Tempête


Ship : Charlie/Draco/Harry.

Résumé : Novembre ne fait que commencer mais Draco et Harry sont déjà sur les chapeaux de roues. Il ne leur reste pas beaucoup de temps pour trouver le cadeau parfait pour leur amant. Et peu importe le nombre de sorties nécessaires pour y arriver et les prises de tête, rien n'est trop beau pour les yeux de l'incroyable Charlie.

Ce texte est un OS écrit lors de la participation à l'ASPIC (Ateliers Scripturaux Promouvant l'Imagination et la Créativité) Secret Santa organisé par le serveur Discord Potterfictions.
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La personne que j'ai pigée est : Pouik. Cette auteure écrit des textes absolument incroyables et manie le ship du Drarry avec brio. Plonger dans ses histoires et dans ses univers est un délice et je l'admire énormément pour son talent et son travail. J'espère qu'elle appréciera ce petit cadeau.

Je voudrais également remercier Genny237 et Akhmaleone pour leurs corrections de qualité. C'est toujours un honneur de les avoir pour bêta-lectrices. Je vous mets virtuellement un couteau sous la gorge même si c'est décembre pour vous inciter à aller jeter un coup d'œil aux fics de toutes ces auteures de talent !

Place au récit !


Poudlard revêtait toujours ses ravissantes décorations horrifiques le jour de Halloween. Depuis que le nouveau directeur, Neville Londubat, avait décidé d'organiser une véritable fête pour contrecarrer les soirées clandestines des étudiants, une ambiance festive régnait dans l'enceinte du château. Les fantômes s'étaient pris au jeu ainsi que les tableaux. Malgré leur grand âge, ils semblaient trouvé amusant de terrifier d'innocents premières années.

Harry n'avait jamais réussi à apprécier le 31 octobre. Il préférait être au calme pour se recueillir. Son corps était toujours plus lourd et il lui arrivait souvent de tomber malade à cette période. Il banalisait donc une partie de sa journée de travail, se rendait au cimetière pour y déposer un bouquet de lilas et s'enfermait dans ses quartiers pour dormir.

Malgré ses difficultés, il était tout de même plus agréable de vivre le deuil d'une vie qu'il n'avait jamais eue dans l'enceinte du château. C'était plus chaleureux que d'être dans son appartement. Comme chaque année, Ron et Hermione lui avaient proposé de passer du temps avec eux mais Harry avait préféré décliner leur invitation. Rose commençait à peine à faire ses nuits et les jeunes parents avaient besoin de repos. Harry pouvait gérer la situation seul.

Il ne s'était pas senti autant en phase avec lui-même depuis des lustres. Avoir plaqué son travail d'auror pour devenir professeur de défense contre les forces du mal avait été une idée salvatrice pour son esprit sans cesse en cavale. Ses meurtrissures du passé qui se rouvraient à chaque fois qu'une affaire était trop difficile trouvaient enfin le temps de se refermer.

Le feu ronronnait dans la cheminée alors que Harry s'emmitouflait dans son lit. Les températures avaient chuté brutalement et il n'avait pas eu le temps de s'y faire. Même l'un des pulls de Molly n'avait pas empêché le froid de lui mordre les os. Il invoqua un autre sort de chaleur et soupira, sa tête enfin posée sur son oreiller.

Harry avait hâte que son apathie s'envole. Habituellement, il lisait un roman que lui avait conseillé Hermione ou Poppy. Il n'en avait pas la force aujourd'hui. Il se débarrassa de ses lunettes. À l'instant où il s'apprêtait à trouver le sommeil, une chouette frappa à sa fenêtre. Il reconnut immédiatement le port altier de Belinda. Même si son cœur était gonflé de joie à l'idée de recevoir du courrier de sa part, Harry grogna en quittant la fournaise de sa couche. Il ouvrit la fenêtre et le volatile lui jeta à la figure sa lettre. Elle avait un caractère plus irascible que son maître ! Ce ne fut que lorsqu'elle reçut des friandises hors de prix que la petite chouette accepta de se rendre dans sa cage dorée en se pâmant telle une aristocrate.

Harry soupira face au petit manège de l'oiseau et s'enfonça sous ses couvertures, la lettre dans les mains. Il était fébrile. Il se sentait bêtement heureux malgré la peine. C'était magique l'effet que son amour avait sur lui. Il sortit le papier de son enveloppe. Harry huma, tel un désœuvré, les odeurs de cendres et de café qui s'échappaient du papier jauni. Puis il lit son contenu avec application. Dans sa tête, il entendait la voix douce et grave de son auteur :

Harry,

Ma chouette est encore tombée malade. J'ai donc dû utiliser celle de Draco pour t'envoyer ce petit mot. Belinda était fâchée de devoir faire autant d'exercice et de traverser la mer. Je m'excuse d'avance pour son caractère de dragonne prête à mettre bas. En parlant de nouveau-né, deux nouveaux bébés dragons sont arrivés à la réserve. L'un d'eux n'a cessé de se mettre dans les difficultés à force de vouloir voler. Il m'a fait penser à toi. Je l'ai donc appelé James. Je t'ai envoyé une photographie de son visage. Il est adorable.

Je sais que cette période peut être difficile. Je n'ai pas de mots de réconfort assez puissants à te donner mais seulement mon amour à t'offrir avec mon encre. Je t'aime et tu me manques. J'ai hâte de te retrouver et de t'enlacer.

Charlie.

Une larme de joie esseulée embrassa sa joue et Harry sut qu'il allait bien dormir cette nuit. Il le devait. Après tout, il avait des emplettes à faire le lendemain. Et un cadeau de Noël à trouver.


