Hello, tout le monde !
J'espère que vous avez passé un bon réveillon.
De mon côté, c'était super ! Délicieux dîner, des films juqu'après minuit en famille et, bien sûr, le lendemain matin, ouverture des cadeaux sous le sapin !
J'ai reçu plusieurs livres (évidemment), mais aussi des pyjamas neufs, le nouvel album des Gothard Sisters (j'adore ce groupe !) et une magnifique rose bleue lumineuse sous cloche. Mon chien a aussi eu droit à un cadeau (une balle qui fait du bruit quand on la fait rouler).
Merci à Actina13 pour avoir mis l'histoire en Favoris et merci à Sebferga pour sa review.
Bonne lecture !
Disclaimer: Le Seigneur des Anneaux appartient à J.R.R. Tolkien. Et Final Fantasy 7 à Square Enix.
Chapitre 3 :
Chez Radagast
Faelwen se pencha pour regarder sous le lit, mais ne trouva rien.
La jeune femme elfe se releva et marcha vers la porte, quand elle s'arrêta. Elle tendit l'oreille, puis un léger sourire étira ses lèvres.
L'air faussement déçu, elle se dirigea vers la porte menant à la sortie de la chambre… et s'arrêta devant l'armoire. Elle l'ouvrit brusquement, si bien que la petite silhouette tapie au fond poussa un cri de surprise.
– Trouvée ! dit la jeune femme.
Une petite fille de sept ans, brune et aux yeux vairons, sortit de l'armoire avec l'air boudeur.
– Comment t'as su que j'étais là ? demanda-t-elle.
– Je t'ai entendu glousser, penneth.
– C'est de la triche ! T'as une super ouïe et pas moi.
Devant l'air boudeur mais si mignon de Morwen, Faelwen ne put s'empêcher de glousser et lui caresser les cheveux. La petite lui adressa un regard outré, mais son sourire montrait qu'au fond, elle appréciait ce geste.
Une fois de plus, la guérisseuse se surprit à éprouver une bouffée d'affection pour elle.
Cela faisait maintenant sept ans, jour pour jour, que la petite était arrivée au palais de Mirkwood.
Malgré les avertissements du roi, elle s'était révélée une enfant aussi normale qu'attachante.
Pourtant, certains signes laissaient deviner qu'elle était spéciale. Déjà, quand elle était bébé, elle ne pleurait jamais, sauf lorsqu'elle avait besoin d'être changée.
Et chaque fois que quelqu'un venait la voir ou l'emmenait pour une promenade dehors, elle se montrait calme et observait son environnement avec l'air… concentré. Faelwen était elle-même mère de deux fils qui étaient devenus des soldats de Mirkwood. Même si cela remontait à plusieurs siècles, elle se rappelait que ses jumeaux n'avaient pas été si attentifs au même âge.
Les guérisseurs s'étaient relayés pour surveiller Morwen bébé lors de ses périodes d'éveil, et jamais on n'avait assisté au moindre phénomène laissant deviner qu'elle avait des pouvoirs.
Faelwen était celle qui s'occupait le plus souvent d'elle, car elle était la seule guérisseuse ayant de l'expérience maternelle avec les enfants.
Le seul signe laissant sous-entendre un soupçon de malice chez la petite était son regard suppliant qu'elle affichait lorsqu'elle voulait qu'on lui donne des gâteaux en dehors des repas. Sa manière de battre des paupières et de faire trembler ses lèvres était trop exagérée.
– C'est à ton tour de te cacher, dit Morwen. Je vais compter.
– Je regrette, mais nous allons devoir abréger le jeu. Le prince Legolas va t'emmener dans la forêt.
XxXxXxXxXxXxXxXxXxX
En entendant les paroles de la guérisseuse, Morwen parut surprise, puis un frisson d'excitation la parcourut.
Cela faisait sept ans qu'elle vivait dans les cavernes de Mirkwood.
