Cela fait bien longtemps que je n'ai pas posté une histoire avec une fin... J'ai donc décidé de remédier (cette histoire est complète dans mon ordinateur) tout en revenant dans l'univers Harry Potter.
Voici donc les deux premières fois où Drago Malfoy a croisé Hermione Granger après la guerre. J'ajouterai la suite suivant vos réactions.
Hope you like it!
La guerre contre Voldemort avait pris fin depuis presque un an. Un an que Drago Malfoy, prince déchu des Serpentards, avait passé à chercher un sens à toute la douleur dont il avait été témoin... et dont il avait été parfois responsable. Il avait eu le temps de penser, seul, dans le grand manoir Malfoy en ruines.
Ses parents avaient été rattrapés peu après la bataille finale et arrêtés. On avait appelé ça justice, il avait baissé la tête et tourné les talons sans rien dire. Il avait reçu injures et menaces plusieurs fois par jour lors des premiers mois. Là encore, il avait baissé la tête, puis arrêté d'ouvrir le courrier.
Le manoir avait été laissé à l'abandon après la dernière bataille, vestige ensanglanté d'une gloire passée. Drago n'avait d'abord pas eu la force d'estimer les dégâts. Il avait passé un mois enfermé dans sa chambre, ne sortant que pour acheter de quoi manger. Puis, jour après jour, il avait rouvert les portes et volets du grand manoir silencieux. Il avait levé les maléfices et autres sorts malveillants, l'entreprise lui avait pris deux bons mois. La moitié des livres de magie noire de la bibliothèque Malfoy avait dû être lue pour lui permettre de venir à bout de l'aura maléfique qui avait régné trop longtemps dans sa demeure.
Quelques mois de plus, et il avait réussi à nettoyer toute trace d'un quelconque passé malfamé dans le manoir. Il avait même réussi l'exploit de trouver un jardinier pour les hectares de terrain laissés à l'abandon trop longtemps. Il ne chercha pas à employer qui que ce soit pour entretenir l'intérieur du grand manoir, il avait besoin de se réapproprier les lieux par lui-même. Le nettoyage intensif était presque devenu obsessionnel, comme si restaurer son foyer allait le laver de ses propres péchés. Il avait conscience que ce n'était qu'une illusion, les quelques lettres de menaces qui parvenaient encore à franchir l'enceinte lui rappelaient régulièrement qu'il était un être répugnant, héritier d'une gloire faussée et déchue.
Alors la tête baissée, Drago avait encore encaissé. Il y trouvait là une forme de punition qu'il méritait. La bataille lui avait tout pris, mais pouvait-on vraiment s'en plaindre quand on se tenait du mauvais côté de la guerre ? Il n'y avait pas de place pour les perdants dans cet après. Encore moins alors que les perdants en question avaient semé pagaille et morts dans le monde des sorciers pendant de nombreuses années. Il n'en voulait à personne, mais là encore il en voulait au monde entier en même temps. Il avait été prisonnier de préjudices et de sottises toute sa vie. Il avait été le bon petit soldat d'un héritage familial fourvoyé, malgré ses doutes et contre son instinct, il avait baissé la tête et obéit toute sa vie. Pire, il avait parfois agis envers et contre tout bon sens. Et aujourd'hui, face à l'absurdité de tout un système de croyances, il ne savait plus comment exister. Avait-il encore le droit de s'indigner ?
La tête baissée, Drago s'était résigné à son sort, et retiré du monde.
Puis, après des mois d'errance, la date du procès de sa mère l'avait forcé à réagir et il s'était frayé un passage discret vers le monde extérieur. Il avait même réussi à entrer dans le ministère de la magie sans croiser d'hostilités, ce qui, tout bien considéré, était sans doute lié à sa volonté viscérale de passer inaperçu.
La première fois qu'il revit Hermione Granger, Drago n'avait pas vu de visage connu depuis un an. Il n'aurait su décrire ce qu'il avait ressenti avec précision. Par le passé, il avait vu en elle une menace dégoûtante et impure, mais à présent, il avait revu sa copie, et désappris les théories : tout était faux. Cependant, que pouvait-on penser d'une personne quand tout ce qu'on croyait savoir d'elle n'avait plus lieu d'être ? Il était resté figé face à elle, sans savoir comment réagir ni s'il avait vraiment le droit de la reconnaître.
Granger n'avait pas prêté attention à lui. Elle s'était glissée dans l'ascenseur bondé à côté de lui sans le voir, absorbée par un livre. Cette vision familière sembla réveiller Drago bien plus qu'il ne s'y était attendu : Voir Granger le nez planté dans un livre, c'était un peu de son enfance à Poudlard qui rendait visite.
Elle avait peu changé : les mêmes cheveux indisciplinés, les mêmes yeux noisettes intelligents, les sourcils froncés dans la concentration la plus totale... Et pour la première fois de sa vie, la vision d'Hermione Granger inspira un sourire dénué de moquerie à Drago Malfoy.
Granger quitta l'ascenseur au même étage que lui, sans l'avoir remarqué. Drago la suivit un moment, en retrait, et fut étonné de la voir s'arrêter devant la salle d'audience qu'on lui avait indiqué pour le procès de sa mère. Elle ferma son livre et jeta un coup d'œil autour d'elle, comme si ses pas avaient été mécaniques et qu'elle réalisait seulement maintenant où elle avait atterri. Elle se figea lorsqu'elle le vit et Drago baissa instinctivement la tête, espérant que la technique habituelle d'évitement lui épargne une discussion inconfortable. Elle marcha droit sur lui et il pesta intérieurement.