Le Service de Portoloins Internationaux était souvent bondé de monde même aux heures les plus surprenantes. Ce n'était pas tant le nombre important de sorciers qui voyageaient que le manque de matériels et d'employés qui expliquaient l'affluence des lieux. En bon voyageur régulier, Harry avait ses petites habitudes. Son café brûlant sans sucre dans une main et sa malle de l'autre, il se concentrait sur la mixture sombre en ignorant les quelques regards curieux qui se posaient sur lui.

Dès qu'on appela son numéro d'attribution, Harry se précipita vers son comptoir, par peur de se faire piquer sa place plus vite qu'en jetant un sort. Maya, la sorcière affiliée au guichet trois l'accueillit avec un sourire espiègle. La jeune employée de huit ans sa cadette n'avait jamais fait sa scolarité à ses côtés. C'était sans doute l'une des raisons pour lesquelles elle se permettait autant de familiarité avec lui. Maya avait rapidement enlevé la cape de sauveur qu'on lui avait collée à la peau et ne l'avait pas côtoyé dans les couloirs pour avoir été au fait de toutes ses bizarreries. Elle mâchait son chewing-gum tout en tapant les coordonnées adéquates sur une petite tablette magique.

«Un jour, Monsieur Potter, j'espère découvrir qui est-ce que vous allez voir en Roumanie.

— Si tu arrives à me cramer avant qu'on envahisse ma vie privée, je t'offrirais un café, s'amusa Harry.

— J'adore quand il y a des chamallows dedans et de la noisette. Ne l'oubliez pas, dit-elle en lui tendant son Portoloin. »

Leur défi scellé par un sourire, Harry serra, fébrile, le médaillon en métal avant d'être emporté.


Bucarest était une ville que Harry avait appris à apprécier. Il aimait la verdure, le côté hétéroclite des bâtiments qui oscillaient entre le classique et des bâtisses plus modernes qui se reflétaient dans les eaux claires de la Dâmbovița.

La gare était vide. Le train, qui ramenait tous les enfants vers l'école des sorciers roumaine cachée dans les tréfonds des Carpates, était endormi sur un quai. La fraîcheur des lieux surprit un brin Harry et il sortit son écharpe enroulée dans un coin de sa malle avec difficulté. Alors qu'il réussissait enfin à la poser convenablement autour de son cou, il aperçut l'homme qui l'attendait.

Draco était semblable à une statue gelée. Vêtu d'un coupe-vent noir qui contrastait avec sa peau pâle et ses longs cheveux blonds, il était immobile. Ses yeux gris étaient plongés dans le vide et recouverts d'un ennui à peine masqué. En Angleterre, il n'y avait aucun doute que des regards scrutateurs ou désapprobateurs se seraient posés sur sa silhouette longiligne mais ici, Draco pouvait passer aussi inaperçu que sa beauté horripilante le lui permettait. Harry lui fit un signe de la main auquel il répondit par un hochement de tête à peine perceptible. En une enjambée, il se trouva face à lui.

«Bonjour ! J'espère que je t'ai pas trop fait attendre ! déclara Harry sans pouvoir empêcher un sourire de fendre ses lèvres.

— Tu as été plutôt rapide pour une fois, Potter.

— Je croyais qu'on utilisait nos prénoms maintenant.

— Charlie n'est pas là, rétorqua-t-il

— C'est tout de même mieux pour s'habituer.

— Si c'est si important pour toi, Harry » soupira-t-il alors qu'ils avançaient vers la sortie.

Harry fit semblant de ne pas remarquer que son manque d'entrain était trop forcé pour être réel et se força à suivre le rythme de cette asperge aux longues jambes qui avançaient trop vite.

Les marchés de Noël étaient déjà de sortie et les décorations ornaient les différentes échoppes des commerçants. Malgré les ribambelles d'objets magiques qui s'offraient à leur vue, Harry savait que leur recherche du cadeau parfait serait ardue. Charlie était un amant difficile à satisfaire de ce point de vue là. Ce n'était pas qu'il n'acceptait pas de bon cœur les cadeaux qu'on lui offrait, mais il était difficile de lui trouver un présent qui lui ferait vraiment plaisir. Qui ferait briller ses yeux bleus d'un éclat que seule une reconnaissance surprise pouvait enclencher.

Harry craignait le travail fastidieux qu'ils devraient fournir pour le trouver et ce fut au cours d'une de ses visites qu'il avait remarqué le petit carnet dans lequel Draco avait commencé à classer tous les cadeaux possibles pour leur amant. Il se souvenait encore de la gêne du blond lorsqu'il l'avait découvert mais Harry n'avait pas pu s'empêcher de trouver l'idée formidable. Il lui avait proposé de faire équipe ensemble pour offrir le meilleur à Charlie. Après tout, une bonne partie des éléments de la liste avait déjà été offerte par une des têtes rousses. C'était l'avantage d'être invité chez les Weasley à Noël depuis des années. Harry avait eu le temps de retenir l'ensemble des cadeaux offerts par la petite troupe.

Draco et lui flânaient dans les boutiques pour essayer de trouver quelque chose d'original mais toutes ces recherches étaient infructueuses. Harry perdait patience. Finiraient-ils par trouver ? Il se demandait comment Draco faisait pour être aussi tranquille et aussi calme alors qu'ils n'avaient pas avancé d'un iota.

Au cours de l'après-midi, ils atterrirent dans une boutique de vêtements du côté moldu à observer des écharpes en cachemire.

«Draco, tu es sûr que c'est un cadeau vraiment intéressant ?

