Prompt : Aussi sombre que le Chaos


Tomber et se relever.

Bakugo avait su très jeune que les enfants ne naissaient pas tous égaux. Il était plus intelligent, plus fort que les autres, sans parler de son Alter qui était extrêmement génial ! On le mettait sur un piédestal, ses « amis » l'enviaient et en même temps voulaient passer du temps avec lui. La seule chose qui le dérangeait c'était Deku. Cet idiot de nerd sans Alter, qui continuait pourtant de le suivre. Bakugo le gardait pour lui, mais s'il repoussait Deku, s'il se moquait de lui, s'il le rabaissait c'était parce qu'il savait au fond de lui, au plus profond, que Deku ferait un meilleur super-héros que lui, même sans Alter. Personne ne le voyait sauf lui, cette façon qu'avait Deku à vouloir aider coûte que coûte même quand cela le mettait en danger.

Deku était comme un caillou dans sa chaussure.

Un talon d'Achille.

Pour le reste ?

Il n'y avait aucun problème.

Bakugo faisait en sorte d'être le meilleur et de le rester. Depuis son entrée dans le collège et sans doute même avant ça, son rêve était d'entrer à UA, de faire ses preuves, de devenir un super-héros reconnu, encore plus que son idole : All Might. Rien ne pourrait l'arrêter, parce que c'était son objectif et qu'il en avait les moyens, qu'il s'en donnait les moyens.

Arrivé en deuxième année de collège, tout se passait plutôt bien. Bakugo avait les meilleures notes, il maîtrisait assez bien son pouvoir, il était admiré par tous les nazes de sa classe. Deku passait toujours pour un minable – même s'il continuait à suivre Bakugo malgré leur relation houleuse. Bakugo était sûr de s'en sortir, que rien au monde ne pourrait le dévier de sa route.

Rien au monde n'aurait dû le dévier de sa route.

Bakugo se chopa une grippe de l'Enfer, le genre qui vous met à plat, au point de difficilement pouvoir se traîner hors du lit rien que pour aller aux toilettes. Une maladie, ça pouvait arriver, ce n'était pas la première fois – l'adolescent se rappelait de sa varicelle quand il était gamin – et sans doute pas la dernière, mais ce n'était jamais agréable d'être malade. Surtout qu'il suait beaucoup et sans le vouloir, faisait des étincelles. Sa mère faisait de son mieux et finit par l'emmener voir un médecin, inquiète par ses poussées de fièvre qui ne disparaissaient pas. Bakugo fut examiné, on lui donna une ordonnance de médicaments à prendre et fut renvoyé chez lui.

Il aurait dû sentir à ce moment-là que quelque chose n'allait pas. Il aurait dû le voir. Mais il était trop fiévreux, trop fatigué, pas assez présent dans son corps et son esprit. Il voulait seulement dormir en espérant qu'en se réveillant, cette maladie de merde serait passée.

Et elle passa. La fièvre se calma, Bakugo arrêta de cracher ses poumons chaque fois qu'il toussait. Il se sentit petit à petit beaucoup mieux, mais même en pleine forme, il eut l'impression que quelque chose clochait. Comme quand vous rentrez dans votre chambre et qu'un objet n'est plus à sa place, mais que vous n'arrivez pas à trouver lequel.

Bakugo fut soulagé de pouvoir retourner en cours, il ne voulait prendre aucun retard. Quand on visait une école comme UA, il fallait mettre toutes ses chances de son côté.

Au collège, ils apprenaient les cours généraux. Maths, littératures, histoires, etc., mais ils avaient aussi des cours plus spécifiques notamment en sport où ils pouvaient utiliser leurs Alters et s'entraîner. Bakugo était bon partout, et il admettait que Deku n'était pas loin derrière lui. S'il avait eu un Alter, il l'aurait sans doute dépassé – ce qui effrayait Bakugo (même s'il ne l'admettrait jamais à voix haute).

— Prêt à te faire exploser en sport le nerd ? se moqua-t-il en passant à côté de Deku.

Ce dernier avait les jambes flageolantes, mais il regarda quand même Bakugo droit dans les yeux. Ce qui énerva le blond, qui ronchonna et avança plus vite.

Dans la classe de Bakugo, il y avait clairement des gens avec des Alters de naze, et celui de Bakugo était le meilleur, comme pour le reste. Chacun et chacune s'attendaient à ce qu'encore une fois le blond obtienne le meilleur score. Jusqu'à ce qu'il essaye d'utiliser son Alter, tout se passa comme d'habitude.

Quand on avait un Alter depuis petit, c'était quasiment instinctif de l'utiliser, ce n'était pas nécessaire d'y réfléchir, d'y penser, c'était comme marcher ou lever les bras en l'air. Alors quand Bakugo utilisa sa transpiration pour faire exploser des cibles, il ne s'attendait pas à ce que rien ne se passe. Genre, rien du tout.

Bakugo retenta sa chance, cette fois-ci en y pensant, en faisant marcher les rouages de son cerveau qui activait son Alter.

Et rien.

Toujours rien.

C'était une mauvaise blague n'est-ce pas ?

Il essaya, essaya, essaya, se rendant compte que le silence se faisait petit à petit autour de lui alors que ses camarades de classe l'observaient.

Que se passait-il bordel ? Son pouvoir ne lui avait jamais, jamais, jamais fait défaut. Ce n'était rien. Il fallait juste que Bakugo respire, retrouve ses esprits. Sa maladie l'avait peut-être un peu bloqué, rouillée, mais ça allait revenir. Ça allait revenir. N'est-ce pas ?

Mais rien.

Que dalle.

Même le prof le regardait sans rien dire.

Et Bakugo n'y arrivait pas, il n'y arrivait plus. Sa sueur n'explosait plus. Il serra les dents et là une voix coupa le silence :

— Kacchan, est-ce que ça va ?

Le blond se tourna vers Deku et se mit à lui hurler dessus, comme s'il était responsable de ce qui était en train de se passer :

— Mais tu vas fermer ta grande gueule un jour toi ?

Deku ne se recula même pas, alimentant la fureur de Bakugo. Il aurait dû exploser, littéralement, mais même en rage, son Alter ne s'activait plus et il ne savait pas pourquoi. Il ne savait pas pourquoi putain !

Il regarda autour de lui, et il pouvait voir les regards de ceux qui l'avaient toujours admiré se transformer en pitié. En pitié pour lui.

— Bordel, je vais tous vous crever ! cria-t-il.

Avant de quitter le terrain de sport, sans écouter le prof qui le rappelait. Bakugo se changea et rentra directement chez lui, séchant le reste des cours. Quelque chose qu'il n'avait jamais fait.

C'était juste un cauchemar et il allait bientôt se réveiller.

Son pouvoir allait se réactiver.

Sur tout le trajet du retour vers chez lui, il essaya et essaya encore d'utiliser son Alter, en vain. Il rentra chez lui complètement apeuré, dans un état nerveux frôlant la crise. Sa mère était là, elle ouvrit la bouche, sans doute pour lui gueuler dessus parce qu'il aurait dû être au collège au vu de l'heure, mais quand elle vit la tête de son fils, elle se calma.

— Qu'est-ce qu'il y a Katsuki ? demanda-t-elle doucement.

— Je dois voir un médecin, répondit Bakugo en tremblant, mon Alter ne fonctionne plus.

xxx

Le médecin qu'ils allèrent voir était un spécialiste des Alters. Il l'avait examiné sous toutes les coutures sans trouver quoi que ce soit qui cloche, il n'avait aucune idée de pourquoi l'Alter de Bakugo ne fonctionnait plus, ni ce qu'il fallait faire le pour le guérir. Bakugo était tellement flippé, que sa mère demanda l'avis d'un autre spécialiste pour obtenir les mêmes réponses. On ne savait rien. C'était comme si l'Alter de Bakugo s'était volatilisé et qu'il n'y avait rien à faire.

Le blond finissait par péter un câble sur les médecins et sa mère devait calmer ses crises de nerfs.

— Ce n'est pas possible, ce n'est pas possible, ce n'est pas possible, répétait-il.

Et Mituski ne savait que faire devant la détresse de son fils.

