Chapitre XXVII : Vous allez voir qui commande.

Cousins, ne vous accouplez avec une louve garou sous aucun prétexte !

J'en fis l'expérience et il y a une part de mon corps qu'amèrement je regrette.

Note écrite par Morfin Gaunt.


La veille de la rentrée, Tom Jedusor arriva en coup de vent au Prieuré Salazar. Médusa avait préparé ses affaires et l'attendait dans le hall assise sur ses valises. Elle ne l'avait pratiquement pas vu du mois, il n'était jamais passé, trop concentré sur Poudlard.

—Beurk ne tarit pas d'éloges sur toi et sur ton efficacité, souffla son père.

Peut-être que le fait d'avoir enfermé Beurk pendant une heure en compagnie de ses poupées avait joué pour conditionner cette apparente adoration. Médusa s'était assurée en partant qu'il ait plus peur d'elle que de son géniteur.

—C'était éducatif, murmura-t-elle en tâchant de masquer ses pensées. Comment va Sal ?

Bien. Et concernant le collier ?

—J'ai peut-être une solution, j'y travaille, dit-elle rapidement. Vous en serez le premier informé.

Il plissa les yeux et sa cicatrice suivit le mouvement de sa peau plissée puis se composa un sourire affable et presque paternel du peu que Médusa savait de la chose.

—Voilà que tu es revenue à de meilleures dispositions. Il me tarde de voir tes progrès. Laisse moi voir ta mère un instant, lâcha-t-il en voyant l'ombre de celle-ci passer derrière une colonne dans un coin de la cour.

Il traça vers elle et elle se matérialisa aussitôt dans un froncement de sourcil. Ils eurent l'air de parlementer quelques instants. En tendant l'oreille et en s'approchant légèrement la jeune fille entendit un nom : Karkaroff. Ce fut à ce mot qu'ils tournèrent la tête tous les deux dans un même mouvement. Son père retourna sur ses pas pour la rejoindre sans un mot de plus pour son épouse.

—Allons y.

Elle récupéra ses affaires et transplana en prenant sa main glacée.

Ils atterrirent dans le Hall de Poudlard et Médusa eut l'agréable surprise de voir McGonagall. La professeure parut étonnée de les voir transplaner au sein de Poudlard car elle avait sorti sa baguette s'attendant à une attaque.

—Professeur Jedusor, comment avez-vous pu transplaner au sein même du château ?

—Baissez cette baguette Minerva, rétorqua-t-il avec mépris. J'ai abaissé ces protections temporairement pour ma personne.

—Vous avez utilisé de la magie sanguine pour cela ? Enfin, professeur Jedusor c'est formellement interdit ! Poudlard ne vous appartient pas.

—Ah bon ? Voilà que vous m'apprenez quelque chose Minerva, répondit-il d'un ton sec. L'air pincé de McGonagall fut remplacé par de la défiance et Médusa la trouva stupide et continuer et enchainer d'une voix sèche :

—J'ai vu Mr Lee et votre fils à l'infirmerie. Puis-je savoir ce que des élèves font dans l'école depuis plusieurs semaines manifestement ?

—Mr Lee a encore fait une crise, du reste j'ai officiellement la garde et l'observation de l'obcurial sous ma tutelle. Salazar était inquiet pour son petit camarade et a souhaité le soutenir. Avez vous d'autres questions ?

Ils s'affrontèrent dans un silence tendu et McGonagall finit par rebrousser chemin, le dos droit en leur jetant des regards pincés. Médusa vit son père écumer de rage et il dut sans doute se retenir de jeter un maléfice cuisant à la sorcière. Elle attendit qu'il se calme au bout de quelques secondes avant de commencer à prendre la fuite avec ses affaires.

—Médusa. Cette année avec le tournoi s'annonce complexe. En avançant ensembles nous y parviendrons. Tu vas bientôt rencontrer quelques anciens amis, ils seront très importants pour stopper Dumbledore, siffla-t-il en fourchelangue. J'attends de ta part une éducation digne de ton rang. Voici pour toi.

Il lui tendit son badge de préfète qu'elle fourra au fond de sa poche avec un petit merci de façade et enfin il la laissa partir.

Elle abandonna rapidement ses affaires dans le couloir devant l'infirmerie et y pénétra en courant. Eddy se trouvait dans un lit ainsi que Salazar. Tous deux avaient l'air blême et épuisé. Eddy avait tellement maigri que ses joues étaient creusées.

—Med, souffla Sal. C'est déjà la rentrée ?

—Demain. Oh par les Cendre-Hiver, qu'est-ce qu'il vous a fait ? Je t'avais dit de lui obéir Sal !

—On lui a obéit, maugréa Eddy d'une voix piteuse. Il a fait ses… expériences pour voir ce que ça faisait notre magie combinée. La dernière a eut raison de moi, ça fait deux semaines que je suis ici, mon obscurus a trop poussé, je ne peux plus marcher.

Il jeta un regard meurtris à ses jambes et Sal esquissa un petit sourire pour le rassurer.

—Demain j'aurais peut-être récupéré, je pourrais te soigner.

Pourtant ils savaient que c'était temporaire, Sal pouvait soigner Eddy en superficie, mais jusqu'ici et malgré ses puissants talents son frère n'avait semblait-il pas trouvé le moyen de soigner cette créature en lui qui grandissait.

—Et toi tes vacances ? demanda le rouquin mi figue mi raisin qui ne savait jamais vraiment comment l'aborder.

—Instructives, murmura-t-elle du bout des lèvres

Elle eut un petit sourire :

—Avec le Tournoi des Trois Sorciers il sera occupé. Tout n'est pas encore perdu. Je crois que j'ai un début de piste. Il faut juste que vous fassiez comme d'habitude, vous baissez la tête s'il vous provoque. Je sais que c'est dur, mais il faut tenir bon. Ensembles, on y arrivera.

Sal semblait avoir milles questions à lui poser à l'instar d'Eddy, mais pour une fois, ils parurent lui faire confiance. Sans doute que ces derniers jours avaient été un enfer pour eux.

—Miss Jedusor, Mr le Directeur vous a amenée plus tôt ? Vous êtes malade vous aussi ? s'enquit la voix inquiète de l'infirmière qui l'avait remarquée par la porte de son bureau.

Elle était encore manifestement en train de classer ses potions et remèdes et trouvait des plus anormal de voir deux élèves dans son infirmerie avant même la rentrée scolaire.

—Je ne suis pas malade, j'allais regagner mon dortoir, répondit-elle.

L'infirmière fut à peine convaincue, elle couvait Sal et Eddy d'un regard inquiet et elle avait toutes les raisons de l'être, ce qu'il se passait dans cette école n'était pas normal. Beaucoup de professeurs comme membres du personnel commençaient à s'en rendre compte.

Elle salua son frère et son ami ainsi que l'infirmière en retournant dans son dortoir.

Les élèves arrivèrent le lendemain après le coucher du soleil. Rita fut une des premières à rentrer et se jeta sur Médusa lorsqu'elle la reconnut assise seule dans son coin avec Salazar et Eddy plus loin. Rita jeta un instant un regard à la table des professeurs et quand ses yeux se posèrent sur Jedusor elle blêmit. Elle trébucha sur le banc et essaya de se donner une contenance :

—Alors Med, ces vacances ?

—Je suis restée chez moi la plupart du temps, et toi ? Tu es allée voir tes cousins ?

—Pas cette année, murmura Rita en esquivant son regard. J'avais besoin de repos.

Rita ne lui avait pas parlé de ce qu'elle avait vécu dans la salle de classe avec Eddy, mais de ce dont elle se souvenait, elle en avait gardé des stigmates, aussi Médusa préféra changer de sujet alors que les élèves rentraient dans la Grande Salle. Elle vit débarquer Bellatrix qui avançait d'un air conquérant en trainant derrière elle Lucius et Narcissa. Bella avait repris des couleurs et paraissait même presque heureuse. Elle alla saluer Lee et Salazar et le premier y répondit d'un air enjoué.

—Depuis quand Bellatrix passe du temps avec Lee est Salazar ? Elle s'est encore cognée la tête ?

—Si c'est le cas, Lucius et Narcissa aussi se sont cognés la tête, murmura Médusa en voyant les deux blonds s'asseoir face à Eddy et Sal d'un commun mouvement.

Slughorn arriva peu de temps plus tard avec les nouveaux premiers années.

Le choixpeau posé sur son tabouret n'entonna aucune chanson. Il était mutique et plusieurs élèves le remarquèrent. Aussi Slughorn en tant que sous Directeur entama-t-il la répartition d'un air un peu confus.

—R-R-Rowena Atkins !

—Le Choixpeau fait la grève des chansons ? En voilà une bonne nouvelle, se réjouit Rita alors que la gamine blonde appelée était envoyée à Serpentard.

