Elfe bêta : Mokonalex

Disclaimer parce que j'ai oublié au premier chapitre : Je ne suis pas JKR, je me contente de jouer avec ses personnages...

Bonne lecture à tous !


Évidemment, le retour à l'école ne se passa pas dans la discrétion la plus totale. Severus Rogue qui jouait son rôle à la perfection, il faut bien le dire, s'époumona tout le chemin et attira l'attention sur le petit groupe. Ses dernières prestations vocales auraient pu faire rougir Maugrey Fol Œil lui-même et les trois quart des étudiants en Médicomagie de Sainte-Mangouste pourtant réputés dans ce registre. Ron, très intéressé, se rapprocha pour ne rien perdre des paroles des chansons du Maître des Potions.

Harry, toujours aussi rouge, le soutenait en se mordant la lèvre inférieure pour essayer de s'empêcher de pouffer de rire. Hermione, quant à elle, avait un air pincé, et scandalisée, envisageait d'aller se plaindre au Professeur McGonagall du comportement honteusement inapproprié de la Terreur des cachots. Dans le Hall, Harry suggéra à ses amis de remonter à la tour de Gryffondor, il allait ramener le Professeur Rogue dans ses quartiers conformément aux ordres du Professeur Dumbledore. Comme Hermione et Ron montaient le Grand Escalier, Harry entraîna Severus dans le couloir des cachots.

— Continuez à faire semblant de me soutenir, Monsieur Potter, nous pouvons encore croiser des élèves de ma Maison… murmura la Terreur débraillée.

— Ok… approuva Harry, dans un souffle.

Severus avait eu raison. Juste comme le duo insolite passait devant l'entrée de la salle commune de Serpentard, un « première année » qu'Harry ne connaissait pas en sortit, et les voyant tous les deux, il rebroussa chemin aussitôt dans le but inavoué, mais parfaitement évident, d'aller tout raconter à ses condisciples.

— Je suis maudit, gémit Harry, désespéré.

— Allons, Monsieur Potter, un peu de courage, vous avez bien tenu le coup jusqu'ici, chuchota Severus Rogue. On y est, c'est derrière le tableau de Salazar Serpentard. Le mot de passe est « Polygonum ».

Le tableau, qui avait entendu ce que Severus venait de dire, s'ouvrit sans attendre et les compères entrèrent dans le nid du serpent. Une stupéfiante lumière verte, semblable à celle émise par les hublots sous-marins qui servaient de fenêtres dans la salle commune de Serpentard, les accueillit. Harry ne put s'empêcher de pousser un petit cri de surprise.

— Whaouu ! C'est étonnant ! Le mur entier est transparent ! On voit sous l'eau ! Comment c'est possible ?

— Les cachots sont sous le Lac Noir, Monsieur Potter, révéla le Maître des lieux. Ceci me sert de fenêtre, c'est une illusion en quelque sorte.

— Vous voulez dire que ça n'existe pas ?

— Non. C'est ce qu'il y a derrière les murailles sous l'eau en fait. Parfois, j'aperçois des sirènes ou des strangulots.

Comme Harry s'approchait du mur magique pour examiner la vue sous l'eau, Severus retira sa cape et s'installa sur son canapé, les deux pieds sur la table de bois située devant.

— Monsieur Potter, je suis vraiment navré de vous avoir fait peur tout à l'heure, j'ai bien vu que vous me croyiez vraiment saoul. Je n'avais pas le choix, j'étais coincé aux Trois-Balais.

Harry quitta sa rêverie et s'approcha de son professeur.

— Asseyez-vous, Monsieur Potter, je vais vous expliquer ce qui s'est passé cet après-midi.

Le Gryffondor s'assit sans un mot près de Severus, laissant quand même une place entière libre entre eux. Le Maître des cachots se pinça l'arête du nez entre le pouce et l'index, et, les yeux fermés, soupira.

— Lucius Malefoy voulait m'entretenir impérativement sur l'avancée des opérations. À dire vrai, je suis certain qu'il souhaite que j'échoue. Au besoin, il fera tout pour ça…

— Pourquoi ? Vous êtes censés être dans le même camp !

— Sachez, Monsieur Potter, que les Malefoy voient toujours leurs intérêts avant ceux des autres, y compris celui du Seigneur des Ténèbres. Si j'échoue, ledit Seigneur des Ténèbres me punira, ou même, me tuera. Lucius prendra ma place pour cette mission, d'ailleurs il était volontaire… Lucius ne crache pas sur les jeunes hommes, il vous trouve séduisant et ne s'en cache pas.

