Chapitre 24
Nous sommes dans la cuisine, Charlie a servi un café à Renée qui vient de lui expliquer où elle se trouvait depuis la veille. Elle lui a demandé de s'installer autour de la table avec une boisson chaude car ils ont à parler. Je me suis mise en retrait, assise en tailleur sur le plan de travail, le dos voûté pour ne pas cogner ma tête contre l'étagère du dessus.
« Je t'écoute, murmure Charlie.
« J'ai été voir le docteur Cullen, comme Bella me l'a conseillé. Il a insisté pour me garder en observation afin de pouvoir me faire toutes les analyses et examens possibles, tout ce qu'il lui a été possible de faire dans les 24h que je lui ai données.
« Il a trouvé ?
Elle secoue la tête. Elle entoure la tasse de ses mains, le regard de Charlie se pose sur ses ongles un peu noircis.
« Pour lui, je suis en train de mourir et il n'y a rien qu'il puisse faire. Ce que j'ai, ça arrive normalement à quelqu'un qui est déjà mort.
Charlie tombe de haut, il cogne son dos au dossier de la chaise et fixe ma mère d'un air choqué. Je ne suis toujours pas certaine que ce soit moi qui ai provoqué ça chez ma mère mais je le pense parce que j'ai vu ça dans mon reflet. J'essaye d'inverser les choses en me disant que si j'y pense assez fort, ça la guérirait mais les traces noires restes autour de ses yeux et sur le bord de ses ongles. J'en ai assez de tout ça, j'en ai assez des pleurs et des mauvaises nouvelles.
« Je vais me marier.
L'effet escompté se produit. Mes parents se tournent tous les deux vers moi, une expression ahurie sur leurs visages.
« Qu'est-ce... qu'est-ce que tu as dit ? Balbutie Charlie.
« Je vais épouser Edward.
« Bella, vous êtes trop jeunes, déclare Renée. Ça ne sert à rien de vous précipiter, la plupart du temps, ça ne marche pas. Regarde ton père et moi.
« Mais je ne suis pas vous et je n'ai pas le temps, de toute façon. J'ai besoin de l'accord de l'un de vous parce que je n'ai pas encore 18 ans. Les parents d'Edward sont d'accord.
« Tu es enceinte ? Demande Charlie.
« Non, je ne suis pas enceinte. Edward et moi, nous nous aimons. N'est-ce pas suffisant ?
« Non, ça ne l'est pas, affirme Charlie. Vous n'avez aucune situation. Quel avenir avez-vous ? Vous vous connaissez à peine.
« Edward est super riche, papa. Nous ne manquerons de rien, nous pouvons même faire des études.
« Et si vous divorcez ?
« On ne divorcera pas, on ne rompt pas un contrat.
« Et si vous ne vous aimez plus ?
« Je peux vivre sans, lui assuré-je. C'est ma décision, mon choix et Edward est d'accord pour se marier avec moi et même pour signer un contrat, en plus de ça. Pourquoi vous vous inquiétez pour moi et pas pour lui, en fait ? Peut-être que c'est lui qui a le plus à perdre, là-dedans ?
« Vous avez le temps, tu pourrais attendre quelques années de plus, suggère Renée.
« Non, je n'ai pas le temps, si j'attends, tu ne pourras pas assister à mon mariage.
« C'est pour ça que tu veux précipiter les choses ? Fait-elle. Non, ça ne peut pas être ça, tu ne sais que d'aujourd'hui que je vais... et tu as dit que les parents d'Edward étaient d'accord.
« Bella, c'est de la folie, assène Charlie.
« Peut-être que nous pourrions faire une fausse cérémonie, propose Renée. Comme ça, tu auras l'impression que j'y ai assisté et vous vous marierez vraiment d'ici quelques années.
« Un faux contrat ? Grimacé-je. On ne plaisante pas avec les contrats, maman.
« Ce n'est pas un faux contrat, objecte-t-elle, juste une cérémonie, pour vos fiançailles.
Je soupire. Je sens que je ne vais pas gagner alors je dois les convaincre par la peur en espérant qu'ils ne choisissent pas l'option où je serai enfermée dans une chambre matelassée.
« Je ne ressens pas d'émotion.
Les deux froncent les sourcils.
« Quoi ? Fait ma mère.
« Je ne ressens pas d'émotion. Je n'ai pas peur, je ne suis pas triste, je ne suis pas inquiète, je ne suis pas heureuse ni malheureuse, je ne sens strictement rien, émotionnellement. Autrement dit, je suis une psychopathe.
