Repas de fête
Dédicace : Joyeux Noël en avance à Crystal en espérant que tu apprécies ce petit cadeau.
Personnages : Camus du Verseau, Milo du Scorpion
Ship : Milo/Camus
Mention de : Hyoga du Cygne
Lieu : l'isba de Camus en Sibérie orientale
C'était une idée de Milo, qui avait réussi à vaguement surprendre Camus, même si cela n'avait pas dû se voir sur son expression éternellement des plus neutres. Et il y avait de quoi être pris au dépourvu par l'idée sortie comme cela un jour, alors qu'ils observaient leurs frères d'armes s'entraîner au sanctuaire. Le Scorpion avait l'art de lancer des discussions dans les moments les plus inattendus. Mais le Verseau n'était pas certain de ce qui l'avait le plus étonné dans la suggestion de son compagnon. Était-ce le fait que subitement Milo désirât célébrer Noël en tête-à-tête ? Ils ne l'avaient jamais fêté ensemble. Certes Camus le célébrait parfois avec ses disciples, qui étaient bien plus attachés à cette fête que lui. Mais cela n'avait jamais été le cas avec Milo qui ne prêtait pas de manière générale. une grande importance aux fêtes de fin d'année Cependant Camus s'était contenté d'acquiescer à l'idée. Si cela pouvait faire plaisir à son amant, il voulait bien organiser la veillée de Noël. Ou était-ce le lieu choisi le plus surprenant dans cette histoire ? La Sibérie orientale était plongée en plein hiver polaire en cette fin décembre. Et Milo n'était pas plus que cela un amateur du froid et de la neige. Cependant, il avait argumenté que le décor enneigé de cette région serait plus typique de la fête de Noël telle qu'elle était dans l'imaginaire collectif. Et encore une fois l'argument avait semblé recevable au Verseau qui avait accepté. Ou était-ce l'assurance que le Scorpion allait préparer seul le festin de réveillon qui avait de quoi le prendre par surprise ? Si ce dernier point n'était pas le plus surprenant, il était néanmoins celui qui inquiétait le plus Camus. Milo avait beaucoup de qualités, mais il n'avait jamais démontré de talent culinaire. Bien au contraire. Mais il avait catégoriquement refusé l'aide de son compagnon. Camus n'avait plus qu'à espérer que le repas serait simple. Mais vu l'enthousiasme du Scorpion pour ce repas, il en doutait sérieusement.
D'ailleurs Camus avait été mis à la porte de sa propre isba par Milo. Ce dernier avait argué avoir besoin de solitude et de temps pour préparer le festin de cette veillée de Noël. Le Verseau s'était contenté de lever les yeux au ciel, avant d'obtempérer et d'accepter de rester loin de l'isba toute la journée. Puisque le Scorpion voulait être seul, Camus en avait profité pour accompagner Hyoga jusqu'au village. Son disciple rentrait au Japon auprès de sa fratrie pour fêter Noël et le Nouvel An, laissant ainsi ses deux aînés en tête-à-tête. Et puisque que Camus était banni de chez lui pour la journée, il en avait profité pour partager un dernier repas avec le Cygne à l'auberge du village. Puis il avait généreusement proposé son aide aux villageois pour terminer la décoration du sapin ornant la place ainsi que pour installer divers jeux de lumière. Et maintenant que la nuit était tombée parsemant d'étoiles scintillantes le ciel sombre, il revenait lentement chez lui. Il pouvait distinguer les fenêtres illuminées malgré la fine neige tombant en ce soir de veillée de Noël. Camus s'arrêta sur le pas de la porte, incertain de ce qui l'attendait de l'autre côté, si ce n'était l'amour inconditionnel de Milo et son envie de lui faire plaisir.
