NDA : Ne vous excitez pas trop ! Ce n'est pas un chapitre entier.

Bon, un-e certain-e reviewer a mentioné combien ça serait cool si le chapitre d'Halloween sortait pour Halloween. C'est un peu tard, mais… pas loin.

NDT : Moi devant traduire le chapitre de 10k… si, si, ton chapitre est bien assez long.

Ok, je voulais vous sortir ce chapitre pour le 15, mais je ne l'ai pas fini avant, donc à la place sortie surprise pour Noël. Je n'ai absolument rien relu, donc préservez vos petits yeux. Promis, je corrige ça cette semaine, mais j'avais vraiment envie de sortir ce chapitre aujourd'hui. Je travaillais pas aujourd'hui donc je m'étais dit "ouais, on corrigera ça aujourd'hui", puis je me suis faite chopper par une fanfic Marvel (et je devais faire les course parce que tout sera fermé pour la fin d'année. Merlin merci le Japon est pas fou le 25 décembre et qu'on est juste un lundi normal ici. Ça fait tellement de bien de pas être forcée de fêter Noël, les seules personnes à qui j'ai fait des cadeaux c'est ma meilleure amie et vous.) Sur ce, faites un petit saut dans le passé pour profiter d'Halloween !


Chapitre 6

Le festin d'Halloween fut aussi glorieux que celui de l'année dernière, même sans l'excitation augmentée par des feux d'artifice explosant depuis les citrouilles de Poufsouffle. Les sucreries étaient succulentes, les décorations brillantes, et tout le monde s'accordait pour dire que c'était le moment le plus amusant qu'ils avaient passé de toute l'année. Tout le monde sauf, bien sûr, Rigel, qui était incroyablement en retard… encore.

Draco jeta un œil aux portes de la Grande Salle pour la dixième fois de la dernière demi-heure et cette fois, Pansy finalement dit quelque chose :

« Je ne sais pas pourquoi tu agis comme surpris et inquiet, Draco, lui dit son amie de l'autre côté de la table. Il est toujours en retard pour des choses comme ça. »

Il ne pouvait rien rétorquer à ça. Si c'était un cours ou un événement dans lequel Rigel avait une responsabilité qui lui incombait – comme l'entraînement de Quidditch – il était toujours parfaitement ponctuel, mais pour tout le reste… c'était comme si Rigel oubliait tout les concernant et ne se présentait que quand il se trouvait dans la région de toute façon et se rappelait. Bien sûr, Rigel offrait toujours une explication parfaitement raisonnable de pourquoi il n'était pas à un endroit donné plus tôt, mais au contraire, la façon patiente, raisonnable, avec laquelle il s'expliquait frustrait Draco encore plus.

Ce serait une chose si Rigel était une complète tête de linotte et sincèrement navré ou contrarié de s'être présenté en retard ou pas du tout aux événements auxquels tous les autres participaient naturellement – festins, réunions de Maison, la fête d'anniversaire de Draco, et ces derniers temps même le déjeuner. Mais Rigel n'était pas confus ou désolé quand il pointait le bout de son nez. Il haussait juste les épaules et donnait une explication foireuse mais suprêmement compréhensible et puis il changeait le sujet. C'était énervant à quel point il portait peu d'importance aux choses pour lesquels la plupart des enfants de douze ans portaient de l'importance, et même si son apathie n'était plus intimidante ou étrange, elle était encore, si Draco était tout à fait honnête avec lui-même, un peu blessante. Des amis ne devraient-ils pas vouloir passer tout leur temps ensemble ?

Repoussant cette pensée sur le côté avec dédain, Draco retourna au déchiquetage de sa tarte à la citrouille, déterminé à ne pas regarder les portes de la Grande Salle pendant au moins encore dix minutes.

« Juste parce qu'on s'est habitué ne rend pas ça okay, marmonna Draco. Pourquoi ne peut-il pas être normal pour une fois ? Qui est en retard pour le festin d'Halloween deux ans d'affilée ?

— S'il était normal, il ne serait pas Rigel, dit Pansy en souriant. Et tu ne l'aimerais pas s'il était barbant comme nous autres.

— Tu n'es pas barbante, dit automatiquement Draco. Et je ne veux pas qu'il soit normal barbant, je voudrais juste qu'il s'intéresse à quelque chose en plus des potions. »

Pansy lui jeta un regard réprobateur, que Draco supposa qu'il méritait pour avoir fait une généralisation simplifiée autant à l'excès. Il travaillait sur l'articulation des complexités d'une situation, comme son père avait essayé de lui enseigner, mais c'était plus simple de généraliser dans un argument.

« En tant que son ami, tu sais mieux que de croire cette image qu'il projette de lui-même, dit Pansy en étalant délicatement de la confiture sur un petit pain. Il prétend ne s'intéresser à rien d'autre que les potions parce qu'il croit que s'il agit comme si sa vie est insipide et ennuyeuse, cela empêchera les gens de trop mettre le nez dans ses affaires. Sous l'académiste frénétique, Rigel tient beaucoup à nous, même s'il ne le montre que dans des situations stressantes ou inattendues.

— Il reste la personne la plus étrange que j'ai jamais rencontrée, s'entêta Draco. Est-ce que je t'ai déjà dit qu'il dormait avec ses vêtements ? Genre, il pense qu'il va se faire attaquer à tout moment. »

Pansy haussa les sourcils.

« C'est un peu… excentrique. Mais sa famille est très tournée sur les farces, non ? Peut-être qu'on lui a beaucoup fait de tour pendant qu'il dormait quand il était petit et par conséquent n'aime pas se sentir trop vulnérable quand il est inconscient. »

Draco haussa les épaules.

« Quand on l'a questionné, il a dit quelque chose de vaguement similaire, mais le fait est que l'on ne saura probablement jamais. I ment trop souvent pour que je puisse faire la différence et je ne suis plus sûr que la vérité importe parce que tellement de parties de la vie qu'il mène semble être soit un mensonge ou un demi-mensonge. C'est comme si les mensonges sont une partie inséparable de lui maintenant et tout aussi vrais que la vérité parce qu'ils pourraient tout aussi bien être la vérité. Est-ce que ce que je dis a du sens ? »

Pansy hocha lentement la tête.

« J'ai souvent l'impression qu'il ne nous dit pas quelque chose d'extrêmement important à propos de sa vie, mais la partie de lui qui vit sans reconnaître cette partie de sa vie est tout aussi valide que la partie de lui qu'il garde cachée. C'est ce que tu voulais dire ?

— En quelque sorte, dit Draco. Ce serait comme s'il disait que sa nourriture préférée était le navet quand en réalité, il déteste les navets, mais il veut tellement que l'on pense qu'il aime les navets qu'il en mange tout le temps et il voudrait qu'on lui offre des navets pour Noël, même s'il ne les aime pas vraiment, donc qu'est-ce que ça importe s'il ne les aime pas ? Dans les faits, c'est un mangeur de navets. »

Draco grimaça, réalisant à quel point cela sonnait absurde, et soupira :

« Je ne sais pas. Dans tous les cas, il est notre ami, pas vrai ? Je me sens juste tellement… c'est comme s'il n'y avait rien que je puisse faire. Il vit dans son petit monde à l'écart et ne nous demande jamais rien. »

Les yeux de Pansy s'illuminèrent de compréhension.

« Oui ! Je crois que j'ai eu le même sentiment, comme si j'étais inutile comme amie pour lui, parce qu'il n'y a jamais rien que je peux vraiment faire pour lui. Il ne nous partage juste pas ses soucis avec nous ou s'il le fait, c'est après les faits ou c'est quelque chose que l'on ne peut pas faire pour lui, comme étudier. En même temps, par contre, il semble faire tellement de choses pour nous. Il est allé à ta fête d'anniversaire malgré l'inimité entre vos familles et il a convaincu Mr. Hagrid de vous aider avec votre cadeau pour moi, mais je ne suis même pas sûre quand a lieu son anniversaire. À un moment pendant l'été, non ?

— Il me semble. »

Draco plissa le nez, essayant de se rappeler si Rigel leur avait un jour dit.

« Tu as raison, par contre. Il sait toujours quoi dire quand quelque chose de mal nous arrive, mais il n'est jamais enthousiaste ou même vantard quand quelque chose de bien lui arrive. Apprendre à le connaître, c'est comme si on essayait de recoller des morceaux d'une photographie avec du sorcier collant, sauf qu'il nous manque la plupart des pièces ! »

Pansy rit.

« Et puis tu réalises qu'en fait tu les as collés à l'envers de toute façon, donc tu dois tout recommencer. »

Draco gloussa.

« Oui, exactement. C'est vraiment agaçant, mais en même temps… J'imagine que ça ne me dérange pas trop. Du moins, je ne veux pas abandonner. »

Pansy hocha sérieusement la tête.

