Samedi 23 décembre 2023
CHAPITRE QUATORZE: DUSK TILL DAWN – ZAYN MALIK feat SIA
But you'll never be alone
I'll be with you from dusk till dawn
I'll be with you from dusk till dawn
Baby I'm right here
I'll hold you when things go wrong
I'll be with you from dusk till dawn
I'll be with you from dusk till dawn
Baby I'm right here
Il fut réveillé le lendemain par le son d'un vibreur. Castiel ouvrit les yeux et laissa échapper un long bâillement paresseux avant de rechercher la source du son. Il ne mit que peu de temps à comprendre qu'il s'agissait du téléphone de Dean – qui avait pris le temps Castiel ne savait quand de prévoir un réveil – posé sur la table de nuit de l'autre côté du lit.
Dean ne semblait pas avoir entendu la sonnerie incessante et Castiel se vit forcé de se redresser pour passer le bras par-dessus le corps de son petit ami encore endormi, attraper le portable et éteindre le réveil. Il était à peine six heures du matin et Castiel se serait volontiers rallongé contre Dean, mais il savait qu'ils ne seraient jamais à l'heure s'ils ne se levaient pas dans les prochaines minutes. Il se rendit soudain compte qu'il n'avait d'ailleurs aucune idée de l'heure à laquelle ils étaient attendus.
Castiel reposa le téléphone sur la table de nuit, alluma la lampe de chevet et ce fut là qu'il le remarqua. Le carnet posé juste à côté, un crayon à papier en équilibre sur sa couverture. Le doctorant se souvint s'être endormi avec le son du papier gratté. C'était sans doute ce que Dean était allé chercher alors qu'il sombrait dans les bras de Morphée. Castiel se demanda fugacement s'il s'agissait du cahier où Dean écrivait ses chansons. À cette pensée, sa curiosité fut piquée au vif mais il se refusa à y jeter un œil. Il n'aimerait pas qu'on lise ses poèmes sans son autorisation et il était presque certain que Dean n'apprécierait pas lui non plus, encore plus quand Castiel savait qu'il n'avait repris l'écriture que depuis très peu de temps.
Il se détourna de la table de nuit et ramena son bras sur l'épaule de Dean – qui, sans trop que Castiel sache comment, avait fini sur un flanc, enserré entre ses bras – pour le secouer avec douceur. Dans le même temps, Castiel approcha ses lèvres de l'oreille de son compagnon et déposa un baiser juste en-dessous du lobe.
«Dean… Ton téléphone sonne depuis au moins cinq minutes.
Un grognement lui répondit et Castiel ne put s'empêcher de sourire parce que le matin, Dean avait tout à la fois des allures d'ours mal léché et de chaton en quête de câlins. Ce mélange étrange lui paraissait la chose la plus adorable qui lui soit donnée de voir dans sa vie. Castiel embrassa encore la peau de Dean, pressant son corps nu – il n'avait visiblement pas pris la peine de se rhabiller après leurs ébats de la veille – contre celui de son petit ami qu'il sentit fondre contre lui. Castiel se mordit la lèvre quand leurs peaux se frottèrent l'une contre l'autre et qu'une agréable chaleur remonta le long de son échine.
– Dean… tenta-t-il de nouveau et cette fois, il laissa sa bouche se poser avec tendresse contre la joue de son compagnon qui tourna la tête paresseusement et l'embrassa sans même prendre la peine d'ouvrir les yeux.
Et malgré ça, le baiser était plus qu'acceptable, tellement acceptable que Castiel ne réagit pas immédiatement quand Dean se retourna pour enfoncer son crâne dans l'oreiller.
– Laisse-m'd'mir, Cass, marmonna-t-il, sa voix presque inintelligible étouffée qu'elle l'était par le tissu.
Castiel rit doucement. Dean n'était définitivement pas du matin et c'était bien trop adorable pour son cœur qui battait à se rompre dans sa poitrine. Et ça n'avait vraiment aucun sens, bien que Castiel n'en ait pas grand-chose à faire.
Sans se décoller du corps de Dean, il se redressa en s'appuyant sur un coude et laissa errer distraitement ses doigts sur le dos nu de son compagnon dont la peau se couvrit de chair de poule. Sans un mot, Castiel dessina le creux du dos de Dean avant d'effleurer les contours de ses reins et ce fut seulement là que son petit ami extirpa sa tête de l'oreiller pour la tourner vers lui. Il papillonna des paupières et enfin, les yeux de ce vert qu'il aimait tant rencontrèrent ses propres prunelles. Castiel sourit sans cesser ses caresses. Dean lui rendit son rictus au bout de quelques secondes.
– Bien dormi? demanda le doctorant avant de se mordre la lèvre pour s'empêcher d'esquisser un sourire moqueur.
Dean le foudroya sans grande conviction du regard et se positionna sur un flanc pour se retrouver en face de Castiel. Leurs visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre et le doctorant réduisit la distance qui séparaient leurs lèvres pour les unir en un baiser tendre et lent, un comme ceux que Castiel imaginait que partageaient le matin au réveil ces couples rompus par l'habitude mais toujours aussi amoureux. Et la pensée fit fondre son cœur tandis que ses joues prenaient une délicate teinte rosée.
Dean se recula une seconde plus tard et effleura du bout du doigt sa pommette.
– Qu'est-ce que tu étais en train de penser pour rougir comme ça, Cass?
L'intéressé préféra l'embrasser encore plutôt que de répondre et bientôt, Dean se rallongeait et Castiel se pressait contre lui, sans rompre le ballet de leurs lèvres. L'instant d'après, son crâne reposait sous le menton de Dean, ses bras entouraient le corps de son petit ami et il laissait échapper un soupir de contentement. La main de Dean vint se poser entre ses omoplates avant d'entreprendre de délicats mouvements circulaires qui envoyaient des décharges brûlantes dans tout le corps de Castiel. Il n'était même pas sûr que Dean se rende compte de ce qu'il faisait.
– Tu rends la perspective de se lever de moins en moins attirante chaque jour, tu le sais, Cass?
L'intéressé laissa échapper un rire entre ses lèvres et releva un peu la tête pour embrasser tendrement la mâchoire de Dean.
– Peut-être qu'un jour, on pourra rester au lit toute la journée.
Il marqua une pause, se mordit la lèvre avant d'ajouter, incertain.
– Je suis sûr qu'on trouvera un moyen de s'occuper.
Dean baissa la tête pour embrasser le sommet du crâne de Castiel qui pouvait sentir ses lèvres s'incurver.
– Comptes-y parce que j'ai déjà une bonne dizaine d'idées pour occuper une telle journée…
À ses mots, les entrailles de Castiel se réchauffèrent aussi sûrement que si un brasier y était né. Il leva à nouveau la tête pour poser ses lèvres sur celles de Dean qui se fondit aussitôt dans le baiser. Ce fut ce moment précis que choisit le téléphone de Dean pour crier sa seconde sonnerie. Dean l'embrassa encore du bout des lèvres avant d'étouffer un juron et de faire taire l'objet. Puis il se tourna vers Castiel avec une moue déçue.
– On va vraiment devoir y aller.
Le doctorant se redressa pour déposer un baiser volatile sur ses lèvres et lui sourit.
– Je sais. Je vais prendre une douche.
Dean acquiesça et Castiel quitta le lit à regret pour attraper quelques affaires dans son sac au fond de la pièce. Il ramassa au passage celles qu'ils avaient laissé traîner par terre toute la nuit pour les ranger. Quand il jeta un œil en arrière avant d'entrer dans la salle de bains, Dean rangeait le carnet au fond de son sac.
Castiel fronça les sourcils quand Dean arrêta la voiture dans le centre de Amherst. Il se tourna vers son petit ami tandis qu'il faisait un créneau et attendit qu'il ait terminé pour éviter de le déconcentrer.
«Dean… Mes parents n'habitent pas ici.
Un sourire étira les lèvres du susnommé ce qui ne fit qu'augmenter la confusion de Castiel qui inclina la tête sur le côté comme il en avait l'habitude quand il ne comprenait pas quelque chose.
– Je sais. Mais je ne compte pas arriver les mains vides et il y'a un marché de Noël à deux pas d'ici. Alors tu vas venir avec moi et m'aider à trouver quelque chose pour remercier tes parents de me recevoir.
– Dean, tu n'es vraiment pas obligé…
Il fut coupé par des lèvres douces contre les siennes. Ses protestations moururent dans sa gorge tandis qu'il se laissait emporter par le baiser. Quand Dean se recula, trop tôt au goût de Castiel, il avait affiché un doux sourire et caressait d'un doigt la joue de son compagnon. Castiel frémit.
– Que tu sois là représente déjà beaucoup… murmura ce dernier sans oser regarder Dean, sans trop savoir s'il comprendrait ce qu'il voulait dire, s'il comprendrait son immense gratitude pour le soutien qu'il lui accordait juste par sa présence.
Dean pressa un tendre baiser sur sa joue.
– J'insiste. Et puis on a deux heures à tuer de toutes façons.
Anna lui avait envoyé un message le matin même pour le prévenir qu'ils étaient attendus aux alentours de dix-neuf heures. Avec un soupir vaincu, Castiel acquiesça et détacha la ceinture de sécurité avant de sortir de la voiture. Dean l'imitait quelques secondes plus tard, après avoir récupéré son portefeuille qu'il glissa dans la poche de sa veste avant de rejoindre Castiel. Ils se mirent en marche et le doctorant ne put s'empêcher de remarquer qu'ils étaient presque collés l'un à l'autre. À chacun de leurs pas, leurs épaules se frôlaient, leurs mains s'effleuraient mais cette fois-ci, il ne put se résoudre à prendre celle de Dean dans la sienne, même s'il en avait vraiment envie. Il ignorait si c'était parce qu'il se retrouvait dans la ville de son enfance, si c'était la perspective de présenter Dean à sa famille ou encore autre chose, mais ses craintes enfouies profondément dans son esprit lui semblaient n'avoir jamais été plus palpables.
