Hello ! Aujourd'hui, avant-dernier chapitre de cette histoire ! J'espère qu'il vous plaira !


Dimanche 24 décembre 2023

CHAPITRE QUINZE: CROWDED TABLE – HIGH WOMEN

The door is always open
Your picture's on my wall
Everyone is a little broken
And everyone belongs

Le repas dura un long moment. À la grande surprise de Castiel – et à son modeste soulagement – sa mère participa à quelques-unes des conversations. Elle ne lui parlait jamais directement et n'adressait pas non plus la parole à Dean mais quelque chose avait indéniablement changé. Castiel voulait s'autoriser à croire que son petit ami avait raison.

Celui-ci n'avait d'ailleurs pas tardé à attraper sa main à l'abri des regards sous la table une fois qu'ils eurent été installés. Les conversations allaient bon train tandis que Lucifer racontait les procès les plus étranges et loufoques auxquels il avait assisté et parfois participé. Puis son père avait parlé de ses romans et s'était montré très enthousiaste en apprenant que Dean les avait lus plus jeune, ce qui lui avait valu un concert de sourcils haussés de la part de ses enfants. Gabriel avait essayé d'en apprendre un peu plus sur leur relation et il avait fallu l'intervention de Kali pour qu'il ne se mette pas à évoquer la vie sexuelle de son petit frère devant leurs parents.

Ce fut quand ils dégustèrent la bûche et que Dean glissait quelque chose à son oreille qu'il surprit le premier sourire timide de sa mère. Juste après que Balthazar soit intervenu.

– Eh, pas de messes basses, les amoureux! Ici, on partage tout, Dean. Cassie ne t'a pas prévenu?

Ce dernier roula des yeux et défia son frère de demander à Dean de répéter ce qu'il venait de lui murmurer. Bien vite, Balthazar abandonna la partie et ils terminèrent leur part de bûche sans un mot, le silence seulement troublé par le bruit des cuillères cognant contre les assiettes.

– Au fait, Dean, comme Nick et Sarah rejoignent la famille de Sarah, nous nous offrons les cadeaux le 24 au soir. J'espère que ça ne vous dérange pas, fit son père une fois qu'il eut terminé son dessert et Dean secoua la tête.

– On faisait la même chose chez moi. Comme on partait toujours chez mes grands-parents le 25 et qu'il y'avait un peu de route…

Après avoir débarrassé la table, ils se réunirent donc tous au pied du sapin où ils déposèrent l'ensemble de leurs paquets. Castiel vit Dean jeter un œil intrigué au paquet le plus long et il dut se mordre la lèvre pour masquer son sourire. Gabriel s'attribua à lui-même le rôle de la distribution. Il commença par ses sœurs. Anna découvrit ainsi tout un attirail de matériel de dessin, pour remplacer le sien qui était vieillissant, un cadeau pour lequel la fratrie et leurs parents s'étaient tous réunis. Tout comme pour la parure qu'ils offrirent à Anael. Duma se vit gratifier de places pour aller applaudir sa chanteuse préférée. Elles semblaient toutes les trois ravies de leurs présents.

Gabriel décida ensuite de donner leurs paquets à leurs parents. Quand arrivèrent ceux offerts par Dean, ce dernier fut gratifié de deux regards surpris.

– Vous n'étiez pas obligé… dit finalement Chuck avant même d'avoir ouvert le paquet.

Dean passa une main nerveuse dans ses cheveux.

– Vous me recevez. Ça me semblait normal de vous en remercier.

Il adressa aux parents de Castiel un sourire timide tandis que ces derniers se penchaient sur leurs paquets pour les ouvrir. Chuck fut le premier à délivrer le vinyle de son emballage et il remercia aussitôt Dean avec chaleur, visiblement satisfait du choix. Dean se sentit obligé de préciser que Castiel avait aidé et ce dernier reçut lui aussi un remerciement.

Puis vint le moment où Naomi sortit la pince à cheveux du paquet. Elle resta muette un instant à observer l'objet avant de lentement lever les yeux et offrir son second sourire de la soirée. Et qu'il soit adressé à Dean fit bondir le cœur de Castiel dans sa poitrine.

– Merci, murmura-t-elle. Elle est très belle.

Dean lui sourit en retour.

– Avec plaisir.

Et l'espoir naquit à nouveau dans les entrailles de Castiel. L'espoir que, peut-être, sa mère accepterait enfin qui il était et qui il avait choisi pour partager sa vie.

Sarah et Nick se virent offrir plusieurs accessoires pour bébé et des vêtements de la part des frères de Nick et de ses parents tandis qu'Anna, Duma et Anael annonçaient qu'ils devraient attendre demain matin et l'ouverture des cadeaux de Teddy pour découvrir ce leur Père Noël allait apporter à leur neveu.

Enfin, après que Balthazar et Gabriel aient reçu leurs présents, que ce dernier ait attaché autour du cou de sa compagne le ras-de-cou qu'il lui avait offert, le tour de Castiel vint. Ses frères et sœurs lui avaient acheté une collection complète de romans, documentaires et DVD Le Seigneur des Anneaux, sans doute parce qu'il avait dû le mentionner au détour d'une conversation – ou de plusieurs.

Gabriel lui tendit le cadeau de Dean avec un sourire qu'il ne sut pas – et ne voulut pas – interpréter. Pendant un instant, il contempla la boîte carrée recouverte de velours noir, intrigué. Il jeta un œil à Dean qui l'observait, indéchiffrable. Il lui fit un signe de tête comme pour lui indiquer de l'ouvrir et après un dernier regard interrogatif, Castiel ouvrit la boîte.

À l'intérieur de celle-ci, il y'avait un pendentif accroché à un fil en cuir noir, un peu similaire à l'amulette que Dean portait en toutes circonstances. Le pendentif, lui, représentait des ailes d'ange déployées, en argent. Les motifs étaient si travaillés que l'on pouvait distinguer chaque plume et chacune de leurs rainures centrales. Castiel releva la tête pour croiser le regard de son petit ami. Ce dernier baissa un peu les yeux, les joues rouges.

– Je l'ai vu dans la vitrine et je… j'ai pensé à toi. Et j'ai craqué et c'est peut-être stupide, hum…

Castiel l'interrompit avec un doux baiser sur la joue. C'était la première fois qu'il s'autorisait une véritable marque d'affection devant sa famille. Il ne préféra pas les regarder pour mieux se concentrer sur Dean qui lui renvoyait un regard un peu hagard. Castiel sourit.

– Merci.

– Ca… ça te plaît?

Castiel hocha la tête puis il sortit le pendentif de son écrin pour le lacer autour de son cou. Dean finit par lui rendre son sourire. Castiel s'autorisa à l'embrasser encore, sur la même joue et resta un instant appuyé contre le visage de son compagnon.

– Merci, Dean, souffla-t-il assez bas pour que seul l'intéressé l'entende. Pour tout.

– De rien, angel.

Castiel sourit, comme chaque fois que Dean le gratifiait de ce surnom avant de se reculer pour capter juste à temps son doux sourire. Quand ils se tournèrent à nouveau vers Gabriel, ce dernier les observait, presque moqueur.

– Et bien il ne reste que toi, Dean-o! J'imagine que ce gros machin est pour toi, de la part de Cassie.

Alors que Gabriel s'approchait avec ledit paquet, Dean se tourna vers Castiel avec une expression interrogative, presque perdue.

