Chapitre 20 : L'envie d'y croire
Plus tard dans la soirée, Serena s'invita dans le lit de sa petite sœur, comme quand elles étaient petites. Elle la serra dans ses bras et lui posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis plusieurs heures :
- Tu m'en veux beaucoup ?
- D'avoir fait cette proposition à Ed ? Non. Je pense qu'on aurait dû en parler tous ensemble d'abord mais je te connais suffisamment pour savoir que ton cœur était au bon endroit
- Ça a été spontané. Comme idée et comme demande. J'y ai à peine réfléchi... Mais je reste persuadée que c'est la bonne chose à faire
- Vraiment ? Murmura Alicia
- Je crois, oui...
Il y eut un silence entre les deux sœurs et Alicia, d'un ton calme, posa une autre question à sa sœur :
- Tu veux mon avis ? Je pense que tu es effrayée par les sentiments que t'as pour Ed…
- Qu'est ce que... Mais pas du tout ! Protesta Serena
- Réna, ça fait des semaines que ça dure. Ça a toujours été hyper intense mais depuis quelques semaines, c'est de plus en plus chaud. Même toi t'as dû t'en rendre compte. C'est comme le feu et l'essence...
- Le feu et l'essence ? Comme dans la chanson ?
- C'est la première chose que je me suis dis quand je vous ai vu vous engueuler dans le parc... - Toujours est-il que ce genre de sentiment te met mal à l'aise.
- Qu'est ce qui te fait dire ça ?
- Ben parce que c'était déjà la même chose avec Gale. Des mois à se tourner autour et t'as craqué qu'une fois que t'as eu appris qu'il allait partir pour l'armée et que vous pourriez plus vous voir avant des années une fois son diplôme obtenu... Et depuis, tu t'arranges toujours pour que tes relations durent pas trop longtemps.
- Donc tu penses que je choisis que des relations vouées à l'échec exprès ? Se vexa Serena
- Non... Je pense pas que tu fasses exprès. Je pense juste que t'as un souvenir de Papa et Maman bien plus fort que moi et que...
- Attends, attends, qu'est ce que LUI vient faire là dedans ? S'énerva d'un coup Serena
- T'arrête pas de dire que c'est pas sain d'aimer quelqu'un autant. Tu te souviens d'eux alors qu'ils étaient ensemble. Ça te fait flipper de tomber amoureuse aussi fort qu'eux ne l'étaient parce que tu veux pas devenir comme Maman... Donc tu mets toujours des limites. Et dans le cas présent, tu te mets une date de péremption.
- Je...
- C'est pour ça que tu lui as proposé d'ouvrir la Porte. Comme si tu t'ajoutais une date de fin programmée à votre relation, ce qui te permet de t'autoriser à vivre un truc avec lui. Je dis pas que les raisons que t'as donné sont fausses. Je dis juste que y'a un processus inconscient au dessus de tout ça.
Il y eut un silence. Serena réfléchissait
- C'est juste une hypothèse hein... Ajouta Alicia
- Si ton hypothèse est vraie, la proposition d'Edward de nous emmener de l'Autre Côté si on le souhaite change tout… Dit Serena, les yeux dans le vague
- Ben oui, plutôt… C'est pour ça que je t'en parle. Essaie de te faire confiance. Essaie de lui faire confiance, de vous faire confiance. Donne toi une chance de perdre le contrôle. Y'a de forte chance que ça te rende très heureuse.
Le lendemain matin, Alphonse et Alicia retournèrent au lycée la main dans la main. George, déjà sur le pied de guerre, grommelait contre la mise à jour de son logiciel informatique tandis qu'Edward buvait son café dans le petit salon. Il pensait au cours de physique qu'il aurait à subir dans environ une heure avec un peu d'appréhension, tout en se demandant pourquoi Serena lui avait promis par texto de l'y accompagner. Il se posait encore la question quand il la vit arriver depuis les étages. Elle fixa George pendant quelques secondes et le jeune homme réalisa alors que l'hôtelier ignorait complètement les choses indécentes qu'il faisait à sa filleule. Alors qu'il se demandait comment faire pour annoncer la nouvelle sans se prendre des coups, Serena se tourna vers lui avec un drôle d'air. Elle lui enleva son café des mains, s'assit sur ses genoux et l'embrassa. Son cœur s'accéléra considérablement et il l'enlaça. Il entendit à peine George s'exclamer, depuis son comptoir :
- Hey ! Hey ! Hey ! Arrêtez ça tout de suite !
