Bonjour/bonsoir!
Je vous retrouve pour le Tome 9 de Docteur Grace (ça file à une vitesse, c'est fou...). Vous constaterez peut-être qu'il s'agit d'une réécriture du Tome 9. par ailleurs, le tome 6 a eu droit, lui aussi, à son lot de changement (on n'arrête pas les idées lorsqu'elles crèvent la surface). Durant le tome 8, j'avais fait un bon dans le passé qui nous ramenait avant le début du tome 1. Pour la suite ci-dessous, nous revenons dans "notre" temporalité, soit après Endgame, après Far frome Home, après Wanda Vision, après Multiverse of Madness ... Globalement, nous sommes un peu plus de huit mois après Endgame (et accessoirement après Thor-Love and Thunder, et j'ai procédé à un petit changement concernant la fin du film)
J'espère que ce tome 9 vous plaira autant que j'ai apprécié l'écrire (même si, en toute honnêteté, il y avait certains moments où j'avais envie de m'écraser la tête contre le clavier.)
Bonne lecture!


Thème musical de l'histoire: Two steps from Hell-Unleashed


Wish you were here-Pink Floyd


–Et je vous souhaite à toutes et à tous la bienvenue à ce gala de bienfaisance !

Après avoir été applaudie, Pepper Stark descendit en souriant de l'estrade, se faisant déjà happée par la foule de personnes qui souhaitaient la saluer ou lui poser des questions parfois un peu trop personnelles à son goût. Elle lissa distraitement un pan de sa robe asymétrique en satin bleu marine, se préparant mentalement à subir toutes sortes d'interrogatoires qui laissait ses épaules dénudées. Lorsqu'on vint lui demander si elle comptait reprendre le rôle de son défunt mari au sein des Avengers, elle se mit à jouer distraitement avec une mèche de ses cheveux roux, un peu mal à l'aise et elle fut soulagé de voir, au bout de la salle, un visage familier lui faire un signe pour la sortir de se traquenard. Elle s'excusa poliment auprès des quelques individus venus lui parler de choses dont elle ne voulait absolument pas discuter.

Elle se fraya un chemin, pestant intérieurement contre le créateur des chaussures à talons. Il fut un temps où elle y avait été habituée, mais depuis qu'elle était mère de famille, elle en portait beaucoup moins. Elle laissa échapper un discret soupir et tâcha de garder un visage neutre mais souriant, malgré la foule de sentiments négatifs qui faisaient surface à mesure qu'elle avançait et entendait les autres murmurer le prénom de son mari sur son passage. Cependant, elle se devait de faire face, car la foule de journaliste présents pour immortaliser l'événement étaient de vrais rapaces. Elle avait l'impression d'être une criminelle s'avançant vers la chaise électrique tant on l'épiait de toutes parts, et elle détestait qu'on l'observe avec tristesse, avec pitié. Elle voulait simplement qu'on la regarde comme un être humain.

Il lui fallut moins de trente secondes pour rejoindre la femme qui l'avait saluée de loin. Elle portait un robe bustier noire dont la partie supérieure était brodée de motifs en fils d'or. Ses cheveux, qu'elle avait l'habitude de tresser, étaient relevés en un élégant chignon dont quelques mèches folles s'échappaient. Elle était très peu maquillée, juste suffisamment pour mettre en valeur sa beauté naturelle. Elle était en train de discuter avec un couple de riches mondains qui s'éloignèrent lorsque Pepper s'approcha.

–Je ne te remercierai jamais assez de t'être libérée pour la soirée, soupira-t-elle, sincèrement reconnaissante d'enfin croiser quelqu'un qu'elle connaissait.

–C'est tout naturel, Pepper. Jamais je ne te laisserai à la merci de ces vautours, commenta son aie, une coupe de champagne à la main, avant de désigner discrètement l'équipe de reporters qui eux ne faisaient rien pour cacher le fait qu'ils les examinaient de la tête aux pieds. J'avais la soirée de libre, et ça m'a fait très plaisir de recevoir ton invitation. Oh, j'ai croisé les Sparrow, qui voulaient savoir si tu étais disponible pour un entretien mardi prochain pour discuter finances, rendements, et tout ce qui va avec… Puisque je sais que tu ne les porte pas spécialement dans ton cœur, je leur ai gentiment expliqué que ton agenda était booké pour les trois prochains mois, mais que tu reviendrais vers eux dès qu'une date se libèrerait.