La répartition s'effectua ainsi lentement, tandis que les élèves s'en étaient désintéressés pour la plupart en attendant leur festin devant leurs assiettes vides. Cette répartition comme celle d'avant n'offrait plus beaucoup de surprise, immanquablement presqu'un élève sur deux finissait à Serpentard.

Les autres tables avec les années et les promotions passant étaient de plus en plus clairsemées. La répartition se termina sur Erwan Selwyn qui fut envoyé à Serpentard à son tour. Quelques élèves applaudirent pour la forme et son père se leva à la table des professeurs.

Slughorn alla se rasseoir à sa place et le Directeur enchaina d'une voix charmeuse.

—Chers élèves, c'est une grande joie de vous revoir ici ce soir. J'attends de vous l'excellence et de l'ambition pour cette année à venir. Cette année, Poudlard a été choisi pour accueillir le Tournoi des Trois Sorciers.

L'apathie provoquée par la répartition fut remplacée par des chuchotements excités qui se calmèrent immédiatement quand un air froid passa sur le visage du directeur.

—Après avoir été longtemps interdites, les anciennes pratiques des sorciers reviennent et c'est vers celle-ci que Poudlard tendra désormais. Les délégations de Beauxbâtons et de Durmstrang arriveront le 30 octobre. Le moindre dérapage à leur endroit sera sanctionné comme il le mérite.

Après ces menaces personne n'avait envie de tenter quoi que ce soit. L'arrivée de ces étrangers dans l'école provoqua même de l'inquiétude chez certains.

—En participant à ce tournoi, vous représenterez l'école et ces murs millénaires. Lorsque l'un d'entre vous sera choisi, je n'attendrai pas moins de cet élève que la victoire. Le contraire ne saurait être qu'un déshonneur compte tenu de l'éducation que vous recevez ici.

Après ces paroles tranchantes, il s'assit et fit un mouvement de main négligeant pour faire apparaître les plats. Une étrange tension avait suivit ces paroles. Certains professeurs étaient clairement troublés et beaucoup d'élèves chuchotaient d'un air confus. Bientôt cependant, alors que leurs estomacs se remplissaient l'allégresse monta dans leurs rangs.

—Par Merlin, le Tournoi des Trois Sorcier, tu imagines ? chuchota Rita. Tous les plus grands journalistes seront là pour couvrir l'événement. Je me demande qui sera choisi. Tu vas participer ?

—Non, éluda Médusa en se souvenant bien que son père lui avait ordonné de ne pas mettre son nom. Je verrai bien Bellatrix. C'est tout à fait son genre.

La jeune fille plus loin chuchotait quelque chose à Narcissa d'un air survolté par dessus son pilon de poulet.

À la fin du repas, Médusa épingla son badge de préfète et se rendit compte un peu confuse qu'elle n'avait pas assistés à la réunion dans le Poudlard Express. Elle devait guider des morveux de première année sans même savoir quel était le nouveau mot de passe. Elle adressa avec Rita un petit sourire maladroit à Eddy et à Sal qui soutenait son ami puis repéra Shafiq qui portait le même badge que le sien.

—Eh bah quand même tu t'intéresses à tes devoirs de préfète ? Tu étais passée où ?

—Ici, siffla-t-elle en retour. Je suis sûre que je n'ai rien manqué d'intéressant. Londubat parle pour ne rien dire. Tu me donneras le planning de ronde, et on y gagnera tous du temps.

Londubat, le préfet en chef qui quittait la Grande Salle eut envie de répliquer mais s'en abstint, sous le regard du Directeur encore à sa table. Il jeta un regard venimeux à la jeune fille signe que les réunions à venir de préfet seraient chaotiques.

—Alors ce mot de passe ? s'impatienta-t-elle.

Bloody Mary, soupira son homologue en récupérant ses propres premières années.

Médusa s'exécuta aussi dans sa besogne tout en discutant avec Rita. Elle ne savait pas si la poignée de gamins la suivait et choisit de s'en moquer. Au mieux, ils trouveraient les cachots tout seul, au pire ils se perdraient et une nuit de cachot n'avait jamais fait de mal à personne.

Elle prononça le mot de passe pour faire basculer le mur vers la salle commune et y pénétra avec Rita. La scène qui se présenta aux deux jeunes filles fut une des plus surprenantes auxquelles elles avaient assisté.

—T'es qu'un débile Rodolphus, va te noyer sous le siphon de douche, lâcha Bellatrix.

—D'où tu me parles comme ça en public ? grogna l'intéressé. Je suis ton fiancé.

Il lui avait saisit le bras et tous les deux se trouvaient au milieu d'une intense dispute. Tous les élèves les regardaient soit pantois, soit hilares. Bellatrix sortit brutalement sa baguette :

—Il semblerait que j'ai aussi oublié de te faire parvenir le message. Toi et moi, c'est fini. Reprend ta bague hideuse avant que je ne te la plante au milieu du front.

Elle lui jeta effectivement sa lourde bague rouge en plein visage et le teint de Rodolphus parut imiter le rubis.

—Ton père ne sera pas d'accord !

Son frère arriva pour défendre son honneur mais Bellatrix le tint en joue avec une expression sauvage.

—Allez le voir, allez y, les frères trolls. Vous allez voir qui commande. Bien maintenant que la situation est éclaircie, je ne vais pas m'infliger votre air de gnou plus longtemps. Salut.

Elle partit triomphalement au milieu de la salle commune et le regard qu'elle adressa à Rita et Médusa fut si lumineux que les trois gorgones se rejoignirent d'un même mouvement. Narcissa quitta Lucius pour les suivre, avec pour la première fois une véritable expression de joie.

—Qu'est-ce qu'il s'est passé cet été Bella ? souffla la jeune fille hallucinée.

—On monte, et je te raconte, gloussa Bellatrix en jetant un regard à Lee qui rentrait dans la Grande Salle en s'appuyant contre les murs.

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—De tous les plans tordus que tu pouvais imaginer, résuma Rita en pleurant presque de rire, celui-là est l'un des pires. Partir bille en tête sur les routes avec Lee, ta sœur et un vieux cracmol. Mais Bella ! Enfin ?

Narcissa et Médusa approuvèrent en gloussant. Toutes les quatre étaient sur le lit de Médusa avec les tentures tirées pour préserver leur intimité d'Ombrage et ne pouvaient pas s'arrêter de glousser. Les verres des bouteilles de liqueurs que Rita avait ramené dans ses valises aidant, Bellatrix de plus en plus rouge avait raconté leur périple avec Narcissa en les abreuvant de détails saugrenus.

—Mon plan a très bien marché. Bon, on a de nouveau perdu Andromeda, mais au moins elle est en sécurité.

Elle avait l'air amère mais Narcissa posa tendrement sa main sur le bras de sa sœur. De leur groupe, et en raison de son jeune âge, elle avait été la plus raisonnable et seulement trempé ses lèvres dans le verre de liqueur pour goûter.

—Elle ira bien. Tonks est un gentil garçon malgré son sang.

—Celui-là c'est une autre paire de gants de dragon, je suis sûre qu'il y a un moyen de le castrer à distance.

—Bella ! souffla Narcissa choquée.

—Bref, tout ça pour dire que je suis désolée, murmura Bellatrix. Je n'aurais pas dû m'éloigner de vous les filles. J'avais besoin de faire le point et de trouver Andy.

Médusa songea qu'elles avaient toutes les trois vécu des choses peu enviables l'année dernière et ne put lui en tenir rigueur. Rita bien éméchée se jeta dans les bras de Bellatrix en couinant. Les deux filles roulèrent sur le matelas et Narcissa et Médusa ricanèrent davantage. La petite blonde se releva pour aller rapidement aux toilettes, navrée de quitter la fête improvisée.

—Rooh lâche-moi Skeeter !

—Tu m'as tellement manquée, pleurnicha la chroniqueuse. Sur qui je pouvais dire des saletés sur Ombrage ? C'est toi la créative de la bande ! Moi je suis dans la communication !

Elle se décolla enfin de Bellatrix quand cette dernière la repoussa d'un énergique coup de pied taquin.

—Et moi je suis quoi dans la bande ? se moqua Médusa devant l'état alcoolisé de sa camarade. La gueule de bois va être terrible demain, Rita.

Rita gloussa et sortit son étui à cigarettes.

—Tu es au commandement, très chère. Je n'en reviens pas que tu ne veuilles pas participer au Tournoi.

—Très peu pour moi. En plus c'est l'année des BUSES, comment veux-tu que je travaille en préparant un tournoi ?

—Merci, j'avais réussi à oublier l'espace de quelques heures ces fichus examens. Mes parents m'ont prit la tête tout l'été pour que je prenne de l'avance, geignit Rita.

—Moi je vais participer, tempêta Bellatrix avec l'œil brillant et un peu fou. À moi la gloire et les gallions. Les Black ont déjà gagné une fois ce tournoi en 1792. La victoire est dans mes veines !