Serena se tourna alors vers son parrain, qui avait une mine à la fois outrée et paniquée. Toujours déterminée et d'une voix tranquille, elle dit :
- Commence à t'habituer, j'ai pas l'intention d'arrêter
Laissant George complètement pantois, elle se tourna vers Ed à nouveau et dit, doucement :
- Aucune intention d'arrêter
Elle l'embrassa de nouveau. Ed comprit qu'il venait manifestement de se passer quelque chose dans la tête de Serena. Mais il trouvait la scène beaucoup trop satisfaisante pour la mettre en péril et rendit son baiser à sa copine avec d'autant plus de ferveur.
Quelques semaines plus tard, Ed sortait de la douche de la suite 201 avec un soupir satisfait quand il remarqua Serena, en pyjama en train de lire sur le canapé, dans une position plutôt originale. Elle avait les jambes posées sur le dossier et la tête à l'envers, tenant son livre devant ses yeux. Il hésita entre se moquer d'elle et admirer sa capacité de concentration. Mais il se contenta de s'approcher d'elle. Elle dit alors :
- Tu pleut sur mon livre, Ed. Va te sécher les cheveux
- Qu'est ce tu lis ? Demanda le jeune homme, indifférent par volonté.
Elle referma le bouquin sans répondre et le regarda :
- Qu'est ce que tu fais pendu au plafond ?
Il haussa les épaules et poussa ses jambes du dossier, la faisant perdre son équilibre. Elle se réceptionna très bien mais cria quand même :
- Hey !
- Ça vaaa, tu t'es même pas fait mal...
- Encore heureux tiens...
Elle se releva et lui tira sur une mèche, en lui répétant d'aller se sécher les cheveux.
- Hors de question que tu pénètres l'antre sacré de mon lit pour y mettre de la flotte partout
- L'antre sacrée ? Ce lieu de débauche ?
- La faute à qui ?
- Pas uniquement à moi.
- Va te sécher les cheveux, j'ai sommeil
- Dis s'il te plait et j'y vais
- Compte là dessus.
Ed accepta de s'essorer un peu les cheveux avant de rejoindre Serena dans son lit. Elle était toujours plongé dans son bouquin et avait enroulé bizarrement les couvertures autour de ses jambes. Il jeta un coup d'oeil au titre de son livre :
- De la matière à la lumière - la pierre philosophale, modèle du monde, Lut-il
- J'ai pas besoin de t'expliquer de quoi ça parle.
- Qu'est ce que t'y cherches ?
- Le moyen de transformer du plomb en or. Question d'être encore plus blindée que je le suis
- On dit transmuter. Et c'est la preuve que t'es pas rigolote. Le truc rigolo, c'est de transformer du charbon en or. La symbolique est bien plus forte...
Il essaya de tirer la couverture à lui mais la jeune femme faisait en sorte de la retenir avec sa jambe. Il soupira :
- Ça fait deux provocations en moins de deux minutes, Serena…
- Et ?
- Tu joues avec ta vie.
Elle fit semblant de frissonner de peur et dit :
- Ça devait être pratique n'empêche
- De pouvoir transmuter du charbon en or ? C'était interdit surtout...
- Roh mais il y a zéro fun. Je sais pas si j'ai envie d'y aller, chez toi, au final
- Je sais pas si t'es toujours invitée... Grommela Ed en tirant la couverture plus fort
Sa remarque et le fait qu'il parvint enfin à arracher un morceau significatif de draps ne provoqua qu'un regard amusé de la part de Serena. Elle était d'humeur taquine ce soir mais le laissa s'installer tant bien que mal, avec son propre livre de physique. Elle l'avait accompagnée à de multiples reprises en cours afin d'évaluer l'entendue de ses connaissances et à présent, elle lui donnait des devoirs. Avant de lui apprendre la noétique, elle exigeait un certain niveau de connaissance de sa part et il s'appliquait à enrichir son niveau de connaissance. Au bout d'un moment, elle dit :
- Tiens, ça reparle de Nicolas Flamel !
