Shadow : Kise et Kasamatsu ça va vite ? Ils se sont vus plusieurs fois, Ils ont déjeuné ensemble à plusieurs reprises, ils ont dîné au resto, il faut bien que les choses avancent un peu quand même ^^. Et puis, ils sont adultes et consentants ^^. Ils ont encore une soirée pizza qui les attend… J'espère que le 12 a fini par s'afficher. Merci pour ton commentaire et ta fidélité. Voici la suite, bonne lecture…
Le roman de notre histoire
Chapitre 17
Maintenant qu'Aomine lui avait montré ses méthodes de travail, Kagami devait tout donner par respect pour ce correcteur providentiel qui avait croisé sa route. Mibuchi était le seul qu'il avait connu et jamais au grand jamais, il ne se serait investi de cette façon. L'homme était trop imbu de lui-même et aurait trouvé cela dégradant. Il estimait que sa tâche était de guider l'écrivain et non pas de le motiver. Après tout, quand une personne écrit des romans, c'est que cela lui plait et que donc, elle avait déjà ce désir et cette envie en elle. Inutile de la pousser davantage, ce serait une perte de temps. Et d'argent. Telle était la vision de Mibuchi. Mais il avait remarquablement bien aidé Kagami sinon, ses livres n'auraient pas eu un tel succès.
Alors, par considération pour l'implication d'Aomine, il devait progresser encore dans son style, dans la précision de la narration sans l'alourdir. Il avait donné de sa personne pour lui faire prendre conscience de l'intérêt des détails. Ce n'était qu'avec eux, qu'il pourrait accrocher ses lecteurs et les emmener avec lui dans cette Nouvelle Rome du XXVIe siècle. Kagami avait bien vu sa fatigue après qu'il l'eut ballotté dans tous les sens sur ce fauteuil. Quel correcteur ferait ça ? Celui qui croit en l'écrivain et en son œuvre. Quel correcteur prendrait le risque de faire tomber au sol une personne qui lui fait assez confiance pour basculer en arrière, geste périlleux s'il en est, pouvant provoquer une blessure plus ou moins grave ? Aomine était grand et bien bâti pour ce qu'il avait pu constater, mais quand même. Un tel investissement lui faisait penser à celle d'un chevalier pour son roi. Pas qu'il se considère comme tel, certainement pas, mais cette notion lui paraissait très similaire à l'attitude d'Aomine. Il était entièrement au service de l'écrivain et de son œuvre. Et songeant à cela, il essayait aussi de faire abstraction des sentiments qu'il éprouvait à son égard.
Merci à Himuro, pour lui avoir ouvert les yeux ! Cette prise de conscience l'avait empêché de fermer l'œil toute la nuit ou presque. Il s'était posé des centaines de questions, mais surtout, deux. Comment était-ce arrivé ? Pourquoi était-ce arrivé ? Qu'est-ce que cet homme avait de plus qu'un autre, ou qu'une femme, pour que son cœur décide de s'accrocher à lui ? Un physique, c'était indéniable. Il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer une personne de sa taille avec une telle prestance. Il avait des traits fins, mais virils et ses yeux d'un bleu cobalt indiquaient une présence étrangère dans ses ascendants. Ils pouvaient tout autant vous envelopper comme une chaude couverture ou vous glacer jusqu'aux os. Il avait la démarche souple d'un félin et légèrement chaloupée. Mais il y avait plus que ça, plus important que des attributs physiques. Sa façon de lui tenir tête, de l'engueuler, de l'encourager, de lui expliquer ses motifs, sa gentillesse, bien que rarement exprimée, mais bien réelle. Et ses compétences indiscutables. Lorsqu'il le regardait, Kagami avait l'impression d'être la seule personne au monde qui comptait pour Aomine, qui avait de la valeur pour lui. Il avait l'art et la manière de le faire se sentir… unique ! Et c'était pour toutes ses raisons et probablement beaucoup d'autres, qu'il était tombé amoureux progressivement. Pas un coup de foudre, comme ça arrive parfois. Non, là, il s'agissait d'un sentiment qui s'était développé tout doucement, presque paisiblement, et qui attendait son heure pour éclater au grand jour. Il aurait fini par comprendre et il était certainement en train d'y parvenir, c'est pourquoi il avait posé cette question à Himuro.
Il se sentait perturbé. Ce constat l'avait profondément ébranlé. Il savait que cette attirance était réciproque, mais qu'en était-il des sentiments d'Aomine ? Et il y avait toujours cette ombre dans son regard. Il secoua la tête et décida de méditer un peu comme Kiyoshi le lui avait appris. S'il voulait travailler, il fallait qu'il puisse se concentrer et mette toutes ces interrogations de côté pour l'instant. Il serait temps d'y revenir et le correcteur attendait son texte. Il s'assit en tailleur sur un petit tapis, face à la baie vitrée qui donnait sur son jardin et ferma les yeux...
