Les miracles de Noël existent ! Nouveau chapitre avec beaucoup de retard... Je suis vraiment désolée, la reprise du travail n'a pas été difficile mais j'ai beaucoup moins de temps et je privilégie certains passe-temps par rapport à d'autres, la traduction est donc un peu en retrait par rapport à avant.
Harry, Ron, Hermione et Régulus avaient passé le voyage barricadés dans leur wagon et passé une bonne partie du trajet à parler de leur été. D'un accord tacite, personne n'avait mentionné ce qui s'était passé après la Coupe du Monde de Quidditch, ce qui avait parfaitement convenu à Régulus qui n'avait pas particulièrement envie de se remémorer la soirée. Celle-ci était venue s'ajouter à ses (trop) nombreux mauvais souvenirs, et il n'avait pas non plus envie que ce soit l'occasion de rappeler à Hermione que Mr. Crouch avait renvoyé son elfe de maison (il se souvenait trop bien de sa réaction lorsqu'elle avait appris la nouvelle et ne souhaitait pas revivre l'expérience).
Lorsqu'ils étaient enfin rentrés à Grimmauld et que les trois amis avaient rejoint leurs chambres, Régulus et Sirius avaient longuement discuté de l'attaque et de sa signification. N'était-ce qu'un moyen pour les Mangemorts de rappeler au monde qu'ils étaient toujours là ? Ou un aperçu de ce qui allait arriver dans un futur proche ? Le Seigneur des Ténèbres préparait-il déjà son retour ? Inutile de dire que les deux frères avaient été extrêmement inquiets à l'idée de renvoyer Harry à Poudlard.
De son côté, Régulus était également inquiet pour Hermione. Sirius avait eu raison, quelques mois auparavant, en disant qu'elle serait prise pour cible dans la guerre sur le point d'éclater. Elle et sa famille seraient parmi les premières victimes du Seigneur des Ténèbres, et il ne pouvait en aucun cas laisser cela arriver. Harry avait Sirius et Ronald avait ses parents mais, en tant que Née-Moldu, Hermione ne bénéficiait de la protection de personne dans le monde des sorciers. Bien sûr, Sirius ou les Weasley la protégeraient volontiers si besoin était, mais leurs propres enfants passeraient toujours avant elle. Malgré tout, cela n'avait pas d'importance pour Régulus. Si quelqu'un devait la protéger, ce serait lui et lui seul.
Harry et Ronald étaient au milieu d'un concours dont le but était de manger le plus de gâteaux en un temps record lorsque le train commença à ralentir, et Régulus et Hermione stoppèrent leur quiz d'arithmancie et remirent à contrecœur leurs livres dans la valise de la jeune fille. Au bout de quelques minutes, le train s'arrêta et tous les quatre se levèrent. Régulus regarda sa cage en soupirant avant de s'en approcher à contrecœur. Il n'aimait vraiment pas devoir y retourner.
- Ne m'attendez pas, dit-il au trio alors qu'ils étaient sur le point de quitter le compartiment, je serai avec Severus presque toute la nuit, je pense, et je risque de dormir là-bas.
Les trois amis échangèrent un regard avant qu'Harry ne demande.
- C'est à propos de la Chambre ?
- Oui.
- Vous pourriez me laisser venir avec cous, dit-il. J'y suis déjà allé, je pourrais vous aider.
- Moi aussi, ajouta Ronald, Harry dit que la Chambre est cool en plus.
Vraiment, pensa Régulus, seul un Gryffondor penserait que retourner là où sa sœur et son meilleur ami ont failli mourir est cool.
- Harry, dit Hermione, et Régulus devina au son de sa voix qu'elle était elle aussi affligée par leur attitude, Sirius et toi en avez déjà discuté. Tu as eu beaucoup de chance la première fois que tu as utilisé la dent du Basilic, et il ne veut pas que tu prennes de risque. Le professeur Rogue et Régulus sont tous les deux des adultes beaucoup plus expérimentés qui sont tout à fait capables de récolter le venin. Et, Ron, vraiment, tu veux entrer dans une pièce mal aérée où le cadavre d'un Basilic se décompose depuis plus d'un an ?
Le rouquin secoua rapidement la tête, et Régulus lança un regard amusé à Hermione, levant un pouce en l'air pour lui signifier qu'elle avait brillamment tenu tête face aux deux garçons. La jeune fille lui sourit avant de retourner s'occuper de ses bagages.
- D'accord, d'accord, répondit Harry en soupirant. Allons-y, il faut qu'on se dépêche si on veut avoir une place dans une diligence.
Ils attendirent que Régulus se transforme et entre dans sa cage avant de lancer le contre-sort qui les isolait et d'ouvrir la porte. Hermione s'agenouilla à côté de lui et lui souhaita une bonne soirée, et les deux garçons lui firent signe de la main avant de quitter le compartiment. Comme ce n'était pas son premier voyage à bord du train, Régulus savait que les elfes apparaîtraient dès que le dernier élève aurait quitté le Poudlard Express. Moins de cinq minutes plus tard, après que le son des dernières discussions se soit évanoui, un léger pop se fit entendre dans le wagon et Régulus sentit le monde physique se resserrer autour de lui.
Le transplanage tel que pratiqué par les elfes était plus agréable que son équivalent humain, et très vite la cage de Régulus réapparut au-dessus des bagages d'Hermione. L'elfe qui l'avait amené fit léviter sa prison et ouvrit la porte avant de repartir aussi vite qu'il était venu, probablement pour aller chercher les bagages des autres filles. Régulus n'attendit pas qu'il revienne et partit rejoindre le dortoir des garçons, où il découvrit que les valises de tous les occupants étaient déjà là. Satisfait, il se retransforma et sortit son deuxième sandwich de la valise d'Harry, où un nouveau compartiment avait été magiquement ajouté pour qu'il puisse ranger ses affaires. Il le mangea lentement en lisant un roman qu'Hermione lui avait prêté, regrettant un peu de ne pas pouvoir aller aux cuisines (Dobby cuisinait très bien, mais une assiette avec les mets servis au cours du Premier Festin de l'Année était meilleure).