- Ah ? Il y a une date de naissance ? S'intéressa Edward
Pendant qu'il se mettait à niveau, Serena explorait les histoires de plusieurs figures historiques qui semblaient avoir existées des deux côtés. Ils avaient retenu Paracelse, Archimède mais c'était évidemment Nicolas Flamel qui était le plus intéressant.
- Non, pas de date naissance. Mais je pense que le bouquin est douteux. Les auteurs ont toute une théorie qui me semblent franchement à côté de la plaque.
- Laquelle ? Et tu veux pas me laisser un peu de place dans ce lit ? Je peux pas allonger mes jambes...
- J'ai pas envie...
- Décidément, t'es d'humeur joueuse ce soir... Marmonna Ed
- Selon les auteurs, Flamel ne serait pas du tout né sous les Capétiens mais plutôt sous les Carolingiens. Ce qui signifierait selon eux qu'il avait bel et bien la Pierre Philosophale
- Et ça voudrait dire qu'il serait né très longtemps avant ou pas trop longtemps avant ? Demanda Edward, perdu dans les différentes dynasties françaises
- Plutôt longtemps avant mais les indices qu'ils donnent sont bancales, au mieux. Ça te semble vraiment improbable que Flamel ait pu avoir la Pierre Philosophale ?
- Ouais. C'est de l'alchimie assez avancée quand même. Horrible mais avancée. Flamel a posé beaucoup de bases, indispensables bien sûr, mais rien de trop poussés.
- Je vois... Bon, tant pis, si je puis dire. Ou tant mieux. Je suis contente d'apprendre que le copain de Dumbledore n'a sans doute pas sacrifié de vie humaine.
- Mmmh. Se contenta de dire Edward, qui galérait à comprendre une histoire de chat à la fois vivant et mort
- Ça existe vraiment les chimères ? Demanda Serena au bout d'un moment, en fronçant les sourcils
- Ouais
- C'est aussi horrible que ça en a l'air ?
- Ouais. J'ai pas envie d'en parler.
- Oh... OK...
Elle se tourna vers lui et remarqua son air fermé. Elle posa son livre et lui dit :
- C'est fou. Plus je comprends les grandes idées de l'alchimie, plus je trouve que vous avez des obsessions bizarres...
- Du genre ? Marmonna Ed, toujours à son histoire de chat
- Cette obsession de vouloir créer la vie par des voies alternatives. Comme si la voie normale était devenue très chiante, d'un coup.
- La voie normale de la création de la vie... Dit Ed en levant les yeux de son livre
- Ouais. Je vais te montrer...
Elle éjecta le bouquin des mains de son amant et l'attira à elle pour lui ré-expliquer certaines choses.
Les premières neiges tombaient sur le mois de novembre. Serena frissonna rien qu'à voir le temps qu'il faisait. Elle grommela :
- C'est un temps à pas foutre le pied dehors...
- Ben viens, on met pas le pied dehors
Edward était couché à côté d'elle, les cheveux répandus sur l'oreiller. Il passa un doigt le long de la colonne vertébrale de la jeune femme, ce qui la fit frissonner davantage. Elle le regarda de biais et constata la lueur dans ses yeux dorés. Elle lui demanda :
- C'est courant, de l'Autre Côté ?
- La neige ? Je t'ai parlé de Briggs non ?
- Non. Tes yeux. Même ceux de ton frère sont incroyables
- Ah... Non pas vraiment. Notre père était de Xerxès. Ça devait être typique de là bas mais difficile de savoir... Pourquoi ?
- Pour savoir. Je me projette. Dit elle en regardant à nouveau par la fenêtre
- Cool... Dit-il en recommençant à suivre sa colonne du doigt
- Arrête... Dit elle en se trémoussant
- Pourquoi ?
- Tu sais très bien pourquoi. On a pas beaucoup avancé ces derniers jours. Faut qu'on aille bosser...
- Pas ma faute. C'est toi qui as dit que c'était un temps à pas mettre le pied dehors.
Il se redressa et se colla à elle :
- Si tu veux, tu peux m'aider à réviser la physique
- Quantique ? Demanda alors Serena, la voix rendue lointaine par son contact
- Toutes celles que tu veux, je suis prêt...