Et malgré tout, malgré le fait que l'on ne puisse se méprendre sur leur relation quand ils étaient si proches, il ne voulait pas s'éloigner de Dean. Parce qu'il maintenait l'anxiété à distance rien qu'en étant pressé contre lui. Et Castiel ne pouvait être plus reconnaissant du subtil changement qui avait opéré entre eux à la suite des évènements de la veille. Ils n'avaient jamais vraiment trop su respecter l'espace personnel de l'autre mais s'il en restait une trace avant, depuis hier, il était totalement inexistant. Et c'était tant mieux. Castiel pouvait se concentrer sur autre chose que sa nervosité grandissante. Il pouvait se concentrer sur la sensation du corps de Dean contre le sien.
Alors qu'ils s'engageaient dans une autre rue, le doctorant leva les yeux pour apercevoir les décorations lumineuses qui avaient été accrochées au-dessus de leurs têtes. Aussi loin qu'il s'en souvenait, Amherst avait toujours été belle à la période de Noël. Tout avait toujours été illuminé et pour l'enfant qu'il avait été, c'était tout simplement enchanteur. Castiel avait toujours aimé Noël. Il déglutit difficilement. Il espérait de tout cœur que le réveillon de cette année ne ternirait pas les souvenirs heureux qu'il avait de la célébration.
Deux doigts s'accrochèrent aux siens et le tirèrent brusquement de ses pensées. Castiel tourna la tête vers Dean qui lui sourit d'un air doux et encourageant.
– Arrête de te torturer l'esprit, Cass.
L'intéressé lui rendit son sourire, bien que le sien soit contrit.
– Désolé. Je ne peux pas… je ne peux pas m'en empêcher.
Dean raffermit sa prise sur ses doigts et Castiel n'hésita plus pour entrelacer les siens à ceux de son petit se rendit compte qu'il ne s'en sentait pas plus mal, bien au contraire. Ils marchèrent en silence quelques minutes de plus. De là où ils se trouvaient, on entendait déjà la rumeur du marché de Noël, installé dans l'espace vert au beau milieu de la ville. C'est là que la majorité des évènements organisés par la mairie se déroulaient. Au Amherst Town Common [19]. Castiel savait que non loin de là se trouvait l'église qu'il avait fréquentée hebdomadairement toute son enfance et son adolescence, jusqu'à son départ pour ses études au Kansas.
Ils finirent par atteindre le fameux marché et Castiel dut retenir une exclamation surprise parce qu'il ne se souvenait pas de l'avoir déjà vu si étendu. Il y'avait tout un tas d'étals vendant des produits de toutes sortes, tous faits d'un bois sombre qui leur donnaient des allures de chalets, couverts de neige artificielle et de guirlandes multicolores sur leurs toits. On pouvait voir des lutins circuler entre la foule qui traversait le marché – sans doute pour convaincre quelques enfants de venir chercher leur photo avec le Père Noël avant qu'il ne parte sur son traineau pour sa grande tournée annuelle – et il y'avait même un carrousel et une grande roue installée au fond du marché. Des chants de Noël retentissaient partout autour d'eux, amplifiés par les larges enceintes accrochées aux poteaux électriques disposés aux quatre coins du marché. Une délicate odeur de marrons grillés titilla les narines de Castiel qui laissa échapper un soupir de contentement. Sans lâcher sa main, Dean le tira vers l'intérieur du marché et se pencha à son oreille.
– Quand on aura trouvé ce que je cherche, on en achètera quelques-uns.
Castiel sourit tout en se demandant quand est-ce que Dean était devenu capable de lire ses pensées.
– Tu as une idée de ce que tu veux acheter? demanda-t-il alors qu'ils s'engageaient dans la première allée.
Dean secoua la tête et se mordit la lèvre.
– Je comptais sur toi pour trouver quelque chose à vrai dire… Je ne sais pas ce que tes parents aiment ou pas et je n'ai pas envie de me contenter du cadeau classique qu'on fait à sa belle-famille et…
Dean s'interrompit soudain. Il mordit sa lèvre un peu plus fort et devint rouge pivoine. Castiel, lui, ne dit rien pendant quelques secondes, trop assommé par le mot que Dean n'avait sans doute pas voulu prononcer mais qui lui avait échappé. Sa belle-famille. Castiel savait qu'il ne devrait pas laisser son cœur s'emballer à cause du lapsus – et il refusa d'écouter la part de son cerveau qui lui disait qu'il était peut-être révélateur – mais il ne pouvait pas l'empêcher. Ce mot contenait tellement de promesses… Et il n'était pas certain de vouloir y croire de peur qu'elles ne soient jamais tenues. L'espoir lui ferait trop de mal et il était encore trop tôt pour le laisser s'infiltrer.
Que Dean n'ait pas fui à l'idée de rencontrer ses parents était déjà un miracle en soit. Alors Castiel préféra ne pas relever et jeta un œil en direction de Dean qui évitait son regard.
– On va trouver quelque chose.
Dean lui sourit, le remerciant silencieusement de n'avoir rien dit. À partir de là, Castiel se fit un point d'honneur à ne pas laisser une quelconque gêne s'installer entre eux et il tira Dean avec douceur vers le premier étal. Il s'agissait d'un artisan qui présentait ses créations – en majorité des saladiers et autres récipients – faites de verre peint à la main.
Sans un mot, Castiel continua d'avancer, cherchant quelque chose qui pourrait plaire à ses parents. Après avoir dépassé quelques étals, le doctorant remarqua un stand qui vendait des dizaines et des dizaines de vinyles de genres divers et variés, allant de la pop au rock, en passant par le classique. Il pressa les doigts de Dean entre les siens pour attirer son attention. Le jeune homme tourna la tête dans la direction que Castiel lui indiqua.
– Mon père en fait la collection. Surtout des classiques de rock. Il dit que ça l'aide à se mettre dans l'ambiance de ses romans.
Dean acquiesça avant de se diriger vers l'étal en tirant Castiel par la main. Ils saluèrent le vendeur, occupé à astiquer une platine dans le coin du stand et Dean se tourna vers lui.
– Tu as une idée de ceux qu'il a déjà?
Il fallut quelques secondes à Castiel pour se souvenir de quelques noms de groupes et de chansons qu'il avait entendues des années plus tôt quand son père s'enfermait dans son bureau pour écrire. Finalement, Dean sortit un des disques de l'étal et le lui montra. Au centre, il y'avait un point d'interrogation à l'envers, surmonté d'une croix. Castiel s'approcha pour lire le nom du groupe.
– Blue Öyster Cult [20] ? demanda-t-il.
– Parfait pour un fan de hard rock, commenta le vendeur qui s'était rapproché d'eux après avoir terminé son nettoyage.
– Tu crois que ça plairait à ton père?
Castiel ne connaissait pas vraiment le groupe mais acquiesça. Il faisait confiance à Dean en ce qui concernait la musique. Et il était un grand fan de rock, comme son père, donc si Dean appréciait le groupe, il y'avait de grandes chances pour Chuck l'aime également. Le jeune homme se tourna vers le vendeur et lui tendit le disque.
– Alors on va le prendre.
Le vendeur leur sourit.
– Excellent choix! Je vous fais un emballage cadeau?
– Oui, s'il-vous-plaît.
Une minute plus tard, ils étaient de nouveau engagés entre les étals du marché de Noël. Dean tenait d'une main la poche en plastique contenant le disque, de l'autre les doigts de Castiel fermement enserrés entre les siens.
La partie la plus compliquée se profilait à présent car si Castiel n'avait jamais eu vraiment de mal à trouver ce qui plairait à son père, il avait toujours mis plus de temps et d'énergie à trouver le cadeau parfait à sa mère. Comme si déjà à ce moment-là, juste en cherchant à lui faire plaisir, il craignait de la décevoir. De nouveau, Dean pressa ses doigts entre les siens, comme s'il lisait ses pensées. Était-il si transparent? Ou bien Dean avait-il développé un étrange sixième sens le concernant?
– Détends-toi, Cass.
– Je… je suis détendu.
– Tu es toujours aussi mauvais menteur, tu sais?
Un pauvre sourire aux lèvres, Castiel gratifia son petit ami d'un coup de coude dans les côtes. Dean rit et le son réchauffa un peu ses entrailles, fit fondre la glace que ses sombres pensées répandaient dans tout son corps.
– Tout va bien se passer, Cass.
Dean se pencha vers lui mais cette fois, ce fut pour lui murmurer quelque chose à l'oreille:
– Et je serai avec toi, quoi qu'il arrive, d'accord? Je ne te laisse pas.
Et même s'il n'en avait pas douté une seconde, Castiel sentit son cœur rater un battement, buter encore, peiner à redémarrer et sûrement ne pas y parvenir une demi-douzaine de fois avant de se lancer dans une course au triple-galop et il cognait si fort qu'un instant, le doctorant se demanda si tout le monde autour d'eux ne l'entendait pas. Il s'arrêta de marcher pour regarder Dean, droit dans les yeux, espérant que ce simple regard lui ferait comprendre à quel point il était heureux de l'avoir à ses côtés. Dean lui sourit, sans le quitter des yeux.
– Eh bien, s'il ne s'agit pas de Castiel Novak, que je sois damnée!
