I wanna be your vacuum cleaner.
Résumé: Cela fait une semaine que Sirius n'a pas vu Remus et c'est déjà une semaine de trop. Le sorcier n'a qu'une hâte : remplir la mission confiée par Lily. Récupérer son amoureux avec James sous le bras et son gosse volatile pour les fêtes de Noël.
Rating: E
Catégories: M/M, F/M, F/F
Ships: Sirius/Remus, James/Lily, Marlène/Dorcas et bien d'autres
Je dédie cette fic à la merveilleuse bêta qu'est Akhmaleone et dont tous les conseils et encouragements ont été précieux pour mon processus d'écriture. C'est la reine du Wolfstar en français et son écriture me retourne comme une crêpe à chacun de ses textes ! Allez lire ses histoires si c'est pas déjà fait. C'est viscéral et beau à en vomir des arcs-en-ciel. Il n'y a pas de bons mots pour les décrire donc allez lire ce qu'elle fait *menace avec un couteau* !
Je voudrais aussi remercier Genny237, la bêta de ce texte et de nombreux autres que j'ai écrit ! Sans elle, le texte aurait été beaucoup moins digeste ! Elle écrit trop bien aussi donc vous devriez aussi aller jeter un coup d'œil à ses textes *menace avec un bâton de ski*.
Le son assourdissant de l'aspirateur pour enfants que Noah tenait dans ses petites mains agaçait Sirius, mais il n'avait pas un cœur de pierre. Il ne pouvait pas empêcher ses deux filleuls de jouer même s'il avait un mal de tête épouvantable. Remus n'était même pas présent pour masser ses tempes avec une technique dont il avait le secret. Le besoin de se parfumer avec la vieille eau de cologne de son compagnon pour oublier son absence le titillait.
Perdu dans ses pensées, Sirius fixait le petit aspirateur aux couleurs criardes absorbant la poussière sous la table basse. C'était quand même bien pratique ce jouet qu'avait déniché Marlène. Les enfants pouvaient faire le ménage à leur place. Il soupira. Ses pelotes de poussières lui faisaient penser aux pulls de Moony, confortables malgré leur laideur. Pourquoi n'était-il pas avec lui, assis sur ce canapé froid, son bras autour de ses épaules plus frêles, ses mains sur un de ses livres que l'esprit en ébullition de Sirius n'aurait jamais pu finir ? Remus lui manquait, cela faisait une semaine qu'ils ne s'étaient pas vus. Sirius avait besoin de lui pour respirer correctement. Sans les règles stupides de Dumbledore, il se serait plié en quatre dans ses valises pour le suivre. Il aurait pu devenir son chien domestique si son statut d'animagus n'avait pas fini par être découvert par McGonagall après la guerre. Sirius était bloqué. On ne lui laissait même pas la possibilité de devenir la poussière que pourrait écraser Remus. Son meilleur ami avait pu ramener un aspirateur moldu dans sa chambre mais l'avait laissé derrière. C'était injuste.
Tous leurs amis lui rabâchaient qu'il exagérait et qu'il devait laisser les ailes de Remus se déployer. Cet imbécile pensait être incompétent et incapable d'enseigner à de jeunes élèves alors qu'il aidait à la réalisation des livres de Sortilèges et de Défense contre les forces du Mal depuis des années en plus de son travail à la librairie. Toujours le premier à se rabaisser Moony. Alors que c'était un homme si brillant, si doux, si tendre. Personne n'avait la douceur, l'attention, l'ouverture et la compassion de Remus. C'était la raison pour laquelle, même à Poudlard, certains élèves lui demandaient déjà des conseils alors qu'il n'était que préfet. C'était la raison pour laquelle Remus était un professeur formidable.
Harry lui avait dit dans une lettre que tous les élèves l'adoraient et appréhendaient de retrouver leur ancien professeur l'année suivante. Sirius savait à quel point Remus était incroyable. Il croyait en lui plus que lui-même. C'était pour cette raison qu'il se rongeait le frein et mourrait de froid sans lui à ses côtés. Sirius voulait que Remus se serve de cette expérience pour ouvrir ce refuge pour jeunes loups-garous victimes de la meute de Fenrir lors de la guerre. C'était un de ses nombreux rêves et Sirius voulait l'accompagner dans tous ses projets, comme il le faisait pour lui. Après tout, Sirius n'aurait jamais ouvert son salon de tatouages si ses amis et surtout son compagnon ne l'avaient pas menacé par de nombreux sorts. Il n'aurait jamais cru pouvoir faire le tour du monde et collaborer avec d'autres artistes comme les Bizarr' Sisters. Même si Sirius était fan de musique alternative, le leader du groupe avait apprécié son tatouage sur son épaule, celui-ci avait été remarqué par tout un tas d'admirateurices qui s'étaient jetées sur son salon.
Toutes ces considérations n'étaient pas si importantes en cet instant. Ce qu'il fallait retenir de cette affaire était que Sirius avait l'impression de se désagréger sans son homme à ses côtés. Même écrire son désarroi dans son journal rose — conseil de sa psychologue et de Dorcas pour garder le cap — ne l'aidait pas. Écrire était pratique pour ne pas se perdre dans toutes ses tâches, et s'encourager à effacer toutes les remarques de ses parents qui avaient toujours eu honte de son cerveau qui ne tenait pas en place. Mais les mots retranscrits à l'encre à paillettes ne calmaient pas ses membres sans cesse en mouvement et son impatience. Sirius avait besoin de passer toutes ses pleines lunes avec Moony. Il avait fini par s'habituer à son loup au point d'en avoir lui-même besoin pour marcher sur la corde chancelante de la vie. Comment ne pas se languir de Moony ? Sirius soupira. Les cris des gosses l'obligèrent à sortir de sa transe existentielle.