Cela faisait presque deux heures qu'il était là quand il décida qu'il était temps de faire une promenade digestive. Le festin durait un long moment, et Severus ne reviendrait pas tout de suite car il lui fallait accueillir les nouveaux élèves de sa Maison et débriefer les Préfets avant de rejoindre ses quartiers.
Régulus aimait l'ambiance du château la nuit. Tout était silencieux, comme si le monde autour de lui s'était arrêté, et il n'entendait que le bruit de ses griffes sur les dalles de granit. C'était un son régulier, et bizarrement cela l'aidait à penser plus clairement. Et il avait besoin de réfléchir.
Il y avait une petite partie de lui qui n'avait pas voulu quitter Grimmauld Place. Retourner au château signifiait arrêter ses petites escapades avec Hermione dans le monde Moldu, mais aussi renoncer une fois de plus à une partie de sa liberté et quitter le frère qu'il apprenait encore à connaître après des années de séparations. Mais pire, cela signifiait revenir à la mission qu'il s'était assignée l'année dernière, aux menaces contre la vie d'Harry, cela signifiait se rappeler que le retour du Seigneur des Ténèbres était imminent.
De toute évidence, il n'avait pas totalement oublié les Horcruxes. Lui, Sirius, Severus et Lupin s'étaient rencontrés plusieurs fois pour discuter du Seigneur des Ténèbres, de la cachette d'un potentiel troisième Horcruxe, combien il aurait pu faire, et comment ils devraient détruire celui en leur possession. Mais ces rencontres n'étaient pas suffisamment nombreuses par rapport à ses autres activités de l'été, et même l'incident de la Coupe de Quidditch n'avait pas affaibli l'ardeur de Régulus à embrasser sa nouvelle vie.
Mais à présent, il parcourait une nouvelle fois les couloirs de l'école, se demandant combien de temps il lui restait avant que le Seigneur des Ténèbres ne reprenne le pouvoir. Il n'aimait pas devoir le reconnaître, mais il savait que quelque chose allait arriver. Certes, il lui avait fallu dix ans avant de tenter de revenir sur les devants de la scène mais il avait presque réussi, et deux fois de suite. Et, après ce qu'il avait découvert l'année passée, Régulus savait qu'il y avait une possibilité qu'un troisième Horcruxe apparaisse, ou que le véritable Seigneur des Ténèbres revienne pour de bon. Après tout, combien d'autres Peter Pettigrew attendaient leur chance pour essayer de ramener le sorcier à la vie ?
Heureusement pour eux, ils avaient au moins un moyen de savoir si quelque chose était sur le point de se produire. Severus n'avait pas aimé l'idée d'utiliser sa Marque comme antenne relais, mais c'était la meilleure option qu'ils avaient dans la mesure où ils savaient qu'elle avait changé d'apparence au cours de la première année scolaire d'Harry, quand Quirrell était là.
Et puis, il y avait aussi la question Dumbledore. Aucun des quatre membres de leur groupe ne lui faisait confiance pour de nombreuses raisons, mais ne devraient-ils pas le mettre au courant de leurs suspicions ? Malgré tous ses défauts, l'homme en savait plus sur le Seigneur des Ténèbres que quiconque, et il pourrait peut-être les aider à trouver s'il y avait ou non plus d'Horcruxes, et la forme qu'ils pourraient avoir. Mieux encore, Dumbledore voulait que le Seigneur des Ténèbres soit détruit une fois pour toutes, et il restait un des meilleurs sorciers de son temps et donc par conséquent un allié puissant. Mais, jusqu'à présent, nul autre que Régulus n'avait pensé que ce serait une bonne idée de faire confiance au vieux Directeur, et Régulus espérait seulement qu'ils ne se rendraient pas compte trop tard qu'ils auraient dû accepter son idée.
Perdu dans ses pensées, Régulus s'aperçu qu'il était à présent devant la Salle Commune des Serpentards et il attendit un moment devant l'entrée, se demandant s'il devait ou non se rendre dans les appartements de Severus. Il y eut un bruit non loin de lui, et les premiers élèves apparurent au bout du couloir. Régulus s'éloigna rapidement et se dirigea vers les quartiers privés de son ami. La porte dérobée s'ouvrit pour lui et il s'installa dans le canapé avant de prendre un livre qui avait été laissé sur la table basse. Il n'avait lu que le premier chapitre quand Severus apparut, l'air plus irrité que jamais.
- Quelque chose ne va pas ? lui demanda Régulus.
L'homme lui lança un regard sombre et jeta sa cape dans un coin avant de s'effondrer sur le canapé et d'invoquer deux verres et une bouteille de whisky pur feu.
- Cet enfoiré de Dumbledore a demandé à Maugrey d'être le nouveau professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Et moi qui me demandais pourquoi il ne voulait pas me révéler son nom, je comprends mieux maintenant. Cet homme est totalement fou, et en plus il me déteste. Dire que je croyais que les choses ne pouvaient pas empirer depuis l'évasion de ton imbécile de frère. Ah ! Et maintenant j'ai un ancien Auror qui me suit comme mon ombre et attend que je commette l'erreur qui me fera envoyer à Azkaban.
- Il ne croit pas Dumbledore sur parole quand il lui dit que tu es réformé ?