Castiel fut brusquement sorti de sa contemplation par la voix familière au léger accent écossais et il se tordit presque le cou pour voir apparaître devant lui le visage tout aussi familier de Rowena Mc Leod, encadré de ses flamboyants cheveux roux, qui n'avaient d'ailleurs pas blanchi avec le temps. Elle lui adressa un franc sourire auquel il répondit tout aussi chaleureusement.
– Miss McLeod, salua-t-il.
– Rowena, s'il-te-plaît, Castiel. Tu n'es plus mon élève depuis trop longtemps pour en rester à de telles formalités.
Elle fit un pas pour les rejoindre et le contempla un instant.
– Tu n'as pas vraiment changé, fit-elle avec un sourire. J'aurais reconnu ta bouille n'importe où.
À ses côtés, Dean était silencieux, sans doute en train d'essayer de comprendre qui était Rowena. Castiel décida qu'il était temps de faire les présentations quand cette dernière posa les yeux sur Dean.
– Dean, je te présente Rowena McLeod, mon ancienne institutrice, une amie de ma mère et la mère de Crowley. Mi… Rowena, se corrigea-t-il aussitôt, voici Dean Winchester…
Castiel se mordit la lèvre, hésita une seconde avant d'achever dans un souffle:
– Mon petit ami.
Il sentit les doigts de Dean se resserrer sur les siens à la seconde où il eut prononcé ces trois mots – et son souffle s'en était presque bloqué alors qu'il savait que cela ne devrait pas le mettre dans un tel état de dire ce genre de choses – et il leva la tête. Dean lui sourit, une lueur tendre dans le regard. Castiel n'eut pas besoin de plus pour comprendre. Et la fierté de Dean réchauffa son corps aussi sûrement que n'importe quel feu de cheminée duquel il se serait approché.
Quand il reporta son attention sur Rowena, elle souriait d'un air attendri. Les joues de Castiel prirent feu. Il n'était pas aveugle, il se doutait de quoi avaient l'air ses échanges de regards avec Dean.
– Ravie de vous rencontrer, Dean, dit-elle finalement en tendant une main au susnommé qui la serra sans hésiter.
Puis Rowena préféra reprendre la conversation là où elle s'était arrêtée. Un immense poids disparut des épaules de Castiel. Il n'avait reçu aucun regard désapprobateur ou déçu ou même dégoûté, elle n'essayait pas de fuir, au contraire. Elle acceptait simplement son orientation sexuelle et même si Castiel savait que cette réaction devrait être une réaction normale, cela lui fit un grand bien.
– Il me semblait avoir compris que tu étais parti faire tes études au Kansas?
Castiel acquiesça.
– Oui. Je reviens seulement pour les fêtes.
Il marqua une pause avant de continuer. Peut-être que Rowena pourrait les aider. Après tout, elle connaissait un peu Naomi et aurait peut-être plus d'idées que lui.
– En fait, Dean cherche quelque chose à offrir à ma mère.
Dean passa une main nerveuse dans ses cheveux. Castiel pressa ses doigts en guise de soutien silencieux.
– Je crois que je sais exactement ce qu'il vous faut! s'exclama Rowena et avant qu'ils n'aient pu dire quoi que ce soit, elle se détournait et se mettait en marche. Dean et Castiel la suivirent presque aussitôt.
Rowena s'engagea dans une autre allée et avança encore de quelques mètres avant de s'arrêter devant un des cabanons abritant les vendeurs et leurs produits. Dean et Castiel l'imitèrent, saluèrent la vendeuse, avant de jeter un œil à ce que l'institutrice leur proposait. Il s'agissait de tout un attirail de pinces à cheveux en métal, ornées de différentes pierres aux multiples couleurs, imitant d'une façon surprenante un grand nombre de gemmes précieuses dont Castiel était certain de ne pas savoir les noms de la moitié d'entre elles. Le doctorant sut instantanément qu'elle avait vu juste. Naomi avait toujours raffolé de ce genre de bijoux. Et peut-être – peut-être, répétait la voix de l'espoir au fond de son esprit – que Dean lui en offre une apaiserait la colère de sa mère. Peut-être comprendrait-elle que bien qu'il ne soit pas la fille qu'elle imaginait, Dean était quelqu'un d'exceptionnel et peut-être qu'elle pourrait enfin accepter Castiel tel qu'il était…
De nouveau, les doigts de Dean pressèrent les siens. Castiel laissa échapper un discret soupir, sans oser le regarder. La main de Dean lâcha la sienne un instant pour venir l'enlacer avec fermeté et le serrer contre lui. Castiel ferma les yeux quelques secondes pour savourer la sensation de ce corps contre le sien, savourer l'extrême compréhension dont Dean faisait preuve depuis sa décision de révéler sa sexualité à sa famille. Peut-être était-ce pour cela qu'il lisait si facilement en lui.
Quand Castiel tourna la tête vers Rowena, elle avait un sourire doux aux lèvres. Le doctorant le lui rendit, tout en s'appuyant un peu mieux contre Dean qui n'avait pas relâché sa taille.
– Merci, Rowena, dit-il finalement. Je n'aurais pas pensé à mieux.
Et de nouveau, elle lui sourit.
– Je peux vous aider, messieurs, madame? demanda la vendeuse.
Au moment où elle posait la question, l'un des objets attira l'attention de Castiel. Il s'agissait d'une plume, couleur argent, délicate et bien travaillée. Au centre, sur la nervure, plusieurs petits diamants factices avaient été sertis, les uns à la suite des autres. Le bijou était simple, certes, mais élégant et Castiel sut qu'il plairait à sa mère.
– Je crois que nous avons trouvé, merci, dit Rowena tandis que le doctorant montrait l'objet à Dean qui acquiesça.
Castiel désigna la pince à la vendeuse qui l'emballa aussitôt tandis que Dean sortait un billet de son portefeuille. Puis après l'avoir remerciée, ils quittèrent l'étal tous les trois.
– Merci de votre aide, Rowena, fit Dean alors qu'il glissait le paquet dans la poche contenant le cadeau de Chuck.
– Avec plaisir, dear.
Ils échangèrent un sourire avant de reprendre leur marche. Dean avait cessé de l'enlacer mais il avait repris sa main dans la sienne et la chose fit fleurir un sourire un peu stupide, un peu niais sur les lèvres de Castiel. Soudain, le jeune homme le tira par la main pour l'entraîner vers un des marchands de marrons que le doctorant avait sentis un peu plus tôt et alors que Castiel se dirigeait vers l'étal pour en acheter un sachet, il entendit Dean demander:
– Donc vous étiez l'institutrice de Cass?
Il vit du coin de l'œil que Rowena acquiesçait.
– Pendant son 3rd Grade [21].
Castiel remercia le vendeur et se retourna pour voir un sourire attendri sur les lèvres de Rowena. Elle croisa son regard et son rictus s'attendrit.
– Castiel était un adorable jeune garçon discret et appliqué. Toujours la tête plongée dans les livres ou dans un carnet, un crayon à la main.
L'intéressé rougit furieusement parce que le qualificatif «adorable» était à son goût, de trop dans cette conversation. Mais Dean s'approcha simplement de lui et embrassa chastement sa tempe.
– Pourquoi ça ne m'étonne même pas? murmura-t-il, ce qui arracha un sourire à Castiel.
Rowena les observait, une moue qui n'aurait pas eu plus d'impact que si elle avait hurlé à quel point elle les trouvait aussi adorables que le jeune Castiel dont elle se souvenait. Elle était cependant trop distinguée pour le faire mais ça n'empêcha pas les joues du doctorant de prendre une délicate teinte rosée, une nouvelle fois.
– Bon. Je vais vous laisser les garçons. Je dois terminer mes courses de Noël.
– A plus tard, Rowena. Passez de bonnes fêtes.
– Toi aussi Castiel.
Après leur avoir adressé un dernier sourire, elle disparut dans la foule. Dean et Castiel se remirent en marche tandis que le second piochait quelques marrons chauds dans le fond du sachet. Ils flânèrent entre les étals, sans trop de raisons de rester là maintenant que Dean avait trouvé ce qu'il cherchait. Et l'estomac de Castiel se tordit instantanément à cette pensée. Plus rien ne le séparait de leur arrivée chez ses parents à présent et toute l'anxiété qu'il avait essayé de tenir éloignée revenait à la charge. Il serra les doigts de Dean sans même s'en rendre compte et ce fut seulement quand ce dernier s'arrêta qu'il vit que ses jointures avaient blanchi. Il s'excusa d'un regard mais Dean ne semblait pas lui en tenir rigueur. Il le traîna un peu à l'écart, derrière l'un des derniers cabanons du marché et l'enlaça avec force. Castiel fondit aussitôt dans l'étreinte, enfonça son visage dans le torse rassurant de Dean qui avait enroulé ses deux bras dans le dos de Castiel. Il laissa échapper un long soupir. Les mains de Dean remontaient le long de sa colonne vertébrale et une s'échoua dans ses cheveux. Castiel leva les yeux, penaud.
– Je suis désolé.
Dean haussa un sourcil.
– Je t'impose mon stress, ça ne doit pas… ça ne doit pas être agréable.
Dean secoua la tête et posa son autre main sur sa joue qu'il caressa, y laissant une traînée brûlante. Sans le quitter des yeux, le jeune homme murmura:
– Ne t'excuse pas. Tu n'y peux rien.
– J'aimerais pouvoir le contrôler pourtant…
Dean déposa un chaste baiser sur le sommet de son crâne. Castiel replongea contre sa poitrine.
