Et nous voilà au mariage (´▽`ʃ ƪ) Et donc, encore un chapitre où j'ai craché du sang, youpi~ (sérieux, c'est quoi ces mastodontes ?)

Je me suis inspirée des tenues de mariage indienne pour Link, mais impossible à nommer vu son absence dans les jeux. Donc veste Nehru et Kurta, selon mes notes.

Selon les dialogues en anglais, les Loruléens ont les oreilles qui se tordent quand ils mentent !

Présence de personnages provenant d'un peu tous les jeux de la timeline de la défaite, allant donc d'A Link to the Past à Tri Force Heroes.

Qu'est-ce qu'un couronnet ? Petite couronne portée par une personne titrée. Si une "couronne" est portée par une personne sans titre, on l'appelle simplement "diadème". En anglais "coronnet".

Et voilà pour cette année ! Pas de bol, le chapitre final sera donc posté le 9 janvier 2024 xD

J'en profite donc pour vous l'annoncer ici : si les trente thèmes principaux ont été traité dans Sicktember 2022, les cinq thèmes alternatifs, eux, seront postés à partir du 16 janvier, dans une fic à part (et je sens que je ne vais pas me fouler pour le titre...)

Bonnes fêtes !

Bonne lecture !


C'était le grand jour. Nous y étions.

Zelda était dehors, accueillant chaque nouvel arrivant d'un sourire et d'un mot gentil, son masque social bien en place pour ne pas montrer à chacun l'angoisse qui la prenait à la gorge.

Les derniers jours avaient été mouvementés, particulièrement après la crise de Lavio qui avait monopolisé de nombreux jours afin de la canaliser, Link ne quittant pas ses côtés tout du long. Ils avaient hésité à repousser le mariage ou tout simplement mettre les préparatifs en pause, le temps que la situation se résolve, mais avaient finalement poursuivi comme si de rien n'était.

De toute façon les invitations avaient déjà été envoyées.

La semaine précédant la cérémonie, les deux futurs époux avaient logés au château pour des raisons pratiques, ce qui avait facilité le travail des valets et des femmes de chambre qui, dans une chorégraphie gracieuse, les avaient préparé de bout en bout, soignant chaque détail avec soin. Ils ne furent jugés prêts qu'à moins d'une heure de la cérémonie et sévèrement gardés par les chevaliers les moins intransigeants et aimables.

En faveur des traditions, ils avaient dû dormir dans des chambres séparées et ne s'étaient pas vus depuis la veille, ce qui était parfaitement ridicule. Ça l'était encore plus quand on savait que le prince avait dormi dans la chambre de sa sœur afin que son futur mari ait son lit sans avoir à l'envoyer dans l'aile des invités.

Quand le chancelier avait annoncé qu'ils devaient faire chambre à part, ils avaient dû - littéralement - retenir Link qui avait activé ses bottes de Pégase pour percuter cet hylien coincé, tel un taureau énervé. Empêché de bouger, il avait vomi un tombereau d'insultes à son encontre et celle des conseillers où, en substance, il leur rappelait que cette pratique d'un autre temps n'avait aucun sens pour deux mâles et qu'ils vivaient déjà sous le même toit.

Zelda avait vidé son verre au visage de son futur beau-frère, craignant qu'il ne prenne feu à cette déclaration.

Il allait sans dire qu'ils n'avaient pas eu gain de cause, mais aussi que Lavio eut beaucoup de difficulté à croiser le regard de qui que ce soit suite à cette scène, mort de honte. Heureusement, il sut en rire plus tard, mais il est vrai que sur le coup, il avait hésité entre fusionner avec le mur et achever le travail de Ganon.

La foule se massait sur la route menant au Sanctuaire, espérant assister au passage du carrosse et ainsi saluer la famille royale. C'était sensé porter bonheur, après tout ! Le temple, lui, sera plein d'invités nobles et de monarques (Link avait décidé d'adresser des faire-part aux souverains d'Estoffe, au dirigeant de Subrosia, mais aussi aux maires Ruul, Plen et leurs épouses respectives, ainsi que Ralph, juste parce qu'il le pouvait), ce qui rendrait sans doute impossible pour les gens du commun d'assister. Ils reviendront aussi pour le retour au château, pour féliciter le nouveau couple béni par la déesse, puis le suivrait jusqu'à la cour intérieure afin de profiter des festivités.