Au bout d'une semaine de recherches, d'examens divers, il fallait se faire une raison, Bakugo n'avait plus d'Alter. Et il devait retourner en cours.

Au début ses camarades l'accueillir comme ils le faisaient toujours. Comme s'il était déjà un super-héros, comme s'il était déjà à Yuei. Bakugo leur répondit à peine, il alla s'asseoir à sa place, les mains dans les poches. Il n'écouta aucun cours, il ne faisait que regarder ses mains. Quand ce fut l'heure pour les élèves d'aller entraîner leurs Alters, Bakugo resta assis à sa place. Il envoya chier le prof qui lui ordonnait de venir. Il se retrouva puni et dut rester en classe pour écrire une lettre d'excuses.

Il ne pourrait pas éternellement cacher le fait qu'il n'avait plus d'Alter. Surtout pas aux yeux émeraude qui le regardaient toujours.

— Tu te sens bien Kacchan ? demanda Deku en revenant du cours de sport.

— Ta gueule le nerd, ne m'approche pas, je ne veux pas que ta maladie m'atteigne.

— Je ne suis pas malade !

— C'est ça, ronchonna Bakugo.

Deku n'insista pas.

Bakugo n'eut plus eu le choix au bout du troisième jour, il alla en cours de sport, et n'utilisa pas ses pouvoirs qu'il ne pouvait plus utiliser et les élèves finirent par comprendre ce qu'il se passait. L'un d'eux peut-être moins admiratif de Bakugo osa lancer :

— Tu n'as plus ton Alter ?

Le silence de Bakugo fut assez éloquent. Tout le monde se regarda et quelqu'un d'autre lança :

— Alors tu n'es plus qu'un naze sans Alter ?

Et quelqu'un rit, bientôt suivi par d'autres, jusqu'à ce que toute la classe le pointe du doigt en riant.

— Tu risques de moins faire le malin maintenant ! lança-t-on.

— J'ai toujours détesté ce mec, fit un autre, et maintenant il est devenu aussi nul que Deku.

Et les rires fusèrent de plus belle, même le prof s'y mit.

Bakugo resta là, paralysé. Lui qui ne manquait jamais de beugler ou menacer, qui avait un caractère bien trempé, ne put que rester silencieux devant ce cauchemar. Le seul qui ne se moqua pas, le seul qui resta tout aussi muet que lui, c'était Deku. Leurs yeux se croisèrent et Bakugo se réveilla enfin :

— Allez tous vous faire foutre, gueula-t-il, je vais tous vous buter !

— Et tu feras comment sans Alter, le naze ? lança un des élèves.

Bakugo fonça droit sur lui et même sans pouvoir, il lui enfonça son poing dans la figure :

— Même sans Alter je peux te crever !

Les rires s'arrêtèrent enfin, mais le prof passa un savon à Bakugo et l'envoya dans le bureau du directeur où il recevrait sa punition. Comme il était un bon élève, il ne reçut que quelques heures de colle. Bakugo s'en foutait.

Il pensait peut-être que les choses se tasseraient, mais bien vite, il se rendit compte que son statut avait changé. Bakunaze, comme ils disaient, était maintenant considéré comme un nul, on ne lui parlait pas, on le montrait du doigt, on riait sur son passage. Au début il gueulait, menaçait, mais petit à petit, il baissa les armes. Il n'avait plus d'Alter, il ne valait plus rien à leurs yeux. Il n'était pas mieux que le petit nerd de Deku.

En fait il était même encore pire que lui, parce que Deku avait ce quelque chose du super héros qui manquait à Bakugo.

C'est quand il entra dans la classe et qu'un seau d'eau glacé lui tomba sur la tronche qu'il comprit.

— Est-ce que ça va ? s'inquiéta sincèrement Deku.

Bakugo l'ignora. Il était foutu. Toute sa vie ne serait plus qu'une vaste blague pour les autres, il ne vaudrait plus rien, il ne serait plus personne, et il pouvait dire adieu à Yuei.

Alors à quoi bon ?

Il s'enferma ce soir-là dans sa chambre et refusa d'en sortir le lendemain. Il se recroquevilla sur lui-même. Au début il avait encore la force d'envoyer paître sa mère, la traitant de vieille et de sorcière comme il l'avait toujours fait, mais petit à petit, il n'eut même plus la force de simplement lui dire de dégager.

Bakugo avait toujours été sur un piédestal et il tombait droit en Enfer, d'un coup, comme ça, sans même savoir pourquoi ni comment. Du jour au lendemain les rôles s'étaient renversés, il était passé du meilleur à plus personne – ou à celui dont on se moque, à celui dont on marche dessus en rigolant. Malgré le fait qu'il ait toujours eu beaucoup de caractère, qu'il se soit toujours battu pour être à la hauteur, tout à coup il se sentait simplement las. Il repensait aux regards de pitié de ceux qui l'avaient toujours admiré, puis à leurs railleries, leurs paroles blessantes. Pas un seul ne l'avait défendu alors qu'avant ils lui mangeaient presque dans la main. Le seul qui s'était inquiété pour lui c'était ce sale nerd de Deku, mais il ne voulait pas de sa pitié, surtout pas de lui. Deku devait bien se réjouir au fond, se dire que c'était « bien fait », penser que Bakugo l'avait mérité. « Tu vois ce que ça fait maintenant » devait-il penser.

Enfermé dans sa chambre malgré les coups répétitifs de sa mère contre la porte, Bakugo ne sortait que pour se laver et faire ses besoins. Il mangeait dans sa piaule les repas que sa mère finissait par lui laisser devant la porte.

Elle l'appelait, le suppliait, elle l'engueulait ou pleurait (ouais sa mère possédait des larmes), mais Bakugo était hermétique. Tous les jours il s'entraînait à se servir de son Alter, sans aucun résultat, et même l'espoir de le voir réapparaître un jour s'amenuisait. Son humeur devenait de plus en plus sombre, aussi sombre que le Chaos.

Il ne sut pas combien de temps passa exactement, les jours se mélangeaient dans sa tête, quand on frappa à sa porte. Sans doute sa mère encore, pour lui parler. Mais la voix qui résonna derrière la paroi n'était pas celle de sa mère.

— Kacchan ?

Bakugo sentit une chaleur se réveiller dans son corps.

— C'est moi, c'est Izuku, on peut parler ?

Le blond ouvrit la porte d'un coup, si violemment que le battant cogna contre le mur de sa chambre :

— Quoi ? Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il agressif.

— Je suis venu te voir.

— Voir quoi ? Prendre ton pied parce que je suis réduit à devenir un naze comme toi ? Ou pire tu te dis qu'on peut redevenir amis maintenant parce que je ne vaux pas mieux que toi ?

— Ce n'est pas ça, fit Deku.

Mais la colère de Bakugo montait trop vite pour qu'il l'écoute :

— Je ne suis pas comme toi Deku, je ne suis pas un naze comme toi, tu ne vaux rien du tout toi, tu ne vaux rien depuis toujours !

Les mots touchèrent la cible puisque Deku recula d'un pas comme blessé par les paroles :

— Alors, casse-toi de chez moi, je ne veux plus jamais voir ta sale tronche !

— Je sais ce que c'est, tenta Deku, je sais ce que tu ressens.

— Non ! Tu n'as aucune idée de ce que je ressens, je ne veux pas ni de ton aide ni de ta pitié ! Casse-toi !

Deku ouvrit la bouche, mais Bakugo ne lui laissa pas le temps de parler, il attrapa la première chose à sa portée, un mug posé là et il l'envoya sur Deku. Ratant sa cible, la tasse se brisa contre le mur.

— Je veux plus t'entendre ni te voir !

Et il lui claqua la porte au nez. Deku dut repartir sur la pointe des pieds. Bakugo entendit qu'on nettoyait les débris de la tasse dans le couloir et puis plus rien. Il appuya son dos contre la porte et se laissa glisser jusqu'au sol. Il se recroquevilla sur lui-même. Il se faisait pitié. Il était lamentable et minable. Il n'était plus rien.

Sa mère vint frapper à sa porte peu de temps après.

— Je comprends que tu souffres et que tu sois en colère, mais t'en prendre à Izuku est stupide Katsuki.

