Joyeux Noël !


Harry ou de l'éducation

Où la décapitation ne fait repousser aucune tête

Chapitre neuf, première partie

À l'instant où Tony reçut l'appel de Pepper, il abandonna sa mission et s'envola vers les États-Unis. En vol, il commanda à JARVIS de pirater tout ce qui était piratable et lorsqu'il atterrit à New York, il put commencer à travailler.

Il ne fit pas grand cas de la présence de Loki, il avait plus urgent à traiter, et honnêtement, la princesse pouvait leur être très utile.

Pepper faisait peine à voir et lui-même ne devait pas être dans un état plus enviable. Vingt-deux heures de mission sans dormir, l'inquiétude et le manque de caféine avaient eu raison de son charme habituel et de son impeccable brushing.

Dans la tour Stark, à l'étage de son atelier, il retrouva Pepper, Happy et Loki, ainsi que Bruce qui essayait de rester le plus calme possible.

« Vas-y J', tu as trouvé quoi ?

Beaucoup de choses, monsieur, répondit la voix dans les murs. Par quoi dois-je commencer ?

— Par ce qui te semble le plus inhabituel. »

Ce qui s'afficha à l'écran était définitivement inhabituel.

HYDRA UPRISING

Ce message était émis sur tellement de fréquences, que les ondes en étaient ralenties et que tout internet en était saturé.

« Merde, jura Tony. Je comprends mieux pourquoi Cap' est en cavale. »

Il leur fallut du temps pour démêler les fils de l'histoire, mais grâce à JARVIS, ils y parvinrent. Hydra avait infiltré le SHIELD dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, et avait gangrené tout le système de la plus grande agence de renseignement interétatique de la planète. Malheureusement, la pieuvre ne s'était pas arrêtée là. Les autres agences, les états, les parlements, les conseils d'administration des multinationales, les institutions, toutes les couches de la société étaient touchées. Pepper et Tony consultèrent avec horreur la liste des membres du conseil d'administration de Stark Industries. Sur les douze membres, quatre avaient des liens directs avec Hydra. Ils étaient six quand Stark Industries produisait des armes, mais deux d'entre eux avaient démissionné après la mort de Stane.

Obadiah en avait été membre.

Tony dut s'asseoir pour digérer la nouvelle.

Le pire l'attendait encore.

Des sorciers étaient membres d'Hydra.

« Je pense que cela explique l'étrange faculté protectrice du Soldat, dit Loki nonchalamment.

— Et le fait qu'il sache où se trouve le MACUSA, renchérit Happy. »

Désormais conscients de la menace qui planait sur le monde, ils devaient organiser la riposte.

« JARVIS, garde un œil sur les réseaux pour retrouver Rogers et Romanoff. Loki, retrouve Harry. Je jure que si tu me rends mon fils, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu puisses rester sur Terre, libre. Happy, Pepper, on a une liste de milliers de noms à éplucher pour faire le ménage dans Stark Industries. Bruce, penses-tu pouvoir gérer la pression ?

— Oui. Je vais m'occuper de la surveillance avec JARVIS et je vais essayer de contacter Barton. On va retrouver Harry, j'en suis sûr. Ils ne se seraient pas donné tout ce mal pour le capturer s'ils voulaient le tuer.

— Ouais, fit Tony peu convaincu.

— Auriez-vous une pièce où je pourrais procéder à des rituels de localisation ? demanda Loki. »

Bruce se chargea de trouver un petit coin pour Loki, Happy se souvint soudainement qu'il devait commander de la nourriture et qu'il devait être ailleurs pour le faire, et Tony et Pepper se retrouvèrent seuls.

« On va le retrouver, se sentit obligé de dire Tony. On va le retrouver, et on va le mettre dans une bulle d'où il ne pourra plus jamais sortir. »

Pepper eut un rire humide.

« C'est pire qu'un simple kidnapping, se lamenta-t-elle. Le monde entier est un mensonge et se retourne contre notre fils.

— On peut contre-attaquer, insista Tony. On va contre-attaquer. »

Il était déjà tard, mais ils passèrent une partie de la nuit à lister les membres d'Hydra proches d'eux, de Stark Industries et des Avengers, grâce aux documents récupérés au compte-goutte par JARVIS. Ils décidèrent de dormir à tour de rôle, afin de garder un œil sur les trouvailles de JARVIS.

À cinq heures du matin, Bruce réveilla tout le monde. JARVIS avait repéré Rogers et Romanoff sur une autoroute en direction de Washington D.C.