Furihata allait passer sa dernière journée dans une librairie de Tokyo. Ensuite, il partirait pour d'autres villes avec un nouveau promoteur de Touou que Kise aura briefé. Mais l'écrivain avait pris de l'assurance et il se sentait prêt pour entamer véritablement la tournée qui allait l'emmener dans les métropoles les plus importantes du pays. Il était certain que jamais cela n'aurait été possible avec Rakuzan.
— Bonjour, Furihata, fit une voix que l'auteur aurait reconnue entre des milliers.
Ce ton trop calme, légèrement mélodieux pour être franc, un peu moqueur aussi, appartenait à un homme qu'il avait craint pendant des années, Akashi Seijuro. Il leva les yeux et rencontra le regard écarlate planté dans un visage qui lui souriait. Mais l'expression d'amabilité qui s'en dégageait ne collait pas aux souvenirs qu'il en avait. Par contre il avait toujours la même élégance. Il portait un costume crème sur une chemise rouge entrouverte au col, une pochette de la même couleur, des chaussures claires et un manteau assorti à la chemise d'une nuance beaucoup plus sombre.
— Akashi ?
— Qu'est-ce que tu fais ici ? T'espionnes la concurrence ? railla Kise qui s'opposa de suite à son précédent patron à qui ce raffinement n'avait pas échappé.
— Pas du tout, je suis là pour faire dédicacer mon exemplaire… au format poche comme vous pouvez le constater…
Furihata et Kise avaient fréquenté le PDG de Rakuzan assez longtemps pour immédiatement s'apercevoir que quelque chose avait changé chez lui. C'était indéfinissable, mais c'était là et ça incitait à la plus grande prudence. Koki le comprit différemment et lui rendit son sourire.
— Ce sera avec plaisir, répondit-il en prenant le livre des mains de son ancien éditeur.
Kise resta interdit, persuadé que l'auteur allait refuser. De plus en plus perplexe, il ne quittait pas Akashi des yeux.
— Tu n'as pas un énorme groupe à faire tourner ? assena l'animateur, acerbe.
— C'est samedi, moi aussi j'ai besoin de me reposer, assura calmement le jeune homme.
— Et t'as rien trouvé d'mieux que d'venir nous ennuyer ?
Le ton était plus qu'acerbe, il était agressif. De toute évidence, Kise n'avait pas pardonné, et ne le ferait surement jamais, les méthodes utilisées dans le marketing des romans édités par Rakuzan en arrêtant toute publicité au-dessous d'un certain seuil de vente sans concertation avec l'auteur. Il trouvait ça minable et mesquin.
— Je sais pourquoi tu es parti, Kise, et j'en suis désolé…
— Tiens, voilà ton livre, intervint Furihata qui n'aimait pas la réaction du promoteur et qui craignait un esclandre. "Merci d'avoir cru en moi. Continue sur cette route, elle t'apportera le bonheur que tu recherches. Amicalement, Furihata Koki."
Akashi lut la dédicace et sourit en opinant de la tête. L'écrivain l'avait percé à jour et il en fut content. Il avait fait du mal à beaucoup de monde, mais voir que certains étaient près à lui accorder une deuxième chance lui mettait du baume au cœur et le confortait dans la décision qu'il avait prise.
— Merci, souffla-t-il en regardant Furihata droit dans les yeux pour qu'il comprenne qu'il avait parfaitement saisi le sens de son message. Bon courage pour la suite, termina-t-il avant de quitter la librairie.
— Qu'est-ce que tu as marqué ? demanda Kise d'un ton faussement indifférent parce qu'en réalité il crevait d'envie de savoir ce que contenait cette dédicace.
— Ne m'en veux pas, mais… c'est entre lui et moi, déclara l'auteur. T'as r'marqué comme il est différent ?
— C'est vrai qu'il était pas comme dans mes souv'nirs, consentit le promoteur. La prison lui aura remis les idées en place…
— Je crois que c'est bien plus que ça… Oui, je suis en train de mettre au point le prochain, j'ai beaucoup d'idée, répondit Koki en rendant son livre à un homme d'un certain âge. Merci d'avoir acheté mon roman.
Il était content de voir que le polar intéressait tous les âges et autant les hommes que les femmes. Lui qui était tombé amoureux de Sherlock Holmes alors qu'il n'avait que dix ans, il comprenait l'engouement et même, la passion des lecteurs pour le roman policier. Kise veillait au grain, et Furihata dédicaçait ses livres, le sourire aux lèvres. Soudain, ils entendirent des éclats de voix et des cris qui venaient de l'entrée de la librairie. Koki se leva pour voir de quoi il s'agissait, pensant à une dispute entre deux clients. Mais ce qu'il découvrit le statufia.
— Envoie l'pognon ! Grouille ! aboyait un homme cagoulé et brandissant un pistolet. Personne bouge ! Les portefeuilles, les téléphones, là-dedans ! ordonna-t-il à une jeune femme en lui jetant un sac en tissu tout en la visant de son arme.