Je parlerai bien de mon don qui tue ma mère mais je ne peux pas leur révéler de trucs surnaturels parce que je suis retenue par le contrat implicite que j'ai passé avec Carlisle.
« Bella, qu'est-ce que tu racontes ?
« J'ai vu un médecin, le père d'Edward, il a fait ce diagnostique, le soir où mon pick-up a été volé. En fait, il n'a pas été volé, je suis allée à Port-Angeles et j'ai été kidnappée par un mec qui m'a pris pour une autre fille. Il voulait me tuer et ça ne m'a rien fait. J'étais consciente qu'il allait me tuer et j'étais prête à le tuer pour l'en empêcher. Et ça ne m'aurait rien fait.
Je fixe mon regard dans celui de Charlie.
« Je l'aurais tué de sang-froid et ça ne m'aurait rien fait, insisté-je. Edward sait que j'ai cette maladie, il m'aime quand même, il pense qu'il m'aimera toujours et il est prêt à m'aider pour que je ne fasse de mal à personne. C'est lui qui m'a emmenée à l'hôpital après ma mésaventure, Carlisle a vu que je ne ressentais pas d'émotion. La psychopathie n'est pas soignable, soit j'ai quelqu'un avec moi pour s'assurer que je ne fasse de mal à personne soit tu me fais enfermée dans un hôpital psychiatrique. Edward et moi préférons la première option.
« Tu es prête à laisser Edward avoir cette responsabilité sur les épaules, toute sa vie ? Me demande Charlie.
« Lui est prêt à le faire en tout cas et son père est médecin. Si un jour, il n'y arrive plus et bien... il restera l'autre option mais ça ne sera pas le divorce, on ne rompt pas un contrat. Honnêtement, je pensais que je serai celle qui abandonnerait Edward mais... j'ai besoin de lui.
« Ta mère et moi avons divorcé.
« Vous n'avez pas respecté le contrat et vous en payez peut-être les conséquences, maintenant.
La sonnette nous interrompt. Charlie se lève et va ouvrir, Renée cogite en fixant sa tasse de café. Edward apparaît suivit de Charlie, il me lance un sourire avant de porter son regard sur ma mère.
« Bonjour Renée.
Edward traverse la cuisine et me prend dans ses bras.
« Je me suis dit que tu avais besoin de soutien, me chuchote-t-il à l'oreille.
Il se place à mes côtés, la hanche contre le plan de travail.
« Tu leur as annoncé ? S'enquiert-il, faisant genre qu'il l'ignorait.
Je hoche la tête.
« Bella vient de nous annoncer que ton père lui a diagnostiqué... euh... une psychopathie ?
« Oui, c'est ce que votre fille a.
« Je n'arrive pas encore à le croire, déclare-t-il. Comme je ne crois pas à cette histoire de kidnapping. Tu me l'aurais dit, si tu avais été kidnappée, tu n'aurais pas laissé ce type s'en sortir.
« Je n'ai pas compris non plus pourquoi elle l'a laissé s'en sortir mais il ne s'en est pas sorti, je l'ai fait arrêté.
Quoi ?
« Comment ? Lui demandé-je.
« Tu as enregistré ton mot de passe MySpace sur mon téléphone, j'ai discuté avec lui en me faisant passer pour toi, je l'ai fait avouer et j'ai envoyé les preuves à la police. Il a tout avoué parce qu'il n'avait pas vraiment le choix de le faire.
« Tu as vu mon mot de passe dans les paramètres ? Demandé-je.
Il se tourne vers moi et me sourit.
« Oui.
Je ne peux empêcher mon sourire de s'afficher.
« Elle sourit, pointe Charlie. Tu ne souris pas si tu ne ressens pas d'émotion. Bella a des émotions, je l'ai vue sourire de nombreuses fois, je l'ai vue être inquiète et... elle a des émotions.
« Apprentissage par mimétisme, explique Edward. Elle sait présenter les bonnes émotions dans les bonnes situations.
« Tu m'as dit que tu étais amoureuse d'Edward, fait Charlie. Si tu ne ressens pas d'émotion...
« Je ne ressens pas ça, non plus. Je ne suis pas amoureuse d'Edward, il le sait mais je sais de quoi j'ai envie et j'ai envie de garder Edward, c'est le plus proche de l'amour que je peux offrir.
