Disclaimer : L'univers de Kuroko no Basket que vous reconnaitrez aisément appartient à Fujimaki Tadatoshi. L'auteur me le prête très aimablement pour que je m'amuse avec et je ne retire aucun profit de quelque nature que ce soit de son utilisation si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue.
Note de l'auteur : Je veux remercier du fond du cœur ma béta-lectrice, Futae qui s'est servie de son "Eagle Eye" (fallait que j'la case celle-là ! ^^) pour corriger cette histoire et me conseiller. C'est grâce à son enthousiasme, ses encouragements et son sens de l'analyse et de la critique sans détour, que cette histoire a pu voir le jour.
Note importante : j'avais décidé de retirer toutes mes histoires de ce site suite à ce que je pense être un piratage. Je me suis laissée convaincre de les remettre, mais malheureusement ce site fonctionne tellement mal que je n'ai pas pu toutes les récupérer. J'ai donc décidé de les reposter. Si vous les lisez et qu'elles vous plaisent, n'hésitez pas à le dire, ça me fera plaisir et ça me remontera le moral même si les commentaires ne seront pas les mêmes qu'à l'origine.
Shadow : merci pour ton com. Il y a des moments agréables et d'autres qui le sont moins, mais c'est la vie, non ? Pas toujours les mêmes pour les câlins. ^^ Et Hanamiya sera arrêté. J'aime pas quand les méchants s'en sortent. XD Je te laisse avec ce chapitre. Bonne lecture.
Le roman de notre histoire
Chapitre 24
Dans la salle informatique de la brigade anticybercriminalité, la tension était à son comble. Les équipes d'intervention étaient prêtes. Les embouteillages s'étaient un peu résorbés, ce qui leur avait permis de se rendre au plus près du lieu de leur opération en suivant un itinéraire bien précis où les caméras de surveillance étaient sous le contrôle de Murasakibara qui avait mis en place un enregistrement en boucle comme l'avait fait Takao pour l'arrestation d'Haizaki. Les hommes n'attendaient plus que le feu vert de Takao, Himuro et Fukui. Toutes les caméras renvoyaient les images du même quart d'heure. Il s'agissait d'un bâtiment à usage de bureaux dont un espace avait été loué plusieurs mois auparavant par une société de démarchage téléphonique pour des investissements dans les énergies renouvelables. Et dire qu'il y avait encore des gens qui se laissaient avoir par ce genre de baratin. Toutes les issues étaient couvertes et les plans de l'immeuble connus. La cible se trouvait au sixième étage. Pour ne pas affoler les employés qui travaillaient là de manière tout à fait légale, ils avaient été évacués en silence une fois la boucle vidéo en place. Ainsi, Cheat Demon ne verrait rien d'anormal, mais il était loin d'être bête et le subterfuge ne tiendrait peut-être pas très longtemps. Fukui donna le signal et les équipes entrèrent dans les locaux.
Au sixième étage, l'un de policier utilisa le détecteur thermique qui confirma la présence d'une seule personne. Il n'y avait plus à hésiter. La porte vola en éclat sous le coup du bélier et les lieux furent investis. L'homme qui se trouvait là fut tellement surpris qu'il n'eut pas le temps d'appuyer sur quelques touches de son clavier pour effacer un maximum de données. Il venait de découvrir la boucle vidéo, mais trop tard. Ça ne s'était joué qu'à une poignée de secondes. Il devait avoir entre trente-cinq et quarante ans. Les cheveux noirs, un regard fuyant et mauvais. Il faisait environ un mètre quatre-vingt et avait un physique assez fin. Il portait un survêtement d'un bleu vert indéfinissable. Un type banal, qui passait inaperçu. Il n'avait pas fait de vague dans son aquarium, mais il était tombé sur plus fort que lui. À vouloir être trop invisible, il avait fini par attirer l'attention. Trop de discrétion tue la discrétion.
Les raisons de son arrestation lui furent signifiées ainsi que ses droits et il fut emmené menotté jusqu'au poste de police. Dans les minutes qui suivirent, Takao, Himuro, Fukui et Murasakibara étaient à pied d'œuvre pour préserver toutes les informations des ordinateurs retrouvés dans la pièce. La possibilité d'un formatage rapide en différé n'était pas à exclure et ils devaient agir dans l'urgence. Mais a priori, rien de ce genre ne fut décelé. Cheat Demon avait-il été trop sûr de lui pour ne pas mettre en place un tel système ? De toute évidence, il était tellement persuadé qu'il ne se ferait jamais arrêter qu'il n'avait pas cru bon de faire cela. Il avait manqué de prudence et était tombé sur plus rusé que lui. Le matériel fut emporté pour être analysé. Il y en avait pour plusieurs semaines de travail.
De retour chez eux, Himuro sortit un petit objet pas plus grand qu'un téléphone et le connecta à son ordinateur. Quelques manipulations plus tard, une liste s'afficha à l'écran.
— C'est quoi ? lui demanda Takao en mordant dans son club-sandwich.
— Les adresses de tous les serveurs de Cheat Demon…
— Comment t'as fait ? s'exclama son amant d'un ton où perçait la fierté.