- Non. Dumbledore n'a jamais révélé à personne pourquoi il était certains que j'étais contre le Seigneur des Ténèbres. D'après les dires de Maugrey, un Mangemort est une ordure, un espion est pire parce qu'il n'a pas de camp défini.
- Et le fait qu'il t'ai accepté comme professeur ? Que tu sois là depuis des années, et Directeur des Serpentards ? Dumbledore aurait pu trouver quelqu'un d'autre s'il pensait que tu n'étais pas digne de confiance, n'est-ce pas ?
- Ne me fais pas rire, est-ce qu'il faut que je te rappelle qu'il a engagé Quirrell ? Je pouvais sentir les traces de Magie Noire quand j'étais à quelques mètres de lui, et, malgré son assurance que c'était parfaitement normal pour un enseignant sur ce poste, je suis certain que le vieil homme savait que quelque chose ne tournait pas rond. Dumbledore garde une mauvaise diseuse de bonne aventure pour enseigner la Divination, et le niveau des professeurs de Défense Contre les Forces du Mal est de plus en plus abyssale au fil des ans. Il se fiche de savoir si l'on est digne de confiance ou non, tant que la personne en question sert ses intérêts, il la garde. Trelawney est seulement ici à cause de la Prophétie, la moitié des professeurs étaient dans l'Ordre, et j'ai gardé mon poste simplement parce qu'il sait que je pourrais de nouveau lui être utile. Je déteste ce putain de travail. Je devrais être en train d'inventer des potions révolutionnaires et je suis coincé avec des gamins stupides qui font exploser des chaudrons rien qu'en franchissant le seuil de ma classe.
- Tu ne pourrais pas quitter le château ?
- Et qui m'emploierait, hein ? Lucius n'a pas besoin d'un Maître en Potions à plein temps, Sainte Mangouste n'apprécierait pas mon dernier employeur et personne ne me ferait confiance si je m'installais en tant qu'apothicaire. Dumbledore s'est bien débrouillé. Il a réussi à me garder hors de prison mais il n'a pas dissipé les soupçons qui pesaient sur moi. Karkaroff a quitté la Grande-Bretagne et est rentré chez lui, où personne ne savait ce qui s'était passé. Lucius avait assez d'argent et de pouvoir pour faire oublier à toutes les personnes importantes qu'il avait été impliqué dans des activités plus ou moins illégales. Je n'ai rien. Pas de nom, pas de fortune. Je suis un Sang-mêlé. A quoi tu t'attendais, honnêtement ? Et puis, au final, tout ça n'a pas d'importance. Je veux être là quand il reviendra, et aider à le vaincre. Et quoi de mieux que de rester aux côtés de Dumbledore ?
- Rester ? Pourquoi ? demanda Régulus, alarmé.
- Tu sais pourquoi, dit Severus en le fixant froidement. Mes actions n'effaceront pas ce que j'ai fait, mais au moins je saurai que j'ai tout essayé pour réparer mes erreurs.
- Severus, est-ce que tu penses vraiment que le Seigneur des Ténèbres te fera confiance ? Même si tu réussis à le convaincre que tu n'as pas changé de camp, tu seras tout le temps en danger à cause de ton statut d'espion.
- Mon choix est fait depuis longtemps, Régulus. Maintenant que tu es là, certaines choses vont changer je le reconnais, mais tu ne peux pas contester le fait qu'un espion vous avantagera aussi, toi et ton frère. Je ferai mon rapport à Dumbledore, mais vous aurez les mêmes informations sans qu'il sans doute. Je déteste toujours autant ton frère, et je n'aime toujours pas Potter, mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il est condamné si on n'essaye pas de détruire le Seigneur des Ténèbres, et je ne peux pas le laisser mourir lui aussi. J'irai jusqu'au bout, Régulus, même si cela doit me coûter la vie.
Régulus sourit tristement, repensant à sa propre tentative de sacrifice dans l'espoir dans monde meilleur.
- D'accord, Severus, d'accord. Quand je pense que tu te plains que je ressemble trop à un Gryffondor, tu te crois mieux ? Je me demande lequel d'entre nous est le pire, vraiment. Promets-moi juste que tu ne prendras pas plus de risques que tu ne le devrais. Il y a d'autres moyens de se racheter que de mourir en héro.
- ... On verra, répondit finalement Severus, avant de boire une gorgée de Whisky. Alors, content d'être à nouveau de corvée de baby-sitting ? demanda-t-il au bout d'un moment.
- Je ne fais pas de 'babysitting', dit Régulus, exaspéré. Je m'assure qu'Harry ne se fasse pas tuer. Tu as bien vu ce qui s'est passé l'année dernière. Si je n'avais pas été là, il se serait précipité après Pettigrew.
- Potter est imbécile, mais un imbécile qui a de la chance, dit Severus en soupirant bruyamment. Toutes ces fois où il aurait pu mourir, et il n'y est même pas parvenu.
- Je t'en prie, pas de ça avec moi Severus. Tu m'as dit i peine deux minutes que tu voulais le protéger. Tu l'apprécies à ta manière, c'est tout.
- ... Il est légèrement plus agréable que son père, je te l'accorde.
- Bien mieux, oui. Drago, par contre...
- Ne me dis pas qu'il est pire que les Maraudeurs, Régulus. Drago déteste Potter, Weasley et Granger, oui, mais il n'a jamais fait grand-chose contre eux. Le père de Potter et ton frère ont commencé à harceler les Serpentards dès leur première année à Poudlard, et ce qu'ils ont fait en quelques mois dépasse largement la cruauté de Drago depuis qu'il est ici. Est-ce que je dois te rappeler combien de fois nous nous sommes retrouvés à l'infirmerie avec des membres brisés à cause d'une de leur blague ?