Quand elle était bébé, c'était plutôt pénible, car elle ne pouvait rien faire. Il lui avait fallu du temps pour se faire à l'idée qu'elle s'était réincarnée avec tous ses souvenirs. Et plus de temps encore pour assimiler l'idée qu'elle était dans un autre monde.
Le souvenir des deux femmes à l'aura divine l'avait aidé à tenir le coup, sans compter le fait qu'avec le temps, sa vue s'était améliorée. Elle avait alors découvert qu'elle vivait dans un palais souterrain d'une splendeur incroyable. Chaque pièce, taillée dans la roche, était ornée de sculptures magnifiques, depuis les colonnes finement sculptées aux statues représentant de délicates figures elfiques. Même les cascades semblaient émettre un chant dans les couloirs, au lieu d'un simple vrombissement.
Et les elfes étaient des êtres magnifiques, à l'aura lumineuse et dotés d'une grâce majestueuse. Par contre, la jeune fille avait vite dénoté deux types de comportements. Il y avait ceux qui ne voyaient en elle qu'une enfant et se montraient gentils. Et il y avait ceux qui la regardaient avec méfiance, presque de la peur, comme s'ils la jugeaient dangereuse.
Morwen ne comprenait pas pourquoi. Elle n'était qu'une enfant. Bon, d'accord, une enfant humaine avec des souvenirs de sa vie d'avant, mais tout de même ! Elle n'avait aucune intention de nuire à ces êtres magnifiques.
Pourtant, elle savait qu'il y avait autre chose de bizarre chez elle. Les elfes parlaient en sindarin, une langue qu'elle n'avait jamais connue dans sa vie d'avant. Pourtant, depuis sa… renaissance, si on pouvait l'appeler ainsi, elle comprenait leur langage. C'était comme si quelqu'un avait implanté ce savoir en elle.
Et plus étrange encore, elle pouvait entendre des voix provenant des arbres et des plantes. Ce n'était que des murmures, mais depuis toute petite, elle n'avait pu les ignorer.
Comment était-ce possible ? Elle n'était même pas une elfe. Elle avait toujours des oreilles rondes, contrairement à ses gardiens qui avaient les oreilles pointues. Et plus étrange encore, ses yeux avaient changé de couleur ! Au lieu d'être marron sombre, l'un d'eux était aussi vert que ceux de la femme blonde de son rêve. Et l'autre était doré, avec parfois une teinte tirant sur le rouge selon la façon dont la lumière l'éclairait.
Tout cela était vraiment étrange !
Toutefois, elle n'avait jamais rien avoué à personne, de peur qu'on la prenne pour une folle ou qu'on ne la croie pas. Elle était une enfant, après tout. Et les adultes prenaient rarement les enfants au sérieux.
– Viens, nous devons y aller, Morwen.
Acquiesçant, la fillette à l'âme adulte la laissa lui passer une cape autour de ses épaules, avant de l'entraîner vers les écuries.
Ce prénom, Morwen… Elle l'aimait bien même si, parfois, Alice lui manquait. En fait, toute sa vie d'avant lui manquait, surtout ses parents. Elle se sentait si mal parfois, à l'idée que les autorités aient retrouvé son corps dans sa voiture et aient communiqué la nouvelle à ses parents. Son cadavre était-il encore frais quand on l'avait sorti du véhicule ? Ou bien avait-il commencé à pourrir ? Et cet homme qui avait dit des mots dans une langue bizarre… Ce n'était pas du sindarin, rien à voir avec la musicalité de la langue elfique. Non, c'était une langue aux accents coupants, tranchants comme la lame qui lui avait ôté la vie.
Elle en faisait parfois des cauchemars, la nuit, depuis tout bébé. Faelwen dormait dans la chambre à côté de la sienne et elle venait toujours à son chevet lorsqu'elle l'entendait crier. Elle lui chantait des mots apaisants en sindarin qui avaient vite fait de la calmer. Mais jamais Morwen ne lui avait parlé de son cauchemar.
Peut-être que je devrais lui en parler, depuis le temps. Faelwen est gentille, presque une vraie maman.