— Avec ça, fit-il en lui désignant l'appareil du doigt. C'est un duplicateur numérique… Il récupère les données et là, j'le vide sur un d'mes serveurs…
— Euh… c'est pas vraiment légal, ça…
— Carrément pas… Vu qui va falloir beaucoup de temps avant que les codes d'Hanamiya soient craqués, moi j'irai beaucoup plus vite… Et ça nous permettra d'savoir c'qu'il cachait avant tout le monde…
— Et tu comptes faire quoi de toutes ses infos ? s'enquit HawkEye en terminant son sandwich.
— Les restituer si c'est possible, sinon les détruire…
— Les restituer ? Ce sont des données sensibles dont les propriétaires n'apprécieront peut-être pas que d'autres personnes les aient vus, dans l'éventualité où ils savent qu'on les leur a dérobées. Ça pourrait nous mettre en danger, tu vois c'que j'veux dire ?
— Mouais… j'avais pas pensé à ça…
— Songe à des documents qui parlent du 11 septembre 2001 par exemple… Tu t'rappelles toutes les hypothèses et les questions que ça avait soulevé qui disaient que les États-Unis étaient peut-être en partie impliqués ?
— Où tu veux en venir ?
— Si tu tombes sur des écrits qui te démontrent que c'est vrai, tu crois que tu seras en sécurité si tu leur rends ? Tu penses réellement qu'ils vont t'laisser vivre en sachant qu'tu pourrais un jour ou l'autre dévoiler la vérité ? C'est qu'une hypothèse, mais imagine… Ou bien on peut les garder au chaud…, suggéra Takao avec un air de ne pas y toucher.
— T'es sérieux ? s'offusqua Himuro qui ne comptait rien conserver dans la mesure du possible. Et pour en faire quoi ?
— Tout dépendra de ce qu'on trouvera…
— Attends ! Ça veut dire que si les gars décryptent les serveurs, ils pourraient être en danger eux aussi…
— Non… J'ai placé une commande d'autoformatage basse densité dès qu'ils décoderont et entreront dans le troisième serveur avec effet domino… Tout disparaîtra et ils ne pourront pas l'arrêter.
— Pourquoi pas le premier ?
— Il faut des preuves pour inculper Hanamiya, mais on n'a pas besoin de tout…
— Et si j'avais pas récupéré les infos, on aurait tout perdu, s'indigna Himuro qui ne comprenait plus son compagnon.
— T'affole pas, moi j'les ai, sourit-il en agitant un boîtier identique à celui d'Himuro.
— Ça c'est sournois, plaisanta Tatsuya avec un petit rire.
— Tu es Mirage parce que tu t'fais passer pour une composante du système et quand on croit t'avoir vu, t'as déjà disparu… Et moi, j'suis qui ?
— HawkEye, tu vois tout sous tous les angles… On s'est vraiment bien trouvé tous les deux ! Et si Hanamiya leur dit qu'il n'a pas programmé le formatage, que c'est pas lui ? Les soupçons pourraient se porter sur quelqu'un de la brigade, non ? s'inquiéta Himuro, en l'occurrence nous qui sommes les plus compétents…
— Tu croirais un type comme lui, toi ? Pour réduire sa peine, il aurait pu tout donner, mais là, y aura plus rien… On dira qu'il a installé une bombe numérique à retardement… Qui ira vérifier si y a plus rien à vérifier ?
— Lui il le saura…
— Et alors ? Il devra le prouver… Il va en prendre pour au moins trente ans et de toute façon, ce n'sont pas les données perdues les plus importantes, mais celles récupérées… Quoi qu'il raconte, il n'a plus aucune crédibilité…
— C'est bien qu'on l'ait coincé avant de nous lancer à notre tour, murmura Tatsuya en s'asseyant sur les genoux de son compagnon pour l'embrasser.
— En août, on vole de nos propres ailes… Aïe ! Pourquoi tu me mords ?
— Parce que t'es mon plat préféré…
Ils rirent de bon cœur et s'enlacèrent comme pour se ressourcer et reprendre des forces. Ils avaient désormais plusieurs serveurs à craquer et il allait leur falloir pas mal de temps même si Himuro était particulièrement doué pour ça. Ils allaient pourtant devoir donner le change et travailler à la brigade en avançant à pas de fourmis. Il ne fallait surtout pas aller trop vite et récupérer assez d'informations et de preuves pour inculper Cheat Demon. Mais les données des braquages des bijouteries, de la coupure du réseau des mobiles et de la perturbation des feux de signalisation seraient bien assez pour le faire plonger. Quelques autres preuves encore et ce serait suffisant. Le reste pouvait disparaître.
Kuroko avait pris un peu de retard dans la comptabilité de Kagami. Même s'il faisait ça à titre gracieux, il voulait quand même être à jour. Il considérait son ami comme un client de Teiko Excompt. De plus, il fallait faire un gros point sur les liquidités du romancier. Il l'appela et lui proposa de passer chez lui ce samedi après-midi, ce que ce dernier accepta.
Il arriva vers quatorze heures et Kagami l'accueillit à grand renfort de claques dans le dos. Le pauvre comptable qui n'était pas bien épais sursautait à chaque coup. Ils s'installèrent dans le salon et Kuroko sortit son ordinateur. Cinq minutes plus tard, il était connecté et l'écrivain le rejoignit.
— Alors, comment va mon compte ? demanda celui-ci en souriant.