Elle criait à travers la paroi qui les séparait. Bakugo aurait voulu se boucher les oreilles.

— Izuku est le seul à ne pas te rejeter, il est le seul à vraiment te comprendre.

— Je m'en fous, hurla Bakugo, il a juste pitié de moi, ou il se sent supérieur à moi !

— Izuku n'est pas comme ça crétin de fils !

Bakugo se recroquevilla sur lui-même encore un peu plus. Il le savait, dans le fond, il le savait.

— Tu sais ce qu'il est en train de faire pendant que tu terres dans ta chambre ? Il cherche un moyen de te rendre ton Alter. Il cherche une solution. Tous les autres se moquent de toi, te rabaissent, mais lui non, lui il te trouve toujours incroyable, il me l'a dit.

Bakugo ferma les yeux.

« Kacchan est incroyable avec ou sans son Alter » voilà ce qu'il pense. Mais comme il sait que tu souffres, il veut t'aider à trouver une solution ! Et toi tu lui jettes une tasse dessus !

Bakugo se mit à pleurer. Il le savait qu'il avait été injuste avec Deku, il le savait, mais sa peine et sa peur avaient toutes les deux pris le dessus et il avait lâché ses nerfs sur la seule personne qui pouvait le comprendre et l'aider. Il avait si mal. Si mal. Il finit par se lever et ouvrit la porte à sa mère. Celle-ci le prit dans ses bras :

— Mon chéri, dit-elle, on va trouver une solution.

— Et s'il n'y avait pas de solution ? Et si j'étais devenu un naze sans Alter ?

— Déjà, même sans Alter, tu ne seras jamais un naze et ceux qui le pensent, ce sont eux les nazes.

— Mais je ne vaux plus rien.

— C'est complètement faux. Tu vaux quelque chose, tu ne peux pas te définir qu'au travers de ton Alter.

Bakugo laissa sa mère le serrer plus fort et caresser ses cheveux. Ils n'étaient pas toujours tendres l'un avec l'autre, mais là ils étaient mères et fils et Bakugo avait besoin de Mitsuki.

— C'est dur, avoua-t-il, de voir le regard des gens changer. Je comprends ce qu'a ressenti Deku toute sa vie.

— Alors tu devrais lui donner ta confiance.

Bakugo se recula, sa mère essuya ses larmes avec ses pouces et le fils acquiesça.

— Et ceux qui ne sont pas contents, tu les emmerdes ! lâcha-t-elle.

Derrière ses larmes il eut un très fin sourire, mais c'était déjà satisfaisant. Mitsuki décoiffa son fils.

— Tu te sens prêt à retourner à l'école ? Et leur montrer que tu n'as pas peur d'une bande de nazes avec ou sans Alter.

Un instant, Bakugo hésita, la peur reprit le dessus en repensant à tous les regards pesants sur lui, puis il décida d'être plus fort que ça. Il allait tous les buter et ça réglerait le problème.

— Oui, dit-il.

Finalement tout ça c'était grâce à Deku. Il n'aurait vraiment pas dû le traiter comme il l'avait fait. Aujourd'hui et tous les autres jours avant celui-là. Et malgré ses mauvais traitements, Deku cherchait une solution tandis que Bakugo se terrait dans sa chambre.

— Tu viens diner ?

— Oui.

— Parfait.

Mitsuki embrassa sa joue et son fils fit semblant de grimacer. Bakugo allait se reprendre.

xxx

Même si Bakugo était du genre courageux, ce ne fut pas facile de retourner au collège, et quand il traversa la grille et qu'il entendit ricaner autour de lui, son cœur se serra. Non, il devait être plus fort, il ne devait pas craindre ceux qui riaient de lui, il devait leur montrer qu'il était plus fort que ça. Il releva la tête, jeta des regards autour de lui comme s'il allait tous les buter rien qu'avec les yeux. Il aperçut Deku plus loin et l'appela :

— Deku !

Le garçon se retourna vers lui.

— Kacchan ?

Bakugo le rejoignit :

— On va en cours ensemble.

Ce n'était pas une question, mais une injonction. Izuku le regarda, les yeux ronds comme des billes, sous l'étonnement. Bakugo grommela :

— Fais pas cette tête et suis-moi.

Deku obtempéra tout en gardant quand même un œil surpris. En chemin il chuchota à l'attention de Bakugo :

— Tu es sûr ?

— Certain.

Bakugo poussa la porte de la classe et rentra avec Deku à sa suite. Les élèves déjà présents les regardèrent, et quelqu'un fit la remarque que Bakugo était sûr de recevoir :

— Bakugo s'est trouvé un copain aussi naze que lui.

Le blond eut un sourire mauvais et balança :

— On est peut-être des nazes, mais ton Alter de merde qui te permet seulement d'agrandir tes yeux, il va te servir à quoi dans la vie ? Peut-être à déchiffrer les panneaux de loin.

Un silence se fit, un autre élève intervint :

— Ouais, mais nous on a des Alters.

— Tu peux causer, ta seule utilité c'est d'être une girafe avec ton long cou. Je préfère encore ne pas avoir d'Alter que d'en avoir des aussi nuls que les vôtres.

Puis il s'esclaffa méchamment et alla s'asseoir à sa place. Deku le regarda avec l'air totalement impressionné, tandis que les autres se regardaient sans trouver comment répondre.

Bien fait, pensa Bakugo.

Le prof arriva enfin, chaque élève regagna sa place et quand les yeux de l'enseignant se posèrent sur Bakugo, il constata :

— Tu es revenu.

Bakugo ne répondit rien puisque c'était plutôt évident :

— Tu as retrouvé ton Alter ?

— Non.

Le blond vit bien dans le regard de son prof tout son mépris et sa moquerie, cela le blessa un peu puisqu'avant ce dernier le regardait avec admiration comme tous les autres, mais tant pis, tant pis. Il arriverait à se battre et se défendre, avec ou sans Alter. Il y arriverait.

Le cours commença comme à son habitude, d'abord par les matières générales où Bakugo et Deku se battaient les deux premières places du classement. Là-dessus, rien n'avait changé.

Bakugo attendait les cours de sport et ceux d'entraînement aux Alters. Il voulait prouver qu'il n'était pas un naze, aux autres, mais surtout à lui-même. Il avait compris que pour Deku, il était toujours incroyable, il l'avait toujours été et il le serait sans doute toujours, et Bakugo ne voulait pas le décevoir en abandonnant, ni même se décevoir lui-même.

Il n'avait plus d'Alter, mais il courrait vite, il lançait loin, il était doué pour viser. D'habitude lors d'un sport d'équipe comme le foot ou le basket, Bakugo était soit le capitaine d'une équipe, soit on se battait pour l'avoir. Aujourd'hui, il attendit à côté de Deku que quelqu'un le désigne. Ce qui lui donna la rage au cœur et au ventre.

Comment Deku faisait-il pour rester aussi calme ? Bakugo avait l'impression qu'il allait exploser, et ça ne faisait pas si longtemps que ça qu'il n'avait plus d'Alter. Deku subissait ça depuis ses quatre ans, lui, et il restait planté là avec un sourire un peu bête. Peut-être qu'il avait tellement l'habitude que ça ne lui faisait plus rien, ou peut-être qu'il se sentait mal, mais ne le montrait plus. Quand enfin on appela son nom, Bakugo rejoignit son équipe et immédiatement il grogna :

— Vous avez intérêt de bien jouer les nazes, je veux pas perdre à cause de vos conneries !

On le fusilla des yeux et Bakugo prit cela comme une avancée. Aujourd'hui c'était basket. Facile, il pouvait exploser tout le monde sans utiliser d'Alter. Il était doué, il était souple et rapide, il réagissait vite et analysait bien le terrain. Très vite il mit deux paniers, puis trois. Son équipe commença à l'encourager et à lui faire plus de passe.

Bakugo eut un de ces sourires carnassiers et fier de lui-même. Il aurait pu rester prostré sur lui-même, caché dans sa chambre, ne plus jamais en bouger ou en sortir. Finalement celui qui l'avait sauvé, c'était Deku.