Une maman… Elle ne comprenait pas pourquoi elle ne semblait pas avoir de parents, ici. Bien sûr, lorsqu'elle avait été en âge de parler, elle avait demandé qui étaient ses parents. Les guérisseurs avaient pris l'air gêné, puis lui avaient dit qu'elle saurait lorsqu'elle serait plus grande.
Encore un mystère de plus que Morwen était frustrée de ne pas pouvoir résoudre.
Elle fut tirée de ses songes en arrivant aux écuries. C'était la première fois qu'elle y mettait les pieds, mais elle sourit en sentant l'odeur des chevaux et du foin.
Cela lui rappelait les cours d'équitation qu'elle avait suivis dans sa vie d'avant, du temps de l'école primaire. Sa classe avait eu droit à un stage à la campagne, et elle avait adoré apprendre à monter à cheval.
La guérisseuse s'arrêta en voyant s'approcher un cavalier monté sur un cheval blanc.
– Prince Legolas, dit la guérisseuse en effectuant une révérence.
Un elfe aux longs cheveux blond argenté descendit de monture pour saluer Faelwen. En voyant ses yeux bleus se poser sur elle, Morwen tenta une révérence à son tour. Mais elle était encore petite et son corps peu expérimentée, du coup son geste ressembla plus à un plongeon… qui la fit tomber dans un tas de paille.
En voyant cela, le prince eut un sourire amusé, tandis que Faelwen fit les gros yeux à l'enfant. Cette dernière, rouge d'embarras, tenta de s'extirper de la paille. En vain, elle était bien empêtrée.
Legolas s'agenouilla et lui saisit d'une main ferme mais douce le poignet pour l'aider à en sortir.
– Attention, jeune dame, il ne faudrait pas te blesser, dit-il avec gentillesse.
Surprise, Morwen le considéra en silence. Il était vraiment beau, un vrai prince de conte de fées. Ses yeux bleus lui rappelaient pourtant un autre elfe, qui était souvent venu l'observer en silence, quand elle était bébé. À l'époque, elle n'était pas encore capable de ramper ni marcher, elle passait donc tout son temps dans son petit lit. Et souvent, un elfe plus âgé, aux doigts chargés de joyaux et coiffé d'une couronne en métal ornée de feuilles et de baies, venait la fixer en silence pendant un long moment, avant de repartir aussi silencieusement qu'il était venu.
Ce mystérieux espion s'était remanifesté de nombreuses fois au fil des années. Quand elle avait été en âge de marcher, sa gardienne l'emmenait souvent se promener dans les couloirs. Et toujours, au bout d'un certain moment, la fillette apercevait cet étrange observateur.
La seule fois où elle avait demandé à Faelwen qui il était et pourquoi il l'espionnait, la guérisseuse avait vu qui elle pointait du doigt et l'avait sermonnée.
D'après elle, il s'agissait du roi Thranduil, et tout le monde devait le respecter. Et on ne pointait pas les gens du doigt, c'était malpoli. Morwen était d'accord sur le principe, mais pourquoi ce roi l'observait-il ainsi depuis des années, sans jamais l'approcher ni lui adresser la parole ? Son regard d'un bleu glacial l'avait toujours mise mal à l'aise, comme s'il la jugeait coupable d'un crime dont elle ignorait la nature. Était-ce parce qu'elle était humaine ? Les elfes avaient-ils des rapports tendus avec les humains ?
On lui avait fait prendre des cours dès l'âge de cinq ans auprès d'érudits du palais. Ils lui avaient fait découvrir la géographie d'Arda et abordé des évènements historiques importants comme la guerre engendrée par les Silmarils et la chute de Númenor. Mais pas de guerre entre elfes et humains… jusque-là. Et elle espérait ne jamais avoir à étudier ce genre de choses, ce serait trop triste.
En tout cas, Legolas avait un regard plus chaleureux que son père. Il lui ôta les brins de paille des cheveux, puis la souleva sous les aisselles pour l'installer sur la selle de son cheval.
Surprise, Morwen baissa les yeux vers l'animal et passa la main sur son flanc pour le caresser.
