R U mine ?

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Rating: E

Genre: M/M/F

Ships: Myron Wagtail/ Bill Weasley/ Fleur Delacour, Severus Rogue / Regulus Black (implied)

Résumé: Bill est coincé à Montréal et a honte d'avouer qu'il n'est pas si triste de rater Noël au Terrier. Fleur aimerait bien que son collègue la remarque surtout après les kilomètres parcourus. Et Myron se demande si à force de chanter des chansons d'amour, il finira par avoir de la chance dans le domaine.

Je dédie ce cadeau à Genny237 que je voudrais remercier pour les bêtas qu'elle a faites pour moi et son caractère solaire. Elle écrit super bien et c'est la reine des ships rares donc n'hésitez pas à aller voir son travail !

Merci à Akhmaleone d'avoir corrigé ce texte à la vitesse de la lumière. Tu es une queen.


Bill

S'il y avait une chose que Bill évitait par-dessus tout, c'était d'inquiéter ses parents. Il n'avait pas toujours été sérieux et précautionneux. Enfin, il imaginait. Être l'aîné d'une fratrie de sept enfants obligeait à développer des aptitudes pour soutenir ses parents et encadrer les petits monstres adorables qui lui servaient de frères et sœurs.

Bill avait donc l'habitude de prendre soin des autres, de s'assurer que personne n'avait oublié une affaire en quittant une pièce et que tout se passait sans anicroches. Il était de bon conseil et une oreille attentive, du moins, il espérait qu'il l'était. Il aimait bien aider les autres, c'était un exercice agréable et naturel. Et il était définitivement l'enfant pour qui sa mère pouvait relâcher la tension qui pesait sur les épaules de tout parent. La seule chose un peu folle qu'il avait entreprise et qui avait un peu paniqué sa mère, c'était ses voyages et le fait de travailler à l'étranger.

Travailler en Egypte, vivre loin du cocon familial et se découvrir autrement avait été une libération. Bill aimait apprendre de nouvelles langues, s'adapter à d'autres façons de vivre, être seul et se faire de nouveaux amis. Lorsqu'il était rentré en Angleterre cette année, il avait été presque dépaysé. Six ans loin du pays de ses aïeuls faisaient souvent cet effet. Même s'il n'était pas sûr de continuer toute sa carrière à Gringotts en Angleterre, il était content d'avoir rencontré des collègues aussi sympathiques. Dobby était adorable. Nick était le gobelin le plus adroit et hilarant qu'il connaissait. Genny était une cracmol québecoise férue de romans. Elle faisait toujours les plus belles présentations et ses statistiques avaient changé l'orientation de leurs projets plus d'une fois.

Et Fleur était Fleur. Son manque de mots était déjà suffisant pour comprendre l'effet de sa présence sur lui.

Gringotts, à la différence de nombreuses autres entreprises, avaient une diversité d'employés des plus enrichissantes. Les elfes de maisons, les gobelins, les gnomes, les vampires et les sorciers se côtoyaient sans difficulté et travaillaient pour le même objectif. Protéger les trésors du monde. Les nouvelles lois sur les créatures passées après une révolution qui avait eu lieu peu de temps après la chute de Voldemort en 1980 n'avait pas entériné la fin de toutes les discriminations dans le monde sorcier. Mais de belles avancées avaient eu lieu depuis, grâce à la résilience et le courage de bons nombres d'individus.

Bill se perdait. Il devait penser à ne pas inquiéter ses parents. Et donc il devait les appeler pour leur dire qu'il n'était pas certain de pouvoir arriver à temps pour les fêtes. Il commettait une telle trahison ! La règle était qu'on fêtait toujours Noël au Terrier. Bill était le plus responsable de la fratrie. Il n'aurait pas dû manquer cette occasion.

Charlie avait déjà fait entorse à ce serment sacro-saint deux fois depuis sa naissance mais personne n'était choqué plus que ça.

Charlie était une personne sensible, rêveuse, qui ne vivait que pour sa passion: les dragons. Il n'était jamais plus beau et fort que lorsqu'il était près d'eux. Lorsqu'il lui avait rendu visite à la Réserve pour la première fois, Bill avait été soufflé par sa beauté et par sa joie. Il se souvenait de Charlie, si petit contre lui, dans leur lit, de ses larmes alors qu'il lui disait qu'il ne voulait plus porter des jupes ou garder son nom. Lui qui avait craint de faire souffrir ses proches. Tout avait été englouti par son courage. Bill était si fier de ce que Charlie était devenu. Il ne l'avait pas vu depuis deux mois. Depuis son retour à la Réserve roumaine avec sa fiancée Tonks.

Son frère lui avait dit au téléphone qu'ils annonceraient enfin une date pour leur mariage à Noël.

Charlie ne serait pas le seul à venir avec sa bien-aimée. Percy était enfin accompagné d'Oliver. George d'Angelina. Fred ne ramènerait définitivement pas un de ses nombreux coups d'un soir. Quel gigolo alors qu'il n'avait que dix-sept ans ! Ron serait avec Hermione. Il n'y avait que Ginny et lui qui seraient seuls ce réveillon.

Bill se posta devant la cheminée de sa chambre d'hôtel pour contacter sa famille. À travers les flammes, il découvrit le visage rond et chaleureux de sa mère qu'il trouvait toujours aussi rayonnante malgré les rides. Il lui expliqua qu'il ne pourrait peut-être pas arriver à temps à la maison même si son vol retour était le vingt-quatre. Tous ses cadeaux étaient déjà sous le sapin au cas-où.

«Oh, ça m'inquiète que tu te retrouves tout seul à Noël ! C'est une fête en famille. Tu ne te sentiras pas trop mal là où t'es ‽ Tes collègues ne sont pas méchants ? J'ai toujours pensé qu'ils vous faisait trop travailler à Gringotts !

—Ne t'en fais pas Maman. Tout se passe à merveille et je suis bien entouré. Je te ramènerai du sirop d'érable.

— Fais attention à toi, Billy. Tout le monde te fait de gros bisous ! » l'embrassa virtuellement sa mère avant de disparaître sous les flammes.

Bill se sentait un peu coupable. Il n'avait pas osé dire à sa mère que c'était lui qui avait sauté sur l'offre de leur chef Severus Snape. Il n'avait pas pu refuser la demande de son supérieur d'assister à un congrès de conjureur de maitre des potions, spécialiste en magie noire, travaillait beaucoup trop et n'avait pas pris de vacances depuis des lustres.

Se dorer au soleil ferait du bien à son teint de cadavre. Severus les méritait ses vacances à Bali avec son amoureux !

En plus, Bill avait toujours voulu visiter le Canada. Genny lui avait dit que les paysages étaient à couper le souffle. Et Montréal était une ville exaltante.

Il n'était pas à la bonne saison pour voir les feuilles d'érables chuter et habiller le monde de couleurs ocre et orangée, mais il avait vu la neige, plus rugueuse, pleine et douce que celle qui tombait à Londres ou à Stockholm. Ils avaient même assisté à un match amateur de hockey sorcier avec Fleur la veille.