Après les cours, Bakugo invita Deku chez lui. Cela n'était plus arrivé depuis des années et Deku lui demanda au moins trois fois s'il était sûr de lui.

— Putain Deku, tu viens et tu fais pas chier, râla Bakugo, à moins que tu aies plus intéressant à faire ailleurs ?

— C'est juste que… hésita Deku, ben tu n'avais pas l'air très heureux de me voir la dernière fois alors…

Bakugo s'arrêta. Il regarda longuement Deku et se mordit l'intérieur des joues. Il n'avait pas l'habitude de s'excuser, il ne le faisait presque jamais, les mots ne lui vinrent pas naturellement.

— Je… J'ai été con, admit-il, je me suis mal comporté avec toi, je suis désolé.

Deku le regarda avec ses grands yeux verts étonnés, puis sourit :

— C'est rien Kacchan, dit-il.

— Si c'est quelque chose, insista Bakugo. Je t'ai fait du mal, pas seulement la dernière fois, mais depuis presque toujours. Je suis désolé pour tout ça, répéta-t-il.

Le sourire de Deku s'agrandit. Bakugo gêné appuya sa paume de main sur le visage de Deku et le repoussa doucement :

— Allez viens, au lieu de sourire comme un imbécile.

Deku le suivit.

xxx

Deku et Bakugo s'installèrent sur le lit du blond et le premier sortit un cahier de notes de son sac.

— Sale nerd, maugréa Bakugo.

Deku l'ignora.

— Ce qu'il faudrait c'est retracer les événements que tu as vécus et savoir à quel moment ton Alter a disparu, dit-il. Si on sait quand ça s'est passé, on peut trouver le comment et le pourquoi, et si on trouve ça, on peut éventuellement trouver une solution.

— Et s'il n'y a pas de solution ?

Deku le regarda avec l'air déterminé :

— Il y en aura une.

— Et s'il n'y en a pas ? insista Bakugo.

Son ami d'enfance soupira.

— S'il s'avérait qu'il n'y en a pas, alors tu feras comme moi, tu te battras de toutes tes forces pour prouver que tu peux être un super-héros même sans Alter. Parce que tu peux en être un Kacchan, je le sais.

— Je ne pourrai jamais entrer à Yuei sans pouvoir.

— Tu trouveras un moyen, insista Deku.

Bakugo fronça les sourcils, avant de dire :

— C'est dingue que j'ai jamais remarqué à quel point tu crois en moi.

Les joues de Deku rosirent et il marmonna :

— On ne peut pas dire que tu faisais vraiment attention à moi, à part pour tenter de me terroriser.

C'était vrai. C'était ce qu'avait fait Bakugo, il ne pouvait pas le nier.

— Je vais être plus attentif à toi à partir de maintenant.

Deku rougit encore plus.

— Je vais vérifier si tu es capable de me rattraper !

— J'en suis capable ! assura Deku.

Bakugo sourit en coin :

— On verra ça.

Puis il revint sur le sujet initial :

— Bon, alors faut que je réfléchisse à quand aurait pu disparaître mon Alter.

— Exactement.

— C'est pas une question si difficile, je suis tombé malade, une grosse grippe. Avant j'avais toujours mon Alter, et après je ne l'avais plus.

— On n'a jamais entendu parler d'une grippe qui pouvait détruire l'Alter.

— Alors soit c'est une première, soit il y a autre chose qui nous échappe.

Bakugo réfléchit longuement puis finit par dire :

— Au début de ma maladie, je transpirais beaucoup avec la fièvre et je contrôlais mal mon pouvoir du coup mes bras et mains faisaient des petites étincelles.

— Donc au début, tu avais toujours ton Alter, écrivit Deku.

— Oui !

— À quel moment ça s'est arrêté ?

Bakugo n'en savait rien, il était trop dans le gaz à cause de la fièvre. Il n'allait pas bien du tout, ce n'était pas simple de voir l'avant et l'après.

— Je ne sais pas, avoua-t-il, je me suis rendu compte que je l'ai perdu que lorsque je suis retourné à l'école quand je n'ai pas réussi à m'en servir. J'avais pourtant un pressentiment, comme si quelque chose me manquait, mais je n'ai pas pensé un seul instant que j'avais perdu mon Alter.

Deku prenait des notes, fronçait ses sourcils, il réfléchissait.

— Il n'y a pas eu d'événement marquant qui pourrait aider ?

— Non, je ne pense pas. Ou alors j'ai oublié. On pourrait demander à ma mère, c'est elle qui s'est occupée de moi.

Retrouvant son sourire, Deku acquiesça. Bakugo n'avait jamais remarqué à quel point les traits de son visage étaient expressifs. On lisait facilement son humeur. Pas d'hypocrisie comme pour les autres élèves de la classe. Il était sincère autant quand il lui disait qu'il l'admirait que pour le reste. Aurait-il été pareil s'il avait eu un Alter, se demanda Bakugo. Mais il connaissait déjà la réponse : oui.

Deku n'aurait jamais traité un sans Alter comme Bakugo et les autres l'avaient fait. Il l'aurait accompagné, encouragé, défendu également. Ainsi qu'il le faisait présentement avec Bakugo, qui ne le méritait nullement. Il se sentait bête et puéril maintenant qu'il repensait à son comportement. Il se sentait menacé par l'héroïsme naturel de Deku, et se comportait pas mieux qu'un vilain. Le nerd ne lui en voulait pas et pourtant il aurait dû.

Deku pouvait vraiment être innocent et naïf.

Mignon.

Bakugo secoua la tête pour chasser ses stupides pensées. Quand sa mère rentra, les deux garçons allèrent lui poser des questions. Deku mena « l'interrogatoire » avec un grand sérieux.

— Vous souvenez-vous d'un événement qui aurait eu lieu pendant la maladie de Kacchan ?

— Pas que je sache, répondit-elle.

— Réfléchissez-y, un détail, n'importe quoi, qui vous reviendrait.

Mitsuki prit son temps pour y réfléchir comme lui avait demandé Deku et Bakugo, tout impatient, la pressa :

— Allez la sorcière, il y a bien quelque chose !

— J'ai beau y penser, mais il n'y a rien, dit-elle. Tu étais malade et je t'ai emmené voir un médecin qui t'a fourni des médicaments et puis doucement tu as guéri. Il n'y a rien d'anormal.

Deku interrogea :

— Quels étaient les médicaments ?

Et si c'était ça la réponse ? Des médicaments qui avaient fait disparaitre son Alter ou le bloquaient d'une façon ou d'une autre ?

La mère alla les chercher dans l'armoire à pharmacie et les donna à Deku.

— C'était de simples médicaments contre la fièvre et la toux. Katsuki en avait déjà pris sans problème.

Deku consciencieux nota le nom des médicaments sur son carnet, il lut les modes d'emploi et dans les effets indésirables il n'était pas question de perte d'un Alter. Cela avait l'air de médicaments tout simple comme le disait Mitsuki, et Bakugo soupira. Ce n'était pas eux qui étaient en cause, il y avait autre chose. Autre chose, mais quoi ?

— Comment s'appelait le médecin ? demanda Deku. Peut-être qu'on pourrait aller le voir et qu'il pourra nous en dire plus.

Mitsuki se demanda pourquoi elle n'y avait pas pensé plus tôt. Bakugo aussi. La mère donna le nom du médecin, mais expliqua aux garçons qu'elle allait se charger de l'appeler et d'aller le voir pour tenter d'en apprendre plus.

— J'ai peur qu'il ne vous prenne pas au sérieux.

— Parce qu'on n'a pas d'Alter ? s'informa Bakugo.

— Parce que vous êtes des gamins, rétorqua la mère.

— Je suis pas un gamin vieille sorcière.

Sa mère lui donna une petite tape sur la tête :

— Gamin ! railla-t-elle.

Bakugo ronchonna puis se rendit compte que Deku les observait avec un sourire un peu malicieux, alors il se calma et son regard envers Deku se fit plus tendre, sans même qu'il n'en prenne conscience.

xxx

Le médecin resta hermétique face à Mitsuki. Il disait voir plein de gens et ne même pas se souvenir de Katsuki Bakugo. Mais la femme insista, lui montra une photo de son fils, lui rappela les symptômes qu'il avait énumérés en parlant du gamin. Il secoua la tête, il insista tellement sur le fait qu'il ne se souvenait pas de Bakugo, que Mitsuki eut des doutes quant à ce qu'il disait. D'habitude, personne n'oubliait son fils, pas même quand il avait de la fièvre.