« Et tu veux quand même l'épouser ? S'inquiète Charlie auprès d'Edward.
« Moi je l'aime et je comprends que ça puisse vous faire peur mais je ne l'abandonnerai jamais et je ne cesserai jamais de l'aimer. Votre fille ne peut pas ressentir d'émotion ni de sentiment, pour ma part, mes sentiments ne peuvent pas changer. Je ne pourrais jamais cesser de l'aimer.
« J'ai besoin de parler à ton père, sur le diagnostique qu'il a posé sur ma fille.
« Je lui dirai, accorde Edward.
« Mais je ne pense toujours pas que ma fille souffre de psychopathie.
« Je pense que si, déclare Renée. Elle n'a jamais pleuré, même bébé, tu te souviens ? Elle n'a jamais eu de remord ou de regret pour les bêtises qu'elle a pu faire. Tout à l'heure, je lui ai dit que j'irai au motel quand Phil me rejoindra ici parce que je ne veux pas qu'elle me retrouve morte. Elle m'a répondu que ça ne la dérangeait pas. Charlie, tout le monde est censé être dérangé à l'idée de trouver un cadavre, alors le cadavre de sa mère...
Le dos de Charlie se voûte.
« Je suis en plein cauchemar, soupire-t-il.
« Je suis navré, lui dit Edward. Je sais que vous traversez des moments difficiles en ce moment. J'imagine que Bella a pensé que notre volonté de nous marier serait une bonne nouvelle à vos yeux. Je vous demande de réfléchir à la question, si ça vous est possible.
Charlie se rassoit sur la chaise, l'air las.
« Je dois amener Bella voir mon père, il doit lui faire passer quelques tests, si vous voulez bien.
Charlie fait sa tête de quand il est sur le point de protester.
« Je dirai à Carlisle de vous appeler pour que vous conveniez d'un rendez-vous, l'informe Edward avant qu'il n'ouvre la bouche.
Je descends du plan de travail, Edward me prend la main et m'emmène avec lui. Je monte dans la Volvo. Je regarde les maisons défiler pendant qu'il conduit.
« Je suppose que j'ai mal choisi mon moment pour leur annoncer. Ce n'est pas comme ça que je voulais m'y prendre mais... je ne sais pas, j'en avais assez de voir mon père pleurer et tu avais raison, il vaut mieux que tu me surveilles. J'ai peut-être condamné ma mère à mort et je pourrais tout aussi bien poignarder mon père.
« Je ne pense pas que tu poignarderais ton père, Bella.
Je ne pense pas non plus maintenant que je sais que je n'ai pas tué Will mais il vaut mieux qu'Edward continue de croire que je suis capable de tuer des gens. Je ne veux pas qu'il se rétracte pour le mariage, même si mon don qui s'en prend à ma mère est peut-être suffisant pour qu'il ne le fasse pas. Je tourne la tête vers lui, il regarde la route avec attention.
« Au moins, je suis sûre que je ne pourrais pas te poignarder, toi.
Son regard se pose sur moi puis il me sourit.
« Effectivement, je suis trop rapide pour toi et le couteau ne transpercerait même pas ma peau.
J'ai rendu un vampire immortel amoureux de moi et je vais probablement réussir à le piéger pour tout le reste de ma vie. Il ne sera libéré que par ma mort.
« Je croyais que Carlisle devait me faire passer des tests ? Demandé-je quand je réalise qu'il ne m'emmène pas à l'hôpital.
Il acquiesce.
« Il a amené tout ce qu'il a pu à la maison, il ne peut pas risquer que tes analyses soient vus par les humains s'ils montrent que tu es à moitié vampire. Il emmènera les échantillons qu'il prélèvera lui-même à l'hôpital pour utiliser les machines.
« Je vois. Je vais être son rat de laboratoire ?
« En quelques sortes, sourit-il.
Il gare sa voiture devant l'entrée de la villa. Nous sortons et entrons à l'intérieur. Edward m'emmène dans une partie de la villa que je ne connais pas, il me fait entrer dans une pièce qui a été aménagée comme un cabinet médical sans le fauteuil d'auscultation habituel. À la place, un simple fauteuil de relaxation.
« Carlisle, appelle Edward comme si son père était près de nous.
Carlisle arrive à ce moment là dans le couloir et entre dans la pièce.
« Tu vas bien ?
Je hoche la tête.
« Bien, installe-toi.
Il me présente le fauteuil alors je m'y installe et sourit à Edward qui me sourit aussi.