— HEIN ? Mais ce sont des malades ! Le père, le fils ! Que des tarés ! s'exclama Harry, horrifié.

— Avec eux, pas question de faire semblant ! Je ne sais pas si vous avez entendu, mais tout à l'heure juste avant que Lucius ne s'en aille, il m'a recommandé d'être à la hauteur. Ce n'était pas une parole en l'air, il n'a pas dit ça par hasard, c'était une menace. Du moins, je l'ai prise pour telle. Donc, il voulait me voir, disais-je, et n'ayant pas grand-chose à lui raconter, j'ai décidé que je serai incapable de parler. Je me suis installé en début d'après-midi au bar et je ne l'ai pas quitté. Rosmerta m'a servi Whisky Pur Feu sur Whisky Pur Feu. J'y trempais mes lèvres sans boire et au bout d'un moment, je vidais le verre d'un Evanesco sans baguette. Au bout d'une douzaine de verres, j'étais censé ne plus être très frais. Et lorsque Lucius est arrivé, j'étais dans l'incapacité d'aligner deux mots. Il était furieux… Rosmerta lui a confirmé que j'avais passé l'après-midi à picoler et qu'elle allait appeler Dumbledore car je ne pourrais pas rentrer seul. Ça m'arrangeait, je ne voulais pas que Lucius me ramène et tente de me dessoûler pour me faire parler. Et vous êtes arrivé ! Avec votre fan-club, mais quand même… je pouvais continuer ma comédie, et nous avons réussi au-delà de mes espérances, Monsieur Potter. En ce moment, Lucius doit être vert de rage et en train de raconter au Seigneur des Ténèbres que j'avance bien dans ma mission.

— C'était brillant, Professeur, mais je ne comprends pas pourquoi vous ne lui avez pas raconté directement.

— Parce que Lucius aime voir… il veut des preuves. Donc il aurait voulu voir des scènes chaudes par légilimancie et je n'aurais pas eu d'autre choix que de lui en montrer à moins de vouloir éveiller des soupçons. Et en avons-nous des scènes de ce genre à lui montrer, Monsieur Potter ? NON ! Puisque nous faisons semblant !

— Drago a pris une photo ! pesta Harry, en serrant les points.

— Oh, demain matin elle sera à la une de la Gazette du Sorcier, soupira Severus. Les Malefoy sont très people, ils aiment faire parler d'eux dans la presse.

— Et pendant ce temps-là, le Professeur Dumbledore s'amuse et s'éclate à nous voir nous ridiculiser. Croyez-moi, il est à la fête ! râla Harry, vénéneux. Il rigolerait moins si c'était pas une comédie ! Parfois je me dis qu'il est dommage qu'il le sache, qu'on fait semblant ! Il en aurait des aigreurs d'estomac et des insomnies !

— Pas idiot ce que vous dites, Monsieur Potter… Ils s'amusent tous sur notre dos… marmonna Severus en s'adossant à son canapé, les bras étalés sur le dossier, l'air soudain songeur.

— À quoi pensez-vous, Professeur ?

— À une petite vengeance, Potter… Vous n'avez pas envie de vous amuser, vous aussi ? proposa Severus Rogue, un sourcil levé et un rictus aux lèvres. Le Seigneur des Ténèbres pense sûrement que ma mission est un succès, ça me laisse un peu de temps pour autre chose…

Harry leva sa tête qu'il tenait baissée depuis un moment, puis tourna son regard émeraude vers son professeur.

— Expliquez, Professeur Rogue. Il n'est pas question qu'ils soient les seuls à s'amuser… moi aussi je veux rigoler, répondit-il d'une voix étonnamment glacée et ferme.

— Un petit accident de potion ? C'est dans vos cordes, non ?

— Surtout si Malefoy est dans le coin. Chaque chaudron ruiné ou explosé, je le dois à son lancer d'ingrédient plus que précis, malheureusement.

— Ne croyez pas que je l'ignore, Monsieur Potter. Mais ceci est une autre histoire. Cette semaine, vous allez fabriquer de l'engrais rose pour les serres du Professeur Chourave. D'ailleurs, elle doit en manquer, si je ne m'abuse…

— C'est au programme, ça ?

— Non, ça ne l'est plus à cause des petits accidents qu'il y a eu autrefois.

— Du genre ?