Bill n'y connaissait rien, mais il s'était beaucoup amusé à regarder les joueurs se battre pour attraper le palet magique qui n'en faisait qu'à sa tête. Cela avait été une belle soirée. Tout le voyage était plus amusant et drôle avec Fleur à ses côtés.

Depuis qu'elle avait rejoint leur équipe deux ans plus tôt, la jeune sorcière avait attrapé le cœur de beaucoup de monde. Et Bill était certain que ce n'était pas à cause de son statut de vélane quoi qu'elle en disait. Fleur était rayonnante, pétillante, sûre d'elle, sarcastique et compétente. Elle ne se laissait pas marcher sur les pieds. Toute personne qui la traitait comme une poupée de porcelaine bonne à être exhibée se faisait remettre à sa place de la plus élégante et brutale des façons.

Pour ne rien arranger, Fleur était sublime. Il n'y avait pas de meilleur mot pour décrire ses yeux bleus. Ils étaient d'une clarté si limpide que toutes les batailles qui se jouaient dans son esprit semblaient réhausser la pureté de son regard. Ses cheveux blonds étaient d'une longueur affolante, d'une épaisseur soyeuse qui lui donnait envie de fourrer sa main à l'intérieur de cette toison dorée. Son nez retroussé était adorable et ses lèvres fines plus que tentantes. Alors que son esprit divaguait vers des contrées dangereuses, on frappa à la porte de sa chambre. Trois coups légers mais fermes. Il les reconnaîtrait entre mille. C'était les mêmes sons que lorsqu'elle frappait à son bureau.

Il ouvrit la porte et tomba sur le sourire enjôleur et lumineux de Fleur. Elle portait un col roulé turquoise et une mini-jupe en laine brillante qui mettait en valeur sa taille fine, ses jambes interminables recouvertes de fins collants opaques. Bill maudissait les sorts de chaleur. Il devait rester fort et détourna le regard pour ne pas bafouiller comme un adolescent.

« T'as eu la force de dormir après l'incroyable nuit qu'on a passée ensemble ? demanda Fleur avec son léger accent français qui le faisait toujours fondre.

— Pardon ? » demanda-t-il, perdu.

Si Bill avait passé une nuit à la laisser faire de lui son jouet, il s'en serait souvenu, même au bord d'un coma éthylique.

« Le match d'hier, marmonna-t-elle, alors que le rouge commençait à mordre ses pommettes.

— Ah ! Tu n'avais pas l'air tant intéressé par le match donc je ne pensais que t'aurais autant apprécié, répondit-il tranquillement en se concentrant sur son regard.

— C'était sympa. Lockhart nous attend en bas. Je me disais qu'on pourrait faire un détour pour reprendre un bagel.

— Je prends mon manteau et je te suis. »

Lorsqu'il la rejoignit, il ne manqua pas le balancement sensuel de ses hanches.

Bill devait bien s'avouer qu'il ressentait peut-être un attachement plus qu'amical pour la jeune femme.

Plus il se rapprochait d'elle, plus il en apprenait sur ses goûts, sa vision de la vie, ses rêves et ses espoirs et plus il tombait amoureux de Fleur. C'était gênant. Une relation entre collègues de travail, c'était se fourrer dans une montagne de problèmes potentiels s'ils finissaient par rompre, mais c'était plus fort que sa volonté. Bill n'avait jamais désiré autant quelqu'un depuis lui.


Juin 1988

Bill était déjà sorti avec quelques filles. Ce n'était pas des histoires sérieuses mais cela lui faisait du bien de décompresser en serrant quelqu'un dans ses bras. Il avait toujours été occupé par ses études, par ses rêves et ses ambitions. Il y avait peu de places dans la formation de conjureur de sorts. Dès qu'il avait compris que c'était ce qu'il voulait faire en quatrième année, il avait travaillé d'arrache-pied pour atteindre son objectif. Ses amis étaient admiratifs du travail colossal qu'il avait entrepris. Lui les chérissait pour l'avoir soutenu dans ses journées interminables à la bibliothèque.

Toutes ses séances de révision à Poudlard étaient sans doute responsables du fait qu'il ne s'était jamais posé de questions sur son orientation sexuelle. Les contours chauds d'une femme, sentir une poitrine entre ses doigts, se perdre dans des courbes luxurieuses étaient agréables.

Mais ce ne fut qu'avec un pénis dans la gorge qu'il se rendit compte à quel point coucher avec un autre garçon était une expérience tout aussi divine. Le goût du liquide séminal dans sa bouche, la sensation de plénitude qui le décharnait alors qu'on le guidait. C'était bon d'être pris ainsi, conduit ainsi. De ne penser à rien d'autre qu'ouvrir la bouche, lécher la peau, se laisser envelopper par les muscles et l'odeur aussi électrisante qu'un feu de bois. Les mouvements étaient brutaux, tremblants. Il ne voyait presque rien dans ce placard. Pourtant, Bill était dur. Et ce n'était pas juste à cause de l'alcool. Il entendait à peine les bruits des couloirs du château. Les rires alcoolisés et les sorts intempestifs. Son esprit était vide et il se perdait en entendant les grognements s'échapper de la voix ensorcelante de Myron.

Le chanteur l'avait marqué depuis sa première année alors qu'il n'était même pas dans la même maison. Avant même qu'il ne soit connu, la voix de Myron l'avait chamboulé. Dire que jusqu'à présent, Bill n'avait pas compris que l'intérêt qui perçait son cœur n'avait rien de fraternel. Il adorait ses yeux profonds comme de l'encre, sa peau d'une pâleur entêtante et ses cheveux noirs si lisses, aussi fins que des fils d'or.

Même s'il ne lui avait jamais adressé la parole, le Serdaigle était plutôt mignon avec son visage aux traits fins, son nez aquilin, le grain de beauté sur sa pommette gauche et ses petites fesses fermes dans son pantalon en cuir moulant qui se devinait malgré la cape.

Il était tant de s'avouer que Bill n'avait fait que le mater pendant tous ses cours de sortilèges. Bill avait fixé le mouvement tendre de sa baguette lorsqu'il invoquait des charmes non pas parce qu'il voulait s'inspirer de sa technique mais parce que ses mains étaient plus grandes et masculines qu'il ne l'aurait pensé.

Myron Wagtail n'était pas charmant uniquement lorsqu'il était sur scène avec son groupe. Il l'était tout le temps. Même lorsqu'il était dominant de cette manière et qu'il se répandait dans sa gorge par à-coups et serrait ses mèches rousses avec force.

« Merlin, Bill ! T'es parfait…» gémit-il.

Oh.

Bill avait joui. Sans même s'être touché. Parce que Myron l'avait complimenté et appelé par son prénom.