« Non ! Je refuse qu'Orlando se fasse plaquer par Belinda ! s'écria Noah en menaçant Euphemia avec son aspirateur et sa poupée de super-héros.
— Si ! On rend l'histoire plus intéressante comme ça ! Il y aura un crime de PASSION et il sera accusé de meurtre ! justifia la petite rousse en sautillant d'excitation.
— Mais non ! C'est mieux juste une histoire d'amour normaaal ! Pourquoi tu veux toujours faire des histoires bizarres alors qu'en plus c'est Noël ? renchérit le garçon.
— C'est pas bizarre des histoires de meurtres. » rétorqua son amie.
Sirius donnait raison à Noah. C'était clairement glauque d'apprécier ces histoires de démembrement à six ans. Il redirait à Lily d'éviter d'écouter ses affaires au tribunal ou ses podcasts lorsque sa fille faisait visiblement semblant de dormir au salon.
« Sirius, pas vrai que j'ai raison et que c'est mieux qu'Orlando reste avec Belinda ! Il est gentil ! plaida Noah.
— Je n'en sais rien mais sache que tu dormiras toujours dans ta chambre, Euphemia, fatiguée ou non, roula des yeux Sirius. Plus de manège pour rester plus longtemps au salon.
— Mais c'est pas juste ! Je ferai plus semblant de dormir alors, s'il te plait, Tonton Sirius ! » se plaignit la petite en lui faisant les yeux doux.
Avec ses boucles rousses en bataille et ses pupilles incroyablement vertes, elle était le portrait craché de Lily. Leur deuxième enfant était une véritable pile électrique qui avait hérité de l'ardeur de James et de l'intelligence de sa mère. Euphemia se fourrera dans un tas de problèmes lorsqu'elle aura l'âge de mettre les pieds à Poudlard. Sirius en était certain.
« Je ne suis pas ton père. Je ne faillirai pas alors arrête de faire cette tête. Lily sera prévenue, s'amusa Sirius.
— T'es grave pas drôle quand Tonton Moony est pas là… grommela-t-elle.
— C'est parce qu'il a pas reçu assez de bisous magiques, chuchota Noah.
— Quoi…‽» s'offusqua le concerné.
Dorcas pénétra dans le salon de Godric's Hollow comme si elle était chez elle. Toute pimpante, elle arborait fièrement sa nouvelle coiffure : des vanilles dont les torsades mêlaient avec adresse ses mèches noires et des rajouts plus clairs. Elle était resplendissante et Sirius se demandait toujours comment Marlène avait réussi à mettre la main sur cette déesse avec ses gros sabots.
« Merci encore d'avoir gardé les petits monstres, Sirius !
— MAMAN ! s'écria Noah, abandonnant ses jouets pour se jeter dans ses bras.
— Je suis bien obligé. C'est ça quand on est artiste, on se fait exploiter par ses potes pour du babysitting gratos.
— C'est parce que t'es leur parrain préféré… minauda Dorcas.
— Moi, je vous aime tous pareil ! dodelina de la tête son fils.
—Moi je préfère Tonton Peter… ajouta Euphemia. Il m'a dit qu'il me ramènerait des crayons de couleurs de l'Alaska. Vous croyez qu'ils sont décorés avec des paillettes comme les papiers cadeaux ? Vous croyez qu'il prend le thé avec le père Noël ?
— IMPOSSIBLE ! L'homme barbu vit en Laponie. » s'exclama Marlène en apparaissant comme une fleur.
La blonde portait une simple veste en cuir fin malgré les températures glaciales, sans frissonner. Comment elle avait pu faire tout le trajet sans casser les multiples bouteilles dans ses bras était un mystère.
Elle fut poussée sans plus de ménagement par Lily, aussi encombrée qu'elle. L'avocate n'avait même pas eu le temps de changer sa cape de travail. Le blason de sa profession entourée d'une multitude de bricoles et de charcuteries offrait une image des plus loufoques.
« Désolée de t'avoir laissé tout seul, Sirius, s'excusa Lily, les joues rougies par le froid.
L'énorme coupe-vent autour de son cou n'avait pas rempli sa mission.
— Tu es tout excusée tant que j'ai des cookies, répondit Sirius d'une voix chantante. Toi, au moins, tu ne nous lâches pas pour l'occasion.
—Arrête de jouer les rabats-joies, Sirius, gnogna Marlène en embrassant le front de son fils.
— Elle n'a pas tort. Depuis son retour en Jamaïque, elles ont pas revu Giselle, le disputa Lily en rangeant son petit monde d'un coup de baguette.
— Je sais. Profite de ta mère, Dorcas… marmonna Sirius.
— J'ai laissé tous nos cadeaux sous le sapin. On vous a pas oublié. Ne t'inquiète pas, on sera là l'année prochaine. » le rassura-t-elle.