-Malfoy, dit-elle sur un ton qui ressemblait étrangement à un bonjour sec.
-Granger, marmonna-t-il en retour sans la regarder.
-Harry m'envoie témoigner pour ta mère, déclara-t-elle sans détour. On espère alléger sa sentence puisqu'elle a aidé Harry dans la forêt lors de la bataille.
Drago releva la tête et la dévisagea. Il s'était attendu à des insultes, des moqueries, peut-être même une leçon de morale, mais tellement pas à... ça.
-Je ne promets pas qu'elle sortira aujourd'hui, continua Granger. Mais j'ai bon espoir que tu pourras au moins la voir avant son renvoi en prison pour attendre le verdict.
Il ouvrit la bouche mais rien ne vint. Il avait déjà du mal avec l'idée qu'elle n'était rien de ce en quoi il avait toujours cru, maintenant qu'elle semblait décider à lui faire des faveurs, il n'avait plus aucune pensée cohérente. Granger le sonda du regard un moment, attendant sans doute une insulte ou autre provocation qui ne vint jamais. Alors elle reprit :
-Je sais que je ne suis pas la personne que vous auriez choisi ta mère et toi pour vous sortir de cette situation, Merlin sait que je n'ai moi-même pas choisi d'être là... Mais puisque nous sommes coincés dans cette situation, peux-tu oublier de me haïr le temps de notre collaboration ?
Il avait soudain des milliers de choses à dire et de questions à poser. Après presque un an enfermé dans un silence résigné, il ne savait plus par où commencer... Son esprit était embrumé, flou, et il ne parvenait pas à garder un courant de pensées assez longtemps pour le mettre en voix. Il finit par abandonner dans un soupir las, et il lui offrit un hochement de tête. Elle sembla satisfaite et tourna les talons pour se diriger vers la porte.
Il fallut quelques minutes à Drago avant qu'il n'arrive à se recomposer. Il n'arrivait désespérément pas à donner du sens à ce qu'il ressentait, alors il abdiqua et rejoignit Granger à l'intérieur.
Quelques heures plus tard, le procès passé, Drago fut autorisé à voir sa mère, et Granger lui glissa un au revoir poli avant de s'éclipser. Il ne répondit pas, il n'avait toujours pas trouvé quoi dire. Il avait vécu un an loin du monde, un an à déconstruire son héritage et reconstruire son foyer... Et il lui semblait soudain qu'il avait tout à réapprendre.
oOo
La deuxième fois que Drago vit Hermione Granger, six mois de plus était passé. Il avait quitté son manoir le temps d'une journée, pour s'approvisionner en livres sur le chemin de traverse. Les livres étaient désormais sa seule occupation dans le manoir, et il se lassait de relire les mêmes.
Drago avait repéré Granger dès son entrée dans le magasin. Elle était assise à une table, entourée de piles de livres qu'elle tentait sans doute de départager. Là encore, la vision familière de Granger au milieu des livres l'emplit d'un sentiment indescriptible mais irrémédiablement lié à l'enfance. Il fut tenté de la saluer mais se reprit au dernier moment. Il s'éloigna discrètement et disparut dans les étages de la librairie à la recherche de lectures intéressantes.
Il ne put s'empêcher de glisser un regard vers la table où il avait vu la brunette lorsqu'il redescendit pour payer mais elle avait disparu. Les piles de livres étaient toujours là, seuls indices qu'elle n'avait pas vraiment disparu. Un toussotement le sortit de ses pensées et il faillit échapper ses livres. Elle était devant lui et lui offrait un regard dubitatif. Il baissa les yeux, fidèle à son habitude.
-Malfoy, salua-t-elle.
-Granger, vint la réponse marmonnée.
Elle le sonda du regard un moment et il osa lui jeter un coup d'œil. Il ne savait toujours pas comment réagir ni même quoi lui dire. Il eut l'impression qu'elle tentait de le déchiffrer et il ne pouvait pas vraiment la blâmer : il ne se comprenait pas lui-même. Elle finit par reprendre la parole après avoir jeté un œil aux livres qu'il tenait. Elle ne parvint qu'à le rendre encore plus confus :
-Si tu t'intéresses à Falco Aesalo et les animagus, je te recommande la biographie de Lisette LeLapin, c'était un sacré personnage...
Il la fixa avec des yeux ronds. Était-elle vraiment en train de lui conseiller un livre ? Il chercha ses mots, puis renonça et lui offrit encore une fois un vague hochement de tête. Elle haussa les épaules et retourna s'asseoir au milieu de ses livres, ne lui prêtant pas plus attention. Il se maudit intérieurement : des années à insulter la jeune femme et il était aujourd'hui réduit à un silence embrouillé dès qu'il la voyait.
Drago jeta un regard à ses propres livres avant de s'approcher de Granger, prenant son courage à deux mains. Elle leva un regard méfiant vers lui et il faillit tout abandonner.
-... Quel rayon ? Articula-t-il finalement.
Elle haussa un sourcil surpris mais lui offrit l'indication dont il avait besoin. Il marmonna un remerciement avant de s'enfuir à la recherche du livre. Il ne la chercha plus du regard lorsqu'il alla payer, et il quitta la librairie sans demander son reste.