– Cass… qu'est-ce que tu…

Mais il fut interrompu par Gabriel qui avait posé le long paquet sur ses genoux sans doute avec plus de vigueur que nécessaire. Dean observait toujours Castiel, qui, pour toute réponse, ne fit que sourire d'un air cryptique, avant de l'inciter à ouvrir le cadeau. Dean lui adressa un autre long regard suspicieux avant de commencer à déchirer le papier sous l'œil attentif de tous les convives. À mesure que Dean retirait l'emballage, le cœur de Castiel s'emballait. Il se demandait si le cadeau plairait à Dean, s'il n'allait pas le braquer au lieu de l'encourager mais avant que ses craintes ne puissent prendre complètement place dans son esprit, un hoquet de surprise provenant de son petit ami retentit. Castiel reporta son attention sur Dean. Ce dernier finit de déballer le cadeau frénétiquement avant d'observer, muet, le carton de la guitare électro-acoustique sur laquelle Castiel avait arrêté son choix.

Dean semblait bouche-bée mais Castiel était incapable de savoir si le cadeau lui plaisait ou pas. Puis son petit ami tourna lentement la tête vers lui, abasourdi. Ses yeux étaient remplis de questions.

– Cass, qu'est-ce que…

L'interpellé sourit d'un air contrit.

– Je dois t'avouer quelque chose, Dean, c'était un peu égoïste de ma part de t'offrir ça. J'ai juste envie de t'entendre à nouveau jouer.

Dean eut un rire étouffé et l'instant d'après, il avait posé le carton par terre pour venir l'enlacer avec fermeté. Castiel resta immobile un instant, trop surpris par le geste, avant de lui rendre son étreinte. Il ne put s'empêcher d'enfoncer son visage dans le creux de l'épaule de son compagnon qui fit de même. Était-ce lui ou Dean avait l'air fébrile entre ses bras? Castiel resserra l'étreinte.

– Merci, entendit-il murmurer. Merci, Cass. Tu sais pas… tu sais pas ce que ça représente pour moi.

Son cœur fit une embardée dans sa poitrine et doucement, Castiel se redressa pour plonger son regard dans celui de Dean. C'était presque comme s'il était larmoyant et il ne comprenait pas comment il pouvait être la cause de cette émotion. Dean le regarda encore avant d'embrasser longuement son front. Un frisson remonta le long de son échine. Puis Dean se recula.

Tous les regards étaient sur eux. Castiel surprit sa mère qui observait Dean avec un air interrogatif mais dès qu'elle le remarqua, son expression redevint neutre. Le jeune homme venait de passer une main sur son visage, comme pour évacuer son trop-plein d'émotions. Castiel ne put s'empêcher de prendre sa main dans la sienne. Dean lui adressa un sourire.

– Tu fais de la musique, Dean? interrogea soudain Anna.

L'interpellé acquiesça.

– Tu… voudrais bien nous jouer quelque chose?

Anna semblait incertaine comme si elle avait peur que Dean refuse, presque comme si elle se doutait – à la réaction de Dean – que les choses étaient bien plus compliquées qu'elles en avaient l'air. Celui-ci considéra sa proposition un instant avant de hocher la tête à nouveau. Il ramassa le carton de la guitare et la tira de celui-ci. Tous les regards étaient braqués sur lui. Castiel ne pouvait le quitter des yeux, lui aussi. Il était toujours aussi fasciné par l'activité des mains de Dean quand il jouait.

Ce dernier commença par accorder la guitare. Le silence régnait dans la pièce, seulement rompu par le son des cordes pincées par Dean tandis qu'il cherchait la note juste. Puis il commença à jouer. D'abord ce ne fut qu'une instrumentale et puis Dean le regarda. Castiel hocha la tête imperceptiblement. Quelques secondes après, Dean entonnait quelques mots.

You can hold my hand when you need to let go
[Tu peux tenir ma main quand tu as besoin de tout lâcher]
I can be your mountain when you feel valley-low
[Je peux être ta montagne quand tu te sens au plus bas]
I can be your streetlight showing you the way home
[Je peux être la lumière qui te montre le chemin jusqu'à la maison]
You can hold my hand when you need to let go
[Tu peux prendre ma main quand tu as besoin de tout lâcher]

Dean gratta quelques cordes avant d'entamer le refrain de la chanson.

I want a house with a crowded table
[Je veux une maison avec une table pleine de monde]
And a place by the fire for everyone
[Et une place près du feu pour tout le monde]
Let us take on the world while we're young and able
[Laisse-nous conquérir le monde tant que nous sommes jeunes et capables]
And bring us back together when the day is done
[Et nous rassembler tous ensemble quand le jour se termine]

Dean s'interrompit une seconde seulement avant de reprendre, le temps de replacer ses doigts sur la guitare.

If we want a garden, we're gonna have to sow the seed
[Si on veut un jardin, il nous faudra planter les grains]
Plant a little happiness, let the roots run deep
[Planter un peu de bonheur, laisser les racines s'ancrer profondément]
If it's love that we give then it's love that we reap
[Si c'est l'amour que nous donnons, alors c'est l'amour que nous récoltons]
If we want a garden, we're gonna have to sow the seed
[Si nous voulons un jardin, il nous faudra planter les graines]

Ses doigts s'emballèrent quelques temps sur les cordes avant qu'il ne reprenne le refrain. La chanson, l'instrumental, sa voix avaient quelque chose de profondément émouvant. Castiel ne saurait dire exactement pourquoi.

Yeah, I want a house with a crowded table
[Je veux une maison avec une table pleine de monde]
And a place by the fire for everyone
[Et une place près du feu pour tout le monde]
Let us take on the world while we're young and able
[Laisse-nous conquérir le monde tant que nous sommes jeunes et capables]
And bring us back together when the day is done
[Et nous rassembler tous ensemble quand le jour se termine]

Inexplicablement, le léger changement de note que Dean opéra à cet instant fit rater un battement au cœur de Castiel.

The door is always open
[La porte est toujours ouverte]
Your picture's on my wall
[Ta photo est accrochée au mur]
Everyone's a little broken
[Tout le monde est un peu brisé]
And everyone belongs
[Et tout le monde a sa place]
Yeah, everyone belongs
[Oui, tout le monde a sa place]

I want a house with a crowded table
[Je veux une maison avec une table pleine de monde]
And a place by the fire for everyone
[Et une place près du feu pour tout le monde]
Let us take on the world while we're young and able
[Laisse-nous conquérir le monde tant que nous sommes jeunes et capables]
And bring us back together when the day is done
[Et nous rassembler tous ensemble quand le jour se termine]
And bring us back together when the day is done [23]
[Et nous rassembler tous ensemble quand le jour se termine]

Dean se lança dans une nouvelle séquence instrumentale pour clore la chanson. Castiel l'avait déjà entendue mais Dean venait de lui donner une autre dimension. C'était presque comme s'il l'avait chantée pour eux, comme s'il chantait son désir que les Novak soient à nouveau unis. Pas sa propre famille, celle de Castiel. Et ce dernier ne dit rien, incapable de parler à cause de l'étrange émotion qui compressait sa poitrine. Il ne savait pas comment il pouvait être aussi chanceux. Dean redressa la tête pour observer les réactions autour de lui. Toute la famille de Castiel semblait muette. Ce fut Anna qui rompit le silence.

– Dis-moi, Dean, tu n'aurais pas un frère célibataire par hasard? Ou un clone? plaisanta-t-elle.

Castiel baissa brusquement la tête, les joues cramoisies. Les paroles de sa sœur reflétaient ses pensées et il n'avait aucune envie que qui que ce soit puisse les lire.