Sirius ne savait pas comment ses amis faisaient pour accepter les petits changements dans leurs rituels. Même si c'était pour un bonheur différent, cela lui restait en travers de la gorge qu'ils ne soient pas tous réunis. C'était la première année où ils seraient aussi peu nombreux pour fêter Noël chez les Potter. Dorcas et Marlène finirent par partir pour continuer de préparer leur demeure pour l'arrivée de leur invitée, au grand dam de Noah qui refusait de se rendre chez le coiffeur pour refaire ses contours.
Ils se retrouvèrent donc à trois. Lily se débarrassa de sa cape et était resplendissante dans sa robe évasée d'un rouge pétant qui faisait très mère Noël. James serait à terre en la voyant, comme d'habitude. Après avoir préparé trois chocolats, elle s'assied à côté de lui et passa avec tendresse son long bras potelé autour de ses épaules. Tout était moelleux et doux chez Lily. Sirius adorait ça. Il était tellement reconnaissant d'avoir le droit de se fondre dans ses étreintes à l'instar de celles de Remus.
« Ils seront bientôt là, Sirius. Ton Portoloin est réglé pour dix-huit heures.
— Je sais que je suis insup', Lily ! Pas la peine de me le rappeler.
— On t'aime quand même…
— Moi je sais pas, taquina Euphemia en continuant le dessin qu'elle avait entamé.
— Petite chipie ! grogna Sirius sous le rire éclatant de son amie.
— Pour te remonter le moral, avant d'aller chercher nos hommes, regarde ce que Severus m'a envoyé ! »
Severus et Regulus formaient le couple le plus étrange de son entourage. Et Sirius pesait ses mots. Comment cet homme louche obsédé par Lily avait pu s'éprendre de son adorable petit frère ? C'était un mystère pour Sirius. Mais ils s'étaient tous les deux rendu compte de leurs erreurs et avaient changé de camp lors de la guerre, devenant espions pour l'Ordre. Leur travail avait été crucial dans la chute de Voldemort après qu'il ait tenté de tuer Harry. Avec leurs recherches, Severus et Regulus avaient permis à l'Ordre de détruire tous les horcruxes du mage noir un à un. Depuis, les deux Serpentard ne s'étaient plus lâchés. Même si Sirius détestait l'admettre, son frère était heureux et Severus était presque potable en sa présence. Eux aussi ne seraient pas là cette année. Le potionniste avait organisé un voyage à Bali avec son amoureux et ils étaient au soleil depuis une dizaine de jours déjà. Regulus avait envoyé des nouvelles, mais toutes ses vidéos mettaient en avant Severus ou les plantes fantastiques qu'il voudrait étudier dans son laboratoire. Comme si Sirius en avait quelque chose à faire des cheveux gras de l'autre ou des Snargaluff indonésiennes ! Bref. Regulus était bien mignon, mais il n'était pas une lumière par moment, quoi qu'il en disait.
Lily récupéra sa télécommande de sous la table basse avec un sort. Elle était beaucoup plus douée que lui avec toute cette machinerie moldue. Il la laissait donc faire. Comme par enchantement, une vidéo apparut sous ses yeux. Entouré de sable fin, son frère était assis sur une serviette, son torse à découvert. Sirius pouvait compter chacun de ses grains de beauté, parcourir les deux cicatrices parallèles au niveau de sa poitrine qu'il avait cachées des années durant ainsi que le tatouage jumeau au sien sur sa hanche droite. Black's brothers était inscrit à l'encre noire sur sa peau blanche. Le second et dernier tatouage que son petit frère avait accepté de faire après celui que Sirius lui avait offert pour masquer la marque de ténèbres. Regulus était heureux et expliquait à son amant à quel point il avait adoré le repas qu'ils avaient dévoré plus tôt. Il riait. Ses yeux pétillaient de joie et le cœur de grand frère de Sirius ne pouvait que gonfler de bonheur et de fierté à cette vision.
Le Portoloin se mit à sonner d'un bruit strident . Sirius se releva avec hâte pour ne pas rater son départ. Lily lui envoya les orthèses articulaires de Remus revenues de chez le spécialiste pour quelques ajustements. Il entendit distinctement l'avertissement d'Euphemia.
« Revenez vite sinon je vais manger tous les chocolats de Harry ! »
Sirius fut englouti par le chausson de Noël.
Poudlard était en effervescence. Les derniers élèves qui n'étaient pas encore partis pour rejoindre leur famille pour les fêtes traînaient leurs bagages à l'extérieur du château. Sirius fut accueilli avec chaleur par un Hagrid extatique à cause de la naissance des petits de son ami Aragog. Sirius était ravi de le voir, mais il déclina l'invitation pour rencontrer les araignées. L'idée lui foutait les jetons. Il n'arrivait pas à comprendre comment son filleul pouvait passer autant de temps avec le garde-chasse à s'occuper d'étranges créatures sans crainte. Harry, contrairement à ses parents, avait toujours eu une relation particulière et chaleureuse avec Hagrid. Sirius put donc s'enquérir de ses nouvelles avant même de le revoir. Au cours de leur marche à travers le château illuminé par toutes les décorations, ils tombèrent enfin sur James.
Comme à son habitude, son frère de cœur était resplendissant. Sa tenue de Quidditch mettait en valeur son corps musclé qui gardait encore toute sa force et puissance malgré l'âge et l'apparition d'un petit ventre jusque là inexistant. Il parlait avec animation au capitaine de l'équipe des Gryffondor sans se soucier de la neige et de la feuille qui se perdaient dans ses cheveux bruns indomptables. Hagrid laissa donc Sirius en lui intimant de ne pas faire trop de bêtises, avant de disparaître avec un sourire amusé.