Fleur

Être une sorcière vélane exposait à un tas de situations désobligeantes. Entre les sorciers graveleux qui la fétichisaient, ceux qui la méprisaient à cause de son statut de créature ou celleux qui faisaient semblant de succomber à son charme mystique pour faire un scandale lorsqu'elle les rejetait, Fleur devait sans cesse être sur ses gardes. En grandissant, elle avait appris à faire un pied de nez à toutes les supposées règles qui lui disaient de rester à sa place et de trouver un métier dans l'art, le spectacle ou la décoration comme toutes les jolies petites blondes comme elle. Même si Fleur était fière des vélanes comme sa mère qui devenait les reines de leur discipline de prédilection, elle avait d'autres rêves. Monter les échelons de Gringotts et découvrir tous les secrets des sorts les plus complexes. Elle voulait découvrir le monde, apprendre une ribambelle de choses pour pouvoir amasser un maximum d'argent, quitter ses fonctions et être libre comme l'air.

C'était la raison pour laquelle elle avait postulé à Londres et avait réussi avec brio son entretien avec le terrifiant et implacable Severus Snape.

Fleur se rappelait encore de sa joie à l'idée de rencontrer l'équipe fermée avec laquelle elle travaillerait.

Elle avait d'abord rencontré Genny qui avait été adorable, Dobby et Nick. Puis elle avait dû rentrer dans le bureau de Bill. Et Fleur était tombée dans ses bras. Littéralement. Ses escarpins s'étaient pris dans la moquette.

Et elle s'était écrasée de tout son long sur lui, l'entraînant dans sa chute.

Elle en avait été mortifiée. Toute sa classe et son chic calculé s'étaient fracassés en une fraction de secondes dans cette situation digne de n'importe quelle histoire romantique à deux balles.

Fleur s'était excusée dans un baragouinage de français et d'anglais et Bill avait ri. Son rire surpris était aussi éclatant qu'un feu d'artifice et avait fait vibrer sa poitrine. Puis elle avait croisé son regard et avait commis la deuxième erreur digne d'une héroïne de soap opera. Elle était tombée amoureuse au premier coup d'œil comme une imbécile. Mais comment faire autrement alors qu'elle pouvait sentir sa musculature sous ses doigts, détailler chacune des tâches de rousseurs et des poils sur son visage, se noyer dans l'océan de ses yeux. Fleur avait été tellement chamboulée que ses ailes avaient failli surgir de leur propre chef. Elle s'était relevée avec son aide en s'excusant à nouveau.

« Je ne suis pas aussi potiche habituellement, monsieur Weasley. Encore désolé.

— Ce n'est pas la peine de s'excuser autant. Et personne ne se vouvoie ici à part avec Monsieur Snape. Tu peux m'appeler Bill. Je suis ravie de te compter parmi nous, Fleur. »

Son aura était aussi calme qu'un ciel sans nuage. Il avait frôlé des yeux son badge sans pour autant s'y attarder afin de retenir son prénom. Il était la première personne depuis son arrivée qui n'avait pas écorchée la fin de son nom. Debout, face à lui, elle se rendit compte qu'il était beaucoup plus grand et massif qu'elle ne l'aurait cru. Elle se sentait toute petite mais pas pour autant en danger. Elle lui serra la main sans contenir le sourire joyeux qui l'a pris.

Jour après jour, Fleur s'était intégrée à l'équipe et avait fini par découvrir qui était Bill. Jour après jour, sa fascination pour lui augmentait de manière exponentielle. C'était une perle. Il était gentil et mesuré. Il faisait attention aux personnes autour de lui. Il était compréhensif, savait rire aux bonnes blagues, était respectueux et ne supportait pas les injustices. Il défendait toujours les membres de son équipe sans utiliser de gants. Il partageait la même passion qu'elle pour les sortilèges et les voyages. Malgré sa façade lisse et mesurée, il était aussi d'une maladresse intolérable. Bill perdait toujours ses élastiques et avait du mal à retrouver ses stylos, malgré tous les efforts qu'il mettait en place pour ne pas les égarer. Et ce genre de situation où il ne contrôlait pas tout, provoquait toujours chez lui une légère panique qu'elle trouvait craquante. Elle souhaitait qu'il se détende et qu'il se fasse moins de soucis pour tous ses proches. Il était si tendre. En plus, il cuisinait comme un dieu. Que demander de plus ?

Son instinct lui hurlait de faire de Bill son compagnon. Fleur ne pouvait pas continuer à nier qu'elle s'était imaginée plus d'une fois dans des situations salaces avec lui. Qu'elle voulait découvrir le Terrier dont il lui avait parlé, rencontré tous ses frères et sœurs, le présenter à sa propre famille.

Fleur ne pouvait pas se marier avec lui au bord de la mer avec un bouquet de jacinthes si elle ne lui avouait pas ses sentiments.

Cela faisait un mois qu'elle était sur l'affaire et la situation devenait insupportable. Fleur craignait de briser cette amitié qui lui était chère. Elle avait redécouvert Londres avec lui et il faisait partie des personnes qui comptaient à ses yeux.

Fleur avait tenté plein de choses pour lui montrer son intérêt mais il était aveugle ou pas intéressé. C'était désespérant.

Au dernier gala du Ministère où une ribambelle de plats aux noms plus ridicules les uns que les autres s'étaient succédé, Fleur avait pensé à le prendre par le col et l'entraîner derrière un rideau pour qu'il la baise fort. Mais elle avait dû se raviser en se rappelant qu'elle ne pouvait pas l'envouter sans son consentement. C'était illégal et immoral. Et Bill ne lui ferait plus jamais confiance. Elle avait tellement honte d'avoir eu une idée pareille alors qu'elle le tenait en aussi haute estime.

C'était un miracle de Noël ce qui se passait en ce moment. Elle avait Bill rien que pour elle au Québec dans un bel hôtel et ils amassaient plein de nouvelles informations et de connaissances à leur congrès très intéressant. Lockhart et sa fille étaient les seules ombres au tableau, mais il suffisait de les ignorer pour passer un bon séjour. Que demander de plus que pouvoir découvrir l'homme de ses rêves dans un autre environnement ? D'accord, sa mère avait été folle de rage en découvrant qu'elle ne serait peut-être pas là pour les fêtes mais elle couvrerait ses parents, ainsi que ses frères et soeurs, de cadeaux pour se faire pardonner. Sans ce voyage, elle n'aurait pas pu imaginer le corps musclé de Bill dans un des pantalons très moulants de hockeyeur professionnel. Sa tante Géraldine ne lui aurait pas offert une image de cette envergure.

Fleur voulait Bill depuis des lustres. Et sa part vélane était plus qu'en accord avec elle. Il suffisait juste que le concerné arrête de faire l'autruche ou alors qu'il la rejette une bonne fois pour toute. Penser au manque de réactions de Bill était agaçant. Dire sa phrase pleine de sous-entendues sans qu'il ne réagisse était encore pire. Fleur avait espéré qu'en la prononçant, le roux perde pied et rougisse. Mais non. Bill était toujours aussi raisonnable et d'un calme sexy et horripilant ! Il l'avait fixé avec ses prunelles océan comme s'il pouvait sonder son âme. Et c'était Fleur qui s'était retrouvée à bafouiller comme une imbécile. Si ça se trouve, elle se faisait des films et devait abandonner. C'était insupportable de succomber ainsi, de se tordre de désir et d'appréhension à chaque fois qu'il était prêt d'elle. C'était Fleur qui était censée envoûter les gens avec son charme. Quel sort Bill Weasley lui avait-il lancé ?