- C'est vrai, répondit Régulus en grimaçant. Sirius n'avait jamais vraiment oublié leur lien de parenté et été moins agressif envers lui qu'envers Severus, mais cela ne l'avait pas empêché de s'en prendre à son propre frère. James Potter s'en était assuré.
- Mais oublions ces jours glorieux, dit son ami d'un ton amer, et parlons plutôt de notre visite souterraine. En plus de ça, Dumbledore nous a annoncé la date d'arrivée des délégations, ce qui veut dire que nous avons jusqu'à Halloween pour décider quoi faire avec Karkaroff.
- Reg, Poudlard accueille le Tournoi des Trois Sorciers en octobre, Dumbledore l'a annoncé hier ! s'écria Ronald avec enthousiasme alors qu'il entrait dans le dortoir. Il avait quitté les quartiers de Severus en même temps que ce dernier et avait décidé de jeter un coup d'œil au trio avant qu'ils ne partent pour leur premier jour de cours. Ronald et Harry étaient seuls et il reprit forme humaine avant de fermer la porte derrière lui.
- Je sais, répondit-il, Severus nous en a parlé il y a quelques semaines.
- Et personne ne nous a mis au courant ? demanda le rouquin, apparemment vexé. Hermione nous a expliqué comment ça marchait, dommage que je ne sois pas plus vieux pour pouvoir participer !
- Si tu le dis, commenta Harry, moi j'aurais évité, j'ai déjà assez de problème pour rester en vie en temps normal alors là…
- Bien dit, Harry, approuva Régulus. Si Hermione a les mêmes informations que moi, Ronald, alors elle a dû t'expliquer que la limite d'âge a été décidée parce que trop d'élèves avaient été tués lors des épreuves.
- Ouais bon, même si je n'étais pas choisi, je voudrais au moins avoir une chance d'essayer, déclara le garçon en faisant la moue. Est-ce que vous vous rendez compte ? Pas d'examens à réviser !
- Et l'obligation de travailler plus dur que tout le monde pour avoir une chance de réussir, répliqua Régulus en souriant.
Le visage du garçon se décomposa et il sut qu'il avait trouvé l'argument imparable.
- Maman ne m'aurait jamais laissé participer, de toute façon, bougonna-t-il en ramassant son sac.
- Sirius ne me laisserait pas y participer non plus, surtout s'il sait que je pourrais être en danger, sourit Harry.
- En parlant de ça, il voulait t'appeler ce soir, indiqua Régulus. Il y a certaines choses que tu dois savoir avant l'arrivée des délégations étrangères.
- Quel genre de choses ? Pitié, ne me dis pas que je suis à nouveau en danger...
- Tu ne l'es pas, du moins nous ne pensons pas que ce soit le cas. Mais cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas être prudents. Mais assez parlé, Sirius essaiera de te contacter après le dîner, je vais essayer de nous trouver une salle de classe vide pour que vous puissiez vous parler. Sirius m'a dit qu'il voulait que Ronald et Hermione soient là aussi.
- D'accord d'accord. Tu nous attends devant les portes après le dîner ?
- Pas de souci.
- LES GARÇONS, les interrompit Hermione depuis la salle commune. Qu'est-ce que vous faites ? Vous deviez descendre il y a dix minutes, même Seamus est déjà parti. Je n'ai pas l'intention d'être en retard dès le premier jour, je vous préviens.
- Allez-y, leur dit Régulus. On se voit après les cours.
La journée passa lentement pour Régulus, et il eut le sentiment qu'il devrait trouver quelque chose à faire très bientôt ou devenir complètement fou. Il avait emporté beaucoup de livres avec lui, mais il avait besoin de trouver autre chose à faire quand il était seul. Peut-être pourrait-il demander à Severus s'il y avait des potions à préparer pour l'Infirmerie ? Ou demander aux garçons s'ils avaient besoin de son aide pour revérifier leurs devoirs ?
La Grande Salle était en train de se vider, et il observa le flux continu d'étudiants qui en sortaient. Les plus âgés venaient en premier, se dépêchant de sortir pour ensuite se diriger vers la bibliothèque afin de travailler sur les nombreux essais déjà demandés. Les trois Gryffondors, n'étant qu'en quatrième année, mettraient certainement plus de temps à arriver. Finalement, il les vit et il se dépêcha de les rejoindre, évitant une meute de premières années qui essayèrent de le caresser en gloussant.
- Prêt, Pattenrond ? entendit-il Hermione demander.
Il miaula et les guida dans la salle de classe vide qu'il avait trouvée quelques heures plus tôt. Harry avait pris son miroir avec lui et ils le posèrent sur l'une des tables, attendant que Sirius les appelle. Ils n'eurent qu'à attendre dix minutes avant qu'il n'apparaisse devant eux.
- Salut tout le monde, dit-il en souriant, comment s'est passé votre première journée ?
- Bien, répondit Harry, pas de Potions avant demain, c'est toujours plus agréable de ne pas commencer un lundi avec Rogue de mauvaise humeur.
- Je lui en ai touché un mot au début de l'été, les cours devraient mieux se passer cette année.
Régulus se souvenait de cette conversation comme si elle avait eu lieu le jour-même. En effet, c'était lui qui était intervenu quand les deux hommes avaient failli en venir aux mains, ce qui lui avait valu de se prendre une malédiction de la part de Severus. C'était un accident, il le savait, mais il n'avait pas apprécié pour autant.
- Merci, Sirius, déjà que je n'aime pas le cours, alors si en plus Rogue en rajoute. J'ai beau savoir qu'il est de notre côté, je n'arrive pas à l'apprécier.