Sirius avait deux possibilités qui s'offraient à lui. Laisser James finir son travail de coach et de professeur de vol comme tout adulte raisonnable, ou bien l'embêter un peu devant son élève. Le choix était vite fait.
Sans attendre, il se glissa comme un serpent derrière lui pour enrouler ses bras autour de son dos massif. Il embrassa son cou. James sursauta à peine, habitué à cette proximité qu'ils partageaient depuis qu'ils s'étaient rencontrés :
«Padfoot ! s'exclama James, les yeux éclairés par une joie manifeste. T'es déjà là ?
— Coucou Trésor… Ton homme vient te kidnapper…
— C'est l'heure ? J'ai pas encore préparé tous mes bagages ! Faut pas que je sois tout sale pour Lily…
—T'as encore un peu de temps et t'es tout beau même quand tu pues.
— Ooohhh, qu'est-ce que je ferais sans tes compliments !
— Tu te noierais d'ennui…» s'amusa Sirius en le serrant un peu plus fort contre lui.
James sentait la sueur, la neige boueuse, le café ainsi qu'une odeur de sauge. Cette odeur ne le quittait pas depuis que Sirius avait eu le droit de se blottir dans ses bras. C'était si réconfortant de sentir sa poitrine vibrer alors qu'il continuait de parler avec animation. Sirius ne savait pas ce qu'il serait devenu sans James. Sans doute un être monstrueux ou cynique. Le lunetteux était si drôle, si maladroit, si espiègle, et beaucoup plus gentil et compréhensif depuis que Lily partageait leur vie. James lui manquait presque autant que Remus. Sauf que lui se trouvait entre les murs du château depuis tant d'années que Sirius avait eu le temps de réguler son système pour se satisfaire des sourires et des étreintes de son meilleur ami.
«Voilà Oliver ! J'ai bien répondu à toutes tes questions ?
— Oui, M'sieur Potter, déclara le jeune homme en jetant un regard amusé sur le sorcier koala derrière lui. C'est sympa d'avoir pris le temps de m'expliquer tout ça.
—Tu as tout à fait les capacités de réussir les sélections pour les grandes équipes nationales et j'ai vu que tes notes se sont bien améliorées. Continue sur cette lancée, le félicita James avec la chaleur qui le caractérisait.
— C'est parce que j'ai un bon prof…
— Oliver ! Où est-ce que tu te caches ? Il est hors de question que je fasse tes bagages à ta place ! râla une voix à l'autre bout du couloir.
— J'arrive, Percy ! » répondit l'étudiant sans se faire prier, disparaissant à la vitesse de la lumière.
Son rôle de mentor effectué, toute l'attention de James se posa sur lui et il répondit à son étreinte avec un rire solaire. Il l'étouffait presque avec ses gros bras.
« J'avais tellement hâte que tu viennes nous chercher pour fêter Noël ! J'ai acheté un superbe château de princesse miniature pour Euphemia ! Ses poupées zombie pourront rentrer sans problèmes ! Vous l'avez bien reçu ?
— Si c'est le paquet qui pesait une tonne. Ouais, on l'a bien reçu !
— Oh, un coup de baguette pour le transporter et c'est réglé. D'ailleurs, sexy cette tenue ! J'adore ce col en V. Si t'as envie que Moony te saute dessus, c'est gagné.
— Tu lis dans mes pensées. Il est où ?
— Dans son bureau. J'ai le temps de me doucher et de me préparer le temps que vous vous culbutiez, non ?
— Oui, oui. Si tu pouvais chercher ton fils, aussi. Ça nous permettra de nous amuser un peu plus.
— Chuis un être généreux. Je te fais cette faveur. »
James déposa un tendre baiser sur son front avant de partir dans ses quartiers en sautillant. Il était toujours aussi niais lorsqu'il allait revoir sa femme. C'était exaspérant et attendrissant à la fois.
Avant même de pénétrer dans le bureau privé de Remus, Sirius avait le cœur qui dansait dans sa cage thoracique. Il tremblait presque d'impatience alors qu'il enfouissait le double des clés dans la serrure. Le sorcier s'engouffra à l'intérieur de la tanière de son homme et bloqua le monde extérieur.
Remus était une personne très privée qui ne s'ouvrait que lorsqu'il se sentait en confiance. Sirius était plus exubérant, mais il ne pouvait pas supporter qu'un être indésirable puisse poser les yeux sur les coussins de Moony, ses couvertures, les fauteuils et la ribambelle d'encre, de plumes et de parchemins qu'il marquait de sa main fine et déformée.
Il fallait toute sa force mentale à Sirius pour ne pas se transformer en chien et renifler chaque recoin de la pièce afin de s'assurer que personne n'avait osé s'approcher. Tous les limbes de raison qui lui restaient furent nécessaire pour ne pas se jeter sur Remus dès qu'il l'aperçut.
Sa muse, son ami, son amant, son amour brillait aussi fort qu'un lingot qu'on aurait éloigné des rayons farceurs du soleil. Il était assis sur un fauteuil que Sirius savait confortable. Il avait reçu et donné deux fellations sur ce trône. À chaque fois qu'il observait Remus assis d'une manière si professorale et sérieuse sur le meuble, les entrailles de Sirius se tordaient de désir. C'était insolent, toute cette beauté et ce calme grondant que lui offrait Remus. Il quitta sa lecture et lui sourit. Par ce simple échange, toute sa façade se craquela. Et Sirius adorait ça. Voir les yeux d'or de Remus disparaître sous la lueur animale qu'il cachait à tous ces imbéciles qui ne se rendaient pas compte de sa beauté.