« Nous savons déjà que ta peau n'est pas solide comme la nôtre puisque je t'ai déjà fait une prise de sang. Ton cœur bat aussi régulièrement que celui d'un cœur humain, tu as une circulation sanguine normale.
Carlisle me pince la peau de mon bras.
« Ta peau est souple comme celle d'un humain et non comme celle d'un vampire qui réagit moins facilement à la pression.
« C'est vrai, la peau d'Edward ressemble à du caoutchouc.
Carlisle hoche la tête.
« Votre hypothermie, ce n'est pas une maladie, alors ?
« Non, c'est notre nature qui veut ça. Notre cœur ne bat pas et nous n'avons pas de circulation sanguine. C'est aussi pour ça que nous avons le teint blafard.
« C'est comme si vous étiez des cadavres ambulants. Pourquoi vos veines ne se nécrosent pas comme pour ma mère ?
« Parce que notre transformation nous fige au stade de quelqu'un qui vient tout juste de mourir. C'est le venin qui fait ça, c'est pour ça que notre peau est suffisamment souple. Autrement, notre peau se serait rigidifier et nous aurions de la peau nécrosée aux extrémités et autour des yeux.
« Je vois.
« Me permets-tu de te couper la peau ? Pas beaucoup, juste pour voir si tu cicatrises vite.
Je hoche la tête. Carlisle entaille la peau sur mon bras avec l'ongle de son pouce. Je pensais qu'il utiliserait un scalpel.
« Pas de scalpel ou autre ?
« Les ongles et les dents des vampires sont plus lisses et tranchants qu'un scalpel, la douleur est donc moindre puis au moins, tu ne t'es pas préparée à ressentir la douleur.
Mon sang coule sur mon bras mais Carlisle l'essuie au fur et à mesure. Quand il semble que je ne cicatrise pas mieux que n'importe qui, il nettoie la plaie avec un produit et colle un pansement sur ma plaie.
« Ta cicatrisation est normale, à première vue. Pourras-tu me dire quand il n'y aura plus la moindre marque sur ta peau ? Comme ça je saurais si le reste de la cicatrisation ne s'accélère pas.
Je hoche la tête.
« Ça ne vous donne pas envie de me manger ?
« Non, ton sang n'attise pas notre soif. Ça arrive parfois mais c'est rare. J'ai plus de 300 ans et je n'ai rencontré que deux ou trois personnes dans ce cas.
« Peut-être d'autres gens comme moi ?
« Peut-être. Je vais te faire une prise de sang, récupérer ton ADN en récoltant tes peaux mortes à l'intérieur de ta joue et en récupérant l'un de tes cheveux.
« J'ai fait deux tests génétiques pour savoir si j'étais la fille de mon père puis de ma mère, ils n'ont pas trouvé de trucs bizarres.
« Ce n'est pas le même genre d'analyse, je recherche quelque-chose de précis dans tes chromosomes que personne ne peut trouver s'il ne le cherche pas précisément.
Il me fait la prise de sang, puis le coton-tige dans ma bouche et enfin, m'arrache un cheveu.
« Voilà, je vais regarder tout ça. Pour l'ADN, je vais me rendre à l'hôpital parce que je n'ai pas l'appareil adéquate ici, en essayant de ne pas me faire remarquer. C'est donc fini, Edward et toi pouvez vaquez à vos occupations.
Edward me tend la main, j'y pose la mienne et il me relève puis m'entraîne avec lui. Il m'emmène dans sa chambre et je suis surprise de voir qu'elle a changé. Il y a désormais un lit à baldaquin dont la tête de lit est incrusté au milieu des étagères.
« Tu as un lit, remarqué-je en pointant le meuble.
Il me sourit.
« Maintenant que j'ai une petite-amie humaine ou peut-être pas tout à fait, je me suis dit que j'en aurais besoin. Et si nous l'essayions ?
Edward m'a ramenée chez moi et est reparti, il m'a dit qu'il voulait retrouver Carlisle à l'hôpital pour connaître les résultats de mes tests. L'ambiance au dîner avec mes parents a été bizarre et j'ai dû m'expliquer sur ma soirée kidnapping et avouer que je n'avais rien dit juste parce que je ne voulais pas qu'il sache que j'avais été à Port Angeles sans le lui dire. L'attitude de mes parents a été différente avec moi, tout le long du repas. Je ne sais pas s'ils commencent à avoir peur de moi ou s'ils ont seulement peur de dire quelque-chose de travers sur ma maladie.