– Et j'aimerais pouvoir le faire disparaître… si tu savais à quel point, Cass…
Pour toute réponse, Castiel le serra un peu plus fort entre ses bras. Il ne savait pas s'il y'avait moins de monde soudain dans le marché ou s'il était tout simplement trop absorbé par l'étreinte, plongé dans ce monde qui n'appartenait qu'à eux pour les entendre encore. Ils restèrent dans les bras l'un de l'autre un instant puis il sentit comme un rire remonter le long de la poitrine de son petit ami. Et puis la voix de Dean lui parvint, accompagné d'amples vibrations qui firent naître des frissons sur la peau de Castiel:
– Hey. Tu veux faire comme ces couples dans les comédies romantiques à la con qui passent à la télé?
Castiel redressa brusquement la tête pour adresser une œillade interrogative à Dean. Ce dernier avait un sourire amusé aux lèvres et indiqua d'un coup de tête la grande roue, à quelques pas d'eux. Et Castiel comprit ce qu'il proposait. La chose le fit à la fois rire et réchauffa son cœur parce que Dean essayait simplement de lui changer les idées et il appréciait son effort. Il sourit et acquiesça. Dean se détacha de lui – et Castiel regretta presque aussitôt la chaleur de son corps – pour lui prendre la main et l'entraîner vers la grande roue. Ils achetèrent deux billets et montèrent dans le manège alors que les cris joyeux des enfants dans le carrousel juste à côté leur parvenaient.
Quelques minutes plus tard, la roue se mettait en branle. Et Castiel songea que, quitte à faire comme ces clichés ambulants de romances irréalistes, autant le faire jusqu'au bout alors il se blottit contre Dean tandis que leur nacelle montait lentement dans le ciel. À mesure qu'elle s'élevait, les pourtours de Amherst se révélaient à eux. On pouvait voir les illuminations, dans toutes les rues, et les lumières des habitations qui s'allumaient une à une alors que la nuit tombait. Un bras se glissa dans son dos et soudain, les doigts de Dean se refermaient sur sa taille.
Castiel tourna la tête pour le regarder. Ses yeux se vissèrent dans les prunelles vertes. La lune les éclairait et c'était comme si elles brillaient, telles les iris d'un chat sauvage et elles étaient magnifiques. Castiel redressa un peu la tête, sans lâcher son petit ami du regard. Les battements de son cœur s'accélérèrent. Et tant pis s'il ressemblait vraiment à ces clichés ambulants. Pour une fois, il les comprenait.
L'instant d'après, Dean s'était penché vers lui pour lui ravir un doux baiser. Castiel ne lui laissa pas le temps de s'enfuir et approfondit le contact, crocheta ses doigts dans la nuque de son compagnon qui resserra sa prise sur sa taille. Il entrouvrit les lèvres pour que leurs langues se rencontrent, se caressent et la sensation était divine. Ils ne pouvaient être plus désintéressés du paysage sous leurs pieds pour lequel ils avaient pourtant payé. Castiel s'en fichait. Ce baiser valait dix fois, cent fois le prix de cette course. Il leur fallut pourtant séparer leurs lèvres peu de temps après, pour mieux respirer, pressés l'un contre l'autre, leurs fronts joints l'un à l'autre, leurs nez s'effleurant presque, un même sourire aux lèvres, les yeux plongés dans ceux de l'autre.
Quelque chose grandit dans la poitrine de Castiel et il lui fallut quelques secondes pour se rendre compte de quoi il s'agissait. Et le sentiment lui fit peur un instant. Parce qu'il était si puissant, si dévastateur… Ce qu'il ressentait en ce moment-même ne pouvait pas être mal interprété.
C'était un amour pur et entier. Pour Dean. Et il aurait tant voulu le lui dire, le lui déclamer, un peu comme dans ces stupides comédies romantiques, mais il ne le pouvait pas. Parce qu'il ignorait si Dean était prêt à l'entendre.
S'il lui rendrait un jour l'ampleur de ses sentiments.
Alors il l'embrassa encore, du bout des lèvres. C'était tout ce qu'il pouvait s'autoriser pour le moment. Dean lui sourit quand il se recula et son cœur fondit juste à cause de ce sourire.
Une minute passa avant que leur nacelle n'ait terminée son tour et qu'ils descendent de celle-ci. C'est là que Castiel remarqua qu'ils avaient été pris en photo lors de leur ascension. Pile au moment de ce baiser mémorable. Castiel se sentit rougir mais quand il jeta un regard à Dean, ce dernier avait un doux sourire aux lèvres.
Il ne lui fallut pas plus pour être convaincu de l'acheter, s'il ne l'était pas déjà. Malgré tout, malgré lui, il voulait garder un souvenir de ce jour où il avait compris qu'il était désespérément et entièrement fou amoureux de Dean Winchester.
Dean gara l'Impala à cheval sur le trottoir, juste à côté de la maison des Novak. Il devait admettre qu'il était plutôt impressionné. Si la maison de son enfance était relativement grande – bien que le jardin soit d'une taille bien plus modeste – la demeure dans laquelle avait grandi Cass était au moins d'un tiers plus allongée que la sienne. Quatre fenêtres perçaient les murs beiges et crépis en haut, deux larges baies vitrées en bas dont les rideaux étaient tirés, empêchant de voir l'intérieur. D'ici, il pouvait distinguer une couronne accrochée à la porte, tandis que des guirlandes multicolores ornaient l'avant-toit au-dessus de la terrasse. Le jardin était éclairé par des lampes à énergie solaire. Dean repéra une table ronde un peu enfoncée sur le côté droit de la maison, sans doute là où la famille prenait ses repas l'été.
Il se tourna vers Cass qui observait le portail les séparant de l'allée menant à la porte d'entrée. Dean vit la pomme d'Adam de son petit ami rouler le long de sa gorge et il posa une main sur la sienne en essayant de tenir éloigné sa propre anxiété.
Il était parvenu à la cacher jusqu'à présent – et il devait reconnaître que son corps saturé des endorphines relarguées par leurs activités de la veille dans tout son sang, - Non, songea-t-il avec fermeté quand des images tentèrent de se frayer un chemin jusqu'à sa conscience, car arriver avec la trique chez les parents de son petit ami ne faisait définitivement pas partie de ses plans – était parvenu à la garder à distance jusqu'à quelques heures plus tôt. Dean ne s'autorisait pas vraiment à y faire attention, trop occupé à essayer de faire disparaître celle de Cass.
Mais les endorphines n'avaient plus aucun effet à présent. Sa nervosité restait coincée dans sa gorge. Il se demandait ce que penserait de lui la famille de Cass. Si la mère de Cass voudrait seulement le voir franchir la porte de sa maison. Il se demandait si elle accepterait enfin l'orientation sexuelle de son fils, si Castiel pourrait enfin être en paix avec lui-même. Il ne pouvait s'empêcher de s'imaginer ce qu'il se passerait s'il leur déplaisait et si Cass, par amour pour les siens, par devoir, décidait de rompre. Il se sentait égoïste pour penser ainsi à ce moment-là mais il ne pouvait pas s'en empêcher.
C'était un scénario qu'il ne pouvait pas envisager parce que la simple idée lui donnait mal au ventre. La simple idée donnait l'impression à son cœur d'être enfermé dans l'étreinte étouffante de serres acérées. Cela le terrifiait bien sûr, de savoir que lui qui avait tant fui les relations sérieuses avait si peur de voir sa toute première se terminer.
Cela le terrifiait également de craindre tant de ne pas être à la hauteur des attentes des Novak. Il se sentait déjà si fortuné d'avoir sa chance avec Castiel et il voyait cette rencontre avec sa famille comme un test impossible à réussir et pourtant d'une importance cruciale, un test qu'il ne pouvait pas rater. Sous aucun prétexte.
Tout un tas de choses en rapport avec Cass et ses sentiments pour lui le terrifiaient.
Et il ne pouvait vraisemblablement pas le montrer à son petit ami qui était déjà suffisamment sur les nerfs pour qu'il se permette d'en rajouter. Il était là pour le soutenir. Il espérait que cela serait suffisant pour éviter un fiasco comme celui qu'il avait lui-même vécu.
Dean serra ses doigts sur ceux de Castiel. Leurs regards se croisèrent et le doctorant lui sourit. Dean fit de même, essayant de rester le plus calme possible mais son cœur battait si fort à ses tempes qu'il se demandait si Cass n'était pas capable de l'entendre.
– Prêt? demanda-t-il à voix basse.
Castiel déglutit et acquiesça. Dean serra ses doigts entre les siens un instant. Quelques secondes plus tard, ils étaient sortis de la voiturepour rejoindre le coffre d'où ils tirèrent leurs sacs. Dean jeta le sien par-dessus son épaule et quand Cass eut fait de même, il prit avec douceur sa main dans la sienne. Castiel entrelaça leurs doigts sans un mot. Puis après avoir pris soin de fermer la voiture, Dean les guida lentement jusqu'au portail. Ce dernier était déjà ouvert, ainsi, ils n'eurent qu'à le pousser pour se retrouver dans la courte allée menant jusqu'à la porte d'entrée. Sans un mot, ils avancèrent, leurs pieds crissant sous les gravillons et en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, ils se trouvaient face à la porte. La couronne que Dean avait aperçue était entourée d'un ruban satiné qui clamait joyeusement Merry Christmas.
Dean et Castiel échangèrent un regard avant que le second ne se décider à frapper trois coups sur le battant de bois. Il fallut quelques secondes pour qu'on vienne leur ouvrir et Dean fut presque soulagé de reconnaître Balthazar derrière la porte. C'était le seul autre Novak qu'il connaissait et d'après Cass, il ne lui était pas antipathique, ce qui consistait déjà un bon point. Cela rendait l'idée d'entrer dans la maison un tout petit moins angoissante.