« Tiens-moi au courant, J', dit Tony en enfilant l'armure. Je vais les rejoindre. Si les abracadabras de Loki ne suffisent pas, nous avons besoin d'un plan de secours pour retrouver Harry. J'ai l'intuition que là où Rogers va, Hydra suivra. »

Pendant les quelques minutes que dura le vol, Tony apprit que Romanoff et Rogers s'étaient réfugiés chez un vétéran de l'armée de l'air, un certain Sam Wilson. L'armure était trop peu subtile pour rejoindre deux fuyards. Tony atterrit dans un chantier avant d'envoyer l'armure planer au-dessus de la ville, en attendant d'avoir besoin d'elle, et de finir le trajet à pieds.

Il frappa à la porte de Sam Wilson vers cinq heures et demie du matin, quelques minutes seulement après ses amis. Le battant s'entrouvrit sur un homme au regard noir et méfiant.

« Hey ! salua Tony avec son plus beau sourire. Vous n'auriez pas vu un fossile et une matriochka par hasard ?

— Les sessions de groupes sont le vendredi à 17 heures, et pas chez moi, répliqua Wilson.

— Soyez certain que je viendrai, dit Tony en forçant l'entrée. Je vais en avoir besoin après tout ça. »

Derrière Wilson, Romanoff, arme au poing et l'air hagard des gens qui n'ont pas dormi depuis plusieurs jours, leva les yeux au ciel. Elle rengaina son arme comme si c'était le geste le plus commun du monde. Rogers surgit de derrière un placard derrière Tony.

« Si vous êtes là pour nous demander de nous rendre et de faire confiance à la justice, je vais vous demander de partir, Stark. Vous n'avez aucune idée de ce qu'il se passe. »

Tony perdit son sourire et fit face à Rogers. Il avait bien conscience d'avoir une tueuse et un ancien soldat dans son dos, mais il n'avait pas peur.

« Oh, j'ai une sacrée bonne idée de ce qu'il se passe au contraire, dit-il gravement. Hydra a pris Harry. »

Steve blêmit tellement que pendant une seconde il sembla défaillir. Il adorait Harry, et même s'il ne passait pas beaucoup de temps à la tour, occupé par sa réhabilitation dans le monde moderne et par ses missions pour le SHIELD, il ne manquait jamais une occasion pour gâter le petit garçon.

« Tony, je suis désolé.

— Peu importe, dit Tony. Je suis là pour aider. On essaie tous les angles possibles pour le retrouver et il s'avère que tu as un petit différend avec Hydra. Ça sent le brûlé, non ?

— On a failli se faire exploser avec la tête pensante d'Hydra, expliqua Natasha. Arnim Zola, un scientifique du Crâne Rouge, a réussi non seulement à infiltrer le SHIELD, à y faire grandir Hydra, mais également à télécharger sa conscience dans un super ordinateur. Je regrette de n'avoir aucune photo à te montrer, Stark. Tu serais fou.

— Très Ghost in the Shell, si vous voulez mon avis, répliqua Tony.

— Oh mec, j'ai pensé à ça direct, se dérida Wilson.

— Je n'ai aucune idée de ce dont vous parlez, râla Steve à voix basse. Trêve de plaisanterie. Il nous faut un plan.

— Aye, aye Captain ! s'exclama Tony. J'ai un plan.

— Attaquer ? devina Steve avec un demi-sourire.

— Presque. En fait c'est déjà en cours. JARVIS pirate le SHIELD octet par octet, et trie ce qui pourrait être Hydra. En attendant d'avoir son rapport, dans une petite heure, je propose qu'on échange sur ces dernières trente heures. Mais avant, allez prendre une douche, c'est insupportable cette odeur de brûlé. »

Ils s'exécutèrent et peu de temps après, ils s'installèrent tous dans le salon de Wilson, autour de tasses de café fort. Steve et Natasha racontèrent la mort de Fury, le guet-apens dans l'ascenseur du SHIELD, la fuite, la découverte du baraquement secret à Camp Lehigh et de l'esprit d'Arnim Zola. Tony eut l'impression qu'ils ne disaient pas tout, mais il ne leur en tint pas rigueur. Il voyait bien comment Steve bougeait à proximité de Romanoff, et il avait la conviction que leur relation n'était pas entièrement platonique.

Ce fut à son tour de raconter sa version de l'histoire.

« Loki ? s'étrangla Steve. Encore ?!

— J'ignore quelles sont ses motivations véritables, dit Tony sombrement. Mais si elle réussit à retrouver Harry, alors rien à foutre de l'invasion. Je lui devrai une dette de vie.

— Qui au SHIELD a l'autorité pour donner l'ordre à la fois de kidnapper l'enfant d'Iron Man et de bombarder Captain America et Black Widow ? demanda Wilson.

— Facile. Fury, ou Pierce, répondit Natasha.

— Le Secrétaire général du Conseil de sécurité mondial. Pouvait-on faire pire ?

— Ça aurait pu être le président lui-même, objecta Natasha.