Médusa avait vu juste, Bellatrix n'attendait que d'être sélectionnée et serait certainement brillante. C'était moins les gallions et la gloire qui attiraient la jeune Black que le fait de se frotter au danger et de se battre. Elle souriait d'anticipation en s'imaginant déjà combattre des dragons et des trolls à mains nues, puis alors que Rita allait s'allumer sa cigarette, Bellatrix montra les dents :

—Alors par contre tu vas fumer ta cochonnerie dans les toilettes. Quand tu fumes dans la chambre, le matin je me lève avec l'impression d'avoir dormi la tête dans un cendrier. Ouste !

Médusa d'un air dégoûté ne put que saluer la comparaison, aussi Rita quitta le lit et le sortilège de protection autour des tentures pour rejoindre les toilettes.

—Et toi ton été ? demanda Bellatrix au bout d'un instant.

—Plus morne que le tien, ça c'est sûr, souffla Médusa. J'ai travaillé chez Beurk et à Poudlard. Tu sais, je suis vraiment contente de ce qui t'arrive Bella. Dire non à ton père, envoyer balader ces ploucs de Lestrange… Tu es vachement courageuse.

Peut-être que les verres de liqueurs l'avaient rendues aussi un peu bavasse. Mais Bellatrix avait de nouveau l'air heureuse après de longs mois, alors peut être que les pires situations pouvaient s'arranger ?

—Narcissa va peut-être aller vivre avec les Malefoy, débuta Bellatrix. Ils l'ont un peu adoptée après tout ce temps, les fiançailles avec Lucius sont l'occasion pour elle de partir une bonne fois pour toute de Selsey. Je pensais que je devais la protéger, mais durant notre voyage, je me suis rendue compte qu'elle était beaucoup plus forte qu'elle n'y paraît. Elle a réussi à supporter nos parents pendant tout ce temps, maintenant c'est fini. Ils ne peuvent plus nous faire du mal.

Bellatrix eut à nouveau l'air un peu fou et ses yeux brillaient tandis qu'elle frottait machinalement sa marque invisible sous son pyjama et les sorts de dissimulation.

—Que veux-tu dire ? Toi… tu vas continuer à habiter à Selsey ?

—Le seul autre membre de ma famille voulant bien de moi après avoir rompu mes fiançailles est un lointain cousin Alphard. Un fichu traitre à son sang, non, pour ce que ça coûte je vais rester à Selsey. Mes parents sont médiocres, Med. Ma puissance n'a pas à être dirigée par la médiocrité mais bien par la puissance. C'est comme ça que je montrerai mon potentiel. Le Maitre a empêché mes parents de nous faire du mal à Cissy et moi. C'est grâce à lui que nous sommes protégées. En échange… il m'a demandé de lui raconter tout ce que Lee m'avait confié et plus encore.

Médusa ignora si le regard de Bellatrix exprimait de la désolation ou bien une sombre réjouissance.

—Le vieux Romani qui aidait Lee s'est suicidé à l'endroit où le clan campait. Ils partaient quand on est parties avec Lee. Ils sont sûrement loin, murmura Bella en ayant l'air de vouloir se rassurer autant que Médusa. Au final ce n'est pas très grave.

Pourtant Médusa repéra un pli inquiet sur le front de Bellatrix. Après avoir été accueillie par ces inconnus, elle craignait ce que ses révélations allaient leur faire. Elle semblait un peu perdue.

—Il a vraiment une tête de déterré Lee, depuis Birmingham. Il ne va pas finir l'année.

—On disait ça l'année dernière, mais il a encore de la ressource, maugréa Médusa car imaginer l'adolescent mort lui faisait aussi mal qu'imaginer la mort de Sal.

Et puis, il avait réussi à blesser son géniteur, lui qui avait jusqu'ici toujours été protégé contre les attaques. Après la nouvelle de son immortalité, Médusa se rendit une fois de plus compte qu'il y avait bien une brèche dans les protections de son père. Cet horcruxe caché au fin fond d'une cave lugubre pourrait se révéler utile.

—J'espère, soupira Bellatrix. Cissy s'est attachée à lui aussi. Elle aura du mal à supporter son départ quand ça arrivera inévitablement.

Les deux filles se turent puis se rendirent compte que les deux blondes étaient absentes depuis un moment du lit. Quand elles tirèrent les rideaux elles virent dans la salle de bain Rita passer sa cigarette à une Narcissa curieuse.

—Lâche ça Cissy ! Jette cette saleté du monde des moldus !

—Rita a dit que ça faisait perdre du poids ! protesta la petite blonde encore un peu enrobée.

—La croit pas ! Elle raconte n'importe quoi ! T'es très bien comme ça !

—C'est ce que m'a dit ma mère, mais peut-être qu'elle a tort, abonda Rita en récupérant sa cigarette pour l'écraser dans l'évier sous le cri de protestation de Cissy.

—Kekispasse ? émergea Ombrage entre tous ses chats d'une voix ensommeillée.

La ferme Ombrage, répondirent les gorgones d'une même voix.

Médusa éclata de rire. Oui, cette rentrée commençait bien.

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Cette rentrée commençait plutôt mal de l'avis de Tom. En quittant son bureau le lendemain de la répartition, Charity Burbage se présenta devant lui. Elle portait encore les stigmates de l'attaque des arachnides et qu'elle ait prit la peine de monter les étages avec sa nouvelle jambe en bois lui signifia que la petite Sang de Bourbe était là pour l'ennuyer.

—Professeur Jedusor ! Il faut que nous parlions de ma matière, gronda la née moldue d'une voix outrée.

—Que se passe-t-il professeur Burbage ? se moqua-t-il sous cape en jouant les innocents. Votre matière est désormais obligatoire, vous qui vous plaignez auprès de moi de n'avoir aucun élève-

—C'est le contenu des cours qui est intolérable, professeur ! Mes anciens livres ont disparus de la bibliothèque, Miss Bréviaire ignore où ils se trouvent, et que dire des nouveaux programmes ? Tom, c'est du racisme.

Tom se retint de siffler de mépris. Il avait charmé la petite Sang de Bourbe pour l'utiliser contre Dumbledore et attiser sa volonté de vengeance. Cela n'avait pas été compliqué, quelques paroles douçâtres, un chaste baiser sur la joue et elle avait été conquise. Son statut d'homme marié et de professeur plus âgé avait pour ainsi dire attisé les sens de la jeune femme.

Charity Burbage faisait parti de ce genre de personne un peu méprisable romantisant les interdits pour essayer d'y donner la saveur de l'amour. Sa distance et la froideur qu'il lui affichait depuis le procès détruisaient la jeune rescapée plus certainement que n'importe quel Doloris.

—Et je ne fais pas les programmes, professeur Burbage. Je vous conseille d'aller vous plaindre au Conseil de l'École. Si vous voulez bien m'excuser, dit-il avec une fausse politesse froide, j'ai un tournoi à préparer et d'autres activités plus urgentes que des histoires de moldus.

—Les élèves ne croiront pas de telles sornettes ! Vous savez de quoi ces livres parlent. Vous avez vécu auprès des moldus, comment ne pouvez-vous pas comprendre ce que ces livres véhiculent ?

—C'est bien parce que je les connais que je comprends le point de vue de ces ouvrages. Maintenant si les changements vous importunent, je vous invite à quitter l'école. Après tout ce poste à la réputation d'être maudit, je ne serais pas toujours là pour vous sauver professeur Burbage.

Et il la laissa, satisfait de l'entendre retenir un petit reniflement misérable tandis qu'il s'éloignait. La voir au bord des larmes arriva à élever ses attentes pour la journée. Et puis, si cette petite sotte se montrait trop tenace, il n'aurait qu'une personne à lui présenter et elle ferait le ménage derrière lui.

Tom marcha dans les couloirs en possesseur des lieux, tranquillement et avec nonchalance. En cette première rentrée officielle, le nom de Salazar Serpentard serait inscrit dans chaque enseignement de l'école. L'Etude des Moldus n'était qu'un début. Il avisa la salle de Défense Contre les Forces du Mal qui avait été la sienne pendant plus de dix ans.

En ouvrant la porte, les cours n'avaient pas commencés et Eileen Prince se trouvait seule face à un petit miroir en train de mettre consciencieusement une pâte violette sur sa mince bouche molle en guise de rouge à lèvres. Prince passait un temps certains à se maquiller, mais elle restait laide, grossière avec son visage osseux et jaunâtre. De l'avis de Tom, ce genre de routine dévoilait nécessairement un grand manque d'estime de soi, qu'il était donc facile d'utiliser pour ses desseins. Prince rangea son petit miroir de poche dans sa trousse et baissa les yeux, honteuse d'avoir été surprise en pleine séance de rabotage. Son le globe lunaire lumineux le teint de la sorcière avait l'air cadavérique.