— Très bien, mais t'as trop d'argent sur ton compte courant… Tu devrais en placer une partie pour que ça t'rapporte des intérêts… Aomine n'est pas là ?
— Il rencontre un auteur qui pouvait s'libérer qu'aujourd'hui… Tu connais de bons placements ?
— L'immobilier et l'or sont des valeurs sûres… Ça ne se dépréciera jamais…
— Tu penses que j'dois acheter une autre maison ? interrogea Kagami, étonné.
— Tu pourrais acquérir un appartement et le louer…
— Et pour l'or ?
— Tu peux t'en procurer sous forme de bijoux, faire appel à un courtier ou à ta banque mais ils prendront un pourcentage sur la transaction…
— Et selon toi, quel est le plus intéressant ?
— Les deux. Tu achètes un bien, tu le mets en location et avec les loyers tu achètes de l'or de temps en temps… Je te l'ai dit, ça n'se dévaluera jamais…
— Hmm… C'est pas bête…
— Tu devrais en discuter avec Aomine peut-être…
— Pourquoi ?
— Vous pourriez faire l'acquisition d'un appartement tous les deux, plus grand dont le loyer serait plus élevé.
— Ça non plus c'est pas bête…
— Vous avez de confortables revenus, en dix ans vous pourriez rembourser le crédit…
— L'idée me plaît… Je vais lui en parler…
— Il a toujours son logement ?
— Oui, pourquoi ?
— Vous vivez ensemble non ? Pourquoi il le quitte pas ? Il paie un loyer pour rien… Prendre un box pour mettre ses meubles lui reviendra moins cher…
— Y a de la place dans la remise, elle a un sous-sol…, pensa tout haut le romancier qui avait parfaitement compris où voulait en venir son ami.
— Encore mieux… Je crois que vous devriez avoir une conversation très sérieuse à ce sujet… Bon, qu'est-ce que je fais pour ton compte ?
— Rien pour le moment… Même si Aomine n'est pas d'accord pour l'instant, j'vais acheter un appartement… Du neuf, ce serait bien… J'vais chercher sur Internet et j'te tiens au courant… Sinon, je demanderai à ton homme…
— Comme tu veux…
— Au fait, vous avez arrêté une date avec Ogiwara ? demanda malicieusement Kagami.
— Le samedi dix novembre. Les faire-part seront postés dans la semaine. Justement, je voulais te poser une question à ce sujet…
— Oui ?
— Tu voudras bien être mon témoin ?
Kagami regarda son ami et un sourire se mit à grandir sur ses lèvres. Ils se connaissaient depuis le lycée, ils avaient vécu beaucoup de choses ensemble, mais ils n'avaient jamais parlé d'un sujet aussi sérieux. Lorsque Kagami avait appris que Kuroko était homosexuel et qu'il lui avait avoué que lui-même était bisexuel, ils en avaient longuement parlé et ça n'avait jamais été un motif d'embarras entre eux. Et quand le jeune comptable avait rencontré celui qui partageait sa vie depuis plus de neuf ans maintenant, Kagami l'avait immédiatement adopté. Il avait tout de suite vu que c'était un homme bien, gentil et très amoureux. Leurs sentiments n'avaient fait que grandir et aujourd'hui, ils s'étaient décidés à sauter le pas. Depuis presque un an, le mariage homosexuel avait été légalement autorisé au Japon et ils n'attendaient que ça pour finaliser leur couple. Même si pour eux ils étaient mariés depuis longtemps, le faire reconnaître officiellement était une avancée majeure. Ils avaient choisi de porter les deux noms Ogiwara-Kuroko avec un trait d'union. Et dans cet ordre-là parce que c'est lui qui avait fait sa demande le premier, tout simplement.
— Mais bien sûr que je serai ton témoin ! s'exclama Kagami. Ce sera un honneur pour moi…
— Aomine recevra une invitation à son nom, mais à ton adresse… Ça lui permettra peut-être de comprendre…
— Kuroko, je sais pas quoi dire… je suis tellement heureux pour vous…
— Merci… on a hâte d'y être, sourit le comptable. N'oublie pas c'que tu dois faire pour tes investissements, d'accord ? Sinon, ta compta est claire comme de l'eau de roche… Ah, j'allais oublier… On part une semaine à Séoul début mai pour aller voir les grands-parents d'Ogiwara… Ils ne pourront pas venir au mariage. Sa grand-mère est invalide, ce serait compliqué pour elle…
— T'inquiète pas, ça va aller… Profitez bien de votre séjour…
Kagami raccompagna son ami et expira bruyamment. Il avait le cœur en fête. Ces pensées allèrent naturellement vers Aomine. Vivraient-ils un jour un tel bonheur ? C'est vrai qu'ils n'étaient ensemble que depuis trois mois environ, mais Kagami avait l'impression qu'il le connaissait depuis toujours, qu'avant lui, il n'existait pas. D'un autre côté, c'était la première fois qu'il tombait amoureux. Peut-on tomber amoureux plusieurs fois dans une vie ? Aomine avait aimé Haruka avant lui, mais de ce qu'il lui en avait dit sans entrer dans les détails, ce qu'il éprouvait, ce sentiment qu'il avait développé, lui non plus ne l'avait jamais ressenti. Alors, pourquoi ne pas se dire que tous les deux avaient enfin trouvé la moitié qui leur manquait pour former un être parfait ?