« Je suis d'accord. Il nous faudra probablement encore quelques années avant que l'on puisse dire que l'on connaît Rigel Black, mais je pense que c'est une bonne personne à connaître, et je ne dis pas ça juste parce qu'il vient d'une famille connue, incroyablement talentueux avec la magie et un you-know-what par-dessus le marché. C'est aussi un bon ami, malgré ses particularités.

— Ouais, dit Draco, baissant les yeux sur sa coupe de jus de citrouille. Quoi qu'il en soit, cela vaudra le coup à la fin.

— Et même si ce n'est pas le cas, au moins ça sera intéressant, dit Pansy d'un ton plus léger.

— Qu'est-ce qui sera intéressant ? »

Ils levèrent tous les deux les yeux pour voir le sujet de leur conversation se glisser sur le siège à côté de Pansy. Draco examina son ami de la tête aux pieds et réprima un claquement de langue à la vue des simples robes d'école noires de Rigel. Honnêtement, qui ne changeait pas de vêtements pour un festin ?

« Le discours de Dumbledore, dit souplement Pansy. Tu l'as raté la dernière fois, mais cette fois, je pense qu'il le garde pour la fin.

— Qui devrait arriver à tout moment, ne put s'empêcher d'ajouter Draco, étant donné que tu as plus d'une heure de retard. »

Rigel, à la surprise de personne, ne fit que cligner des yeux.

« Désolé. Je terminais un Philtre d'Embrouille dans mon labo. J'ai dû la mettre en stase pendant un moment, par contre, parce que la belladone dont j'avais besoin n'était pas là où je pensais.

— Snape te fait déjà faire des Philtres d'Embrouille ? C'est très avancé, non ? demanda Pansy. Je crois que Rookwood travaillait sur une rédaction là-dessus juste le mois dernier. »

Draco n'était même pas surpris que Rigel travaillait maintenant sur des potions de cinquième[1] année, mais il fut surpris quand Rigel dit :

« Ce n'était pas pour Snape. De toute façon, il ne me fait généralement pas apprendre de potions que j'apprendrai via le programme normal. Il dit que ça serait une perte de temps à moins que je prévoie de sauter une année ou deux.

— Ce que tu ne vas pas faire, pas vrai ? » demanda Draco avec inquiétude, même s'il nota dans un coin de sa tête que Rigel n'avait pas dit pourquoi il concoctait le Philtre d'Embrouille si ce n'était pas pour Snape.

Rigel le regarda avec un amusement qui ajouta une légère lumière à ses yeux gris.

« Non, je ne compte pas faire ça. J'aimerais avoir autant de temps que possible pour étudier avec Professeur Snape. Une fois que je serai diplômé, je devrai postuler pour un apprentissage formel et ceux-là doivent être approuvés par un comité d'Experts de la Guilde des Potions. Trop compliqué quand je peux avoir la meilleure éducation ici sans ça. »

Draco remarqua que Rigel n'avait rien par rapport à vouloir profiter de son enfance ou rester dans la même tranche d'âge que ses amis, comme la plupart des enfants le feraient. Néanmoins, peu importe la raison, Draco était content que Rigel ne portait pas d'intérêt au fait de sauter une classe ou deux, même si avec son intelligence, il pourrait probablement le faire avec très peu de soucis.

« Quand est-ce que tu as appris le sort de stase ? demanda Pansy avec curiosité. On ne l'apprend pas avant l'année des BUSEs, je crois, mais ça semble très utile d'être capable de mettre une potion en pause pendant que tu fais quelque chose d'autre. »

Rigel fronça légèrement des sourcils et Draco sut immédiatement qu'ils avaient offensé ses sensibilités de préparateur de potions.

« Je l'ai appris durant l'été, mais je ne l'utilise presque jamais. On n'est pas vraiment censé l'utiliser, parce que plein de potions n'apprécient pas d'avoir leur énergie cinétique gelée comme ça. Certaines potions y réagiront même extrêmement négativement – pas pendant qu'elles sont sous le sort de stase, bien sûr, mais dès que tu le retireras, elles se détraqueront. C'est censé être un type de sort uniquement en cas d'urgence. C'est juste que les Philtres d'Embrouille prennent des heures à concocter et je perdais suffisamment de temps à retrouver ma réserve de secours de belladone. »

Pansy rit.

« D'accord, d'accord, Rigel, je ne suggérais pas d'utiliser le sort de stase chaque fois que mon bras se fatiguerait de mélanger. Je voulais juste dire que ce serait pratique à avoir, dans des situations comme tu décris. »

Le visage de Rigel affecta le regard légèrement penaud qui venait toujours quand il réalisait qu'il radotait sur quelque chose pour laquelle il pensait que personne d'autre ne s'intéresserait. Draco ne s'embêta pas à le rassurer – après tout ce temps, Rigel devrait avoir assez de jugeote pour ne pas penser qu'il les ennuyait. Combien de fois Pansy et lui avaient-ils rassuré leur ami qu'ils étaient intéressés par ce qu'il voulait leur dire ? C'était comme s'il avait été endoctriné pour penser que tout ce qu'il aimait était barbant et ennuyeux et que personne ne voulait l'écouter quand il parlait d'un sujet qui l'intéressait vraiment. Quelles idioties. Peut-être que la famille de Rigel était un gros tas d'idiots comme Oncle Severus l'intimait toujours.

« Tu aurais dû arrêter de concocter avant de commencer le Philtre d'Embrouille, finit par dire Draco. Et alors tu aurais pu être à l'heure. Devenir oublieux par rapport à tes ingrédients de potions est probablement un signe que tu y as passé trop de temps. Apprends à prendre une pause, Rye. »

Rigel cligna simplement des yeux comme s'il parlait une autre langue.

« Je n'avais pas besoin d'une pause. J'avais besoin de belladone. »

Pansy fronça des sourcils.

« C'est étrange que tu l'aies égarée. Tu n'as jamais été négligent avec tes ingrédients. »

Rigel fronça également des sourcils.

« Je sais. J'imagine que j'ai dû l'utiliser dans quelque chose d'autre, même si je n'arrive pas à m'en souvenir… J'ai fait plein de potions ce mois-ci, toutefois. Je m'assurerai d'en commander plus pour le mois prochain.

— La belladone est toxique, non ? » demanda lentement Draco.

Même lui savait que ce n'était jamais une bonne chose quand des ingrédients potentiellement dangereux manquaient à l'appel.

Rigel haussa les épaules comme si c'était dérisoire.

« Seulement en grande quantité. Bien plus que ce que j'avais, ça c'est sûr. C'est surtout dangereux pour les petits animaux. Des fois des écureuils et des oiseaux meurent en mangeant la plante sauvage dans la nature, mais même là, ils devaient en manger plusieurs tiges, et ils deviendraient probablement malades après une ou deux et s'arrêteraient avant. »

Rigel parut pensif pendant un moment, puis ajouta :

« Peut-être que si l'animal était affamé ou avait perdu son sens du goût d'une façon ou d'une autre. Peut-être s'il avait récemment mangé une sorte de piment et avait par conséquent un sens compromis de l'odeur qui…

— Ok, je pense que j'ai compris, dit rapidement Pansy. Non pas que ce n'est pas intéressant, Rigel, mais termine de nous expliquer ça après le repas, d'accord ? »

Rigel offrit un regard désolé à Pansy et changea le sujet :

« Donc est-ce que j'ai raté quelque chose ?

— À part notre fabuleuse compagnie ? dit Draco d'une voix traînante, juste pour tirer un demi-sourire à son ami. Pas vraiment. Quelqu'un a enchanté les armures de chaque côté des portes pour crier "bouh" à toutes les dix personnes environ et à en juger par la façon dont Professeur Sinistra a sauté en l'air et hurlé quand elle est entrée, je ne crois pas que c'était l'idée des profs. »

Rigel acquiesça et haussa un sourcil comme si c'était un bout d'information particulièrement intéressante, plutôt qu'un banal incident. D'une certaine façon, Rigel pouvait le faire se sentir comme s'il était à la fois d'une importance fascinante et singulièrement quelconque en l'espace de quelques minutes.

Ils furent épargnés de plus d'inepties par le vacillement des bougies dans la Salle, ce qui, Draco supposa, était censé être le signal pour le discours du Directeur. Tout ce que cela fit vraiment fut de faire s'arrêter les gens suffisamment longtemps dans leurs conversations pour que Dumbledore s'éclaircisse la gorge dans le moment de silence qui s'ensuivit et qu'il obtienne l'attention de la plupart des gens.

Draco se tourna scrupuleusement sur son siège pour prêter attention au vieux sorcier qui avait surclassé et prit le dessus sur chaque ennemi, politique ou autre, qui s'était frotté à lui durant le siècle dernier. Albus Dumbledore avait tout le potentiel pour être véritablement impressionnant, mais le vieux sorcier ruinait l'effet en s'habillant comme un artiste de cirque et en prétendant être sénile. Cela poussait les gens à le sous-estimer, supposa Draco, mais les gens assez stupides pour oublier une vie d'exploits magiques et politiques inimaginables face à un n'importe-quoi facsimilé n'étaient pas des gens méritant d'être trompés, parce qu'ils étaient probablement trop stupides pour épeler politique, encore moins y participer.