Balthazar se fendit d'un immense rictus en apercevant son petit frère et vint aussitôt le serrer dans ses bras. Castiel lâcha la main de Dean pour rendre son étreinte à son aîné. Dean les observa avec un sourire attendri. Quand ils eurent terminé, Balthazar lui tendit une main, un sourire aux lèvres.
– Ravi de vous revoir, Dean.
– Moi de même. On se tutoie, non?
Balthazar sourit et acquiesça vivement avant de se décaler pour les laisser entrer. Dean emboîta le pas à Castiel tandis que son frère fermait la porte derrière eux. Bientôt, ils se retrouvaient dans le salon sur lequel Dean laissa s'attarder son regard. Les murs étaient peints dans des tons clairs qui illuminaient la pièce. Des meubles étaient accolés sur chacun d'entre eux, un que Dean imagina étant celui où l'on rangeait la vaisselle, tandis que les autres murs étaient occupés par des bibliothèques. Il remarqua aussitôt la collection complète de Supernatural sur l'une des étagères et juste à côté, un énorme paquet de feuilles noircies d'une écriture dactylographiée. Dean se demanda s'il s'agissait des premiers jets de Chuck. Au fond de la pièce, on pouvait voir la table déjà dressée et derrière Dean, un large canapé en angle et un écran de télévision. Entre la bibliothèque contenant les romans du père de Castiel et la table de la salle à manger, un sapin haut et richement décoré avait été installé, tout près d'une crèche d'une taille assez impressionnante pour une décoration d'intérieur.
L'endroit était chaleureux et cela apaisa un peu le stress de Dean. Au moins ne se sentait-il pas mal à l'aise dans la maison.
Ils étaient seuls avec Balthazar pour le moment.
– C'est ta voiture qu'on voit d'ici, Dean? demanda ce dernier et Dean acquiesça.
– Yep. Je ne pars jamais sans ma voiture, même quand je vais sur la côte Ouest.
Quand il rendait visite à Sam, pour son anniversaire généralement, il prenait toujours son Bébé. Après tout, on ne la laissait pas dans un coin. Rien avoir, bien entendu, avec sa peur irrationnelle des avions. Balthazar laissa échapper un sifflement admiratif.
– Elle est magnifique, hein? fit Dean et il vit que Cass roulait des yeux, faussement agacé de sa fierté. Il avait été le premier à complimenter Dean sur l'Impala.
– En effet. Hum…Vous voulez peut-être poser vos affaires. Je vais prévenir les autres que vous êtes arrivés. Cassie, tu connais le chemin.
L'intéressé acquiesça non sans lever les yeux au ciel à l'entente du surnom et alors que Balthazar se dirigeait vers ce que Dean imaginait être la porte de la cuisine, Castiel prit sa main dans la sienne pour le guider vers l'étage. Il ne la lâcha pas alors qu'il montait les escaliers. Quand ils atteignirent la dernière marche, le regard de Dean fut attiré par le reflet des spots lumineux contre quelque chose accroché au mur. C'était des cadres photos et il ne put s'empêcher de s'arrêter pour les regarder. La première était une photo de famille plutôt récente où Naomi et Chuck étaient entourés de leurs sept enfants. Ils souriaient tous les neuf à la caméra, bras dessus, bras dessous. Ils avaient tout l'air d'une de ces petite familles parfaites que l'on voyait dans les feuilletons à la télé.
La suivante était un cliché des trois sœurs de Castiel à peu près âgées d'une dizaine d'années. Elles étaient allongées dans l'herbe en cercle, leurs longs cheveux se mélangeant dans l'herbe, de grands sourires aux lèvres. Plus loin, les quatre garçons de la famille s'étreignaient sur le canapé du salon. Si ses frères semblaient près d'entrer dans l'adolescence, Castiel, lui, n'avait pas beaucoup plus que sept ou huit ans. Il offrait un rictus timide à la caméra, ses cheveux noirs toujours autant en bataille, ses grands yeux bleus regardant droit devant lui, comme pour briser le cadre photo. Dean sentit inexplicablement son estomac faire un looping à la vision.
Il sentit le regard de Castiel sur lui et tourna la tête. Son petit ami lui adressa un sourire gauche. Dean se rapprocha pour se presser contre lui et embrasser son front.
– Rowena a raison. Tu étais adorable gamin.
Il sentit plus qu'il ne vit Castiel sourire alors que les muscles de son visage, pressé contre son menton, se tendaient. Finalement, le doctorant se détacha de lui et reprit sa main dans la sienne pour le tirer jusqu'à la dernière porte au bout du couloir. Il hésita un instant avant d'enclencher la poignée pour les laisser entrer.
Dean n'eut aucun mal à comprendre qu'il s'agissait de l'ancienne chambre d'adolescent de Castiel à la seconde où il eut posé les yeux sur le décor qui l'entourait. Les murs étaient peints en bleu ciel, si clair qu'il pouvait paraître blanc par endroits. Au centre, il y'avait un lit deux places aux draps parfaitement tirés et en face, un grand bureau qu'étonnamment, Dean s'imagina en désordre du temps ou Cass vivait encore ici. Le reste de la place était occupé par des bibliothèques remplies de livres en tous genres, allant de la science-fiction à la fantasy, en passant par le policier et les traités sur des sujets divers et variés, et un placard où avaient dû être rangés les vêtements de son petit ami. Sur celui-ci, plusieurs affiches de films y avaient été accrochées. La pièce ressemblait à Cass. Du moins traduisait-elle la façon dont Dean s'était figuré un Cass adolescent.
Ce dernier avait déjà déposé son sac quand Dean eut terminé son analyse. Le jeune homme sourit à son compagnon avant de déposer ses affaires près de celles de Castiel. Puis sans un mot, il le rejoignit et l'enlaça avec fermeté. Cass fondit contre lui presque aussitôt et ses mains vinrent agripper sa chemise dans son dos tandis qu'il plongeait le visage droit dans sa poitrine. Un frisson remonta l'échine de Dean qui laissa ses doigts errer dans les cheveux noirs de son compagnon. Il les caressa un instant, comme il l'aurait fait pour apaiser un animal blessé. Et peu à peu, il sentit Cass se détendre dans ses bras.
– J'ai peur de la voir, murmura ce dernier au bout d'un moment. Ce n'est pas normal d'avoir peur de croiser sa propre mère.
Sa voix, bien que basse, se brisa sur les derniers mots et il expira un souffle court, trop court. Dean se détacha de quelques centimètres de Castiel pour poser deux doigts sous son menton et le forcer à le regarder.
– Regarde-moi et concentre-toi sur mon visage, Cass. C'est ça. Maintenant respire. Doucement. Inspire… et expire. Tout va bien. Recommence. Ne détache pas ton regard du mien. C'est bien, Cass. Tu te débrouilles très bien. Inspire. Expire.
Peu à peu, la panique qu'il avait senti monter en Castiel redescendit et disparut tout à fait. Le doctorant respirait à nouveau normalement. Dean lui sourit et relâcha son menton. Cass poussa sur ses pieds pour déposer ses lèvres sur les siennes tout en jetant ses bras autour de sa nuque. Dean entoura la taille de son petit ami tout en approfondissant le baiser. Quand leurs bouches se séparèrent, ce ne fut que pour laisser leurs fronts se rencontrer. Castiel ne détacha pas ses bras de sa nuque mais Dean ne s'en plaignait pas. Il aimait avoir Cass ainsi pressé contre lui. Il aimait leurs étreintes.
– Est-ce que tu étais aussi nerveux?
Cass avait soufflé si bas sa question que si Dean n'avait pas eu son visage si proche du sien, il ne l'aurait sans doute pas entendue. Et bien qu'elle soit vague, il savait parfaitement de quoi parlait Castiel.
– J'avais l'impression que j'allais imploser, confia-t-il. À chaque fois que je me disais «Aujourd'hui tu leur dis. Aujourd'hui tu arrêtes de mentir.». Et à chaque fois, je ne parvenais pas à aller au bout de mes intentions parce que j'étais comme paralysé par la peur. Jusqu'à ce que…
Dean s'interrompit et ferma les yeux avec force pour chasser les souvenirs qui voulaient remonter à la surface. Ce fut les lèvres de Castiel sur sa joue qui les firent disparaître complètement.
– Je sais, Dean.
Le susnommé lui adressa un sourire avant de l'embrasser encore, du bout des lèvres.
– C'est normal que tu aies peur, murmura-t-il alors que les mots s'échouaient tout contre la bouche de Cass.
Ce dernier lui vola un autre baiser.
– Ca serait pire si tu n'étais pas là…
Et Dean ne put se contenir. Il n'y arrivait pas quand Cass disait des choses aussi stupidement niaises. Il embrassa Castiel à pleine bouche avant de le plaquer contre le mur le plus proche. Il sentit les doigts de son petit ami agripper ses cheveux alors que leurs lèvres dansaient l'une contre l'autre, qu'il entrouvrait la bouche pour laisser Cass rechercher sa langue. Quand enfin, elle trouva sa jumelle et qu'une caresse langoureuse l'effleura, Dean sentit une nuée de papillons s'envoler de son estomac. Le baiser se fit alors plus doux, tandis qu'ils faisaient durer l'instant et le cœur de Dean ne sut plus comment battre correctement. Castiel brisa un instant le contact de leurs lèvres pour lui adresser un long regard brûlant.
– Je le pense vraiment, Dean. Je… Je serais sans doute en train d'hyperventiler si tu n'étais pas près de moi. Tu… Tu maintiens mes angoisses à l'écart et je… tu… tu es tellement compréhensif et… je vois combien tu essaies de rendre les choses plus faciles et tu le fais. Tu le fais.
Castiel s'interrompit un instant. Dean se demanda si son cœur saurait un jour retrouver un rythme normal quand il était avec Cass. Si un jour, il cesserait de lui donner l'impression de vouloir s'échapper de sa poitrine avec tant de vigueur, comme pour s'offrir à Castiel.