– Bonjour, toi, dit l'enfant.
L'animal parut apprécier cette attention, car il émit un bref hennissement joyeux.
– Il semble t'apprécier, dit Legolas. Tu n'as pas peur ? Ce n'est pas ta première fois à cheval ?
Morwen se crispa. En effet, c'était la première fois qu'elle voyait des chevaux dans cette vie-ci. Peut-être semblait-elle trop à l'aise pour une première fois… Trop tard, le mal était fait, alors tant pis.
– Il est beau, dit-elle sur un ton innocent. Et ça sent bon, ici. J'aime bien l'odeur des chevaux.
Sa réponse parut satisfaire les deux elfes.
– Je vous la ramènerai en fin de journée, promit Legolas à la guérisseuse.
En voyant celle-ci baisser les yeux avec les joues rouges, Morwen comprit qu'elle n'était pas indifférente aux charmes du prince. C'était étonnant, sachant que tous les elfes étaient beaux. Mais Faelwen devait sûrement être sensible au fait que ce soit un prince.
Morwen avait déjà vu ses copines au lycée craquer pour les garçons les plus populaires. Les elfes ne semblaient pas échapper à la règle.
Le prince monta derrière l'enfant, puis prit les rênes d'une main, l'autre se calant autour de la taille de la petite pour sa sécurité.
Sur un simple mot en elfique du prince, le cheval quitta les écuries et partit au trot à travers la forêt.
Tandis qu'ils chevauchaient, Morwen regarda autour d'elle avec fascination. Elle avait déjà vu la forêt depuis différents balcons du palais, mais sortir au grand air était une expérience nouvelle et enrichissante.
Les arbres étaient immenses ! Mais alors qu'ils s'éloignaient, elle réalisa qu'ils prenaient un aspect sombre et tordu, comme si une mystérieuse maladie hantait ces lieux.
– Qu'est-ce qui est arrivé à la forêt ? demanda la petite.
Elle sentit le prince soupirer dans son dos.
– Eryn Lasgalen sombre de l'influence de l'Ombre.
– Quelle ombre ?
Legolas se tendit, visiblement peu à l'aise avec le sujet.
– Nous sommes en guerre avec un ennemi, penneth. Il apporte le mal avec lui partout où il passe.
Morwen haussa un sourcil. Ainsi, il n'y avait pas que des elfes lumineux dans ce monde. Elle savait qu'il y avait des humains qu'on appelait les Hommes, des Nains et d'autres clans d'Elfes, mais on ne lui en avait jamais dit plus. Il y avait donc une espèce de personnage maléfique souhaitant détruire ce monde.
– Les gens ont rebaptisé notre forêt Mirkwood, la Forêt Noire, poursuivit Legolas.
La Forêt Noire ? Ce nom lui allait bien, compte tenu de la couleur des arbres malades. Elle pouvait entendre des gémissements autour d'elle, signe qu'ils souffraient.
Tandis qu'ils avançaient, l'enfant se sentit bizarre. L'air paraissait étouffant, plus épais. Elle sentit sa tête dodeliner, puis le paysage devant elle se mit à tanguer.
– Legolas…
– Oui ?
– J'ai chaud… et le tournis.
La main de l'elfe se fit plus forte contre son ventre.
– Tiens bon, nous n'en avons plus pour longtemps.
Plus pour longtemps ? Non, elle voulait rentrer maintenant ! La promenade n'était plus aussi amusante qu'au début, elle avait soif et…
Soudain, un chant d'oiseau résonna. Morwen leva la tête et vit qu'ils étaient arrivés dans une clairière. Ici, les arbres avaient retrouvé leur aspect verdoyant et dressaient plus fièrement leurs branches chargées de feuilles vers un ciel ensoleillé.
Une curieuse maison trônait au centre de la clairière. Elle avait un toit de chaume percé en son centre par un grand arbre. C'était comme si quelqu'un avait laissé tomber un gland à l'intérieur et qu'il avait poussé jusqu'à défoncer la toiture.