— Je n'ai pas dit que c'était intéressant en soi, mais la matière et le design sont très jolis. Charlie serait beau avec cette écharpe. Il a brûlé la dernière. On pourrait lui en offrir une nouvelle, non ? »

Harry porta son attention sur la douceur avec laquelle Draco posait ses phalanges sur le tissu. Il pensa au coloris rose pâle à quelques mètres qui pourrait enrober son cou fin et les traits tranchants mais inoubliables de son visage. Cette autre couleur irait parfaitement à Draco. Face au regard interrogateur qui attendait une réponse, Harry se retrouva à dire, pantois :

« Je sais pas ce qui irait le mieux à Charlie… Je ne suis pas très doué avec les vêtements.

— Je m'en doutais, déclara Draco en le fixant de haut en bas. Mais c'est impoli de ne pas demander…

— Oh ça va … Ce sont des vêtements à ma taille au moins !

— Encore heureux, mais tu pourrais être encore plus séduisant si tu faisais un peu plus d'effort dans le domaine. On va prendre cette écharpe verte pour Charlie. »

Harry laissa Draco discuter avec la commerçante comme s'il était un client régulier du magasin et s'échappa de la boutique. C'était étrange à quel point le quartier historique avait des similitudes avec celui du côté sorcier malgré les évolutions rapides et manifestes des lieux. Les touristes et les jeunes gens seraient bientôt de sortie pour animer les rues. La pénombre commençait son trajet dans le ciel et les illuminations rayonnaient de toutes parts. L'ambiance festive réchauffait son cœur. Harry soupira et son regard se posa sur un petit café dans une ruelle tranquille qui proposait une offre alléchante : du thé, du bon vin chaud et de la brioche à un prix raisonnable. Draco avait un penchant pour le sucré. Harry était certain que s'il lui proposait, il ne pourrait pas résister à son appel. Lui-même mourait de faim.

« On se pose pour manger ? demanda Harry. Je t'invite.

— Je n'ai pas besoin de ta charité.

— C'est pour te remercier pour la charmante compagnie, roula des yeux Harry. Tu ne voulais pas acheter qu'une écharpe ?

— La propriétaire a su se montrer convaincante, coupa-t-il. Où veux-tu manger ? »

Draco avança avec ses innombrables sacs comme s'il connaissait la direction. Harry le redirigea, agacé, et lui indiqua le petit restaurant que Draco ne put s'empêcher de fixer d'un air sceptique. Qu'est-ce qu'il pouvait être prétentieux !

Le petit encas qu'ils avaient partagé à deux était délicieux et le blond avait été obligé d'avouer que le choix de Harry n'était pas si mauvais. Jamais Harry n'avouerait que tout le repas, sa petite voix intérieure lui avait soufflé que le contact de sa main sur l'épaule de Drago n'avait pas été désagréable.


Après cette escapade peu fructueuse, ils arrivèrent enfin à la Réserve. Horia et Dominic, deux soigneurs de ce havre de paix les accueillirent avec un sourire avenant. Ils s'enquérirent des nouvelles de Harry sans être trop intrusifs. Le sorcier aimait l'ambiance qui régnait dans ces grands espaces verts où ces magnifiques animaux chassés redevenaient les géants des cieux qu'ils avaient toujours été.

Malgré ses nombreuses visites dans cette réserve pour dragons unique en son genre, il était impossible pour Harry de se déplacer seul entre les montagnes et les vallées sans se perdre. Draco, en bon potionniste des lieux, lui avait procuré la tenue anti-flammes nécessaire à leur petite virée. Ils déposèrent leurs sacs et sa malle à l'accueil avant de prendre leur balai pour rejoindre Charlie.

Le ciel était d'un blanc laiteux alors qu'ils volaient ensemble vers le mont où avait dû se terrer le mâle blessé que Charlie voulait soigner. Les chemins étaient escarpés et ils durent finir le trajet à pied. Il ne leur fallut pas longtemps pour entendre les grondements sourds du dragon. En contrebas des roches et de la mousse gelée se trouvait un majestueux spécimen d'une vingtaine de mètres. Des écailles rouge sang ornaient ses immenses ailes qui recouvraient son poitrail tuméfié. Ses yeux de prédateur, aussi brillants que des saphirs, fixaient une silhouette perchée sur son balai dans un équilibre précaire. D'une caresse et d'un souffle chaud sorti d'une fine baguette, le guérisseur réussit à calmer l'animal. Il se faufila à travers ses écailles, ce corps de géant qui pourrait le brûler, le broyer par mégarde. Il trouva un chemin vers cet être brisé, épuisé, pour apposer les potions et les onguents qui le guériraient. La prouesse était remarquable. À chaque fois qu'il assistait à cette scène sans cesse renouvelée, Harry avait le souffle coincé au travers de sa gorge. Il était émerveillé par la beauté de ces créatures célestes. Il était soufflé par le courage de Charlie, son habileté, le respect et la douceur qu'il avait envers ces maîtres des cieux.

Le sorcier avait disparu sous le poids des muscles grondants de la bête et après un temps infini, il finit par réapparaître. Il enfourcha son balai et alla à leur rencontre comme s'il était porté par l'air environnant. Comme si voler était une action aussi évidente que respirer. Ses cheveux roux, attachés avec négligence en un chignon lâche, entouraient son visage pâle où les éphélides se faisaient un plaisir de parsemer ses tempes. Elles descendaient jusque dans son cou, ses clavicules et recouvraient son torse massif, musclé, recouvert de son uniforme noir qui le protégeait des flammes. Il était fougueux. Par sa simple présence, il rappelait à Harry qu'il avait le droit d'être libre, de rêver plus haut qu'il ne l'espérait et qu'il pouvait laisser derrière lui les conventions, les mots qui l'avait emprisonné et obligé à suivre une destinée lourde et étouffante. Charlie appela son nom et posa ses yeux sur lui avec une joie manifeste qui retourna le cerveau de Harry. Ses orbes plus lumineux, plus doux que n'importe quel ciel d'été, ses yeux bleus qui effaçaient les nuages et sondaient les tréfonds de son âme, il s'y noyait. Sans cesse. Toute cette magie, c'était Charlie.