— C'est moi ! fit la voix qu'il adorait entendre sauf lorsqu'ils s'engueulaient à cause du Prix de la Liberté.
— Dans la bibliothèque !
— C'est bon de rentrer, fit Aomine en déposant un baiser sur le front de Kagami.
— Ça s'est bien passé ?
— Très bien… Hayakawa m'écoute, discute, exprime sa pensée et c'est super, expliqua le correcteur en se laissant tomber sur le fauteuil devant le bureau. Son bouquin va être génial. Et toi, t'as vu ton comptable ?
— Ouais, tout va bien, tout est clair… Et il m'a donné quelques conseils…
— C'est parfait tout ça…
— Ogiwara et lui vont se marier, lâcha le romancier avec un immense sourire.
— Sérieux ? C'est fantastique ! s'écria Aomine.
— Les invitations seront postées dans la semaine et il m'a demandé d'être son témoin…
— T'as dit oui, j'espère !
— Évidemment ! J'suis si heureux pour eux, t'as pas idée…
— J'men doute… tu les connais depuis tellement longtemps…
— Kuroko et moi ça date du lycée, avant qu'il rencontre Ogiwara... Dès qu'il m'a dit qu'ils étaient sortis ensemble, j'ai vu qu'il était mordu…
— On voit qu'ils sont fous l'un de l'autre, soupira le correcteur en croisant ses bras sur le bureau pour y appuyer sa tête.
— Tout comme j'suis fou de toi, répliqua le romancier avec tendresse.
— Je t'aime aussi…, sourit Aomine. Qu'est-ce qu'il t'a conseillé ?
— D'investir… J'ai trop d'argent qui dort sur mon compte courant… En investissant, ça me rapporterait des intérêts…
— Il a raison… Et il suggère quoi ?
— Faire l'acquisition d'un appartement, le mettre en location et acheter de l'or avec les loyers…
— C'est malin, et t'en penses quoi ?
— Je sais pas encore, j'voulais t'en parler avant…
— Ben… c'est ton argent… fit Aomine en haussant les sourcils et qui ne comprenait pas en quoi son avis pouvait avoir une quelconque importance.
Kagami ne savait pas comment lui proposer de s'installer définitivement ici. Il voyait bien qu'il se sentait à l'aise dans cette maison, il avait pris ses marques, ses habitudes, il se déplaçait partout sans aucune gêne et madame Yoshino s'occupait de son linge comme s'il avait toujours habité là et elle avait certainement compris bien plus de choses encore. Parfois, être direct valait mieux que toutes les tergiversations.
— Si tu rendais ton appart pour vivre ici ? T'y habites plus et c'est un peu con d'payer un loyer pour rien. Toi aussi tu pourrais investir cet argent.
Aomine eut le souffle coupé pendant quelques secondes. Ses yeux d'un bleu toujours si lumineux se voilèrent et il les baissa sur ses chaussures. Son cœur se mit à battre comme les pistons du moteur d'une Bugatti Chiron lancé à quatre cent vingt kilomètres par heure (1). Il ne savait pas comment réagir, il ne savait pas quoi dire et Kagami attendait une réponse. Il avait un peu de mal à réfléchir, mais puisque son amant avait été si franc, il lui devait bien de l'être à son tour. Il avait déjà vécu en couple et ce n'était pas simple, mais ça faisait trois mois qu'ils vivaient pour ainsi dire ensemble et ça se passait bien. Alors…
— D'accord, murmura-t-il, j'viens habiter chez toi…
Kagami bondit de son fauteuil, contourna le bureau, prit le visage d'Aomine dans ses mains, le tira pour qu'il se lève et l'embrassa à en perdre la raison. Tout écrivain qu'il était, il n'aurait pas pu mettre de mot sur ce qu'il éprouvait à cet instant précis. Ou alors il aurait dû en inventer juste pour décrire ce moment particulier. Ils se séparèrent et chacun plongea dans les yeux de l'autre.
— T'imagines pas à quel point j'suis heureux qu'tu m'en parles, parce que ça fait un moment que j'y penses, mais…
— … mais tu voulais que ce soit moi qui te l'propose parce que c'est ma maison, termina l'écrivain à sa place comme s'il avait lu dans son esprit.
— C'est ça…
— Moi aussi j'y songe depuis un certain temps, mais j'avais peur que tu te sentes… obligé de dire oui pour pas me vexer, pour pas que j'pense que tes sentiments n'étaient pas assez forts pour qu'on franchisse cette étape, qu'on devrait attendre encore, ou qu'tu voudrais réfléchir davantage avant de…
— Kagami ! Tais-toi ! éclata de rire Aomine. Arrête de dire n'importe quoi, c'est tout bon… Lundi j'envoie mon préavis à mon proprio… Et je louerai un box pour mes meubles et c'qui reste…
— Pas la peine… la remise a un sous-sol, tu pourras les mettre là et on les aura sous la main pour les installer dans la maison.
— Tu veux mettre mes meubles dans la maison ? interrogea le correcteur, dubitatif.
— Ben pourquoi pas ?
— Disons que… c'est pas trop le style… expliqua-t-il en embrassant sensuellement son homme qui frissonna.