Elle eut un sanglot de peur et s'exécuta, terrifiée. Elle ouvrit le sac en tremblant devant les personnes présentes afin qu'elles mettent ce que le voleur avait exigé. L'homme avait des gestes brusques en menaçant tout le monde et personne, il était très nerveux et risquait d'appuyer sur la détente involontairement et de blesser ou même de tuer quelqu'un.
— Aller ! Bouge-toi ! cria encore le braqueur en arrachant le sac des mains de la jeune femme en pleurs.
Il allait s'enfuir quand un violent coup de pied le jeta brutalement au sol deux mètres plus loin et lui fit lâcher son pistolet. Le responsable, un homme qui tenait également une arme et qui avançait tranquillement.
— Police ! Que tout le monde reste calme…
Il posa le pied sur le poignet du voleur qui tentait de récupérer son arme.
— Fais pas l'con, conseilla le policier, son arme toujours braquée sur la tête de l'homme au sol. À plat ventre, vite !
Kise regardait de tous ces yeux, subjugué par l'attitude de "son" policier qu'il trouvait incroyablement sexy. Un terrible frisson d'excitation le parcourut tout entier. Ne disait-on pas qu'être témoin de violence produisait un afflux important d'adrénaline et d'endorphine suite au stress induit par la situation ? Il éprouva également un désir intense inhérent l'agissement de Kasamatsu d'un calme olympien et d'une maitrise totale du problème. Il était complètement différent de ce qu'il avait vu jusqu'à présent. Il dégageait une telle autorité, un tel charisme que l'animateur en était bouleversé. Kise avait hâte que cette journée se termine pour retrouver Kasamatsu chez lui.
— T'as mal choisi ton jour, toi, lui dit-il en le maintenant toujours par terre. Mesdames, messieurs, vous pouvez récupérer vos biens, dit-il d'une voix forte et claire en enjoignant au patron de se charger de cette besogne. Ne quittez pas les lieux, des policiers vont venir et prendront vos dépositions…
Il avisa Kise et Furihata et leur sourit. Deux voitures de police arrivèrent toutes sirènes hurlantes et s'occupèrent du braqueur. Kasamatsu resta un moment avec eux pour recueillir les témoignages des clients et donner le sien, puis il rejoignit les deux hommes qu'il était venu voir. Enfin, c'était surtout Kise qu'il était venu voir. Il avait ressenti le besoin de s'assurer que ce qui avait eu lieu la veille entre eux n'était pas un mauvais tour de son imagination. Et dès qu'il croisa son regard mordoré, il sut qu'il n'avait pas rêvé.
— Merci lieutenant, s'écria Furihata en lui serrant la main.
— C'est rien, c'est mon job, rétorqua-t-il un peu gêné d'être au centre de l'attention.
— J'ignorais que tu portais une arme, fit Kise encore sous le choc.
— Et aussi des menottes, sourit-il.
— C'est si dangereux la brigade financière ? s'enquit l'écrivain qui voyait là une occasion d'obtenir des informations qui pourrait lui servir sans penser un seul instant que ce n'était pas forcément le bon moment.
— Pas autant que la criminelle, les stups ou les mœurs, je l'reconnais, mais nous sommes aussi des policiers avec la même formation…
— J'ai l'impression que le gérant va fermer avant l'heure, observa Kise en apercevant les deux employés en train de ranger les présentoirs comme ils le faisaient chaque soir.
— Je le lui ai conseillé… C'est très stressant de s'retrouver menacé par une arme même si elle est fausse comme ici…
— Comment ça fausse ? sursauta Koki.
— Un pistolet factice, mais ils sont tellement ressemblants que n'importe qui peut se faire avoir sous le coup de la peur...
— C'est pour ça que t'es intervenu ? questionna Kise. Tu savais que personne n'était en danger…
— Pas au début, j'étais pas sûr... Quand j'ai vu que c'était un faux, j'ai agi par réflexe…
— C'était très courageux de votre part, lieutenant…
— Je confirme, murmura l'employé de Touou. Mais comment t'as vu ça ?
— Il le bougeait trop facilement… Un jouet n'a pas du tout le même poids qu'un vrai pistolet et la façon de le manier est révélatrice…
— Un jouet ? Ça devrait être interdit ! s'écria Kise visiblement encore sous le choc et le sang chargé à bloc d'adrénaline.
— Il va falloir que j'aille au poste faire mon rapport. C'est toujours d'accord pour ce soir ? Ça va aller ?
— Oui… ne t'inquiète pas… Je serai chez toi à l'heure, répondit Kise complètement conquis avec un sourire qui ressemblait plutôt à une grimace.
— Kise, t'es tout pâle… Tu veux pas t'asseoir un moment ?
— Non, ça va mieux et ce soir ça ira encore mieux, dit-il rêveur.
— OK ! Tu m'expliqu'ras quand t'auras atterri ? demanda Furihata sur le point d'éclater de rire devant la tête ébahie de l'animateur.
— Hier on s'est embrassé après le resto et ce soir on mange chez lui…
— Ah… c'est bien, ça... ben ça avance vous deux on dirait… faut qu'on remballe, s'activa Koki en souriant.
