My old friend-Tim Mcgraw


Il y avait une éternité qu'elle ne s'était pas retrouvée face à cet imposant bâtiment devant lequel se pressait une foule de personnes : visiteurs, touristes photographiant les lieux sous tous les angles. Cet endroit attirait beaucoup de monde. Peut-être la jeune femme aurait-elle dû songer à venir rendre visite à son ami un autre jour, où il y aurait moins de passage… Le soleil tapait fort et elle avait déjà chaud dans sa tenue stricte, mais c'était le minimum qu'elle puisse faire, surtout qu'elle débarquait à l'improviste. Elle trouverait un moyen de se racheter lors de sa prochaine visite. En attendant, il fallait qu'elle parvienne à entrer sans trop se faire embêter par la sécurité, ce qui n'était pas une mince affaire. Il y avait des agents armés absolument partout, qui fouillaient chaque personne pénétrant dans le bâtiment. Debout sur les marches, Madison considéra un instant l'entrée avant de se décider à avancer.

Elle ôta ses lunettes de soleil et les rangea dans la poche gauche de sa veste après avoir dépassé un groupe de touristes particulièrement excentriques selon elle, puis elle atteignit le haut des marches. Elle fit son possible pour ignorer le guide qui criait comme un putois à toute sa petite équipe de ne pas se séparer. Une fois qu'elle fut devant l'entrée, un homme en uniforme la stoppa, comme elle s'y était bien évidemment attendue. Elle se serait fortement inquiétée si elle avait réussi à se faufiler à l'intérieur sans le moindre encombre. Elle se serait elle-même plainte à la sécurité si ç'avait été le cas. L'homme la retint d'un simple geste de la main, alors Madison s'arrêta sagement. Il avait une stature imposante et forçait le respect, mais la brune ne se laissa nullement intimider par cet individu qui la fixait sans ciller.

–Où allez-vous comme ça ? lui demanda-t-il avec fermeté et il se mit sur ses gardes lorsqu'il la vit fouiller l'une des poches intérieures de sa veste. Je peux vous aider ? l'interrogea-t-il ensuite cordialement, mais toujours d'une voix dénuée de toute émotion.

–Madison Stark, se présenta-t-elle fièrement à lui tout en lui montrant son badge officiel du SHIELD, puis celui qu'elle avait reçu lors de son stage à la CIA avec Moïra MacTaggert. J'ai à m'entretenir avec quelqu'un de toute urgence.

–Vous êtes à la Maison Blanche, Mademoiselle Stark, lui indiqua-t-il. Malgré votre statut, sachez que l'on n'y entre pas comme ça, lui expliqua-t-il et il soupira doucement lorsqu'il la vit lever les yeux au ciel. Je ne me rappelle pas avoir été informé que vous aviez un rendez-vous aujourd'hui, vous m'en voyez navré.

–Et depuis quand ai-je besoin de prendre rendez-vous ? s'exclama-t-elle, les poings sur les hanches. Alors quoi, le fait d'être une Stark et d'avoir sauvé le monde PLUSIEURS fois ne me donne pas un accès privilégié ? poursuivit-elle, tandis que l'homme secoua lentement la tête de gauche à droite. Bon, c'est bien, vous faites correctement votre boulot… Mais en attendant, je viens voir votre boss. Vous savez, le grand patron ? Allez-y, demandez-le-lui, j'ai TOUTE la journée devant moi, ironisa-t-elle en croisant les bras.

–Mademoiselle Stark, je crains que…

–Demandez, insista-t-elle en lui coupant la parole, ne voulant pas en démordre.

L'agent parut hésiter un court instant puis il alla à l'intérieur et fit signe à un autre homme, vêtu d'un costume noir et d'une cravate, posté près d'une immense porte, de le rejoindre. Ce dernier traversa le hall à grandes enjambées, comprenant sur le champ qu'il y avait potentiellement un problème. Madison les regardait de loin, songeant à éventuellement forcer le passage, mais en voyant le nombre d'individus armés qu'il y avait dans les parages et qui étaient susceptibles de la plaquer au sol au moindre mouvement brusque, elle se dit que c'était une très mauvaise idée. Elle dût donc attendre, appuyée contre le mur, observant distraitement sa montre connectée de temps à autre. Elle remarqua que l'homme au costume semblait en pleine conversation avec quelqu'un via son oreillette et, quelques secondes plus tard, il indiqua à Madison qu'elle pouvait entrer, sous les regards outrés des touristes qui patientaient depuis une bonne heure en se faisant fouiller. Elle leur offrit un grand sourire satisfait et rejoignit rapidement le duo.