- Parfaitement compréhensible, confirma Sirius, ignorant le regard exaspéré de Régulus en entendant sa remarque. Alors, je suppose que vous avez entendu parler du Tournoi ?
- Oui dit Hermione, enthousiaste. Deux autres écoles vont envoyer leurs meilleurs élèves pour participer au tournois et ils vont tous rester jusqu'en juin. Le professeur McGonagall nous a dit que l'un des objectifs du tournoi était de renforcer les relations entre les écoles et de promouvoir l'unité entre les Maisons à Poudlard.
- C'est la version officielle, oui, mais les écoles veulent surtout prouver que leurs élèves sont les meilleurs, et voir comment s'en sortent les autres. Durmstrang et Beauxbâtons n'ont jamais accueilli le Tournoi car ils ne veulent pas que leurs concurrents découvrent leurs secrets.
Hermione sembla un peu déçue par ce que venait de révéler Sirius mais le laissa parler.
- Je sais que je vais paraître un peu paranoïaque, mais je veux que vous soyez tous extrêmement prudents, surtout toi Harry. Le directeur de Durmstrang vient avec ses élèves et c'est un ancien Mangemort. Il a été gracié par le Magenmagot mais Régulus et Rogue ne pensent pas qu'il puisse être digne de confiance. Il a trahi ses camarades, mais rien ne nous dit qu'il ne tenterait pas de revenir du côté de Voldemort si celui-ci réapparaissait. J'ai entendu dire que Dumbledore avait embauché Maugrey - l'Auror qui a attrapé Karkaroff - et je pense que lui aussi se méfie de ce qu'il pourrait faire. Il est un peu spécial mais on peut lui faire confiance, n'hésitez pas à aller le voir si vous avez besoin d'aide.
- Tu peux compter sur nous, promit Harry.
- Bien. Je vous laisse, profitez un peu de votre temps libre avant que le travail ne vous rattrape. Harry, je compte sur toi pour m'appeler ce week-end. Ron, Hermione, Reg, à très vite !
Régulus était en train de noter les copies des deuxièmes années quand la porte s'ouvrit bruyamment, et un Severus furieux fit irruption.
- Maugrey ? demanda-t-il sans même lever la tête.
- Evidemment, qui d'autre ? Il veut fouiller mes appartements, et j'ai dû aller voir Dumbledore pour qu'il arrête de me harceler. Il n'arrêtera pas de chercher une raison pour me renvoyer à Azkaban tant qu'il sera là.
- Eh bien, il a écouté Dumbledore n'est-ce pas ? Dis-toi qu'il est de ton côté, Karkaroff n'aura pas cette chance je pense.
- C'est vrai, mais je n'aime quand même pas cette situation. Si c'était quelqu'un d'autre à la place de Dumbledore, cet imbécile serait entré par effraction dans mon bureau, j'en suis certain.
- Eh bien il ne le fera pas, alors ne t'en fais pas trop. Parlons sérieusement, tu ne penses pas que tu as été un peu trop dur avec vos élèves ? Un test, le premier jour de classe ?
- Pas un n'écoutait ce que je disais, dit son ami, irrité, avant de jeter un œil à une copie que Régulus venait de corriger. Tu es trop gentil, dit-il, personne ne croira que c'est moi qui ai noté ce devoir. La prochaine fois, laisse-moi ajouter les commentaires.
- C'est noté. J'ai terminé cette pile, je reviens demain dans l'après-midi. Je dois encore aider Hermione, elle a commencé un projet d'Arithmancie et veut mon avis.
- Par pitié, apprends-lui à synthétiser avant toute chose. Je ne vais pas être mauvais au point de dire qu'elle ne sait pas rédiger un devoir, mais elle écrit toujours deux fois plus que ce qu'on lui demande. Et insiste bien sur l'importance de ne pas régurgiter tous les livres qu'elle a lu. Avoir des phrases reformulées plutôt qu'un paragraphe tiré d'un livre obscur me donnerait moins mal à la tête quand j'arrive sur sa copie.
- Je vais essayer, répondit Régulus avant de reprendre l'apparence de Pattenrond.
Severus lui ouvrit la porte et il partit rapidement en direction des cuisines, où les elfes lui servirent de quoi dîner. Il était près de huit heures lorsqu'il arriva finalement dans la Tour, et il trouva Hermione en train de l'attendre.
- Ah, tu es là ! Viens, on va s'installer sur mon lit, Lavande et Parvati ne reviennent pas avant une bonne heure, elles sont allées rejoindre Padma à la bibliothèque.
Il la suivit dans sa chambre et sauta sur son lit, attendant qu'elle ferme les rideaux et s'occupe de lancer des sorts leur permettant de parler sans être entendus avant de reprendre son apparence humaine.
- Comment s'est passé votre premier cours avec Maugrey ? demanda-t-il, intéressé d'en apprendre plus sur l'ancien Auror. Les garçons semblaient impatients ce matin, et tout le château ne parle que de ses cours.
- C'était… intéressant, commença-t-elle lentement, donnant l'impression qu'elle hésitait à critiquer un enseignant. Il ne comprenait pas pourquoi elle n'était pas franche, elle ne s'était pas vraiment retenue quand elle lui avait décrit Trewlawney après tout ! Comment dire… je comprends ce que les jumeaux essayaient d'expliquer en disant qu'il avait vu, et je comprends que ce soit important pour nous de connaître les Sortilèges Impardonnables et leurs conséquences… Mais la démonstration était sans doute en trop. Tu aurais dû voir le visage d'Harry après qu'il ait tué cette araignée ! Et puis Neville, je ne sais pas ce qui lui est arrivé mais il n'arrivait pas à arrêter de trembler quand il a quitté la classe.