— Il vous avait même menacé de vous maudire sur cinq générations si les médicaments ne faisaient pas effet.

— Je ne vois pas.

Il mentait, Mitsuki le sentait. On n'oubliait pas ce genre de choses, un gamin désagréable malgré sa grippe, ça restait en tête. Elle voulait bien qu'il ne se souvienne pas en détail de toute la séance, mais qu'il ait complètement oublié ce patient en particulier ? C'était des conneries.

Et quelles raisons cet homme aurait-il pu avoir pour mentir ? Qu'est-ce que ça lui coûtait de dire « oui je me souviens de votre fils malpoli » ?

Mitsuki trouva cela plutôt étrange.

Son fils aussi.

Bakugo, quand il eut les informations de sa mère, en parla à Deku dès le lendemain à l'école. Ce dernier commença à réfléchir à voix haute, marmonnant des tas de trucs que seul lui comprenait. Ce nerd, pensa Bakugo. Il le laissa divaguer et entra dans la classe pour aller s'asseoir à sa place. Deku fit la même chose, sans cesser de murmurer, et quand il fut assis à sa place, il commença à prendre des notes. Bakugo ne put s'empêcher de sourire, amusé. Merde alors, pourquoi n'avait-il jamais fait plus attention à Deku ? Ce mec savait tout sur ses héros préférés, et prenait des notes sur les nouveaux. Il réfléchissait à toute vitesse, comme maintenant, et avait ce côté attachant.

Bakugo l'avait toujours repoussé.

Il le regrettait désormais. Trop de temps avait passé, trop de choses s'étaient déroulées. S'il était resté ami avec Deku au lieu de l'écrabouiller, tout aurait été différent. En mieux sans doute. Bakugo comprenait trop tard – car le mal était fait – qu'il n'aurait jamais dû brimer Deku, mais le protéger.

Maintenant, il n'avait plus d'Alter, et c'était Deku qui cherchait comment l'aider.

Ça lui faisait quelque chose.

Ça le remuait.

Il aurait pu être en colère, se sentir si faible qu'il ait besoin qu'on l'aide, qu'un naze l'aide. Mais Deku était tout sauf un naze et Bakugo n'était pas si faible. Demander de l'aide pouvait être une force, non ? Ranger sa fierté un moment et compter sur quelqu'un, ce n'était pas si mal.

À la pause déjeuner, les deux garçons s'installèrent pour manger ensemble.

— Je dois aller chercher sur Internet, fit Deku, le nom du médecin que ta mère a donné.

Il sortit son portable en touchant à peine à son assiette. Il lui faut plusieurs minutes de recherches, alors au bout d'un moment, Bakugo lui arrache l'appareil des mains.

— Mange un peu d'abord, dit-il.

— Mais…

— Mais les informations ne vont pas disparaitre, alors mange d'abord.

Deku s'exécuta. Il paraissait étonné et perplexe.

— Quoi ? maugréa Bakugo.

— C'est juste que j'ai pas l'habitude, fit Deku.

— Pas l'habitude de quoi ?

— Que tu te préoccupes de moi.

Bakugo sentit son visage chauffer de gêne et aboya :

— Mange et tais-toi !

Deku eut un sourire chaleureux qui retourna le cœur de Bakugo et commença à manger. Après le repas, Bakugo s'approcha de Deku pour regarder par-dessus son portable. Les indications qu'il trouva sur le médecin ne correspondaient pas à ce qu'avait dit Mitsuki. Selon la mère de Bakugo, l'homme était assez jeune, portait des lunettes et une moustache. Bakugo s'en souvenait vaguement parce que le médecin n'arrêtait pas de la triturer et que ce geste l'avait agacé. Alors que l'homme à qui appartenait ce nom était un vieux médecin à la retraite, chauve et glabre.

— De toute évidence, ce n'est pas lui, conclut Bakugo.

— Alors qui est ce médecin qui t'a « soigné » ?

— Un imposteur.

— Et s'il s'est créé une fausse identité pour pouvoir travailler comme médecin… commença Deku.

— Alors peut-être que c'est pour voler les Alters les plus intéressants des gens.

— Et qu'il s'en est pris à toi, termina Deku.

Les deux garçons se regardèrent, comprenant ce qu'il se passait.

— Si on l'arrête, on pourra surement récupérer ton Alter, Kacchan.

— Sauf si l'acte est irréversible.

— Il ne le sera pas ! fit Deku en fronçant les sourcils.

Maintenant, ils devaient réfléchir à ce qu'ils devaient faire. Ce n'était pas comme s'ils pouvaient se rendre dans le cabinet, tout faire exploser et menacer le médecin. Deku n'avait pas d'Alter, Bakugo n'avait plus d'Alter.

— On doit demander de l'aide, fit Deku.

Bakugo n'était pas chaud pour ça, mais Deku sortit de son sac un de ces fameux carnets et le feuilleta :

— Il y a bien un super-héros qui pourra nous écouter et enquêter.

— Ou alors on va dans son cabinet, on casse tout et on le menace.

— Et s'il a un Alter très puissant ?

Bakugo savait que Deku avait raison, mais demander de l'aide lui coûtait. Il aurait voulu régler tout ça seul avec son ami d'enfance.

— Et comment on trouve un super-héros ? soupira Bakugo. Ce n'est pas comme si on avait leur numéro personnel.

Deku n'écoutait pas et marmonnait :

— All Might est le meilleur super-héros, mais il doit être hyper occupé avec des vilains super puissants.

— Bien sûr qu'All Might est occupé, grommela Bakugo, on parle d'All Might.

— Et Endeavor ? proposa Deku.

— C'est le numéro deux, ce sera pareil, il aura autre chose à faire que s'occuper de deux gamins.

Deku continua de tourner les pages, cherchant une solution.

— On peut demander à tes parents, non ?

— Ce ne sont pas des super-héros, grommela Bakugo pas chaud pour mettre ses propres parents en danger.

— Non je veux dire qu'ils pourraient peut-être nous aider à contacter un héros.

Bakugo acquiesça tandis que Deku ajoutait :

— Je pense que si son but est de voler des Alters, tu ne dois pas être la seule victime, cela pourrait alerter les héros pour qu'ils nous aident.

— Mais on n'entend pas du tout parler de héros qui perdent leurs Alters.

— Peut-être parce que, comme pour toi, la société les écrase et cesse de les prendre au sérieux, au lieu de s'en inquiéter. Peut-être que ce sont des gens qui se replient sur eux-mêmes.

— Et qui n'ont pas de Deku pour les aider, ajouta Bakugo.

Deku se mit à rougir :

— Ce n'est pas ce que je voulais dire.

— Je sais, fit Bakugo, je te taquine et ça fonctionne.

Le visage de Deku devint rouge écrevisse jusqu'aux oreilles et il tenta de reprendre son sérieux :

— En tout cas tes parents auront peut-être une idée, je peux aussi en parler à ma mère, et tous les trois ils pourront faire entendre leur voix.

Bakugo finit par accepter.

Mitsuki fut évidemment furieuse quand elle apprit que le médecin qui avait soigné son fils n'était pas celui qu'il disait être, et qu'elle s'était fait mener par le bout du nez. Mettant, par la même occasion, son fils en danger. Très caractérielle, il fallut la patience de son mari et d'Inko, la mère de Deku, pour la calmer et la dissuader d'aller casser la figure au faux médecin.

Il y avait bien sûr des moyens de prendre contact avec des héros, mais comment faire quand on n'avait aucune preuve, juste une intuition bancale. Les super-héros apparaissaient souvent quand les vilains attaquaient la ville, tentaient de cambrioler une banque, faisaient quelque chose de concret. Là ? On avait juste un gamin qui avait perdu son Alter et rien ne pouvait prouver que le médecin en était vraiment responsable.

Ça pouvait être la grippe.

Ça pouvait être autre chose.

