Vendredi 25 décembre 2020

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"Bénie soit la saison qui engage le monde entier dans un complot d'amour."

Hamilton Write Mabie

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Drago se leva de bon matin, malgré l'heure tardive à laquelle il était allé se coucher. C'était son premier Noël sans les enfants, restés en Grèce avec leur père, et Drago le vivait étrangement bien. Peut-être qu'il se préparait déjà passer moins de temps avec ses enfants, puisqu'Alya commencerait ses études de sorcellerie en septembre prochain.

Il descendit en pyjama, et croisa sa mère dans le salon, occupée à déguster son thé de Noël sans aucune autre distraction que la vue sur le jardin. Elle sourit en voyant Drago entrer dans la pièce.

"Joyeux Noël, maman", lui dit-il en l'embrassant sur la tempe.

"Joyeux Noël, mon fils."

Il se dirigea ensuite vers la cuisine, d'où il sentait émaner une douce odeur de cannelle. Le petit-déjeuner en famille promettait en saveurs.

Narcissa avait passé une année difficile, et Drago avec. Après avoir découvert un cancer du pancréas au stade avancé, il avait fallu enchaîner les rendez-vous en magiethérapie. Elle avait perdu ses cheveux, mais pas sa grâce. Elle n'avait plus eu d'énergie, mais n'avait jamais perdu la flamme dans ses yeux. Narcissa Black, mariée Malefoy, était une femme forte, et Drago était fier d'être son fils. Aujourd'hui, et depuis quelques mois maintenant, elle était en rémission. Le traitement avait fonctionné. Sa prochaine visite de contrôle était prévue en février, et ils croisaient tous les doigts pour que le cancer les laisse enfin tranquilles.

Drago arriva dans la cuisine dans laquelle Harry et Eadgar étaient occupés à nettoyer les traces de farine, œufs, huile et diverses épices utilisés pour la préparation des bonshommes qui cuisait dans le four. Drago enlaça Harry par derrière et posa sa tête dans son cou, respirant son odeur : un mélange de ce qu'il avait cuisiné, de sa transpiration nocturne et de sa fragrance naturelle, difficile à décrire mais propre à lui.

"Joyeux Noël, Harry", lui murmura-t-il.

Son souffle le fit frissonner et son corps s'abandonna totalement à son étreinte. Il se sentait bien avec Drago, et c'était réciproque.

"On a fait des biscuits avec Eadgar", lui dit-il.

"Je vois ça", rit Drago. "Il n'y avait vraiment que toi pour cuisiner avec un elfe de maison. Et il n'y a que toi qu'Eadgar laisse faire."

"A condition qu'Eadgar puisse participer, Monsieur", ajouta le concerné.

Drago rit de plus belle. Il embrassa Harry dans le cou, et ce dernier soupira de bonheur.

Passées les appréhensions du début, leur relation avait repris de bon pied, presque comme si elle n'avait jamais été marquée par dix ans d'écart.

Presque, parce qu'ils avaient bien évidemment changé avec les années. Il avait fallu composer avec les nouvelles habitudes de chacun, mais fondamentalement, ils étaient restés les mêmes. Ils se chamaillaient toujours pour un rien.

Presque, parce que Drago était père, et en garde partagée un mois sur deux. Ce qui signifiait que lorsque ses enfants étaient au Royaume-Uni, ils étaient la priorité de Drago. Quand cela coïncidait cependant avec les congés de Harry, ils partageaient du temps à cinq, en famille. Alya et Janus n'avaient eu aucun mal à l'accepter, passé le choc du Noël 2019 et de la révélation des sentiments de Drago envers Harry. Janus, en particulier, adorait Harry, et ils ne manquaient aucune occasion d'apprendre des techniques de Quidditch ensemble. Alya se prenait même parfois au jeu elle aussi, mais surtout en tant qu'arbitre auto-attitrée. Elle connaissait les règles par cœur.

Presque, parce qu'il y avait leur travail respectif. Harry avait fini par être engagé à Poudlard, comme professeur de défense contre les forces du mal, engagé suite à un congé maladie de son prédécesseur. La malédiction propre au poste semblait s'être arrêtée avec lui puisque, suite à la démission de ce dit prédécesseur, il avait renouvelé pour une année supplémentaire et ne semblait pas prêt à lâcher.

Cet équilibre allait cependant se voir perturbé dès la rentrée prochaine et Drago ne savait pas encore exactement comment Damianet lui allaient s'organiser. Alya avait formulé l'envie d'étudier en Grèce. Probablement reviendrait-elle au Manoir pour les vacances, étant donné qu'elle verrait Damian le reste de l'année. Mais alors, quand verrait-elle son frère ?

"Drago", commença Harry en se retournant pour lui faire face.

Son regard brillait d'une détermination que Drago connaissait trop bien : il obtiendrait ce qu'il voulait.

"Je pensais à quelque chose. J'ai accumulé une belle rente avec la location de la maison", expliqua-t-il. "J'envisage donc m'acheter ma propre maison à Pré-au-lard."

Drago le dévisagea, surpris.

"Je croyais que ça te plaisait de vivre ici durant les vacances."

"J'aime venir ici", confirma Harry. "Mais je ressens l'envie d'avoir mon propre chez moi. Et de pouvoir te recevoir si tu décides de faire un saut en-dehors de mes heures de surveillance."

Drago eut un temps d'arrêt, et finit par acquiescer.

"Je comprends ça."

"Je ne voudrais pas te presser non plus mais… si tu le souhaites, ça pourrait être notre maison", tenta-t-il.

Cette fois-ci, Drago se figea, incertain quant à ce qu'il pensait et ressentait.

"Je sais que tu es attaché au Manoir, et qu'il y a ta mère", poursuivit Harry. "Elle est d'ailleurs la bienvenue, en visite ou pour vivre avec nous. Et évidemment, il y aura une chambre pour Janus et une autre pour Alya. Disons que c'est toi qui vois. Soit c'est un projet personnel et ça me convient d'avoir des logements séparés, soit on en fait un projet de couple. Tant que je suis avec toi, c'est tout ce qui compte."

Drago sentit son cœur s'accélérer. C'était une déclaration d'amour ça, non ? Et une sacrément belle en plus…

Il ne savait pas comment réagir à cette proposition, mais il repensa à la promesse d'évolution qu'il s'était faite à lui-même onze auparavant, et qu'il avait commencé à mettre en pratique il y avait tout juste un an. S'il ne faisait pas les choses différemment, il n'évoluerait jamais. Et il avait bien trop peur que Harry et lui s'éloignent à nouveau jusqu'à se séparer pour prendre le risque de refuser.

Il rompit leur étreinte, attrapa sa main et courut dans le salon. Sa mère le regarda, d'abord étonnée, puis amusée. Il avait la sensation d'être un enfant, un matin de Noël. Pour la première fois de sa vie.

"Maman", lança-t-il d'une voix affirmée. "Harry et moi on va vivre ensemble. Dans notre propre maison."

Un immense sourire éclaira le visage de Narcissa. Elle savait.

"J'attendais ce jour depuis longtemps, et je savais qu'il n'y avait que Harry pour te décider", révéla-t-elle. "Quel joyeux Noël que de te savoir libre de l'influence de ton père, Drago."

Ému, Drago lui prit la main pour y poser ses lèvres.

"Je vous aime, maman."

FIN