« C'est déjà l'heure ?
— Tu aurais dû faire plus attention. On a reçu tes orthèses. » déclara Sirius en se dirigeant vers son bureau.
Sirius déposa les dispositifs médicaux sur la malle de Remus. Il feignait d'ignorer le regard prédateur, appréciateur et plein de déférence qui le suivait à la trace. Il tentait de ne pas se consumer face au poids du désir et de l'amour de Moony.
Puis, Sirius décala les copies impromptues du bureau en bois et s'assit juste en face de lui. Il n'y avait rien qui les séparait à présent. Face à face, leur différence de taille était obsolète.
«Est-ce que je t'ai manqué ? demanda-t-il de sa voix rauque à force d'avoir gardé le silence trop longtemps.
— T'es trop intelligent pour poser ce genre de questions… souffla Sirius en frôlant sa pommette de sa main. Est-ce que…?
— Toutes les pleines lunes sans toi, c'est l'enfer. Les potions de Snape sont pas suffisantes, Pads. Il y a que toi qui me calme. » souffla Remus.
Il suivit le toucher de sa main sur son visage pour déposer ses lèvres sur la base de sa paume, puis sur ses doigts. Une pression légère de ses dents, et ses phalanges étaient déjà dans la bouche suppliante de Remus.
Sirius gémit. Il se sentait déjà devenir dur. Rien qu'avec ça. Tout son corps s'était moulé pour mouiller rien qu'au besoin de l'homme qui avait capturé son cœur.
«Est-ce que je peux te prendre, Pads ? J'en peux plus d'attendre…
— Je suis tout à toi.»
C'était le signal exutoire. Le début du miracle et de la danse. Remus le saisit par la taille, enfonça ses phalanges jusqu'au creux de ses muscles et de sa graisse. Puis, il saccagea ses lèvres entrouvertes.
Sirius avait compris qu'il pourrait devenir fou. Il le savait depuis longtemps. Les seuls éléments qui lui permettaient de s'attacher à sa sanité, c'étaient les mains de Remus sur son corps. Ce n'était qu'à lui que Sirius dévoilait l'entièreté de son esprit morcelé, tordu, à la recherche d'une puissance, d'un pouvoir plus fort qui lui permettrait de tenir un peu plus longtemps sur cette terre. Sa révélation. Cette lumière qui l'avait ébloui, c'était Moony. Dès qu'il avait découvert sa forme lupine. Non, bien avant. La première fois que Remus lui avait souri, une part de lui avait déjà compris. Pourquoi avoir peur du loup alors que Sirius souhaitait le lécher pour l'éternité, sentir sans cesse le goût de lui dans sa bouche? Il n'y avait que son essence qui lui permettait de faire le vide dans son esprit hyperactif. Il n'y avait que dans ses bras que Sirius remerciait les cieux de lui avoir offert une chance de vivre et de passer une partie de son existence à ses côtés.
Sirius avait besoin que Remus le dévore. Il n'y avait qu'ainsi qu'il se sentait pleinement heureux. Qu'il oubliait une fraction de seconde les horreurs du monde et ne devenait que poussière. Sirius pouvait s'éteindre, imploser des milliers de fois si cela signifiait qu'il pourrait se greffer et caresser les griffures de Remus. Semblables aux cratères qui déformaient et décoraient la Lune, les traces innombrables parcouraient sa peau. Marques de bataille, de violences traumatisantes qui avaient jonché son existence.
Sirius les révérait. Il aimait tout chez Moony. Et il s'appliquait à faire disparaître la honte qui le rongeait chaque fois qu'ils faisaient l'amour.
La pleine lune était encore proche. Il laissa Remus prendre le contrôle total de son corps. Il laissait ses grandes mains chaudes, brûlantes, le réchauffer. Le posséder. Les couches de ses vêtements disparurent sans qu'il fasse attention. Sirius était occupé à se pâmer, à se tendre, à gémir son nom pour qu'il le touche. Plus. Moony le porta avec son corps plus grand, plus puissant que le sien. Sirius sentit le grondement de la bête, la pulsation des muscles de son dos, de ses bras, de ses cuisses alors qu'il se déhanchait, qu'il s'agrippait. Ils perdaient l'esprit. Ensemble, ils regoûtaient à la vie.
Sirius fut jeté sans ménagement dans la pile de coussins et de couvertures, le nid dans le coin de la pièce. Il eut la présence d'esprit de murmurer un sort de lubrification pour faciliter le travail de Remus qui se débarrassait enfin de ses vêtements qui les séparaient. Sirius eut à peine le temps de se tourner vers lui, d'écarter ses cuisses que Remus s'enfonçait en lui.
Tout était là. Tous les mystères de l'existence collapsaient lorsque Remus le prenait et le faisait entièrement sien. Sirius voulait tant lui appartenir que c'en était désespérant. Son sexe qui le possédait, qui le brisait, le bouleversait depuis des années.
«C'est si bon à l'intérieur de ton cul ! grogna-t-il.
—Encore, Rem, Plus fort… geignit Sirius.