Du moins, c'était comme ça que Draco le voyait. Mieux valait ne pas laisser ses ennemis – et ses partisans aussi, pour ce que ça valait – oublier à quel point on était véritablement impressionnant. Cela laissait seulement la place aux questionnements et aux doutes, ce qui rendait bien trop facile pour quelqu'un de déraciner une personne indirectement en répandant des rumeurs et des mensonges. Ceci, pensa Draco, était la faiblesse de Dumbledore. Il manipulait les gens, naturellement, mais il ne semblait pas comprendre que ces mêmes personnes qu'il influençait aussi facilement pouvaient être tout aussi facilement être influencées contre lui. Il n'y avait pas besoin de défier Albus Dumbledore directement – bien trop avaient essayé et échoué pour que cela soit une option sensée de toute façon. Il y avait seulement besoin d'utiliser la réputation précautionneusement cultivée de l'homme contre lui.

Les gens étaient bien trop prêts à croire quoi que ce soit de semi-plausible, simplement parce que ça ne leur viendrait pas à l'esprit que quelqu'un d'autre prendrait le temps pour intentionnellement les tromper. Cela ne prendrait pas beaucoup pour obtenir du grand public qu'il pense que Dumbledore était aussi touché par le gâtisme qu'il le paraissait. Puis, il n'y aurait qu'à offrir une version plus jeune, plus vive en alternative, et les gens sauteraient sur l'occasion de ce changement, pensant que ce serait quelque chose de rafraîchissant et améliorateur. Ils étaient loin de se douter que l'usurpateur était une farce, une taupe intelligente de l'ennemi qui gagnerait leur faveur et leurs votes et puis utiliserait le pouvoir qui lui avait été transmis par l'héritage de Dumbledore pour péricliter le camp de la Lumière.

Draco se tira de ses pensées avec difficulté. Il apprenait à penser plus comme un politicien, plus comme son père, et c'était d'une facilité surprenante pour lui, mais cela avait l'effet secondaire de déconnecter son attention sur certaines choses pour se concentrer sur d'autres. Il réalisa avec un soubresaut intérieur qu'il avait raté la plus grande partie du discours du Directeur pendant qu'il était occupé avec ses hypothèses, mais en vérité, il n'en était guère inquiet. Pansy lui ferait savoir si quelque chose d'important avait été dit, et dans le meilleur des cas, il avait réussi à conserver quelques neurones supplémentaires, qui auraient sûrement été perdus face aux paralogismes insipides habituels du Directeur.

« Et pour finir, disait le sorcier vêtu en orange brûlé (faisait-il la compétition avec Lockhart dans un concours de la couleur la plus infecte ?), Mr. Rusard aimerait que j'annonce que Mrs. Teigne a disparu depuis ce matin. Je sais que vous aiderez tous à garder un œil ouvert pour le chat de notre cher concierge et vous la voyez, je vous prie d'informer un des… »

Le Directeur fut coupé par le son étouffé d'une explosion, comme quelque chose d'encombrant qui tombait sur un tas de sable. Un bruit sourd mat résonna au loin, comme le ricochet d'un bout de métal emmailloté. Ils ressentirent le tremblement à travers la Grande Salle, faisant cliqueter la vaisselle et trémuler le jus de citrouille dans leurs coupes. Il y eut un moment de silence total durant lequel tous les enseignants se levèrent immédiatement et les élèves se figèrent en confusion. Puis, le son distant de cailloux en chute dégringolant contre le sol fut entendu et tout le monde se bouscula en mouvements paniqués.

« Le château est en train de s'effondrer ! »

Draco eut assez de temps pour rouler des yeux vers le première année derrière ce commentaire ridicule et puis il se ruait vers le préfet de Serpentard le plus proche avec le reste de leur maison, essayant juste de ne pas se faire écraser dans le chaos.

« SILENCE, tonna la voix de Dumbledore par-dessus la mêlée et tout mouvement s'arrêta une fois de plus. Bien, les préfets vont diriger leurs maisons d'une façon ordonnée vers leurs salles communes, où les noms de tous les élèves seront vérifiés sur les listes maîtresses de maison – les préfets, vous êtes en charge de cela également, car je vais avoir besoin de vos directeurs de maison pendant un moment. Le château est parfaitement sûr, je vous assure. Un de nos merveilleux elfes de maison vient juste de m'informer qu'une portion du couloir dans la partie est du troisième étage s'est effondré, cependant les protections stabilisantes et d'autres divers sorts structurels intégrés par les fondateurs eux-mêmes se sont mis en place immédiatement et donc aucune autre partie du château ne subit de stress architectural à l'instant présent. »

Les élèves semblèrent digérer cela pendant un moment et les préfets tirèrent profit du calme momentané pour commencer à sous-diviser leurs maisons en des groupes plus gérables et les dirigèrent plus prudemment hors de la Grande Salle, dont les portes semblaient s'être élargies considérablement par quelqu'un avec beaucoup de prévoyance pratique. Probablement Snape, pensa Draco.

Il sentit qu'on le tirait par le coude et il tourna la tête pour voir Pansy s'agrippant gentiment, mais indéniablement, à son bras droit.

« Tout va bien, Pans ? »

Elle acquiesça, mais ses lèvres étaient fixées l'une contre l'autre en une ligne serrée. Draco vit Blaise, Millicent et Theo marcher devant eux et il tourna la tête pour dire à Rigel de prendre l'autre main de Pansy. La jeune fille était évidemment terrifiée et la présence de Rigel semblait avoir une propriété relaxante qui se montrait souvent utile.

Sauf que… Rigel n'était pas derrière eux. Draco tendit le cou, mais Rigel n'était visible nulle part dans les environs immédiats. Draco fut tenté de soupirer avec résignation, mais il était trop occupé à être inquiet pour son idiot d'ami. Maintenant la question était, est-ce qu'il informait Pansy ? Cela l'inquièterait plus de savoir, mais ce serait de mauvais ton en tant qu'ami de garder l'information pour lui. De plus, elle s'en rendrait compte à tout moment maintenant.

« Pans, dit Draco, se penchant vers son oreille pour qu'elle puisse l'entendre, ne t'alarme pas mais je n'arrive pas à trouver Rigel. Est-ce que tu peux le voir ? »

Pansy se raidit et commença à regarder autour d'elle immédiatement, mais avec prudence, réprimant sa panique comme une vraie dame sang-pure le devait.

« Rien, dit Pansy fermement. Il ne semble pas être dans la Grande Salle.

— Comment est-ce qu'il a pu nous dépasser ? demanda Draco à voix haute.

— Plus important, où est-ce qu'il va ? dit Pansy en fronçant les sourcils. S'il se dirigeait vers la salle commune, il nous aurait pris avec lui. Tu sais à quel point il peut être protecteur parfois. Le fait qu'il est parti sans nous… »

Draco grogna presque quand il percuta.

« Ce qui veut dire qu'il est quelque part de plus dangereux que là où il pense qu'on va aller. L'idiot.

— Où il pense qu'on va ? demanda Pansy, une question non dite, mais évidente à la façon donc elle inclina ses yeux vers lui.

— Mais bien sûr, dit Draco avec un faible sourire qui ne possédait aucun humour. On ne va pas le laisser s'enfuir tout seul, si ? »

Pansy sourit en retour tout aussi faiblement.

« Non, en effet. »

Ils avaient atteint les portes à ce stade, donc Draco tira les bords de ses robes sur la cravate vert et argent, faisant signe à Pansy de faire de même, et ils s'éclipsèrent des rangs des Serpentard vers la foule de Poufsouffle. Ils se rendraient vers les sous-sols, mais ensuite, ils iraient vers l'est si Draco avait raison de l'endroit où se situait leur salle commune, et de là, ils auraient juste à se glisser dans une des alcôves jusqu'à ce que tout le monde soit passé. De là, ils pourraient prendre les escaliers est et se retrouveraient exactement là où Rigel était le plus à même de se trouver maintenant.

Draco jura que cette fois, quand ils trouveraient leur ami rebelle, il aurait une tonne d'explications à faire avant qu'ils ne soient satisfaits.

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[HpHpHp]

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Rigel avait plutôt bien profité du discours du Directeur, entremêlé qu'il était par l'étrange tournure de phrase et délivré par le sens de l'aplomb désinvolte habituel de Dumbledore. C'était en quelque sorte gracieux, la façon dont aucune de ses déclarations ne semblaient être à propos de rien d'autre dont il parlait. Il devait pratiquer très dur pour être si parfaitement aléatoire, ou alors son esprit était gouverné par un algorithme très strict de chance, qui s'assurait qu'il ne présentait les choses que dans un ordre hasardeux.

