Chapitre 7 - Le quatrième champion


Si les délégations de Durmstrang et Beauxbâtons étaient déjà arrivée et installées dans la Grande Salle pour le dîner…

Draco sauta sur l'escalier volant qui quittait leur étage et en dévala les marches.

« N'hésite pas à regagner ta salle commune, Granger. Je suis prêt à te faire un compte rendu détaillé de ce que tu manques. »

« C'est fort aimable de ta part, mais je vais décliner cette proposition. »

En descendant, Hermione vérifia les cadres des tableaux. La majeure partie était vide, leurs propriétaires sans doute allés visiter des peintures plus proche de l'action.

« Tout va bien, les élèves sont en train de rentrer dans la Grande Salle, j'ai réussi à me mêler à eux. Tu peux arriver en retard, personne ne soupçonnera rien. »

Comme elle n'avait aucune envie de se faire remarquer par un retard, Hermione accéléra le pas, tapant du pied lorsque les escaliers tardaient à bouger. Trois derniers élèves franchissaient les doubles portes lorsqu'elle déboula, le souffle court. Elle ralentit, tenta de ne pas respirer trop vite alors qu'elle remontait la table des Gryffondors vers Harry et Ron.

— Tu étais où ? demanda Harry à mi-voix.

— Oh, je me suis perdue dans mes recherches pour la S.A.L.E. Bien sûr, la coopération magique internationale est aussi un sujet de grande…

— On s'en fiche, regarde qui est là, dit Ron, les yeux brillants.

Il pointa la table des Serpentards où la délégation de Durmstrang s'était installée. Parmi eux, un élève au teint sombre, cireux, avec d'épais sourcils noir et les épaules voutées lui fit écarquiller les yeux. Qu'est-ce que Victor Krum fichait là ? Il était encore étudiant ? Juste à côté de lui, Malfoy avait engagé la conversation.

— Bien sûr, il fallait qu'il se retrouve à côté de la fouine, marmonna Ron.

Hermione croisa le regard de Malfoy qui interrompit un instant sa conversation.

« Weasel est jaloux ? »

« Il a l'air plutôt heureux au contraire. »

« Dommage. »

Hermione se perdit dans ses pensées jusqu'à ce qu'une fille de Beauxbâtons aux longs cheveux blond viennent leur réclamer le plat de Bouillabaisse. Ron devint écarlate et se mit à répéter ce qu'elle disait en bafouillant, même après qu'elle soit retournée à la table des Serdaigles avec la soupière.

— C'est une Vélane, dit-il à Harry.

Hermione sentit son sang bouillir.

— Bien sûr que non. Personne d'autre ne la regarde d'un air idiot.

— Je te dis que ce n'est pas une fille normale. On n'en fait pas des comme ça, à Poudlard !

Une vive douleur comprima sa gorge. Elle s'apprêtait à répliquer lorsqu'elle réalisa que Malfoy ressentait tout en même temps qu'elle. Au lieu de chercher quelque chose à répliquer, elle s'appliqua à oublier Ron et la fille de Beauxbâtons, du moins jusqu'à ce que les desserts soient servis et que Ron pousse celui en crème bien en évidence pour la table des Serdaigles.

« Qu'a fait la belette exactement ? »

Les mots de Ron resurgirent malgré elle.

« Ah. Tu dois être ravie de savoir que ton copain ne te considère pas comme une vraie fille. Soyons réalistes, il n'aurait pas fait ce commentaire autrement. »

La douleur dans sa poitrine s'intensifia.

Face à la Grande Salle, Dumbledore avait avait débuté l'explication du Tournoi des Trois Sorciers ; les trois champions, la limite d'âge, le prix et la gloire dont serait couronné le vainqueur. Une rêverie s'installa chez Ron, Fred et George. Hermione entendit Draco ricaner dans son esprit.

« Quoi ? Toi aussi tu comptes tenter de contourner la limite d'âge ? »

« Non. Je préfère laisser les autres risquer leur vie pour mon divertissement. »

« Non mais vraiment, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. »

Harry au moins demeurait raisonnable. Peut-être avait-il eu sa dose d'épreuves depuis leur première année. En tout cas, le tournoi ne semblait pas l'attirer outre mesure.