— Si de l'écorce de saule en poudre est ajoutée à la préparation à la 4ème étape, le mélange explose, mais surtout il devient une puissante potion de luxure pour laquelle il n'y a quasiment aucun antidote. Je dis aucun car il faut un mois pour le fabriquer. Monsieur Malefoy n'est pas sans l'ignorer, Lucius a fait exploser plusieurs chaudrons exprès en son temps et je sais qu'il l'a raconté à Drago. Il me l'a dit. Si je révèle accidentellement à Drago que Madame Chourave a besoin en urgence d'engrais rose, il voudra obligatoirement jeter de la poudre d'écorce de saule dans votre chaudron, Monsieur Potter.

— Hééééé ! Mais il va exploser ! J'ai pas envie de me retrouver couvert de potion de luxure !

— Oh ! Mais si… il faudra vous arranger pour que nous en soyons couverts tous les deux… mais avant, à la fin de la seconde étape, vous mettrez une épine de porc-épic dans votre chaudron. Je vous ferai signe. Cela annulera les effets de l'écorce de saule. L'engrais rose aura le même aspect que la potion rose de luxure mais plus les effets. Votre père et votre parrain ont déjà essayé de me piéger ainsi, cette manœuvre a ruiné leurs espérances, à défaut de ruiner ma potion.

— Navré, Professeur, soupira Harry. Ils étaient vraiment nuls. C'était pas malin.

— Vous n'y êtes pour rien, Potter, fit Severus Rogue en lui faisant signe de laisser tomber.

— Ensuite ? Le chaudron va exploser, on en sera recouvert et on fait quoi ?

— On se fait conduire à l'infirmerie. Albus va paniquer, il connait cette sale blague. Et on va leur jouer la comédie… vous voulez parier qu'il va moins rigoler ?

— Excellent… soupira Harry, un sourire aux lèvres. Vous êtes terrible, vous savez ! Et vous jouez la comédie comme personne, ça me scie !

— Prenez-en de la graine, Monsieur Potter, et préparez-vous au pire, parce que je vous préviens, vous allez en voir de toutes les couleurs. Ah ! Ils rigolent tous… Rira bien qui rira le dernier.


Severus s'était trompé, la photo ne parut pas le lendemain, mais le surlendemain. Et lorsque les hiboux déposèrent les exemplaires de la Gazette du Sorcier devant les abonnés, pendant le petit déjeuner, le silence se fit rapidement dans la Grande Salle. Toutes les têtes se tournèrent alternativement vers l'Élu qui affichait un air stoïque à la table des Gryffondors, et vers la Chauve-souris graisseuse, cachée derrière son journal grand ouvert. Harry ouvrit l'exemplaire qu'Hedwige venait de lui apporter et regarda la Une, bien évidemment œuvre de cette peste de Rita Skeeter.

Harry Potter, l'Élu, entretient une liaison homosexuelle avec l'un de ses professeurs.

Le Garçon-Qui-A-Survécu et l'ancien Mangemort

Scandale à Poudlard ! Drago Malefoy raconte : « J'ai tout vu ! »

La photo magiquement développée utilisait cinq colonnes. On y voyait Harry, niché dans les bras de Severus la chemise largement ouverte. Le visage du Gryffondor était collé sur la poitrine nue de la Terreur des cachots qui murmurait à son oreille, une main plaquée sur le cou du jeune homme. Ensuite, on voyait Harry sursauter et se tourner violemment vers le « photographe » l'air très agité, tandis que Severus essayait de le calmer et de le serrer contre lui. La scène tournait en boucle, c'était très agaçant au bout de quelques secondes.

Harry poussa un soupir, replia le journal et regarda vers la Table Professorale. Severus, qui posait son quotidien sorcier à présent, afin de se consacrer à son assiette, lui fit une petite grimace désolée, qu'Harry lui rendit en haussant en plus les épaules d'un geste d'impuissance.

— Harry, c'est quoi, ça ? grinça Seamus Finnigan. Tu couches avec Rogue ? T'es malade ou quoi ? Moi qui étais sûr que c'étaient des conneries, toutes ces rumeurs depuis un moment !

Le ton était lancé. Ils voulaient tous savoir. Ron et Hermione baissaient le nez dans leurs assiettes. Ginny, folle de rage, fulminait en menaçant Harry d'un chauve-furie dès qu'il mettrait le nez hors de la Grande Salle. Lavande et Parvati, écrevisses, le regardaient comme si elles le voyaient pour la première fois.