Il n'y avait pas de danger immédiat, rien à sauver rapidement, seulement des allégations.

Ils pouvaient en parler à la police, déposer une plainte, mais si la police enquêtait, est-ce que ça ne mettrait pas la puce à l'oreille à ce faux médecin et qu'il ne disparaitrait pas pour toujours emmenant avec lui l'Alter volé de Bakugo ?

C'était compliqué de faire un choix, et Mitsuki proposa qu'ils aillent tout casser et menacer l'homme. Proposition qui fut bien entendu rejetée par tous, sauf par son fils qui pensait pareil.

— On fait quoi alors ? On attend là ? Que ce mec fasse je ne sais quoi avec l'Alter de mon gamin et de ceux qu'il va continuer de voler ? râla Mitsuki.

Inko tenta de l'apaiser :

— On réfléchit, dit-elle, on va trouver une solution.

Deku était extrêmement silencieux, laissant les adultes parler entre eux. Il réfléchissait, lui aussi, à un moyen d'attaquer ce faux médecin. De forcer quelqu'un à les écouter. De forcer les super-héros à agir.

— Il faut que Kacchan soit en danger, lâcha-t-il soudainement au milieu de la conversation.

— Pardon ? fit Mitsuki.

— Il faut mettre Kacchan en danger, cela attirera les super-héros, et on pourra peut-être leur expliquer la situation.

— On ne met pas mon fils en danger !

— Bien sûr que non, se rattrapa Deku, pas pour de vrai. Je ne veux pas que Kacchan risque sa vie, mais on fait semblant, comme un jeu. Les super héros viennent, Kacchan peut s'expliquer et ils font quelque chose. Enfin, j'espère.

— Et quel danger peut encourir Katsuki ? demanda Mitsuki.

— Je peux péter les plombs et vouloir le pousser du toit, dit Deku.

— C'est hors de question, intervint sa mère, tu ne ferais jamais une chose pareille.

— Je ne vais pas le faire, on le met juste en scène !

Bakugo leva un sourcil :

— Sauf que tu es un très mauvais menteur Deku, dit-il.

— Peut-être, mais on peut quand même essayer non ?

Bakugo fixa Deku et son air déterminé. Il était prêt à aller jusque là s'il fallait pour rendre son Alter à son ami d'enfance. Ils discutèrent d'un plan longuement tandis que le soir survenait.

C'était étrange, le sentiment qui remontait dans la poitrine de Bakugo. Deku semblait vraiment déterminé à tout faire pour lui, tandis que Bakugo, tout ce qu'il avait accompli à propos de Deku c'était de le rabaisser et de l'humilier.

Quand ils se retrouvèrent seuls, il ne put s'empêcher de demander :

— Pourquoi tu fais tout ça Deku ?

— Parce que je veux t'aider.

— Mais pourquoi tu veux m'aider ? Tu devrais te réjouir non ? Je récolte ce que j'ai semé.

— N'importe quoi, fit Deku. Personne ne mérite ça et surtout pas toi.

Bakugo hésita avant de demander :

— Tu fais tout ça parce que c'est moi ou tu ferais pareil pour n'importe qui ?

— J'aiderais n'importe qui, fit Deku.

Le blond eut une mine déçue jusqu'à ce que l'autre ajoute :

— Mais tout ce que je fais là, c'est pour toi que je le fais.

Bakugo se sentit rougir et balaya les mots de Deku de la main.

— Ça ne veut rien dire, tu aiderais n'importe qui, mais tu le fais pour moi, c'est paradoxal !

— Je ne sais pas bien expliquer, s'excusa Deku. Disons juste que si quelqu'un d'autre avait perdu son Alter dans le collège, je l'aurais soutenu bien sûr, mais pas autant que je le fais avec toi.

— Et pourquoi ?

— Parce que tu es spécial Kacchan.

Puis semblant se rendre compte de ses paroles, Deku devint rouge coquelicot et détourna les yeux.

— Je… Ce que je veux dire, c'est que je t'admire et…

Bakugo laissa Deku bafouiller, chercher ses mots, avec l'air à la fois amusé et attendri. Il s'approcha de Deku sans y penser, plongeant ses yeux rouges dans les émeraudes de l'autre.

— Je suis spécial pour toi ?

Deku finit cramoisi et tenta de rattraper la situation en bégayant des trucs incompréhensibles.

Bakugo avait envie de l'embrasser.

Cette envie fut si soudaine comme sortit de nulle part qu'il fit un pas en arrière. À la base il voulait seulement taquiner Deku, pourquoi cette pensée ? Pourquoi regardait-il les lèvres de Deku avec envie ? Qu'est-ce qui lui prenait ? Il secoua la tête, tenta de reprendre ses esprits, alors que Deku continuait de bredouiller. Mais ses pensées confuses ne s'en allèrent pas pour autant. Deku lui parut toujours aussi attirant. Bakugo était en train de perdre la tête, voilà tout. Une bonne nuit de sommeil lui remettrait les idées en place.

— Bon Deku, il est tard, tu peux rentrer chez toi, je vais me coucher !

— Attends, tu te souviens du plan pour demain ?

— Oui je ne l'ai pas oublié en cinq minutes.

Deku lui sourit et le corps de Bakugo prit les commandes et sa bouche embrassa la joue de son ami d'enfance. Tous les deux se mirent à rougir comme jamais.

— Je vais y aller, fit Deku en s'enfuyant presque de la maison.

Bakugo resta planté là, son cœur battant à tout rompre, sans comprendre ce qui lui était passé par la tête pour faire ça.

Il eut du mal à s'endormir cette nuit-là, il repensait à la douceur de la joue de Deku sous ses lèvres et appuya son oreiller sur son visage pour tenter de faire disparaître les images et les sensations, pour que son cœur cesse de battre aussi vite.

Le lendemain ils se saluèrent sans parler du baiser.

— T'es prêt ? demanda Bakugo.

Deku répondit par l'affirmative. Plus tôt ils mettraient leur plan en action, plus vite ils trouveraient un super-héros, plus vite ils pourraient se faire aider, du moins l'espéraient-ils.

Bakugo, pour détourner l'attention des profs, provoqua une bagarre dans la cour. Ce qui était drôle c'était que même sans Alter, il réussit à mettre trois types par terre avant que les enseignants se mettent à plusieurs pour l'arrêter. Pendant ce temps, Deku en profita pour voler les clés du toit.

Bakugo eut des problèmes, les profs parlaient de le virer quelques jours du collège pour lui apprendre la leçon, mais ils finirent par lui mettre beaucoup d'heures de colle où ils devraient écrire de longues lettres d'excuses. Bakugo s'en moquait, il pensait à autre chose. Quand il put enfin rejoindre Deku ce dernier lui sourit de toutes ses dents, preuve qu'il avait réussi à récupérer les clés.

Du temps de midi, ils montèrent sur le toit, et s'enfermèrent. Bakugo et Deku s'approchèrent du bord. Des gens mangeaient dehors, donc on pourrait les apercevoir. Le toit n'était pas entouré de grillage, juste de barres qu'il était facile d'escalader. Bakugo se retrouva donc sur le bord du toi après les avoir dépassés et Deku craintif le supplia de bien s'accrocher et de faire attention.

— Juré ! fit Bakugo. Donc, maintenant dépêche-toi de faire ta part.

Deku se mit à hurler aussi fort qu'il le pouvait :

— Tu fais moins le malin maintenant que tu n'as plus d'Alter hein Bakugo ?

Des têtes se levèrent, mais les gens furent longs à réagir. Deku cria plus encore :

— Tu vas tomber du toit !

Au bout d'un moment une foule commença à se presser au sol, tandis que quelqu'un cognait à la porte du toit fermé à clé.

— Beau travail Deku, chuchota Bakugo.

Deku continua de gueuler des menaces et tout ce genre de trucs, il improvisait. Les gens les montraient du doigt, mais il ne se passait rien. Pas la moindre trace de super-héros dans les parages.

— Qu'est-ce qu'ils foutent ? maugréa Bakugo.

— Sois patient, il y en a bien un qui va arriver.