— On s'en fout, on verra… tu devras aussi faire changer ton adresse… dit Kagami en répondant avec envie à ses lèvres qui jouaient si bien avec les siennes.
— Une chose après l'autre… Pour l'instant on va monter dans la chambre et tu vas me faire l'amour parce qu'excité comme je suis, j'pourrais jouir dans mon froc tout d'suite…
— À c'point ?
— Et même plus que ça…
Ils s'affalèrent sur le lit en riant et en s'embrassant. Si leur désir était pressant, ils prirent le temps de savourer ce moment qui revêtait une signification particulière. Il était officiellement le premier de leur vie à deux. Ou peut-être le second si l'on considère la discussion qu'ils venaient d'avoir dans le bureau.
D'un coup de rein, Aomine s'assit sur les cuisses de Kagami et commença à déboutonner sa chemise avec une lenteur toute calculée. Le rictus insolent qu'il affichait promettait des instants voluptueux et l'écrivain s'en réjouissait d'avance. Le vêtement s'envola et il débarrassa le romancier de son sweat. Les effluves de son eau de toilette lui parvinrent et sa langue laissa un sillon humide du ventre au menton. Il souffla dessus et la fraîcheur fit frissonner Kagami qui gémit. Se prenant au jeu, il dégrafa la ceinture et le pantalon déformé par une belle érection. Ce devait même être inconfortable, mais il n'allait pas le délivrer immédiatement. Il frôla le sexe emprisonné du bout des doigts, recueillant une plainte d'une sensualité affolante. Aomine plongea sur sa bouche pour la dévorer à grand renfort de soupirs, mordillant et pinçant les lèvres, dérivant dans le cou pour mieux revenir chercher cette langue dont la saveur était le plus efficace des aphrodisiaques.
Kagami glissa ses mains sur la peau douce autour de ses hanches pour dénuder les fesses fermes qui se contractaient à chaque mouvement. Il les empoigna et les pétrit, pressant encore plus leur désir l'un contre l'autre. Les plaintes devinrent plus intenses, les souffles plus rauques.
— J'adore te laisser faire, murmura l'écrivain en mordant le cou offert.
— Et j'aime que tu me laisses faire, répondit Aomine juste avant de se débarrasser enfin de son dernier vêtement. Ta peau me rend fou… ta bouche me rend fou… ton corps… toi… Annh…
Kagami venait d'enrouler sa main autour du sexe raide et sensible. Il fallait bien qu'il maintienne l'envie éveillée. Il le caressa lentement de bas en haut et la vision d'Aomine renversant la tête avec un long feulement se terminant par un grondement félin l'incita à participer plus activement à ce corps à corps ardent. Il coucha son amant sous lui et lui fit subir mille et une tortures pour le simple plaisir de l'entendre ahaner son nom.
— Tu veux que je remplace ma main par ma bouche ? le provoqua-t-il en le clouant de son regard rougeoyant comme les braises.
— Mmh… t'es fou de m'dire des trucs comme ça… nnh… annh…
— Bon… puisque tu réponds pas…
— Hein ?
Le romancier s'écarta et termina de se déshabiller en parcourant son corps à la musculature bien dessinée d'une main et de l'autre, il flattait son désir fièrement dressé en haut de ses cuisses. Aomine crut qu'il halluciner en voyant son amant lui faire un coup pareil. Il prit le parti de s'amuser et de le provoquer à son tour en faisant la même chose. L'un allongé, l'autre agenouillé, les deux hommes se caressaient en se défiant du regard.
— J'veux bien qu'tu remplaces ma main par ta bouche, capitula Aomine à deux doigts de la folie douce.
N'attendant que ça, Kagami se jeta sur son amant comme un tigre sur sa proie et le projeta au fond de sa gorge. Le cri de plaisir intense qu'il récolta le fit sourire et il entama ses attentions avec une vigueur qui provoquait des sursauts et des complaintes lascives qui charmaient son ouïe et l'excitait au plus haut point. Il passa sa langue sur les bourses longuement, attisant toujours plus le désir de son homme. Il écarta la cuisse et la poussa vers le haut pour avoir accès à son intimité qu'il détendit avec précaution et délicatesse. Aomine n'en finissait plus de soupirer de satisfaction. Ses gémissements s'apparentaient à de petits cris, sa respiration était rapide, ses doigts crochetaient les draps si forts qu'ils auraient pu les déchirer. Et ce fut revêtu de latex que Kagami prit enfin possession de ce corps chauffé à blanc.
Aomine suffoqua. Le plaisir qui le balaya fut si intense qu'il en oublia presque de respirer. Il croisa ses jambes sur les reins qui se mouvaient avec une lenteur diabolique. Une telle envie aurait dû les amener à plus d'ardeur, mais contre toute attente, ils prenaient leur temps pour se faire languir. Son amant se retirait paresseusement pour revenir avec une indolence qui frisait le sadisme. Ils souffraient de cette sorte de nonchalance parce que leurs corps réclamaient un assouvissement immédiat que le romancier leur refusait. Combien de temps allaient-ils parvenir à attendre, à prolonger ce plaisir interminable qui les mettait au supplice ? Il appuyait sur les reins de Kagami avec ces jambes pour l'inciter à accélérer la cadence de ses mouvements et il obtint enfin gain de cause.