Morwen ne put s'empêcher de penser à un épisode d'Astérix, où Obélix laissait tomber un gland enchanté dans la maison de son ami, ce qui provoquait l'apparition d'un chêne.
Mais la personne qui sortit de la maison n'était pas un Gaulois. C'était un vieux monsieur barbu vêtu de brun. Il était plutôt sale et ses vêtements en piteux état.
En voyant les deux personnes sur le cheval, un sourire ravi étira ses lèvres.
– Enfin ! Je pensais que vous ne me l'amèneriez jamais.
Legolas salua le vieil homme, puis descendit de cheval et aida la petite à en faire autant.
Voyant le vieil homme s'approcher, Morwen recula jusqu'à se cacher derrière la jambe de Legolas. Ce dernier posa une main sur sa tête, lui exprimant ainsi qu'il n'y avait pas à s'inquiéter.
Méfiante, la petite regarda le vieil homme s'accroupir devant elle. Lorsqu'elle croisa son regard, Morwen sentit une étrange connexion avec lui. Malgré son aspect évoquant plus un clochard qu'un magicien, elle sentait qu'il n'était pas dangereux.
– Bonjour, petite fleur.
Petite fleur ? Quel drôle de surnom ! Pourquoi l'appeler ainsi ?
– Je suis Radagast le Brun.
– … Morwen.
Cette réponse parut contrarier le vieil homme, mais il retrouva vite le sourire.
– Bien, suis-moi.
L'enfant se tourna vers le prince. Il était retourné auprès de son cheval et semblait prêt à repartir.
– Tu dois le suivre, dit le prince.
– Pourquoi ? Il a l'air… bizarre.
Legolas sourit d'un air entendu et s'agenouilla devant elle.
– Il ne te fera aucun mal, je te le promets. C'est vrai qu'il est… original, mais c'est un Istari et on peut lui faire confiance.
– C'est quoi, un Istari ?
– Un Magicien.
Un magicien ? Alors ça, c'était nouveau !
– Il peut sortir un lapin de son chapeau ?
– Non, des oiseaux, dit Radagast.
Avec un cri de surprise, Morwen se retourna. Le magicien était réapparu sans faire de bruit juste derrière elle.
– Suis-moi, petite. Nous avons peu de temps devant nous et beaucoup de travail… Oui, beaucoup, beaucoup de travail.
L'enfant adressa un dernier regard inquiet à Legolas, puis elle suivit Radagast à l'intérieur.
L'endroit était… spécial. La maison était peu éclairée, mais les fenêtres laissaient entrer le soleil, éclairant le tronc de l'arbre en son centre. Une table et quelques chaises étaient prises dans ses branches, tandis que des alcôves avaient été creusées dans le tronc pour y ranger de la vaisselle, des flacons de végétaux et des bouteilles de potion.
Alors qu'elle s'avançait, Morwen sentit quelque chose frôler sa cheville. Elle baissa les yeux et vit qu'il s'agissait d'un couple de souris.
Avec un petit cri, elle courut se percher sur une racine de l'arbre. Grand mal lui en prit, car elle marcha sur la queue d'un blaireau qui dormait en dessous.
– Basile, arrête ! dit Radagast. Sois poli avec notre invité.
Morwen regarda autour d'elle. La maison regorgeait d'animaux. Un renard dormait sur le lit, roulé en boule sur la couette.
Des écureuils grignotaient des noix dans des branches plus haut, et des hérissons léchaient des assiettes sales sur la table.
Malgré toutes ces bizarreries, Morwen se sentit étrangement bien dans cet endroit. Radagast semblait être un magicien amoureux des animaux.
Ce dernier parut chercher quelque chose dans l'arbre et finit par ôter un tabouret d'une branche.
– Assieds-toi, dit-il en posant le meuble.
L'enfant s'exécuta. Une fois assise, Radagast s'agenouilla devant elle et lui saisit le menton. Il fit pivoter son visage des deux côtés, puis plongea son regard dans le sien si longtemps qu'elle crut qu'il voulait jouer à un concours du regard.
Enfin, il la relâcha.