À chacune de leurs rencontres, Harry tombait un peu plus pour lui. Et il lui arrivait de se demander comment il avait pu le considérer uniquement comme le frère de son meilleur ami pendant tant d'années. Depuis qu'ils étaient ensemble, qu'il avait pu goûter à ses lèvres et à son étreinte, Harry avait l'impression de vivre un rêve éveillé.

Dès qu'il posa un pied à terre, Charlie s'approcha de lui pour le recouvrir de toute sa chaleur. Il sentait bon. La suie, le brûlé, la sueur et le thé noir. Dans ce mélange réconfortant, il pouvait même sentir le gel douche à la pomme de Draco. Harry était si bien dans ses bras. Il voulait goûter sa peau. Il embrassa ses clavicules, son cou dans lequel il pouvait plonger et où son odeur était la plus forte. Son rire guttural fit vibrer ses muscles. Sa poitrine qui se secouait contre la sienne amplifiait sa propre joie.

« Est-ce que je t'ai manqué ? demanda Charlie amusé, avant de saisir son visage entre ses mains chaudes pour mieux l'observer.

— Tu sais pas à quel point ! Ma semaine a été merdique, se plaignit Harry en tentant de manger ses lèvres.

— Doucement, je n'ai pas encore fini avec le dragon mais quand on sera à la maison, je m'occuperais de toi, lui murmura-t-il avec douceur avant de déposer un baiser sur son nez frigorifié. Tu aurais une potion antalgique en plus, mon coeur ? J'ai oublié de…

— Tu es toujours aussi tête en l'air. Bien sûr que j'en ai apporté, nasilla Draco en sortant de son sac une fiole écarlate.

— Qu'est-ce que je ferais sans toi ! Merci. » déclara-t-il avec douceur avant de lui voler un baiser.

Draco se plaignit pour la forme mais rien ne pouvait cacher l'affection qu'il éprouvait pour Charlie. C'était la première chose que Harry avait remarqué quand Draco avait été présenté par son petit ami à toute sa famille, deux hivers plus tôt. Le regard brûlant que Draco posait sur Charlie était percé d'amour, de dévotion, d'une admiration palpable et d'une reconnaissance renversante. C'était évident que Draco aimait Charlie plus que tout. Leur couple n'était pas qu'un accident dû au fait qu'ils étaient collègues de travail. Ce n'était pas une excuse pour tromper la solitude ou un moyen de changer. Draco avait déjà mûri et mis de côté les préceptes de sa famille bien avant son arrivée en Roumanie. Célibataire endurci, Charlie n'avait jamais partagé sa vie avec une personne aussi longtemps. Ils s'étaient domptés, séduits et faisaient partie intégrante du monde de l'autre. Leur couple était solide et passionné. Il y avait quelque chose lorsqu'ils dansaient l'un autour de l'autre qui enflammait Harry. Pas de jalousie. Mais de curiosité et de contentement. Leur bonheur lui réchauffait le cœur. Il n'aurait jamais cru que Charlie le fasse entrer dans son univers. Et de façon encore plus surprenante, que Draco l'accepte avec autant de facilité malgré leur passé tumultueux. Lui-même se choquait de ne pas trouver ça étrange, de partager les bras forts de Charlie, son rire franc, sa douceur et sa force tranquille qui enveloppait tout son monde d'une couverture apaisante.

Qu'est-ce que Harry l'aimait !


Harry se sentait si bien. Rien d'autre ne comptait dans son esprit si ce n'était le sexe de Charlie qui le remplissait. C'était chaud. C'était moite. Leurs peaux recouvertes de sueur se mariaient parfaitement dans cet acte charnel dans lequel ils ne formaient qu'un. La lenteur avec laquelle Charlie bougeait était une torture licencieuse. C'était si bon. Harry se sentait palpiter de l'intérieur. Il griffait son dos, perdu dans un flottement béat. Tout était flou en dehors de ses yeux, de ses soupirs, de son corps. Il avait besoin de plus. De plus de Charlie en lui. Il écarta encore les jambes, se tordit pour rencontrer et engloutir son amour. Dans ce flou orangé, il reconnaissait à peine sa voix et ses propres gémissements éhontés. Il lapa sa peau, s'accrocha à son cou avant de perdre pied, de s'effondrer sur les draps soyeux et le matelas moelleux. Harry abandonna ses dernières barrières lorsque la main de Charlie empoigna enfin son sexe dressé entre eux. Harry n'était plus qu'une poupée de chiffon, qu'un être vaporeux dont les récepteurs sensoriels avaient grillé le peu de contact avec la réalité qui lui restait. Il ne pouvait plus s'accrocher nulle part. Il ne pouvait que gémir et brûler pour Charlie. Il écarta les bras, sentit une larme de plaisir glisser sur sa joue. Son amant frottait sur sa prostate sans faillir. C'était indescriptible. Il ne pourrait plus tenir très longtemps.

« Putain… Harry… je t'aime…»

La jouissance emporta les derniers spectres de sa raison.


Il faisait chaud sous la double couche de couvertures dans laquelle Harry était blotti. En toute honnêteté, toute la maison dans laquelle vivaient Draco et Charlie était confortable. Elle était beaucoup plus décorée et fonctionnelle depuis que Draco y avait posé sa touche personnelle et ses tableaux favoris. Harry finissait de corriger ses dernières copies. Il était tard. La lune brillait dans le ciel d'encre et les gouttes de pluie inondaient les vitres de la maison.