— Euh… ouais… Lundi t'es à Yokohama, se reprit l'animateur. Le gars qui t'accompagne est très compétent, mais si t'as des doutes ou des questions, n'hésite pas à m'appeler, OK ?
— D'accord… Merci pour tout, Kise… Tu m'as énormément aidé…
— Eh ! C'est mon job ! sourit le blond qui sentait venir le moment sentimental. T'as pris de l'assurance, ça va l'faire. Aller ! On y va !
Kise ne voulait pas le montrer, mais il en avait des sueurs froides en repensant à ce braquage. Même s'il avait été raté et que personne n'avait été molesté ou blessé ou pire, il revoyait sans cesse les visages terrorisés des clients de la librairie, ce pistolet qui tournait dans tous les sens et qui visait tout le monde et personne à la fois. Il avait aussi eu l'impression que l'air avait une odeur différente, celle de la peur ressentie par toutes les personnes présentes. L'atmosphère était devenue lourde, écrasante. Il ne se souvenait plus comment il avait eu le réflexe d'envoyer un message rapide à Kasamatsu en langage SMS alors qu'il en avait horreur. "brakage vien". Il n'avait songé à aucun moment qu'il pouvait mettre en danger la vie du policier. On est bien content de pouvoir compter sur eux, quand on en a besoin. Et lorsqu'il le vit franchir la porte et maitriser le voleur, il eut un instant d'absence pour assimiler que la menace était sous contrôle. Il secoua la tête pour chasser ses images terribles de son esprit et prit une profonde inspiration. Ce soir, ils seront ensemble, et tout cela fera partie du passé. C'était là-dessus qu'il devait se concentrer…
Kasamatsu était fébrile. Kise allait arriver et il ne savait pas trop comment réagir lorsqu'il serait face à lui. Il était sous le charme, c'était certain. Et peut-être même un peu plus que ça. Ce qui l'avait surpris, c'était son attitude joueuse et séductrice. Lui n'était pas intéressé par les coups d'un soir et Kise lui plaisait vraiment beaucoup. Il y avait quelque chose de plus entre eux, il en était persuadé. Le tout était de savoir si Kise éprouvait quelque chose de similaire. S'il avait envie de faire un bout de chemin avec lui. Parce que le policier se sentait prêt à ça. La sonnette eut un son de crécelle et Kasamatsu sursauta. Quelques instants plus tard, il entendit l'ascenseur s'arrêter à son étage. Il ouvrit la porte.
— Salut,
— J'ai apporté le dessert, tu m'en veux pas ? sourit Kise en lui montrant une boite. Faut le mettre au frigo.
— Au fond, à gauche…
Le blond referma le réfrigérateur et se débarrassa de son blouson. Il avait opté pour une tenue très décontractée qui ne risquait pas les taches de pizzas ou un froissement dû à une quelconque activité plus mouvementée. Pour que tout se déroule comme il l'espérait, il fallait qu'il anticipe.
— Tu peux poser tes affaires sur ce fauteuil, lui indiqua Kasamatsu.
— Chouette ton appart. Locataire ?
— Propriétaire depuis… quatre… presque cinq ans… Assieds-toi…
— J'aime beaucoup la déco, moderne, mais pas trop, observa Kise en regardant autour de lui.
— Je suis pas souvent chez moi alors c'est plutôt secondaire à mes yeux, dit Kasamatsu en s'asseyant à son tour, ni trop loin ni trop près de son invité.
— Trop de travail ?
— Trop d'escrocs, ouais… Tu veux boire quelque chose ?
— Qu'est-ce tu m'offres ? sourit-il.
— Bière, jus de fruits, eau.
— Une bière, ça s'accorde bien avec les pizzas.
— Regarde le prospectus sur la table et dis-moi ce que tu veux commander…
— Oh, je suis pas difficile. La seule que je n'aime pas c'est celle avec de l'ananas.
— Moi non plus… Tiens…
Kise prit sa bière et avala une gorgée tout en étudiant les diverses pizzas proposées. Il ne fit pas attention au regard doux posé sur lui qui observait la moindre de ses expressions.
— Tu veux laquelle ? finit-il par demander.
— J'opte pour la Napolitaine ou la Royale, et toi ?
— On prend les deux plus une Mozza.
— Ça va pas faire beaucoup ? sursauta le promoteur ?
— Non, mais si t'en prends trois, t'as la bouteille de Chianti pour quelques yens de plus, expliqua le policier en composant le numéro de la pizzeria.
Ce fut au tour de Kise de dévisager son hôte. Depuis le braquage de l'après-midi, il n'était pas redescendu de son petit nuage. Il y avait une différence entre l'individu qu'il avait à l'instant devant lui, et celui qu'il avait vu accomplissant son devoir en protégeant la population du danger. Là, Kasamatsu était tel qu'il l'avait toujours connu. Un peu timide, parfois rugueux, mais gentil, aimable et terriblement séduisant. Alors que quelques heures plus tôt, c'était un tout autre homme. Inflexible, sûr de lui et de son autorité et dégageant une impression de sécurité comme un bouclier. Mais n'est-ce pas ce que sont les policiers ? Un rempart entre les honnêtes gens et les malfrats ?