–Mademoiselle Stark ?

–Elle-même, confirma-t-elle avec entrain et quelques personnes du public présent la reconnurent puis se mirent à chuchoter.

–Veuillez me suivre, lui indiqua-t-il.

Elle se retint de tirer la langue au garde. Heureusement qu'elle savait bien se comporter en société. Elle fit donc abstraction des coups d'œil jetés dans sa direction et entreprit de suivre son guide personnel à travers les couloirs spacieux de la Maison Blanche. Elle en profita pour mieux admirer tout ce qui l'entourait. Elle était déjà venue une fois mais elle était simplement passée en coupe-vent, elle n'était même pas restée vingt minutes. Lorsqu'elle demanda à son interlocuteur si elle dérangeait, ce dernier lui avoua qu'au contraire, c'était loin d'être le cas, que son supérieur semblait ravi qu'elle ait pris la peine de faire le déplacement jusqu'à Washington et lorsque Madison répondit « évidemment », elle jura voir l'ombre d'un sourire se dessiner sur le visage dur de l'homme.

Ils montèrent jusqu'au premier étage en échangeant toutes sortes de banalités et au détour d'un énième couloir, ils se retrouvèrent devant une porte gardée par deux hommes lourdement armés qui parurent quelque peu surpris en voyant du monde arriver. En apercevant leur patron leur signifier que tout allait bien, ils se détendirent un peu. Ils reconnurent sans peine Madison, qui les salua en souriant et ils s'écartèrent pour la laisser passer. L'homme au costume lui dit au revoir poliment et s'en alla, ayant beaucoup de travail à faire ailleurs en cette journée chargée.

La brune hésita un moment à ce qu'elle dirait une fois qu'elle serait entrée. Elle avait la -mauvaise- habitude d'improviser, de foncer tête baissée en réfléchissant ensuite aux conséquences de ses actes. Seulement, elle se trouvait actuellement à la Maison Blanche, l'un des endroits les plus sécurisés du monde, alors elle se devait de faire preuve d'un peu de tenue. Il n'y avait qu'un seul bémol : elle était une Stark, alors elle ne faisait jamais rien dans les règles de l'art, elle savait se démarquer comme il se doit. C'est pourquoi elle frappa trois fois contre la porte et l'ouvrit en grand sans attendre d'y être autorisée, puis elle s'exclama joyeusement :

–Bonjour, Monsieur le Président ! On se fait un câlin ?

. . . . . . . .

–Vous dites donc avoir décidé de venir vous installer ici sur un coup de tête ?

–En effet.

–Et vous êtes également dotée de certaines capacités particulières qui vous permettent de créer presque tout ce que vous souhaitez, mais vous ignorez comment vous en êtes capable.

–Cela a l'air de vous surprendre.

Loki avait fait le tour du lac durant la matinée, après son altercation avec son frère, avant de croiser le chemin d'Ana, qui prenait l'air. Il se posait un certain nombre de questions concernant cet endroit extraordinaire, alors qui de mieux qu'une locale pour y répondre ? Tous les gens qu'il avait vus jusqu'à présent lui avaient dit « bonjour » avec un grand sourire avant de lui demander comment il allait. Cela le changeait de ce qu'il avait connu avant de se voir dans l'obligation de se cacher durant cinq ans, c'était une drôle d'expérience. Il n'était pas encore tout à fait habitué à ce qu'on le voie comme un héros. Il ne s'était jamais vraiment senti comme tel. On l'avait trop longtemps perçu comme l'exact opposé. Voilà qu'aujourd'hui, il n'était plus du tout considéré comme un ennemi de la nation, mais comme un survivant, un fier combattant prêt à donner sa vie pour une noble cause et enfin… Un roi. Le roi légitime de Jotunheim qui dans l'ombre, avait permis à tout un royaume de se relever. Désormais, son but était tout autre : se renseigner au maximum sur Ana.

