Ce récit est composé d'une suite de nouvelles prenant toutes place dans le même univers. Chaque chapitre est donc une nouvelle indépendante, se passant à des époques et des lieux différents. Elles se passent néanmoins toutes dans le même univers que l'arc Au-delà des étoiles.

Au début de chaque nouvelles, l'époque et parfois le lieux sont indiqués.


Cette nouvelle se passe environ deux-cents ans avant les événements de Stargate Atlantis


La planète n'était plus qu'un vaste champ de ruines.

Venn'kan huma l'air, s'emplissant de l'odeur caractéristique de la chair brûlée et de la mort.

D'un pas tranquille, il s'avança entre les décombres à la recherche d'éventuels survivants.

Un mouvement le fit se retourner, sur ses gardes, mais il ne s'agissait que de Filymn, un jeune traqueur malingre mais extraordinairement rapide, qui avait été envoyé tout comme lui sur Yonn pour traquer les rescapés.

D'un geste de la tête, il lui signifia que ce quartier était le sien, avant de reprendre son inspection.

Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver son premier survivant, un vieillard qui avait été pris au piège de sa maison lorsque celle-ci s'était effondrée sous les bombardements orbitaux.

Les jambes de l'humain avaient été broyées depuis la taille par les décombres, mais il tenta tout de même de ramper au loin lorsqu'il s'approcha de lui.

Avec un grondement satisfait, Venn'kan fit son premier repas en près de trois semaines, absorbant le restant de vie maladive de l'homme en quelques instants.

Ragaillardi, il abandonna la dépouille desséchée, se dirigeant vers un grand bâtiment prometteur d'un pas félin. L'immense bâtisse à quatre étages avait miraculeusement échappé aux bombes et avait visiblement été reconvertie en hôpital-quartier général d'urgence à la fin de la courte lutte des Yonnis contre sa noble reine.

Une balle siffla à son oreille, annonciatrice d'une poche de résistance -et d'un repas imminent-.

Il accéléra, marchant d'un pas vif vers la barricade qui obstruait l'entrée du bâtiment.

Une seconde balle vint se loger dans son épaule, éclatant la chair qui commença à cicatriser instantanément.

Avec un rugissement de rage et de douleur, il accéléra encore, chargeant à toute vitesse.

Les balles sifflaient à présent de toutes part, salves désespérées de ceux qui allaient bientôt mourir.

D'un bond puissant, il sauta au-dessus du dérisoire obstacle, rugissant du plaisir anticipé du combat.

Les quatre humains, des soldats au vu de leurs uniformes déchirés, ne comprirent pas ce qu'il leur arrivait lorsqu'il planta les dents acérées de son empaleur dans le ventre de l'un d'eux après avoir renversé d'un coup de pied brutal un de ses congénères.

Les deux hommes encore capables de se battre, se reprirent et vidèrent leurs chargeurs dans sa direction.

D'un geste souple, il se servit de l'humain qu'il venait d'éventrer comme bouclier, avançant dans leur direction. Arrivé près d'eux, il jeta le cadavre déchiqueté de leur camarade sur le plus chétif des deux survivants, tout en arrachant son arme de la main de l'autre.

L'homme hurla de terreur alors que dans le même mouvement il le vidait de son énergie.

L'humain était bon, honnête et travailleur, c'était un homme débonnaire qui aimait par dessus tout sa femme et ses deux fils, mais dont le cœur et l'énergie s'étaient ternis lorsqu'il avait trouvé leurs cadavres déchiquetés par un tir orbital, quelques jours auparavant. Toute son âme était à présent emplie de la haine et du dégoût des wraiths, donnant une saveur piquante à sa force vitale.

Il s'en nourrit avec plaisir, se gorgeant de cette vie et de cette rage foisonnante, avant de la retourner vers le dernier humain encore debout, qui tentait de recharger son arme, ses mains rendues tremblante de terreur incapables de glisser le chargeur dans son emplacement.

Avec fluidité, Venn'kan se redressa et, attrapant le fusil des mains de l'homme, il le lui arracha, en même temps que la cartouche.

« C'est comme ça qu'il faut faire » ricana-t-il en enfonçant le chargeur dans son logement avant de retourner l'arme contre son propriétaire et de faire feu, pulvérisant la tête de l'homme.

Un gémissement pitoyable lui rappela qu'il y avait encore un survivant, celui à qui il avait brisé un genou d'un coup de pied, aussi se retourna-t-il en grondant, fixant un instant la misérable tentative de fuite de la pauvre créature avant de l'achever de son empaleur.

Il contempla les quatre cadavres autour de lui. Les hommes avaient tenté de défendre leurs insignifiantes vies de toutes leurs forces, mais en moins de deux minutes, une fois encore, la supériorité absolue des wraiths avait été démontrée.