La journée ne s'était pas passée comme prévu. Draco n'avait pas pu l'accompagner dans ses recherches. Il avait fait une crise de panique. C'était lié à une lettre de son père. Charlie n'était pas rentré dans les détails. Harry avait tout de même réussi à avancer dans leur quête et avait acheté un livre ancien sur les dragons d'Alaska. En plus de l'écharpe, c'était une bonne ébauche de présent.

La soif prit Harry à la gorge une fois qu'il eut fini son travail. Il quitta le lit de Charlie et sa chambre pour se rendre dans la cuisine. La soupe de potimarron qu'il avait cuisinée avait à peine été touchée par les deux hommes et était encore brûlante dans la marmite. Il ne leur en voulait pas, mais Harry ne put s'empêcher de s'inquiéter. Ce n'était pas sain d'aller au lit le ventre vide, surtout après une éprouvante journée.

Il prépara un plateau. Deux bols de soupe, deux chocolats noisette, deux morceaux de pain et deux scones fourrés à la framboise. Lorsqu'il s'engouffra dans la chambre de Draco, il fut surpris de ne trouver que Charlie sur le lit. Il dormait paisiblement. Sa poitrine se soulevait avec lenteur tandis que sa main glissait du matelas. Harry déposa une partie des victuailles sur la table de chevet avant d'embrasser le front de son amour. Il le toucha à peine que Charlie disputa avec exaspération Ron et Ginny dans son sommeil avant d'enfoncer sa tête dans les couvertures. Harry se mordit les lèvres pour ne pas pouffer de rire. Combien de fois dans leur enfance, ses frères et sœurs l'avaient empêché de dormir tranquillement ? Harry quitta la chambre de Draco sur la pointe des pieds.

Il le trouva assis en face de son bureau. Le potionniste ne détacha pas ses yeux du parchemin alors qu'il écrivait. Harry trouvait toujours étrange le fait de le voir sans masque et sans artifice. Ses traits étaient tirés de fatigue, ses lèvres rougies par la horde de baisers qu'il avait dû recevoir pour éteindre ses pleurs et ses gémissements de douleur. Harry enterra son hésitation et entra dans la pièce.

« Tu ne dors pas ?

— J'ai des insomnies. Pas la peine de faire cette tête, Harry. Ça m'arrive souvent. Qu'est-ce que c'est ?

— Tu n'as pas beaucoup mangé. J'ai déposé l'assiette de Charlie dans ta chambre.

— Je déteste les miettes sur les draps, se plaignit-il, mais merci. Tu n'avais pas besoin d'aller aussi loin. Il en a déjà bien fait assez aujourd'hui.

— Ce n'est pas une question d'aller loin ou pas. C'est normal de se soutenir en tant que proche.

— Tu n'as pas besoin de faire semblant de m'apprécier lorsque Charlie n'est pas avec nous. T'as toutes les raisons de me détester surtout après ce que ma famille et leurs idéaux ont provoqué. Surtout après ce que je t'ai fait subir…

— Molly n'offre pas de pull à n'importe qui ! Tu es de la famille maintenant. Même si je n'étais pas avec Charlie, j'aurais fait la même chose.

— Tu n'es pas obligé de faire le sauveur à longueur de temps…

— Alors ne joue pas au martyr ! Ne me fais pas dire que je ne te déteste pas, c'est chiant !

— Tu es sérieux ? demanda Draco, surpris.

— Ben oui… Tu as changé. Et… il y a pire que ta compagnie. Donne-moi ta main. »

Harry était sincère. Il ne l'aurait pas accepté parmi ses proches si Draco n'avait pas changé. Il le respectait et l'admirait pour tout le chemin qu'il avait parcouru. Il se rappelait encore des lettres qu'il avait envoyées pour présenter ses excuses avec des mots qui ne pourraient jamais effacer les crimes de son passé. Il se doutait du courage qui lui avait fallu pour verrouiller les relations avec son père, faire face à ses erreurs, mener une vie dont il serait fier, s'émanciper et construire un futur avec Charlie. Draco pouvait être fier de lui. C'était un homme snob, égocentrique par moment, têtu mais il était brillant.

Et Draco n'avait pas à souffrir à cause d'un père aussi tordu que Lucius. Ni à être réveillé par la douceur lancinante de cette marque indélébile, insensible à toutes les potions et les antalgiques existants.

Malgré le doute peint sur son visage, Draco lui tendit son avant-bras droit. Il était gelé comparé au sien. Harry caressa avec douceur sa peau pâle et déplaça le pan de soie qui recouvrait l'affreuse Marque des Ténèbres. Elle était laide et surmontée de vieilles cicatrices profondes et parallèles. Harry ne fit aucune remarque. Il ne voulait pas briser ce silence suspendu, cette confiance que Draco lui accordait. Une tension fébrile enserrait ses entrailles. Harry toucha l'encre indélébile et se mit à chuchoter. Le sorcier ne parlait pas souvent fourchelang, sauf devant Ron. C'était l'un des seuls à ne pas être perturbé par cette capacité transmise par le Seigneur des Ténèbres. Il n'avait jamais perdu cette faculté, même après la guerre. La marque était endormie, mais sembla réagir à ses mots guérisseurs. De simples incantations pour faire disparaître la douleur qu'elle provoquait depuis la mort de son sinistre créateur. Combien de temps passa-t-il à parler à cette marque, à toucher Draco ? Harry n'aurait su le dire, mais lorsqu'il sortit de sa transe, ce qui l'accueillit furent les pupilles du blond dans lesquelles était caché un orage indéfinissable.