—Tout pour toi, Pads. »
Remus le défonça. Sirius laissa s'échapper une pluie d'incohérences. Les canines de Remus titillèrent sa jugulaire. Il s'enfonça en lui, frôla sa prostate et l'orgasme salvateur vint les cueillir. Sans doute un peu trop vite. Mais il n'y avait rien de mieux que de mourir à l'unisson.
Le souffle brûlant de Remus contre ses lèvres, contre les pores de son épiderme en sueurs, ramena Sirius à la réalité. Il sourit à Remus qui commençait à grossir à l'intérieur de lui. Il ne pouvait pas se nouer en ce jour, mais c'était tout comme. C'était bon de le garder en lui.
Remus caressait son visage, le remercia et le fixait avec une douceur et une admiration qui donnait à Sirius l'envie de se cacher. Il n'était pas souvent embarrassé, mais il n'y avait que Remus pour faire débloquer tout son éventail de sentiments.
«Tu brilles. On dirait une étoile, murmura Remus avec douceur avant de l'enlacer.
— Tu es encore plus beau, répondit Sirius, la gorge nouée à cause de ses émotions contradictoires.
Il était soulagé et désireux de prolonger cette étreinte. Son avidité était sans limite. Il ne se sentait pas encore entièrement possédé par Remus. Il voulait être le sien. Que leur attache, leur amour scintille à des kilomètres. Les marquages olfactifs n'étaient plus suffisants.
«Sirius, épouse-moi, demanda Remus au creux de son cou.
— Quoi ?
— J'ai les colliers de fiançailles dans mon bureau. Marie-moi. Je sais que tu trouves ça vieux jeu et kitch, mais je veux que tout le monde sache que t'es à moi.
— Je ne porte pas déjà ton odeur ?
— C'est pas assez…» grogna Remus en suçant la peau sur sa clavicule.
L'idée fit son petit chemin dans son esprit et Sirius se rendit compte qu'officialiser de manière concrète leur relation n'était pas si étouffant et effrayant qu'il l'aurait cru.
«J'ai la flemme de…
—J'organiserais tout. De toute façon, il y a pas besoin de faire un grand truc. Tout le monde croit déjà qu'on est mariés… murmura-t-il. Alors ?
— Okay. C'est pas bizarre de demander ça alors qu'on est recouverts de foutre ? s'amusa Sirius.
— Grrr, j'avais imaginé une meilleure demande, mais votre sensualité et votre beauté m'ont fait perdre la tête, Monsieur Black. » ricana Remus avant de lui voler un autre baiser.
Après quelques sorts de nettoyage, ils furent obligés de se rhabiller. Leurs ébats, bien que trop courts à son goût, ne pouvaient pas s'éterniser outre mesure.
Remus lui passa le collier autour du cou. L'anneau était lourd et froid contre son épiderme, mais Sirius ne le retirerait pour rien au monde. C'était la première fois que Sirius s'accrochait à un symbole de cette façon. Parce que ce n'était pas une vieille idée familiale obsolète ou un élément d'uniforme qui pendait autour de son cou. C'était la promesse de Remus. Celle de l'enlacer, de le soutenir, de l'aimer pour toujours. Tout le monde le verrait. Pas juste les autres loups-garous. Sirius flottait de bonheur. Il ne pensait pas que ce mot "mariage"— dont il n'avait rien à faire— pouvait le mettre dans un état pareil. Le collier jumeau frottait le pull en maille de Moony. Sirius ne put s'empêcher de le fixer avec adoration et le sourire cassé de Remus lui répondit. Un baiser. Ils étaient obligés d'en partager un après un événement de cet acabit. La langue de Moony était toujours aussi brûlante. Ses cuisses et ses genoux la parfaite assise sur laquelle Sirius trouverait toujours sa place. Le baiser était lent et langoureux. Bien éloigné de l'empressement qui les avait saisis plus tôt. Ils prenaient le temps d'explorer la bouche connue, de se laisser aller au plaisir simple de ce toucher intime et tendre. Leur baiser effaça le reste de l'univers.
La porte s'ouvrit en trombe et Sirius n'eut pas besoin de se retourner pour deviner que le pas lourd était celui de James.
« Merlin ! Ça pue le sexe ici ! Ouvrez les volets !» se plaignit-il avant de s'asseoir sur le bureau.
Alors que Sirius allait se détacher, Remus approfondit l'exploration de sa bouche. Il dévorerait son âme à force. Sirius était totalement consentant. Il soupira et le laissa l'écraser de tout son poids. Le fauteuil avait la taille parfaite pour se fondre ainsi.
«Padfoot, Moony, commença James en tapotant l'épaule de son amant, réticent. On va se faire disputer par Lily si on est en retard.
—M'en fous, grogna Remus avant d'embrasser son cou.
— Aaaaaah, soupira Sirius. On va se marier…
— Félicitations ! »
James tenta de les câliner avant d'abandonner au grognement possessif que lui lança Remus lorsqu'il s'approcha de Sirius.
«Je m'occuperai de la déco. On part sur une petite cérémonie, j'imagine. Vous faites ça quand ?
— On s'en tape… » répondit Remus agacé avant de tirer le visage de Sirius vers lui pour laper son visage.
Le loup était à deux doigts de reprendre le contrôle, et même si Sirius était plus qu'excité à l'idée de commencer un nouveau round, il fallait qu'ils soient raisonnables. Remus serait déçu de rater le repas chez ses amis. Sirius repoussa son invitation avec tendresse et posa sa tête contre son front.