- C'est ce qu'on va voir, Murmura-t-elle en basculant en arrière
- Devinez quoi les filles ! S'exclama George en secouant la neige de son bonnet
Les sœurs Wolfe, assises au pied du sapin nu qui trônait dans le petit salon, levèrent un regard curieux vers leur parrain.
- Phil et Brooks se sont séparés ! Annonça alors théâtralement George
Un concert de récrimination s'éleva du petit salon. Alors que George donnait le feu vert pour la décoration du sapin, pour le plus grand bonheur des deux filles, il expliqua que les nommés Phil et Brooks étaient deux membres de la communauté locale et avaient formé un couple pendant plusieurs mois. Leurs rencontres avaient été orchestrés par le trio et les filles étaient désolées d'apprendre qu'ils s'étaient séparés. George donna un peu de contexte aux frères Elric, qui écoutaient, curieux.
- Vous connaissez Phil. Il est très volubile, très expansif. Alors que Brooks est plus pudique...
- Donc c'était pas tant une bonne combinaison que ça... Remarqua Ed en accrochant un arc en ciel brillant au sapin
- Bien sûr que si ! Deux personnalités différentes mais compatibles, qui allaient compenser les défauts et les qualités de l'autre. Du travail d'orfèvre ! Se défendit George à grand renfort de gestes, arrachant une étoile au sapin
- De toute évidence... Ironisa Edward
Il récolta un regard agacé de la part de l'hôtelier. Si Alphonse avait fini par atteindre les bonnes grâces de George, ce dernier avait encore du mal avec Edward, qui ne forçait pas sa nature pour se faire accepter par le redoutable parrain de sa copine. Ce dernier poursuivit son explication :
- Toujours est-il ! Phil a fini par demander à Brooks pourquoi il ne lui avait jamais dit les fameux trois mots...
- Oh... Grimaça Serena
- Les fameux trois mots ? Demanda Alphonse, qui entourait une guirlande autour de la tête d'Alicia, déjà affublée d'une boule de Noël à chaque oreille
- Je t'aime... Répondit la jeune femme en souriant
- Oh ! Réagit Alphonse en rougissant un peu.
- C'est nul... Se contenta de dire Serena
- Pauvre Phil... Ajouta Alicia alors que George hochait la tête
- Comment ça Pauvre Phil ? S'étonna l'ainée
- Parce que c'est avec Brooks que t'es en empathie ? S'étonna George
- Ben franchement, c'était évident que Brooks était très amoureux de Phil, il le lui montrait sans arrêt ! C'est bien mieux que de noyer l'autre sous des je t'aime qui semblent automatiques ! Quel besoin avait Phil d'exiger un truc pareil ?
- Certains ont besoin d'entendre ce genre de chose...
- Et d'autres ont du mal à le dire. C'est pas pour autant qu'ils aiment moins que les premiers.
Serena avait l'air embarrassé donc ils n'osèrent pas poursuivre la conversation. Alphonse jeta un regard discret vers son grand frère, qui était le seul qui affichait un air serein en continuant d'accrocher des décorations au sapin de Noël. Pour dissiper la gêne, George déclara que le sapin ne ressemblait à rien et que par conséquent il l'adorait. Il les récompensa par un café aux épices de plus fameux.
Quelques jours plus tard, ils passèrent la veille de Noël ensemble, avec quelques uns des amis des filles. Comme ils étaient censés tous partir à Eden le lendemain, ils échangèrent leurs cadeaux le soir même. Évidemment, Serena et Alicia furent particulièrement généreuses avec tout le monde, mais les frères Elric avaient reçu pour consigne de rester raisonnable ou de ne rien offrir. Gabrielle fut quand même un peu outrée quand elle constata qu'Ed n'avait rien offert à Serena. Il se contenta de dire :
- Ce que je lui offre, t'as pas à le voir.
Gabrielle ricana et Serena, qui avait entendu, s'étonna de ne pas voir George s'offusquer du sous entendu que venait de faire Ed. Le reste de la soirée se passa à merveille et tout le monde alla se coucher au premier coup de minuit. Mais quelques heures plus tard, Ed s'invita discrètement dans la chambre des filles pour réveiller Serena.