— Dis-moi c'que tu veux… expira l'auteur entre deux plaintes.
— Fais-nous… anh…
— Quoi… mmh…
— Plus vite… plus vite… anh oui…
— Plus vite… comme ça ?
Soudainement, Kagami augmenta le rythme de ses hanches. Ce fut si radical qu'Aomine cria de surprise. Il se cramponna aux puissantes épaules qui le surplombaient. Le romancier s'agrippa aux cuisses pour donner plus de force à ses mouvements. Son amant se caressa frénétiquement pour atteindre enfin la délivrance qui le dévasta. Son cri prit naissance dans sa poitrine. Il remonta dans sa gorge et il l'expira en un grondement long et rauque. Son corps se tendit comme un arc. Son visage se tordit d'un plaisir si intense qu'il crut perdre connaissance. Kagami approchait lui aussi du point de non-retour. Il se retira, ôta le préservatif et après quelques gestes, il déversa sa jouissance sur le ventre d'Aomine déjà souillé de la sienne. Il retomba lourdement sur son corps et fut pris en étau pas deux bras puissants. Ils se serrèrent si fort l'un contre l'autre qu'ils en eurent mal, comme s'ils voulaient littéralement fusionner. Kagami releva brusquement la tête en sentant le corps sous le sien secoué de sanglots.
— Qu'est-ce qu'y a ? J't'ai fait mal ? s'inquiéta-t-il.
— Non…, souffla Aomine en essuyant une larme qui glissait sur sa tempe. Je suis tellement heureux… t'aimer c'est… c'est si bon…
— Moi aussi je suis heureux… tu me rends heureux… et pas seulement quand on fait l'amour…
— C'est pareil… t'avoir rencontré… c'est… un miracle…
— C'est toi mon miracle…
Ils restèrent là longtemps à se parler, se caresser, à se murmurer leur amour, à faire des projets qui ne se réaliseraient peut-être jamais, mais ils aimaient y penser. Ils se seraient endormis si leurs estomacs ne les avaient pas rappelés à l'ordre. Faire l'amour c'était fantastique, mais c'était aussi une grosse dépense d'énergie. Il fallait donc manger pour regagner des forces et pour éventuellement recommencer. Après une douche d'où ils sortirent presque une heure plus tard, vêtus de leurs yukatas, Kagami prit une pizza au congélateur et la mit au four. Il n'avait pas envie de cuisiner. Tout ce qu'il voulait en attendant, c'était embrasser et caresser gentiment son homme assis sur l'îlot qui le coinçait entre ses jambes, les bras sur ses épaules et les mains perdues dans la chevelure aux reflets auburn.
— T'as pas idée comme j'me sens bien, marmonna Aomine sur les lèvres qui grignotaient les siennes.
— T'as pas l'impression d'avoir l'esprit plus clair ? Comme si ce qu'on vient de décider dégageait le brouillard…
— … qui nous cachait notre avenir ensemble ?
— C'est ça…
— On dirait que… tout est plus… comment dire… tout paraît plus simple, évident…
— Et j'me sens plus léger…
— Plus confiant…
— Je t'aime… mais ça m'suffit pas…
— Comment ça ? s'étonna Aomine, les sourcils levés.
— C'est pas assez fort comme mot pour exprimer c'que j'éprouve…, sourit le romancier.
— Inventes-en un…
— C'qu'on vit toi et moi… c'est comme si… on était dans un monde qu'à nous… une zone à côté de la réalité qui n'appartient qu'à nous…
— … une zone où on est les seuls à pouvoir accéder…
— C'est peut-être comme ça pour tous les couples qui s'aiment autant que nous, chacun a son monde à lui…
— C'est une jolie idée… e rois que la mizza est rête… bafouilla Aomine bâillonné par une paire de lèvres gourmandes.
Ils dînèrent sur l'îlot, discutant de tout et de rien, réaffirmant ce qu'ils devaient faire dans les jours à venir. Aomine devait donner son préavis et appeler une société de déménagement. Kagami devait regarder le sous-sol de la remise pour s'assurer que la place était suffisante pour contenir les meubles et les affaires d'Aomine. Ensuite, il serait temps d'envisager les investissements qu'avait suggérés Kuroko. Kagami n'avait pas encore parlé d'acheter un appartement en commun, mais c'était une chose qui pourrait se faire plus tard. Un pas après l'autre, pour prévenir tout problème éventuel qui pourrait se présenter et le régler avec lucidité.
Ils parlèrent également du roman. Kagami avait bien avancé, mais il manquait toujours cette scène qu'il n'arrivait pas à écrire. Et là, Aomine s'impatientait. Il n'en montrait rien, il pouvait comprendre ce qu'éprouvait l'auteur, mais pas que ça le bloque ça ce point. Il n'était pas le premier à devoir imaginer ce genre de scène et d'autres romanciers y étaient parvenus alors pourquoi pas lui ? Il lui avait dit qu'il puisait dans son vécu pour écrire certains passages et celui-ci était capital. Le fait était qu'il n'avait pas perdu de personnes chères à son cœur, ce qui malheureusement finirait pas arriver un jour, et qu'il ne savait pas ce que le deuil infligeait à celui ou ceux qui restaient. Et simplement essayer d'imaginer qu'il pouvait perdre Aomine était au-dessus de ses forces. Donc, pour l'instant, cette scène était en suspens. Pourtant il devait le créer ce passage et Aomine ne savait pas comment faire pour débloquer la situation. Lui qui d'ordinaire trouvait toujours des solutions pour amener l'auteur à être précis dans la narration avec ses méthodes si particulières, là il échouait. Lui non plus n'arrivait pas à concevoir sa vie sans lui. Mais il était déjà passé par là. Il aurait pu écrire cette scène sauf que ça n'était pas à lui de le faire. Il lui avait pourtant bien dit d'imaginer l'enfer et de le décrire, mais il ne savait pas si Kagami avait essayé.