–C'est une capacité tout à fait remarquable dont peu de personnes sont dotées et parviennent à maitriser, la complimenta-t-il tandis qu'ils entraient chez elle, ayant néanmoins quelques arrières pensés qui le travaillaient.

–C'est très gentil, le remercia-t-elle. Du thé ? lui proposa-t-elle ensuite, ce à quoi il acquiesça avant de prendre place dans un fauteuil. Pour être tout à fait honnête avec vous, j'ignore pourquoi ce don du ciel m'a été transmis, dit-elle en mettant la bouilloire sur le feu avant de le rejoindre dans le salon Je me suis réveillée, un matin, dans un lieu qui m'était totalement inconnu. Je n'avais aucune idée de la façon dont j'étais arrivée là.

–Amnésique ?

–Oui, confirma-t-elle. Cela fait longtemps que je vis dans le flou total et malheureusement, je n'ai jamais recouvré la mémoire. J'ai juste, un beau jour, ouvert les yeux en découvrant que j'étais en mesure de réaliser des choses hors-normes.

–Vous vous êtes donc installée ici et vouez votre existence à venir en aide aux autres en mettant vos donc à leur disposition afin qu'ils puissent bénéficier d'une seconde chance si besoin, résuma-t-il. C'est très noble de votre part, déclara-t-il platement. Savez-vous faire d'autres choses, par hasard ?

–En dehors de créer à partir de rien ? Je ressens les émotions des autres, lui révéla-t-elle avant de retourner dans la cuisine lorsque la bouilloire se mit à siffler. Pour vous donner un exemple très concret, je peux affirmer que quelque chose vous tourmente en ce moment-même, dit-elle en versant l'eau chaude dans deux tasses.

–Vraiment ?

–Vous semblez avoir des doutes, mais je ne saurais dire à quel propos, reprit-elle en apportant les deux tasses dans la salle de séjour, qu'elle déposa sur la table basse. Et vous paraissez relativement inquiet.

–« Inquiet » ? répéta-t-il en plissant les yeux.

–Pour Madison. J'ai tout de suite su, en vous voyant hier soir, que vous demeuriez très soucieux à son sujet. C'est une grande fille, vous savez ? Elle est très autonome. Incroyablement débrouillarde. Je ne connais que très peu de détails la concernant, mais je sais qu'elle est parfaitement capable de se débrouiller toute seule. Elle cache cependant une grande douleur. Comment vous sentez-vous, par rapport à elle ?

–Excusez-moi ? dit-il, légèrement dérouté.

–A peine ai-je prononcé son prénom que votre expression a changé, précisa-t-elle et le visage du dieu de la malice se modifia à nouveau. Je ne crois pas me tromper en affirmant que… Vous tenez à elle ?

–Que cherchez-vous à savoir exactement, Ana ? l'interrogea-t-il un peu froidement, n'appréciant pas particulièrement s'étaler sur son ressenti, encore moins avec une parfaite inconnue. Vous ne savez absolument rien de moi.

–Je me suis renseignée.

–Et pourquoi ? s'exclama l'homme.

–J'aime savoir qui j'accueille chez moi, se justifia-t-elle en portant sa tasse de thé à ses lèvres, remarquant par la même occasion que Loki n'avait pas encore touché à la sienne. Ne vous énervez pas.

–Je ne m'énerve pas.

–Je sens votre frustration.

–Arrêtez de me… Me « sonder », je n'aime pas ça du tout. Vous vouliez savoir si je tiens à Madison ? poursuivit-il en se redressant. La réponse est « oui ». Enormément, d'ailleurs parce qu'elle a été l'une des premières personnes à prendre ma défense lorsque le reste du monde était contre moi et aussi longtemps que je me trouverai sur Midgard, soyez certaine que je la protégerai de tout individu que je jugerai « néfaste », ce qui vous inclut dans le lot.