- Késésé ?
- Viens avec moi
Il avait un air déterminé et elle était trop dans le gaz pour protester. Elle se leva donc docilement et le suivi donc jusqu'au restaurant de l'hôtel. Ils y entrèrent et Serena avait retrouvé suffisamment d'énergie sur le chemin pour dire :
Tu veux qu'on se cache pour surprendre le Père Noël en action ?
Edward n'alluma pas la lumière, aussi ne put-elle pas le voir grimacer un peu. Il se contenta de dire :
- Tu m'avais dit que t'avais toujours aimé regarder les étoiles quand t'étais petite mais que vous pouviez pas à cause de la lumière des villes
- Oui... Et que c'est pour ça que j'avais aimé être à Eden... Confirma Serena, en se frottant les yeux
- Et ya pas longtemps, tu t'es plains que t'aimais pas l'hiver parce que y avait des nuages tout le temps et qu'on voyait plus aucune étoile.
- Pourquoi tu me réveilles pour me dire tout ça... Soupira Serena
Ed ne répondit pas mais la jeune femme entendit un petit clic dans la pénombre. Immédiatement et à sa grande surprise, le plafond du restaurant s'illumina d'une centaine de petites lumières. Plusieurs guirlandes de Noël avaient été fixées au plafond bleu nuit, donnant ainsi l'illusion un ciel d'été étoilé. Serena regarda, pantoise et émerveillée. Elle reconnut immédiatement plusieurs constellations, reproduites avec fidélité, dont celle du Scorpion. Elle n'arrivait pas à y croire. Il lui avait offert un ciel étoilé. Un maelstrom incroyable bouillonnait en elle, lui coupant la parole. Toutes les barrières et les précautions qu'elle s'était forcée à maintenir pendant ces derniers mois cédèrent complètement. Elles ne servaient plus à rien parce qu'elle le sentait, elle en avait même la certitude, elle l'aimerait toute sa vie, ce type là. C'est comme si il avait réussi à remettre sa vie à l'endroit, à dissiper les nuages, à éclairer l'avenir. Peu importe ce qui pouvait se passer, tant qu'elle serait avec lui, l'espoir serait permis. Elle pouvait y croire, elle voulait y croire, elle avait besoin d'y croire. Quand elle quitta son ciel étoilé des yeux, ce fut pour regarder Edward, qui l'observait avec attention. Les heures passées en équilibre sur des chaises avaient été bien dépensées. Elle avait une expression d'émerveillement qui les valait largement. Et quand elle le regarda, ce qu'il lut dans ses yeux fit vaciller son monde. Il saisit soudain qu'il n'aurait jamais plus envie de courir, que son chemin était clair et qu'il saurait toujours vers où il voudrait aller. Que son seul objectif, sa seule aspiration devrait être de rendre cette femme aussi heureuse qu'elle l'était à présent, sous un ciel étoilé. Il se rapprocha d'elle et elle accrocha ses mains autour de sa nuque en murmurant :
- Ed... C'est incroyable... C'est...
- Je sais
Elle le regarda d'un air à la fois surpris et amusé. Il haussa les épaules et murmura :
- Je voulais juste sortir la réplique cool de Han Solo.
- Elle vient pas après ça cette réplique
- Je sais aussi mais...
Serena l'interrompit d'un baiser, long et incroyable, du genre qui rapprochait des étoiles. Légèrement essoufflée, elle profita d'une petite pause pour lui murmurer ce qu'elle ne se serait jamais pensé capable de dire :
- Je t'aime, Edward...
La main posée sur son torse, elle sentit son cœur battre plus vite alors qu'elle l'embrassait à nouveau. Elle avait un peu peur de sa réponse et voulut prendre l'avantage en faisant un peu d'humour :
- C'est maintenant que tu peux sortir la réplique de Han Solo...
Ed ne put s'empêcher de rire mais quand il lui répondit, c'était pour être parfaitement honnête :
- Je viens de te construire un ciel étoilé. Je peux pas me cacher derrière une réplique.
Il l'embrassa sur le front, submergé par le parfum de ses cheveux. Il ferma les yeux et dit à son tour :
- Je t'aime, Réna...