Et quand il ouvrit la porte, la surprise fut grande et double. C'était en partie une découverte agréable et belle. Camus ne pouvait nier que Milo avait décoré sobrement et avec beaucoup de goût la pièce principale de l'isba. Il avait disposé quelques bougies pour éclairer doucement la pièce, ainsi que quelques décorations de Noël sans trop d'excès. Et dans l'âtre, un feu consumait lentement les bûches tout en réchauffant l'air. C'était un décor digne d'un conte de Noël. Par contre, l'odeur dans la pièce était la partie désagréable de la surprise. Camus plissa le nez se demandant quelle catastrophe culinaire son compagnon avait réalisé cette fois-ci. Et le besoin d'ouvrir les fenêtres en grand pour aérer l'isba l'étreignit subitement. Mais il s'en abstint, conscient que les températures extérieures étaient polaires et qu'elles ne conviendraient sûrement pas à Milo.
« Camus ?! », s'étonna Milo en se tournant pour l'observer. Et le Verseau put voir un léger éclat de panique traverser le regard bleu de son amant. « Tu es déjà de retour ? Oh mince… »
« Milo, il fait nuit. Il est passé dix-neuf heures, donc oui je suis revenu. Je n'avais de toute manière plus rien à faire au village. C'est l'heure de la veillée de Noël et du repas en famille pour tout le monde. », répondit posément Camus. Et il déposa une caisse sur la table, avant de retirer son manteau. D'ailleurs, la table n'était pas encore mise pour le repas, preuve que le Scorpion n'avait pas fini ses préparations.
« Oui, mais je n'ai pas fini de préparer le repas. Et de tout ranger pour que tout soit parfait pour notre réveillon ! Je vais tout nettoyer bien sûr. », répliqua Milo, qui tentait vainement de dissimuler le capharnaüm mis dans la partie cuisine.
Camus haussa les sourcils. Il n'était pas agacé pour un sou. L'énervement n'était pas de toute manière dans ses habitudes. Et il n'allait pas reprocher à Milo d'avoir voulu lui préparer une surprise, même si celle-ci semblait avoir viré au désastre. Il devinait tout le mal que son compagnon s'était donné pour organiser cette veillée de Noël en tête-à-tête, et pour tout rendre parfait selon ses critères. Et c'était touchant et adorable. Mais il ne comprenait pas pourquoi Milo s'était obstiné à refuser son aide systématiquement pour tout, surtout la partie cuisine. Le Verseau était plutôt un bon cuisinier, surtout si l'idée était de préparer un repas de veillée de Noël typiquement français comme l'avait annoncé le Scorpion. Il laissa son regard bleuté errer sur le plan de travail de la cuisine et les vestiges des diverses préparations de son amant. Il devinait que Milo avait pensé son festin avec soin, et qu'il avait déjà fait plusieurs tentatives. Et il était clair qu'il y avait passé la journée entière. Et Camus voulait bien y voir une preuve de l'amour inconditionnel que Milo lui portait. Il se permit même un léger sourire à l'attention de son compagnon.
« Qu'est-ce que ça sent ? », questionna le Verseau en plissant un peu le nez. L'odeur ne lui était vraiment pas agréable.
« Les escargots. J'avais trouvé une super recette, mais pas moyen d'arriver à les cuire correctement, ni à réaliser la sauce qui va avec le plat. Pourtant je te jure que je respecte la recette à la lettre. », râla Milo pour lui-même, dépité de cet échec culinaire de plus dans la préparation de ce repas.
« Des escargots ?! Comment diable as-tu pu avoir une telle idée d'entrée ? », s'étonna Camus. Il n'avait jamais préparé ou même parlé d'un tel plat avec le Scorpion. D'où lui venait donc cette idée ?
« C'est français, non ? Et c'est dans la liste des plats de fêtes de fin d'année. Je voulais te faire plaisir avec cette entrée… mais je n'arrive à rien. », grommela Milo agacé. Décidément, rien n'allait comme il voulait ce soir.