–Tu me sauves la vie, Natasha soupira Pepper attrapant une coupe sur un plateau que portait l'un des serveurs qui passait justement par-là, après quoi elle trinqua avec son amie. Sincèrement, je ne sais pas ce que je ferais sans toi pour m'épauler. Je sais que tu es très occupée, toi aussi, mais…

–Mais rien du tout, l'interrompit l'autre rouquine. A dire vrai, j'ai enfin un emploi du temps plus calme depuis que je suis rentrée, et même si j'adore travailler, ça fait du bien de souffler un peu.

e n'ai plus un emploi du temps aussi chargé que ça, depuis quelques mois, et j'essaye d'enchainer quelques petits boulots à droite, à gauche, en plus de mon travail pour le New York Post. Merci d'avoir appuyé ma candidature, au fait.

–Tu es talentueuse, et ce que tu fais est important, précisa Pepper avec un sourire en coin. Tout s'est bien passé, pendant vos missions ? Pas d'imprévus ?

–Des tas, s'exclama Natasha en levant les yeux au ciel. Mais tu nous connais. Steve ne perd pas son sang-rois et j'ai un don pour improviser et tourner les choses à mon avantage.

–Ca a eu l'air de payer.

–Plus de Red Room, confirma Natasha. Alors oui, notre escapade en Russie a en effet payé. J'ai une vie bien remplie, mais j'ai toujours du temps libre à t'accorder, affirma-t-elle en souriant à son tour, puis elle remarqua que Pepper semblait un peu ailleurs et ne l'écoutait que d'une oreille. Pepper, tout va bien ?

–Mh ?

–Tu as l'air… Préoccupée. En dehors de… Tout ce beau monde qui te tourne autour… Est-ce qu'il y a quelque chose dont tu voudrais me parler ?

–… Non, non, tout va bien. Profite de la soirée.

–Pepper, déclara sérieusement Natasha, je connais ce regard. Je sais que quelque chose te tracasse. Tu n'es pas obligée de m'en parler, mais tu sais que je suis là si besoin, lui assura la jeune femme en parlant plus doucement afin d'éviter qu'on les entende et que qui que ce soit se doute de quelque chose.

–… Pas ici, souffla-t-elle alors et discrètement, elles s'éclipsèrent de la salle principale et se retrouvèrent dans un couloir adjacent. Tu as raison, il se passe quelque chose, et j'ignore vraiment à qui en parler, poursuivit-elle en regardant brièvement derrière elle pour s'assurer qu'aucun curieux ne les avaient suivies. Ecoute, on me tanne pour savoir si je… Si je vais reprendre les rênes, et…

–Sérieusement, les gens n'ont que ça en tête ? s'emporta Natasha. Ils ne peuvent pas te laisser tranquille deux minutes ?

–… Je… repasse plus tard, si vous voulez être seules ? déclara une voix masculine dans leur dos, ce qui les incitèrent à se retourner et elles se retrouvèrent face à un homme tout à fait charmant en smoking noir avec une cravate pourpre. Je ne voudrais pas déranger, précisa-t-il.

Les deux femmes soupirèrent de soulagement à l'unisson, rassurée qu'il s'agisse de quelqu'un qu'elles connaissaient très bien. Comprenant qu'il n'était pas de trop, il s'approcha, une coupe à la main, et se pencha vers Pepper afin de lui faire la bise.

–Tu es toujours le bienvenu, James, lui dit cette dernière en souriant. Je suis ravie que tu sois là. Ça compte beaucoup pour moi.

–C'est toujours un plaisir, répondit Bucky Barnes avec un sourire. Très belle organisation, la félicita-t-il en balayant les alentours du regard.

–C'est gentil. J'étais en train de dire à Natasha que j'étais un petit peu… Stressée, en ce moment, à cause de la pression qu'on me met sur les épaules… expliqua-t-elle, ce qui intrigua le soldat. Oui, disons que je ne pense pas être prêt à… Reprendre le flambeau. Les gens attendent de moi que je sois aussi merveilleuse que l'était mon mari. J'ai déjà repris les rênes de son entreprise il y a longtemps, je ne me sens pas d'attaque à …

–Hey, personne ne te demande de le remplacer, la rassura l'homme d'un ton calme. Tu es déjà quelqu'un d'exceptionnel avec des tas de qualités et de responsabilités. Tony n'aurait jamais voulu que tu mettes ta vie en danger comme il avait l'habitude de le faire. Ça ne fait que huit mois, tu n'es pas obligée de répondre à toutes les questions qui te sont posées. Et si jamais quelqu'un se montre un peu trop insistant, n'oublie pas que nous sommes là pour t'épauler. Il y a plein de personnes autour de toi qui sont prêtes à te venir en aide si besoin. Je suis surpris que tu ne nous ai aps proposé de passer plus tôt, d'ailleurs… Wilson est de plus en plus agaçant jour après jour, plaisanta-t-il afin de lui remonter le moral, alors ce genre de soirée, c'est une grande bouffée d'air frais. Mais tu ne dois pas hésiter à demander qu'on t'aide.