— Une petite demi-heure… dit-il en raccrochant. T'as faim ?
— Je suis affamé… et si tu me disais comment t'es arrivé dans la brigade financière de la police en attendant les pizzas.
— J'étais en fac de gestion, je voulais bosser dans la finance.
— T'imaginais quoi ?
— Honnêtement, j'en sais trop rien. Une banque d'investissement peut-être ou courtier, gravir les échelons jusqu'au sommet, répondit-il avec un petit rire.
— Qu'est-ce qui t'as détourné de ce chemin ? s'enquit Kise en buvant une gorgée de bière.
— La caisse du fond de retraite de la société publicitaire où était employée ma mère a été piratée et totalement vidée par le patron qui avait payé un hacker. Il a été emprisonné, il y est encore d'ailleurs, mais ni l'argent ni le hacker n'ont été retrouvés.
— C'est vraiment des pourritures ceux qui font ça, cracha l'animateur avec une grimace de dégoût.
— Tu prêches un converti… Elle a travaillé dans une autre compagnie, mais des années d'épargne avaient disparu. Ça m'a beaucoup affecté de voir mes parents si tristes et en colère. Mes deux frères étaient un peu jeunes pour tout appréhender, mais ils savaient que quelque de chose de grave s'était passé. J'ai décidé de me battre pour que ça n'arrive pas à d'autres. Sauf que ça s'produit encore et que la brigade ne parvient pas toujours à arrêter ces malfrats sans foi ni loi comme on dit.
— C'est moche, laissa tomber Kise en baissant la tête. J'comprends mieux ton choix…
— Et toi ? Raconte, les éditions…
— Figure-toi que… ah ça c'est les pizzas !
— Y sont vachement rapides ce soir, observa Kasamatsu qui se leva pour aller ouvrir.
Il revint avec trois cartons plats et une bouteille de Chianti habillée de son panier d'osier caractéristique.
— Attends, fais voir, intervint Kise pour l'aider. T'as in tire-bouchon ?
— Dans le deuxième tiroir à ta droite… Ça sent trop bon !
— Et voilà le vin… Les verres ?
— Au-dessus de ta tête…
Armés de leur repas, les deux hommes retournèrent s'asseoir sur le canapé posant les pizzas sur la table basse. Kise remplit les verres et en tendit un à son compagnon qui se débattait avec des ciseaux et la Royale.
— À nous ? proposa-t-il comme toast.
— Oui… depuis hier il y a un "nous"...
Les verres à moitié pleins d'un vin grenat au parfum un peu fort et très identifiable s'entrechoquèrent et ils burent une gorgée sans se quitter des yeux. Leur relation progressa encore puisque Kasamatsu venait de confirmer qu'ils en avaient bien une alors que pour Kise c'était une évidence. Son cœur rata un battement et ses joues rosirent légèrement. Lui d'ordinaire si rayonnant, était très troublé par cette affirmation.
— Et toi ? Le monde de l'édition ? lui demanda son hôte à son tour.
— J'ai commencé chez Rakuzan, ça te parle ?
— Sérieux ? Ce pourri d'Akashi ?
— Tu crois pas si bien dire. J'ai toujours adoré lire. J'écrivais des histoires à mes personnages de séries ou de mangas préférés quand j'étais ado. Des fanfictions que j'postais sur des sites où les lecteurs laissaient des commentaires. Après mon diplôme en littérature et lettres modernes, j'ai envoyé mon premier manuscrit à un éditeur qui, bien sûr, a été refusé. Avec le recul j'me dis que c'était d'une naïveté affligeante. J'ai compris que j'devais acquérir de l'expérience dans c'domaine si je voulais un jour bosser dans l'édition. Tu veux encore du vin ?
— Oui, merci.
— Des fanfictions ? T'es sérieux ?
— Ben oui, pourquoi ?
— J'sais pas… Écris un bouquin plutôt non ?
— Les gens écrivent des histoires, j'trouve ça super au contraire. Ça permet de pratiquer la langue, de progresser en orthographe, en grammaire et tout ça. T'enrichis ton vocabulaire en cherchant des synonymes pour éviter des répétitions pour pas alourdir le texte…
— OK, j'vois qu'tu défends ce genre de littérature, sourit Kasamatsu en dévorant un morceau de pizza pas la pointe.
— C'est pas que je la défende, mais… ce sont des personnes qui aiment écrire, mais qui n'auront jamais l'temps de rédiger un véritable manuscrit... Il ne faut faire pratiquement que ça et c'n'est pas tout le monde qui peut s'permettre de s'arrêter de travailler pour se consacrer uniquement à écrire un roman, s'enflamma Kise les yeux pleins d'étoiles.