—Maitre, que me vaut le plaisir ?

—J'effectue une inspection avant les premiers cours afin de m'assurer que toute l'école est dans les meilleures dispositions pour entamer cette année, répondit-il tranquillement.

—Concernant l'Obscurial, murmura la femme les yeux baissés, y'a-t-il de précautions particulières à prendre ?

Elle avait remarqué comme les autres professeurs l'état misérable d'Edward Lee depuis hier. Il peinait à marcher et semblait sur le point de s'écrouler malgré les efforts de Salazar. Ses derniers tests avaient considérablement affaiblis le corps de l'adolescent. Il fallait rapidement lui apprendre à faire un horcruxe et dès qu'il serait fait, le gamin pourrait aller moisir dans une malle. Il ne le ressortirait que pour ses expériences, assuré de maitriser sa puissance et qu'il ne mourrait pas.

—Ne pousse pas l'Obscurial dans ses retranchements, Eileen. Si Salazar fait des progrès en duel, préviens moi.

Elle exécuta une révérence avec une grimace servile et tous deux quittèrent la salle de classe. Devant la porte les élèves de cinquième année justement attendaient le début de leur leçon. Ses yeux tombèrent sur Médusa, Black et Skeeter en premier rang qui semblaient s'être rapprochées. Autant Black lui jeta un regard à la brûlant et jubilatoire, autant Skeeter détourna le regard d'un air terrorisé. Il adressa un sourire lumineux à sa fille qui lui rendit un mince petit sourire rusé, mais ses yeux étaient vides, froids.

Quelque chose avait définitivement changé chez elle et ce constat plus que le réjouir l'intriguait.

—Je ne vous retiens pas plus Eileen, bonne séance. Mr Lee, vous resterez un instant avec moi.

Tandis que les élèves entraient progressivement dans la salle de classe, Tom vit avancer péniblement la silhouette de Lee. Il était soutenu par Salazar qui rentra dans la salle de classe après un regard sec de sa part. Edward Lee prit appuis sur le mur en regardant le sol alors que la porte claquait. Son collier de métal était caché tant bien que mal derrière le col de son uniforme, mais il percevait que le gamin était sous son contrôle.

—On est très fatigué à ce que je vois, se moqua Tom. Votre obscurus est plus grand que jamais.

Il ne répondait rien, soumit, sans émotion, simple et parfait.

—Nous passerons à la prochaine étape la semaine prochaine. Vendredi 19 heures.

Et il abandonna le garçon derrière lui en s'attelant à ses tâches de la journées. Le Tournoi des Trois Sorciers demandait beaucoup de temps et de ressources pour tout organiser. Ses journées se passaient en général par d'interminables réunions s'il n'arrivait pas à les déléguer aux Membres du Conseil de l'Ecole. On avait négocié la tenue du tournoi avant même son entrée en fonction. Dumbledore pensait peut-être lui avoir lié les mains avec l'attention portée sur le château mais maintenant que Poudlard était sous sa coupe, le monde viendrait avec lui. Le Ministre Tuft était un imbécile facilement manipulable mais quelques fortes têtes refusaient encore le basculement, Tom allait profiter du tournoi pour les supprimer une à une, lentement pour que sans bruit, sans heurt, le monde lui appartienne.

Il transplana jusqu'à chez lui, satisfait d'être seul. Simplement, sa quiétude ne dura pas assez longtemps à son goût. Alors qu'il allait rentrer dans son bureau, il sentit derrière lui une ombre se déplacer dans l'obscurité. Elle le titilla une seconde avant de feindre de s'en aller, manquant de déclencher chez lui un frisson glacé.

Montre-toi, siffla-t-il agacé.

La silhouette de la Sangsombre se matérialisa près de lui.

—Nous n'avons pas fini notre conversation d'hier, répondit-elle sur le même ton.

—Je ne vois pas ce que l'on pourrait ajouter de plus.

Il ne voyait pas ses yeux, dissimulés dans la pénombre du couloir et alluma aussitôt sa baguette. Elle s'écarta dans un bond avec un petit sifflement, en se recouvrant à moitié du bord d'un des jupons de sa robe.

—Les Karkaroff vont venir avec leur phénix ? Il risque d'y avoir un phénix de plus dans ce pays ?

Elle n'avait pas oublié ses blessures infligées par le phénix de Dumbledore et en portait encore des cicatrices sur le corps. Si son visage restait intact, son corps et sa santé étaient une autre histoire.

—Le seul moyen de tuer un phénix c'est d'utiliser un phénix, siffla-t-il en retour. Evgeni et Igor sauront m'être utiles et t'aideront toi. Si Dumbledore et son fichu volatile sont de nouveau proches de toi il est possible que tu disparaisses par combustion spontanée. De quoi te plains-tu encore ?

Elle poussa un sifflement de chat furieux et ses traits s'étaient durcis, lui donnant un air de serpent sur le point de mordre. Il la trouva hideuse et peut-être un peu inquiétante.

J'ai faim, feula-t-elle en tirant la langue d'un air de prédateur.

—Va voir Nagini, je n'ai pas le temps pour tes enfantillages, rétorqua-t-il en s'écartant.

—Elle dort. Si je continue à me nourrir d'elle, elle finira comme Fabian Prewett !

Tom ne voyait pas le problème. De son avis, Prewett après avoir été brisé pendant des années, était soumis, servile et silencieux. Son traumatisme en avait fait un bon soldat docile, et Tom espérait cette attitude de bien des gens. Hélas, la sangsue face à lui ne faisait qu'être plus arrogante avec les années.

—Demande en de meilleurs termes, Sangsombre.

L'outrage passa sur les traits tordus de la femme face à lui qui eut l'air de se composer un masque de tragédienne pour mieux réciter sa tirade :

—S'il vous plait, My Lord.

Il acquiesça et sortit son collier de sa chemise alors que sa cousine se dirigeait machinalement vers sa main.

—Tu ne mets plus ta bague ? demanda-t-elle en remarquant son annuaire vide.

Il ne répondit pas, alors elle saisit tendrement le médaillon de Serpentard en posant ses lèvres contre le métal froid. Cette part d'âme ne pourrait jamais être engloutie par la kali, celle-ci ne ressentant en substance rien. Son horcruxe ne la nourrissait pas vraiment, ou du moins partiellement et déclenchait chez la Sangsombre une sombre ivresse. Elle s'arrêta au bout de quelques secondes en retenant un petit rire.

—Merci. Tu t'es bien amusé à jouer au docteur avec ton fils et le petit romani ? Il t'a dit des choses intéressantes ?

—Dehors, rétorqua-t-il en la repoussant d'un lumos vers le bout du couloir.

Koro.

Tom plissa les yeux et ne put retenir un sifflement rageur en comprenant le mot que sa femme avait prononcé. Aveugle. Sa compréhension passa sur le visage de la Sangsombre qui éclata d'un rire grave.

—Alors comme ça on apprend le romani, cousin ? Eh ! Toi qui m'as interdit de prononcer le moindre mot, comme la roue peut tourner-

Elle ne finit pas sa phrase et disparut pour éviter une boule de lumière jaillissant de sa baguette. Elle se rua dans l'ombre d'un pilastre et se mit à glousser, renforçant l'énervement du sorcier.

—Vas-tu te taire ?

Si tu comprends le romani, alors tu as compris la phrase dans le Codex, n'est-ce pas ? entendit-il susurrer dans l'obscurité.

Tom se glaça. Depuis qu'il était entré en possession du Codex, il n'avait pas laissé sa femme ni qui que soit d'autres entrer en contact avec le manuscrit du Codex. Si les mots écrits échappaient alors à sa compréhension, ce qu'ils permettaient d'accomplir l'avaient laissés pantois.

—Tu sais contre qui on a écrit cette formule. Tu as compris, Koro ?

—Salazar Serpentard était rom, souffla Tom à voix basse qui avait comprit ce fait quelques jours plus tôt en comparant les lexiques de Lee.

Il abaissa sa baguette. Maintenant que cette vérité était établie, oui peut-être pouvait-elle lui apporter quelques explications. Elle se matérialisa avec un petit sourire mauvais.

Un des premiers dans son genre, oui. Un des premiers à avoir quitté le nord de l'Inde avec son peuple. Quand j'étais enfant, je pensais que nous venions d'Egypte, ma mère racontait que notre peuple était un peuple de charmeur de serpents ayant migré pour éviter les guerres. D'autres racontent que nous sommes montés à dos de cheval volant pour visiter le monde. Dans toutes ces légendes, il doit y avoir une part de vérité. Serpentard était un rom nomade, et il est arrivé dans ce pays pour y fonder son école.

—Ce n'est jamais mentionné dans le Codex, cela a été tut… Ta mère n'a pas choisi ton géniteur par hasard.