Un mouvement fugace le recentra sur sa mission, et c'est d'un trot rapide qu'il passa les grandes portes défoncées du bâtiment.

Un léger bruit, celui d'un minuscule gravillon qui tombe lui signala la cachette de sa prochaine proie, un grand pan de mur effondré dans un coin du hall.

Sans un bruit il s'approcha, prenant le temps de marcher lentement, afin que sa victime prenne bien conscience que c'en était fini pour elle, qu'il lui était inutile de tenter de se défendre davantage.

Intérieurement, le traqueur espérait tout de même que sa proie tenterait de se défendre en une résistance désespérée, rendant la chasse plus palpitante : aussi fut-il extrêmement déçu lorsqu'il aperçut un enfant misérable, sanglotant et tout recroquevillé.

Il haïssait tuer des petits, il n'y avait aucun défi ni aucune gloire dans un tel geste, et un enfant humain mort était un humain qui ne se reproduirait jamais, et dont l'énergie vitale n'atteindrait jamais son plein potentiel.

Comme sa reine leur avait ordonné de tuer jusqu'au dernier Yonni, il ne pouvait pas ignorer l'enfant et se concentrer uniquement sur la traque des adultes. Il gronda, profondément agacé, avant de pointer son empaleur sur l'enfant et de faire feu, l'assommant. Il sortit ensuite sa dague, achevant le petit d'un unique coup mortel au cœur, avant de reposer la petite dépouille pour poursuivre sa chasse.

Il eut un rire cynique : ce petit humain avait eu de la chance de tomber sur lui ! Il détestait faire souffrir les enfants, aussi n'en consommait-il jamais, leur offrant toujours une mort rapide si cela était indispensable. Troj'kan, en revanche, raffolait des gamins et de leurs cris de terreur, à tel point qu'il pouvait passer des heures à vider petit à petit un enfant, juste pour le plaisir de le faire souffrir. Ce comportement, jugé brutal même parmi les siens, avait valu au grand alien d'être rétrogradé de soldat d'élite à simple traqueur, le rendant encore plus cruel et brutal qu'auparavant.

Venn'kan évitait la plupart de ses congénères avec assiduité, prenant soin de se tenir loin des deux extrémités de la pyramide hiérarchique. L'expérience lui avait appris que les officiers étaient généralement tellement imbus de leur personne, bouffis d'orgueil et de fourberie, qu'ils en étaient plus dangereux qu'un Juguu, quant aux autres traqueurs, il était bien placé pour le savoir, ils ne l'étaient jamais devenus par hasard.

Les traqueurs formaient la base de l'échelle d'une ruche, presque à égalité avec les drones et les esclaves humains. Le fait qu'ils soient nés alphas leur concédait l'intelligence et la ruse qu'il manquait aux premiers, et la force et l'endurance faisant défaut aux seconds pour effectuer toutes les missions de chasse, d'assassinat, et de longue traque solitaire, jugées indigne des autres alphas, mais néanmoins nécessaires à la ruche.

Contrairement aux pilotes, scientifiques ou officiers, qui étaient conçus dans ce but précis, ils n'étaient pas nés traqueurs, mais l'étaient tous devenu lorsqu'ils s'étaient révélés incapables de remplir la mission qui leur avait été attribuée à leur conception, sans qu'ils soient pour autant suffisamment dysfonctionnels pour qu'il soit nécessaire de les éliminer.

Troj'kan était trop brutal et violent pour pouvoir s'intégrer à une force militaire bien longtemps. Filymn était trop chétif pour obtenir le respect de ses pairs, mais son extraordinaire rapidité lui permettait de distancer n'importe quel autre wraith à la course, et lui avait permis d'échapper à l'exécution à la puberté.

Quand à lui, Venn'kan, il était né trop sauvage et bien trop insoumis pour avoir jamais pu devenir guerrier, malgré une formation auprès du plus dur et du plus cruel des combattants de la ruche, qu'il avait tué dès que l'occasion s'était présentée, se garantissant ainsi un avenir misérable en tant que traqueur.

Ayant terminé la fouille du rez qui se révéla vide, le wraith monta au premier étage, soupirant pour lui-même, perdu dans ses pensées.

Bientôt quatre siècles et demi qu'il chassait pour la majestueuse reine Silla ! C'était un temps de service plutôt respectable pour un traqueur, la majorité d'entre eux ne survivant pas plus d'un siècle ou deux à ce poste, tant leurs proies étaient dangereuses. Quatre siècles, qu'il avait passés majoritairement loin de sa ruche et de sa reine bien-aimée, lui ramenant ses proies comme un chien fidèle, dans l'espoir qu'un jour elle le remarque et lui offre une récompense pour son travail dévoué. Il ne se faisait aucune illusion : il ne serait jamais officier, ne commanderait jamais à personne, et jamais il n'aurait l'honneur suprême d'être choisi comme reproducteur par une reine. Et cela lui était égal : un simple regard de sa souveraine, un compliment, un remerciement seraient déjà pour lui un cadeau extraordinaire qu'il chérirait de tout son cœur ! Obtenir la reconnaissance de sa reine, voilà quelle serait sa plus belle consécration !