Les yeux de Draco étaient vitreux d'une façon qui démentissait son apparente attention aux mots du Directeur et Pansy avait abandonné tout simulacre d'écoute après les quelques premières minutes, semblant contente de regarder les autres Serpentard autour, intégrant leurs expressions et postures et tirant probablement un certain nombre de conclusions sociales et politiques qui seraient passés par-dessus la tête de Rigel.

Dans l'ensemble, c'était une façon relaxante de passer une soirée, jusqu'à ce que, bien sûr, il arrive. Rigel n'avait pas su jusqu'à ce moment ce que il serait, mais dès que l'explosion se déclencha, elle sut. Il y avait quelque chose à propos d'Halloween qui la rendait toujours mal à l'aise. Peut-être parce que lors de son neuvième Halloween, elle avait trouvé sa chère copie du traité de Snape sur le traitement de venins non dilués dans les préparations d'antidotes fourré sous un pied de table bancal dans le bureau de son père. Puis, il y avait eu l'Halloween où Archie et elle avaient accidentellement mis le feu aux rideaux du salon de Sirius et avaient par la suite été envoyés au lit sans bonbons par leurs parents. Bien que ces incidents n'étaient pas tout à fait du niveau de l'Halloween de l'année dernière – peu de choses dans sa vie certes compliquée se mesuraient à ce désastre – tous les ans, sans faute, quelque chose de mauvais arrivait à Rigel ou autour d'elle à cette date-là, donc ce n'était pas vraiment une surprise pour elle qu'un des couloirs de l'école choisît ce jour-là pour se faire exploser.

Elle se leva avec le reste de leur maison et commença à trainer des pieds vers les portes, s'assurant de garder Draco et Pansy devant elle dans son champ de vision. Elle avait été assise du côté de la table la plus proche de celle des Gryffondor et elle remarqua par hasard les jumeaux Weasley quand elle passa. Ils marchaient plus lentement que ceux autour d'eux, créant une sorte d'obstacle que les gens contournaient. Leur frère Ron marchait avec eux et il paraissait assez bouleversé par quelque chose.

Curieuse, Rigel altéra sa route pour qu'elle se retrouve juste derrière eux, puis ralentit son rythme pour écouter.

« …nous remerciera pas pour interférer encore, disait George.

— Je sais, mais si elle est vraiment… »

La voix de Ron était forte et agitée, mais elle ne pouvait malgré tout pas capter tous les mots par-dessus le tumulte autour d'eux.

« …dois savoir. »

Fred et George échangèrent un regard, mais finirent par acquiescer.

« Mieux vaut ne pas le dire à Perce, suggéra Fred.

— Non pas qu'il ne se rendra pas aussitôt compte que…plus là, ajouta George.

— Mais il sera trop occupé… »

La voix de Fred se coupa quand deux filles de Gryffondor particulièrement bruyantes les passèrent rapidement.

« …avant qu'il ne s'en rende compte. »

Rigel s'approcha jusqu'à ce qu'elle puisse entendre chaque mot.

« C'est vrai, dit George. Je dirais qu'on a besoin d'une distraction, mais tout le monde est suffisamment distrait.

— On se détachera quand on arrivera aux escaliers, dit Fred. On se cachera derrière la tapisserie avec les chèvres jusqu'à ce qu'ils soient partis.

— Et si elle n'est pas là ? s'inquiéta Ron.

— Alors on se magne jusqu'aux dortoirs avant que les professeurs nous surprennent, dit George en haussant des épaules. Je ne suis toujours pas convaincu que c'est une bonne idée. Soit Ginny était proche de l'explosion et était en danger, ce qui veut dire qu'on ne peut rien y faire vu que c'est passé, soit elle ne l'était pas, ce qui veut dire qu'elle est en sécurité quelque part d'autre et on va seulement se faire chopper par les professeurs qui se dirigent tous vers le troisième étage maintenant.

— C'est un bon point, dit Fred prudemment. Et ce qui a provoqué l'explosion pourrait être n'importe quoi. Ça pourrait être dangereux, ce qui est probablement la raison pour laquelle ils nous renvoient dans nos salles communes en premier lieu.

— Je m'en fiche, dit Ron. Je ne peux pas juste rester là à ne rien faire dans la salle commune à me demander si elle va bien. D'une façon ou d'une autre, je veux savoir maintenant. »

George soupira mais acquiesça et Fred haussa juste les épaules, ne lui important apparemment pas assez pour argumenter. Les trois frères continuèrent à avancer, mais lentement, restant en retrait jusqu'à ce que la plupart de leurs camarades de maison aient passé les portes devant eux. Se tenant derrière eux, Rigel ne pouvait plus voir Pansy ou Draco, mais elle n'était pas inquiète. Ils atteindraient sans encombre la salle commune.

Rigel plaça discrètement sa main dans sa poche et sortit l'innocent carré de parchemin plié qui détenait la Carte des Maraudeurs. Elle chuchota le mot de passe sous sa barbe et quand la Carte commença à déteindre sur la page, elle lui marmonna rapidement le nom de Ginny Weasley. Elle zooma pour montrer un petit point étiqueté "Ginevra Weasley" marchant le long du couloir du septième étage vers le portrait de la Grosse Dame.

Satisfaite que Ginny Weasley fût en sécurité, Rigel rangea la Carte et débattit pendant un bref moment de si elle s'impliquait plus ou non. Puis elle pensa au fait que si elle avait une sœur, elle voudrait savoir tout ce qu'elle pouvait si ladite sœur pourrait être en danger. Rigel rattrapa les frères Weasley, tapant George sur l'épaule pour capter leur attention.

« Rigel ? dit distraitement George en la voyant. Qu'est-ce qu'il y a ?

— N'allez pas au troisième étage », dit Rigel sans préambule.

George grimaça.

« T'as entendu ça, hein ? Mais bon, je peux pas laisser ces deux idiots y aller tout seul.

— Aucun de vous ne devrait y aller, dit sérieusement Rigel. Ginny n'est pas là, donc vous vous retrouverez seulement dans des ennuis au mieux, et en danger au pire.

— Comment est-ce que tu sais que Ginny n'est pas là ? demanda Ron.

— Je ne peux pas vous dire, dit Rigel avec franchise. Mais je vous promets qu'elle sera dans la salle commune quand vous vous y rendrez. Je sais que ce n'est pas réconfortant, mais c'est la vérité. Est-ce que vous me faites confiance ?

— Avec la plupart des choses, ouais, dit Ron en fronçant des sourcils. Avec la sécurité de ma petite sœur ? Pas vraiment. Sans vouloir te vexer.

— Tu ne me vexes pas, dit Rigel. Mais je ne veux vraiment pas que vous soyez en danger sans raison, les gars. Regardez, et si je vérifiais moi-même à la place ? Je promets que si Ginny est là, je viendrai directement vous chercher, mais vous devriez retourner à la salle commune de Gryffondor.

— Ça n'a pas vraiment de sens, objecta George. Pourquoi ça serait moins problématique si tu le fais plutôt que nous ? C'est notre sœur.

— Mais une personne est moins à même de se faire prendre, dit Rigel. Et ça sera plus simple pour moi de me rendre là-bas et puis dans les cachots que ça ne le serait pour vous de faire tout le trajet vers la tour de Gryffondor avant qu'un préfet ne remarque que vous avez disparu. »

Fred ouvrit la bouche pour argumenter, mais la referma et commença à la place à chercher dans ses poches.

« Où est-ce que… ? J'ai dû le laisser. George, donne-moi le tiens. »

Il mit les mains dans les poches des robes de son frère et farfouilla jusqu'à ce que George lève les yeux au ciel et sortit quelque chose de la poche arrière de son pantalon.

« Le voilà, c'est ce que tu voulais, pas vrai ? Bonne idée. »

Fred arrache le petit journal en cuir de la main de George et le présenta à Rigel.

« Quand tu trouveras si Ginny est là, utilise ceci pour nous le dire. Ce journal appartient à une paire, et l'autre est en haut dans notre dortoir. Écris juste quelque chose dedans et on recevra le message dans l'autre. »

Rigel prit le journal et le rangea.

« D'accord. Maintenant, partez avant que Percy ne se demande pourquoi vous traînez derrière. »

Les trois rouquins acquiescèrent et se mirent en route en direction du groupe de Gryffondor qui avait juste commencé à grimper l'escalier principal. Rigel, elle, se tourna et suivit le contingent de Serpentard en direction des cachots. Elle sortit la Carte encore une fois et la vérifia. Sans surprise, Ginny Weasley était dans la salle commune de Gryffondor, son point miniature assis sur un minuscule canapé devant une petite cheminée d'encre. Rigel attendrait quelques minutes, puis vérifierait à nouveau pour s'assurer qu'elle n'avait pas bougé avant d'écrire aux Weasley pour les rassurer que leur sœur n'était pas dans les environs du couloir effondré.

