoi, j'ai besoin de savoir, insista-t-elle en posant une main frêle sur la sienne.

Ce contact le fit frissonner mais c'était une sensation des plus agréables, se dit-il en tournant enfin la tête vers elle. Dans ses yeux mauves, il pouvait voir comme un espoir ténu et en même temps, de la peur. Ainsi, elle aussi n'était pas aussi confiante qu'elle le laissait paraître… Bon, apparemment, c'était le moment. Il devait se jeter à l'eau, plus le choix. Il ne voulait pas lui mentir.

_ Parce que… je… je t'... Je t'aime, Fukuyama, voilà c'est dit.

Juste après avoir parlé, il s'était levé et était sorti du restaurant pour ne pas lui faire face. Trop la honte ! Heureusement que les commandes étaient payées… songea-t-il distraitement. Mais il n'entendit pas les bruits de pas derrière lui et sursauta quand il sentit deux bras fins entourer sa taille et un poids dans son dos.

Il l'aimait ? Kagami Taiga l'aimait, elle ? C'était donc pour cela qu'il était mal à l'aise avec elle au début, et non parce qu'il la détestait, comme elle l'avait d'abord cru. Mei esquissa un sourire radieux et se colla à lui encore plus fort.

_ Moi aussi, Kagami-kun, je t'aime, avoua-t-elle à son tour, et puis, tu n'étais pas obligé de fuir ainsi… Que va bien pouvoir dire Aomine-san ?

_ Je m'en fous de lui, soupira-t-il avant de sourire, plus détendu. Mais ne t'avise pas de lui dire, sinon…

_ Je ne ferai jamais une chose pareille, le taquina-t-elle alors qu'il lui faisait face.

Bizarrement, il ne parvenait pas à la croire. Mais peu importait, en fin de compte, se dit-il en la prenant dans ses bras. Avec elle à ses côtés, il allait devenir encore meilleur car il allait tout faire pour qu'elle soit fière de lui. Sans se douter qu'elle l'était déjà.

Alors qu'ils s'embrassaient amoureusement, Mei se dit qu'elle n'aurait non pas une mais deux personnes à remercier. En effet, chacun à leur manière, Kuroko et Aomine l'avaient aidée avec son désormais petit-ami et elle leur en serait à jamais reconnaissante. Bien sûr, cela ne l'empêcherait pas de charrier le basketteur de Too, c'était bien trop drôle pour qu'elle puisse s'en passer. Surtout si Kuroko s'y mettait avec elle.

Enfin, elle était avec celui qu'elle aimait… Cela avait été très compliqué, mais finalement, elle n'aurait pas voulu que cela se passe autrement entre eux. Maintenant, seul comptait l'avenir qui s'ouvrait devant eux et Mei espérait que leur histoire durerait longtemps.