Fleur n'avait pas désiré autant quelqu'un depuis lui.


21 Juin 1993

Fleur était fan des Bizarr' Sisters depuis leur début de carrière. Avant même qu'ils ne soient connus à l'international et ne fassent salle pleine dans tous les pays qui avaient l'honneur de les recevoir.

Fleur se rappelait encore de la première fois qu'elle les avait rencontrés. Ils distribuaient des prospectus devant un bar alors qu'elle faisait des courses avec sa tante. En jeune touriste qui avait du temps à perdre, elle lui avait demandé si elle pouvait revenir écouter cet étrange groupe le soir. Elle avait accepté car elle était beaucoup plus détendue que sa mère. Et ce premier concert avait changé sa vie. C'était le jour où Fleur était tombée amoureuse de leur musique et de la passion qui émanait du groupe. C'était le jour où elle avait rencontré Myron.

La salle n'était pas pleine alors qu'ils jouaient. Fleur se souvenait encore des accords des basses, des battements de cœur de la caisse, du violon et du luth qui vibrèrent à l'unisson dans une apparition presque onirique. Elle se souvenait surtout du soprano de Myron qui avait déchiré l'espace et s'était engouffrée dans chaque morceau de son cœur brisé et écartelé d'adolescente qui ne savait pas qui elle était ni ce qu'elle voulait.

Fleur avait succombé face à la ballade pop-rock du groupe. Elle avait pleuré face au cri d'amour pour un garçon aux cheveux de feu.

À la fin du concert, elle n'avait pas pu s'empêcher d'aller les voir pour les féliciter. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il lui propose chaleureusement de continuer la suite du dîner avec eux dans le petit bar. Fleur n'avait pas cru non plus qu'ils avaient à peine trois ans de plus qu'elle. Le groupe de neuf était tellement impressionnant et lumineux qu'elle n'y avait pas cru. Fleur ne se serait jamais doutée que Myron était aussi introverti et doux.

Il était incroyablement mignon, avec ses boucles d'oreilles qui pendait comme deux larmes qu'il aurait arraché aux joues d'un inconnu. Il avait dans ses mouvements une grâce saccadée qui fascinait Fleur. Il lui avait appris que c'était lui qui avait écrit les paroles. À chaque fois qu'il ouvrait la bouche avec enthousiasme, c'était pour parler de musique. Et Fleur avait été fascinée par ses élans passionnés.

Ils avaient échangé leur mail. Et depuis, ils étaient devenus des compagnons épistolaires. Ils partageaient leurs rêves, leurs espoirs, leurs galères. Myron et Fleur étaient devenus amis. Fleur avaient vu les Bizarr' Sisters grandir de jour en jour, des étoiles plein les yeux. Et elle connaissait chacune des chansons de leurs albums.

À chacun de ses pas, de ses exploits, de ses révisions, leur musique l'accompagnait. Fleur était danseuse. Et elle avait bougé sur chacun de leurs sons.

Fleur était l'une de leurs premières fans. C'était la raison pour laquelle elle trépignait d'impatience, malgré le froid et la pluie. La foule était monstrueuse en face du Zénith et Fleur se demandait si tout le monde réussirait à entrer avant le début du concert.

Elle se fichait de devoir user de sorts de séchage et de chaleur beaucoup trop fréquents. Elle n'attendait que de s'engouffrer dans la bâtisse rouge pour revoir à nouveau devant ses yeux, la magie de son groupe de musique préféré.

Myron lui avait envoyé sa place VIP. Elle avait une vue imprenable sur la scène. Le cœur de Fleur battait la chamade. Et lorsqu'ils apparurent enfin, elle hurla à plein poumons comme la ribambelle d'âmes dans la fosse.

À la fin du concert, Fleur se rendit à l'after-party où le gratin du showbiz mais surtout les Bizarr Sisters se trouvaient. Dans la cacophonie et le bordel ambiant, elle finit par retrouver Myron.

Fleur n'aurait pas pensé que le revoir aurait secoué son cœur de la sorte. En le revoyant en vrai, non pas sur une affiche ou une page de journal, Fleur s'était rendue compte qu'elle l'aimait.

Myron était plus beau que sur n'importe quelle affiche. Dès qu'ils s'étaient vu, ils s'étaient trouvé un coin caché pour parler ensemble. Dans l'exiguïté de leur cocon, elle avait pu se gorger de son parfum semblable à un feu de bois à peine consumé. Myron était doux. Son rire aussi musical que sa voix. Sa mélancolie encore plus chérissable que celle retranscrite dans ses chansons. Lorsqu'il lui avoua que c'était son plus beau cadeau d'anniversaire, elle à ses côtés, en ce dernier jour de leur tour d'Europe, Fleur l'embrassa.

Sa bouche était encore plus brûlante que son odeur. Elle s'engouffra entre ses lèvres pour danser avec sa langue et se repaître de sa salive. Il saisit sa taille avec une possessivité qui la fit trembler. Puis Myron les fit transplaner avec un sort informulé.

Ils atterrirent sur son immense lit. Chacune des couches de vêtements dont ils se débarrassaient étaient les étapes qui faisaient peu à peu perdre à Fleur toutes ses réserves. Myron était beau avec sa taille fine, son immense tatouage d'aigle sur le bras, sa peau d'albâtre qui reflétaient la lune, ses jambes élancées, qui se mêlaient avec souplesse aux siennes, ses longs cheveux noirs qui pleuvaient sur son visage.

Ils se déhanchaient l'un contre l'autre et sentir son sexe chaud et gonflé contre son entrejambe la fit gémir de plaisir. Fleur avait envie de lui faire tellement de choses. Elle approcha son bassin de son pubis d'un mouvement sec, commença à parcourir ses fesses de ses mains. Elle voulait qu'il la prenne et le prendre à son tour. Elle voulait…

« Fleur, est-ce que je peux te prendre ? S'il te plaît… souffla Myron. Après… tu pourras faire tout ce que tu veux, j'ai des jouets dans ma commode. »

Elle hocha la tête avec ferveur avant de l'intimer de faire ce qu'il avait demandé. En un instant, il se trouva entre ses jambes et la lécha tel un naufragé.

C'était indescriptible, sa langue à l'intérieur d'elle qui jouait avec son clitoris, qui pénétrait entre ses muqueuses palpitantes. Ses grandes mains qui jouaient avec ses seins, qui caressaient son ventre, l'écartelaient de plaisir. Elle jouit alors que son clitoris était sucé avec dévotion. Ses lèvres étaient humides, toutes ses terminaisons nerveuses encore vibrantes à l'instant où son sexe s'enfonça en elle. Myron était lent, gonflé à l'intérieur d'elle et prenait un malin plaisir à la sentir s'enserrer autour de lui avec cette envie désespérée d'être défoncée. Il explorait avec tant d'attention chacune des particules de son être. Fleur se liquéfiait. Elle se sentait si bien qu'elle était au bord des larmes.