— LA FERME ! GINNY ! s'énerva Harry. C'est pas tes affaires ! Je fais ce que je veux, je sors avec qui je veux, et si je veux coucher avec Rogue, je couche avec Rogue ! Et je vous interdis de vous mêler de mes affaires ! Est-ce que je m'occupe de qui vous baisez ?

Harry n'attendit pas les premières réponses à sa tirade. Il prit son sac de cours, une pile de toasts et quitta rapidement la salle sous les chuchotements. Aussitôt, le Maître des Potions se leva et quitta la Grande Salle par l'antichambre dont l'entrée était juste derrière sa chaise.

— Tu crois qu'ils vont se retrouver ? s'inquiéta Dean en s'adressant à Ron qui soupirait sans rien dire.

— Ouais…

— C'est vrai alors ? Ce que dit la Gazette ?

— Ouais…

— La vache ! J'aurais jamais pensé… merde ! C'est Rogue, il fait que l'insulter en cours !

— Et le peloter et lui rouler des pelles avant et après… gémit Ron en secouant la tête, démoralisé.

Un bruit sourd se fit entendre, les Gryffondors sursautèrent. Neville Londubat venait de tomber du banc, évanoui.


Le premier cours du mardi matin était un double cours de potions Gryffondor/Serpentard. Harry quitta donc la Grande Salle pour rejoindre le couloir des cachots, ses toasts à la main. Severus le suivit et le rattrapa, comme Ron et Dean le soupçonnaient.

— Monsieur Potter, entrez dans la classe ! dit-il au moment où il le rejoignit.

Harry entra à la suite de son Professeur qui referma la porte à clé derrière eux d'un geste de baguette.

— Je vais vous placer un peu à l'écart des autres, et je roderai autour de vous tout le cours, expliqua-t-il. Ça donnera de l'eau à leur moulin. Monsieur Malefoy sera à une distance suffisamment raisonnable pour qu'il puisse lancer sa boulette de poudre pressée. C'est comme ça que son père faisait, je pense qu'il utilisera le même truc. Je ne vous cache pas qu'il était très excité quand il a appris qu'on allait faire de l'engrais rose ce matin. J'ai donné négligemment cette information à Madame Chourave quand il est passé près de nous. Ce sot n'a pas pu s'empêcher ensuite de venir me demander si c'était sûr. Par contre, soyons prudents : il ne faut pas que d'autres élèves soient arrosés. Nous devons être les seules victimes, sinon ça ne marchera pas : tout le monde saura que la potion est inoffensive. Vous êtes prêt, Monsieur Potter ?

— Oui. Je crois que oui. Un peu le trac quand même, je n'ai jamais fait exprès de faire exploser un chaudron, Professeur.

— Vous m'en direz tant ! ricana la Terreur des cachots.

— Et si Neville fait sauter le sien avant moi ?

— Evidemment, c'est un risque à courir… MMmmm… Je vais le mettre près de Miss Granger, cette insupportable Je-Sais-Tout ne pourra pas s'empêcher de l'aider, nous serons tranquille. Vous avez quand même eu le temps de prendre un petit-déjeuner ?

— Pas vraiment, d'où ces quelques toasts, mais je crois que je n'ai pas faim, soupira Harry en faisant disparaître les toasts d'un coup de baguette. Je ne vous dis pas les réflexions que j'ai entendues de la part des autres Gryffondors, Ginny voulait même me jeter un sort, je les ai envoyés tous paître et je suis parti. Je n'ai même pas osé regarder la tête que faisaient les autres profs.

— Stoïques, pour la plupart. Choquées pour les autres. Ils m'ont un peu regardé de travers. Albus gloussait comme une vieille poule qui a trouvé un couteau, quand je suis entré dans la Grande Salle un peu avant vous. Il m'a dit que deux grands sacs de courrier, à majorité des beuglantes, nous avaient été adressés et qu'il avait chargé Dobby de s'en débarrasser.

— Merlin… gémit Harry. Tout pour plaire.

— Habituez-vous, Monsieur Potter, ça va être pire dans quelques heures… Asseyez-vous ici, fit le ténébreux Professeur de Potions, en désignant une table un peu à l'écart des autres élèves. Sortez vos affaires de cours et votre chaudron, ainsi Monsieur Weasley n'aura pas l'idée de vouloir vous faire changer de place dès son arrivée.

— Professeur Rogue, ils sont tous dans le couloir, vous entendez ?

— Il est l'heure, et ils ont envie de savoir ce qu'on fait. Prêt, Monsieur Potter ?

— Prêt, Professeur.