Régulus grimaça en entendant Hermione. L'homme avait sans doute été un excellent Auror, mais il n'était apparemment pas un bon enseignant. Et comment Dumbledore avait-il pu accepter qu'il fasse une démonstration pareille ?!
- Si Maugrey a montré tous les Sortilèges Impardonnables, je pense savoir pourquoi Neville était dans cet état. Le sortilège Doloris a été utilisé sur ses parents par certains Mangemorts dont ma propre cousine après la chute du Seigneur des Ténèbres. Ils ne sont pas morts, mais ils ont été torturés au point de devenir fous. Ils ne se souviennent de rien, y compris de l'existence de leur propre fils.
- Mais c'est horrible ! Comment se fait-il que personne n'en sache rien ?
- Les parents de Ronald sont au courant, et probablement certains de ses frères qui étaient assez grand pour se souvenir d'eux. Mais Neville semble être un garçon très timide, et ce n'est pas une chose facile à dire. Il faut peut-être juste qu'il prenne son temps pour en parler autour de lui.
- Peut-être...
- En ce qui concerne Maugrey, n'hésitez pas à me dire si vous pensez que ses cours ne sont pas adaptés, Sirius saura trouver un moyen de faire pression sur Dumbledore. Le but n'est pas que les élèves soient traumatisés par ce qu'ils ont vu.
- Il n'irait pas jusqu'à nous torturer non plus, dit Hermione d'un air songeur. Dumbledore ne laisserait pas quelqu'un de dangereux enseigner, n'est-ce pas ?
- Je n'en suis pas si sûr, répondit Régulus. Il semble choisir de mauvais professeurs pour cette matière, Quirrell et Lockhart étaient dangereux chacun à leur manière.
- Lockhart n'était pas si dangereux que ça, dit Hermione dont les joues prirent une teinte pivoine.
- Tu plaisantes, il était sans doute pire que Quirrel ! Lui ne s'intéressait qu'à la Pierre Philosophale, et Harry sur la fin, son but était de rester caché le plus longtemps possible et de ne pas attirer l'attention sur lui. Lockhart aurait pu facilement tuer un étudiant parce qu'il était totalement incompétent. Quirrell savait au moins ce qu'il faisait.
- D'accord, d'accord, sujet clôt, je n'ai pas besoin que toi aussi tu te mettes à me rappeler que j'étais folle de lui quand il était là. Parlons plutôt d'Arithmancie.
Elle ouvrit son livre et prit un parchemin et une plume, avant de se lancer dans l'une des plus longues explications que Régulus ait entendu depuis un moment.
- Potter, restez après le cours. Il est grand temps de voir ce qui peut être fait pour améliorer vos notes plus qu'abyssales dans mon cours, déclara Severus, son humeur s'améliorant au fur et à mesure que le visage du garçon se décomposait. Il n'avait peut-être plus le droit de le traiter comme la nuisance qu'il était réellement, mais au moins il n'avait pas perdu son effet sur lui. Parfait.
- Dumbledore quitte le château ce soir pour deux jours, annonça-il quand ils furent seuls. Dites à Régulus de venir dans mes appartements après le couvre-feu. Et Potter, ajouta-t-il en voyant que le Gryffondor se détendait un peu trop à son goût. Dites-lui également de vous aider à rattraper le retard catastrophique que vous avez en potions. Vos notes sont une honte pour la renommée de Poudlard.
Potter semblait sur le point de dire quelque chose mais se retint, et Severus dut admettre que la présence de Régulus avait peut-être un effet positif sur son attitude. Cela ne pouvait pas être le résultat de l'éducation menée par Black, l'homme ne cesserait jamais complètement de se comporter comme un adolescent, même maintenant qu'il était presque un parent. Le garçon se détourna finalement et quitta la classe en fermant la porte derrière lui. Severus jeta un coup d'œil à sa montre et se rappela avec joie qu'il avait une heure de pause avant que la classe suivante n'arrive.
Deux classes, cinq retenues, trois explosions et un vilain accident plus tard, Severus quitta enfin son cachot pour la Grande Salle, où il fut bientôt rejoint par ses collègues. Comme d'habitude, il s'assit entre Filius et, malheureusement, Alastor Maugrey. L'homme l'ignora pendant la majeure partie du repas, avant de se tourner vers lui.
Ah, c'était suspect qu'il n'ait tenté aucune approche.
- Alors, Rogue, des nouvelles des petits copains depuis la dernière fois ?
- Je ne vois pas de qui tu parles, répondit-il d'un ton glacial.
- Karkaroff, par exemple. Vous, les Mangemorts, aimez garder le contact les uns avec les autres, peut-être pour vous souvenir des belles choses que vous avez accomplies ensemble. Je sais que tu vois Malefoy régulièrement. Mauvais, celui-là. Fudge a toujours été trop intéressé par l'argent ; c'est ce qui causera sa perte.
- Ce que je fais pendant mon temps libre ne te concerne pas, Maugrey. Je tolère Lucius assez pour accepter ses invitations une fois par mois, mais ça ne fait pas de lui mon ami.
- Tu es le parrain de son fils.
- Et l'histoire derrière ce titre ne te regarde pas, répondit Severus avant de poser sa fourchette sur la table et de se lever brusquement.
- À demain alors. J'aime beaucoup discuter avec toi, Rogue.
Severus ignora l'homme et quitta la salle par la porte arrière, se dépêchant de retourner dans ses quartiers. Régulus était déjà là, et il eut suffisamment de bon sens pour éviter de lui demander ce qui s'était passé.
- Je suppose que tu as la cape et la carte ? demanda Severus après s'être un peu calmé.