– Je crains que Sam soit déjà pris, répondit Dean à voix basse et quand Castiel risqua un coup d'œil dans sa direction, il grattait distraitement les cordes de la guitare sans oser regarder Anna.

Au même moment, la mère de Castiel se leva et se dirigea vers la porte d'entrée. Pendant un moment, ils ne dirent rien, sonnés par sa réaction, puis Chuck fit mine de se lever mais Castiel lui coupa l'herbe sous le pied.

– Je… je vais y aller.

Tôt ou tard, il devrait parler à sa mère. Et malgré son stress, cela lui sembla le bon moment pour le faire. Alors il adressa un dernier regard à Dean qui lui sourit, encourageant et suivit sa mère dans le jardin.

Le froid était mordant dehors. Castiel ne mit pas longtemps à trouver sa mère, appuyée contre le mur de la maison, une cigarette entre les doigts. Il la contempla un moment, incertain. Il savait qu'elle l'avait vu arriver.

– Je croyais que tu avais arrêté, dit-il finalement.

Naomi haussa les épaules. Quelque chose qui aurait pu dire que les récents évènements l'avaient faite craquer. Un instant, Castiel se sentit coupable du tourment qu'il lui faisait subir. Mais qu'y pouvait-il? Il n'était pas capable de changer sa nature et celle-ci lui avait toujours hurlé qu'il était gay. Il devait vivre avec et Naomi devrait apprendre à faire de même. Il savait combien c'était difficile cependant.

Castiel s'approcha un peu de sa mère et ce fut à ce moment-là qu'elle écrasa le mégot sous son pied et commença à parler.

– Tu sais, quand tu nous as annoncé ton homosexualité, ça a été un gros choc pour moi .

Castiel voulut ouvrir la bouche pour lui dire qu'il savait et qu'il était désolé mais Naomi ne lui en laissa pas le temps, continuant à parler sans le regarder, presque comme s'il n'était pas là.

– Il y'a tout un tas de choses qui me sont venues à l'esprit. Pourquoi nous l'avoir caché tout ce temps, ce que j'avais bien pu rater dans ton éducation pour que tu deviennes...

Ses paroles firent mal, comme une lame aiguisée qui s'enfonçait dans sa peau, et Castiel serra le poing, se mordit la lèvre. Il n'était plus si certain de vouloir cette conversation. Il n'était même pas certain des mots laissés en suspens et qu'il savait qu'elle ne dirait pas. En même temps, il voulait lui hurler que ça n'avait rien à voir, que ce n'était ni sa faute, ni celle de personne parce que ce n'était pas un crime d'être gay. Mais sa voix était bloquée dans sa gorge.

– Puis je me suis rendue compte que cela n'avait rien avoir avec notre éducation. Mais que ton secret, oui. Et tu sais, Castiel, je me suis sentie si coupable de ne pas t'avoir montré que tu pouvais avoir confiance en nous. Et ensuite j'ai commencé à avoir peur. Peur pour toi. Peur pour ton salut vis-à-vis du Seigneur et peur parce que tu risquais d'être méprisé, insulté, parce qu'il ne pourrait t'arriver que des malheurs simplement parce que tu es différent des autres.

Naomi s'interrompit à nouveau. En un sens, Castiel ne pouvait pas vraiment la contredire. Il avait déjà essuyé des insultes même avant de comprendre lui-même son homosexualité. Balthazar le gardait des coups à l'époque. Il avait surpris de nombreux regards dégoûtés plus tard et il avait entendu d'autres insultes. Des mauvaises blagues, celles que la plupart des gens trouvaient drôles alors qu'elles étaient aussi discriminantes qu'un «tapette» lâché au détour d'une rue. Ce n'était ni les premiers, ni les derniers, mais Castiel s'en fichait. Il en avait assez de s'excuser d'exister, surtout auprès d'inconnus à qui il n'avait aucun compte à rendre.

Sa mère lui lança un court regard avant de reprendre.

– Et puis après la peur est venue la réalisation. J'ai réalisé tout ce que tu n'aurais pas, tout ce que ton père et moi n'aurions pas. Ces petits-enfants que tu ne pourrais pas nous donner et je m'en suis voulue de penser si égoïstement, tu sais. Je ne pouvais pas vraiment m'en empêcher.

Castiel se demanda si c'était le moment de mentionner l'adoption. Tout ce à quoi Naomi avait pensé, il l'avait fait aussi des années plus tôt. Il savait qu'il y'avait toujours une solution. Même si longtemps avant, cela ne l'avait pas aidé à accepter sa nature. Il se demandait si sa mère finirait par le faire. Il resta silencieux.

– Je me suis demandé pourquoi tu n'aspirais pas à mieux, beaucoup mieux que cela, pourquoi tu te contentais de cette vie-là. Je me suis demandé si je ne devrais pas essayer de t'initier à quelque chose de meilleur. Je m'en suis voulue de t'avoir laissé partir au Kansas. Je me suis dit que j'aurais pu empêcher ça.

Castiel sentit son cœur se serrer. Sa mère semblait loin, si loin sur le chemin de l'acceptation. Un instant fugace, il se demanda si elle en avait même trouvé la direction. À quoi bon lui dire tout ceci? Il était clair qu'elle ne se ferait jamais à l'idée d'avoir un fils gay et qu'elle ne le regarderait plus que comme une déception. Son estomac se tordit à l'idée et Castiel se demanda comment Dean avait bien pu survivre à pire que ça.

– Et puis vous êtes arrivés, toi et Dean. J'avoue que j'avais du mal à accepter l'idée qu'il soit ici, avec nous, alors que j'avais déjà imaginé cette soirée en compagnie de cette belle-fille idéale à qui tu nous as fait croire.

Castiel baissa la tête, incapable d'affronter son regard. Il s'en voulait encore pour le mensonge initié par Gabriel. Bon sang, elle arrivait presque à le faire se sentir coupable d'être tombé amoureux de Dean! Et il ne voulait pas que la plus belle chose qui lui soit arrivé depuis des années soit associée à un mauvais souvenir. Il ne voulait pas que ses sentiments pour Dean soient ternis par sa culpabilité. Et il en voulait à sa mère pour le pétrir de tels doutes.

– Mais au cours de la soirée… mon opinion a changé. D'abord quand je l'ai vu avec Teddy. Il semblait tellement à l'aise, tellement naturel… Tu sais Castiel, pendant un moment, j'ai essayé de vous imaginer, entourés d'enfants qui ne seraient peut-être pas biologiquement les vôtres mais vos enfants quand même et… ça n'était pas aussi étrange que je l'imaginais. Il y'a eu sa délicate attention à mon égard ensuite. Puis cette chanson… Et vos échanges de cadeaux.

Elle se mordit la lèvre un instant. Le cœur de Castiel battait à se rompre. Il ne voulait pas croire qu'il arrivait vraiment ce qu'il pensait qu'il arrivait. S'il se trompait, la désillusion n'en serait que pire.

– Castiel, je ne nie pas que cela m'a paru étrange de te voir si proche physiquement d'un autre garçon et il me faudra du temps pour m'y habituer mais… Regarde-moi, Castiel, s'il-te-plaît.

Timidement, le doctorant releva la tête pour affronter les yeux glaciers de sa mère. Celle-ci se décolla du mur pour le rejoindre. Un moment, ils restèrent face à face, muets.

– Mais je t'ai vu interagir avec lui toute la soirée. Je t'ai vu te détendre dès qu'il posait une main sur toi, je t'ai vu lui sourire et je l'ai vu te sourire. Je vous ai vus vous regarder et vos yeux en disent plus que n'importe quels mots. Je t'ai vu ce soir, Castiel, et je pense que tu es heureux.