–Sincèrement, je ne sais pas comment je ferais si j'étais livrée à moi-même. Tout me parait si difficile depuis… Depuis l'enterrement. Tony me manque et… s'interrompit-elle, sachant que le sujet qu'elle était sur le point d'aborder risquait d'affecter ses deux amis. Madison aussi.

Natasha et Bucky échangèrent un rapide coup d'œil contrarié.

–Tu n'as pas de nouvelles… ? demanda l'agent du SHIELD sous forme de question rhétorique.

–Pas plus que d'habitude… Juste un mail de temps en temps dans lequel elle me dit qu'elle et Arthur vont bien, que je n'ai pas à m'inquiéter et… Tu connais la chanson. Elle est désolée d'être aussi peu présent, mais elle a besoin de temps et elle travaille. Je ne lui en veux pas, ajouta Pepper. Si je n'avais pas eu l'entreprise à gérer, j'aurais probablement fait pareil… Elle finira bien par revenir, dit-elle ensuite, cherchant à remonter le moral de la meilleure amie de Madison, qui affichait un air triste. Lorsqu'elle sera prête, précisa-t-elle.

–Quand le sera-t-elle ? se demanda Bucky. Je ne veux pas paraitre pessimiste, mais…

–Si j'étais toi, je ne terminerais pas cette phrase, lui suggéra gentiment Natasha. Je la connais depuis longtemps, et même s'il m'arrive parfois de ne pas avoir la moindre idée de ce qu'elle peut avoir derrière la tête, je sais qu'elle reviendra. Un jour ou l'autre… En attendant, je crois que tu as raison, poursuivit-elle en posant les yeux sur l'autre femme, essayons de profiter de cette soirée que tu as difficilement organisée. Tes invités doivent sûrement se demander où est passée leur hôtesse.

Les deux autres acquiescèrent et ils traversèrent le couloir afin de rejoindre la pièce principale où on les cueillit immédiatement avec toutes sortes de questions.

–Si je ne me trompe pas, souffla Natasha à Pepper, tu as également une soirée à présider demain soir ? lui dit-elle, ce que l'autre confirma. Si tu veux, nous pouvons venir te protéger des journalistes… proposa-t-elle.

–J'en serais enchantée, souffla son amie avec soulagement en souriant face aux caméras et appareils photos.

« Courage », songea-t-elle. « Plus que deux petites heures, et je pourrai enfin rentrer à la maison… ». Elle n'attendait que cela depuis qu'elle avait posé le pied à l'intérieur de cette somptueuse salle. Le confort de son chez-elle lui manquait terriblement. Elle ne se sentait plus autant à l'aise à ce genre de soirées, qu'elle organisait pourtant pour de bonnes causes, alors elle pouvait bien faire bonne figure durant l'espace de quelques heures… Même si c'était compliqué. Heureusement, elle avait à ses côtés des amis pour la soutenir dans ce genre de situation qui avait tendance à la dépasser. Les flashs des appareils lui donnaient mal au crâne et l'envie de pleurer, mais elle savait se retenir lorsqu'elle était en public. Cela valait de même chez elle. Jamais elle ne versait de larmes devant Morgan, avec qui elle ne voulait pas partager sa peine. Celle de l'enfant était déjà suffisamment grande.

Tout ce dont elle rêvait, c'était rentrer, aller border sa petite princesse qui avait dû s'endormir, aller retrouver son mari dans son atelier et le regarder travailler comme elle adorait le faire autrefois. Sauf que tout serait drastiquement différent, elle le savait. Elle retournerait dans une maison qui avait perdu de sa chaleur, de sa joie de vivre. Morgan dormirait sûrement, mais l'atelier serait vide. Elle y resterait tout de même une heure au moins, à espérer voir Tony en franchir la porte, du matériel sous le bras, comme si de rien n'était. Combien de fois avait-elle rêvé de son retour ? Bien trop souvent. Ça ne la faisait souffrir que davantage, malheureusement, en même temps de lui procurer un peu de bonheur dès qu'elle songeait à son défunt mari et aux bons moments partagés, à leurs souvenirs.