– Dis-moi, petite, as-tu développé un quelconque pouvoir ?
Alors ça, c'était du direct ! Morwen fut tentée de dire que non, mais quelque chose dans le regard du magicien lui soufflait que mentir ne servirait à rien. Malgré toute sa bizarrerie, il était intelligent et pouvait lire dans son âme.
– Je… je sais pas trop, avoua la petite.
– Pourquoi donc ?
– Ben… Des fois, je…
Elle pointa l'arbre du doigt.
– J'entends les plantes.
– Tu peux entendre les arbres ?
– Pas juste les arbres. Les fleurs aussi.
Elle baissa les yeux, s'attendant à ce qu'il lui rie au nez, mais il n'en fut rien.
– Dis-m'en plus.
– Les fleurs sont… différentes. La lavande murmure des mots apaisants. Les roses sont vaniteuses, mais douces, elles disent parfois des choses gentilles. Et les coquelicots sont effrontés, ils me poussent tout le temps à faire preuve d'audace.
– Et les arbres ?
– Oh, les arbres sont très calmes et discrets. Ils parlent juste de boire plus d'eau, avoir plus de soleil… Et ils n'aiment pas qu'on marche sur leurs racines.
Radagast sourit.
– Exactement ! Bravo, jeune fille, c'est un très bon début. As-tu parlé de ton pouvoir à quiconque ?
– Non, j'ai toujours eu peur qu'on me prenne pour une folle.
– Tu n'es pas folle, mais tu as raison, mieux vaut garder cela secret.
Ces quelques mots suffirent à convaincre définitivement Morwen que le magicien était un ami.
Son premier véritable ami. Pendant l'heure qui suivit, il lui présenta différentes plantes et lui expliqua leurs vertus curatives.
Il lui demanda ensuite son aide pour soigner un oiseau dont la patte était cassée, puis comment faire boire un breuvage curatif à un bébé hérisson malade.
Morwen en vint à oublier toutes les questions qui taraudaient son esprit, tant le fait d'aider les animaux était agréable.
Même distribuer des glands aux souris nichées dans l'arbre ne fut pas un souci.
Une fois les animaux soignés, Radagast sortit une boîte contenant des galettes. Leur aspect sombre et leur odeur de moisi ne tentaient guère Morwen, mais elle fit l'effort d'en accepter une.
Dès que le magicien eut le dos tourné, elle la glissa dans un trou de l'arbre. Deux écureuils se jetèrent dessus sans attendre.
– Oh, déjà finie ? Tu en veux une autre ? demanda le magicien.
– Non, merci, j'ai plus faim ! mentit Morwen.
Son estomac émit un grondement qui la fit grimacer. Comme s'il avait compris son embarras, le renard sur le lit se mit à gronder de concert.
Radagast lança un regard suspicieux à l'animal et la fillette, puis haussa les épaules.
Morwen le regarda ranger la boîte et réfléchit. Puisqu'il semblait respecter ses secrets, peut-être se montrerait-il plus ouvert que les elfes ?
– Radagast…
– Oui, mon enfant ?
– Êtes-vous… un parent ?
– Un parent ?
– Oui, comme… mon grand-père ou… mon oncle ?
Le magicien parut triste et attendri par ses questions.
– Non, mon enfant, je regrette. Nous n'avons aucun lien du sang, tous les deux.
– Mais… vous savez qui sont mes parents ? J'ai bien une maman et un papa, comme tout le monde ! Les elfes ne veulent rien me dire, ils pensent que je dois attendre d'être plus grande.
– Et ils ont raison ! Quand tu seras plus grande.
– Mais… j'ai sept ans !
En fait, elle en avait quarante-deux, si on comptait ses années de vie antérieure, mais elle n'allait pas avouer ça à Radagast, surtout pas alors qu'il refusait de lui parler de ses géniteurs.
– Morwen, tu ne dois pas t'inquiéter. Tu as une belle vie ici, non ? Les elfes prennent bien soin de toi…
En voyant l'enfant s'assombrir, il fut pris d'un doute.