La princesse Mousseline avait été enthousiaste de découvrir le royaume et la sœur du héros qui l'avait sauvé, et avait surgi dans les appartements de la reine pour lui faire la surprise et le saluer. Il avait été tellement sur les nerfs qu'il aurait pu l'attaquer, mais finalement c'était exactement ce dont il avait eu besoin, même s'il dut l'empêcher de toucher à sa tenue et même la menacer pour qu'elle se calme. Elle était parfaitement capable de déclarer qu'il fallait tout refaire, et à moins d'une heure de la cérémonie, il n'était pas sûr que son cœur tienne.

Elle lui tint si bien compagnie qu'il fut surpris lorsque le garde cogna à la porte et le prévint qu'il était temps de monter dans le carrosse, ce qu'il fit avec un peu trop d'empressement, manquant de peu de s'étaler au sol, à l'amusement des témoins.

— Prends mon bras, je t'accompagne, l'invita la jeune femme.

Il obtempéra en grommelant mais oublia bien vite son humeur quand il aperçut - enfin - Lavio dans le grand hall, l'attendant au bras de Zelda.

Les derniers mètres se firent dans un flou total dont il n'avait que peu conscience, toute son attention rivée sur son futur époux qui arborait une teinte cramoisie et se tortillait inconfortablement, comme s'il hésitait à prendre la fuite. Et vu la tête de la reine, il y avait de fortes chances que c'était ce qu'il tentait de faire. Quand ils parvinrent à leur hauteur, elle lui adressa un froncement de sourcils et le fusilla du regard.

— Continue de le fixer comme ça et je donne l'ordre qu'on te traîne au cachot. Tu épouseras Lavio par procuration !

La menace était bien réelle - elle lui avait déjà montré le papier un mois auparavant, quant il l'avait un peu trop embêté avec ses inquiétudes - alors il se détourna et scruta plutôt le tapis recouvrant les dalles de pierre.

Quand la main chaude de son ami attrapa timidement la sienne, il releva la tête, surpris, et lui rendit son petit sourire.

Ils y étaient. Plus de retour en arrière possible.

Les larges portes furent ouvertes et déjà la foule amassée dehors les acclama.

Escortés par les deux blondes, ils firent leur chemin jusqu'au carrosse et grimpèrent dedans, s'assurant de ne pas froisser leurs vêtements sous l'œil expert de Mousseline qui les conseilla au mieux.

Le fouet claqua, les chevaux se mirent en branle et toute l'attention se riva sur eux. Lavio était tellement tendu que sa simple vue était douloureuse, mais ce fut cette fois la main de Link sur la sienne qui le força à se détendre, et il put saluer à son tour, adressant des sourires crispés à tous ces visages inconnus qui hurlaient de manière incompréhensible, sa propre ouïe ne faisant que bourdonner.

Il sentit par contre très bien la pointe de l'escarpin de Zelda quand elle l'enfonça dans son tibia afin d'attirer son attention, lui signalant ainsi qu'ils étaient arrivés à destination.

Hilda ne pouvant les rejoindre, elle avait accepté de lui servir de témoin et il lui en était terriblement reconnaissant, ayant l'impression qu'à chaque respiration, il allait s'écrouler en un tas de gelée au sol. Il puisait en elle la force nécessaire pour se mouvoir et ne pas s'évanouir face à tous ceux que les pays alentours avaient de puissants. Sa vue paraissait se brouiller alors qu'il avançait son pied, manquait de peu de se fouler la cheville alors qu'il trébuchait en appuyant son poids dessus. Il était sans aucun doute à deux doigts d'une nouvelle crise d'angoisse et il était impossible que qui que ce soit lui vienne en aide. Tout le cérémoniel tomberait à terre.

Puis Link se profila à ses côtés, observant droit devant lui, l'autel se dessinant comme l'objectif à atteindre. Et, d'un mouvement parfaitement naturel, il lui attrapa la main, la pressant doucement, puis glissa le long de son bras, le tenant par le coude.

Pas un instant il n'avait jeté un œil dans sa direction, rendant cette aide tout ce qu'il y avait de plus naturel, personne ne pouvant commérer dessus.