Castiel déglutit mais hocha la tête. En pensant à Dean, à leurs baisers, à combien il se sentait bien en sa présence, un sourire naquit sur ses lèvres.

– Oui, Maman, je le suis. Je le suis vraiment.

Naomi hocha la tête, son regard un peu perdu dans le vague.

– Tu es heureux et c'est tout ce qui compte, répéta-t-elle. J'ai pensé mal et j'en suis désolée. Tu n'as pas à aspirer à mieux et je n'ai pas le droit de gâcher ton bonheur quand il est si éclatant. Je suis désolée. Je sais que je t'ai blessé et je sais que mon comportement jusqu'à présent n'était pas acceptable. Mais j'espère que tu pourras me pardonner.

Il y'eut un instant de flottement, le temps que Castiel chasse la larme qui voulait s'échapper de son œil et l'instant d'après il se jetait dans les bras de sa mère qui l'étreignit fort.

– Je suis désolée, mon chéri. Je t'aime, Castiel.

Castiel étouffa ses larmes dans le cou de sa mère.

– Je t'aime aussi, Maman.

Ils restèrent enlacés encore un moment avant que Naomi ne se recule un peu pour le regarder. Elle approcha une main de son visage et pour une fois, Castiel la laissa essayer de remettre ses mèches rebelles en place. Il sourit. Dean l'ignorait mais c'était lui qui avait déclenché cela. En choisissant une chanson qui parlait d'unité. C'était tout ce qu'il avait fallu. Comment pouvait-il croire qu'il détruisait ce qu'il touchait? Comment pouvait-il seulement s'envisager comme une mauvaise personne ? Comment pouvait-il seulement croire que qui que ce soit pourrait le détester? C'était insensé. Dean était la plus belle personne qu'il connaissait, il possédait l'âme la plus pure que Castiel avait eu la chance de rencontrer.

– On ferait mieux de rentrer.

La voix de sa mère le tira de ses pensées. Sans un mot, ils rejoignirent tous les deux la maison. Dès qu'il le vit apparaître dans le salon, Dean se leva et l'interrogea silencieusement du regard. Castiel ne fit que sourire et il accueillit avec joie l'étreinte de son petit ami qui embrassa avec tendresse le haut de son crâne.

– Je te l'avais dit, murmura-t-il.

Castiel leva un peu la tête pour le regarder. Dean plongea ses yeux dans les siens.

– Merci, Dean.

Un sourire étira les lèvres du susnommé.

– Arrête de me remercier, Cass. Je n'ai rien fait.

Le doctorant secoua la tête.

– Tu n'en as vraiment aucune idée, n'est-ce pas?

Leurs fronts se joignirent en douceur. Castiel l'aurait embrassé s'il n'avait pas su que cela mettrait sa mère mal à l'aise. Celle-ci s'approcha d'ailleurs d'eux et ils se séparèrent. Elle regardait Dean droit dans les yeux.

– Je voulais m'excuser de mon comportement auprès de vous, Dean.

Ce dernier l'avait enlacé et Naomi lança un regard en direction de Castiel qui hocha la tête. Il ne savait pas vraiment ce qu'elle avait en tête, cependant, il avait confiance en elle.

– Vous rendez mon fils heureux et pour cela, vous ne méritiez pas d'être si mal accueilli.

Dean secoua la tête.

– Ce n'est rien, vraiment. Croyez-moi, j'ai vu bien pire…

Castiel ne put s'empêcher de poser sa main sur celle de Dean qui entourait sa taille. Il savait de quoi il parlait et il ne voulait pas que son petit ami repense à ce jour-là, pas maintenant et même jamais. Il voudrait pouvoir balayer les souvenirs d'un revers de la main. Il n'en avait malheureusement pas le pouvoir.

Naomi lui sourit, un peu tristement, mais le plus sincèrement du monde.

– Bienvenu dans la famille, Dean.

Dean se tendit contre lui et il renvoya un regard abasourdi à sa mère. Castiel lui-même était surpris. Mais Dean semblait presque au bord des larmes. Le doctorant se doutait de la raison, lui qui ne s'était jamais senti accepté par les siens, ces quelques mots devaient tant signifier pour lui.

– Mer… merci, Mrs Novak. Je… Ça compte… ça compte beaucoup pour moi. Merci.

– S'il-vous-plaît, appelez-moi Naomi. »

La mère de Castiel sourit de nouveau et revint s'asseoir sur le canapé. Dean et Castiel restèrent debout un instant, toujours enlacés et le doctorant s'autorisa à délicatement embrasser la joue de son compagnon. La tête de Dean vint reposer contre la sienne.

Il était bien, il était en paix. Avec lui-même et avec sa famille. Et peut-être que finalement, les miracles de Noël étaient réels. Peut-être que quelque part au-dessus de leurs têtes, un ange veillait sur eux.


Castiel se réveilla le lendemain, ses bras enroulés autour de la taille de Dean. À en juger par ses lentes et profondes inspirations, il dormait encore. Le doctorant se demanda si c'était la journée de la veille qui l'avait épuisé. En plus du long trajet en voiture, elle avait été riche en émotions, pour tous les deux, et maintenant que la pression était redescendue, Castiel aurait presque pu décider que le vingt-cinq décembre était un jour parfait pour rester sous les draps, pressé contre le corps chaud de Dean.

La veille, ils avaient terminé la soirée devant la télévision à écouter la messe de minuit – cette année, la présence de Teddy ne leur permettait pas de se rendre à l'église aussi tard. Puis après s'être souhaité une bonne nuit, ils étaient tous remontés dans leurs chambres respectives.

C'était un peu étrange d'être dans cette pièce qui l'avait vu grandir, son refuge lorsqu'il était adolescent, avec Dean dans ses bras. Castiel n'aurait jamais cru qu'il aurait un jour ramené un petit ami ici, sous le toit de ses parents. Il ne l'aurait jamais fait en douce – il serait incapable de garder un tel secret pour lui-même sans paraître suspect – mais l'idée que toute sa famille sache que Dean était là avec lui rendait la pensée encore plus irréelle.

Sans un mot et en essayant de bouger le moins possible, Castiel fit glisser ses bras le long du corps de son petit ami et se décolla de lui. Il pouvait lui accorder encore un peu de temps de sommeil. Alors qu'il roulait sur le flanc pour quitter le lit, regrettant déjà les ondes de chaleur qu'émettaient le corps de son compagnon, celui-ci tendit son bras dans la direction de Castiel et tâtonna un instant avant de refermer ses doigts sur le poignet du doctorant. Puis sans rien dire, il tira légèrement sur le bras de Castiel à qui il arracha un sourire.

Il roula dans l'autre sens pour se rapprocher de Dean qui n'avait pas lâché son poignet mais n'avait pas non plus ouvert les yeux. Castiel sourit. Il aimait ce spectacle tous les matins, Dean encore à demi-endormi, qui refusait de le laisser quitter le lit, qui cherchait son contact. Il se demandait aussi comment il vivrait le retour dans son appartement, seul, maintenant qu'il avait goûté à ça.

À peine eut-il touché le corps de son compagnon que celui-ci se retournait avant de s'approcher pour se coller à lui et plonger sa tête dans la poitrine de Castiel. La seconde suivante, des bras fermes le faisaient prisonnier d'une étreinte vigoureuse, ce qui était étonnant compte tenu de l'état d'éveil de Dean.