Curieuse de comment la Carte reflèterait les dégâts causés au château, Rigel dézooma et examina le couloir du troisième étage. Il était comme d'habitude, et elle supposa que cela avait du sens si la Carte était seulement charmée pour mettre à jour les positions des gens en temps réel, pas les lieux[2], mais il débordait de noms de professeurs et de membres du personnel. D'un coup d'œil, Rigel reconnut Snape, Rusard, Dumbledore, McGonagall et des points d'autres professeurs divers. D'avantages semblaient également s'approcher, remarqua-t-elle. Deux points étaient même maintenant en train de se déplacer vers le couloir par les escaliers… est… oh non. Rigel lut les étiquettes sur les points et faillit grogner à voix haute.

Qu'est-ce que Pansy et Draco faisaient à se diriger vers la partie effondrée du troisième étage, nom de Merlin ? Elle ne pouvait penser à aucune raison logique pour qu'ils se rendent là-bas maintenant. Aucun n'était particulièrement curieux quand il était question de danger possible et en fait les deux étaient assez à cheval sur les règles la plupart du temps. Ils avaient été élevés dans le respect de l'autorité après tout, au moins quand cela n'allait pas directement contre leurs buts personnels.

Peu importe ce qu'ils faisaient, Rigel n'allait pas juste prétendre qu'elle n'avait rien remarqué. Elle était déjà au bout du groupe d'élèves de Serpentard donc ce ne fut pas compliqué de s'éclipser quand ils passèrent le sous-sol et de rebrousser chemin pour arriver derrière ses amis. Ils avaient arrêté de bouger et étaient à la place posés dans les escaliers juste en dessous du palier qui rejoignait le troisième étage, jetant probablement des coups d'œil au coin pour essayer de discerner ce qu'il se passait.

Quelques minutes plus tard, Rigel avait atteint les escaliers est. Elle prit un moment pour balayer la Carte des yeux une fois de plus et écrire rapidement dans le petit carnet en cuir pour rassurer les Weasley que Ginny n'était pas dans les environs de l'explosion. C'était curieux de regarder l'encre disparaître aussitôt qu'elle avait séché, laissant un carnet de nouveau vierge derrière, mais Rigel s'interrogerait sur les sorts derrière une telle chose plus tard. Elle replia la Carte et monta les escaliers en lacet. Juste quand elle commença à remarquer une grande quantité de poussière dans l'air – probablement dû aux morceaux de pierres brisées – elle entendit un chuchotement résonner dans la cage d'escalier silencieuse.

« …le vois pas.

— Tu es sûr qu'il est…

— Où est-ce qu'il serait autrement ? »

Rigel se faufila derrière ses deux amis blonds, qui étaient en train d'essayer d'utiliser le miroir compact de Pansy pour regarder au coin du troisième étage.

« C'est juste un tas de gravats, chuchotait Draco avec irritation. Attends, est-ce que c'est… ? Non, c'est quelqu'un d'autre. Un Gryffondor ? Pourquoi est-ce que l'un d'eux aurait été… ? »

Rigel fronça des sourcils. Un Gryffondor ? Cela ne pouvait qu'être Ginny, mais… elle sortit la Carte et la vérifia une dernière fois, avec plus d'attention. Le nom de Ginny n'était nulle part dans le couloir, mais un autre nom, un que Rigel aurait dû reconnaître immédiatement, se trouvait là.

Neville Londubat.

Son point était au centre de plusieurs autres points, notablement Albus Dumbledore et Pompom Pomfresh. Les autres points tremblotaient tous légèrement sur le parchemin, comme leurs propriétaires variaient de position naturellement, mais le point de Neville ne bougeait pas du tout.

Rigel fourra la Carte dans sa poche et se hâta devant. Draco et Pansy se retournèrent au son de ses pas légers qui montaient précipitamment les escaliers et les regards de confusion surprise sur leurs visages auraient été amusants si Rigel n'était pas si inquiète pour Neville.

« Rigel, qu'est-ce… ?

— Comment tu t'es retrouvé derrière nous ? »

Rigel leur indiqua d'être silencieux et s'avança doucement au détour du coin du mur qui séparait les escaliers du reste du couloir. Le troisième étage était dans un désordre complet. Normalement, le troisième étage consistait en trois corridors parallèles connectés par divers couloirs et passages et puis se connectait à chaque bout par les escaliers est et ouest. L'escalier principal allait via le corridor du milieu, où la salle de classe de Sortilèges se trouvait. Eux, ils se tenaient tous les trois juste derrière l'endroit où le corridor le plus au sud joignait les escaliers est, et de ce que Rigel pouvait voir, le mur qui autrefois séparé le corridor sud du corridor du milieu ressemblait maintenant beaucoup moins à un mur et plus à une fenêtre donnant depuis une des pièces de rangement du corridor sud sur l'arrière de la Salle des Trophées du corridor du milieu.

Des pierres, grandes et petites, jonchaient le sol. Toute la poussière dans l'air faisait qu'il était dur de voir quoi que ce soit, mais les professeurs semblaient s'attroupaient autour de quelque chose. C'était une personne, assez petite pour être un élève, qui semblait être évanoui au sol. Entre les pieds des professeurs, Rigel pouvait voir une main et une paire de jambes dans un pantalon, donc ce n'était définitivement pas une fille et quand elle entraperçut un éclat de rouge et or autour du cou de l'élève, elle ne pouvait pas nier la vérité. C'était Neville – ça ne pouvait être que lui. La Carte n'avait, comme on lui avait dit à multiples reprises, jamais tort.

Elle recula lentement, consciente qu'il n'y avait rien qu'elle pût faire pour son ami que des personnes plus qualifiées ne faisaient pas déjà. Malgré tout, cela la mettait mal à l'aise de juste le laisser là, même si elle savait qu'ils devraient retourner à la salle commune. Quelque chose de malveillant avait ouvert une brèche dans l'école et ce serait juste complètement stupide d'éviter la sécurité de la salle commune plus longtemps.

Rigel se retourna et tira sur les manches de Pansy et Draco jusqu'à ce qu'ils commencent à la suivre en silence pour descendre les escaliers. Quand ils furent dans les cachots sans encombre, ses amis se tournèrent vers elle.

« Qu'est-ce que tu as vu, Rigel ? »

Elle ignora la question de Pansy, fixant à la place les deux blonds d'une façon très sérieuse.

« Qu'est-ce que vous faisiez tous les deux ? Vous auriez dû être en sécurité dans la salle commune, pas… soupira Rigel et elle se frotta les yeux. Vous auriez pu être en danger. Quelque chose de suffisamment destructeur pour faire un trou dans un château aussi fortifié ne disparaît pas juste une fois qu'il a eu ce qu'il voulait.

— Nous ? gronda Draco. Qu'est-ce que tu faisais ? On est seulement allé te chercher. »

Rigel cligna des yeux.

« Je suis seulement allé vous chercher. »

Pansy fronça des sourcils.

« Mais alors… on est juste tous inquiets les uns pour les autres ? Oh. On croyait…

— On croyait que tu avais encore foncé dans les ennuis », dit Draco crûment.

Rigel soupira :

« Bien sûr que non. Pourquoi je ferais ça ? L'explosion n'avait rien à voir avec moi. Je suis juste resté en arrière pour parler avec les Weasley à propos de quelque chose avant de revenir, jusqu'à ce que je réalise que vous ne vous dirigiez pas vers la salle commune avec tous les autres, je veux dire.

— Comment est-ce que tu as su ? dit Pansy, inclinant la tête sur le côté. Tu es arrivé juste après nous, donc tu n'as pas pu avoir le temps de faire tout le trajet pour vérifier la salle commune d'abord. Même si tu l'avais fait, les préfets ne t'auraient pas laissé ressortir. »

Rigel haussa les épaules.

« J'ai juste su.

— Tu ne peux pas juste… commença Draco, mais Rigel le coupa avec fatigue.

— Regarde, retournons d'abord à la salle commune, puis on se disputera sur qui savait quoi et comment. »

Pansy accepta et Draco, en minorité, ravaler son exaspération en faveur de se lancer vers la salle commune de Serpentard à un rythme rapide.

Bien vite, ils traversaient doucement le faux mur. Leur discrétion ne fut apparemment guère appréciée, car Theo cria presque immédiatement :

« Les voilà ! Merci Merlin. On était si inquiet ! »

Selwyn, qui se tenait proche de la porte de la salle commune, les fusilla du regard avant de barrer leurs noms d'un long parchemin qu'elle tenait dans ses mains.

« Enfin. Vous avez de la chance que je n'ai pas encore envoyé le Baron auprès de Snape. J'ai seulement attendu parce que je sais que Professeur Snape est occupé à l'instant présent.

— Merci, Alice », dit Pansy, inclinant sa tête gracieusement.