- Oui. J'ai aussi pris un balai, au cas où ça ne marcherait pas. Je suppose que tu as le tiens ?
- Bien sûr.
- Parfait. Maintenant, nous n'avons plus que… quatre heures à attendre. Une idée pour passer le temps ?
- Je t'ai dit de venir après le couvre-feu, tu n'as pas des cours de rattrapage de Potions à donner ?
- Je ne peux pas commencer, j'ai besoin d'utiliser ton laboratoire pour qu'il pratique.
- Potter a besoin d'aide pour la théorie et l'application. Le simple fait d'essayer de lui faire comprendre ce qui est écrit dans son livre devrait te prendre la majeure partie de l'année.
- Je n'arrive pas à croire que je suis dans des toilettes pour filles, fit Régulus à son ami.
- Je n'arrive pas à croire que ce soit ce qui te préoccupe en ce moment, répondit sèchement Severus.
Cela faisait maintenant quelques minutes qu'ils étaient arrivés, et Severus était sur le point de rompre temporairement les protections autour des lavabos. Une fois le passage ouvert, ils auraient seulement une heure pour entrer dans la Chambre et revenir avant qu'elles ne soient de nouveau actives.
- Je n'arrive pas à croire qu'Hermione ait pu réussir du Polynectar dans un endroit aussi sale.
Il entendit Severus soupirer bruyamment, mais il ne réussit pas à savoir si c'était à cause de sa remarque ou parce qu'il venait de se souvenir qu'une fillette de douze ans avait réussi à entrer dans sa réserve personnelle et avait préparé correctement l'une des potions les plus compliquées du programme de septième année.
- Allons-y, il n'y a pas de temps à perdre. J'ai fait ma part du travail, à toi maintenant.
Régulus hocha la tête et s'approcha de l'évier où il savait qu'un petit serpent était gravé. Il l'observa un instant, ferma les yeux et se concentra avant de prononcer le mot qu'il avait appris plus tôt.
- Ouvre-toi, siffla-t-il.
Il y eut un grand bruit venant du sol et, devant lui, l'évier se mit à bouger. En quelques secondes, il disparut totalement et avait été remplacé par un énorme tuyau. Severus lui tendit son balai et tous deux sautèrent dans le passage mal éclairé.
Il leur fallut moins de cinq minutes pour arriver au couloir qu'Harry avait décrit, et ils agrandirent immédiatement le passage qui avait été créé par Ronald quelques années auparavant. Il y avait de petits squelettes sur le sol, et Régulus recula de dégoût quand il les entendit s'écraser sous ses pieds. Le corps de Ginevra aurait pu reposer là, ou pire, celui d'Harry. Comment le garçon avait pu continuer alors qu'il savait que la fillette était probablement morte, il n'en avait aucune idée. D'un autre côté, si ça avait été une personne à laquelle il tenait, il aurait fait la même chose sans la moindre hésitation. Alors qu'il suivait Severus, il essaya sans succès d'effacer l'image Hermione sur un lit d'hôpital, figée... Non.
- Je pense que nous y sommes, annonça son ami. Est-ce que tu pourrais aussi ouvrir cette porte ?
Régulus hocha la tête et prononça encore une fois le mot dont ils avaient besoin pour entrer. Les deux serpents qui gardaient la porte s'éloignèrent lentement de leur place, laissant le passage libre. Severus passa le premier, le bout de sa baguette illuminé.
La Chambre était immense, et Régulus dû admettre qu'elle forçait d'une manière ou d'une autre le respect de quiconque y pénétrait. Même en sachant que la pièce avait été conçue pour héberger un serpent géant censé tuer tous les Nés-Moldus vivant dans l'école, il observa le décor avec une certaine révérence, s'attardant sur les détails sur les murs, sur les imposants piliers autour de lui, sur la statue de l'un des Fondateurs de l'école. Ce qui l'impressionna le plus, cependant, fut le corps immense qui gisait sur le sol, immobile, mais encore capable de terrifier le plus téméraire des sorciers même après sa mort. Les rats avaient dû trouver le moyen d'entrer, car la carcasse semblait avoir été à moitié mangée, mais il y avait encore beaucoup de chair dessus, et la plus grande partie de la peau pendait encore autour du squelette.
Les deux compagnons s'approchèrent prudemment, un sortilège de Têtenbulle les protégeant de l'odeur de décomposition qui avait été perceptible depuis le couloir, et Severus évalua d'un œil expert la carcasse devant lui avant de consulter sa montre. Ils devaient avoir assez de temps, car son ami commença à couper un long morceau de peau avant de le mettre dans le sac qu'il avait pris avec lui. Ah oui, un Maître des Potions est forcément intéressé par un cadavre de Basilisc. Pendant que Severus était occupé, Régulus se dirigea vers le crâne de la carcasse et regarda les dents. La gencive avait disparu, il serait donc facile d'en détacher une. Ou peut-être plusieurs. Les dents de basilic n'étaient-ils pas également un ingrédient de potion extrêmement rare ? Régulus prit non pas une, mais une trentaine de dents, les plus grosses qu'il put trouver. Prudemment, il les fit léviter jusqu'à Severus qui ouvrit son sac et hocha la tête d'un air approbateur. Finalement, Regulus décrocha une petite et dent et la tendit à son ami.
- A toi l'honneur, lui dit-il.
L'homme le regarda longuement avant de lui prendre la dent des mains et sortit la boite contenant l'Horcruxe. Dès qu'il l'ouvrit, cependant, l'atmosphère de la pièce changea radicalement. C'était comme si l'Horcruxe savait ce qui se passait, et Régulus sentit une fois de plus une présence hostile essayer de franchir les murs qu'il avait érigés autour de son esprit. L'attaque était toutefois beaucoup plus brutale que la première qu'il avait subie, et Régulus savait qu'ils auraient besoin d'agir rapidement avant que l'Horcruxe ne puisse réussir à prendre le dessus sur lui et son ami.