Ce dernier émit d'ailleurs un soupir de contentement et se serra plus encore contre Castiel qui sentait chaque parcelle de son corps en contact avec celui de son petit ami prendre feu. Il ne s'en plaignait pas, loin de là, mais une partie de son anatomie se réveillait déjà à la simple idée de Dean, enroulé autour de lui. Il lui rendit doucement son étreinte en essayant de penser à autre chose qu'au corps brûlant de son petit ami contre le sien. Il ne voulait vraiment pas avoir à régler ce genre de problèmes le matin de Noël, chez ses parents.

Ses doigts se retrouvèrent pris entre les mèches châtaines de Dean. Castiel ne put retenir un sourire et baissa la tête pour embrasser avec tendresse le cuir chevelu du jeune homme.

«Désolé de t'avoir réveillé, souffla-t-il.

Dean balaya son excuse d'un grognement qui fit rire Castiel. Le son dut se répercuter en Dean car il sentit sa tête se redresser sans jamais briser le contact entre son visage et le torse de Castiel – des frissons remontèrent le long de son échine – jusqu'à ce qu'il n'ouvre les yeux et se décide à le regarder. En plongeant dans les émeraudes dont il ne distinguait qu'à peine la couleur dans le noir, Castiel sourit, incapable de s'en empêcher.

– Bonjour Dean. Joyeux Noël.

L'interpellé sourit à son tour avant de poser un baiser papillon sur ses lèvres. Castiel sentit un véritable essaim prendre son envol dans son estomac.

– Joyeux Noël, angel, murmura Dean avant de l'embrasser plus longuement.

Les doigts de Castiel agrippèrent les cheveux châtains tandis que les mains de Dean parcouraient son dos avec paresse. Castiel n'eut aucun mal à constater qu'il avait été vain de penser que son corps pourrait ne pas réagir au contact de celui de Dean. Ce dernier, sans rompre le baiser, avait d'ailleurs envoyé son bassin vers l'avant – sans doute sans s'en rendre compte – et le doctorant remarqua qu'il n'était pas le seul à devoir gérer les conséquences d'une érection matinale. Un même gémissement leur échappa quand elles se rencontrèrent et Castiel mordit sans le vouloir la lèvre de Dean.

Il savait à quel point les murs de sa chambre étaient fins.

Dean, cependant, ne semblait n'avoir rien à faire ni de l'un, ni de l'autre, car il était déjà reparti à l'assaut de la bouche de Castiel tandis qu'il se pressait tellement contre lui qu'on aurait pu croire qu'il voulait se fondre dans son étreinte. Ses mains n'attendirent pas longtemps pour venir effleurer les fesses de Castiel qui retint à peine un jappement aussi surpris qu'appréciateur.

Tout ça allait mal finir. Ou bien, songea une partie de lui et il dut lui reconnaître qu'elle n'avait pas tout à fait tort. Cela dépendait de l'angle depuis lequel on regardait la chose.

Dean agrippa encore son postérieur et relâcha sa bouche pour plonger dans la nuque de Castiel. Et bientôt, il mordillait la peau, comme pour offrir une marque jumelle de celle laissée par Castiel deux jours plus tôt. Les souvenirs de ce soir-là alimentèrent les flammes de son désir et Castiel songea que s'il n'essayait pas de calmer les ardeurs de Dean, ils pourraient bien être en train de faire l'amour dans quelques minutes.

C'était presque douloureux de ne pas s'abandonner aux bras de Dean et de commencer cette journée de l'une des meilleures façons possibles mais ils n'étaient pas seuls et les dix autres adultes présents dans la maison n'avaient vraiment pas besoin de savoir ce qu'il se passait dans la chambre de Castiel.

À regret, il mit son visage hors de portée quand Dean, qui en avait terminé de marquer son territoire, essaya de l'embrasser encore. Castiel fut récompensé par un regard à la fois contrarié, confus et suppliant. Si le doctorant n'était pas aussi positivement certain qu'il serait incapable de rester silencieux pendant leurs ébats, il aurait cédé aux yeux implorants de Dean.

– J'aimerai beaucoup, Dean, mais pas ici. On pourrait nous entendre.

Pendant un moment, Dean ne sembla pas intégrer ce qu'il venait de dire car il se frottait lentement, avec langueur contre Castiel qui dut se mordre la lèvre pour ne pas laisser voir le désir que ces mouvements-là faisaient grandir en lui. Puis enfin, la réalisation frappa son petit ami et il cessa de bouger. Castiel ne put cependant manquer son air déçu alors il se pencha en avant avec douceur et offrit à Dean un baiser lent et passionné, un de ceux qui le consumaient de part en part. Un comme celui qu'ils avaient échangé alors que dans leurs ébats, le feu laissait place à la tendresse, alors que leur rythme ralentissait, comme pour faire durer le moment.

Un de ceux qui confirmaient à Castiel l'ampleur de ses sentiments pour Dean. Il l'aimait tant que cela lui paraissait presque irréel. C'était impossible d'avoir une si grande affection – et c'était plus qu'un euphémisme – pour quelqu'un qu'il ne connaissait pas moins de deux mois plus tôt. C'était pour les comédies romantiques ce genre de choses.

Paradoxalement – et alors que leurs langues se cherchaient avec paresse – Castiel n'avait jamais été si sûr d'une chose autant qu'il était certain de la véracité, de la sincérité de son amour pour Dean.

Je t'aime, pensa-t-il alors qu'ils s'embrassaient toujours, sans prendre la peine de respirer. Étrangement, Dean choisit cet instant précis pour raffermir plus encore la pression de ses lèvres sur celles de Castiel, comme pour lui répondre «Je t'aime aussi.». Castiel savait que c'était impossible, bien sûr, Dean ne lisait pas ses pensées mais pour une fois, il s'autorisa à y croire.

– Mon Dieu, Cass…

Et le susnommé ignorait tout bonnement ce que Dean essayait d'exprimer. Il n'eut pas le temps d'essayer de comprendre parce que son regard tomba droit dans celui de son compagnon. Et il y'avait comme une lueur d'adoration dans ses yeux. Castiel fondit à nouveau sur ses lèvres.

Je t'aime, je t'aime, je t'aime! avait-il l'impression qu'hurlaient chacun de ses baisers mais c'était la seule et unique chose à laquelle il était capable de penser en ce moment-même. Il n'y avait que Dean pour occuper son corps et son esprit en cet instant.

Et alors que les baisers se faisaient moins voraces, Castiel envoya une prière silencieuse au Ciel. Je vous en prie. Faites que le reste de ma vie soit à ses côtés.


Quand Dean sortit de la salle de bains après avoir pris une longue douche durant laquelle il avait dû régler le problème que Cass avait posé et refusé de traiter lui-même, il songea à ce baiser qu'ils avaient échangé ce matin.

Tous ses baisers avec Castiel étaient mémorables. Mais celui-là… celui-là lui avait donné l'impression d'embrasser l'âme en même temps que le corps de Cass, il avait eu l'impression de mettre à nu tous ses sentiments et surtout ceux qu'il avait réalisés posséder la veille et ceux qu'il ne voulait pas, pas encore, que Cass comprenne.

Dans ce baiser il avait eu l'impression de lui crier «Je t'aime.». Dans ce baiser, il avait l'impression d'avoir laissé libre cours à cette chose effrayante dans sa poitrine, ce sentiment alors inconnu, que Castiel avait réussi à faire exploser en son sein et il n'arrivait même pas à le regretter.