Elle se sentait très seule, dernièrement. Plus de mari, plus de belle-sœur… Un tas d'amis, certes… Mais tout de même. Elle avait parfois l'impression qu'il ne lui restait que Morgan et rien d'autre au monde. Pepper craignait constamment que l'on lui prenne son bien le plus précieux. En ce moment même, même si elle savait que James Rhodes avait aimablement proposé de garder un œil sur elle pendant qu'elle s'était absentée, elle ne pouvait s'empêcher de penser au pire, c'était plus fort qu'elle. C'était le rôle d'une mère de s'inquiéter pour sa fille qu'elle chérissait plus que tout. Elle la protégeait de tous les dangers du monde, ce qui incluait les questions trop invasives de certains journalistes. Elle regrettait cette lointaine époque durant laquelle tout semblait encore aller convenablement. Car pour elle, désormais, tout paraissait sens dessus-dessous.

Elle aurait dû être là pour s'amuser, voir du monde, ne pas rester seule à broyer du noir constamment, mais elle ne parvenait pas à ressentir la moindre joie à l'idée de devoir continuer à jouer la comédie pendant encore une soirée toute entière. Que Natasha et Bucky soient là la rassurait grandement. Elle savait pertinemment que tous les deux continuaient à faire des recherches de leur côté concernant le silence de Madison. Ils n'étaient pas les seuls. Pepper était surtout inquiète, en vérité. Elle espérait que quoi qu'elle soit en train de faire, Madison ne se soit pas attiré le moindre ennui.

–Madame, un moment à accorder au Times ? lui demanda une journaliste qui la fit sursauter, tant elle était perdue dans ses pensées. Rien qu'une petite interview, précisa cette dernière en voyant l'air légèrement angoissé de son interlocutrice mais, heureusement pour la rouquine, Natasha remarqua son embêtement et vola à sa rescousse.

–Désolée, mais Madame Stark est attendue autre part. J'ai reçu un appel urgent auquel elle se doit de répondre dans l'immédiat, jugea-t-elle bon d'ajouter afin d'appuyer son mensonge. Venez, suivez-moi, poursuivit-elle en la raccompagnant vers la sortie, alors Pepper lui souffla discrètement un « merci » très sincère. On va te faire sortir d'ici en douce, je crois que tu as eu ta dose de paparazzis pour aujourd'hui, tu mérites un peu de repos… déclara-t-elle en la conduisant vers une sortie où il n'y avait que très peu de passage. Bucky et moi allons rester et faire diversion et comme ça, tu peux rentrer chez toi…

–Natasha, tu es un ange, soupira son amie une fois qu'elles furent sorties. Merci pour ce soir, et merci d'avance pour demain.

–Allez, file… J'en connais une qui va être ravie de voir sa maman avant d'aller dormir.

. . . . . . . .

La première chose dont se débarrassa Pepper en franchissant le seuil de la porte fut sa paire de talons haut, qu'elle laissa près de l'entrée. Le contact du parquet froid avec la plante de ses pieds la fit frissonner et elle s'aventura dans sa maison plongée dans une douce pénombre. Lorsqu'elle arriva dans la salle de séjour, elle y découvrit son ami de longue date, le colonel James Rhodes, installé dans le canapé, en pleine lecture d'un roman autobiographique d'un pilote de l'armée de l'air célèbre. Pepper laissa échapper un profond soupir, signalant ainsi sa présence, et l'homme redressa la tête avec un sourire. Il ferma son livre et se leva en s'aidant de l'accoudoir.

–Tu rentres tôt, fit-il remarquer en venant à sa rencontre pour lui faire la bise et il la débarrassa de sa veste. La soirée était-elle si ennuyeuse que ça ?

–Tu n'as pas idée… Oh, James, merci d'être resté pour t'occuper de Morgan ce soir. Je n'avais vraiment pas envie d'appeler une baby-sitter et laisser ma fille à une parfaite inconnue…

–C'est tout naturel. Tu as besoin d'autre chose ? lui demanda-t-il en allant accrocher la veste de son amie pour ensuite récupérer et enfiler la sienne. Est-ce que je dois la garder demain aussi ? Je crois savoir que tu présides une dernière soirée ?