« Milo… Je n'aime pas les escargots. Je n'en mange jamais. », le coupa Camus en secouant la tête. Pour le coup, il était heureux que son amant se soit planté en les cuisinant. Refuser un plat préparé et réussi aurait été bien plus compliqué et très impoli. « Pourquoi ne m'as-tu pas demandé de l'aide pour élaborer le menu ? On pouvait se contenter d'un plat simple et le cuisiner à deux. »
Cela aurait été effectivement plus judicieux et facile à réaliser. Ils le savaient tous les deux. Un éclat de déception passa dans le regard de Milo. Il s'était donné beaucoup de mal pour sélectionner chaque plat de l'entrée au désert. Il s'était organisé pour tout réaliser lui-même, désireux d'offrir un bon repas à son compagnon qui cuisinait pour eux toute l'année. Alors certes il aurait sûrement dû s'entraîner avant aujourd'hui à préparer chaque plat, surtout qu'il n'était pas un bon cuisinier. Il préférait nettement déguster les mets que Camus leur cuisinait. Mais n'était-ce pas le but de son présent ? Son idée première était après tout de décharger son compagnon de la corvée de cuisiner pour lui permettre de profiter simplement d'un festin de fête totalement fait maison et avec tout son amour. Et Milo avait le sentiment d'avoir tout gâché. Sa trop grande confiance en lui et son impulsivité lui avaient joué un vilain tour. Un soupir déçu lui échappa. Pourtant Camus n'avait formulé aucun reproche. Le Verseau se contentait de l'observer, conscient de ce qui devait traverser l'esprit de son compagnon.
« Oui bah de toute façon… Rien n'a été comme prévu. Rien n'est mangeable. J'ai juste réussi à mettre le bordel en cuisine. Je suis vraiment désolé. J'espérais t'offrir un vrai repas de veillée et… bah il reste le pain et la baguette. », s'excusa Milo en baissant le regard vers le sol, réellement déçu d'avoir gâché ce moment en amoureux en étant trop sûr de lui.
Camus eut un sourire attendri. Même s'il n'avait pas son fameux repas de réveillon, il estimait à sa juste valeur le présent que Milo avait voulu lui offrir. Il se savait chanceux d'avoir un compagnon qui désirait à ce point lui faire plaisir. Puis tout n'était pas réellement gâché. Et c'était après tout un soir de fête. Le Verseau secoua la tête devant la mine boudeuse du Scorpion. Il contourna la table pour s'approcher et il déposa ses mains fraîches sur les joues tièdes de son compagnon pour le forcer à relever la tête. Puis il l'embrassa avec tendresse en souriant contre ses lèvres, quand il sentit Milo répondre au baiser le rendant rapidement plus passionné. Un soupir légèrement frustré échappa au Scorpion quand le Verseau mit fin à l'échange. Et il recula de deux pas pour mieux observer les traits de son compagnon. Ses doigts frais caressèrent doucement la joue du Scorpion.
« Tu n'as pas tout raté. », commenta Camus. « Ta décoration est parfaite. Et ton idée de repas surprise est adorable. Je suis heureux d'être ici avec toi. »
« Je t'aime aussi. », répondit Milo, habitué depuis longtemps aux déclarations plus qu'indirectes de son amant. Il fallait connaître Camus pour décrypter ses dires, surtout quand il s'agissait de ses sentiments. « Mais on n'a rien à manger… »
« N'en sois pas si certain. », répliqua le Verseau avec un léger sourire. « Connaissant tes dons culinaires, j'ai acheté le repas de réveillon à l'auberge. Il suffit d'aérer un peu, de nettoyer et mettre la table. Ensuite on réchauffera nos plats et on pourra profiter de cette veillée de Noël comme tu voulais l'organiser. »
Milo eut un sourire. Il n'était pas vexé de l'initiative de Camus. Après tout le principal était de partager ce moment en amoureux, loin du Sanctuaire et juste à deux. L'année prochaine, il ferait mieux que cette année. Il se sentait prêt à relever le défi à nouveau ! Et il devinait que la soirée serait des plus agréables et romantiques…