— Vu sous cet angle… j'y avais pas pensé…
— T'en as jamais lu ? Essaie et tu verras... Certains auteurs n'ont rien à envier à ceux qui vendent des milliers de livres... Ils ont un talent fou, mais pas de temps pour l'exploiter... C'est leur façon d'assouvir leur passion de l'écriture…
— J'avais jamais était confronté au monde l'édition, c'est pour ça que je ne comprends pas très bien…
— C'est normal, mais dès qu'on parle d'écriture, j'm'emballe, s'exalta Kise avec un magnifique sourire qui en disait long sur son propre attachement à la littérature.
— Et ensuite ?
— J'ai postulé chez Rakuzan pour être correcteur, poursuivit-il, et j'ai été engagé. Honnêtement, j'm'y attendais pas... On m'a confié un jeune auteur, une femme qui écrivait des histoires romantiques à l'eau de rose... Pas trop mon truc, mais elle avait un très beau style, très riche et fluide. J'avais un peu supervisé la promotion et son livre est sorti à la vente... Il a fait un tabac en particulier en numérique... Hayama, le responsable publicité, est venu me voir pour me proposer de travailler dans son équipe, j'ai accepté…
— C'est comme ça que t'es passé au marketing des romans ?
— Tout à fait… Je trouvais la stratégie commerciale plus intéressante, je m'y sentais plus à l'aise et le salaire était meilleur... Jusqu'au jour où j'me suis aperçu qu'la promo d'un livre était stoppée lorsque les ventes tombaient au-dessous d'un certain seuil déterminé par la direction... L'auteur n'était pas averti et c'était même pas notifié dans son contrat... Je suis parti et j'ai été voir Touou... Et depuis, je revis... C'est très dur de dire à un écrivain qu'on arrête le marketing parce qu'il ne vend plus assez de bouquins, termina tristement Kise dont le dégout d'une telle démarche suintait à travers ses mots.
— C'est ce que nous avait expliqué Furihata. Mais ça doit arriver à un moment, non ?
— De quoi ? Que les ventes chutent ? Bien sûr, mais là c'était la direction qui décidait… Le seuil était injustifié et trop haut… À Touou, il est bien plus bas, l'auteur est averti et en discute avec son superviseur... C'est beaucoup plus honnête...
— Eh ben… sacré parcours… Tu aurais pu être témoin dans cette affaire, finalement, observa Kasamatsu en renfilant sa panoplie de policier qu'il ne rangeait jamais très loin.
— Pas vraiment, j'avais aucun accès à l'argent, on va dire… J'ignorais tout des agissements d'Akashi… J'm'occupais que d'la publicité…
— On prend le dessert ?
— Honnêtement, j'suis plein, on le garde pour plus tard…
— T'as pris quoi ?
— Oh, j'me suis pas foulé, une tarte Amandine…
— Celle avec les poires ? sourit Kasamatsu comme ça lui était rarement arrivé.
Kise lui fit une petite grimace amusée et comprit que son compagnon était un gros gourmand. Cette idée lui en donna d'autres et il se dit qu'il allait le taquiner.
— Oh, je vois… Monsieur craque sur les pâtisseries, fit-il sur un ton mutin.
— T'as pas idée. Je m'en achète peu sinon, mon poids s'envolerait.
— Oups ! Oh merde !
— Kise !
Le Chianti était un vin traitre. Il descendait bien dans le gosier, mais on ne s'apercevait pas qu'il montait aussi très bien à la tête. Et l'animateur venait d'en faire les frais. Il s'était levé du canapé trop vite et un léger vertige lui fit perdre l'équilibre. Kasamatsu s'était précipité en avant pour lui éviter une chute douloureuse, mais emporté par son élan, Kise lui tomba dessus.
— Ça va ? Tu t'es fait mal ? demanda son hôte dont le visage était très – trop – près du sien.
— Non… Tu… Et toi ? J'tai pas blessé ?
— Ça va, t'inquiète… Tu peux te lever ?
— Mmh… pas envie… dit-il d'une voix rauque. J'suis très bien là et ça me donne une bonne excuse pour t'embrasser…
Kise ne lui laissa pas le temps d'assimiler ce qu'il venait de dire qu'il posa ses lèvres sur les siennes. D'abord surpris, Kasamatsu se laissa gagner par la chaleur de ce baiser. Il savait où tout cela allait les mener et à moins que Kise change d'avis, il comptait bien poursuivre cette soirée sur le même thème. Il enlaça son compagnon et s'installa plus confortablement sur toute la longueur du canapé.
— Tu veux toujours que je me lève ? murmura Kise en pinçant le lobe de l'oreille entre ses canines.