— Alors, l'Opération « Amusons-nous » est officiellement lancée !

— Très Serpentard, Professeur !

— Merci, Potter !

La Terreur des Gryffondors, un léger sourire sadique aux lèvres, déverrouilla la porte d'un geste de baguette, puis croisa les bras devant sa poitrine, un sourcil levé et le regard dur, prêt à accueillir les fauves dans son arène. Drago Malefoy, qui avait entendu la porte s'ouvrir, la poussa doucement.

— Entrez, Monsieur Malefoy, puisque vous êtes si pressé ! lui fit une voix sirupeuse.

Le blond ouvrit alors la porte en grand et son regard balaya le cachot. Il ricana lorsqu'il aperçut Harry Potter déjà assis à l'écart avec toutes ses affaires de prêtes sur sa table. Le jeune Gryffondor ne daigna pas lever les yeux, et son regard resta obstinément baissé, une fois que tous les élèves furent entrés et installés. Lorsque le Professeur Rogue commença à parler pour expliquer la potion du jour, Harry leva les yeux vers lui. Du coin de l'œil, il voyait Ron qui lui faisait des signes, ne comprenant pas pourquoi Harry n'était pas assis près de lui, et pourquoi Rogue avait mis Neville à sa place, entre lui et Hermione.

— Monsieur Weasley ! Dix points en moins pour Gryffondor ! Laissez-donc Harry tranquille, et concentrez-vous sur le cours ! Je vous préviens si vous ratez votre potion, ce sera une semaine de retenue avec Monsieur Rusard !

Ron étouffa un petit cri et fixa le tableau où la recette de la potion venait d'apparaître. Circulant lentement entre les tables, la voix volontairement basse et presque menaçante, le cauchemar de Neville continuait son explication.

— Madame Chourave a besoin d'engrais rose. Monsieur Londubat pourrait peut-être nous rappeler ce qu'est l'engrais rose ?

Neville avala sa salive. Bien sûr qu'il connaissait la réponse ! Hermione lui donna un coup de coude.

— C'est… le… le… mei… meilleur… engrais… qui… qui existe… pour les…cactées magiques… Professeur, balbutia le pauvre garçon, terrorisé.

— Exact. Et donc comme il manque cruellement, nous sommes dans l'obligation d'en faire ce matin. La recette est sur le tableau. Je n'admettrai aucun bavardage, aucun chahut. Allez-y !

Les élèves se levèrent pour remplir leurs chaudrons. Ils allèrent à l'armoire aux ingrédients pour se servir et ensuite les préparèrent avec leurs couteaux d'argent. Severus Rogue circulait toujours entre les tables. Comme il l'avait dit à Harry, il roda autour de lui, ce que ne manquèrent pas de remarquer les autres élèves. Drago Malefoy commença à s'agiter. Pendant quelques minutes, il chuchota avec Blaise Zabini, sans que Severus ne le reprenne. Harry avait bien mis son épine de porc-épic dans son chaudron au moment où le Professeur Rogue s'était penché pour lui murmurer l'indication à l'oreille. À présent, les deux comploteurs attendaient Drago Malefoy de pied ferme.

Stratégiquement, Severus Rogue, debout à quelques dizaines de centimètres d'Harry, lui tourna le dos quelques instants pour sembler se perdre dans la contemplation du chaudron de Neville Londubat qui pour une fois, ne semblait pas être un danger potentiel pour la classe. Du coin de l'œil, il vit Drago Malefoy se lever de sa chaise et jeter violemment quelque chose dans le chaudron d'Harry. Severus attendit d'avoir entendu le bruit typique d'une bulle qui éclate, première étape avant l'explosion du chaudron d'engrais rose, pour se retourner vers son pseudo-amant.

— Harry ? Qu'est-ce que tu as encore fait ? fit-il semblant de crier.

— Mais rien du tout, je te jure ! protesta le Gryffondor.

Le jeune homme allait en profiter pour dire que c'était sûrement un coup des Serpentards, mais il n'en eut pas le temps, le chaudron explosa brusquement, recouvrant Harry et Severus d'une substance rose et épaisse semblable à du chewing-gum liquide.

— SORTEZ TOUS DE LA CLASSE ! hurla le Monstre en robe noire à boutons. GRANGER ! ALLEZ CHERCHER LE DIRECTEUR ! VITE !

— Oui, oui, balbutia Hermione en lançant des sorts de pause sur tous les chaudrons de la classe.

Au moment où les derniers élèves quittaient affolés la classe de potion, Harry et Severus se laissaient tomber à terre, recouverts de la gluante substance.