–Loki, je ne lui veux aucun mal…

–A d'autres, rétorqua-t-il froidement. Je sais reconnaitre des imposteurs lorsque j'en croise, mais je ne compte pas m'en prendre à vous. Je préfère vous laisser le bénéfice du doute, Ana, mais n'oubliez jamais que temps que je serai là, je vous garderai à l'œil.

–Vous ne me faites pas confiance ?

–Non, affirma-t-il tout de suite. Il n'y a qu'à ma famille que je fais confiance, ajouta-t-il en regagnant la porte d'entrée.

–Vous la voyez comme un membre de votre famille… ?

Loki marqua un bref arrêt et soupira longuement avant de se saisir de la poignée pour la tourner. Une fois que la porte fut ouverte, il dénia accorder un dernier regard à son hôtesse. Il la fixa avec un mélange de colère et de questionnement ?

–A votre avis ? lâcha-t-il enfin avant de s'en allant en claquant derrière lui.

Ana se retrouva donc seule chez elle, sa tasse fumante entre les mains. Elle ferma les yeux et laissa échapper un très long soupir. De son côté, Loki repartit en direction du chalet de Madison, désireux de lui faire part de ses doutes. Il ignorait quelle mouche l'avait piquée, mais quelque chose le dérangeait chez Ana. Lorsqu'il fut rentré, il constata que la brune était de sortie. Dans le salon se trouvaient Natasha, Bucky, Pepper ainsi que les enfants, étant retournés à leurs dessins. Il s'adossa au buffet, bras croisés.

–Un problème ? lui demanda l'espionne russe, ayant immédiatement remarqué son humeur maussade.

–Je n'aime pas cet endroit, lui confia-t-il. Je n'ai pas l'impression que nous y soyons tellement en sécurité. Il y a forcément une faille quelque part.

–Et moi qui pensait être pessimiste… souffla le soldat. Quoique, moi aussi, j'ai l'impression que quelque chose cloche.

–Tu ne vas pas t'y mettre, toi aussi… soupira Natasha en s'enfonçant dans le canapé.

–Je suis sérieux, insista-t-il. Tout le monde est… Beaucoup trop heureux. C'est perturbant.

–Ce n'est pas suffisant pour déclarer que « quelque chose cloche », dit Pepper en reprenant ses mots. Vous devriez vraiment vous détendre, tous les deux. Je ne sais pas, buvez de la tisane, allez faire un tour, mais par pitié, arrêtez de vous prendre la tête…

. . . . . . . .

–Madison ! s'exclama Jake Jefferson, ancien Procureur, en se levant d'un bond de son siège. Madison, tu n'imagines pas combien je suis soulagé de voir que tu vas bien ! lança-t-il en contournant son bureau, après quoi il marcha vers elle et la prit dans ses bras. Tu m'as tant manqué.

–Toi aussi tu m'as manqué, Jake… Tu as l'air en pleines formes ! Ça te réussit plutôt bien, de diriger tout un pays… Tu sais que tu es déjà le quatrième mutant à devenir Président des Etats-Unis ? l'informa-t-elle.

–Tu ne me l'apprends pas, mais ça fait toujours du bien d'entendre quelqu'un me le rappeler. Alors, où étais-tu passée ? Cela fait des mois que tu as disparu des radars… Quand la sécurité m'a appelé il y a quelques minutes pour m'informer de ta présence, j'ai cru rêver. Et pourtant, te voilà, en chair et en os… Comment va Arthur ?

–En pleines formes, lui aussi, le rassura-t-elle.

–S'il te plait, promets-moi que tu ne vas plus disparaitre…

–A dire vrai, je compte me réintégrer au monde réel d'ici peu de temps, lui révéla-t-elle en souriant. J'ai encore deux-trois affaires à mettre en ordre, mais je ferai bientôt mon grand retour et crois-moi, tu n'en pourras plus d'entendre parler de moi.

–On mentionne déjà ton nom dans quelques articles, l'avertit en se dirigeant vers son bureau et il attrapa le journal du jour posé dessus, qu'il tendit ensuite à la jeune femme. Hier soir, plusieurs témoins affirment avoir aperçu une armure signée Stark… Je suppose que c'était toi ?