«Plus tard… On aura tout notre temps. »
Un couinement agacé et désespéré lui répondit, mais Remus accepta sa requête. Sirius se leva en embrassant la main de son amant dont la raison vacillait sur le fil précaire de son versant humain.
« T'as trouvé, Harry ? demanda-t-il à James sans quitter le regard brûlant de désir de Remus.
— Nan. Il s'est envolé. Pourtant, j'ai fait le tour de l'école. Ron et Hermione pensaient qu'il était déjà avec vous.
— J'y retourne… souffla Sirius. Tu veux bien le surveiller et préparer le Portoloin ?
—Bien sûr.»
James s'assit juste à côté de Remus pour lui permettre de le renifler et de le marquer comme membre de sa meute tandis qu'il trifouillait le bouquin qui les ramènerait à la maison.
Trouver Harry dans l'immense château aurait été plus aisé s'il restait davantage d'élèves dans l'enceinte qui aurait pu lui donner la localisation du "survivant". C'était dans ce genre de situation que Sirius regrettait d'avoir légué à son filleul la carte des Maraudeurs. Il avançait comme un idiot dans les couloirs et les tableaux n'étaient d'aucune aide dans sa quête. Sirius finit même par tomber à son tour sur les meilleurs amis de Harry. Ron et Hermione étaient greffés au bout de chou depuis leur première année. Sirius était heureux que Harry ait pu lier une amitié sincère à leurs côtés. Il les salua avec un grand sourire, ne manquant pas de remarquer la nouvelle proximité entre eux.
« Bonjour, Monsieur Black ! Vous n'avez toujours pas trouvé Harry ? demanda Hermione en fronçant les sourcils.
—T'inquiète, Mione. Il va bien finir par réapparaître ! Il fait tout le temps ça ces derniers temps…
— C'est bien ça qui m'inquiète ! Et s'il s'est encore fourré dans un problème ? L'année dernière, il a failli se faire kidnapper par les sirènes du lac ! rétorqua-t-elle.
— Vous me rassurez pas les enfants … ricana Sirius en se remémorant cette aventure rocambolesque.
— Mione exagère toujours. D'ailleurs, un jour, on devrait vraiment fêter Noël tous ensemble. Ma mère a déjà préparé vos pulls ! déclara le roux.
—L'année prochaine normalement. Après le mariage de Charlie et Tonks .» déclara Sirius.
Il se rappelait encore de tous les coups de pression que Remus avait faits au pauvre roux depuis que sa Tonks chérie lui avait annoncé qu'elle sortait avec son meilleur ami, Charlie. Remus en avait fait toute une histoire. Pour lui, personne n'était assez bien pour la fille d'Andromeda. Pas même Charlie. Sirius serait presque jaloux de la relation qu'ils entretenaient tant Remus était fusionnel et possessif avec la petite Nymphadora. Remus était d'autant plus agacé à cause des décalages intempestifs de leur mariage. Il ne comprenait pas comment cette union, qu'il avait fini par accepter après Andromeda, Ted, Sirius et Molly, puisse être retardée tant de fois. Mais bon, à quoi pouvait-on s'attendre avec la bougeotte de Charlie, les accidents de Tonks, leurs voyages ainsi que leur travail respectif ?
« Si c'est pas encore décalé ! À ce stade, Percy finira par se marier avant eux, se plaignit Ron.
— Il n'a que dix-huit ans. Il ne va pas faire une chose pareille alors qu'il sort avec Oliver que depuis quelques semaines !
— Je serais pas si sûre si j'étais toi ! Percy en fait déjà des tonnes pour son premier Noël avec nous alors qu'on le connaît tous à la maison ! Il lui a offert une bague. Je l'ai vu après l'entraînement, se plaignit-il. Même moi je suis pas aussi chiant depuis qu'on est ensemble !
— Il est romantique à ce point ? s'exclama-t-elle.
— Tu veux que je t'offre une bague ? Ça me gêne pas tu sais ?! » paniqua Ron.
Sirius laissa les deux jeunes gens qui avaient déjà oublié sa présence et continua son périple, de plus en plus agacé. Si Harry ne souhaitait pas se faire désirer, Sirius ne savait pas ce qu'il faisait.
Au détour d'un couloir, Sirius entendit un gémissement rauque empli d'abandon. Pour éviter d'interrompre un couple d'adolescents pilotés par leurs hormones, Sirius pensa faire demi-tour. Mais lorsqu'il entendit le nom de son filleul murmuré telle une prière, Sirius fut obligé de jeter un coup d'œil. L'image qui s'offrit à lui le surprit tellement qu'il manqua de hurler sous le choc.
Sirius s'attendait à tout, sauf à voir son petit Harry embrasser avec fougue l'héritier de la famille Malfoy. Tout dans leur posture trahissait le fait que ce n'était pas la première fois qu'ils s'adonnaient à ce genre de pratique. Tout dans la façon dont les deux adolescents s'embrassaient révélait à quel point ils tenaient l'un à l'autre. Draco Malfoy s'accrochait à la chevelure de Harry comme si sa vie en dépendait. Harry enserrait sa taille si fort que des marques apparaissaient sur le tissu. C'était claquant, brûlant et inconscient. Harry commença à mordiller l'oreille de son camarade avant de jouer avec la peau de son cou, enfiévré. À la grande surprise de Sirius, la porte d'une pièce apparue juste à côté du couple. Il se demandait d'où cette nouveauté sortait. Une claque fusa dans l'air.