Il était tant perdu dans ses songeries qu'il faillit passer à côté d'un soldat embusqué sans le voir.

Son instinct le rappela à l'ordre in extremis, alors qu'il se jetait de côté, esquivant un coup de baïonnette en pleine tête qui lui aurait sans doute coûté la vie.

Avec un grognement sourd, il faucha les jambes de l'homme, le jetant à terre, avant de venir s'accroupir sur lui, l'écrasant de tout son poids.

« Je n'apprécie pas que l'on essaie de me tuer lorsque je réfléchis !» gronda-t-il avant d'arracher le haut de son uniforme au soldat terrifié et de le vider de sa force vitale, sourd à ses suppliques.

Après son repas, c'est pleinement concentré sur sa tâche que Venn'kan finit de fouiller l'étage, débusquant deux autres soldats qu'il égorgea de sa dague, momentanément rassasié.

Le deuxième étage se révéla désert, en dehors d'un homme à l'allure de scientifique qui se jeta du balcon plutôt que de l'affronter, et d'un animal poilu qui lui grogna dessus lorsqu'il s'approcha de lui, avant de s'enfuir en jappant lorsqu'il gronda en retour. Le wraith ne le poursuivit pas : les animaux n'entraient pas dans l'ordre d'extermination de la reine.

Au dernier étage, il débusqua tout d'abord un sniper allongé sur un balcon, qu'il repéra au coup de feu mortel que l'homme tira sur un commandant de guerre wraith un peu trop sûr de lui, lequel avait oublié de surveiller les immeubles alors qu'il se promenait déjà en vainqueur dans les ruines de la ville.

Venn'kan n'eut aucun mal à assommer l'humain d'un tir de son empaleur, avant de l'achever à la dague après s'être silencieusement glissé jusqu'à lui.

Il trouva ensuite deux soldats qui se rendirent immédiatement en le suppliant. Avec un grondement déçu, il les assomma tous les deux avant de les achever, leur offrant une mort rapide et presque sans douleur, à défaut de pouvoir les épargner.

Sa dernière découverte fut pour lui à la fois sa meilleure récompense, et le moment le plus désagréable de sa journée.

Calfeutrés derrière une grande porte, le wraith trouva une demi-douzaine de jeunes femmes, certaines à peines sorties de l'enfance, avec une quinzaine de bambins et de bébés.

Les humaines étaient désarmées, et c'est les yeux emplis de terreur qu'elles le fixèrent, des larmes roulant sur leurs joues.

Venn'kan soupira.

« J'ai ordre de ne laisser aucune d'entre vous en vie. Je ne suis en revanche pas obligé de vous tuer de mes mains. Je vous laisse deux minutes pour choisir votre mort, je reviendrais ensuite pour exécuter celles qui seront encore en vie. Pour les enfants, se sera rapide et sans douleur. » déclara-t-il avant de refermer la porte.

Il compta mentalement les secondes, tandis que des cris de désespoir et des suppliques retentissaient de l'autre côté du battant.

Son décompte terminé, il rouvrit la porte.

Trois femmes avaient disparu : la fenêtre ouverte, une chaise posée devant elle, laissant deviner leur destination. Une jeune femme s'était tranchée les veines, mais les deux dernières, une trentenaire et une adolescente à peine pubère, étaient encore là, étouffant avec des oreillers les nourrissons, le désespoir ravageant leur traits.

Il s'approcha sans rien dire de la femme la plus âgée, qui le fixa avec terreur, serrant son coussin contre elle en un inutile bouclier.

Doucement, sans brutalité, il plaqua sa main sur la poitrine de la femme, se délectant de sa délicieuse force vitale, pleine de compassion et de générosité. La femme tenta de se débattre, aussi la maintint-t-il contre lui d'un bras passé sous sa taille, avant de la déposer délicatement au sol, son dernier souffle rendu.

Il se tourna ensuite vers la jeune femme qui le regardait, médusée.

«Les enfants ne souffriront pas, vous avez ma parole » déclara-t-il alors que d'un geste vif il attrapait le bras de la femme qui avait tenté dans un dernier geste de fuir.

Elle était encore plus délicieuse, si douce, si pure et si lumineuse ! Encore emplie des rêves de l'enfance, à peine relevés de la saveur acide de la peur et de celle -plus piquante- de la colère et de l'impuissance.

La dernière parcelle de vie la quitta avant qu'il n'en ait eu assez, et c'est avec regret qu'il relâcha le corps desséché, avant de passer de berceau en berceau, assommant les enfants avant de les achever de sa dague lorsque cela était nécessaire.