– Certains sont gentils, admit l'enfant.
– Certains ? Que veux-tu dire ? T'a-t-on fait du mal ?
– Non, enfin… Tout le monde me regarde bizarrement, comme si j'étais anormale. Et il y en a parfois qui sont menaçants, comme s'ils craignaient que je leur fasse du mal. Du coup, je m'interroge. Est-ce que c'est parce que mes parents étaient des personnes méchantes ? Ils m'ont abandonnée dans la forêt, peut-être ? Ou alors, c'était des criminels et ils ont voulu me vendre comme esclave ?
Voyant l'imagination de l'enfant s'emballer, Radagast coupa son discours d'un geste de la main.
– Tu n'as absolument rien à te reprocher, petite. Tu es une enfant de la forêt, et en tant que telle, tu es sous ma protection, comme toutes les plantes et les animaux qui y vivent.
Une enfant de la forêt ? Morwen plissa les yeux. La façon dont il avait dit ça laissait sous-entendre quelque chose, mais quoi ?
– Un jour, tu sauras quelles sont tes racines. Mais en attendant, tu dois apprendre à maîtriser tes capacités et faire tes preuves. Les elfes finiront par tous te respecter et alors, tu auras des réponses. Sur ce, reprenons la leçon !
Il se lança alors dans une longue litanie sur les champignons comestibles et venimeux.
Tandis qu'il parlait, Morwen repassa en boucle ses paroles. « Une enfant de la forêt… Tu sauras quelles sont tes racines… »
Cela semblait avoir un sens particulier, mais lequel ? Elle avait beau réfléchir, elle ne trouvait rien.
Le magicien interrompit sa leçon lorsqu'un papillon entra par une fenêtre ouverte de la maison. Le petit insecte semblait mal en point, il battait faiblement des ailes. Ses couleurs étaient pâles, d'un bleu délavé tirant sur le blanc cadavérique.
– Oh non ! Ce n'est pas bon, non… gémit le magicien.
Il déposa délicatement l'insecte sur la table, puis se précipita vers une étagère pour prendre une potion. Il trempa un pinceau dans une bouteille de liquide cristallin et en étala sur les ailes, mais le papillon n'agita que faiblement les antennes.
Morwen plissa les yeux. Les ailes du papillon semblaient pâlir à une vitesse anormale.
Mue par l'instinct, elle tendit les mains vers l'insecte. Radagast voulut lui dire d'arrêter, de ne pas le toucher, quand il vit l'enfant fermer les yeux. Ses doigts parurent s'illuminer, tandis que les ailes du papillon s'agitèrent. Le blanc disparut, laissant la place à un magnifique bleu céruléen orné de taches noires.
Bientôt, le papillon se remit debout et battit des ailes avec énergie. Il se posa brièvement sur l'épaule de Morwen, puis disparut par la fenêtre.
L'enfant ouvrit les yeux et parut perdue.
– Le papillon… ?
– Il va bien, ma petite fleur. Tu l'as sauvé, dit Radagast avec fierté.
Morwen ne parut pas heureuse en entendant cela. Elle regarda ses mains, puis le magicien avec incompréhension.
Qu'est-ce que je suis, à la fin ? se demanda-t-elle.
C'était comme si quelque chose, enfoui en elle depuis toujours, avait réagi face au papillon. Comme pour le sindarin, elle avait su d'instinct quoi faire et avait obéi aux instructions enfouies dans son cerveau. Mais pourquoi semblait-il y avoir tant de capacités étranges en elle ? Les deux femmes de son rêve étaient-elles liées à ce phénomène ?
Mais plus inquiétant encore, elle avait senti une part d'elle identifier le mal qui rongeait le pauvre insecte. Elle avait même senti la souffrance de l'insecte, la vie qui s'échappait de lui. Et cette part d'elle avait aimé cela. Elle s'était dit, très brièvement, que la vie du papillon n'avait pas d'importance. Qu'il meure ! Après tout, chaque être vivant finissait par mourir…
Morwen secoua la tête pour repousser ces horribles idées qui s'étaient formées dans sa tête. Comment pouvait-ion ressentir à la fois l'envie de sauver une vie et en même temps la voler ? C'était incompréhensible… et effrayant.