Bon sang, il était terrifié! La seule chose qu'il aurait voulu éviter, la seule et unique chose, venait d'arriver. Il était foutu. Complètement foutu. Ses sentiments pour Cass avaient pris tellement d'ampleur qu'il était pleinement conscient qu'il n'y aurait pas de retour en arrière possible. Lorsqu'il avait rencontré Castiel, il savait que cela pourrait arriver s'il s'autorisait cette relation. Il avait plongé tête la première et avait choisi de se laisser porter par le courant. À présent, il se retrouvait au beau milieu d'un océan de sentiments auxquels il n'avait jamais été confronté auparavant.

Cass avait brisé ses dernières barrières. Et maintenant Dean redoutait le jour où il partirait, où il se rendrait compte d'à quel point Dean était brisé, à quel point il était mauvais pour lui. S'il avait été fort, Dean serait sans doute parti pour éviter de blesser Cass. Pour ne pas ruiner la beauté de son âme. Bien sûr, il lui aurait fait du mal mais ça n'était pas encore trop tard pour qu'il se relève. Il le détesterait cordialement et Dean garderait son cœur brisé jusqu'à la fin de ses jours – et peut-être qu'il exagérait cependant il voulait croire que près de vingt-cinq ans pour enfin tomber amoureux signifiait que Cass serait le seul à lui ravir son cœur – mais au moins, Cass ne risquerait pas de souffrir. Pas indéfiniment. Il se relèverait et il aurait la vie qu'il méritait d'avoir, loin de Dean et du poison qu'il était.

Mais Dean était faible et il y'avait ce minuscule espoir dans sa poitrine. Parce que quand Cass l'avait embrassé ce matin, il avait comme eu l'impression que ses lèvres lui murmuraient «Je t'aime aussi.»

Dean était égoïste et il ne pouvait se résoudre à laisser Cass partir, même s'il était trop bien, beaucoup trop bien pour lui. Il était faible et il voulait encore profiter de la présence de Castiel à ses côtés quand il le pouvait encore.

Il descendit les escaliers, encore plongé dans ses pensées, et rejoignit la cuisine sans faire de bruit. Cass y était déjà occupé à faire chauffer de l'eau pour le café. Il lui tournait le dos et ne l'avait pas entendu. Ils étaient seuls. Dean ne put s'empêcher de se glisser, silencieux comme une ombre, dans le dos de son petit ami et de l'enlacer avec douceur. Castiel sursauta quand ses mains entourèrent sa taille, faillit lâcher la tasse qu'il tenait et tourna la tête vers Dean dont le rictus s'élargit.

– Hey, angel, murmura-t-il à voix basse.

Cass lui rendit son sourire avant de reposer la tasse. Puis il se retourna dans ses bras et se laissa aller contre le plan de travail avant de passer ses bras autour de sa nuque et de l'embrasser avec tendresse. Dean lui rendit son baiser sans hésiter tandis que ses mains se resserraient sur la taille de son petit ami qui exhala dans sa nuque quelques secondes plus tard. En remarquant leur position, Dean eut un sourire grivois. Il déposa quelques baisers le long de la gorge de Cass tout en murmurant:

– D'abord tu me laisses gérer ce que TU as déclenché tout seul et maintenant ça? Sérieux, Cass, tu veux ma mort?

Le susnommé redressa la tête pour lui lancer un regard interrogatif, la tête inclinée sur le côté. Dean rit doucement – Castiel n'avait décidément pas l'esprit aussi tordu que lui – et laissa ses mains descendre le long des hanches de son petit ami. Quand il atteignit le rebondi de ses fesses, il fit mine de le soulever, histoire de lui faire comprendre ce qu'il voulait dire quelques secondes plus tôt. Castiel replongea dans sa nuque. Dean ne manqua pas le souffle court qui s'échoua sur sa peau et n'eut aucun mal à deviner que Cass rougissait. Les mains de Dean abandonnèrent à regret leur butin pour simplement enlacer à nouveau son compagnon.

– Je n'ai rien fait, Dean! protesta faiblement ce dernier. C'est toi qui es venu me trouver.

– Et c'est de ma faute si tu es aussi attirant, hein? répliqua Dean.

Castiel leva brusquement la tête pour le regarder droit dans les yeux. Dean le gratifia d'un sourire en coin qui le fit rougir. Le jeune homme se demanda si un jour, ses rictus cesseraient de faire de l'effet à Cass. Il espérait secrètement que non. Pendant un moment, le doctorant sembla réfléchir à quelque chose à répondre au compliment déguisé mais il ne dut rien trouver car il se contenta de ravir les lèvres de Dean.

Ce dernier s'empressa de répondre au baiser, ouvrit la bouche pour laisser Cass s'y glisser et tandis que leurs langues entamaient leur familier ballet, il sentit qu'une des mains de Cass agrippait sa nuque, comme pour mieux le presser contre lui. Doucement, Dean se pencha, conciliant, et de nouveau, son esprit songea à ce qu'il pourrait faire à Cass en cet instant si seulement ils étaient seuls – et chez eux, quoique l'idée de faire l'amour à Cass dans la maison de ses parents était excitante, comme un de ces fantasmes qui saturaient le corps d'adrénaline.

Quand la pression des lèvres de Castiel disparut, Dean se rendit soudain compte de ce qu'il venait de penser. Chez eux. Pas chez lui ou chez Cass. Chez eux. Comme s'il existait vraiment un endroit où Cass et lui vivaient, tous les deux, comme n'importe quel couple.

Comme s'il avait senti son trouble – sans doute à la soudaine tension dans ses épaules – Castiel lui lança un drôle de regard, presque inquiet, mais avant qu'il n'ait pu poser une question ou que Dean ait pu se pencher un peu plus sur ses propres pensées terrifiantes, ils furent tous les deux interrompus par l'arrivée tonitruante de Gabriel.

– Joyeux Noël, boys! Oh! Je vous dérange, peut-être? fit-il avec un sourire immense et dont les sous-entendus ne pouvaient être manqués.

Castiel roula des yeux et laissa échapper un immense soupir.

– Non. Tu ne déranges pas du tout, Gabriel, répliqua-t-il finalement, d'un ton si sec qu'il aurait tout aussi bien pu signifier l'exact contraire de ses paroles.

Le frère aîné de Cass dut penser la même chose que Dean car il ricana, l'air peu convaincu, avant de s'approcher d'eux, ou plus vraisemblablement du plan de travail.

– Dans ce cas, vous pouvez vous pousser? J'aimerai boire mon café avant la nouvelle année.

De nouveau, il reçut un roulement d'yeux exagérément grands de la part de Cass. Dean eut un sourire avant de briser leur étreinte et de se reculer pour permettre à Castiel de faire de même. Avec un autre sourire, Gabriel glissa une tasse sous la cafetière. Cass lui lança un regard désolé mais Dean secoua la tête pour lui dire qu'il s'en fichait. Sam avait fait pire, bien pire que les taquineries de Gabriel.

– Du café, Dean? demanda ce dernier au bout d'un moment.

– Je veux bien, oui, répondit-il.

Avec un autre sourire, Gabriel sortit une nouvelle tasse et la glissa aussi sous la cafetière. Quand elle fut pleine, il la tendit à Dean qui le remercia avec un hochement de tête. Castiel, à ses côtés, fixait son frère, les bras croisés sur sa poitrine.

– Tu ne comptes pas m'en proposer, n'est-ce pas?

Gabriel secoua la tête.

– Pas sans avoir droit à une histoire sur vous deux.

Dean se mordit la lèvre pour ne pas rire quand Cass foudroya son frère du regard.

– C'est du chantage, fit remarquer Castiel d'un ton neutre, ne laissant rien transparaître de ses pensées.