–Comme celle-ci ne terminera pas aussi tard, je comptais emmener Morgan avec moi. Cela fait une éternité qu'elle me demande comment se déroule ce genre de soirée, et j'ai fini par céder. Mais merci de t'être spontanément proposé, c'est vraiment très gentil.

–Je t'en prie. Appelle-moi si tu as besoin de quoi que ce soit, d'accord ? indiqua-t-il en ouvrant la porte. Je répondrai présent, quoi qu'il arrive, affirma-t-il, et après qu'elle l'eut remercié, il s'en alla en refermant bien derrière lui, laissant ainsi Pepper seule avec ses pensées tourmentées et emmêlées.

Pepper souffla un bon coup, ravie de retrouver le confort et le silence de sa maison. Ici, au moins, elle se sentait bien. Libre. Elle pouvait être entièrement elle-même, sans fausser un sourire ou devoir se tenir droite. Elle redevenait cette femme qui aimait la simplicité et privilégiait des nuits à la maison plutôt que dehors à faire la fête alors qu'elle n'y avait absolument pas le cœur. Elle délaissa son sac sur une chaise de la salle à manger et gravit les escaliers qui conduisaient au premier étage, désireuse de jeter un bref coup d'œil dans la chambre de sa fille afin de s'assurer que cette dernière était bien endormie. Elle entrouvrit tout doucement la porte et esquissa un sourire lorsqu'elle constata que Morgan semblait être en plein rêve. Elle fit donc attention lorsqu'elle referma et marcha directement vers sa chambre.

Lorsqu'elle y fut, elle s'appuya un moment contre la porte et ferma les yeux, exténuée. « Plus qu'une soirée… » Elle se demandait si elle pourrait tenir le coup le lendemain. Heureusement, cette fois-ci sa fille serait avec elle, et elle espérait que la présence de cette dernière dissuade les journalistes de venir la harceler. Elle marcha ensuite jusqu'à son lit et se laissa tomber dessus avant de s'allonger, sans prendre la peine de se changer. Elle était trop fatiguée, tous ses muscles la faisaient souffrir. Si elle n'avait pas soutenu de bonne cause et elle-même organisé cette œuvre de charité, elle aurait volontiers fait l'impasse et privilégié un soir tranquille devant la télévision ave Morgan à manger de la glace au caramel à même le pot. Seulement, elle avait des responsabilités et être absente n'était pas une option.

Elle se tourna sur le flanc gauche et alluma sa lampe de chevet. Ses yeux se posèrent alors sur un très joli cadre déposé sur sa table de nuit dans lequel se trouvait une photo de famille qui lui tenait énormément à cœur. Elle s'y trouvait avec Morgan et Tony, ainsi qu'Arthur et sa maman. Tous souriaient à l'objectif. Tous les cinq, ils avaient été très soudés, jusqu'à ce que Scott ne sorte du monde quantique et leur apprenne qu'il était possible de ramener les effacés à la vie. Puis tout dans sa vie avait été chamboulé : elle avait perdu son mari, sa belle-sœur devait affronter à la fois le deuil de son frère, la perte de ses pouvoirs et le départ de l'homme avec qui elle avait partagé une partie de sa vie et s'était éloignée avec son fils pour prendre le temps de se remettre. Pepper comprenait qu'elle soit partie et elle ne lui en voulait pas le moins du monde.

Elle regarda ensuite son alliance qui, à chaque fois qu'elle daignait l'observer, lui faisait mal, la brûlait. Continuer à vivre sans Tony était atrocement douloureux et compliqué, pour elle ou pour leur fille, qui ne comprenait pas encore bien ce que le terme de « mort » signifiait vraiment. Mais elle était maligne et bientôt, elle comprendrait enfin pourquoi son papa était parti sans avoir eu le temps de lui dire au revoir. Elle attrapa un de ses oreillers et le serra si fort contre elle qu'il aurait presque pu exploser, un peu comme son cœur meurtri qui menaçait à chaque instant de se briser en un million de petits morceaux comme s'il était fait de cristal. Elle peinait à se souvenir de cette joie qu'elle avait éprouvée lorsqu'ils s'étaient mariés, car tout cela remontait déjà à une éternité pour elle. Aujourd'hui, elle était veuve, et seule pour élever Morgan.