— Surtout pas… Hmm…
D'un coup de rein Kasamatsu se releva et son amant se retrouva assis sur ses cuisses. Ils continuèrent à se découvrir avec leur bouche et leurs mains qui venaient d'entrer dans la danse. Il ne fallut pas très longtemps pour que leurs vêtements les encombrent. Ils ne voulaient pas caresser une étoffe, mais de la peau, chaude et frissonnante, réactive au moindre effleurement. Le policier glissa ses mains sous le sweat qui lui cachait ce qu'il voulait voir et les remonta pour enlever le lui ôter. Kise n'opposa aucune résistance. Après tout, il avait affaire à un flic, non ? Il vaut mieux obéir à ces gars-là surtout que le sien avait un calibre dans la poche, et il le sentait bien. À la vue de ce torse à peine recouvert d'un fin duvet et à la musculature délicatement dessinée, Kasamatsu fondit dessus comme un prédateur sur sa proie. Il goûta enfin à sa saveur douce, un peu salée faisant naitre de petits gémissements qui charmait son oreille.
— Enlève ton t-shirt, souffla Kise entre deux soupirs de plaisir.
— Enlève-le-moi…, le provoque son compagnon.
— Faut pas m'dire des choses comme ça… J'm'enflamme très vite…
— J'avais r'marqué…
— Et donc t'es en train de m'dire que… j'peux aller plus loin ?
— Au bout du monde…
Ces paroles résonnèrent aux oreilles de Kise comme l'explosion d'un barrage qui cède sous la pression de l'eau devenue trop forte. Il arrêta de se brider et déchaina son désir. Il rallongea Kasamatsu et partit à la découverte de ce corps qu'il trouvait un peu trop habillé encore. Il se fit entreprenant et se mit à caresser son compagnon avec plus d'enthousiasme et s'il devait se fier aux soupirs et gémissements qu'il provoquait, il pouvait poursuivre sans crainte.
Lorsque sa langue s'attarda sur un téton, le sursaut de Kasamatsu faillit le jeter à bas du canapé. Il eut un gloussement satisfait et passa ses doigts le long de la ceinture du pantalon, juste sous le tissu. La chaleur qui émanait de là en disait long, très long sur l'état d'excitation de son amant. Sur son dos, il sentait les mains du policier qui se crispaient puis se détendaient en alternance lorsqu'elles ne se perdaient pas dans ses cheveux. Le bruit métallique du ceinturon débouclé sembla faire revenir Kasamatsu du pays des sensations folles où il se trouvait depuis plusieurs minutes. Et alors qu'il s'attendait à être privé de son pantalon, il vit Kise se débarrasser du sien et se rallonger sur lui avant même qu'il n'ait pu protester. De toute façon, ça n'aurait servi à rien.
— Kise…, gronda-t-il lorsque leurs peaux furent à nouveau l'une contre l'autre.
— Mmh… dois-je interrompre ce que je fais ? le taquina-t-il encore.
— Non… Mais… nnh, se crispa Kasamatsu lorsqu'une langue mutine se perdit dans son nombril.
— Mais quoi ?
— J'aim'rais ne pas rester sans rien faire…
— C'est pas l'cas, loin de là…, rétorqua Kise en revenant lutiner ses lèvres.
— Ah… et je fais quoi, selon toi ?
— Tu m'excites…
Des mots qui leur firent franchir un nouveau pas. Avec une surprenante dextérité, Kise retira son pantalon et son sous-vêtement à son amant, puisque c'est ce qu'ils étaient désormais, ainsi que le sien et le couvrit de son corps. Le déferlement de sensations électrisantes leur arracha des plaintes lascives qui amplifiaient leur désir. Kasamatsu attrapa une fesse et la tira à lui pour augmenter le contact de leurs peaux devenues moites tant la chaleur qu'elles dégageaient avait grimpé. Kise se décala et enveloppa leurs sexes d'une main tandis que de l'autre, il caressait ce beau visage qu'il avait appris à aimer.
— Tu m'rends fou… souffla-t-il à l'oreille du policier qui n'arrivait plus à penser.
— T'arrêtes… pas… surtout pas…
Et alors qu'il croyait atteindre bientôt les sommets de la folie douce, Kise descendit entre ses cuisses et le prit dans sa bouche. Un hoquet de surprise le tétanisa suivi d'un long gémissement et sa main se referma sans délicatesse sur la chevelure blonde qu'il voyait s'activer en bas de son ventre. Il savait qu'il ne résisterait pas longtemps. Il avait envie de lui depuis des jours et des jours et maintenant que les choses se concrétisaient, il craignait de ne pas pouvoir garder la maitrise de son corps.
— Arrête…, murmura-t-il, j'vais pas tenir…
— Je suis certain du contraire…
— À moi de m'amuser…
— Non… mais… attends
Il repoussa Kise et inversa leur position. Il préférait contrôler la situation plutôt que de la subir. C'était à son tour d'entendre tous ces petits bruits si excitants que faisait son compagnon alors qu'il s'ingéniait à lui faire perdre la raison. Ses caresses et ses baisers échauffaient toujours plus les sens de Kise qui ne se gênait pas pour l'exprimer. Lui aussi émit une plainte licencieuse quand il sentit une humidité chaude l'envelopper. Mais après quelques instants, il atteignit le point de rupture. Glissant une main dans la poche de son jeans au sol, il en sortit un préservatif. Il repoussa Kasamatsu et plaça la protection et leurs corps s'unirent pour n'en faire plus qu'un.