Il aurait bien continuer de contempler son profil si parfait, mais Zelda le sortit de ses pensées en le pinçant légèrement.

La musique retentit soudainement et ce fut le signal pour qu'ils s'avancent le long de la nef, sous l'attention d'absolument tout le monde.

Ils pouvaient sentir les yeux peser sur eux, les jugeant de mille manières, selon leur propre histoire avec le héros, pour commencer, mais aussi en fonction de leur avis sur cette alliance.

Jugeant que la technique de Link était encore la meilleure, Lavio l'imita, gardant son regard rivé sur l'autel face à eux. Pas le prêtre devant qui leur adressait un sourire affable ou Sœur Céles qui retenait ses larmes avec plus ou moins d'efficacité - elle était beaucoup trop sensible aux histoires d'amour qui finissaient bien - mais bien le meuble se trouvant derrière eux.

Son cœur battait maintenant dans ses oreilles et il laissa le prince le placer, absolument incapable de se souvenir des mouvements répétés un millier de fois pendant le mois précédent, lui tenant les mains uniquement parce que lui le faisait.

Son futur mari se tenait devant lui et il devait prendre énormément sur lui pour ne pas se réfugier dans ses bras pour enfouir son visage contre son torse afin d'y puiser du réconfort, mais il parvint à s'en empêcher, grandement aidé par la grimace dédaigneuse que lui adressait le témoin (Ralph ?) dans son dos, Mousseline ayant docilement rejoint son père sur le banc qui leur était attribué.

Quand il parvint enfin à percevoir le discours du prêtre, la réalisation le frappa avec force.

C'était le grand jour. Ils allaient se marier.

Et si la dernière fois qu'il y avait pensé, il avait eu l'impression qu'il allait s'étouffer, il sentit cette fois les larmes affluer à ses yeux alors qu'il serrait plus fortement les mains de Link. Une étincelle de surprise traversa le bleu de ses iris puis un sourire tendre détendit ses traits.

Il n'avait eu qu'un aperçu de sa tenue de cérémonie, ayant juste eu vent du refus de porter le pantalon prévu et qu'il ait harcelé les stylistes pour qu'ils modifient ainsi les habits. Il y avait aussi la présence du couronnet, qui l'avait tant fait râler, mais jamais il ne gagnera de débat contre sa sœur, c'était acté. Enfin, tant qu'il n'était pas question de la sauvegarde d'Hyrule, là c'était lui le maître en la matière.

Il le dévora longuement des yeux, saluant les efforts pour dompter sa chevelure afin de mettre en valeur la distinction et camoufler l'étrange mèche rose qui aurait déparé avec le reste. Le léger maquillage pour mettre en valeur ses yeux mais aussi atténuer les cicatrices. Les pierres précieuses et autres bijoux en or parant le cartilage de ses oreilles. Sa veste avait été brodée de fils de soie, lui rappelant la chemise qu'il portait lorsqu'il lui avait demandé sa main. La différence avec la sienne était son col droit et sa longueur. En effet, elle était coupée un peu en-dessous des côtes, permettant de montrer la tunique en laine qu'il portait dessous, elle aussi brodée. Sur les deux, il était possible de reconnaître les blasons de la famille royale d'Hyrule, mais aussi de ceux de Lorule. Il portait aussi des médailles, en référence à ses nombreux faits d'armes, sans doute rapportées par les dirigeants qu'il avait invité. Le rouge royal était atténué par tout ce travail minutieux, et la teinte dorée de la laine ne jurait pas. Ils avaient dû rallonger la tunique et augmenter la longueur des bottes car il était pratiquement impossible d'apercevoir la peau de ses jambes, qui était sans aucun doute la plus marquée, entre autre par son refus de porter un pantalon. Rutilantes, les bottes avaient été soigneusement cirées et c'était étrange de ne pas apercevoir les habituelles plumes parant les bottes de Pégase. Tous les autres bijoux avaient été retirés et la déformation de ses doigts étaient plus qu'évidentes, surtout en les tenant.

Lavio regrettait que la seule trace qui resterait de cette apparition sera un tableau, sachant ô combien le pinceau d'un artiste pouvait être mensonger. Mais ce n'est pas comme s'il existait un autre moyen d'immortaliser la scène, non ?