—Bien sûr que non, rétorqua sa femme. Elle voulait comprendre ces mots. Elle a rencontré les Apreti et a comprit la dégénérescence de notre famille. Ce que Serpentard a fait.

Elle eut de nouveau un ricanement fou et lugubre. De l'avis de certaines personnes, génie et folie étaient souvent liées, peut-être la formulation ne s'appliquait-elle que mieux à leur duo. S'il reconnaissait volontiers son propre génie, c'était bien la folie de la cracmolle face à lui qui était le plus vérifiable tandis qu'elle ricanait.

—Qu'est-ce qui te fait rire comme ça ?

Tu vas recommencer ?

Elle rit encore plus fort et ses cris hilares furent ceux de trop, il la repoussa contre le mur baguette tendue.

—Comme si je pouvais parler à quelqu'un de ce fichu livre, geignit-elle en se calmant à la vue de la pointe illuminée.

Il s'en était assuré à la naissance des jumeaux, enfermant Méroé dans un serment inviolable avec la magie de Nagini. Si les deux femmes étaient si proches aujourd'hui c'est qu'elles avaient compris que leur sort était lié, en protégeant la vie de l'autre elles protégeaient leur serment ainsi que leur utilité au sein de ce prieuré. Dans leur prison de mots, Méroé y avait jusqu'ici trouvé satisfaction, du reste l'avis de Nagini ne comptait pas.

—Alors continue à te taire.

—Ce sang de romani coule aussi dans tes veines. Notre histoire est liée depuis longtemps, cousin. Ces mots de ma mère les as-tu compris ?

Elle avait pour la première fois réellement suppliante, ses yeux éclairés par sa baguette étaient baissés d'affliction. Elle avait ravalé son arrogance naturelle et sifflait à voix basse des mots romani d'un air mélancolique. Ce nouvel état d'esprit ne le calma que peu.

Pourquoi tu ne m'as jamais parlé de l'origine de Serpentard ? demanda en retour Tom.

—Tu ne me l'as jamais demandé ! dit-elle aussi sec. Tu m'as fait tout abandonner, mais tu n'avais qu'à demander. Tu détestes tellement demander l'aide de quelqu'un que tu as mêlé ce petit romani dans nos histoires. Tu n'avais qu'à me demander et je t'aurai traduit cette phrase. Nos intérêts convergent !

Justement il en doutait. Du peu qu'il avait traduit de l'angloromani, cette prédiction l'inquiétait. Murciella Gaunt avait fuis dans toute l'Europe dans le but précis d'apprendre une langue après l'avoir vue dans le codex. Peut-être que cette vieille folle l'était moins qu'il ne le pensait. Malgré tous les mots de l'Obscurial, il n'avait qu'une version partielle de la traduction. Et cela avait toutes les raisons de l'inquiéter.

En raison de son égoïsme naturel, la Sangsombre devant lui ne devait pas être au courant, ou il devrait en finir d'une façon plus tragique.

—Je pensais avoir été clair, ça ne te concerne pas.

—Bien sûr que si, je le sais, lui répondit-elle les yeux brillants en profitant de l'effroi qui passa sur son visage pour le repousser et disparaître. Sinon tu m'en aurais parlé.

Elle s'enfuit en en une seconde à peine et Tom dut se retenir de souffler de mépris et de rage. Il ne se mit pas à sa poursuite et la laissa filer en plissant les yeux baguette baissée. Oui, elle commençait à devenir opposante. Peut-être que leur partenariat allait bien se terminer plus tôt que prévu. Les Karkaroff allaient peut-être se révéler doublement utiles.

.

.

—Concernant les entretiens pour le nouveau garde chasse, reprit Slughorn.

—J'ai déjà pris toutes les dispositions pour remplacer Hagrid, Horace. Les Carrow ont prit leur fonction ce matin. Ils assureront à deux la fonction de Garde Chasse.

Horace Slughorn prit un petit ananas confit dans la petite coupelle que Tom lui tendait. Il porta la petite friandise avec ses gros doigts boudinés jusqu'à sa moustache de morse qui s'étira en un sourire.

—Encore une fois Tom, vous êtes sur tous les fronts, gazouilla Slughorn assit au milieu de son bureau directorial.

Tom lui sourit, affable, en croisant ses deux longues mains blanches devant lui. En tant que désormais Sous Directeur, Slughorn avait quelques réunions supplémentaires avec lui. Elles étaient souvent de courtes durées et lui permettaient de surveiller Slughorn comme les autres professeurs. En plus de se créer une armée d'élèves soumis, sa présence à Poudlard lui avait toujours permit de garder un œil sur son ancien professeur. En raison de ce qu'il lui avait confié durant sa jeunesse, il fallait être sûr que Slughorn ne parlerait pas.

—Plusieurs collectifs de parents d'élèves souhaitent voir des aurors encadrer les épreuves. Après tout, Grindelwald a attaqué notre pays en premier, fit Slughorn. Les parents de nos étudiants sont inquiets et leur appréhension n'est pas superflue.

—Des aurors seront réquisitionnés pour l'encadrement du tournoi, lui rétorqua Tom d'une voix sèche. Pour ces parents inquiets, je ne peux que les enjoindre à se calmer.

—Peut-être un communiqué ? Vous avez beaucoup de pression sur les épaules en cette première rentrée, Tom.

Tom se retint de siffler de mépris envers cette vieille limace vorace. Il n'allait pas perdre son temps à répondre à des lettres et faire une annonce. La présence d'aurors l'ennuyait déjà, elle n'aurait d'utilité que de mettre des cibles dans le dos de certains trop récalcitrants. Sandor Rosier lui avait confié quelques noms qu'il avait écarté d'office de la protection de Poudlard.

Tom avait rajouté plusieurs sortilèges de son cru autour de l'école afin de s'assurer la paix. Personne ne rentrait ou ne sortait de cette école sans qu'il n'en soit averti.

—J'ai rien à communiquer sur le sujet, reprit Tom d'une voix faussement polie.

Slughorn reprit un petit ananas confit entre les boudins de ses doigts puis eut l'air songeur et un peu hésitant. Il le sentait, depuis qu'âgé de seize ans il avait questionné le vieil homme sur les horcruxes, il avait créé une brèche dans leur relation. Des années de flatteries n'avaient que diminué les appréhensions du vieil homme. Il convenait de le rassurer et de voir ce qu'il pourrait en tirer.

—Pour dire vrai, la fuite de Dumbledore m'inquiète, continua Tom d'une voix faussement chagrin. Après sa fuite et sa trahison, je ne sais quoi attendre de sa part désormais. L'affaire est personnelle malheureusement.

Slughorn papillonna de ses yeux globuleux et reprit :

—Effectivement, après ce qu'il a fait à votre famille, je peux comprendre votre désarroi, Tom. Vous qui n'avez jamais eut de parents proches, je n'ose pas imaginer ce que vous avez dû ressentir quand vos enfants et votre femme ont été attaqués.

—Effectivement, abonda Tom en retenant avec peine un courant de colère glacée qui lui intimaient de torturer le vieux Slughorn pour ses paroles.

La limace partagea son affliction en ayant l'air de vraiment compatir. Ses trais vieillis s'étaient détendus.

—Je comprends Tom. Albus sera retrouvé et viendra s'expliquer clairement, murmura Slughorn.

—J'en doute, Dumbledore a eut l'occasion de s'expliquer durant son procès. Il a refusé sa peine et choisi son destin. Du reste, si vous avez la moindre information à me communiquer à son sujet, Horace, je vous écoute.

Slughorn parut ne pas savoir quoi répondre. Tom lut rapidement en lui qu'il ne savait pas où se trouvait son collègue et que sa disparition l'avait mit très mal à l'aise. À l'instar de quelques professeurs et étudiants, il était très mal à l'aise vis-à-vis des actions de l'ancien Directeur.

—Hélas, le seul à connaître Albus Dumbledore, c'est bien Albus Dumbledore.

Tom acquiesça et raccompagna le petit professeur de potion à la porte de son bureau.

—Quand nos invités seront arrivés, j'envisage d'organiser une petite soirée dans mon bureau. J'ai quelques journalistes étrangers dans mon carnet d'adresse que je ne vous ai pas présentés, fit Slughorn l'air taquin.

Quelle merveilleuse idée, lâcha Tom avec un faux sourire avant de fermer la porte.

Un éclat vert attira alors son attention si brusquement que son cou craqua et il retint une grimace.

La vitrine d'une des nombreuses bibliothèques de son bureau lui renvoya son image, sans le moindre petit éclat vert. C'était son reflet avec sa peau pâle, son air séduisant et cette nouvelle cicatrice noire qui lui découpait la pommette et la joue. Depuis longtemps Tom évitait les miroirs.