— Pas moyen que Barack Obama fasse partie d'Hydra, objecta Wilson. C'est une organisation raciste.

— On a trouvé des membres d'Hydra infiltrés dans tous les gouvernements, objecta Tony. On fait petit à petit la liste, mais il y a des blancs, des noirs, des Asiatiques. J'ai aussi l'impression que l'organisation est bien plus ancienne que les années quarante ou même trente.

— Dans tous les cas, il faut y mettre un terme, dit Romanoff.

— Même à trois Avengers, vous n'y arriverez pas. Vous allez avoir besoin d'aide, dit Wilson qui jeta un dossier frappé d'un TOP SECRET rouge sur la table basse.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda Steve.

— Mon C.V.

— Je croyais que tu étais pararescue ?

— C'est la version officielle en tout cas.

— Eh ! s'exclama Tony en lisant par-dessus l'épaule de Steve. C'est une de mes créations ça ! Mec ! Cette technologie est antique ! Si c'est ton truc, je peux te bricoler des ailes dix fois mieux que celles-ci. Elles ont, quoi, dix ans ? Quinze ans ?

— Quelque chose comme ça.

— Khalid Khandil, c'était toi ? fit Romanoff appréciative.

— Tu es embauché, conclut Tony en tapant le dos de Wilson. Considère cette mission comme ta période d'essai et si tout se passe bien, dans une semaine, tu es un Avenger. Et un refus sera considéré comme inadmissible.

— C'est vraiment sympa, mais mes ailes sont derrière des murs de plusieurs pouces en acier trempé. Même avec tout le génie du monde, je ne pense pas que vous puissiez en construire en deux heures, Monsieur Stark.

— Déjà, appelle-moi Tony, ensuite, pas de problème. JARVIS ? On a besoin de monter un plan pour un cambriolage. »

Tout se passa comme sur des roulettes. Ils récupérèrent les ailes de Wilson, grâce à toutes leurs compétences cumulées. Ils se congratulaient dans la petite voiture de Wilson lorsqu'un objet lourd tomba sur le toit dans un bruit de tôle froissée. Wilson s'agrippa à son volant pour ne pas faire d'écart, mais un bras en métal traversa le pare-brise et l'arracha.

Sans plus pouvoir contrôler sa voiture, Wilson freina, faisant tourner l'engin sur lui-même et propulsant leur passager clandestin sur le bitume au milieu de la circulation. Tony eut juste le temps d'appeler son armure, l'homme au visage masqué et au bras en métal revenait à la charge.

Tony ne s'inquiéta pas pour Steve, le sérum le rendait très difficile à vaincre, mais un peu plus pour Romanoff et Wilson qui étaient deux êtres humains normaux aux corps spongieux et sanguins, sans aucune armure pour les protéger.

La bataille fut affreusement courte. Naked Snake n'était pas venu seul. Un fourgon blindé de soldats portant le logo du SHIELD s'arrêta à quelques mètres de la voiture accidentée. Tony jeta un œil à Wilson qui enfilait péniblement ses ailes et à Romanoff prête à prendre la fuite si les choses se corsaient. Rogers était très occupé à se battre avec le T1000 qui lui en donnait pour son argent.

Les agents du SHIELD, ou plutôt d'Hydra, sortirent des fusils mitrailleurs M249, ces brutes, et dégueulèrent du quarante-cinq millimètres à 200 balles par minutes. Romanoff se jeta du pont où ils étaient arrêtés, et atterri au sol grâce à sa souplesse habituelle et un grappin d'acier caché dans sa montre. Pour donner à Wilson le temps de se préparer, Tony joua au bouclier et lança quelques décharges de répulseurs avant de décoller suivi de leur nouvel allié.

Malheureusement, ils étaient gravement en sous-nombre. Rogers était mis en difficulté par l'homme au bras en métal, Romanoff prit une balle dans l'épaule (du neuf millimètres et pas du quarante-cinq heureusement), Wilson se fit arracher une aile par le même homme mystérieux qui écrasait Steve, tandis que Tony ne savait plus où donner de la tête.

Soudain, Captain America lâcha son bouclier et cessa de se battre. Trop loin et sans moyen de communication, Tony n'en comprit pas la raison, mais il entendit parfaitement Natasha lui crier de fuir.

« Quoi ? Pas question !

— Tu es le seul à pouvoir partir, Tony. Reculer pour mieux sauter. Il faut stopper Hydra par tous les moyens ! Barre-toi ! »

Le cœur lourd, Tony décolla en vitesse tandis que ses amis étaient arrêtés par les hommes d'Hydra.

Mais tout espoir n'était pas perdu. Quelques minutes plus tard, il recevait une communication hautement cryptée.

« Stark, salua une voix qu'il reconnut aussitôt.

— Directeur Fury, revenu d'entre les morts. »