Sur le toit il faisait assez froid, et Bakugo n'était pas dans une position agréable. Il essaya de bouger un peu et son pied dérapa. Il glissa et se vit chuter du toit, mais une main lui attrapa le bras. Deku. Alors que les pieds de Bakugo penchaient dans le vide, Deku le tenait d'une main puis des deux et le tirait le plus fort possible. Mais Bakugo était assez musclé tandis que Deku était un vrai poids plume, il était en train de se faire emporter par le poids du blond. Deku avait les ongles plantés dans le bras de Bakugo et ne comptait pas lâcher.

— Lâche-moi Deku, sinon on va tomber tous les deux.

— C'est hors de question !

— Putain crétin, ce serait idiot, lâche-moi !

— J'ai dit que c'était hors de question, hurla Deku alors qu'il se sentait doucement, mais sûrement passer au-dessus de la barrière. Bientôt, ils allaient tous les deux dégringoler du toit et l'histoire s'arrêterait là. Ils n'auraient plus besoin d'Alter, ils seraient morts.

Bakugo paraissait désespéré, Deku déterminé à tomber avec lui, mais pas à le lâcher.

Et puis tout à coup, ils furent tous les deux soulevés dans l'air et on les posa délicatement sur le toit.

— C'est dangereux d'être ici les garçons.

Bakugo et Deku levèrent les yeux vers leur idole de toujours. All Might. C'était All Might qui était venu en personne pour les sauver. All Might. Les yeux de Deku s'arrondirent, des larmes coulèrent sur sa joue. Tout en admirant son idole, il pleura de soulagement, il avait eu si peur pour Bakugo. Bakugo fit semblant de se renfrogner, mais ça se voyait qu'il était tout aussi fan et reconnaissant que Deku.

— Qu'est-ce que vous faites ? interrogea All Might.

Aucun des deux adolescents n'expliqua pourquoi ils s'étaient retrouvés tous les deux sur le point de tomber d'un toit. Ils parlèrent en même temps pour expliquer le problème de Bakugo, et All Might (All Might lui-même bon sang) dut les arrêter.

— Je ne comprends rien, leur dit-il, parlez moins vite et chacun votre tour.

Finalement les deux adolescents racontèrent leur histoire. Bakugo le premier puisqu'il était la victime et Deku intervenait de temps en temps.

— Et pourquoi vous êtes-vous retrouvé sur ce toit ? Quel est le rapport avec la disparition de l'Alter ?

Les deux garçons se regardèrent et choisirent de dire la vérité. Qu'ils ne savaient pas comment faire venir un super-héros, quelqu'un qui pourrait les écouter. Bakugo n'aurait jamais dû glisser du toit, ça ne devait être qu'une mise en scène et ils étaient désolés.

— Vous auriez pu vous tuer, ce n'était vraiment pas très malin, les réprimanda All Might.

Les deux garçons baissèrent la tête, contrits. Mais ils relevèrent les yeux en même temps :

— Vous allez nous aider ? interrogèrent-ils en même temps.

All Might les fixa et retrouva son grand sourire :

— Ne vous inquiétez pas, dit-il, maintenant la cavalerie est là.

Difficile de ne pas se transformer en fan complet, même si Bakugo se retint plus que Deku qui alla jusqu'à demander un autographe à leur idole. Bakugo eut le droit au sien aussi, et il en fut heureux.

All Might les fit descendre du toit et s'excuser auprès de leurs camarades et professeurs. Puis il accompagna les garçons chez Bakugo afin de rencontrer ses parents et de voir ce qu'il pourrait faire pour les aider.

Mitsuki poussa un petit cri en apercevant All Might devant sa porte, mais le fit entrer. Bakugo et Deku à sa suite. Ils eurent tous une discussion et All Might promit de se charger du médecin maintenant qu'il savait son nom, connaissait son visage et le lieu où il exerçait. Il allait demander de l'aide à d'autres super-héros, plus discrets que lui, et trouver le moyen de rendre son Alter à Bakugo si c'était possible. Ils allaient juste devoir patienter.

Bakugo et Deku étaient prêts à foncer dans le tas et à l'aider, mais All Might refusa :

— Je ne veux pas mettre en danger deux gamins, dit-il.

— On n'est pas des gamins, se renfrogna Bakugo, et il s'agit de mon Alter.

— Vous en avez déjà assez fait, insista All Might, laissez-le reste aux adultes.

Deku fut le seul à réussir à convaincre Bakugo de laisser faire All Might.

xxx

L'attente fut longue et insupportable. Et dura plusieurs jours. Deku faillit avoir des ennuis au collège, on voulait le virer pour avoir mis en danger Bakugo, mais All Might intervint lui-même et personne n'osa aller contre son avis. Ainsi Deku s'excusa simplement à tout le monde et Bakugo le défendit en disant que tout était de sa faute, attrapant sans y penser la main de son ami d'enfance et en serrant ses doigts.

Bakugo n'était pas réputé pour sa patience et seule la présence de Deku l'empêcha de foutre le bordel. Le blond s'en foutait des cours, des gens, il voulait savoir ce qu'il en était, si All Might faisait bien son taff (évidemment Kacchan, on parle de All Might là). Il aurait préféré participer à l'opération, il n'aimait pas être mis à l'écart comme ça de quelque chose qui le concernait directement.

Finalement l'affaire se boucla.

Il se trouvait que l'homme utilisait son Alter à travers des seringues, il faisait des piqûres à ceux dont l'Alter lui plaisait et pouvait le garder ainsi avec lui. Pour l'utiliser, il devait se l'injecter et le retirer ensuite s'il voulait en utiliser un autre. Il n'en avait volé que cinq, craignant qu'en en prenant trop, il se ferait remarquer. Mais cinq c'était déjà énorme.

Pour que Bakugo récupère son pouvoir, il fallait juste lui réinjecter son Alter grâce à la bonne seringue. Du moins c'est ce que pensait All Might. En fait il n'était pas sûr à cent pour cent que ça fonctionnerait vraiment. Peut-être qu'une fois l'Alter perdu, il était perdu à jamais. Même le vilain ne put dire si les Alters pouvaient se rendre quand ils avaient été volés. Ils allaient devoir essayer.

Bakugo laissa All Might lui planter la seringue dans le bras et lui injecter son Alter. Il espérait tellement que ça fonctionne que quand il essaya son pouvoir en vain, il eut l'impression de chuter du toit pour de bon. On lui dit d'attendre un peu, le temps que ça revienne, mais au bout de cinq minutes sans que rien ne se passe, le blond courut s'enfermer dans sa chambre et le seul qu'il laissa entrer dans la pièce fut Deku.

L'adolescent s'assit près de Bakugo posé sur son lit et doucement posa sa main sur la sienne.

— On est tous les deux dans la même galère, fit Bakugo d'un rire sans joie.

— Non ! dit Deku.

— Mais si ! insista le blond. Est-ce que tu m'admireras toujours quand je bosserai comme caissier dans une supérette ?

— Bien sûr que oui, lâcha Deku sûr de lui, déjà parce qu'il n'y a pas de sot métier et parce que peu importe, tu es toujours admirable Kacchan.

— Y a bien que toi pour le penser.

— Dans ce cas je le penserai tellement fort que tu finiras par y croire à nouveau. Tu es vraiment génial Kacchan, je ne te mens pas, je le pense vraiment. Avec ou sans Alter. Je sais que tu es malheureux et je peux le comprendre, j'ai beaucoup souffert en apprenant que je n'aurais jamais d'Alter, mais toi tu vas t'en sortir. Tu es fort, tu as du caractère, tu es le meilleur.

Bakugo se tourna vers lui. Toujours avec cette envie de l'embrasser qui lui faisait chuter le cœur dans l'estomac.

— Des fois Deku, je n'arrive pas à déterminer si tu es intelligent ou stupide.

Mais avant que Deku puisse se défendre, Bakugo referma ses bras autour de lui et l'attira contre son corps.

— Reste avec moi, fit Bakugo d'une voix plaintive.

Il sentit les mains de Deku se poser sur son dos, le serrant à son tour.