Il se souvenait encore très bien de la prédiction de la Gaunt et de ce qu'il avait vu dans les yeux de la vieille femme. Il y avait vu son visage, sauf qu'il n'avait plus rien d'humain, c'était celui d'un serpent cadavérique et famélique, illuminé de verdâtre quand son propre sortilège lui avait été renvoyé. Tom avait alors croisé ces deux yeux verts, ce garçon brun à la cicatrice en forme d'éclair qui avait réussi à en finir avec une version de lui.

Les yeux verts de cet adolescent l'avaient hanté pendant des nuits, envahi par la certitude qu'il les reverrait. Il aurait pu passer sa vie à chercher ce gamin, tuer le moindre nourrisson aux yeux verts, mais de sa position de professeur puis de directeur, il avait pu prendre de la distance. Il avait scruté chaque enfant rentrant dans cette école depuis qu'il était revenu y enseigner et pas le moindre brun aux yeux verts ne s'était présenté.

Peut-être avait-il changé les choses et que ce gamin ne se mettrait jamais en travers de sa route ? Un autre gamin occupait déjà bien assez ses pensées. Tom retourna à son bureau et sortit du premier tiroir de son bureau la bague des Gaunt, brisée en son centre. On aurait dit qu'on avait planté un pieu de diamant au centre de la vieille pierre pour la creuser et ce à l'endroit même où la magie de l'obscurial l'avait frappé avant les vacances. Lee avait réussi à détruire la bague et l'horcruxe ! Lee avait brisé un de ses précieux horcruxes car Tom l'avait sous estimé.

Une telle chose ne devrait plus jamais arriver, et pour ça, il devait assurer ses arrières.

.

.

—Bonsoir Bellatrix, susurra Tom en descendant le parc de Poudlard.

La jeune fille était assise sur une large pierre non loin des immenses murailles de Poudlard. Sous le rayon de lune la jeune fille avait l'air blafarde et légèrement inquiète.

—Bonsoir Maitre, eut-elle l'air de miauler tellement les mots semblaient coincés dans sa gorge.

Tom lui fit un sourire affable tandis qu'il ouvrait les grilles de l'école. Ils sortirent tous les deux dans la fraicheur de la nuit puis il l'invita à prendre son bras. Bellatrix s'exécuta et ils transplanèrent.

Il ne leur fallut qu'une minute pour retourner à Handsworth dans la ruelle où il avait trouvé les gamins avec Black. Bellatrix lâcha aussitôt son bras et s'écarta avant de souffler :

—Je vous ai assuré que les gitans partaient, Maitre. Lee a choisi de nous suivre à ce moment là. Ils ne sont sûrement plus là-bas.

Elle jetait des coups d'œil inquiets à la grande maisonnée blanche derrière une haute haie. Celle-ci semblait abandonnée et tandis qu'il souriait, Bellatrix semblait de plus en plus mal à l'aise. Le hennissement d'un cheval se fit entendre dans la nuit.

—Amène moi là où était votre campement, siffla-t-il en retour.

Elle lui ouvrit le chemin, quittant la riche rue cossue de hautes maisons bourgeoises pour retourner vers l'artère centrale du petit bourg. La nuit était tombée depuis un moment mais quelques moldus vaquaient encore à leurs occupations en jetant un regard curieux aux deux sorciers enroulés dans leur cape noire. Tom les ignora superbement tandis que sa servante le guidait dans les périphéries de la ville. Elle emprunta un petit chemin dans l'herbe pour remonter une colline en quittant définitivement toute habitation. Tom ouvrait désormais la marche avec sa baguette éclairant devant eux tandis que Bellatrix s'était arrêtée au niveau d'un cercle un peu noirci dans l'herbe.

—C'est ici que le vieux moldu s'est ôté la vie dans sa caravane, Maitre.

Et il n'y avait personne comme Bellatrix l'avait pronostiqué, pourtant Tom remarqua sur une colline lointaine les lueurs d'un feu. Quand il plissa les yeux, il reconnut la silhouette d'une caravane.

Ils s'approchèrent du feu et Tom remarqua que Bellatrix s'était tendue en reconnaissant la caravane. Il ne fallut qu'un regard pour lui confirmer les pensées de la jeune fille. C'était la caravane de Zelda Lee. Cette dernière se trouvait assise sur un petit tabouret à la lueur des flammes en fumant sa pipe. Pour l'avoir vue dans les souvenirs du garçon, la vieille n'avait pas beaucoup changé, si ce n'était qu'elle paraissait encore plus misérable avec les années.

Avella, gadjo ! (Viens, non-rom !)

Elle leur offrit un mince petit sourire pincé tout en fumant sa pipe d'un air mystérieux. Tom plissa les yeux. Que faisait cette vieille femme encore ici ? Cela l'arrangeait lui, mais à l'air tranquille de la vieille on aurait pu penser qu'elle les attendait.

Zelda Lee tira un tabouret de l'ombre de la courroie de sa roulotte pour le proposer à Bellatrix tout en le dardant d'un regard curieux.

—Vous deviez être partie, eut l'air de la gronder la jeune sorcière.

—Le vieil homme dans sa caravane n'est pas encore parti, murmura lentement la vieille en regardant la petite colline en contrebas. Il a besoin de quelqu'un pour veiller sur lui encore un peu. Il était pressé de partir sans même savoir où aller.

Dans les ténèbres aucun fantôme ou quoi que ce soit d'autres n'était discernable mais la vieille en semblait persuadée et couvait un point dans la nuit d'un doux regard. Cela agaça Tom qui claqua la langue pour lui faire cesser son petit manège.

Mandi jivannavas, (je vous connais), souffla la gitane en regardant Tom. J'ai vu votre main autour du cou de mon garçon. Tout le temps.

Elle afficha une moue légèrement inquiète et dans ces yeux noirs et voilés Tom y lisait de la colère. Cette gitane avait su percevoir la magie du collier et l'avait reconnu. L'expérience lui avait appris à se méfier de ce genre de talents.

—Le garçon est dangereux pour lui même, c'est bien pour ça que vous l'avez laissé derrière vous, siffla Tom en relevant sa baguette à hauteur du visage de la vieille femme. Ce n'est pas pour lui que je suis ici.

—Je sais, murmura la Lee d'une voix grave et profonde. C'est pour vous.

Elle ne semblait nullement inquiète de la baguette plantée entre ses deux yeux tandis qu'elle se relevait. Elle lui proposa de monter à l'intérieur de sa caravane. En réprimant une grimace, il se tourna vers Bellatrix :

—Reste ici. Surveille les environs.

La jeune fille sortit immédiatement sans baguette tandis qu'il suivait Zelda Lee à l'intérieur de sa roulotte. C'était une pièce en désordre et sombre, un petit lit était coincé au fond ainsi que de multiples petites étagères. Une petite table de voyance et une boule de cristal étaient coincées contre la minuscule fenêtre. Il sentait dans cette petite roulotte une odeur de vieille femme et de renfermé assez désagréable.

—La racli travaille pour vous gadjo. Je n'étais pas sûre qu'elle veuille vous emmener.

Elle s'assit à même le lit rapprochant sa table de voyance en l'invitant à s'asseoir sur un petit tabouret branlant. En cachant sa répugnance, il s'assit.

— Vous vous prétendez voyante. Vous avez vu que je viendrai, lâcha Tom d'une voix glacée.

—C'était une possibilité, murmura la romani. L'avenir est toujours une histoire de chemin à prendre ou à percevoir. Vous êtes venus pour cette raison ? Il vous faut éclairer votre voie.

Elle alluma une bougie illuminant à peine sa caravane et Tom retint à la dernière seconde son sifflement de mépris.

—Je recherche le latcho drom, répondit Tom. Rokka romanes. (Je parle romani)

La vieille eut un petit sourire, dévoilant une dentition jaunâtre.

—Quand un gadjo apprend notre langue certains sont flattés, moi j'en viens toujours à me demander ce qu'il espère y trouver. Les sorciers sont encore plus curieux que les moldus.

Ses traits tirés et fatigués étaient couverts de symboles étranges. Dans cette caravane en compagnie de Zelda Lee, il était entré dans un univers mystique que Tom avait toujours repoussé. Ces superstitions n'étaient pas de la magie, juste une imitation grotesque de ce noble art. Peut-être était-ce là une part de son passé si Salazar Serpentard était effectivement un des premiers rom, mais le meilleur moyen d'en finir était peut-être bien de l'affronter. Refusant d'en révéler davantage sur son ascendance à la femme, il siffla.

—Qu'est-ce que vous êtes, vous ? Voyante ? Sorcière ?

—Selon vos termes je suis une moldue, selon les moldus je suis bien une sorcière, répondit la vieille. À vous de croire ce qui vous arrange.

Tom la détesta férocement, à l'instar de tous les romanis qu'il avait rencontré, elle avait cette espèce de fierté un peu détachée qu'il honnissait. Le monde aurait pu s'écrouler autour d'elle qu'elle n'aurait ôté son petit sourire pincé et tranquille.