« Est-ce qu'on peut… changer de position ? murmura-t-elle, flottant dans une marée de plaisirs. Je veux… plus… »

Myron ricana avec tendresse puis la laissa l'allonger sur le lit pour le chevaucher. Dans cette nouvelle position, Fleur avait l'impression de l'avoir à sa merci et il ne pouvait regarder qu'elle. Ça réveillait un tel plaisir à l'intérieur de son ventre, qu'elle n'hésita pas à s'empaler à une vitesse qui lui coupa le souffle. C'était bon. Il était si profond à présent. Elle commença à bouger.

Sa nature vélane chantait de contentement. Et lorsqu'elle atteignit encore une fois l'extase, avec une vue sur son visage tendu vers elle avec cet amour tendre et incommensurable, Fleur perdit pied. Et ses ailes se déployèrent à l'instant où elle toucha le ciel.

Pendant un fraction de secondes, Fleur craignit qu'il ne s'enfuisse mais elle le sentit se répandre à l'intérieur d'elle. Elle gémit de plaisir. Toute cette stimulation la rendait folle. Il bougea légèrement et la friction la souffla à nouveau.

Fleur ne put empêcher un piaillement beaucoup trop animal de s'échapper de ses lèvres alors que ses cheveux flottaient autour d'elle.

« Tu es magnifique… souffla Myron avant de fondre en larmes

Myr… je crois que je t'aime. » pleura-t-elle à son tour.

Elle était tout aussi bouleversée que lui. Elle ne voulait pas que la nuit s'effiloche. Fleur l'enlaça comme s'il s'agissait d'un mirage. Et Myron la laissa jouer avec lui et le pénétrer avec un abandon que l'on offrait que lors d'adieux inéluctables.

Après cette nuit gravée dans sa mémoire, ils continuèrent de s'écrire, malgré les kilomètres. Mais Fleur devait se faire une raison. Elle n'était qu'une fille banale et Myron méritait quelqu'un qui pourrait partager la lumière et les spotlights avec lui. C'était mieux qu'ils restent amis même si cette nuit avait été la plus belle de sa vie. Même si Myron avait écrit une chanson à son nom.


Myron

C'était leur dernière répétition pour le dernier concert de la tournée au MTELUS. L'ancienne discothèque venait d'être reconvertie en salle depuis peu mais Myrton aimait tout de même l'acoustique et son architecture emplie d'histoire. Il était vraiment tombé amoureux du Québec depuis qu'il y avait mis les pieds et y avait même acheté un bâtiment pour y séjourner seul lors de ses rares vacances.

Les Bizarr' Sisters fêtaient leur Noël ensemble depuis que leur carrière avait commencé a décollé six ans plus tôt. Ce serait la première année qu'ils seraient tous séparés. Chacun retournait auprès de leur famille ou de celles qu'ils avaient construites. Et Myron était terrifié, putain. À part le groupe, il n'y avait personne dans sa vie. C'étaient ses amis et la musique qui avait donné du sens à son existence. Il n'avait pas de famille. Il avait vécu dans un orphelinat sorcier perdu au fin fond de l'Irlande du Nord avant son entrée à Poudlard. Il n'y avait que le vieux piano de son dortoir et les cours de musique, un peu pourri, du professeur du village qui lui avait permis de tenir jusqu'à ses onze ans. Si Poudlard était devenu sa maison, c'étaient grâce à ses camarades de chambre Heathcote et Merton. C'étaient avec eux qu'il avait commencé à imaginer ses premières chansons et que les Bizarr' Sisters étaient nés. Lors du recrutement des autres membres, ils avaient rencontré Orsano, Donaghan, Kirley, Gideon et Herman. Tous des gars de différentes maisons mais animés par la même passion et l'envie d'éclater toutes les conventions et de briller. Ils en avaient parcouru du chemin tous ensemble. Myrton n'aurait pas survécu à leur succès sans eux. Il n'aurait pas pu supporter toutes ses pressions constantes sans eux, non plus. Les Bizarr' Sisters, c'étaient sa famille. Même si ses deux meilleurs amis lui proposaient comme chaque année de passer Noël ensemble, Myrton avait refusé. Il voulait laisser à Heathcote et Merton la nuit de fiançailles qu'ils n'avaient pas pu s'offrir à cause de leur tournée. Il voulait qu'ils partagent ensemble un réveillon de Noël des plus sensuels. Même si lui passerait son réveillon seul dans son appartement trop grand.

Ce n'était pas parce qu'on était élu le chanteur le plus sexy de l'année et qu'on chantait des chansons d'amour à longueur de temps qu'on était forcément le plus gâté par la vie.

« T'es sûr de pas vouloir passer Noël avec nous ? demanda Heathcote en accordant sa guitare.

— Oui, certain.

— On devrait te trouver quelqu'un Myr. C'est grave de jouer pour les deux camps et d'être aussi seul… T'as toujours pas oublié la petite Fleur ? demanda Kirley.

— Il a pris huit piges pour oublier l'autre roux donc franchement…

— Ah oui, il s'appelait comment déjà, Whistle ‽

— Mais laissez-moi tranquille un peu ! s'exclama Myron, mort de honte.

— On parle pour ton bien. Tu devrais au moins baiser à droite à gauche pour te soulager un peu. Tu vas exploser…

— Je suis pas un Casanova comme toi, Orsano. J'aime pas le sexe comme ça.»

Myron ne ressentait presque jamais de désir pour des inconnus. Tant qu'il ne créait pas de liens forts avec quelqu'un ou ne ressentait pas un intérêt dès le départ, sa main et ses jouets étaient toujours plus agréables qu'un autre corps. Il craignait aussi le rejet, le fait d'être abandonné ou d'être utilisé pour cocher le bingo de la réussite en couchant avec une star.

Myron n'avait pas désiré une liste interminable de personnes dans sa vie. À part eux.

Bill était le béguin à sens unique qui l'avait poursuivi toutes ses années de scolarité à Poudlard alors qu'il était un frêle adolescent timide qui savait à peine marcher droit et qui n'y connaissait rien au sexe.

Sa surprise avait été grande lorsque la première chose à laquelle il avait pensé en se masturbant, avait été le corps du roux qui volait sur son balai lors du cours de charme à l'extérieur. Il n'avait fait que ça pendant toute sa scolarité, tenter d'éviter ce garçon super mignon, grand, au rire chaud et au sourire solaire. Il était tout ce que Myron n'était pas. Posé, sûr de lui, chaleureux comme une torche. Un jour à la sortie des cours, il avait senti son odeur. De la cannelle. Même son odeur avait un côté domestique, plein d'une douceur familiale qui lui retournait le cœur.