Ils firent encore l'amour pendant longtemps, se possédant, se caressant, s'embrassant et se possédant encore. Ils n'étaient jamais rassasiés de l'autre. Seule leur endurance mettait un frein à l'assouvissement de leur désir. Ils n'étaient que des hommes, pas des machines et ils s'endormaient bien souvent dans la position où le dernier orgasme les avait foudroyés…
Quelques jours plus tard, les faire-part du mariage de Kuroko et Ogiwara arrivèrent chez Kagami et bien sûr Aomine ne manqua pas de relever que le sien avait été envoyé chez son amant. La première explication qui lui vint à l'esprit, c'est que le comptable ne connaissait pas son adresse. Pourtant, il aurait pu le faire parvenir à Touou. Mais finalement Kagami lui expliqua que c'était pour lui faire comprendre sans rien dire que sa maison c'était désormais ici, chez le romancier. Le correcteur sourit et se dit que c'était bien dans le genre de Kuroko de faire ça. Tout dans la discrétion, mais le message passait quand même.
Aomine avait envoyé son préavis à son propriétaire et les déménageurs viendraient s'occuper de son appartement en fin de semaine. Il avait tout de même pris tous ces vêtements et madame Yoshino l'aida à s'installer.
— Ça n'a pas l'air de vous surprendre, lui dit-il alors qu'elle pendait ses chemises dans le placard.
— Mon fils est gay, répondit-elle avec un sourire espiègle. Ça m'a amusé de vous voir essayer de vous cacher quand j'étais là.
— Et vous n'avez rien dit ?
— Vous étiez comiques tous les deux… Vous n'allez pas en vouloir à une vieille dame de s'amuser un peu à vos dépens...
— Vous êtes une maline, rit le correcteur.
— Et vous n'étiez pas discrets, tous les deux… Vous avez oublié que c'est moi qui fais le ménage ici ? Une seule chambre occupée, des préservatifs dans toutes les poubelles, les draps tachés… Mon fils et son petit ami restent parfois quelques jours à la maison…
Aomine ne savait plus où se mettre. Ils n'avaient pas du tout pensé à tout ça, trop centrés sur eux-mêmes. Kagami allait être mortifié lorsqu'il lui raconterait. Il mesurait également la chance qu'ils avaient eu de tomber sur quelqu'un de tolérant. Si le mariage entre personnes du même sexe faisait désormais partie de la vie des Japonais, il y avait encore une forte opposition. Les lois promulguées punissaient les actes homophobes, mais les mentalités ne changeraient pas du jour au lendemain. Il faudra peut-être attendre la prochaine génération pour les choses bougent significativement.
Quand Kagami eut connaissance de la conversation que son amant avait eu avec son employée, il se mit les mains sur la tête et se lamenta pendant au moins un quart d'heure. Aomine n'arrêtait pas de rire et de lui répéter qu'elle n'en avait rien à faire, et qu'elle s'était bien amusée en les voyant se cacher quand elle était là. En fin de compte, l'écrivain prit le parti d'en rire lui aussi et ils tombèrent d'accord pour faire davantage attention aux poubelles.
Kagami avait presque terminé ce premier tome du Prix de la Liberté, et bien qu'il manquât cette scène essentielle, il avait réussi à poursuivre le récit avec, à l'esprit, ce qu'elle devait contenir pour que son personnage évolue avec ce drame sans avoir à changer trop de choses lorsqu'elle serait enfin sortie de sa tête.
Le mois d'avril tirait à sa fin, les beaux jours étaient là. Si les chats avaient passé une bonne partie de l'hiver à l'intérieur, ne sortant que pour leurs besoins, ils restaient dehors beaucoup plus longtemps désormais. Ils ne chamaillaient plus et Jade semblait avoir accepté ce nouveau compagnon. Il arrivait même qu'ils se lèchent mutuellement et dorment l'un à côté de l'autre. Kagami avait profité d'un jour où Aomine était au bureau pour visionner les films qu'il avait choisis qui parlaient de la perte de l'être aimé. Il commença par "Love Story" (2) qui datait de l'année 1970. Il n'était pas du tout récent, mais les excellentes critiques avaient convaincu l'écrivain de le regarder. Et là, ce fut une horreur. Il pleura presque tout le long. C'était bien mis en scène, les acteurs étaient vraiment très bons, ils faisaient ressortir tous les aspects du drame de manière magistrale à tel point qu'il était impossible de ne rien ressentir. Il enchaîna avec "Ghost" (2) de 1990. Il le trouva moins poignant peut-être à cause du côté amusant du personnage de Whoopi Goldberg. Mais c'était également un très beau film. Alors c'était cela qu'éprouvait une personne qui perdait l'amour de sa vie ? Kagami était trop naïf sur ce coup. Croyait-il vraiment appréhender le ressenti d'un tel drame en regardant des films ? Ce terrible sentiment ne pourra jamais être retranscrit en image, mais peut-être avec des mots et encore… Au moins, il l'avait mieux compris et il allait pouvoir se servir de ce qu'il avait ressenti pour essayer d'écrire cette scène.