– Tu le fais alors que tout ça doit être aussi dur pour toi que ça l'est pour moi et… je… je ne mérite pas tant de prévenance, Dean.
L'intéressé l'empêcha d'aller plus loin en posant délicatement ses lèvres sur les siennes.
– Justement, Cass, si. Tu mérites tout ça.
Et ces quelques mots étaient peu, si peu comparé à la tempête qui faisait rage sous le crâne de Dean. Même s'il l'avait voulu, il n'aurait pas pu exprimer ce qu'il ressentait en ce moment. C'était un véritable maëlstrom de sentiments mais on pouvait tout de même en distinguer un. Et pour une fois, son ampleur ne fit pas peur à Dean. Pour une fois, l'étendue de l'amour qu'il ressentait pour Cass ne lui faisait pas peur. Pour une fois, il voulait juste embrasser ses sentiments pour le doctorant, comme il embrassait ses lèvres.
Il n'était pas prêt, pas encore à lui confier, d'abord parce que ce feu dévastateur qui le consumait, avait dévoré si vite l'entièreté de son être que cela lui semblait à la fois la chose la plus irréelle et la plus palpable qu'il avait expérimentée de toute sa vie. Une des rares choses dont il ne doutait pas un instant, à l'image de l'amour fraternel qu'il avait pour Sam. Ensuite parce que Dean avait du mal, trop de mal à exprimer ce qu'il ressentait quand ce n'était pas juste de la colère. Et surtout parce qu'il n'y avait aucun moyen que Cass ressente des choses aussi fortes à son égard. Cela faisait mal de songer une chose pareille, tout aussi mal que la voix de l'espoir qui lui murmurait qu'il faudrait juste du temps, que Cass avait été prêt à le présenter à ses proches après tout. Que ça devait bien signifier quelque chose.
Un coup à la porte les firent sursauter tous les deux.
– Je sais que ton fantasme inavoué est de faire l'amour à ton copain juste au-dessus de nos têtes, Cassie, mais il faudra que tu descendes un jour ou l'autre! leur parvint une voix étouffée à travers le battant.
Castiel et Dean devinrent rouge pivoine dès que l'inconnu – vraisemblablement un des frères de Castiel – eut terminé sa phrase et pendant un moment, ils s'évitèrent du regard, comme l'auraient fait deux adolescents pris en flagrant délit. La pensée fit rougir plus encore Dean à qui il fallut plusieurs minutes pour reprendre contenance.
– Cassie? appela de nouveau la voix et à regret, Dean se détacha de Castiel pour le laisser se décoller du mur.
Ils s'avancèrent ensuite vers la porte que Cass ouvrit sans un mot. Derrière celle-ci apparut un homme de petite taille, aux cheveux bruns tombant au-dessus de ses épaules, et aux yeux noisette. Cass roula des yeux avant de foudroyer son frère du regard.
– Je te jure que si tu passes ta soirée à faire des blagues de ce genre, Gabriel, je vais finir par te tuer.
Le dénommé Gabriel éclata de rire tout en rejetant la tête en arrière. Dean ne put retenir un sourire amusé. C'était donc à ce frère-là qu'il devait son premier baiser avec Cass. Dean se doutait cependant que Gabriel ignorait cet état de fait. Le jeune homme n'était pas certain de vouloir le mettre au courant. Au vu de l'aperçu qu'il venait d'avoir du personnage, il avait le sentiment qu'il ne cesserait jamais d'en entendre parler.
– Bonjour à toi aussi, Castiel. Ravi de te revoir. Où est donc passé ton sens de l'humour?
Cass gratifia Gabriel d'un autre regard noir avant d'ouvrir la porte en grand pour les laisser sortir. Il la referma derrière lui avant de se tourner vers son aîné qui observait déjà Dean, comme s'il essayait de le jauger.
– Gabriel, voici Dean. Dean, mon frère, Gabriel, les présenta Castiel.
Dean tendit une main à Gabriel qui n'hésita pas une seconde pour s'en saisir et l'attirer dans une étreinte amicale. Il le gratifia d'une grande claque dans le dos avant de se reculer, laissant Dean un peu sonné par son enthousiasme.
– Content de te rencontrer, Dean-o! J'avoue que j'étais très curieux de savoir qui tu étais! Cassie e…
Gabriel s'interrompit quand Castiel lui lança un autre regard d'avertissement mortel et Dean se demanda ce qu'aurait bien pu dire le frère de son petit ami s'il n'avait pas été coupé dans son élan. Sans doute une autre blague salace.
– Vous venez? demanda-t-il après avoir sans doute juger plus sage de ne pas tenter le diable.
Ils acquiescèrent avant de s'engager l'un à la suite de l'autre dans la cage d'escaliers. Dean fermait la marche et il commençait à se demander s'il ne devrait pas juste rester dans les escaliers toute la soirée. Toutes les voix qu'il avait faites taire jusqu'à présent s'étaient engagées dans une espèce d'opéra cacophonique narrant tout ce qui pourrait mal se dérouler dès lors qu'il serait entré dans le salon.
Qu'est-ce que je fous ici? Non, mais vraiment? Qu'est-ce qui m'a pris? se lamenta intérieurement Dean et il s'arrêta sur la dernière marche des escaliers, soudain paralysé. Tout ceci n'avait aucun sens. Aucun PUTAIN de sens. Il était là, à deux pas des parents de Castiel, à deux pas de ses frères et sœurs, comme l'était Sam devant ceux de Jess.
La seule différence était que la relation de Sam avec sa copine avait deux ans. La sienne ne datait même pas d'un mois. Bordel, on ne se connaissait même pas il y'a un mois et demi! Il était prêt à entrer dans le salon des Novak comme si lui et Castiel était un couple soudé par les ans, comme s'ils avaient discuté de ça – et ils l'avaient fait, certes, mais seulement parce les circonstances l'avaient imposé – longtemps avant d'en venir à la conclusion que oui, tout était assez sérieux pour qu'il rencontre les parents de Cass.
C'était absurde.
Il était ici alors qu'il y'avait autant de chance pour qu'on le jette dehors dans les prochaines minutes ou pour qu'il tombe dans les pommes parce que ses nerfs auraient lâché. Il s'apprêtait à franchir une étape qu'il n'avait jamais envisagé avoir à franchir avant de rencontrer Castiel. Il était à des kilomètres et des kilomètres de Lawrence, pour Cass.
C'était insensé.
Des doigts se refermèrent autour de son poignet et Dean sortit brusquement de sa transe. Il inspira une grande goulée d'air, faillit s'étrangler avec avant de poser un regard hagard, les yeux exorbités, tel une biche surprise par les phares d'une voiture en pleine nuit, sur Castiel. Ce dernier semblait calme, bien plus calme que lui alors qu'il paniquait cinq minutes plus tôt. Dean s'en voulut aussitôt. Il était ici pour être le soutien de Cass. Il n'était pas là pour lui donner une source de stress supplémentaire. Reprends-toi, mon vieux. Mais ses propres imprécations étaient vaines.
– Dean, tu vas bien?
Dean déglutit, l'impression que sa salive était soudain équipée de lames aiguisées qui lui tailladèrent la gorge mais il se força à prendre sur lui. Il laissa ses doigts remonter sur la prise de Cass pour entrelacer leurs doigts, plongea son regard dans le sien et lui sourit, d'un air qu'il voulut encourageant.
– Oui. Oui, je vais bien, murmura-t-il d'une voix rauque et il espéra que cela ne le trahissait pas.
Castiel lui rendit son sourire et s'approcha de lui pour déposer un chaste baiser sur sa joue.
– Ils vont t'adorer, murmura-t-il en se reculant.
Il lui sourit encore.
– Je défie qui que ce soit de ne pas t'aimer après t'avoir rencontré.
Dean sentit des papillons s'envoler une nouvelle fois de son estomac et il rougit violemment. Bon sang, Cass… Est-ce que tu as la moindre idée de ce que tu me fais quand tu dis ça? Et comme s'il voulait le rendre encore plus haletant, Castiel lui offrit un autre baiser. Puis il se recula et tira avec douceur sur leurs mains liées pour l'entraîner vers le salon. Dean le suivit tout en se concentrant pour chasser la rougeur de ses joues. Quand il sentit Cass se tendre inconsciemment, il pressa sa main dans la sienne. Le doctorant lui adressa un rapide regard et Dean mit tout son soutien dans le sien. Castiel lui sourit puis ils entrèrent dans la pièce.
C'était probablement son stress mais Dean eut l'impression que quelqu'un avait braqué des projecteurs sur lui pour indiquer à toute la famille, installée sur le canapé, de le regarder. Il se sentit reluqué pendant un instant embarrassant qui lui sembla durer des heures alors qu'il savait pertinemment que tout cela ne durait sans doute que quelques secondes. Il eut comme l'impression que les yeux de la mère de Cass s'attardaient sur leurs mains liées mais il n'eut pas le temps de s'y pencher plus avant car Chuck s'était levé.
Il attira d'abord son fils dans ses bras avant de se tourner vers Dean et de lui tendre une main.
– Heureux de vous rencontrer en personne, Dean, dit-il quand l'intéressé l'eut serrée.
– Moi également.
Chuck s'écarta ensuite pour laisser apparaître le reste de la famille que Castiel avait déjà salué. Il était devant sa mère à présent, l'air de ne pas trop savoir quoi faire. Quelques secondes plus tard, après un simple échange de regards cordial – trop cordial si Dean devait être honnête – Cass l'avait rejoint.
– Tu as déjà rencontré Balthazar et Gabriel. Voici, Kali, la compagne de Gabriel.