Elle ferma les yeux en faisant tout son possible afin de retenir ses larmes. Elle imagina qu'il s'agissait de Tony qu'elle serrait ainsi contre son cœur et non un simple coussin. Elle aurait tout donné pour le revoir ne serait-ce qu'une toute petite minute. Quelques fois, elle en voulait à l'Univers pour avoir offert une seconde chance à certains et non à son époux, puis rapidement, elle se souvenait que parmi ces individus se trouvait notamment Loki, qui méritait de prouver au reste du monde qu'il avait beaucoup de valeur. Elle avait énormément de respect pour le dieu de la malice, qui leur avait prêté main forte lors de l'ultime combat qui les avait opposés à Thanos. Mais ainsi allait la vie : certains vivaient, d'autres mourraient pour de grandes causes.

Elle voulut dormir afin d'oublier, le temps d'une nuit, tous ses tourments, mais le sommeil ne venait pas. Elle était devenue insomniaque depuis plusieurs mois et ne dormait que très peu. Bien sûr, avec les bons soins, le maquillage adéquat et une démarche naturelle, les autres n'y voyaient que du feu, mais intérieurement, elle était épuisée et rêvait d'un break. Elle se sentait chanceuse que cette pause dont elle avait besoin n'allait pas tarder à arriver, puisqu'elle avait prévu de se retirer quelques temps avec Morgan, histoire de prendre des vacances qu'elle estimait bien méritées. Elle ne disparaitrait pas totalement de la circulation, mais elle ne répondrait plus aux mails ni aux appels pendant au moins deux semaines, à moins que cela ne vienne d'un ami proche. Autrement, elle jouerait la carte du silence pour avoir la paix.

Elle garda donc les yeux clos, décidant d'attendre ainsi jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Elle n'avait même plus la force d'éteindre la petite lampe argentée fixée au mur, au-dessus de sa table de nuit. Elle enchainait les soirées, gala et autres fêtes caritatives et elle se doutait qu'à ce train-là, elle ne tiendrait plus très longtemps. Pourquoi avait-elle l'impression de porter le poids du monde sur ses épaules ? Est-ce que l'Univers la jugeait capable de supporter tout ça ? Était-ce donc pour ça qu'il lui imposait un parcours si tortueux et parfois déceptif ? Elle n'en savait rien, car elle n'y connaissait pas grand-chose en ce qui concernait le cosmos et ses légendes. Elle était une personne très terre à terre qui, avant deux-mille douze, ne croyait qu'en ce qu'elle voyait. Mais depuis que des dieux avaient débarqué à New-York ses croyances avaient été remises en question.

Elle se demanda alors comment se portait Loki. Elle ne l'avait pas vu non plus depuis ce jour funeste qu'avait été l'enterrement de Tony, mais avait néanmoins reçu quelques messages de sa part. Elle se rappelait de leur conversation sur le ponton du lac, elle se souvenait combien cela lui avait fait du bien de parler ouvertement avec lui. Avec cet homme incompris qui tentait de racheter ses fautes, parfois un peu maladroitement certes, mais tout de même. Elle se souvenait l'avoir apprécié en découvrant sa véritable nature. Puis, dans l'après-midi, lui aussi s'était brusquement volatilisé sans dire où il comptait se rendre. Probablement avait-il des choses plus importantes à gérer dans la Galaxie, avait songé Pepper. Mais au moins, il avait été là pour elle. Tous avaient été là, sans exception. Elle ne savait plus combien de « merci » et sourires en coin elle avait offert, mais en revanche, elle se souvenait avoir passé la nuit suivante à pleurer toutes les larmes de son corps.

La fatigue eut raison d'elle environ deux heures plus tard, alors que l'horloge sonnait vingt-trois heures. Elle se retrouva plongée dans un sommeil dénué de rêves ce qui lui aurait pourtant permis de s'évader un peu de cette réalité morne et dépressive à laquelle elle avait droit récemment. Si seulement elle pouvait rêver au moins une fois de son passé, de ses plus beaux souvenirs, afin d'oublier ses problèmes… Elle se réveilla une fois. Deux fois. A la troisième, elle prit des somnifères et cette fois-ci, elle fut projetée dans un monde imaginaire qui n'appartenait qu'à elle. Un monde dans lequel personne ne souffrait de la perte d'un être cher. Un monde où Tony n'avait pas succombé, où Madison n'avait pas été poignardée à mort et où tout le monde coulait des jours heureux et prospères. Mais après tout, ce n'était qu'un rêve qui jamais ne se matérialiserait.