Myron avait vu que Bill ne sortait qu'avec des filles donc il avait préféré ne pas s'aventurer sur ce terrain ou même tenter de s'approcher trop prêt. Il n'avait pas voulu brûler ses ailes tel un papillon inconscient de la dangerosité des flammes. Sauf qu'il avait flanché au bal de fin d'années et la dernière soirée post-Aspic qui avait suivi. À l'instant, improbable, où il s'était retrouvé seul et où Bill l'avait été aussi, il avait tenté sa chance. Il n'avait plus rien à perdre et il ne se reverrait jamais de toute façon. Un brin éméché, Myron l'avait dragué lourdement. Et Bill l'avait suivi. Ça avait été sans contexte l'une des meilleures nuits de sa vie. Malgré l'obscurité, le manque d'habitude, l'exiguïté et la difficulté à le pénétrer en absence de lubrifiant et avec des sorts plus que limites. Même si Bill ne s'en souvenait sûrement pas et que Myron n'aurait jamais eu le courage de le faire sans beaucoup trop de verres de tequila. Il avait réalisé son fantasme avant de quitter Poudlard. Et Myron l'avait gravement regretté puisqu'il lui avait fallu deux ans pour oublier les gémissements de plaisir de Bill et d'arrêter de penser à lui à chaque fois qu'il mangeait un gâteau à la cannelle.

Fleur était sa meilleure amie. Sa première fan et son roc. Même s'il ne se voyait quasiment pas, même s'il ne faisait que s'écrire, ses mots, sa présence, son rire et son corps avaient habité ses pensées d'une telle sorte qu'il n'imaginait plus sa vie sans avoir de ses nouvelles. Il l'aimait tellement fort que ça l'étouffait presque. La nuit où il avait eu l'impression qu'aimer était une expérience proche du mystique, cela avait été dans ses bras. Elle était lumineuse, drôle, sûre d'elle. Myrton voulait tout lui offrir mais lui demander d'être sa petite amie serait trop cruel. Vivre loin des caméras, cachée pour protéger sa propre carrière à Gringotts et sa crédibilité. C'était égoïste de demander une telle chose. Il ne pouvait pas le faire même si à chacun de leurs messages, Myrton voulait lui écrire qu'il l'aimait.

Fleur et Bill étaient les seules personnes avec qui il ne s'était pas senti aliéné en se mettant nu. Les seuls qu'il avait eu envie de toucher avec autant de déférence, où le sexe avait été plus que l'union de deux corps. Myron ne recherchait pas une relation dans laquelle il ne pouvait pas posséder et être possédé en retour. Il voulait offrir son cœur comme il s'était donné à la musique.


Bill

Bill avait encore envie de se goinfrer de poutine et de bagels pour les jours à venir. Se perdre encore plus dans Montréal, découvrir le côté moldu et sorcier sans se presser. Bill voulait patiner, flâner dans le parc du Mont-Royal encore un peu avant de retourner en Angleterre. Il voulait observer la neige recouvrant les plantes et les lacs gelés. Bill espérait croiser un castor magique qui aurait retardé son hibernation.

Cependant, il ne s'attendait pas à ce que l'univers soit de son côté. Lockhart s'était trompé de billets pour Fleur et lui. Il leur avait pris un vol par Portoloin pour le 26 et non le 24 décembre comme prévu. Cette erreur ne serait jamais arrivée si c'était Snape qui s'en était chargé. Mais puisque Bill aimait Montréal, il n'était pas aussi énervé qu'il aurait dû l'être.

« Ma fille et moi devons partir du coup. J'ai deux places VIP pour la tournée des Bizarr' Sisters. Vous pouvez vous faire une sortie entre collègues ! » proposa Lockhart avec ses dents anormalement blanches.

À cette proposition, le cœur de Bill battit la chamade. Il tentait de faire semblant de ne pas être retourné par la situation. Il était difficile d'ignorer les affiches du groupe, les goodies qui étaient partout et les chansons à la radio. Mais Bill avait réussi à ne pas se concentrer sur Myron et fantasmer à nouveau sur leur nuit ensemble.

« Je m'y connais pas vraiment…

— On les prend ! » s'écria Fleur avec une excitation surprenante.


Fleur

Fleur n'arrivait pas à croire qu'elle avait une chance de revoir Myron en concert alors qu'elle était seule avec Bill à Montréal. C'était inconcevable. Peut-être qu'elle était l'héroïne d'une romance de Noël sans le savoir. Peut-être bien que c'était le moment pour elle d'être courageuse. De confesser son amour à Bill et de lui dire qu'elle était toujours attachée à l'un des membres du groupe le plus en vogue de la dernière décennie.

Alors qu'ils avançaient ensemble jusqu'à la salle de concert, Fleur ne pouvait s'empêcher de parler et de ressortir ses vieux démons. Sur tout leur chemin depuis le dîner où Bill avait été particulièrement calme, Fleur avait récapitulé toute la discographie des Bizarr' Sisters. Elle lui avait parlé des chansons et inspirations de chaque membre, des fanfictions sur le groupe. De la joie des fans lorsqu'ils avaient appris que le Ship HeathcoteXMerton était bien réel.

Bill l'écoutait avec un regard tendre et une curiosité qu'elle aurait cru impossible pour un sujet pareil. Fleur s'était préparé à ce qu'il la prenne pour une folle.

« Je suis vraiment désolée. Je dois vraiment être une groupie un peu idiote pour toi…

— Pas du tout… C'est rare de te voir encore plus passionnée sur un sujet que d'habitude. Un peu étrange d'entendre la success story d'anciens gars de mon année, mais c'est amusant. Je ne savais pas que Myrton écrivait tous les textes.

— J'ai complètement oublié que tu avais dû les côtoyer à Poudlard ! Ils étaient comment ‽

— Ils animaient déjà les bals scolaires avec leurs musiques. C'était pas mal.

— Tu leur avais déjà parlé ?

— Pas vraiment on n'était pas dans la même maison. Mais je partageais mes cours de sortilèges avec eux…»

Aux derniers mots de Bill, une ancienne confession de Myron surgit de la mémoire de Fleur. Elle espéra que sa supposition était exacte lorsqu'elle lui demanda sans filtre :

« T'as couché avec Myron ‽

— C-comment… ? balbutia Bill, plus écarlate que sa chevelure.

— Tu es le «Fire Hair Boy» ! s'excita-t-elle.

— C'est quoi ça ?

— L'interlude de leur premier album. Peu importe. Tu l'aimais bien ou c'était juste un coup un soir…

— J'avais p'têtre un petit béguin pour lui mais je ne vois pas le rapport avec…

— Je suis la fille du tube «Fleur d'ange».

— La chanson qui est passée sur toutes les radios l'année dernière ?

— Hmm. Myrton est un bon ami.

— Ah. C'est ton ex du coup ?

— On n'a jamais vraiment été ensemble. Ça fait un peu peur de sortir avec une célébrité.

— J'imagine.

— Dis, Bill. Tu aimes les filles aussi, pas vrai ?