Gabriel ne fit que lui sourire sans bouger de la place qu'il occupait, devant la cafetière. Dean décida d'intervenir, bien qu'il trouvât l'expression mi-contrariée, mi-exaspérée de son petit ami trop adorable pour son propre bien.

– C'est Noël, Gabriel. Sois sympa.

L'interpellé lui lança un drôle de regard avant de soupirer.

– Ton petit ami sait me prendre par les sentiments, Cassie. Je n'aime pas trop ça.

Son sourire, pourtant, en disait long sur le véritable fond de sa pensée. Il se tourna une nouvelle fois pour remplir la tasse que Cass avait abandonnée sur le comptoir tandis que ce dernier invitait Dean à s'asseoir à la table où il avait déjà sorti de quoi faire griller du pain. Du bruit dans le couloir les informèrent que quelqu'un d'autre s'apprêtait à les rejoindre. Au moment où Gabriel tendait sa tasse à Castiel, Balthazar et Kali entraient simultanément dans la cuisine. La première les salua avec un sourire avant de rejoindre son compagnon pour l'embrasser du bout des lèvres tandis que Balthazar les gratifiait d'un «Joyeux Noël!» tonitruant.

Dean secoua la tête. Les frères de Castiel étaient parfois de curieux énergumènes qui aimaient bien trop s'amuser aux dépens de leur cadet mais leur joie de vivre faisait plaisir à voir. Les mots de la mère de son petit ami lui revinrent soudain en mémoire. Bienvenu dans la famille. Comme la première fois, sa poitrine se serra. Il y'avait si longtemps qu'il ne s'était pas senti appartenant à quoi que ce soit.

Il s'en rendait compte, à présent, son père l'avait isolé de tout. D'abord de leur propre famille, en le mettant dehors le jour où il avait fait son coming out. Ensuite de ses propres camarades et amis, parce que Dean était bien trop préoccupé par les mots – les horribles mots – de son père pour se rendre compte qu'il s'éloignait, peu à peu, de ses amis au lycée. Seul son cercle réduit – Charlie, Garth, Jo et Ash – étaient restés, mais même d'eux, il avait commencé à se séparer. Il était là physiquement, bien entendu, sans l'être vraiment. Son esprit était à des milles de leurs discussions, de leurs rires. Puis John l'avait surpris en train de gratter les cordes de sa guitare – la seule chose qui permettait à Dean de tenir, avec Sam – et il l'avait brisée en mille morceaux après l'avoir jetée contre le mur tandis que Dean fuyait parce qu'à cet instant, il avait craint pour son intégrité physique. Et alors qu'il entendait encore son père frapper l'instrument, il avait couru dehors et était allé chercher Sam chez un de ses amis de vacances – un de ceux qu'il s'était fait après l'emménagement de leur père à Lebanon. Il l'avait emmené avec lui, roulé plus vite que les limitations de vitesse le permettaient jusqu'à Lawrence et s'était réfugié chez Bobby ce soir-là. Quand ils étaient rentrés le soir suivant, Dean avait retrouvé de tranchants morceaux de bois au milieu des cordes brisées dans sa chambre. Il avait eu comme l'impression que les éclats s'enfonçaient dans son cœur comme des pieux alors qu'il les ramassait en silence, tout en essayant de faire disparaître les larmes, de les retenir. Une fois calmé, il avait appelé Charlie pour lui dire que c'était fini, qu'il ne voulait plus faire partie du groupe. Il avait inventé une excuse – devoir s'occuper de son frère et travailler pour lui offrir un avenir – et il savait qu'elle ne l'avait jamais cru. Depuis, il n'avait jamais retouché une seule fois un instrument. Il avait arrêté d'écrire aussi – sauf un dernier texte, quelques années plus tard, un dont il ne voulait plus entendre parler – et c'était le moment où Dean s'était retrouvé complètement seul. Ses amis et lui ne suivaient pas les mêmes cours au lycée alors les répétitions étaient les seuls vrais moments où ils pouvaient se voir et Dean n'avait même plus ceux-là. Il avait cessé d'appartenir à quoi ou qui que ce soit. Il s'était retrouvé complètement et désespérément seul.

Naomi, hier soir, lui avait enfin offert l'impression d'être une part de quelque chose et même s'il était persuadé que ce ne serait que temporaire, cela l'avait fait sentir entier. Pour la première fois depuis trop longtemps, Dean avait la sensation d'avoir trouvé sa place, auprès de Cass.

Une main sur la sienne le sortit de ses pensées. Dean tourna la tête vers Cass qui fixait son visage, presque inquiet. Le jeune homme se demanda s'il avait suivi le cours de ses pensées jusqu'à présent. Dean serra les doigts de Castiel dans les siens et sourit d'un air qu'il voulut rassurant. À sa grande surprise, Cass se pencha vers lui et plongea son visage dans son cou. Il l'entendit inspirer son odeur avant qu'il ne relève un peu la tête pour déposer un doux baiser sur sa joue. Trop surpris pour dire quoi que ce soit, Dean ne fit que le fixer une fois qu'il se fut reculé. Ses joues prirent une teinte pivoine et il entendit quelqu'un ricaner ce qui le fit rougir plus encore. Castiel foudroya Balthazar du regard avant de se tourner vers Dean qui baissa les yeux, trop gêné pour soutenir les yeux trop bleus de son petit ami. Une main se posa sur sa joue avant de la caresser avec tendresse. Dean frémit.

– Tout va bien? demanda Castiel, trop bas pour que quelqu'un d'autre ne l'entende, une main sous le menton de Dean pour le forcer à avoir un contact visuel avec lui.

Dean acquiesça. Il ignorait si ses yeux firent passer l'exact fond de sa pensée à Cass. Il voulait lui dire qu'il était juste heureux d'être ici, avec lui, et qu'il arrivait peu à peu à réduire en poussière les mauvais souvenirs et les mots de son père. Cass était une pommade miraculeuse à ces mots haineux, marqués au fer blanc dans sa peau. Cass était ce qui lui manquait pour commencer à guérir, vraiment guérir. Cass était devenu son monde, son étoile, et Dean, comme n'importe quelle planète, était forcé de graviter autour de lui, attiré comme le fer par un aimant par son éclat.

Le regard que lui renvoya Cass quand il eut compris ces mots silencieux firent rater des battements au cœur de Dean. Et avant que son palpitant n'ait pu seulement songer à reprendre un rythme normal, Cass lui volait un rapide baiser. Dean rougit, baissa la tête tandis qu'il fallut près d'une minute à son cœur pour se remettre de ce baiser inattendu. Comment pouvait-il vraisemblablement garder ses sentiments pour lui quand Cass ne cessait de le mettre ainsi à l'épreuve?

– Haaaaan… firent Balthazar et Gabriel d'une même voix, moqueurs.

Le premier se fit foudroyer du regard par son cadet et le second reçut une tape derrière la tête par sa compagne. Malgré ses joues encore rouges, Dean ne put s'empêcher de ricaner. Castiel lui lança un regard par-dessus ses cils et ils se sourirent.

Soudain, son téléphone sonna et Dean s'excusa avant de sortir l'objet de sa poche. C'était Sam. Le jeune homme fronça un sourcil, intrigué. Sam et lui avaient prévu de s'appeler pour leur premier Noël séparés l'un de l'autre, mais Dean n'aurait pas pensé qu'il le fasse si tôt.