Il reprit pied avec la réalité quand la main de Zelda sur son épaule se resserra, attirant son attention sur le prêtre qui finissait son laïus, signe que ce serait bientôt à eux de prendre la parole.

Les mots coulèrent tout seul de ses lèvres, alors que Link l'encourageait, avant que ce ne soit son tour.

Les vœux hyruléens étaient semblables à ceux de chez lui, et sans doute à d'autres cultures, ils les avaient répété pendant des heures et des heures, s'entraînant pour ne pas trébucher, hésiter ou mal prononcer, mais jamais leurs sens ne l'avaient autant secoué. C'était comme s'il les comprenait enfin.

Heureusement, c'était le moment où on les autorisait à s'embrasser pendant que leur couple était béni, ce qui lui permit de cacher les larmes qui s'échappaient.

— On y est arrivé, lui chuchota Link à l'oreille. Tout va bien.

Il renifla un peu quand ils se séparèrent, puis le lolien se recula pendant que son nouveau mari se tournait vers le prêtre, posant un genou à terre, alors que sa sœur s'avançait, se tenant à côté du religieux.

Sans aller jusqu'à la qualifier de bâclée, son investiture en tant que prince d'Hyrule fut écourté à son strict minimum et il put se relever, drapé de la cape royale, bordée d'hermines. Lavio revint à ses côtés et ce fut son tour, même s'il n'eut qu'à poser un genou au sol, lui aussi, pendant que Zelda apposait ses mains sur ses épaules et le proclamait prince d'Hyrule mais aussi - surprise - vicomte d'un coin reculé de sa terre natale.

Quand il releva la tête en réaction, elle lui adressa un clin d'œil complice et il la rabaissa, cachant son sourire ému.

Il ne put en savoir plus que des heures plus tard, après avoir salué et remercié l'assemblée au Sanctuaire, puis reprit le carrosse, saluant plus franchement la foule qui hurlait à s'en déchirer la voix des souhaits de bonheur qui paraissaient bien sincères. Il fallut ensuite aller se changer, ce qui lui parut durer une éternité mais aussi une libération, attendre le discours de la reine, le leur, celui de Ralph qui le fusilla du regard tout du long, et enfin les festivités purent commencer. Ils devraient encore ouvrir le bal, mais ils avaient une trêve d'ici-là.

Discrètement, Lavio se pencha vers Zelda pour la questionner sur ce titre impromptu.

— Hilda était chagrinée de ne pouvoir se tenir à tes côtés pour une occasion comme celle-ci, comme tu le savais déjà. Elle a décidé de t'octroyer des terres et un titre comme cadeau de mariage. Comme ça, si jamais vous pouvez un jour retourner à Lorule, vous ne serez pas sans ressource.

Il allait rétorquer qu'il avait déjà une maison mais se coupa avant, se souvenant de l'aveu de M. le Héros quelques années en arrière : il avait déposé une bombe contre le mur arrière, lui permettant ainsi d'entrer. Depuis le temps, il serait très surprenant qu'il reste quoi que ce soit, qu'on parle de meuble ou de demeure.

Il jeta une œillade noire au coupable pour faire bonne mesure, recevant un air faussement innocent en retour.

— Je t'ai déjà dit que tu mentais terriblement mal ?

— Une fois ou deux.

C'était tellement ridicule qu'il préféra l'embrasser pour ne pas être témoin de ce tic bizarre qui le prenait à chaque fois qu'il se tentait à l'exercice. Ça n'eut pas trop l'air de le déranger car Link l'attrapa par la taille, le rapprochant de lui, et était bien partie pour approfondir, quand on se râcla la gorge derrière eux et ils durent se rappeler que non seulement ils n'étaient pas seuls, mais qu'en plus ils n'étaient vraiment pas seuls.

Toute l'attention (ou presque) était tournée sur eux. Zelda se cachait sous sa serviette (non pas par gêne ou honte, comme n'importe qui pourrait le croire, mais pour camoufler son rire). Les dirigeants et nobles semblaient révulsés ou mal à l'aise. Mousseline avait des étoiles dans les yeux. Ralph avait l'air de vouloir vomir.

Quand au peuple, aux domestiques et aux gardes, les sourires égrillards qui fleurissaient çà et là les firent se promettre de fuir leur compagnie pendant un mois… deux… un an ?

Lavio ne pourrait plus jamais tenir son commerce normalement.