Il désigna une jeune femme belle et élancée, vraisemblablement d'origine indienne. Ses cheveux noirs et ses yeux tout aussi foncés étaient mis en valeur par le tailleur rouge qu'elle portait. Gabriel avait passé un bras possessif autour de sa taille.
– Duma, Anna et Anael, mes sœurs.
La première était brune comme Cass et avait des yeux sombres, contrairement à ses frères et à leurs parents, mais au même titre qu'Anna, assise à côté d'elle, dont les cheveux roux flottaient joliment au-dessus de ses épaules. Quant à Anael, elle avait de longs cheveux auburn et un regard noisette que Dean imaginait sans mal faire des ravages autour d'elle.
– Et voici Nick, sa femme Sarah et leurs fils Teddy.
Dean s'attarda à peine sur le visage de l'homme blond ou celui de la femme brune, en revanche, son regard fut aussitôt attiré par le nourrisson coincé entre les bras de sa mère. Un sourire naquit sur ses lèvres à la simple vue de l'enfant.
– Bonjour toi, murmura-t-il au gamin qui lui adressa un sourire.
Finalement, il se tourna vers la dernière personne qui restait à présenter.
– Et voici ma mère, mais tu l'avais déjà deviné.
Il n'y eut pas de paroles échangées cette fois. Juste un long regard et Dean eut la sensation d'être emporté par un vent glacial quand les yeux polaires de Naomi se posèrent sur lui. Il se retint de se mordre la lèvre et se contenta de hocher la tête avant de détourner le regard. Il ne manqua cependant pas le soupir discret que laissa échapper Cass et quand ils vinrent s'installer de l'autre côté du canapé, il effleura ses reins du plat de la main. Le doctorant lui adressa un remerciement silencieux tandis qu'ils s'asseyaient. Dean ne retira pas sa main du dos de son compagnon. Il savait qu'il aurait besoin de ce soutien si d'aventure sa mère restait muette.
Ce silence était pire que tout. Dean n'avait pas eu droit à quelque chose d'aussi explicite que celui que Castiel subissait, cependant, il était bien placé pour savoir qu'il était aussi malaisant que douloureux. Qu'y avait-il de pire que d'avoir l'impression de ne plus vraiment exister? [AN]
– Bien! s'exclama Chuck ce qui le sortit de ses sombres pensées. Maintenant que les présentations sont faites, si nous commencions par un apéritif?
Tout le monde approuva vivement la proposition et Chuck se leva pour rejoindre la cuisine. Dean se demanda s'il devrait se lever pour l'aider mais personne ne le fit alors il jugea opportun de rester à sa place. Il sentit le poids d'un regard sur lui et tourna la tête pour croiser celui d'Anna. Elle ne détourna pas les yeux pourtant, comme l'aurait fait quelqu'un pris en flagrant délit.
– Pardon, lâcha-t-elle finalement, mais…
Elle se mordit la lèvre.
– Tu ne serais pas le serveur du soir où on a fêté la thèse de Castiel?
Dean et Castiel échangèrent un regard entendu tandis qu'un petit sourire se dessinait sur les lèvres de son petit ami. Quand Dean reporta son attention sur Anna, elle ne l'avait pas quitté des yeux et ses deux sœurs s'appliquaient également à le reluquer, comme pour faire remonter un souvenir à la surface.
– Tu es physionomiste, admit-il et un grand sourire étira les lèvres d'Anna.
– Ton visage m'avait déjà semblé familier en visio mais c'est encore plus flagrant en vrai!
Elle s'interrompit un instant.
– Hum… Désolée pour hum… le numéro ce soir-là. On essayait de prouver quelque chose et manifestement on avait tort.
Dean balaya l'excuse d'un geste de la main avec un petit rire.
– Cass m'a expliqué. Y'a pas de mal.
L'interpellé baissa les yeux. Ses joues prirent une délicate teinte rosée. Chuck choisit ce moment pour revenir avec un plateau rempli de différents petits toasts et de onze coupes à champagne. Il tenait la bouteille dans l'autre main et il déposa tout cela sur la table basse devant le canapé dans un geste expert. Pendant ce temps, Sarah avait déposé son fils dans un transat près d'elle. L'enfant n'en semblait pas ravi. Dean risqua un regard dans la direction de Naomi qui n'avait pas encore dit un seul mot. Chuck déboucha ensuite la bouteille et servit chacun des convives.
– Merci, fit Dean quand le père de Castiel lui tendit une coupe.
Il s'installa de nouveau après avoir terminé son service et leva sa propre coupe.
– A ce réveillon en famille.
Tous répétèrent ses paroles mais Dean ne put s'empêcher de remarquer que Naomi semblait retenir sa salive sans cesser de leur lancer de réguliers coups d'œil. Castiel évitait son regard. Dean profita du fait que les autres soient occupés à avaler une gorgée de leur boisson pour dégager son bras et presser brièvement les doigts de son petit ami entre les siens. Cass s'y agrippa aussitôt et refusa de les lâcher, malgré les regards des autres déjà sur eux. Dean se fit une note mentale de lui rappeler le courage dont il faisait preuve. Il aurait tant aimé se pencher vers lui pour l'embrasser, tant pour le rassurer que pour lui montrer sa fierté. Cass tourna la tête vers lui et sourit, comme s'il avait lu ses pensées.
– Bon, fit Gabriel en claquant ses mains sur ses cuisses. Comme apparemment je devais attendre aujourd'hui pour avoir une réponse, je veux tout savoir. Comment vous vous êtes rencontrés, tous les deux?
Dean se passa une main – celle que Cass n'avait pas retenue prisonnière – dans les cheveux.
– De la même façon que vous avez rencontré Dean la première fois, répondit Castiel en se tournant légèrement vers lui pour lui sourire.
Et ce sourire était si empreint de tendresse que Dean se sentit fondre. C'était idiot et il savait qu'il rougissait comme un adolescent. Pour ne rien arranger, il se retrouva captif des yeux trop bleus de son petit ami.
– Donc quelqu'un dans cette famille a bien réussi à avoir ton numéro, Dean-o! fit Gabriel sans pouvoir empêcher le rictus de grandir sur son visage.
Dean devint cramoisi. Cass serra sa main un peu plus fort tandis que ses parents fronçaient les sourcils, visiblement confus. Cependant, personne ne jugea opportun de les informer de ce que ces paroles signifiaient.
– Gabriel, arrête.
L'intéressé adressa à Castiel un long regard mais celui-ci n'en démordit pas. Apparemment, il n'aimait que moyennement qu'on mette Dean mal à l'aise et cela fit stupidement battre le cœur de ce dernier. Il aimait beaucoup trop pour son propre bien quand Cass jouait les anges vengeurs, comme cette fois dans la boîte de nuit avec Meg.
– Et tu fais quoi dans la vie, Dean? demanda Anael.
De nouveau, Dean se passa une main dans les cheveux. Il ne s'était jamais senti aussi honteux de son métier qu'en cet instant. Encore plus quand le regard de Naomi pesait sur ses épaules. Il était certain qu'elle songerait qu'il n'était pas à la hauteur de l'intelligence de son fils. Peut-être l'aurait-elle pensé aussi quand bien même il aurait eu plus de poitrine et des cheveux longs… Parfois Dean lui-même partageait cette opinion-là et ce malgré ce que lui assurait Cass.
– Je suis… juste serveur. Je… n'ai pas eu l'opportunité de faire des études.
Il jeta un œil à Castiel qui affichait l'expression de quelqu'un qui se retenait de dire quelque chose. Le doctorant savait pourquoi il n'avait obtenu que son diplôme de fin d'études secondaires. Dean se doutait qu'il aurait voulu préciser que c'était parce qu'il avait dû s'occuper de son frère mais qu'il hésitait sans doute à cause des questions que cette révélation soulèverait inévitablement. C'était comme si Dean pouvait lire en lui le dilemme auquel il faisait face, celui où il était déchiré entre prouver à sa famille que Dean était quelqu'un de bien – son cœur en battait plus fort à la simple idée que Cass pense ça de lui – et leur donner un aperçu de son passé qu'il savait difficile et chaotique.
Soudain, Teddy se mit à pleurer, ce qui mit aussitôt fin au dilemme de Castiel. Sarah s'excusa pour prendre le nourrisson dans ses bras et commença à le bercer dans une tentative de le calmer. Dean détourna son attention de la jeune femme pour à son tour interroger les frères et sœurs de Cass sur leurs métiers respectifs. Il découvrit que Gabriel travaillait dans une confiserie – et Nick ajouta qu'il volait plus de sucreries qu'il n'en fabriquait – que Duma était technicienne dans un laboratoire médical, qu'Anna cherchait un poste d'illustratrice et qu'Anael était maîtresse d'école. Nick travaillait dans un cabinet d'avocats et fut ravi de proposer son aide si un jour Sam – que Dean ne put s'empêcher de mentionner – avait besoin d'un stage ou d'autre chose. Balthazar travaillait dans la finance, bien qu'il restât vague sur ce qu'impliquait son travail.
Étonnamment, Dean trouva très facile de discuter avec les frères et sœurs de Cass. Ils semblaient ne pas avoir grand-chose à faire de son statut social et ils étaient amicaux. Dean pouvait presque oublier les fréquents regards de Naomi sur lui. Elle n'avait toujours pas décroché un mot et il surprit Chuck en train de se pencher vers elle. Il ne put s'empêcher de lire sur ses lèvres. «Fais un effort.» semblait-il dire et il se douta que ce qui suivait avait un rapport avec la tension dans les épaules de Cass. Dean s'autorisa à enlacer son petit ami qui se pressa contre lui presque aussitôt. Cass tourna la tête et murmura un «Merci» à son oreille. Dean vérifia qu'on ne les regardait pas pour tendrement embrasser la joue de son compagnon. Castiel soupira.