Lorsque Legolas revint la chercher à la fin de la journée, Morwen était toujours plongée dans un silence morose. Elle était heureuse d'avoir réussi à soigner le papillon, elle avait apprécié les félicitations de Radagast, mais ce qui s'était passé en elle la perturbait. Pourquoi cette espèce de conflit intérieur ? Et si jamais ça se reproduisait ?
Voyant qu'elle chevauchait avec lui en silence, le prince parut inquiet.
– Tout va bien, jeune dame ?
– Hein ? Oui, oui…
– Ta journée avec Radagast s'est bien passée ?
Morwen eut un léger sourire.
– Oui, c'était bien ! On a soigné plein d'animaux et il m'a appris des choses sur les plantes et les champignons. Par contre, il cuisine très mal. Ses gâteaux sont moisis.
Sa réponse fit sourire le prince.
– Je suis heureux que tu apprécies ses leçons, car je te ramènerai chez lui demain, dit l'elfe.
En entendant cela, Morwen eut un sourire crispé. Si ces leçons lui coûtaient autant de problèmes et de mystères, elle ignorait quoi en penser. C'était agréable, mais si elle continuait de faire des bizarreries de ce genre sans rien comprendre… Et pire, si jamais elle cédait aux mauvaises pensées…
Pourquoi personne ne veut rien m'expliquer ? Qu'est-ce qui m'arrive, bon sang ?
Sitôt arrivés aux écuries, ils furent accueillis par Faelwen. Là, tandis que la guérisseuse la conduisait à sa chambre, Morwen lui raconta en détail sa journée passée avec le magicien. Toutefois, elle omit la guérison miraculeuse du papillon. Après tout, puisque personne ne voulait répondre à ses questions, elle n'avait pas de raison de se confier à eux !
Une fois dans sa chambre, Faelwen lui dit de l'attendre, elle allait lui préparer un bain.
Sitôt l'elfe partie, Morwen se dirigea vers son bureau. Là se trouvait une pile de parchemins sur lesquels elle dessinait depuis l'âge de quatre ans.
Dessiner était l'une des rares activités qui l'aidaient à se calmer. Elle avait dessiné toutes sortes de choses de sa vie d'avant : sa maison d'enfance, un jardin public où elle aimait se promener en toutes saisons, des voitures, des monuments de sa planète, des personnages de films de Disney… La seule chose qu'elle n'avait jamais osé dessiner était ses parents. Elle avait peur de se tromper, de ne pas réussir à les représenter… parce que leur souvenir s'était estompé, déformé au fil du temps.
Faelwen avait vu chacun de ses dessins et, si elle avait aimé les représentations de personnages de Disney, elle avait trouvé bizarres les monuments et les véhicules modernes. Lorsqu'elle lui avait demandé pourquoi elle dessinait ça, Morwen avait répondu avec un haussement d'épaules : « Ça me vient comme ça, c'est juste dans ma tête. »
Morwen tendit la main pour saisir un pinceau, quand elle se sentit mal. Sa nuque la picotait, signe qu'on l'observait.
Elle se retourna, s'attendant à voir Thranduil, mais elle poussa un cri de surprise en voyant que quelqu'un d'autre se tenait près de la fenêtre.
Ce n'était pas un elfe, bien que son visage fût jeune, beau et encadré de longs cheveux blonds. Ses oreilles étaient rondes et il portait une longue robe blanche fermée par une ceinture d'un bleu grisâtre.
– Bonjour, mon enfant, dit-il d'une voix doucereuse.
Je sais, je sais ! C'est pas cool de s'arrêter sur une note de suspens pareille, mais j'y peux rien, le chapitre ne va pas plus loin, sinon ça en démarrerait un autre à la suite du premier, ce qui ferait une bonne trentaine de pages.
Pitié, ne me frappez pas ! Sinon, comment je vais écrire la suite ?