Selwyn roula lourdement des yeux soulignés de khôl.

« Pas de problème, Pansy. Va voir Rosier, veux-tu ? Il fait ce truc de tourner en rond de quand il s'inquiète. »

Pansy partit rassurer les inquiétudes de son ami pour sa sécurité, et Draco et Rigel rejoignirent les autres deuxième année qui étaient agglutinés près d'une des cheminées.

« Où est-ce que vous étiez ? demanda curieusement Millicent.

— Longue histoire, dit Draco. Un peu de malentendu de tous les côtés, en fait. Donc, qu'est-ce que tu as vu, Rigel ? »

Rigel gigota inconfortablement quand plusieurs paires d'yeux curieux se tournèrent sur elle.

« Tu étais là aussi. Qu'est-ce que tu as vu ?

— Beaucoup de poussière, dit Draco d'un ton neutre. Et peut-être… eh bien, tu as apparemment vu quelque chose qui t'a fait reculer plutôt vite.

— Ouais, dit Rigel platement, Snape. J'ai décidé qu'on devrait partir avant qu'il ne commence à rechercher des signatures magiques errantes et ne nous sente rôder dans le coin. »

Draco lui jeta un regard blasé, donc elle rajouta avec réticence :

« Il y avait un élève sur le sol. Je sais que tu l'as vu aussi.

— Un Gryffondor, dit Draco en acquiesçant.

— Un Gryffondor a fait exploser le couloir ? lâcha Theo. Mais les Jumeaux Weasley étaient au festin. »

Draco secoua la tête sombrement.

« Ça ressemblait plus comme si le pauvre bougre s'est fait prendre dans l'explosion. Il ne bougeait pas. »

Les autres deuxième année échangèrent des regards solennels à cela.

« Qui penses-tu que… ? »

Millicent se coupa, paraissant mal à l'aise.

« Neville Londubat », dit doucement Rigel.

Ils absorbèrent ceci pendant un moment.

« Ouais, il n'aurait définitivement pas fait exploser une partie de l'école, dit Theo, pensif. Je me demande qui l'a fait, par contre. »

Les spéculations commencèrent, mais aucune des théories proposées ne semblait très probable. Même Peeves n'aurait pas été aussi loin que de déstabiliser l'infrastructure, encore moins blesser un élève.

Quelque temps plus tard, alors qu'ils étaient tous encore en train de tourner silencieusement en rond dans la salle commune, trop nerveux pour aller se coucher, Snape apparut. Il entra dans la salle commune avec l'air tiré et tendu. Selwyn lui présenta la liste, qu'il parcourut brièvement des yeux.

« Tout le monde présent ?

— Oui, monsieur, dit Selwyn d'un ton neutre.

— Bien, dit Snape, sa bouche pressée en une fine ligne. Malheureusement, pas toutes les Maisons ont été aussi chanceuses ce soir. »

Il leva la voix pour que tout le monde puisse entendre, même si la plupart des Serpentard s'étaient déjà tus par respect et anticipation quand il était arrivé :

« Comme vous le savez, ce soir une partie du couloir du troisième étage s'est effondré. À ce stade, cela semble être le travail d'un sortilège d'explosion plutôt maladroit et bien trop puissant. Le perpétrateur n'a pas encore été identifié. Un Gryffondor de deuxième année a été trouvé blessé dans le couloir, mais sa baguette s'est révélée irréprochable de tout sort destructif, donc nous le croyons une victime du crime. »

Il les contempla tous et dit, un peu plus doucement :

« Je suis sûr que je n'ai pas à dire à qui que ce soit le sérieux de la situation. Jusqu'à ce que le coupable de ces actions soit identifié, vous vous tiendrez tous aux couloirs principaux quand possible. Ne vagabondez pas seuls. Ne fermez pas les yeux sur quoi que ce soit de vaguement suspicieux – contactez un préfet, un professeur, un fantôme, ou même un elfe de maison le moment où vous entendez ou voyez quoi que ce soit qui sorte de l'ordinaire. De nouvelles barrières seront érigées autour des salles communes la nuit, nécessitant un mot de passe additionnel. Vos préfets seront dans les environs pour vous exposer les mesures de sécurité accrues sous peu. »

Ceci dit, Professeur Snape repartit et après que Selwyn et les autres préfets expliquèrent tout, les élèves commencèrent lentement à partir petit à petit au lit.

Rigel désespéra silencieusement tandis qu'elle était allongée au-dessus de ses couvertures. Même si Snape avait dit que Neville avait été blessé, pas tué, elle avait peur pour son ami. Des élèves trouvés inconscients dans des couloirs ressemblait bien trop au syndrome du sommeil. Snape avait également dit qu'il avait été trouvé blessé sur la scène de l'explosion, pas que l'explosion avait causé ses blessures. Elle n'avait vu aucune trace de sang sur le sol, comme elle s'y serait attendue s'il avait été frappé suffisamment fort par les gravats pour s'évanouir. Qu'est-ce qui, alors, avait rendu son ami si immobile ? Se tournant et se retournant, ce fut plusieurs longues heures avant qu'elle ne s'endorme enfin.

Pourquoi est-ce qu'Halloween ne pouvait jamais être normal ?

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Halloween, se dit Hermione pour elle-même pendant qu'elle contemplait le Réfectoire décoré de façon festive où le festin d'Halloween prenait place, était une fête vraiment sans queue ni tête. Cela était d'autant plus vrai lorsque c'étaient des sorcières et des sorciers qui la célébraient.

Elle pouvait comprendre s'ils avaient une cérémonie honorant Samain, comme la communauté sorcière avait apparemment beaucoup de racines païennes, mais après avoir découvert l'année précédente que toutes les choses en quoi elle s'était déguisée pour Halloween – sorcières, vampires, loup-garous, fantômes – étaient en fait bien réelles, célébrer Halloween semblait complètement ridicule.

Ceci dit, songea-t-elle alors qu'elle regarda un élève plus âgé dans le cursus de Sortilèges la passer avec une citrouille parlante coincée sous son bras, discutant avec elle, par expérience un peu de ridicule n'avait jamais perturbé la sorcière ou le sorcier lambda.

Secouant la tête, Hermione réclama le siège à la table des Guérisseurs et attendit que son ami Harry arrive. Harry était un tout autre genre de ridicule. Hermione pouvait encore se rappeler la première qu'ils s'étaient rencontrés.

Elle avait tout juste dit au revoir à ses parents et était montée à bord de l'avion qui l'amènerait à l'American Institute of Magic. Elle se sentait un peu déprimée, parce qu'à l'origine, elle avait voulu aller à l'école anglaise Poudlard, jusqu'à ce qu'elle apprenne que l'école n'acceptait que ceux d'ascendance sorcière. Malgré tout, elle était excitée de se rendre dans un nouveau lieu et d'apprendre la magie, de tous les sujets, dans une vraie école avec un programme magique et tout.

Elle était également extrêmement nerveuse. En école primaire, elle n'avait pas du tout été populaire et la plupart de ses camarades avaient seulement été vaguement sympa avec elle quand ils voulaient de l'aide avec leurs devoirs – comme s'ils croyaient qu'elle ne s'en rendrait pas compte. Elle voulait que les choses soient différentes en Amérique, mais elle n'était pas sûre de comment les rendre différentes sans soit s'abêtir pour s'intégrer, soit faire de la lèche aux autres élèves jusqu'à ce qu'ils l'apprécient. Puisqu'elle refusait absolument de sombrer aussi bas pour envisager une option ou l'autre, elle était assez perdue sur comment faire pour se faire des amis.

Ce fut à ce moment, après avoir délicatement rangé son bagage cabine avec Une Histoire de la magie américaine à l'intérieur sous son siège, qu'un garçon de son âge se jeta dans le siège à côté d'elle en un éclair et se tourna vers elle avec un sourire qui aurait dû être accompagné d'une étiquette haute tension tellement il était brillant.

« Salut ! Je m'appelle Harry Potter ! Je suppose qu'on est voisin de siège, t'es en première année aussi ? Est-ce que cet avion n'est pas le plus grand que tu as jamais vu ? Bon, c'est le seul avion que j'ai jamais vu, mais j'ai vu une photo d'un une fois et il n'était pas aussi gros ! »

Le garçon commença à joyeusement lui babiller sur toutes les choses cool qu'il avait apparemment vues dans l'aéroport ce matin, y compris un escalier mouvant, qu'elle identifia pour lui comme étant un escalateur, et quelque chose qu'il décrivit comme "un portrait qui ne pouvait pas répondre, mais ne faisait pas de boucle comme une photo" qu'elle comprit que cela signifiait les écrans de télévision qui passaient les nouvelles dans l'aéroport.

À un moment, il prit une inspiration et elle interrompit poliment :

« Je m'appelle Hermione Granger. Oui, je suis en première année, et pourquoi est-ce que tu n'as jamais vu d'avion avant ?