La sensation fut d'une telle intensité, qu'elle faillit avoir raison des deux amants. Il leur fallut beaucoup de sang-froid pour ne pas se laisser submerger par l'instinct primal qui domine bien souvent de tels moments. Ils échangèrent un regard brulant pendant qu'ils retrouvaient lentement la maitrise de leurs corps. Un premier mouvement de Kise leur arracha un hoquet de stupeur. Ils le désiraient à un point tel, qu'ils se demandaient s'ils n'étaient pas en train de rêver. Un geste de Kasamatsu qui souleva ses hanches les fit frémir tous les deux. Un autre et ce fut le début d'une ascension langoureuse et magnifique vers les cimes du plaisir rarement atteintes.
Ils n'étaient que râles et gémissements lascifs. Ils s'embrassaient entre deux cris, soupiraient entre deux baisers. Ils ne se posaient pas la question de savoir s'ils éprouvaient plus qu'un désir charnel. À cet instant, dominés par le feu lubrique de cette exigence physique, ils ne virent pas qu'ils étaient en train de tomber amoureux. Souvent la chair précède le sentiment, mais au final, c'est lui qui remporte la victoire. Kise crut mourir de plaisir à la sensation chaude de la main de Kasamatsu autour de son sexe impatient, pour les amener ensemble vers une délivrance aussi belle que brutale, lorsqu'elle les lamina pendant de longues secondes. Il bascula sur le torse de son amant qui le serra dans ces bras. Leurs respirations, encore hachées, s'apaisèrent doucement et chacun se mit à caresser l'autre tendrement. Ils venaient de vivre un moment unique qui, par définition, ne reviendrait jamais. La première fois où ils firent l'amour. Kise finit par se redresser et regarda l'homme qui venait de lui donner tant de bonheur.
— T'es craquant, tu l'sais ? lui dit-il en souriant légèrement.
— J'adore ton visage si expressif…
— Moi c'est toi tout entier que j'trouve expressif, répondit-il en l'embrassant tendrement. T'as pas faim ?
— Si ! éclata de rire le policier en se sentant glisser naturellement hors de ce corps qui venait de vibrer à l'unisson du sien. La tarte Amandine ?
— La tarte Amandine… Tu vois, on a bien fait de pas la manger de suite…
Après s'être débarrassé de la protection, Kasamatsu sortit deux assiettes à dessert et un couteau. Une pelle à tarte eût été de meilleur goût, mais il n'en avait pas. Alors ils firent avec les moyens du bord et retournèrent sur le canapé. Nullement gênés par leur nudité, ils savourèrent la délicieuse pâtisserie en se donnant la béquée et riant. Les sujets de conversations leur venaient naturellement, et ils étaient nombreux. Mais Kasamatsu n'arrêter jamais complètement d'être un flic et il ne put s'empêcher de poser une question qui lui trottait dans la tête depuis un bon moment.
— T'es sûr que ça va ?
— Oui, pourquoi ? demanda Kise à son tour avec une miette de tarte au coin de la bouche.
— Eh bien… Cet après-midi a été… stressant, commença son compagnon sans trop savoir comment s'y prendre avec quelqu'un qui n'est pas un criminel pendant un interrogatoire.
— Oh… ça… J'avoue que quand j'y repense j'en tremble encore, confessa le promoteur, sans honte. T'as eu mon message ?
— Oui… J'étais devant la porte en train d'app'ler des renforts. Tu sais, il existe des médecins si t'as besoin de parler… Faut pas hésiter à faire appel à eux…
— Les cellules psychologiques, je sais… Mais ça va. Je crois que parce que t'es arrivé au bon moment, que tout s'est soudainement désamorcé, je n'ai pas eu le temps d'avoir réellement peur… ou ça n'est pas… comment dire… ça s'est pas imprimer en moi, dans ma tête…
— Ton esprit a enregistré la moindre seconde, mais il préfère occulter le plus traumatisant pour se sauvegarder… C'est un mécanisme naturel de défense et de protection…
— T'inquiète pas, j'vais bien, le rassura Kise qui connaissait un peu le phénomène pour avoir déjà vu des reportages sur le sujet et des séries policières.
— J'veux juste que tu saches que t'es pas tout seul. Un d'mes collègues a aussi parlé à Furihata quand vous avez quitté la librairie… C'est important, j'voulais qu'tu l'saches…
— Merci, murmura Kise touché plus qu'il n'aurait su le dire par l'attention de son compagnon. Mais pour l'instant, ce qui est important à mes yeux, c'est d'écouler tout le stock de préservatifs que j'ai apporté…
Disant cela, il se glissa sur le corps de son amant et il lui susurra des mots qui ne pouvaient que rallumer leur désir en sommeil dans leur corps et leur esprit, car loin d'être éteint, il les embrasa encore et encore, jusqu'au bout de la nuit…
À suivre…