«Aïe ! Mais pourquoi tu me tapes ?! s'agaça Harry.
— On peut pas retourner dans la Salle sur Demande. Ton père doit t'attendre à l'heure qu'il est ! répondit le seul être raisonnable des alentours.
— Mais tu vas me manquer…
— Depuis quand est-on devenus codépendants, Potter ? nasilla Draco. Ne sors pas quelque chose d'aussi mielleux, je t'en prie.
— T'as pas à faire la fouine devant moi à chaque fois que t'es gêné, roula des yeux Harry avant de lui arracher un frisson en caressant la peau sous sa chemise.
— Mais arrête !
— Dis-moi que tu m'aimes alors ! le défia Harry.
— Tu le sais déjà, souffla Draco, intimidé.
—Oui. C'est pour ça que j'ai envie de le crier sur tous les toits.
— Je…
—Je sais aussi que tu as besoin de temps. C'est normal. Tu es très courageux, tu sais ? Défier tes parents et leur éducation. Protéger Goyle. T'as changé.
— Je sais. J'ai pas besoin que tu me rappelles à quel point j'ai été un imbécile.
— J'aime pas te savoir seul au château pour Noël. Mes parents diraient rien si tu nous rejoignais.
— Je ne serai pas seul. Il y a Gregory et je recevrais quand même un tas de cadeaux si j'en crois Pansy … » répondit Draco.
Le blond coupa la prochaine phrase qui allait s'échapper de la bouche de Harry en capturant à nouveau ses lèvres. Avec douceur cette fois-ci. D'une façon presque timide, l'étreinte papillon silencia Harry, qui lui sourit.
Sirius se détourna et se concentra sur les fissures dans le mur pour occulter les déclarations d'amour embarrassées, enrobées sous quelques insultes que les gamins de seize ans s'échangeaient.
Sirius était soulagé que le fils de Narcissa ne suive pas le chemin de ses parents. Il était content que le Serpentard soit entouré également. Qu'il ne se retrouve pas tout seul dans cette épreuve. Il avait hâte que Harry le présente de manière officielle. Sirius saurait se montrer patient. Il resterait muet comme une tombe même s'il trépignait d'excitation à l'idée de voir la réaction de ses amis. Ils avaient dû écouter Harry disserter et se plaindre de ce garçon au teint cadavérique, aux cheveux trop blonds et au regard écœurant pendant des heures, tout ça pour qu'il finisse dans son lit. Sirius aurait dû se douter de la supercherie de sa haine avec sa dernière critique. Harry ne pouvait pas dire qu'il adorait les yeux gris de son parrain depuis qu'il était gosse pour les haïr chez un autre garçon juste après. Ah, toute cette histoire lui rappelait à quel point il se rapprochait de la décrépitude ! Trente-sept ans et les lombalgies commençaient déjà à poindre le bout de leur nez. Dire que le petit ange qui avait du mal à prononcer le mot "spectacle" jusqu'à ses sept ans avait une relation sérieuse ! Le temps filait à une vitesse.
Sirius attendit que les pas de Malfoy s'éloignent suffisamment pour rejoindre Harry comme si de rien n'était.
«On te cherche depuis une éternité ! s'exclama Sirius avec son flegme habituel.
— Désolé, j'étais en train de réviser un cours de potions et j'ai pas vu l'heure…
— Un 24 décembre ?
— C'est interdit ? demanda Harry alors que le rouge lui montait aux joues.
— Je dis simplement que tu devras une meilleure explication à ton père. C'est pas à un maraudeur que tu peux balancer une excuse aussi pourrie ! » s'amusa-t-il.
Sur le chemin, Sirius lui annonça ses fiançailles. Harry prit la nouvelle de manière plutôt calme, surpris du fait que ses parrains ne soient pas mariés depuis le temps. Ils pénétrèrent dans le bureau de Moony, aéré et rangé grâce aux soins du professeur de vol. Il ne leur fallut qu'un pas pour que James remarque la cravate de Harry qui n'avait étrangement plus les couleurs de sa maison.
«Tu sors avec quelqu'un et tu l'as pas dit à ton vieux père ‽ hurla–t-il.
— T'es pas si vieux, P'pa. T'as toute la vie devant toi, baragouina Harry.
— Iel est à Serpentard en plus ‽ C'est qui ‽ »
Sirius avait dit qu'il ne dirait rien. Pas qu'il aiderait son filleul maladroit. Il croisa le regard de Remus brillant de compréhension hilare et d'une lueur malicieuse caractéristique. En une fraction de seconde, Sirius savait qu'il savait. Il éclata de rire et se jeta dans ses bras pour ne pas flancher.
« Parce que vous savez c'est qui ‽ Vous êtes des traîtres ! s'épouvanta James.
— On a du retard, Papa. Maman va nous crier dessus. » tenta Harry pour faire diversion.
La mention de Lily eut l'effet escompté et James plaça enfin le Portoloin au centre de leur cercle pour qu'ils puissent transplaner tous ensemble pour rejoindre Godric's Hollow.
Cela faisait des années que cette maison était devenue leur repère, leur point d'ancrage. Sirius avait vécu ses plus beaux Noëls aux côtés de l'homme de sa vie, de ses amis, de leurs enfants. De sa famille en fait. Et il espérait que ce petit miracle digne des plus grands sortilèges se reproduirait jusqu'à ce que la mort les sépare.
Fin