L'aristocrate le fixait comme s'il avait opéré un miracle et le remercia. En percevant sa voix nouée d'émotions, Harry prit peur. Il ne comprenait pas pourquoi il voulait déchiffrer chacune des émotions tumultueuses qui traversait son visage sans masque. Harry aurait pu fuir, se terrer dans la chambre de Charlie. Mais il voulait s'assurer que son dîner finirait sa brève existence dans l'estomac de Draco.


Après tant de recherches infructueuses, ils avaient fini par trouver le cadeau principal de Charlie: un séjour sous-marin à trois dans les eaux froides de Norvège. Il n'y avait rien que le soigneur aimait plus que l'aventure. Partir à la découverte des serpents des mers nordiques était un voyage plein de perspectives. Harry aurait dû être soulagé qu'ils aient enfin leur présent. Après tout, toute la famille Weasley les attendait. Et ils étaient encore à Bucarest. Ils devraient se dépêcher s'ils ne voulaient pas rater les derniers Portoloins disponibles.

Cependant, Harry se sentait mal. Il n'avait toujours pas digéré ce que Draco avait osé lui dire. Il ne savait toujours pas s'il voulait le frapper pour se passer les nerfs ou rentrer en Angleterre sans lui. Il lui en voulait tellement. Harry tenait l'enveloppe avec leur cadeau commun avec une rage à peine contenue et avançait dans les rues vides le plus vite possible. Il ne voulait plus parler avec le blond. Il ne voulait pas l'entendre. Encore heureux que la neige et le vent qui sifflait dans ses oreilles lui permettent d'ignorer ses appels.

« Potter, arrête de faire le gamin et écoute-moi pour une fois ! s'agaça Draco en saisissant son épaule.

— Ne me touche pas !

— Depuis quand tu manques d'autant de courage ‽ Tu fuis parce que tu sais que j'ai raison !

— Mais d'où tu as raison ! Tu te prends pour qui ‽ Si je veux quitter Poudlard, ça n'a aucun rapport avec ce que tu as dit ! Tu ne connais pas tout de moi ! Il y avait de bons côtés chez les Aurors !

— Cette carrière te brisait petit à petit ! Tu es très bien à Poudlard même si tu crains d'être un mauvais prof. N'écoute pas Roberts, ils peuvent très bien s'en sortir sans toi. Ils sont trop feignants pour agir sans l'image du héros du monde sorcier pour les couvrir. Tu as tellement l'habitude de te sacrifier, tu as tellement peur du bonheur au point de refuser de t'installer définitivement à la maison ! Ta chambre attend d'être décorée depuis des lustres, Harry ! Tu crois que Charlie ne voit pas comment tu te détruis ?

— Je ne m'autodétruis pas !

— Alors qu'est-ce que tu fais exactement ‽ Tu n'aimes pas ton travail ? Tu ne fais pas assez confiance à Charlie lorsqu'il te dit qu'il te veut plus souvent à la maison ? Qu'est-ce que tu veux vraiment, Harry ?

— Je…»

Harry était à court de mots. Ses idées tournoyaient à toute vitesse. Il y avait la neige qui fouettait tout, pourtant Draco avait réussi à le dénuder, à le désarmer, à toucher là où cela lui faisait le plus mal. Il avait toujours été le plus habile pour le blesser. C'était si sournois de l'acculer ainsi. Harry aurait dû mieux cacher ses brouillons de lettres de démission. Il n'en avait encore parlé à personne. Il ne voulait pas penser aux raisons, c'était plus simple de retourner dans cet endroit sombre où ses anciens supérieurs le poussaient à revenir plutôt que de prendre le risque de trop s'habituer aux murs de sa chambre au château.

« Mais si… Mais si ça s'envole ? Qu'est-ce que je deviendrais lorsque pour une raison ou une autre, je devrais quitter mon poste à cause d'un danger ou d'une catastrophe ? Qu'est-ce que je ferais si un jour Charlie ne veut plus de moi ? S'il meurt en s'approchant trop d'un dragon ? J'ai… j'ai plus la force de supporter une nouvelle perte, Draco. »

Harry n'arrivait pas à croire qu'il lui avait avoué ses peurs ridicules. Il savait que c'était irrationnel mais il ne pouvait pas empêcher ses craintes de le déposséder de ses espérances. Comme il ne pouvait pas empêcher ses larmes de couler. C'était si pathétique. Il voulait s'enterrer.

« Je… Écoute, je ne peux pas te promettre qu'il ne se passera pas de folies à Poudlard, vu le nombre de bizarreries cachées dans cet établissement rempli d'enfants. Mais si ça peut te rassurer, j'ai déjà dit à Charlie que je le tuerai moi-même s'il faisait l'idiot. Et il ne te quittera pas… Ne m'oblige pas à t'avouer à quel point j'étais jaloux de toi la première fois qu'il m'a parlé de ses sentiments… Avant même qu'on se mette ensemble.

— Tu as toujours été jaloux de moi… renifla Harry, touché.

— Connard.

— Merci. » ricana-t-il.

Draco lui tendit un mouchoir en tissu. Harry l'accepta volontiers mais manqua de le perdre à son exclamation horrifiée.

« Mais tu es gelé ! »

En un rien de temps, Harry fut enveloppé par un sort de chaleur qui le délivra du froid mordant qu'il avait mis en arrière-plan dans son esprit.

« Pardon… J'oublie parfois.

— Nous sommes des sorciers, Harry. À quoi nous sert la magie si ce n'est pas pour nous en servir ? Peu importe, brûle toutes ses lettres inutiles et reste professeur. Allons-y ! Je n'ai pas mis cet affreux pull pour rien. » déclara-t-il avant de lui saisir la main.