—Comment une vieille moldue peut donc aider un grand sorcier à comprendre le bon chemin ? reprit la vieille. Où a-t-il ou bien où devait-il commencer ?

Elle jouait machinalement avec une des perles autour de son long cou, tandis que son autre main triturait son châle à sa taille maigre. Elle avait beau montrer de l'assurance, Zelda Lee avait tout de suite compris de quoi il était capable, l'avait-elle vu ou senti, l'essentiel était qu'elle agisse en conséquence et accepte de répondre à ses questions pour sauver sa vie.

—Une voyante tzigane a prononcé des paroles il y a longtemps avant qu'elle ne meure. Elle m'a prédit des choses en anglais, puis annoncé des choses en romani. Je ne comprends pas ce qu'elle m'a dit. Ça n'a pas de sens.

—De quoi est-elle morte cette tzigane ? demanda Zelda Lee en plissant les yeux.

Il tenta de pénétrer dans son esprit à la lueur de la chandelle, mais en fut brusquement éjecté par le son d'une sorte de cithare résonnant à son oreille comme si l'instrument avait été collé à son oreille. Il eut un mouvement de recul en rompant le lien et siffla rageusement.

Maroum la (je l'ai tuée), siffla-t-il finalement.

—Elle n'a pas dû être tendre dans ses mots alors. Elle a vu des yeux verts au devant de toi, ils sont désormais derrière toi. À moins que tu ne regardes vers eux de nouveau. Si tu croises les yeux verts, les lâcher du regard te tuera.

—Qu'est-ce que vous venez de dire ? souffla le sorcier envahit d'une rage glacée.

L'atmosphère de la minuscule caravane devint si froide que la flamme de la chandelle vacilla entre eux tandis qu'un halo de chaleur sortait de la bouche de la vieille femme. Elle triturait péniblement ses perles en tentant de garder ce petit sourire serein en masque de fer.

—Plus que les yeux verts, c'est les mots qui t'ont fait venir ici. J'espère les comprendre. Il me faut voir ce que toi tu as vu, gadjo.

Tom fronça les sourcils en faisant crépiter des étincelles de sa magie. Cette sale gitane avait vu les yeux verts de ce gamin ? Que voulait dire tout ce charabia encore ?

—Oh, bien sûr, et comment faire ? se moqua-t-il sirupeux.

—La Pench divve, la pensée du jour. Vous avez appelé ça Pensine, vous autres.

Tom allait lui rétorquer acerbe qu'il n'y avait dans ce fatras misérable aucune pensine mais la gitane eut presque l'air de lui faire un clin d'œil. Elle saisit avec lenteur une vieille bassine rouillée trainant au pied de son lit et se retourna pour chercher des ustensiles dans les petites étagères au dessus de son lit. Tom la vrilla de sa baguette anticipant le moindre coup bas et elle souffla :

—Nous savons en faire, nous aussi. L'un d'entre vous l'a appris à la grand mère de ma grand mère.

Zelda Lee versa une poudre blanche au fond de la vieille bassine qu'elle rependit sur les parois avec sa main ridée.

—De la poudre d'œufs de grenouille pour la pureté.

Puis elle vida un petit flacon d'eau transparente, avant d'enchainer différents flacons dans son étrange préparation.

Que la première larme d'un nouveau né,

La dernière larme d'un condamné,

Les premières pluies d'un long été,

Les dernières gouttes qu'un sol peut absorber.

Et l'eau d'un ruisseau devenu torrent,

Puissent nous permettre d'y voir clairement.

À mesure qu'elle continuait dans son étrange recette, Tom eut la stupéfaction de voir le bouillon dans la bassine devenir d'une étrange couleur argentée, brillant dans les ténèbres bien mieux que la chandelle ou sa baguette. Tom n'avait jamais su fabriquer de pensine, il ne s'était pour ainsi dire pas vraiment intéressé à la chose.

Mais c'était donc une pensine artisanale mais tout à fait fonctionnelle devant lui, fabriquée par cette gitane.

—Merci pour cette démonstration, vous espérez gagner mes faveurs ?

— J'ai bien compris à l'instant où je vous ai vu que mon sort était scellé. J'essaie de vous aider, vous semblez en avoir besoin, sorcier.

—Endoloris.

Elle tomba au sol dans un hurlement long qui ne l'apaisa qu'à peine, mais eut au moins le mérite de supprimer son petit air suffisant. Zelda Lee continua à crier en sanglotant des prières et Tom se détourna d'elle pour observer la pensine artisanale. La mémoire de Lord Voldemort, digne descendant de Serpentard allait-elle être plongée dans ce récipient infâme ? Répugné, il pointa sa baguette sur sa tempe et retira son souvenir délicatement pour le porter dans l'eau argentée. De là, il saisit la gitane par le bras et la plongea à sa suite la tête dans la pensine.

Zelda Lee releva la tête au moment où il poignardait Murciella Gaunt. La scène était encore gravée dans l'esprit de Tom. Méroé s'enfuyait avec le Codex en quittant la roulotte tandis que son lui de dix neuf ans repoussait la mourante dans ses bras alors qu'elle vagissait.

Tom pour réentendit ses mots en se gelant comme au premier jour. Il en comprenait la majorité et cela l'inquiétait. Il devait avoir un expert pour le comprendre. Il poussa la Lee en avant vers les deux formes du souvenir.

—Que dit-elle ? Que dit cette femme ? siffla-t-il.

Tandis que les derniers mots s'écoulaient de la bouche fendue de Murciella, son jeune lui se relevait pour partir à la poursuite de la Sangsombre. Zelda Lee se tourna vers lui l'air pâlie. Ils sortirent en même temps du souvenir et la vieille femme roula sur le sol usé de sa caravane en toussotant.

Sous la menace de sa baguette, elle releva les yeux vers lui et murmura d'une voix rauque :

—« Il va comprendre… un jour ce qu'est ce… livre,

Il s'en amusera… mais se fera détruire,

Et toi, tu te feras tuer. »

Non. Comment était-ce possible ? L'esprit de Tom ne pouvait le concevoir. Ses traductions n'étaient pas erronées. Ce il parlait de lui, et Murciella Gaunt s'était donc adressée à sa fille dans ses derniers instants. Il allait être détruit et Méroé serait tuée ? Elle avait parlé du Codex de Serpentard, ce livre que Méroé avait récupéré, la seule chose qu'elle avait gardé. Cette découverte le glaça, comme s'il avait été projeté contre un mur de givre. Un frisson de rage froide lui traversa l'échine.

Endoloris ! Y a-t-il une interprétation, gitane ? siffla-t-il.

—S-S-Seulement si l'on change de voie, souffla-t-elle après ses hurlements. T-tout n'est pas écrit. Il suffit de comprendre son erreur.

—Cesse ton verbiage sale cracmolle ! Je sais ce qu'est ce livre dont elle parlait. Ce n'est pas ça qui me détruira selon elle. C'est impossible !

Koro.

On l'avait traité d'aveugle, encore, et ce fut la fois de trop. En une seconde il avait levé sa baguette exultant d'une rage puissante :

—Avada Kedavra !

Le rayon vert illumina toute la caravane en une seconde et quand l'obscurité revint, Zelda Lee était morte à ses pieds. Il avait eut des réponses à ses questions et avait autorisé la cracmolle à avoir une mort rapide. Il récompensa sa miséricorde en miniaturisant la pensine de fortune pour la transporter dans le revers de sa manche avec un sortilège de transfert. De là, il jeta un regard dédaigneux à l'endroit où il se trouvait et au cadavre à ses pieds. Il enflamma le lit au fond de la caravane et la quitta immédiatement après.

Bellatrix l'attendait non loin de là en caressant les deux équidés attachés au seul arbre de la colline. La jeune fille s'écarta pour le rejoindre. Si elle n'avait rien entendu, elle ne se faisait que peu d'illusion sur le sort de Zelda Lee de part les flammes illuminant toute la colline. Elle leva des yeux éperdus envers lui.

—Merci de ton aide Bella. Je saurais m'en souvenir, sois en certaine.

—M-Merci.

—Ta sœur Andromeda mettra du temps à comprendre, mais elle reviendra. Considère-là autant sous la protection de Lord Voldemort que ta petite sœur et toi, désormais. En conséquence de quoi, jamais tu ne devras parler de ce que tu as fait ce soir. Sommes-nous clairs ?

Il lui saisit le menton pour observer ses yeux violets illuminés par les flammes. Il sentait au fond de sa tête la brûlure des sentiments qu'elle éprouvait à son encontre et cela le réjouit. Les cœurs à prendre avaient toujours été ses proies favorites car fidèles et manipulables.