— Oh, dit le garçon, Harry, inclinant la tête sur le côté comme un chiot et clignant des yeux vert émeraude[3] vers elle. Mes parents sont des sorciers, donc je ne vois pas beaucoup le monde moldu. »

Hermione fronça des sourcils.

« Mais alors pourquoi tu vas à AIM ? Tu ne veux pas aller à Poudlard ? »

Harry secoua une main en rejet.

« Je suis sang-mêlé techniquement, donc je ne peux pas, mais je ne voudrais pas y aller de toute façon. Poudlard est l'endroit où les vieilles familles barbantes envoient leurs enfants et la magie qu'ils apprennent là-bas est aussi vieille et poussiéreuse que leur façon de penser. Ils n'ont même pas un programme de Guérisseur ! Sans mentionner l'Alchimie ou le Druidisme ou n'importe quelle spécialisation intéressante en magie. Si j'allais là-bas, je devrais faire des études supplémentaires après avoir été diplômé juste pour être qualifié en quoi que ce soit, et bien sûr, aucune des universités en Grande-Bretagne ne sont très reconnues, donc je devrais poursuivre un apprentissage pour apprendre quoi que ce soit de très avancé et ils prennent une éternité à finir et… »

Hermione resta assise là et écouta pendant que Harry Potter continuait en long et en travers sur à quel point AIM était meilleure que Poudlard et les autres écoles européennes. Au début, elle ne pouvait juste pas croire à quel point le garçon était surexcité et bavard, mais pendant qu'elle écoutait, elle se détendit graduellement et commença même à se sentir un peu soulagée qu'elle allait à AIM après tout. Imaginez sept ans à être accolé avec toutes ces coutumes sang-pures oppressives et ces façons restreintes d'apprendre et de penser. Selon Harry, tous les devoirs et les tests étaient basés sur des rédactions – une façon d'apprendre vieille que le monde et sérieusement dépassée, selon Hermione. Imaginez, sept ans sans un seul projet créatif ou une expérimentation pour un devoir !

À un moment, Harry commença à ralentir et ce fut quand Hermione commença à espérer qu'il continue à babiller un peu plus longtemps. Ayant épuisé tout ce dont il voulait parler, Harry commença à poser questions après questions à Hermione et d'où est-ce qu'elle venait, et qu'est-ce que ses parents faisaient, etc. Il n'avait aucune idée de ce qu'était un dentiste et ne semblait pas terriblement enthousiasmé par sa description et finit par l'équivaloir avec un Guérisseur très spécialisé et pensa qu'ils devaient être "trop cool".

« Donc quel cursus tu vas choisir ? demanda Harry. Je vais aller en Guérison, au cas où tu n'avais pas deviné, parce que je veux tout savoir sur la Guérison qu'i savoir – oh, il se peut que j'aille en Potions à un moment donné, par contre. Je les aime aussi. »

Hermione se fit la réflexion que Harry Potter semblait être un type de personne très dissipé, même si elle en viendrait à changer cette opinion de lui au fur et à masure qu'elle apprit à le connaître durant l'année à venir.

« Je pensais aller en Guérison aussi, dit Hermione. J'ai pensé à l'Alchimie, mais je ne suis pas sûre que mes parents comprendraient vraiment ça, et la Guérison est à la fois universellement compréhensible et universellement estimée, donc ils peuvent quand même être fiers de moi, même s'ils ne comprennent pas complètement.

— C'est génial ! dit Harry avec plus d'excitation qu'Hermione pensait que sa réponse demandait. Ça veut dire qu'on aura tous nos cours ensemble, et qu'on sera dans les mêmes dortoirs et tout. Tu veux étudier ensemble ? Tu veux qu'on soit amis ? »

Elle cligna des yeux en confusion, puis le fixa quand son esprit digéra sa façon de parler à l'enfilade. Il voulait être amis ? C'était… facile. Presque trop facile.

« Pourquoi ? » demanda-t-elle, un peu suspicieusement.

Peut-être qu'il avait vu le livre dans son sac, avait supposé qu'elle était une binoclarde et espérait de l'aide garantie avec ses devoirs en échange d'être sympa avec elle.

Harry cligna juste des yeux vers elle, souriant toujours ce sourire trop-brillant-pour-être-naturel et dit :

« Pourquoi pas ? »

N'ayant rien à dire à cela, Hermione sourit juste en retour, un peu timidement. C'était l'heure de tenter sa chance, pensa-t-elle. Même s'il se révélait qu'il avait une arrière-pensée, elle ne saurait pas, à moins d'essayer.

« D'accord, amis, alors. Donc tu as grandi dans une maison sorcière ? À quoi ça ressemblait ? »

De là, la conversation coula rapidement. Ils couvrirent un large éventail de sujets, comparant les différences entre les mondes moldus et sorciers à travers plusieurs catégories comme la musique, le divertissement, la politique, la vie de famille, les engagements sociaux, l'éducation, le travail, et plus. Hermione apprit plus de Harry Potter sur le monde sorcier durant ce vol en avion – qui dura d'une certaine façon seulement six heures, même si elle savait logiquement qu'un vol au-dessus de l'Atlantique devrait prendre plus longtemps – que de tous les livres vagues formulés génériquement qu'elle avait achetés après avoir reçu sa lettre.

Lorsqu'ils atteignirent AIM et se séparèrent en des groupes basés sur s'ils avaient un cursus en tête ou étaient indécis, elle commençait vraiment à apprécier la personnalité enjouée et excitable de Harry. Même quand ils descendirent de l'avion et que Harry avait la chance de rencontrer leurs camarades, parmi lesquels nombreux étaient évidemment plus riches ou plus cool qu'elle, Harry ne sembla même pas les remarquer. Toute son attention était sur Hermione, et elle ne pouvait pas s'empêcher d'aimer la façon dont les choses avaient tourné.

Deux jours plus tard, quand il les fit arriver en retard pour leur première leçon de sortilèges généraux en réussissant, elle ne savait comment, à coller sa chaussure gauche au plafond avec du chewing-gum de force industrielle, Hermione eut des doutes sur son amitié naissante avec l'excentrique futur Guérisseur, mais ensuite, il réussit à dérober d'une certaine façon une tarte au fruit en plus des elfes de services qui géraient la ligne du dîner style buffet et il la donna à elle. Et après ça, il ne demanda pas d'aide pour la fiche d'exercices supplémentaire qu'ils devaient faire pour être arrivés en retard, et quand elle offrit avec hésitation son aide, il sourit et dit qu'il la comprenait sans problème et l'avait en fait terminée en cours pendant qu'elle prenait des notes.

Peu après ça, Harry Potter et Hermione Granger devinrent presque synonyme. Ils étaient toujours ensemble, à étudier ou à mettre en place une des combines élaborées de Harry, et lorsque les vacances de Noël arrivèrent, Harry était facilement le meilleur ami qu'elle avait jamais eu.

Maintenant, cela faisait plus d'un an qu'ils s'étaient rencontrés, et Hermione était tellement habituée aux facéties de Harry qu'elle ne cligna même pas des yeux quand il s'effondra, soupirant du fond des os, à la table à côté d'elle et commença à retirer des bouts de confetti en forme de chauve-souris de sa purée.

« Joyeux Halloween », dit-elle avec douceur.

Harry fronça son nez mutin et leva les yeux au ciel.

« Affreuse fête. »

Hermione tourna des yeux surpris vers son ami.

« Des bonbons gratuits, des décorations et costumes fous, deux desserts en plus par personne… Je croyais que ce genre de chose serait ton truc. »

Harry planta sa fourchette dans sa purée d'un air un peu maussade.

« Il y a toujours quelque chose de mal qui se passe à Halloween. C'est, genre, une malédiction. »

Hermione haussa les sourcils. Ce n'était pas qu'elle ne croyait pas aux malédictions (elle en avait étudié plusieurs et connaissait même la théorie derrière quelques-uns maintenant), mais son ami était enclin à la mélodramatisation.

« Tu n'étais pas déprimé l'année dernière à Halloween et je ne me rappelle pas que quoi que ce soit de mal soit arrivé ce jour-là. »

Harry haussa des épaules.

« Je croyais que j'étais loin de ça, ici. Ça ne m'arrive pas toujours, de toute façon. La plupart du temps, c'est mon cousin Archie qui se prend le plus gros de la malédiction. Tu te souviens l'année dernière quand j'ai eu cette lettre de la maison disant que mon cousin avait été blessé d'une certaine façon à Poudlard ? Sa blessure est arrivée la nuit d'Halloween. Il se trouve que quelqu'un avait essayé de le tuer en mettant du poison corrosif dans sa boisson. »

Hermione poussa une exclamation.

« C'est affreux ! Comment une telle chose peut avoir lieu dans une école ? Il allait bien, n'est-ce pas ? »

Harry haussa les épaules.