Harry se laissa guider par Draco comme si c'était une évidence. Et ce fut dans leur course pour ne pas être en retard que la réalité se dévoila enfin à son esprit embrumé. Harry souhaitait que Draco lui tienne la main pour toujours et qu'il ne le lâche jamais.

À leur arrivée dans le Service de Portoloins britannique, Maya les accueillit avec un regard avide et empli d'étoiles. Elle les dévisageait alors que Draco semblait avoir oublié qu'il le tenait toujours. Elle régla leurs papiers avec empressement et avant qu'ils ne partent, elle cria à Harry : « La prochaine fois, n'oubliez pas mon café, Monsieur Potter ! »

Le concerné n'avait pas la force de la contredire. Harry aimait Draco. N'est-ce pas? Autant que Charlie même s'il avait pris plus de temps pour se l'avouer. Il se demandait à quel point son affection pour Draco était évidente. Même recouvert du ciel plus clément d'Angleterre, la tempête n'avait pas quitté Harry. Elle était dans son âme, dans son corps et dans son cœur.


Comme chaque année, le repas de Noël au Terrier était une explosion d'amour, de bruits, de rires et de joie. Les différentes générations se mêlaient sans difficulté et la chaleur vibrait dans chaque espace de vie. Teddy et Victoire s'amusaient avec la petite Rose qui faisait ses premiers pas et qui babillait à tout bout de champ. Molly rayonnait à l'idée de revoir tous ses proches et accueillait chaque invité avec sa fermeté teintée de douceur. Charlie les attendait déjà, en pleine discussion avec la femme de Percy. Harry rejoignit Angelina, en pleine partie d'échecs avec Ron. Harry était toujours émerveillé par la facilité avec laquelle les Weasley réussissaient à faire de leur maison, un lieu d'ancrage aussi puissant. Ils mangèrent beaucoup trop, les boissons sucrées et la bièraubeurre coulèrent à flots. Tout au long du repas, Harry devait se contenir pour ne pas dévorer des yeux les deux hommes qui avaient braqué son cœur.

Tous les membres de la famille Weasley n'étaient pas au courant de l'arrangement entre eux trois. Ils voulaient tous les trois être certains que cette relation peu orthodoxe tiendrait dans le temps avant de la partager avec le reste du monde. Mais les sentiments de Harry venaient déjà bousculer cette bulle dans laquelle ils étaient. Charlie aimait Draco. Charlie l'aimait aussi. Mais Harry et Draco ne s'aimaient pas de cette façon en théorie. Sauf que depuis la tempête qui avait envahi son être moins de dix heures plus tôt, Harry savait qu'il ne pourrait plus rester simplement cordial avec Draco.

Dans quel bourbier s'était-il plongé ? Alors qu'il aidait Rose à nettoyer ses mains pleines d'une substance douteuse, ses deux parents le prirent en guet-apens. Harry se demandait comment il avait pu croire qu'ils pourraient échapper à la perspicacité de Hermione et l'attention de Ron.

« Depuis quand est-ce que tu aimes Draco ?

— Mon frère sait ce qui se passe avec Draco ? » demandèrent-ils comme un seul homme.

Harry ne put s'empêcher d'éclater de rire. Il n'était pas discret. Ses meilleurs amis savaient lire en lui comme un livre ouvert. Il leur parla à demi-mot de sa récente découverte. Ils le conseillèrent comme ils purent avant d'être interrompus par Bill pour le dessert.


Charlie avait aimé ses cadeaux. Ses yeux s'étaient illuminés avec une joie enfantine qui avait fait fondre le cœur de Harry. Il avait échangé un regard plein de soulagement avec Draco avant d'être enlacé par la tornade qu'était Charlie. Ils les avaient serrés dans ses bras assez rapidement pour ne pas éveiller les soupçons mais assez longtemps pour leur transmettre toute sa reconnaissance. Ce que Harry n'avait pas anticipé, c'étaient que Charlie leur avait aussi offert à chacun trois billets à utiliser avec qui il le souhaitait pour découvrir des plages de sables fins ou des forêts luxuriantes.

Épuisés mais heureux, ils quittèrent ensemble le Terrier aux alentours de deux heures du matin pour retourner à la Réserve. Tant pis si cela mettait à mal leur relation encore préservée de l'attention du plus grand nombre, Harry ne voulait pas quitter Charlie et Draco et ils ne se formalisèrent pas de la situation non plus.

Charlie était entre eux et enlaça leurs mains avec douceur. Lorsqu'il était satisfait et souriait, il était d'une beauté à couper le souffle.

« Je suis tellement heureux de vous avoir tous les deux avec moi. C'était l'un de mes plus beaux Noël et je pèse mes mots. J'aurais jamais cru que vous pourriez vous cotiser pour moi.

— Ça me fait plaisir de te voir aussi content. Tu mérites le meilleur, pas vrai Draco ?

— Hmm. Je veux que vous m'accompagner dans cette forêt, déclara-t-il sans préambule.

— Tu réponds jamais à mes questions et c'est hors sujet !

— Ça ne l'est pas. On parle de cadeaux. N'est-ce pas, Charlie ?

— Oui, oui. Je vous aime. Arrêtez de vous chamailler le jour de Noël.

— On ne se chamaille pas… D'ailleurs, Harry aménagera sa chambre demain.

— Ah bon ‽ » s'exclama Charlie.

Il n'aurait jamais cru que Charlie pourrait être encore plus heureux qu'il ne l'était déjà. Draco avait raison. Harry réfléchissait trop. Il n'avait qu'à foncer tête baissée dans le danger comme d'habitude. Après tout, si la menace était le bonheur d'être enlacé par ces deux hommes exceptionnels, cela valait bien le risque.

« Draco a fini par me convaincre. » avoua-t-il.