Loin de s'en faire, Link s'accouda à la table et offrit son plus beau sourire carnassier, le même qu'arborait sa sœur quand elle devait négocier. Celui qui semblait le nimber d'une aura dangereuse mais aussi terriblement séduisante, et son mari était loin d'en être la seule victime si ce qu'un rapide balayage des tables environnantes lui démontrait.

— Eh bien, que de pudibonderie pour un petit baiser ! Heureusement que j'ai refusé la consommation en public, vous auriez fait un malaise…

À ses côtés, Lavio leva les yeux au ciel, amusé, son embarras n'étant discernable que par le léger rose de ses joues.

Par contre, ça ne fit qu'amplifier les propos salaces des roturiers, mais heureusement, il était difficile de comprendre leurs propos, tout se mélangeant dans un joyeux brouhaha.

Il l'attrapa par l'oreille, le tirant gentiment en arrière, claquant une bise sur sa joue.

— Sale gamin, va, le taquina-t-il.

— Comme si tu étais mieux.

— Je sais me tenir en société, moi !

— Vraiment ? J'ai pourtant le souvenir que tu étais celui qui a démarré les hostilités.

Ils étaient de nouveau partis dans leur petit monde, flirtant sans prendre en compte qui pouvait les entendre. Zelda attrapa son frère par les cheveux, le tirant en arrière pour lui remettre les idées en place.

— Nous sommes peut-être réunis là pour célébrer votre amour, mais merci d'attendre quand vous serez vraiment seuls tous les deux pour commencer les préliminaires. C'est une facette de vous dont je me passerai d'illustration.

Ils purent distinctement entendre le rire d'Impa dans leurs dos.

— Link, la ferme, s'empressa d'ordonner le nouvel anobli.

Il avait reconnu la posture qu'il était en train de présenter : il allait sortir une grosse bêtise, juste pour le plaisir d'avoir le dernier mot et, franchement, il aimerait garder un bon souvenir du dîner de leur mariage, sans que ça ne finisse en pugilat ou en déclaration de guerre.

Heureusement, il parut se raviser et s'empara de sa fourchette, faisant enfin les honneurs du repas qui leur avait été servi, un soupir de soulagement se répercutant dans les rangs.

Se sacrifiant à la coutume, ils se levèrent pour couper la première part de la pièce-montée, nourrissant l'autre avec sérieux - pendant l'entraînement, ça avait failli virer en bataille de nourritures, mais ce n'était pas l'ambiance - puis une fois tout le monde plus détendu, les musiciens entonnèrent les notes de la première danse et tous les yeux furent de nouveau sur eux, pesant lourdement.

Mais aucun des deux ne se laissa démonter et ils rejoignirent la piste de danse. Link était un assez bon danseur et Lavio était léger et agile. Lors de la préparation, ils avaient eu la surprise de découvrir qu'ils s'accordaient plutôt bien. Menant les pas, l'aventurier pouvait facilement rattraper les oublis et erreurs, juste en le soulevant du sol ou simplement en le suivant, improvisant au besoin.

Les tenues choisies avaient été prévues pour ce cas de figure, les ourlets s'enroulant autour de leurs jambes alors qu'ils virevoltaient, s'accaparant l'espace jusqu'à la dernière note. Ils restèrent l'un dans les bras de l'autre, le souffle court et un sourire tendre sur le visage, charmés, jusqu'à ce que Zelda vienne les séparer et réclamer sa danse avec son beau-frère.

— Tu t'es amélioré, commenta-t-elle.

— J'ai eu de bons professeurs.

Link invita Impa pour faire bonne figure, les rejoignant. Lorsque la troisième chanson retentit, ils retournèrent s'asseoir, permettant de danser à qui le voulait. Ça faisait plus bal populaire que royal, mais il était bon de rappeler qu'un royaume n'existait pas uniquement par ses dirigeants et qu'ils pouvaient bien leur offrir un peu d'amusement. Ça et le fait que les deux nouveaux époux étaient orphelins, réduisant de par ce fait le nombre de danses obligatoires.

Le jeune hylien fut invité à maintes reprises et refusa rarement, faisant sautiller Mousseline et valser Ralph, passant à d'autres bras, s'amusant très clairement.