« Ouais, quelqu'un l'a empêché de la boire à la dernière seconde. Le point, c'est que rien de mauvais ne m'est arrivé aujourd'hui, ce qui veut dire que quelque chose d'affreux est probablement en train d'arriver à Archie maintenant.

— Eh bien, dit Hermione avec hésitation, il n'y a pas de raison de s'inquiéter si tu ne peux rien faire, pas vrai ? »

Harry soupira.

« Je suppose. Je suis juste inquiet parce que même si quelque chose de mal lui arrive, il ne dira rien et ça prendra des semaines jusqu'à ce que l'école informe son père qui le dira à mes parents qui m'écriront les détails. »

Hermione resta silencieuse. Elle avait entendu beaucoup de choses à propos du cousin de Harry, Archie, qui se faisait appeler Rigel à certains moments et de ce que Harry avait dit, Arcturus Black semblait être un individu singulièrement étrange, même si apparemment, il était plutôt brillant. Mais encore, Harry disait toujours qu'Hermione était brillante aussi, et elle ne se considérait pas un vrai génie ou quoi. Elle travaillait juste dur et s'appliquait avec assiduité.

« Distrais-moi, Hermione, dit Harry, morose. S'il te plaît ?

— Comment ? demanda Hermione avec ironie.

— Je ne sais pas, dit Harry avec un soupir. Peut-être avec ta beauté stupéfiante et ton charme naturel ? Tu pourrais flirter avec moi. »

Hermione roula des yeux.

« On est trop jeune pour flirter, Harry.

— Vraiment ? »

Harry ne semblait pas terriblement inquiet.

« Mon oncle Sirius dit qu'on n'est jamais trop jeune pour flirter. »

Hermione pensa secrètement que son oncle ne semblait pas le genre d'adulte auprès de qui il devrait prendre des conseils, mais elle savait mieux que de dire quoi que ce soit contre "Oncle Sirius". Harry vénérait presque le sol sur lequel son oncle marchait et semblait être encore plus proche de l'homme qu'il ne l'était de ses propres parents. Il le mentionnait certainement plus souvent, même s'il lui écrivait à peine, curieusement.

« Peut-être que les garçons peuvent commencer à flirter à douze ans, mais je suis presque sûre que les filles respectables ne commencent pas avant au moins quatorze ans », dit Hermione avec amusement.

Au début, tous les mots vaguement aguicheurs et les avances limites que Harry lui disait l'avaient confuse et déconcertée. Elle n'était pas du tout habituée à un badinage aussi fleuri et exagéré et l'avait pris plutôt mal au début. Rapidement, il devint clair qu'il ne la taquinait pas et qu'il ne la draguait certainement pas sérieusement. Harry parlait juste comme ça des fois, comme si c'était complètement naturel. Elle supposa que cela avait quelque chose à voir avec sa nature exubérante et franche combinée à l'influence de son oncle. Cela le rendait terriblement ingénu, mais d'une façon candide.

« Qu'est-ce qu'il y a de si bien à être respectable ? dit Harry en souriant un peu. Rejoins le côté sauvage, Mione.

— Pourquoi tu ne pars pas devant et me fais savoir comment c'est ? dit Hermione d'un ton pincé. J'aime ce côté de sensibilité suffisamment bien.

— Un jour, je te corromprai, taquina Harry. Et alors… farceurs du monde, prudence ! Je parie que tu me surpasserais en farces n'importe quand si tu mettais ton brillant esprit à l'œuvre.

— Pas si je te corromps d'abord, dit Hermione. As-tu déjà fini ton devoir sur la Guérison Mentale ?

— On ne doit pas le rendre avant encore une semaine, pointa Harry.

— Tu l'as fini ?

— Oui, bouda Harry. J'imagine que ton plan diabolique marche mieux que le mien. Peut-être qu'il est temps pour une autre grande aventure.

— Pas de vol cette fois », sollicita Hermione, ayant assez de jugeote pour ne pas essayer de refuser catégoriquement.

Il utiliserait seulement ses yeux de chiot sur elle et puis elle finirait par accepter n'importe quoi.

« Que penses-tu d'un incendie volontaire ? » demanda Harry joyeusement.

Bien qu'elle fût contente qu'il n'était plus déprimé…

« Non.

— Larcin ?

C'est du vol, dit Hermione en roulant des yeux. Bien essayé par contre.

— Donc, pas de détournement de propriété et pas faire exploser des trucs ? »

Harry secoua la tête avec une tristesse feinte, ce qui lui allait bien mieux qu'une vraie tristesse.

« Que peut bien donc faire un adolescent ?

— Tu pourrais pleurer, suggéra Hermione allégrement. Essaie juste d'éviter d'en mettre dans mon jus de citrouille. »

Harry rit à cela.

« C'est pour ça que tu es l'amie parfaite pour moi, Mione. La seule autre personne dans le monde qui gère mes singeries aussi bien est mon cousin, et il a eu une décennie de pratique. »

Hermione sentit ses oreilles chauffer sous ses cheveux. Elle savait exactement quel grand éloge c'était, ayant entendu Harry débiter de façon positivement poétique d'à quel point son cousin était incroyable un nombre incalculable de fois l'année passée. Peu importe combien Harry pouvait parfois être étrange ou franchement suspicieux, quand il disait des choses comme ça, elle ne pouvait pas s'empêcher de vouloir ignorer toutes les inconsistances un peu plus longtemps. Son amitié, réalisait-elle, était plus importante que de découvrir ses secrets. Elle attendrait patiemment jusqu'à ce que leur amitié signifie plus pour Harry que ses secrets aussi.


[1] Le texte anglais indique "quatrième" année, mais Rookwood est en cinquième année et dans le canon Harry apprend cette potion en cinquième année, ndt.

[2] Il manque un mot dans la version anglaise, que je soupçonne être "lieu" ou quelque chose de similaire, ndt.

[3] Gris argenté en anglais, mais Archie portant des lentilles vertes à AIM, c'est une inconsistance, ndt.


NDA : Dooonc, et voilà. Joyeux Halloween (en retard). Désolée que ce ne soit pas plus long, et ne vous inquiétez pas si certaines choses semblent bizarres… elles ne le sont pas. ^^ Plein d'amour. -Violet

NDT : Un nouveau chapitre de terminé ! L'histoire se met en marche…

Je profite de ma petite plateforme ici pour faire un rappel sur les reviews. Même si je n'ai rien reçu du tel sur cette traduction, ces derniers temps, les quelques reviews que je reçois sur mes fanfictions sont presque toutes d'une méchanceté qui m'interpelle. Publiant maintenant aussi en anglais sur AO3, je peux vous dire avec certitude que les Français n'ont aucune bienveillance dans leurs messages. Je n'ai littéralement jamais reçu une seule review négative en anglais. (Je ne parle pas de constructivité au cas où c'est pas clair.)

Et honnêtement, quand j'ai reçu encore une personne pour me dire que en gros, j'écrivais de la merde sous couvert de bonne conscience, je me suis demandée si ça valait la peine de continuer à écrire en français. Donc un rappel : les personnes qui écrivent des fanfictions le font gratuitement. Elles ne vous doivent rien. Même si elles ont écrit des trucs qui dérangent parce qu'elles étaient encore jeunes dans leurs connaissances, ça ne vous donne pas le droit de les attaquer comme ça. Si vous n'aimez pas quelque chose, il y a une flèche là en haut de votre écran qui vous permet de retourner en arrière. C'est tout. Ne dites pas à l'autaire que vous arrêtez de lire son histoire parce que vous trouvez que c'est de la merde. N'écrivez rien du tout. Si vous n'avez pas quelque chose de positif à dire, ne le dites pas. Je n'arrive pas à croire que ce soit une règle comprise par presque tout le monde côté anglais et que côté français, les gens agissent comme quand j'étais au lycée à laisser des reviews "critiques". Alors pour ces gens qui ne le savent pas, les règles quand on laisse une review sur une fanfiction, c'est : la bienveillance, pas de critiques constructives si l'autaire ne les a pas demandées, et s'il n'y a rien de positif à dire, alors n'écrivez pas de review. Et on applique toujours le YKINMK "your kink is not my kink and that's okay" ou "ton kink n'est pas mon kink et c'est ok" ce qui veut dire : tout le monde n'aime pas les mêmes choses. Autrement dit, si vous tombez sur quelque chose que vous n'aimez pas, vous passez à autre chose. Et c'est tout. C'est vous qui gérez votre expérience internet donc ne soyez pas outrés dans les reviews. Merci.

(Ouais, cette review m'a vraiment blessée. Évidemment, c'était un guest. Point positif avec les guest : on peut les supprimer. Mais ça n'empêche pas que je l'ai lue avant. Une fois, j'ai littéralement reçu une review qui disait juste "c'est de la merde". Vraiment, le pic du remerciement pour un travail gratuit qui demande des heures de boulot.)