— Oui, pourquoi ?

— Ça veut dire que j'ai une chance ? »

C'était le test final. Après toutes ses révélations, Fleur en avait marre de cacher ses sentiments qui débordaient. Fleur savait qu'elle voulait aimer toutes les imperfections de Bill comme il le faisait avec elle. Après tout, il traînait avec elle malgré son amour pour le roquefort, les chaussettes dans le lit et son obsession pour les Bizarr' Sisters. Et ils étaient les seuls du bureau à avoir une passion pour la comptabilité. En plus d'avoir aimé le même chanteur. Il devait exister un univers où ils pourraient sortir ensemble. Fleur en était certaine.

Les crissements de leurs pas dans la neige cessèrent au milieu de leur route alors que Bill la fixait avec une appréhension qui contrastait avec son calme habituel.

« Pourquoi est-ce que tu me poses cette question ? demanda-t-il.

— Parce que je t'aime et que je crève d'envie de sortir avec toi, de me réveiller dans ton lit, de te passer la bague au doigt en bonus, si possible. Si t'es d'accord bien sûr. J'ai pas du tout pensé à t'ensorceler et à t'enfermer dans une grotte avec moi. »

Fleur avait encore trop parlé. Elle le faisait toujours lorsqu'il la fixait et que son cœur cavalait dans sa poitrine. Pourquoi n'était-elle jamais sublime et superbe lorsqu'elle était avec lui ?

Bill pâlit à son annonce et Fleur se préparait à ce qu'il détale à tout moment.

« Même si je t'aime, t'es trop bien pour moi, non ?

— Pardon ‽

— Je veux dire… T'es une vélane, t'as gagné la coupe des trois sorciers, t'es l'une des briseuses de sorts les plus brillantes de notre génération et…

— Merlin ,Bill ! T'as pas vu à quel point toutes les réceptionnistes de l'hôtel ont essayé de te faire de l'oeil ‽ Le facteur du Ministère bave sur toi à chaque fois qu'il dépose des commandes. Même les petites mamies de soixante-dix ans fondent pour tes beaux yeux ! Tout le monde t'adore, compte sur toi, t'admire pour ton adresse et ta gentillesse. Et moi j'ai supplié Snape de t'accompagner en disant que mon français serait utile alors que je comprends rien à l'accent québécois … Peu importe ! Arrête de dire des bêtises et viens m'embrasser !

— Mais…

— Tu m'aimes aussi, non ‽

— Oui mais… le travail ? C'est un peu dangereux de mélanger histoires d'amour et boulot, non ‽ »

Fleur décida d'avancer. Elle saisit l'énorme écharpe autour de son cou, se mit sur la pointe des pieds et plongea dans ses orbites.

« Si tu ne veux pas, dis moi d'arrêter.»

Avec lenteur, au plein milieu d'une ruelle glaciale qui les menaient à leur destination, Fleur pressa ses lèvres contre les siennes. Elles étaient froides. Elles étaient plus charnues que les siennes et si douces. Elle se retira quand Bill ne réagit pas. Puis Fleur étouffa une exclamation de surprise lorsqu'il la saisit par taille pour la plaquer contre son corps et approfondir le baiser.

Elle s'accrocha à son cou et enfouit ses mains en dessous de son bonnet où ses boucles s'emmêlaient. Il sentait bon la cannelle jusqu'au creux de sa joue. Ses pieds n'étaient plus au sol alors qu'elle s'accrochait à lui et que les flocons étaient incapable d'éteindre le feu de joie qui les animait.

Au bout d'un moment, Bill dû la reposerl. L'atterrissage fut un peu rude mais Fleur s'en fichait. Elle était fière de l'état dans lequel il avait mis Bill. Plus de façade calme sur ses traits. Juste une envie criante et échevelée qui le rendait encore plus désirable.

« Toujours envie d'être raisonnable ?

— Non. Mais je te préviens, si je sors avec toi, je te ramène au Terrier au nouvel an et je te force à prendre un des pulls de ma mère. On peut pas rendre un pull des Weasley…

— C'est toi qui devrait avoir peur, Bill, si t'es à moi. C'est clairement pour une durée indéterminée…»

Bill rit. Et son rire rauque résonna dans son esprit encore plus fort qu'à leur première rencontre.

« Bon puisqu'on est sur la même longueur d'onde, on devrait y aller. Ce serait bête de rater le concert de l'année. » déclara-t-il.

Bill lui tendit sa main avec une timidité attendrissante. Fleur la serra. Fort.


Bill

Bill avait du mal à comprendre tout ce qu'il lui arrivait. Tout allait beaucoup trop vite. Fleur l'aimait aussi. Leurs sentiments étaient réciproques. Sa main dans la sienne était un élément assez tangible pour s'assurer qu'il ne rêvait pas. Il avait encore le goût de la langue de Fleur dans sa bouche, son parfum de citron l'enveloppait tel un cocon. Fleur était exubérante, incroyablement fougueuse alors qu'ils avançaient dans le carré VIP. Sa main n'avait pas lâché la sienne alors qu'elle lui avait raconté plus en détail son histoire avec Myron. C'était son amie. Elle l'avait aimé. L'aimait toujours sans doute, mais pourquoi venir ? Fleur était trop heureuse pour enterrer ses sentiments. La foule grondait dans la salle. Et avant que tout explose à l'arrivée des artistes, Bill demanda à Fleur ce qu'elle avait en tête :

« Qu'est-ce que tu attends de ce concert ? demanda-t-il.

— Est-ce que tu ne meurs pas d'envie de revoir Myron ? De savoir ce que vous auriez pu être ? souffla-t-elle tout contre son oreille.

— Qu…

— J'en ai envie. Qu'ils soient avec nous. J'aurais moins peur de tenter une histoire si on est ensemble, tous les trois. »

L'idée surprenante et inconventionnelle se fraya un chemin dans l'esprit secoué de Bill. Les cris et les hurlements s'intensifièrent alors que les spots changeaint de couleurs.

Le sol gronda sous ses pieds à la manière d'un tremblement de terre qui n'attendait qu'une nuée de rêves exaucés pour naître du néant.

Des explosions magiques surgirent des coulisses avant l'apparition des artistes. Et Myron apparut enfin sur scène. Il était encore plus beau que sur les affiches promotionnelles. Plus réel que dans ses souvenirs épars. On aurait dit qu'il était né pour ça. Chanter et envelopper de sa voix, douce et puissante, un public envoûté. Myron était né pour briller. Et en un clin d'œil, Bill fut brûlé par cet astre. Fasciné, le sorcier se moquait de ses futures cicatrices.

Myron

Dès qu'il quitta la scène après les derniers applaudissements, Myron se précipita dans sa loge individuelle au bord de la crise de panique. Il entendit à peine la conversation de ses amis derrière .

« Héé Myron ! C'est la première fois que tu fais autant de fautes de rythme à un concert, t'es sûr que ça va ?

— C'est parce qu'y avait la petite Fleur !