Dans les bras de Sarah, Teddy ne semblait toujours pas s'être calmé et la jeune femme affichait une expression désespérée. Dean se mordit la lèvre avant d'inspirer un coup et de se lever pour rejoindre la mère et son enfant. Sarah lui adressa un regard interrogatif en le voyant arriver.
– Je suis désolée, fit-elle. Il est plus calme d'habitude mais quand il a ses crises…
Dean secoua la tête et esquissa un faible sourire. Sarah continuait de bercer son fils pour le calmer mais sans succès.
– Je me souviens, quand mon frère était encore tout petit, il avait des moments où il n'arrêtait pas de hurler. Mes parents en devenaient dingues.
Il se mordit la lèvre mais comme souvent avec les enfants, il ne put résister longtemps à son instinct.
– J'étais… hum… souvent le seul à parvenir à le calmer.
Sarah l'observa un instant, le jaugeant, puis finalement, son regard s'éclaira d'une mince lueur d'espoir.
– Si vous avez une méthode miracle, je vous en prie, je suis preneuse!
Dean lui sourit à nouveau avant de demander:
– Vous permettez?
Après, une seconde d'hésitation, Sarah lui tendit Teddy. Sans un mot, Dean se saisit de l'enfant qu'il serra aussitôt contre sa poitrine, sans le quitter des yeux. Il se mit à le bercer comme le faisait sa mère un peu plus tôt. L'enfant s'était arrêté de pleurer une seconde en se trouvant dans des bras inconnus, sans doute surpris, mais alors que sa mère s'asseyait à peine aux côtés de Nick, il brailla de plus belle. Sarah le regarda un instant l'air d'hésiter à revenir vers lui mais son mari lui tendit l'assiette de toasts et elle détourna son attention de Dean et de Teddy. Ce dernier, après une courte réflexion, entonna à mi-voix la chanson que sa mère lui chantait en guise de berceuse quand il était petit.
– Hey Jude, don't make it bad
[Hey Jude, ne gâche pas tout]
Take a sad song and make it better
[Prends une chanson triste et rends la meilleure]
Remember to let it into your heart
[Souviens-toi de la laisser entrer dans ton cœur]
Then you can start to make it better
[Et tu pourras commencer à la rendre meilleure]
Teddy se tut soudain pour reporter son attention sur Dean. Ses grands yeux bleu-gris, encore de la couleur de ceux des nouveau-nés s'étaient fixés sur lui et l'observaient, comme intrigués. Dean s'autorisa un léger sourire, amusé par l'expression de l'enfant et reprit sa chanson.
– Hey Jude, don't be afraid
[Hey Jude, n'aie pas peur]
You were made to go out and get her
[Tu es né pour la faire tienne]
The minute you let her under your skin
[Dès l'instant où tu l'auras dans la peau]
Then you begin to make it better
[Tu pourras commencer à en faire quelque chose de meilleur]
Bercé par sa voix et le mouvement de balancier de son corps, Teddy commençait à papillonner des paupières. Dean sourit encore et reprit le premier couplet toujours à voix basse.
– Hey Jude, don't make it bad
[Hey Jude, ne gâche pas tout]
Take a sad song and make it better
[Prends une chanson triste et rends la meilleure]
Remember to let it into your heart
[Souviens-toi de la laisser entrer dans ton cœur]
Then you can start to make it better [22]
[Et tu pourras commencer à la rendre meilleure]
Ce ne fut que lorsque sa voix s'éteignit qu'il remarqua que Teddy s'était endormi. Et qu'on le regardait à nouveau. Dean baissa les yeux, quelque peu gêné mais il ne manqua pas l'expression impressionnée sur le visage de Sarah.
– Wow. Il faudra que vous m'appreniez ça! dit-elle. On va pouvoir aller le coucher. Il a déjà dîné.
Castiel se leva soudainement.
– Ca te dérange si on s'en occupe?
Sarah lui sourit.
– Non. Vraiment pas.
Cass lui rendit son rictus puis rejoignit Dean sans un mot en lui indiquant l'étage sans un bruit. Ils se dirigèrent vers l'escalier et Dean sentit un regard à nouveau peser sur ses épaules. Il s'autorisa à regarder en arrière une fois qu'ils furent près de la cage d'escalier. Naomi l'observait mais Dean était presque sûr que quelque chose dans son regard avait changé. Il ne saurait dire quoi. Il ne s'en formalisa et suivit Castiel avec précaution dans les marches, pour éviter de réveiller l'enfant assoupi dans ses bras. Cass le guida, toujours aussi silencieux jusqu'à la deuxième porte du couloir. C'était une chambre d'ami dans laquelle un lit parapluie avait été installé et Dean s'en approcha, Teddy pressé contre son cœur. Sa main derrière le crâne de l'enfant, il le déposa en douceur à l'intérieur de la gigoteuse sous le regard attentif de Cass. Sans un mot, il remonta la fermeture éclair. Teddy ne s'était pas réveillé. Une fois qu'il eut terminé, il se recula sans quitter des yeux le nourrisson. Castiel l'enlaça par derrière et Dean se laissa aller contre lui tandis que son petit ami plongeait son visage dans son cou. Pendant un moment, ils ne dirent rien, contemplant simplement le neveu de Cass qui dormait paisiblement dans son lit.
– Je ne savais pas que tu étais si doué avec les enfants, murmura finalement Castiel et son souffle s'échoua dans sa nuque où il était toujours niché ce qui fit naître des frissons sur sa peau.
Dean haussa les épaules.
– Je ne l'ai jamais envisagé comme ça à vrai dire.
– Tu l'as endormi en moins de dix minutes. Nick m'a dit que c'était plutôt rare quand ça arrivait.
– Je ne sais pas, Cass. Je pense pas que ça ait avoir avec un quelconque don, tu sais. Ça, c'est plutôt… naturel pour moi. J'ai toujours fait ça, plus ou moins. Je veux dire… j'ai dû m'occuper de mon frère très jeune et même s'il n'était pas aussi petit que ton neveu… j'ai appris.
Quand Dean tourna la tête vers son petit ami, il souriait. Et le jeune homme ne put s'empêcher de lui voler un baiser. Castiel s'empressa de l'approfondir, sans lui laisser le temps de s'échapper. Dean n'en avait aucune envie de toutes façons. Cass demanda l'accès à sa bouche d'un coup de langue et Dean le lui offrit avec un grondement de plaisir quand l'appendice de son compagnon rencontra la sienne. Il rompit le baiser quelques secondes plus tard, une main sur le torse de Castiel.
– On ferait mieux de sortir. Je ne veux pas le réveiller.
Cass acquiesça et ils quittèrent la pièce, silencieux. Dean referma la porte derrière lui. Quelques secondes après, le doctorant l'embrassait encore. Et il semblait vraiment en avoir besoin. Presque désespérément. Dean lui accorda quelques secondes pour profiter du baiser – et c'était peut-être aussi un tout petit peu égoïste parce qu'il en avait autant envie que Cass – avant de délicatement briser le contact entre leurs lèvres pour prendre en coupe le visage de son compagnon qui plongea son regard dans le sien.
– Ca va aller, Cass.
Il soupira et Dean n'aimait pas le dépit, la tristesse dans ce geste.
– Elle n'a rien dit. Pas un mot. Et quand elle me regarde… j'ai juste l'impression qu'elle voudrait que je disparaisse…
Dean raffermit sa prise sur le visage de Cass.
– C'est juste ton cerveau qui surinterprète ce que tu vois. Tu es sous tension, c'est normal. Elle est juste en train d'intégrer ce que toi et moi implique. Il lui faut un peu de temps. Fais-moi confiance.»
Dean n'en dit rien mais il n'était lui-même pas certain de ce qu'il avançait. Mais s'ils y croyaient assez fort, peut-être qu'il finirait par avoir raison. Il l'espérait de tout cœur. Et ce soir, il avait envie de croire aux miracles de Noël. Il se pencha vers le visage de Cass qui n'attendit pas qu'il se rapproche pour supprimer la distance entre leurs lèvres et écraser les siennes sur celles de Dean.
Une minute plus tard, ils redescendaient rejoindre le reste des convives. Quand Chuck les vit arriver, il se leva en annonçant qu'il était temps de passer à table.
AN: Quand j'ai imaginé cette phrase, j'avais le terme anglophone silent treatment en tête. Je n'ai pas trouvé de traduction satisfaisante et me suis donc rabattue sur le mot «silence» qui, je l'espère rend tout de même bien compte de ce que je voulais dire à la base.
[19] Un vrai lieu à Amherst dans le Massachussetts, qui m'a semblé parfait pour y installer le marché de Noël pendant que je consultais les cartes.
[20] Petite référence à l'épisode Hell House (1x18) où Sam et Dean visitent un vieux corps de ferme réputé hanté. Le monstre se révèle être un Tulpa, créé à partir d'histoires racontées par des adolescents qui avaient dessiné des symboles sur les murs de la ferme… dont un extrait d'un album des Blue Oyster Cult.
[21] Le 3rd Grade est l'équivalent américain de notre CE1. Pour les élèves de 7-8 ans, donc.
[22] Paroles extraites de Hey Jude, des Beatles (1968), une chanson que Mary chantait à Dean dans le canon également.
Et voilà pour la première partie de ce Réveillon aux côtés des Novak. J'espère que le chapitre vous aura plu. On s'approche doucement de la fin et donc de la résolution...
Le chapitre de demain est intitulé Crowded Table.
Comme d'habitude, n'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de cette histoire !