—Oui, Maitre. Merci Maitre, miaula-t-elle encore d'une petite voix de chaton enroué.

—Je n'ai aucun doute que tu seras sélectionnée pour le tournoi. Lorsque ce sera fait, tu honoreras la maison Serpentard et ton sang comme il se doit. Je t'entrainerai moi même pour cela.

Il la sentit rougir davantage tandis que son esprit vagabondait sur des pensées bien peu chastes pour une jeune femme, aussi, il lui lâcha le visage prestement et lui offrit une moue.

—Rentrons à Poudlard, il se fait tard.

Il lui saisit le bras et ils transplanèrent.

.

.

Après les révélations de Zelda Lee, Tom avait longtemps réfléchi à ce qu'il convenait de faire, mais un appel de la marque des ténèbres coupa ses réflexions. Il transplana hors de Poudlard vers Little Hangleton. Dans le luxueux manoir qui avait accueilli le sang de moldu de son père, Tom avait trouvé judicieux d'y installer un QG secret. Officiellement racheté par un investisseur moldu pour d'obscures raisons financières, quelques opérations étaient supervisées d'ici. Le luxe relatif de la demeure lui avait permit en prime d'y accueillir un invité des plus exceptionnels.

Quand il pénétra dans le hall abandonné depuis plus de vingt ans, il sut qu'on l'avait appelé en vain. Comme depuis des mois, le cri perçant de Grindelwald se faisait entendre dans l'habitation et ses Mangemorts faisaient grise mine. Quand Tom pénétra dans le salon poussiéreux où campaient Sandor Rosier et Greyback, il vit ses deux sbires pâlir et exécuter une courbette.

Un nouveau cri de Grindelwald résonna dans la bâtisse et Tom bénit le fait que les moldus aient considéré très tôt ce manoir comme hanté. Personne ne s'en approchait et les cris ne faisaient que confirmer cette illusion.

—Depuis combien de temps s'est-il remis à hurler de la sorte ? demanda-t-il d'une voix sèche.

—Depuis deux jours maitre, murmura placidement Rosier en baissant la tête. Il est intenable.

—Le droguer ne suffit plus, approuva Greyback l'air ennuyé. Un mot de votre part et je goutterai sa chair de vieillard.

Le Loup-Garou se pourléchait déjà les babines d'anticipation, tandis que Rosier semblait clairement approuver.

VOLDEMOOOORT ! entendirent-ils agonir des profondeurs du manoir dans un grondement sinistre.

Les frères Avery et Antonin Dolohov qui arrivaient du corridor en se bouchant les oreilles accordèrent à leur maitre la même courbette servile.

—Je vais aller lui parler, siffla-t-il. La seule chose que je vous demande est de le surveiller. Après mon passage, laissez-le hurler. Il finira par se lasser ou par se briser les cordes vocales.

La moue sceptique de Rosier ne trompait pas qui à l'instar de ses autres mangemorts ne parvenaient plus à supporter les longs hurlements perçants de Grindelwald depuis qu'ils l'avaient capturés. Tom leur tourna le dos et les laissa tandis qu'il descendait dans les cachots de la demeure.

Ce qui avait dû servir de garde manger aux châtelains Jedusor avait été transformé en sinistre prison pour Gellert Grindelwald. Après que Méroé se soit glissée dans Nurmengard pour le libérer, le vieil homme s'était révélé fou… et imprévisible. Des années de captivités avaient corrompu son esprit, il avait aussitôt attaqué sa bienfaitrice avant de disparaître. Il avait fallu des mois pour lui remettre la main dessus, endormir sa méfiance, et l'attraper avec ses Mangemorts. De là, le « convaincre » d'attaquer le Derby avec ses mangemorts déguisés avait été aisé. Avec la promesse de se retrouver nez à nez avec Dumbledore, Grindelwald s'était montré docile. Mais depuis que ce vieux Gryffondor avait quitté le pays, Grindelwald semblait l'avoir senti et était plus insupportable encore. Peut-être devait-il envoyer Méroé pour calmer ces cris d'orfraies ? Si ses talents avaient su apaiser leurs enfants pendant toute leur prime jeunesse, un vieillard sénile était plus que dans ses cordes.

Quand Tom arriva devant la cellule en l'illuminant d'un lumos, Grindewald était penché à même le sol dans une robe de sorcier misérable en train de jouer avec son ongle contre sa veine. Il avait le cheveu rare et filasse sur son crâne, les traits tirés et creusés à l'instar d'un faucon déplumé et l'œil brillant et fou. Il fit jaillir une perle de son sang qui alla tomber au sol. Grindelwald sembla y lire quelque chose avant de relever la tête et lui adresser un sourire édenté :

Je savais que tu viendrais.

—On suppose beaucoup de chose à propos de Lord Voldemort, mais bien souvent aucune n'est vraie.

Grindelwald faisait aussi parti de cette étrange catégorie de personne appelé Augure ou Voyant. Sa magie s'effectuait bien mieux en faisant couler le sang, et si l'enfermement ne l'avait pas rendu fou, peut-être que son propre don avait bien attaqué toutes ses barrières mentales au cours de ces dernières années.

—Tu es venu Lord Voldemort, reprit Grindelwald. Tu es là et Albus est parti ! Il est parti !

Tom n'aurait su dire si le vieux rapace en face de lui s'en réjouissait ou bien craignait son châtiment mais cette nouvelle l'avait excité car il se balançait d'avant en arrière dans un rire fou.

—Il ne m'échappera pas longtemps. J'ai bien l'intention d'en finir avec lui. Tu aurais pu avoir ta vengeance toi aussi, si tu avais accepté de courber l'échine.

—J'ai toujours préféré être au commande, répondit Grindelwald en observant assidument quelque chose dans la petite mare de sang qui s'écoulait de sa blessure fraiche. Un œil éclairé est toujours fait pour guider, toi en l'occurrence je pense que tu t'aveugles, Lord Voldemort, uh uh.

—Que veux-tu dire ? siffla-t-il en se glaçant malgré lui.

—Albus a su outrepasser mes dons de voyants pour me piéger, crois-tu vraiment l'avoir chassé de Poudlard ? Non, caqueta Grindelwald. Ce vieux renard mourra dans son école, je l'ai vu.

—Et j'y compte bien, susurra Tom en retour. Une fois que je l'aurais capturé, il sera exécuté publiquement là-bas. Ton sort en revanche est plus incertain. Tu ne veux ni servir mes desseins, ni te venger. Ton utilité est toute relative.

—Je ne pense pas, caqueta à nouveau le vieillard. Tu as moins que la moitié de mon âge, Lord Voldemort mais je vois beaucoup d'ennuis à venir pour toi.

Tom s'autorisa un petit ricanement. Grindelwald semblait vouloir l'appâter pour avoir des réponses sur le futur. Son expérience récente l'avait vacciné pour un temps de ce genre de lecture, quelque qu'en fut leur valeur. Tom n'en avait pas besoin. Grindelwald avait passé son existence à prévoir à l'avance les évènements sans pouvoir gagner au final. Si un œil éclairé ne regarde pas dans la bonne direction, il est aussi aveugle que les autres.

—Des ennuis ? reprit Tom. Je te trouve bien présomptueux. J'ai enfermé le sois disant plus Grand Mage Noir du Siècle avec une facilité déconcertante. Il faut te rendre compte de l'écart entre nous. Quels ennuis pourrait bien craindre Lord Voldemort ?

—Sa propre destruction ou sa mort ? Tu n'es pas difficile à percer Tom Elvis Jedusor.

Palpitant de colère, Tom pointa sa baguette sur le visage de Grindelwald qui semblait étonnement pâle. Ses yeux grisâtres éclairés par sa baguette semblaient devenir presque transparents. Il paraissait sur le point de disparaître alors brutalement Tom plongea son regard dans le sien.

Tom eut alors l'impression d'être aspiré à travers un océan brumeux et dangereux dans lequel il n'avait plus le contrôle. Grindelwald n'était pas légilimens ni même très bon occlumens, alors que se passait-il ? Le vieil homme éclata à nouveau d'un rire fou, puis son visage vacilla comme une sorte de photo brouillée. Lentement sous l'œil stupéfait de Tom, l'image coula pour rejoindre la tâche de sang au sol.

Grindelwald n'était plus là physiquement depuis des lustres, ce n'était qu'une illusion.

—Greyback ! Rosier ! hurla-t-il rageusement pour appeler ses sbires et les punir.

Mais le rire de Grindelwald s'attarda encore un peu dans les murs glacés du cachot et ce dernier termina sa pantomime d'une voix cruelle :

—Lord Voldemort, je serais un des artisans de ta chute je l'ai vu. Vous me payerez chaque instant dans ce cachot sordide, toi, et la kali qui t'accompagne. Elle, je la tuerai.

Tom sentit malgré lui un frisson d'effroi et de rage le parcourir.

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