Lorsque Aomine rentra, il le trouva devant son ordinateur en train de travailler. Il aimait le regarder quand il était concentré sur son écran et son clavier. Ses doigts tapotaient un rythme connu de lui seul et alignaient les mots les uns derrière les autres pour former des phrases qui racontaient une histoire. Il savait qu'il était presque au bout et il avait lu et corrigé avec lui des passages. Il avait énormément progressé dans la narration et le développement des histoires secondaires. À tel point que le correcteur se dit qu'un jour il n'aurait plus besoin de lui. Qu'importe, tant qu'ils restaient en couple et qui sait peut-être qu'un jour, ils sauteraient le pas eux aussi, comme Kuroko et Ogiwara. Il sourit à cette idée et le laissa travailler. Il alla se changer pour se défouler sur le sac de frappes dans la remise…
Himuro avait craqué deux des serveurs de Cheat Demon et ce qu'il avait découvert dedans lui avait fait froid dans le dos. Les données relatives aux braquages des bijouteries s'y trouvaient ainsi que le piratage du système de signalisation routière et l'arrêt des réseaux de téléphonie mobile. Uniquement avec ces indications, le hacker serait condamné pour de nombreuses années. Il avait mis en danger des automobilistes et beaucoup d'autres personnes qui auraient pu avoir besoin de secours d'urgence dont les véhicules étaient bloqués dans les embouteillages. Mais tout le reste était tout simplement inimaginable. Il y avait des informations sur des cartels de la drogue sud-américains, sur des politiciens, des hommes et des femmes d'affaires milliardaires et mondialement connus, des données sur les capacités militaires de plusieurs pays d'Afrique qui étaient en pleine guerre civile depuis 2022 et qui n'avaient malheureusement pas tous trouvé de solution à leurs affrontements. Et tous ces renseignements étaient monnayées et parfois même à plusieurs reprises à différents acheteurs.
Il y avait des données sensibles de la CIA, la NSA, du Pentagone, du Mossad, d'Interpole, de l'ONU, des services secrets russes et chinois. Nombreux étaient les hackers qui avaient tenté avec plus ou moins de succès de pénétrer ces organismes, mais Himuro n'avait jamais entendu parler d'un type qui avait récupéré autant de documents classifiés. D'un autre côté, ce n'est pas le genre de chose que l'on crie sur toits. Ces agences étaient si fières et convaincues de leur invulnérabilité qu'elles n'allaient raconter qu'elles avaient été piratées. Certaines informations remontaient à près de huit décennies. Hanamiya avait pris tout ce qu'il avait trouvé qui lui avait paru avoir de la valeur. Avec tout ça, il y avait de quoi faire chanter les grandes puissances.
Il y avait encore quatre serveurs à craquer. Lorsqu'il montra ce qu'il avait découvert à Takao, celui-ci en tomba sur son siège. D'un commun accord, ils décidèrent de détruire les informations les plus sensibles et de ne conserver que celles qui ne risquaient pas de mettre en danger l'équilibre des forces dans le monde. Jamais ils n'auraient imaginé poser un jour les yeux sur ce genre de documents. Ils savaient que le monde était pourri, mais là, c'était à vomir jusqu'à se retourner comme un gant.
Ils découvrir également les comptes dans des banques peu curieuses sur la provenance de l'argent de leurs clients. Il y en avait pour plusieurs millions de dollars. Les pirater pour ramener les fonds ne serait pas un problème, mais où mettre tout cet argent ? Sur un nouveau compte ? Faire des dons anonymes à divers organismes humanitaires ou à des centres de recherches sur des maladies orphelines ? Voilà bien quelque chose dont les deux hommes ne se sentaient pas capable de prendre la responsabilité. Le mieux serait d'en parler au commissaire Matsumoto. Après, la décision lui appartiendrait.
Le sommeil tarda à venir. Allongés l'un contre l'autre, ils discutèrent longtemps. Même en tant que hackers, jamais ils n'auraient profité de leurs découvertes pour se faire de l'argent comme l'avait fait Cheat Demon. Un pirate ne veut pas qu'on lui cache des informations, le cybercriminel vend ces informations au plus offrant se moquant bien de ce que son acheteur pouvait en faire tant qu'il était grassement payé.
Ils finirent par s'endormir, encore plus écœurés par le genre humain. Et cela ne faisait que les conforter dans leur décision de monter leur propre société de cybersécurité. Rien n'est inviolable, mais quand ce sont deux hackers qui se chargent de fiabiliser des systèmes, c'est beaucoup plus difficile de les pirater même si ça reste dans le domaine du possible. On trouve toujours plus fort que soi…
À suivre…
(1) Bugatti Chiron de 0 à 400 km/h en un peu moins de 42 secondes. Google est votre ami.
(2) "Love Story" et "Ghost" sont deux films racontant deux très belles histoires d'amour. Google est toujours votre ami.