Edward est assis sur le fauteuil de mon bureau quand j'ouvre les yeux. Je ne m'attendais pas à le trouver au réveil.
« Salut, souris-je.
« Salut Bells.
« Bells ? C'est nouveau.
« C'est comme ça que tes parents t'appellent, parfois.
« Oui, nouveau pour toi, je voulais dire. C'est Phil qui a commencé avec ce surnom et mes parents ont pris le pli.
« Je peux aussi ?
« Ouais, bien sûr.
Je m'assois en tailleur et m'étire puis laisse mes bras retomber sur la couette qui recouvre mes jambes jusque mon ventre.
« Nous avons les résultats, m'annonce-t-il.
« Je suis quoi, alors ?
« Un mystère, déclare-t-il avec une certaine solennité.
Je le fixe, attendant qu'il en dise plus.
« Aucune modification génétique dans ton ADN. Pendant notre transformation, le venin modifie une partie des informations qui compose l'ADN et ce dans toutes les cellules de notre corps, c'est douloureux, trois jours de torture. Si ton père était un vampire, la moitié de ton ADN serait de l'ADN modifié. Ce n'est pas le cas, ton père n'est pas un vampire.
« Je suis donc 100% humaine ?
Il hoche la tête.
« Rien de mystérieux, alors.
« Une partie de ton ADN manque d'informations. C'est ça qui est mystérieux.
« Qu'est-ce que ça veut dire ?
« J'en sais rien, c'est comme si tu n'avais pas fini d'être formée, comme si une partie de toi n'avait pas encore été définie.
« Ça n'a pas de sens.
« On ne sait pas trop pourquoi ni comment c'est possible. Ton ADN semble ne pas avoir révélé tout son code génétique, comme s'il attendait une mise à jour.
« Révélé, murmuré-je.
Je me penche et ouvre mon tiroir. Je récupère les préceptes et relis le mot sur la première page.
Joyeux Hollow day, mon enfant
En ce jour qui fête le début de ton introduction
voici un ouvrage qui saura te guider vers ta révélation.
L. L.
« Qu'est-ce qu'il y a ? s'intéresse Edward.
« J'ai reçu ce livre la veille de mon arrivée au lycée. Je ne sais pas qui me l'a envoyé et il n'avait pas mon adresse non plus. C'était juste un numéro de colis composé de ma date de naissance et du jour où j'ai reçu ce livre, avec en dessous, Forks, WA. 1309 1987 0703 2005. Ça m'a semblé être une coïncidence marrante, d'ailleurs.
Je lui tends le livre ouvert pour le laisser lire la page.
« "Mon enfant", prononce Edward, et ça parle de te guider vers ta révélation.
« Je me disais que mon introduction, c'était mon entrée au lycée et la révélation, un truc par rapport à être une meilleure personne que moi-même. Je ne sais pas pourquoi "Hollow day", genre, un jour creux ? Ça veut dire quoi ?
Edward referme le livre, son pouce passe sur la tranche pour jouer avec les pages puis je vois ses doigts passer dangereusement entre la première page et la couverture où est accroché le couvre-livre qui ne correspond pas au livre à l'intérieur, je me penche et le récupère avant qu'il ne découvre toute la supercherie. S'il se rend compte que j'ai reçu un livre qui m'apprend à manipuler, il peut comprendre que je le manipule ou se poser des questions qui l'amèneront à le comprendre.
« C'est peut-être mon père qui m'a envoyé ça et ses initiales sont "L. L.", dis-je pour qu'il oublie que je viens de lui arracher l'objet des mains.
« Ce que je me demande surtout, c'est en quoi "Crime et châtiment" est censé te guider vers ta révélation ?
Je ne peux pas répondre à cette question parce que je n'ai pas lu le livre.
« Je me suis posée la même question.
« Il semble que ton père veuille te faire devenir une meurtrière.
« Euh... quoi ?
« Eh bien, tu as lu le livre, non ? C'est une histoire de meurtre et le meurtrier réalise qu'il a tué pour se prouver à lui-même qu'il était capable de le faire.
« Je ne l'ai pas fini, me justifié-je. Tu m'as spoilé toute l'histoire.
« Désolé, je pensais que tu l'avais terminé, depuis.
« J'aime bien changer de livres, inventé-je. Alors je n'avance pas beaucoup dans chaque livre.