— Pas trop jaloux ? l'interrogea sa voisine de table.

— Pas le moins du monde. Je n'aime pas danser et je sais qu'il est difficile à convaincre alors qu'il adore ça. Regarde-le sourire, rien que pour ça, j'accepterais de me marier tous les jours.

— Tu tiendrais un discours différent si tu avais jeté un œil sur les factures, marmonna-t-elle.

— Je pense aussi.

Ils rirent de bon cœur et furent rejoint par la princesse d'Estoffe qui voulait tout savoir sur eux, que ce soit la princesse, à quoi ressemblait la vie de son héros maintenant qu'il était à la retraite, mais aussi comment Lavio et lui s'étaient rencontrés, ainsi que chaque étape de leur relation.

Il pouvait comprendre ce qui lui avait plu chez cette jeune humaine et il se plia volontiers à l'exercice. Link était en passe de devenir son sujet préféré.

Mais toutes les bonnes choses avaient une fin et il fut bientôt l'heure pour les tous récents époux de quitter leur compagnie pour s'éclipser dans les appartements du prince.

Il y eurent des sifflets alors qu'ils les saluaient et les remerciaient une dernière fois, et les joues de Lavio ne décoloraient pas une fois que son partenaire l'ait attrapé par la taille pour les faire sortir, le faisant un peu presser le pas.

Une fois - presque - seuls dans le couloir, Link soupira profondément, déboutonnant son col et sa veste puis froissant ses cheveux.

— Il faisait une de ses chaleurs, tu ne trouves pas ?

L'anxiété enfonça de nouveau ses griffes sur son esprit et il ne put que hocher timidement la tête, soudainement mal à l'aise. Mais le prince ne parut pas s'en rendre compte et lui tendit la main, attendant qu'il l'attrape pour les mener tous deux dans la chambre où son mari avait dormi toute la semaine précédente, ignorant volontairement les petits sourires des gardes sur leur chemin et refermant un peu trop brutalement la porte sur eux.

— Je savais qu'on aurait dû rentrer à la maison. On parie combien que d'ici demain, la moitié des commères du coin aura l'oreille collée au couloir ? râla-t-il en explication.

— Tu… tu penses que c'est possible ? s'horrifia-t-il.

— Avec eux, tout est possible.

Occupé à se battre avec les décorations et les multiples fermetures de ses habits, il rata les signes évidents de tension chez le lolien qui jouait avec ses mains, les yeux rivés sur le sol. Quand il fit volte-face, il découvrit qu'il n'avait pas bougé de là où il l'avait lâché.

— Lav' ? Un souci ? Tu veux que j'appelle le médecin ?

— Que… Non non tout va bien, tenta-t-il de l'apaiser. Juré !

Mais Link avait l'air très clairement pas convaincu, le connaissant trop bien pour se laisser avoir par un mensonge de si piètre qualité.

— Tu veux que je t'aide à détacher tous ces trucs ? J'ai bien failli en arracher la moitié par inadvertance, commenta-t-il pensivement.

— Euh oui, non !

Son changement d'avis ne le fit qu'hausser plus haut le sourcil.

— Serais-tu inquiet par… euh, ce qui est sensé arriver cette nuit ?

Cette fois, ils semblaient aussi gênés l'un que l'autre, évitant ostensiblement de se regarder.

— Oui, avoua Lavio d'une toute petite voix.

— Moi aussi. Mais on n'est pas obligé de faire quoi que ce soit. Pour tout avouer, j'avais surtout l'intention de me coucher.

En l'observant plus attentivement, les signes évidents d'épuisements lui sautèrent aux yeux et il se maudit pour lui avoir prêté de si mauvaises intentions.

Il l'attrapa par le poignet, attirant son attention, souriant affectueusement.

— J'approuve ton plan. Et je veux bien de ton aide, j'ignore encore comment je suis parvenu à manger, vu combien c'est serré.

Il n'en fallut pas plus pour que les doigts de Link saute à la première fermeture, s'empressant de la faire céder. Il l'observa faire, contemplant son visage concentré jusqu'à ce que leurs yeux se rencontrent et qu'il ne les détourne, pris la main dans le sac.

— Après, on peut encore changer d'avis, le taquina-t-il.

— Okay, tu dors par terre, en fait, claqua Lavio de sa voix la plus sèche.


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