Dean s'excusa et sortit de la cuisine avant de décrocher. Il n'eut même pas le temps de saluer son frère car à peine la caméra se fut-elle activée que Sam hurlait, extatique:

Elle a dit oui! Elle a dit oui, Dean!

Dean ne put retenir le sourire sur ses lèvres. Le bonheur pur sur le visage de son frère, visiblement isolé dans une chambre, valait tout l'or du monde. Dean songea que c'était le plus beau cadeau de Noël que son cadet pouvait lui faire.

– Joyeux Noël à toi aussi, Sammy, fit-il en secouant la tête.

Joyeux Noël, Dean, répondit le susnommé avec un roulement d'yeux exagéré .

Dean sourit.

– Plus sérieusement, Smartass [24], tu as vraiment douté qu'elle dise oui?

Sam roula des yeux de l'autre côté de l'écran mais son sourire ravi ne disparut pas. Dean se demandait sérieusement comment il était possible que son frère ait des doutes sur les sentiments de Jess à son égard. Si Sam n'avait pas demandé la jeune femme en mariage avant la fin de l'année, il se serait rendu en Californie lui-même pour mettre un coup de pied aux fesses à son frère ou convaincre sa désormais future belle-sœur d'elle-même prendre les devants. À croire que Sam était aveugle. Les sentiments que Jess et lui se portaient étaient tellement évidents que cela semblait presque surnaturel de savoir que son frère avait douté de la réponse de sa désormais fiancée.

Le rictus de Dean grandit sur ses lèvres. Il entendit des pas dans son dos mais n'eut pas besoin de se retourner pour savoir qu'il s'agissait de Castiel.

– Je suis content pour toi, Sammy.

Il fit comme si Sam n'avait pas compris ce qu'il sous-entendait dans ses paroles. À quel point il était fier de lui. De ses brillantes études, de la fille géniale qu'il avait trouvée et qu'il allait épouser, de l'avocat émérite qu'il deviendrait, du frère extraordinaire qu'il était. Il fit comme s'il ne vit pas les yeux brillants de Sam alors qu'il comprenait les mots derrière son sourire, son silence. Puis Sam fronça les sourcils et approcha son visage de l'écran, comme s'il essayait de clarifier un détail autour de son frère.

Où tu es, Dean? demanda-t-il finalement et Dean sentit son estomac se tordre légèrement. Il se passa une main nerveuse dans les cheveux.

Sam ignorait qu'il passait Noël chez les parents de Castiel. Dean n'avait pas exactement eu le temps de lui en toucher mot – et pour être honnête, il ne l'avait pas non plus cherché. Il décida finalement que les gestes parlaient plus que les mots alors il fit signe à Castiel de s'approcher. Le doctorant le rejoignit tandis que Dean tendait le bras pour reculer son portable et faire entrer Cass dans le champ.

– Dis bonjour à Cass, Sammy, lança-t-il d'un ton enjoué, comme pour convaincre son frère et se convaincre lui-même qu'il n'était pas du tout mal à l'aise dans cette situation.

Ni l'un ni l'autre ne fonctionnèrent. Sam haussa si haut les sourcils que Dean se demanda comment cela pouvait être humainement possible.

Euh… salut Cass.

– Bonjour Sam, répondit l'interpellé avec un sourire tandis que Dean mordillait sa lèvre nerveusement. Joyeux Noël.

Joyeux Noël, Castiel! Dean, tu es vraiment où je pense que tu es?

Dean considéra un bref instant l'idée de raccrocher mais il sut que ce serait inutile alors il ne fit que hocher la tête. Il n'eut pas besoin du sourire et du ricanement de Sam pour savoir qu'il n'avait pas fini d'entendre parler de ce moment. Il rougit et baissa les yeux pour ne pas voir l'air triomphant de son satané petit frère.

– La ferme, Sammy, grogna-t-il avant que Sam n'ait pu dire quoi que ce soit, au hasard révéler au grand jour l'intensité de ses sentiments pour Castiel.

Il entendit son frère rire à l'autre bout du fil tout en levant les mains en signe de reddition. Il ne dirait rien alors Dean laissa échapper un discret soupir soulagé.

– Ca n'était pas prévu en fait, concéda-t-il au bout d'un moment.

Cass approuva d'un hochement de tête. Dean sourit.

– Mais je suis content d'être là.

Il ignora le sourire moqueur de Sam sur l'écran quand il y reporta son attention.

– Je vais te laisser retourner à ta fiancée, Sam. Au fait, vous avez déjà une idée de la date?

Probablement cet été. T'en fais pas, tu recevras une invitation. De toutes façons, je te veux comme témoin et c'est non négociable. Au fait, Cass? Tu es le bienvenu aussi, si tu veux.

Un «oh» surpris naquit sur les lèvres de Castiel qui sourit. Dean sentit son estomac faire un looping. Est-ce que son frère croyait vraiment possible le fait que Cass et lui soient encore ensemble dans six mois? La simple idée faisait battre son cœur si fort dans sa poitrine qu'il avait l'impression qu'il voulait s'en échapper. Il refusa de laisser ses pensées s'échapper vers un terrain fertile pour son espoir, à savoir celui qui lui rappelait à quel point Sam était bon en ce qui concernait les relations humaines.

– Je… Merci Sam. C'est… Ton invitation me touche énormément, répondit finalement Cass.

Sam haussa les épaules comme si ça n'était rien, sans cesser de sourire. Mais ils savaient tous les trois ce que voulait dire cette invitation. Dean était presque certain que son cœur ne saurait jamais rebattre normalement. Parce que cela signifiait que Sam acceptait Cass pleinement, qu'il donnait son approbation implicite sur le choix de partenaire qu'avait fait Dean. Et pour lui, c'était tout ce qui comptait.

– Fais une bise à Jess de ma part.

Sam acquiesça.

A plus tard, grand frère!

– A plus, Sammy! Joyeux Noël.»

Dean mit fin à la communication quelques secondes plus tard. Il adressa un sourire à Castiel avant que ce dernier ne prenne sa main dans la sienne sans un mot et l'entraîne vers la cuisine que le reste de la famille avait déjà envahie et remplie de rires et de discussions. Dean était trop occupé à essayer de calmer les battements de son cœur pour protester.

Il était heureux. Ridiculement heureux. Il était amoureux de l'être humain le plus exceptionnel sur Terre – et il ne voulait pas entendre une seule protestation à ce sujet – son petit frère avait trouvé le bonheur et continuait de le construire brique par brique. Dean avait enfin trouvé sa place à l'aube de son quart de siècle, aussi fou que cela pouvait paraître. Il avait enfin trouvé la vie qui lui avait manqué toutes ces années, sans même qu'il ne s'en rende compte.

Et Dean fut soudain certain d'une chose. Il ferait tout pour garder ce qu'il avait miraculeusement gagné.


[23] Paroles extraites de Crowded Table, par le groupe Higwomen (2019). Une chanson récompensée par un Grammy Award et que j'ai découverte grâce à un cover qu'en a fait Jensen avec sa fille JJ. Ce moment est juste adorable et j'ai immédiatement pensé à cette chanson quand j'ai eu cette idée de scène, pour ses paroles.

[24] Quand cette scène m'est venue à l'esprit, allez savoir pourquoi, le dialogue était en anglais. Quand je l'ai écrite, je n'ai pas trouvé de traduction satisfaisante pour cette expression, du coup j'ai préféré la laisser en anglais.


Je vous avais promis que les choses allaient s'arranger... J'espère que ce chapitre vous aura plu et souhaite un bon réveillon à celles et ceux qui le fêtent. A demain pour l'ultime chapitre de cette fanfiction !