— Je ne vais nulle part.

xxx

Les jours passèrent, les élèves avaient arrêté d'emmerder Bakugo, parce qu'ils avaient fini par comprendre que c'était une mauvaise idée de chercher des poux au blond. Et comme ledit blond protégeait Deku de toutes ses griffes, ils laissèrent aussi Deku tranquille. Disons qu'ils les ignoraient le plus possible et tous ne faisaient que s'en porter mieux.

Dire que Bakugo pétait la forme aurait été un mensonge, Deku voyait bien qu'il était triste et déçu, mais c'était Bakugo, il gueulait plus fort que tout le monde et tenait bon. Ce que l'adolescent aux cheveux verts ignorait c'était que c'était en partie grâce à lui. Bakugo se raccrochait à Deku, un peu comme à une bouée. Avant il en aurait eu honte, maintenant il était seulement soulagé de l'avoir avec lui. Pas parce que Deku n'avait pas d'Alter, mais parce que… C'était Deku tout simplement.

Ce type un peu nerd, qui souriait pour rien et qui tenait bon. Bakugo ne pouvait plus s'en passer. Il aimait ses paroles de réconfort, ses sourires, ses taches de rousseurs et ses yeux qui s'illuminaient de toute leur innocence. Des fois Deku ricanait parce qu'ils avaient rencontré All Might, leur idole de toujours et qu'il y avait du bon dans cette histoire.

Bakugo était d'accord, il y avait du bon et ce n'était pas à All Might qu'il pensait, mais à Deku.

Parce que Bakugo l'aimait.

Il ne pouvait plus trop le dénier, son cœur battait trop vite en sa présence, il avait trop envie de l'embrasser aussi, le sentiment était là et il ne partait plus. Seulement le blond ne savait pas trop quoi faire de ça. Il n'avait pas envie de le dire à Deku, et en même temps, il en avait marre de se cacher. Avec tout ça, il ne remarqua pas immédiatement quand au milieu d'une nuit particulièrement chaude, ses bras en sueurs se mirent à faire des étincelles. Il était réveillé parce qu'il pensait à Deku, à tout ce qu'ils avaient vécu, et n'arrivait pas à dormir, lui pour qui le sommeil était si important.

Deku, Deku, Deku.

Il crut au début que c'était son cœur qui battait si vite qu'il en faisait de l'électricité, et puis tout à coup il se redressa. Ce n'était pas du courant électrique, c'était des explosions. Bakugo fut debout en un clin d'œil, il attrapa ses affaires pour s'habiller et fila de sa maison à toute vitesse. Il ne mit pas longtemps à atteindre celle de Deku qui était dans le même quartier. Il lança des petits cailloux par sa fenêtre jusqu'à ce que le garçon vienne ouvrir pour voir ce qu'il se passait.

— Kacchan ? Qu'est-ce que tu fais là ? Il est tard !

— Viens ici, ordonna-t-il, j'ai quelque chose à te dire.

Deku obéit, il alla ouvrit à Bakugo qui se jeta dans ses bras en riant doucement.

— J'y arrive Deku, dit-il.

— Tu arrives à quoi ?

Bakugo se recula et forma de mini explosion avec sa sueur. Cette fois-ci ce fut Deku qui lui sauta dessus et le serra fort :

— T'y arrives, dit-il, tu as retrouvé ton Alter !

Ils se mirent à rire tous les deux doucement, dans les bras l'un de l'autre. Bakugo n'en revenait pas que Deku soit aussi content pour lui, alors que depuis le début il était là, il avait fait tout ça pour lui.

— C'est grâce à toi, dit-il.

— C'est grâce à All Might, corrigea Deku.

— Non, c'est grâce à toi, alors merci.

Et Bakugo se recula pour regarder Deku.

— Merci, répéta-t-il avant de lui voler un baiser.

Un petit, très court, presque rien, mais bien présent. Un baiser qui les fit rougir tous les deux. Deku regardait Bakugo alors que ce qu'il venait de se passer tournait dans son cerveau :

— De rien, dit-il en pensant peut-être que le baiser était une simple récompense.

— Je t'aime, lâcha Bakugo.

Il ne savait pas d'où il avait trouvé le courage de le dire. Peut-être parce que son Alter était revenu et que c'était complètement fou, peut-être parce que Deku lui avait souri avec des étoiles dans les yeux comme s'il avait lui-même eu un Alter. Peu importe, c'était sorti tout droit de son cœur.

Il trembla un peu à l'idée de se faire repousser, mais Deku le serra à nouveau dans ses bras en riant :

— Je t'aime aussi Kacchan.

xxx

Les élèves retrouvèrent leur admiration pour Bakugo, les profs recommencèrent à chanter ses louanges, mais c'était trop tard pour eux, Bakugo n'en avait plus rien à foutre. Tout ce qui comptait c'était qu'il allait pouvoir rentrer à Yuei et que désormais il cherchait un moyen pour que Deku y rentre aussi. Ces deux-là restèrent inséparables comme quand ils étaient gamins. D'amis d'enfance, ils étaient devenus autre chose. Petits amis, couple, amoureux, quelque chose dans ce genre-là. Ils se soutenaient, ils ne s'abandonnaient pas même dans l'adversité, ils se confiaient tout même ce qu'ils n'auraient pas dû. Ils s'aimaient avec tendresse et maladresse et rougissaient facilement, ce qui les rendait très mignons selon Mitsuki et Inko, heureuses de voir que leurs fils s'étaient trouvés ou plutôt retrouvés.

Bakugo adorait le contact avec Deku. Il lui prenait la main, l'embrassait sur la joue, il trouvait des excuses pour être proche de lui. Ça ne l'empêchait pas de devenir tout rouge quand Deku disait des choses du genre « je t'adore plus que tout » ou « je veux passer toute ma vie avec toi ». C'était peut-être des paroles naïves et innocentes, ils étaient jeunes après tout et ni l'un, ni l'autre, ne savait ce que la vie leur réservait, pourtant ils avaient envie d'y croire. Bakugo voulait que lui et Deku deviennent des super-héros ensemble, et l'entraînait même pour que son petit ami devienne plus fort.

D'ici quelques mois, sans qu'aucun des deux ne le sache, All Might confierait à Deku de grands pouvoirs, les aidant ainsi à réaliser leurs souhaits à tous les deux.

En attendant, ils prenaient la vie comme elle venait.

Tous les deux assis sur une balançoire après les cours, ils mangeaient une glace en silence. Ils n'avaient pas besoin de toujours se parler, Deku regardait au loin, Bakugo regardait Deku. Après la glace, il proposa de jouer à celui qui allait le plus haut en se balançant, et les voilà à s'amuser tous les deux. Bakugo taquinant son petit ami sur le fait qu'il ne le rattraperait jamais et Deku rétorquant :

— C'est ce qu'on va voir.

Ils finirent par tous les deux sauter de la balançoire, atterrir l'un près de l'autre à moitié étalé au sol et à s'esclaffer. Deku vint se coller contre Bakugo qui le serra dans ses bras.

— Je t'aime murmura Deku.

Bakugo doucement releva le menton de son petit ami.

— Tu dis ça pour que je te dise que tu as gagné ?

— Pourquoi ? Ça marche.

— Pas du tout.

— Je pense qu'on est à égalité, fit Deku.

— Va falloir me le prouver, rétorqua Bakugo.

Deku sourit puis frotta son nez contre celui de Bakugo. Provoquant de délicieux frissons dans leurs échines à tous les deux.

— Je t'aime, souffla-t-il une nouvelle fois sincèrement.

Bakugo craqua :

— Okay, va pour une égalité.

Et il posa ses lèvres sur les siennes, l'embrassant comme si c'était la première fois, comme si c'était la dernière fois. Le monde entier aurait pu s'écrouler que rien ne les aurait séparés.

Ils s'embrassèrent ainsi longuement alors que la nuit tombait, puis restèrent dans les bras l'un de l'autre à regarder le soleil se coucher, embrasant le ciel d'une couleur rouge orange magnifique.

Ils étaient bien.

Et Bakugo remerciait intérieurement ce sale mec qui lui avait volé son Alter, parce que peut-être que sans lui, il n'aurait jamais vu à quel point Deku était important.

Et ça aurait été vraiment dommage.

Fin.

L'autatrice : je me suis un peu laissée embarquer par cette histoire, j'espère qu'elle vous aura plu.