— Il y avait pas son crush de Poudlard au premier rang ‽

— SÉRIEUSEMENT ‽ »

Myron ferma sa porte pour ne pas être assailli par leurs questions en plus de ses sentiments qui dansaient dans son estomac. Qu'était-il censé faire ‽ Fleur ne l'avait pas prévenu qu'elle viendrait à son concert et encore moins au premier rang. Ni qu'elle ramènerait Bill Weasley.

S'il était avec elle, c'était donc son collègue de travail. Celui dont elle était tombée amoureuse depuis un an. Celui dont Myron était jaloux. C'était trop beau pour être réel. Une coïncidence trop énorme pour être réaliste. Était-ce le Père Noël qui exauçait ses souhaits d'amour puisqu'il ne l'avait pas fait quand il était gamin ?

Est-ce que Myron devait tenter de les retrouver, les arrêter ? C'était absurde mais il avait l'impression que c'était sa seule chance de les revoir tous les deux, ensemble. De s'exorciser ou bien de les supplier de le prendre avec lui. De lui laisser une petite place entre eux deux. Myrton avait l'impression qu'ensemble, il pourrait créer quelque chose. À moins que ce ne soit que des fantasmes.

Mais où était donc passé son courage ? Il n'avait qu'à faire la diva et une petite folie pour une fois. Myrton devait juste être assez habile pour éviter les paparazzis.

Myrton demanda par mail à Fleur de l'attendre avec Bill, derrière une sortie de secours. Il enfila son manteau en cuir, ses mitaines fourrées, ses lunettes de soleil puis souffla un bon coup.

Myrton tenta de se persuader que ça ne pouvait pas être pire que monter sur scène. Ce qui était un mensonge éhonté. Il était plus effrayant d'affronter ses sentiments, sa peur du rejet et de la proximité que d'affronter un million de spectateurs.

Myrton allait courir dans les couloirs de l'arrière-scène comme les personnages des téléfilms moldus qui tentaient de retrouver l'amour de leur vie à l'aéroport. C'était ridicule. Mais il allait le faire et tenter d'échapper à leur manager dans la foulée.

Au moment où Cindy frappa à la porte pour s'enquérir de son état et l'appeler pour les réactions post-concert avec la Gazette des sorciers de Montréal, Myrton ouvrit la porte à la volée et s'échappa sans se faire prier.

« MYRTON ! Où est-ce que tu vas ‽ s'écria-t-elle.

— Cours Myrton ! Va baiser sale ! hurla Gideon.

— On dira que t'as la crève ! » s'époumona Kirley.

Ses amis étaient vraiment les meilleurs. Il leur revaudrait ça. De toute façon, Myrton savait qu'ils le soutenaient en partie parce qu'ils raffolaient de potins et d'histoires d'amour.

Dès qu'il ouvrit la porte condamnée sur cette petite ruelle, le vent fouetta son visage. Il manqua de déraper sur une plaque de verglas juste sous ses pieds, mais fut rattrapé in extremis par un bras fort et chaud.

« Rien de cassé ? demanda la voix que Myrton n'avait jamais pu oublier.

— Bill …? » souffla-t-il en se retournant pour lui faire face.

Bill n'avait pas tant changé depuis Poudlard. Il avait juste l'air plus sûr de lui et avait pris du muscle. Il était encore plus beau. Et une vraie œuvre d'art au bras de Fleur qui lui sourit avec cette grâce qu'il aimait tant. Myrton voulait leur dire tant de choses mais il entendit des cris. Ne souhaitant pas découvrir s'il s'agissait de fan, de paparazzis ou pire, de sa manager Cindy, Myron les attrapa par les épaules pour les faire transplaner.


Bill

Dès qu'ils avaient atterri dans l'appartement de Myron, Fleur s'était jetée dans ses bras pour l'enlacer, les yeux embués de larmes de joie. Elle lui disait qu'elle était heureuse de le revoir et qu'elle n'aurait jamais pu l'oublier. Elle lui murmura qu'elle avait retrouvé son premier amour avant de l'embrasser du bout des lèvres sans quitter Bill des yeux.

Bill était figé, hypnotisé et il ne savait pas quel regard le tuerait en premier. Il n'était pas jaloux. Face aux deux seules personnes qui avaient traversé son monde en y imposant une trace indélébile, il ne ressentait qu'un désir féroce.

Fleur brillait comme une torche. La neige derrière les vitres de ce grand duplex coupé du monde, était un arrière-plan qui n'était pas à la hauteur de sa beauté. Avec la magie qui s'échappait de chacun de ses pores, ses ailes immenses, son visage éthéré, libéré de toute l'humanité qui la cadenassait d'ordinaire, Fleur était magnifique. Elle était semblable à un ange. Bill comprenait d'autant plus pourquoi Myron lui avait dédié une chanson. Cette ballade mélancolique la représentait parfaitement. Le cœur de Bill était au bord de ses lèvres. Il n'avait jamais rien compris à la musique. Les seules incertitudes qu'il comprenait étaient celles des sortilèges. Pouvait-il répondre à l'appel de ses deux êtres qui consumaient sa raison ?

On ne se jetait pas sur un presque inconnu. C'était absurde et inconscient de renouer avec un rêve éphémère d'adolescence. C'était inconscient de tenter d'aimer à nouveau un premier amour avorté sans même s'assurer de pouvoir retrouver pied. C'était ce que la petite voix de Bill marmonnait dans sa tête.

Puis, Myron dit son nom et effaça le boucan apeuré qui se répandait dans son esprit.

Myron avait toujours une aussi belle voix. Profonde. Un sourire doux, timide, à mille lieux de l'assurance qu'il projetait sur les pochettes de ses albums. Fleur se décala pour que Myron lui tende la main. S'il l'avait voulu, il aurait pu toucher Bill du bout des doigts. Mais il le laissa faire le premier pas.

Dans un souffle étranglé, Bill avança, figé par l'appréhension.

Et leurs lèvres se rencontrèrent. Enfin. Le goût de sa voix et son odeur qu'il n'avait jamais pu oublier le firent chavirer. Les mains blanches de Fleur frôlèrent son torse comme une plume et Bill succomba. Il laissa ses deux amants le serrer dans leurs bras. Il sentait l'impatience de Fleur à travers le souffle brûlant qui échouait sur son dos. Il sentait son sexe gonfler contre celui de Myron qui mordillait ses lèvres et enserrait sa taille avec une force qui lui donnait le tournis.

Bill était bien dans leurs bras, il voulait se recroqueviller encore plus pour pouvoir se noyer entre leurs deux corps.

Il laissa son cœur battre au même rythme que les leurs alors qu'on l'entraînait jusqu'à la chambre à coucher. Peut-être qu'avec le temps, Bill pourrait s'habituer à les faire siens et se donner tout entier. Sans aucune crainte ou peur du lendemain. Bill pourrait rêver et apprendre à leurs côtés. Apprendre à aimer à en perdre haleine en laissant sa raison au bord du virage que prenait sa vie.

Fin