De toute façon — et malgré des tentatives comme des potions de vieillissement — ce fut un représentant dans les règles qui fut choisi le lendemain pour représenter Poudlard : Cedric Diggory.

Il rejoignit Fleur Delacour et Victor Krum dans la pièce voisine, marquant la fin de la sélection. Ou plutôt ce qui aurait dû être la fin.

La Coupe venait de s'enflammer pour la quatrième fois, projetant des langues de feu et des étincelles rouges jusqu'à cracher un petit papier qui voleta dans le silence. Dumbledore l'attrapa entre ses doigts.

— … Harry Potter.

Sous le choc, Hermione se tourna vers Harry qui cherchait son regard et celui de Ron. Il n'aurait pas eu l'air plus assommé s'il avait foncé droit dans la voie 9 3/4 pour s'écraser contre un mur de béton. Hermione le poussa avec douceur quand Dumbledore répéta son appel.

Lorsque les professeurs se furent engouffrés à leur tour dans la pièce voisine et qu'une marée d'élèves surexcités vida la Grande Salle, Hermione se tourna vers Ron.

Mais Ron n'était plus à sa place.

Elle tourna sur elle-même et repéra sa chevelure rousse qui dépassait des têtes. Se frayant un chemin tant bien que mal dans le flot de Gryffondors et de Serdaigles, elle parvint à saisir son poignet, le cœur battant.

— Qu'est-ce que tu fais ? On n'attend pas Harry ?

Ron lui jeta un regard noir.

— Tu étais au courant qu'il avait mis son nom dans la Coupe ?

— Quoi ? Non, bien sûr que non !

Sa réponse n'améliora pas l'humeur de Ron.

— Attends-le si tu veux, moi je vais me coucher.

Il la planta là. Immobile entre les tables, bousculée de toute part, Hermione mis un temps à se remettre en chemin. Ron avait passé sa vie dans l'ombre de ses frères, puis dans celle de Harry, et il avait supporté la jalousie sans broncher. Cette fois avait juste été celle de trop. Pourtant au fond de lui, il avait forcément remarqué que Harry semblait aussi perdu qu'eux quand son nom avait jailli de la Coupe.

Lee Jordan faillit la renverser en poussant pour la dépasser et Hermione décida de remonter dans son dortoir où elle pourrait organiser ses pensées dans le calme.

Elle découvrit la salle commune en ébullition. Tous préparaient un accueil triomphal pour Harry. Hermione se mordit la lèvre et chercha Ron du regard. Il n'était pas là. Son cœur se serra.

« Tout ça pour Weasley ? »

Elle sursauta. Dans l'agitation, personne ne lui prêtait attention, heureusement.

« Dire qu'il a ce pouvoir sur toi et qu'il n'en a pas la moindre idée. C'est presque du gâchis. Je me serais amusé à sa place. Là au moins le lien aurait un intérêt… »

Elle leva les yeux au ciel et esquiva les questions de Seamus et Dean pour rejoindre son dortoir. Dans les marches, elle capta Lavande et Parvati qui traversaient la salle commune dans sa direction, le regard brillant de curiosité, et se hâta de monter s'enfermer dans son baldaquin.

Dans le soudain silence, l'ampleur de ce qui venait de se produire lui donna le vertige. Harry n'était pas prêt pour ce tournoi. Il y avait eu des morts.

« Je préférais quand tu bavais après Weasley. Tu vas gâcher ma soirée avec ton stress. »

Presque reconnaissante d'avoir une distraction, elle ferma les yeux.

« Tu disais que tu te serais amusé à la place de Ron, tu réalises ce que ça implique ? »

« Que tu es tombée sous mon charme ? »

« Qu'une Sang-de-Bourbe est amoureuse de toi. Tu es sûre que tu survivrais à ce déshonneur ? »

« Tes sentiments, ça n'engage que toi. Et ce serait compréhensible vu ma situation. »

« De toute façon tu peux être rassuré, Malfoy, il n'y a aucun risque. »

« Est-ce que c'est un défi, Granger ? »

« Ne sois pas ridicule. »


Oui Malfoy, ne sois pas ridicule.

*°*°*° Et joyeux Noël à tous ! *°*°*°