- Severus, vite !
Malgré son cri, Severus restait figé et regardait le médaillon qui s'était ouvert, révélant deux silhouettes féminines, dont une que Régulus reconnu sans peine.
- Tu m'as tué, Sev, dit la voix triste de Lily Potter. Je pensais que tu étais mon ami, mais tu t'es retourné contre moi et tu as détruit tout ce que j'avais. Comment as-tu pu ? demanda-t-elle, sa voix résonnant dans la Chambre.
- Tu m'as fait perdre le peu de temps que j'ai vécu, dit la voix de l'autre femme. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour toi, et pour quel résultat ? Il m'a tué, et tu le sais. Tout ça parce que j'essayais de te protéger. Tu étais inutile, et tu es toujours inutile. Tu attires le malheur autour de toi.
- Le malheur, répéta la voix de Lily Potter. Tu n'as pas réussi à me sauver, et tu échoueras aussi à sauver mon fils. Tout le monde autour de toi meurt, Severus, même ta propre mère.
- Tu penses que tu seras capable d'aider ton meilleur ami alors que tu n'as pas pu aider les seules femmes que tu n'aies jamais aimées ? Vraiment ? demanda l'autre apparition – sa mère.
- Severus, lui dit Régulus, poignarde-le, c'est l'Horcruxe qui parle et essaie de sauver sa peau l'l'lIl!
Mais l'homme en question ne bougea pas, et la seule preuve qu'il était encore conscient fut une larme brillante dévalant sa joue creusée par les ans.
- SEVERUS, C'EST DANS TA TÊTE. IL ESSAIE DE SURVIVRE, TUE-LE AVANT QU'IL NE NOUS DÉTRUISE !
Severus cligna des yeux et leva finalement son bras avant de faire retomber la main qui tenait la dent de Basilic sur le médaillon qu'il tenait fermement. Un cri épouvantable sortit de l'objet et s'éleva dans les airs, s'amplifiant au fur et à mesure que les secondes passaient avant d'exploser, les laissant à moitié sourds pendant une minute. La vague de Magie qui avait été contenue dans le Médaillon jaillit avec force et les repoussa contre le sol avant de se dissoudre autour d'eux. Tout s'arrêta brusquement, aussi soudainement qu'il avait commencé et les deux hommes se levèrent du sol, tremblant.
- La prochaine fois, déclara Severus, tu t'en charges.
Il était assis dans un vieux canapé confortable, face à une grande cheminée où un énorme tas de bois avait été allumé pour réchauffer la pièce froide où il se trouvait. Il n'aimait pas la maison – trop froide, trop vieille, trop Moldue – mais c'était quand même mieux que la forêt, et il avait besoin d'un lieu fixe pour se reposer et récupérer ses forces jusqu'à ce que son plan se mette en marche.
Il était fatigué, si fatigué et si faible. Il détestait cette impression, détestait devoir compter sur un Moldu mais, encore une fois, il n'avait pas le choix. Tous ses partisans sauf un l'avaient abandonné, et il savait que sans le vieux Moldu prenant soin de lui, son fidèle Mangemort ne serait pas capable d'accomplir sa mission correctement. Au moins, il n'avait pas besoin de son serviteur pour prendre possession et contrôler l'esprit faible de l'homme, il en était encore capable.
Laisser le Moldu en vie avait été une autre idée ingénieuse de son fidèle serviteur. Lorsque le vieil homme avait été trouvé par Nagini, son premier réflexe avait été d'éliminer la menace potentielle. Mais son disciple avait stoppé son geste et lui avait expliqué que le Moldu terrifié pouvait leur être utile. Après tout, avait-il dit, nous avons besoin de quelqu'un pour traire Nagini pour vous. L'homme sera facile à soumettre au sortilège de l'Imperius, et Nagini vous protégera si quelque chose arrive.
Reconnaissant qu'il avait raison, il avait gardé l'homme en vie et découvert qu'il était en effet facile à manipuler. Il ne se souvenait pas avoir vu un esprit aussi faible, honnêtement, et avait commencé à se demander si l'utilisation d'esclaves Moldus ne serait pas une bonne idée à l'avenir. Il était à peu près sûr que ça marcherait.
- Mon Seigneur, dit le vieil homme, interrompant ses pensées, Nagini a trouvé deux des garçons dont je vous ai parlé en train d'entrer par effraction dans la maison.
Ah oui, les enfants Moldus qui n'arrêtaient pas de casser les fenêtres de la maison et de détruire le travail du jardinier. L'homme semblait leur en vouloir à un point qu'il n'aurait pas pensé possible.
- Viens, siffla-t-il à Nagini.
Sa compagne fidèle apparue à ses côtés, traînant derrière elle deux adolescents effrayés. La vision était exquise.
- Dis-moi, Moldu, qu'as-tu dit vouloir faire d'eux s'ils s'introduisaient à nouveau dans la maison ?
- Les tuer, mon Seigneur, cracha sèchement le vieil homme.
Voldemort sourit et leva sa baguette en direction des deux garçons qui gisaient à ses pieds.
- AVADA KEDAVRA !
Quatre cents kilomètres plus loin, Harry Potter se redressa brusquement, réveillant un énorme chat orange qui dormait à ses pieds.
- Régulus, dit-il en frissonnant de terreur, Je crois que j'ai rêvé que j'étais Voldemort.
Bonnes fêtes de fin d'année à tous :)
Krummbein