Charlie leur vola à chacun un baiser avant de les laisser seuls pour aller prendre sa douche en premier.

Ils se débarrassèrent de leurs manteaux et écharpes jumelles avant de s'asseoir au coin du feu. Harry avait plusieurs mots au bord des lèvres et il ne savait pas lesquels lancer en premier.

«J'ai un autre cadeau pour toi. Je… je me disais que ce serait mieux de te l'offrir avec moins de monde… enfin… Je l'avais chez moi depuis longtemps mais je savais pas comment… Bref… Tiens…»

Draco se saisit de la boîte, perplexe. Lorsqu'il tomba sur son ancienne baguette, ses yeux s'écarquillèrent de surprise. Il fixa l'objet, abasourdi, avant de reposer son attention sur le visage de Harry. Il effectua le même aller-retour à plusieurs reprises. L'orage dans ses pupilles noyait les certitudes et la raison de Harry. Il n'arrivait pas à déchiffrer sa réaction.

«Je sais que tu t'es habitué à ta nouvelle baguette, mais…»

Draco ne le laissa pas finir et se jeta sur lui. Harry crut d'abord à une attaque. Mais ce ne fut pas une claque du blond qui l'assomma mais ses lèvres pressées contre les siennes. Le baiser était autoritaire. Les doigts fins de Draco étaient fermement accrochés à son cou, à sa chevelure alors qu'il se frayait un chemin dans sa bouche. L'union de leurs langues plongea Harry dans une mer de félicité. C'était divin. Draco assis sur ses cuisses, sa taille fine entre ses mains, sa peau tremblant au passage de ses paumes sous son pull. Lorsqu'ils durent respirer, le souffle brûlant et erratique de Draco eut raison de Harry. Et il reprit le contrôle de ses lèvres sans vergogne. Il avait besoin de plus. Draco se frottait contre son jean et l'obligea à se détacher pour plonger ses lèvres au creux de son cou. Harry frôla les tétons de Draco, dressés sous la maille, provoquant un gémissement rauque chez son amant. Ils se connaissaient un peu trop bien pour feindre l'innocence. Pour prétendre avoir ignoré les demandes et les soupirs qui s'échappaient de la chambre de l'autre lors de leurs ébats avec Charlie. C'était si bon de pouvoir se toucher ainsi sans essayer d'imaginer les contours du corps de l'autre, pâmé de désir. Tous les sens de Harry étaient en alerte alors que Draco commençait à parcourir sa peau de ses lèvres, sans lui laisser le temps de le toucher avec plus d'application. Il mordit sa clavicule, commença à jouer avec sa ceinture.

« Je te veux dans ma bouche, Harry… souffla Draco.

— Merlin…»

Draco était superbe. Le rouge avait commencé sa course sur sa peau blanche, son pantalon de toile était déjà gonflé au niveau de son entrejambe et il le dominait de toute sa grâce en le plaquant au fond du fauteuil. Harry était perdu. Le regard de Draco se fit plus mesquin et il le défia :

«Ne me dis pas que tu as peur de…

—Non… Je te veux autant que Charlie. Je t'aime autant que lui. Pas toi ? »

Harry avait gagné. Il s'était déclaré en premier. Il était hors de question qu'il se fasse encore devancer. La surprise bouleversée qui trahit les traits de Draco était splendide. Harry bougea contre ses fesses et le "oui" éperdu qui s'échappa des lèvres écarlates de Draco était une victoire.

«Vous vous êtes enfin déclarés ?» les coupa Charlie sur le pas de la porte.

Le roux les fixait avec un regard avide et amusé. À peine recouvert d'une serviette attachée avec négligence autour de ses reins, les gouttes d'eau glissaient sur sa peau parsemée de grains de beauté et de cicatrices.

Charlie s'avança vers eux avec lenteur, comme s'il tentait de dompter une proie ou un dragon peu docile. À quelques centimètres du corps tendu de Draco, il s'arrêta et un gloussement clair lui échappa.

«Vous êtes magnifiques. Incroyables. Dire que nous sommes enfin réunis tous les trois. Il vous aura fallu du temps. Pas vrai, Draco ?

— La ferme et embrasse-moi, quémanda-t-il.

— Tu ne sais pas être un bon garçon. C'est grave… s'amusa Charlie. Tu ne trouves pas, Harry ?

Il ne put que hocher la tête. Hypnotisé par la force teintée de douceur avec laquelle il tira sur la natte de Draco pour tourner son visage vers lui et l'embrasser. Lors de leur échange, Charlie avait le regard fixé sur Harry. Il irradiait de passion et d'amour. Harry perdit les maigres résistances qui lui restaient lorsque Draco se déhancha sur lui tandis que son autre amant avalait ses grognements de plaisir.

La peau nue de Charlie lui avait rappelé à quel point ils étaient trop habillés. Il avait besoin de Charlie en lui, Draco sous lui, leurs bras enlacés, leurs membres partout. Harry voulait perdre la tête et n'avoir que leur amour pour boussole dans une tempête de sensations indescriptibles. Harry voulait oublier son nom pour n'avoir à la bouche que des suppliques.

À l'instant où Harry allait débarrasser Draco de son pantalon, celui-ci stoppa tout.

«Il est hors de question qu'on fasse l'amour sans avoir pris une douche avant.

— T'es sérieux ?

— On pue l'alcool et les huîtres. C'est mort. Je vous attendrai dans mon lit une fois prêt. Utilise le savon que je t'ai offert dans ton coffret. Il t'ira à merveille. »

Draco fila comme une flèche sous le regard abasourdi de Harry et le rire solaire et communicatif de Charlie. Leur première nuit à trois ne faisait que commencer.

Fin