— Monsieur Potter, nous sommes censés être recouverts de potion de luxure, appelée aussi potion rose. Dumbledore va paniquer quand il va savoir. Nous devons lui faire le plus peur possible, et pour cela, être convaincants. Poppy Pomfresh ne se laissera pas berner facilement. Je vais donc devoir me montrer entreprenant avec vous, ne le prenez pas mal.

— Je sais, soupira l'englué numéro deux. On en a parlé. Je vous laisserai faire, enfin… tant que je pourrai.

Une cavalcade de pas commençait à résonner dans le couloir des cachots.

— Déjà ? Il a dû prendre un raccourci ! pesta Rogue à voix basse. Venez ici, Potter ! La comédie commence…

Avec un soupir, Harry s'allongea par terre. L'englué numéro un, aussi connu sous le nom de Chauve-souris des cachots, se plaqua aussitôt contre lui et glissa une main collante sous la chemise débraillée du Gryffondor. Surpris, Harry émit une sorte de gloussement, puis se laissa faire, trouvant au final le contact de la main chaude très agréable sur ses abdominaux. Jouant le jeu, il passa ses deux bras autour des épaules du professeur de potions qui cacha son visage dans son cou pour faire semblant de le bécoter.

Un cri retentit à la porte.

— Albus ! Nous sommes arrivés à temps, il n'y a pas de mal ! annonça la voix de Minerva McGonagall au Directeur qui visiblement était un peu plus loin dans le couloir.

Cette déclaration amusa les deux englués enlacés qui se frottèrent l'un contre l'autre de façon presque indécente pour faire réagir les deux professeurs de métamorphose.

Dumbledore lança un sortilège sur Severus Rogue qui fut expédié à quelques mètres de là, sans dommages.

— Merlin soit loué, ils n'ont rien fait d'irréparable !

— Albus ! Comment c'est possible ça ? Ça fait des années qu'une classe n'a pas fait d'engrais rose, Severus le fait seul d'habitude. Et là, ils en font, et quelqu'un le transforme en potion rose de luxure ! Comment ont-ils su ?

— Drago Malefoy, je présume. Son père est le dernier à avoir joué à ce petit jeu ! Il a ruiné cinq chaudrons le même jour en 7ème année. Vous ne vous en souvenez pas, Minerva ?

— Oh si… soupira la vieille femme. Même les Maraudeurs n'ont pas réussi ce tour-là ! Que va-t-on faire de Severus et d'Harry ? Ils ont été arrosés tous les deux, le mal est fait !

Pendant que Minerva et Albus discutaient, les deux englués avaient entrepris de ramper l'un vers l'autre pour recommencer leur numéro.

— Par le caleçon de Merlin, fit Albus Dumbledore en nettoyant la pièce d'un coup de baguette, ce truc est glissant en plus, de quoi se casser un membre ! SEVERUS, HARRY ! Les garçons, arrêtez ça immédiatement !

Bien évidemment, les deux comploteurs faisaient la sourde oreille, et Harry, concentré, essayait à présent de défaire un par un les boutons englués de la robe noire de la Terreur des Gryffondors, qui avait lui ses deux mains sous la chemise blanche d'Harry et s'intéressait de très près, semblait-t-il, au ceinturon que portait l'Élu.

Albus Dumbledore hoqueta et les sépara d'un sortilège, et les deux hommes se retrouvèrent éloignés de quelques mètres, à quatre pattes par terre et toujours couverts de potion rose. Harry et Severus semblaient ne pas se rendre compte que quelqu'un était dans la pièce. Aussitôt, ils se dirigèrent l'un vers l'autre pour recommencer à se tripoter et faire croire à Minerva et Albus qu'ils s'embrassaient, ou du moins qu'ils allaient le faire dans moins de cinq secondes. Minerva McGonagall commençait à paniquer.

— Mais enfin, Albus, faites quelque chose ! Vous voyez bien que ça ne marche pas ! SEVERUS ! Lâchez cet enfant immédiatement ! Vous n'avez pas honte ? Vous, un professeur ! C'est un élève, par Merlin !

— Je ne comprends pas, Minerva, balbutia le Directeur en conjurant deux brancards à grosses sangles de cuir. La potion rose exacerbe les tendances à la luxure de ceux qui en sont recouverts ! Harry et Severus ont assuré être hétérosexuels et en aucun cas attirés l'un vers l'autre ! Cette situation ne devrait pas être !