–Possiblement. Ah, et aussi… Il se pourrait que l'attaque d'hier ait été orchestrée à cause de moi… lui dit-elle en baissant légèrement la tête un peu honteusement. Mais je te jure que je n'avais absolument pas prévu que cela se produise ! s'empressa-t-elle d'ajouter, et Jake s'appuya contre son bureau afin d'écouter ce qu'elle avait à lui dire. En gros, deux habitants de Vanaheim autrefois enfermés sur Niflheim sont à la recherche des pouvoirs que j'ai perdus en mourant l'an passé.

–Rien qui sorte de l'ordinaire.

–Et ce sont des dieux.

–… Ça, c'est problématique, marmonna l'homme dans sa barbe.

–Et encore une fois, je n'ai rien demandé ! s'exclama-t-elle en s'asseyant dans un fauteuil. Je suivais les déplacements de ma belle-sœur juste pour m'assurer qu'elle allait bien et qu'est-ce que je découvre ? Qu'un autre duo pseudo-maléfique veut s'en prendre à moi pour quelque chose que je n'ai pas. J'adore ma vie. Comment veux-tu que je gère un truc pareil alors que j'ai déjà du mal à me surveiller moi-même ?

–Tu t'es plutôt bien débrouillée, avec Arthur…

–Parce qu'il est adorable !

–Tout comme sa mère.

–Mais quel charmeur tu fais, Jake, plaisanta Madison, ce qui le fit sourire. Bon, plus sérieusement, j'espère que tu ne vas pas raconter à la presse que c'est de ma faute, tout ça… Si… ?

–Non, bien sûr. Je ne veux pas créer encore plus de problèmes. Mais il va falloir que tu me dises ce que tu comptes faire.

–Pour… ?

–Les intrus.

–AH ! Ça… C'est une excellente question.

Jake soupira et se pinça l'arête du nez avant de venir s'asseoir dans un fauteuil juste en face de la brune. Il passa sa main dans ses cheveux blond vénitien et ferma les yeux un instant. Être président n'était pas simple tous les jours. C'était d'ailleurs le contraire. Il avait encore plus de responsabilités depuis qu'il avait quitté son poste de Procureur pour passer à l'étape supérieure. Il avait quand même assez de chances car depuis que son mandat avait commencé, il n'y avait pas eu d'attaque « majeure ». Les événements de la veille étaient cependant plutôt inquiétants. Il reposa les yeux sur son amie et se mit à taper nerveusement du pied au sol.

–Et tes infos ? lui demanda-t-elle.

–Explique-moi d'abord qui sont ces personnes, histoire que je sois à jour.

–Ils font partie de la famille d'une amie sur Vanaheim. Freya. Elle est bloquée chez elle pour le moment, mais elle devrait être là d'ici quelques jours, normalement. Ce sont Hestia et Freyr, sa mère et son frère qui ont attaqué hier. Ils me cherchaient.

–Pour ?

–Mes pouvoirs.

–Que tu n'as plus, se souvint Jake. Pourquoi tout le monde cherche toujours à s'en prendre à toi, explique-moi ? s'exclama-t-il. Comment fais-tu pour avoir autant d'ennemis à travers la galaxie ?

–Mais je ne sais pas ! répondit-elle sur le même ton en tapant sa cuisse du plat de la main. Ça fait des mois que j'essaye de me faire oublier et pile au moment où je songe à enfin me remontrer, BAM ! lance-t-elle en claquant des mains. Des dieux ! Pourquoi c'est toujours des dieux, et pas le… Le… Le bouseux du coin ? râla-t-elle avant de croiser les bras d'un air ronchon. Je ne suis pas d'humeur à engager le moindre combat, je manque d'entrainement, en plus. Comment veux-tu que je gère un truc pareil, Jake ?

–Je ne sais pas. Honnêtement, je n'en sais rien du tout. Mais peut-être que ce que j'ai appris concernant ces intrus pourra t'aider.

–Je t'écoute, soupira-t-elle.

–Bon. Tu sais que j'ai accès à certains souvenirs des personnes que je vois et que je ressens les auras. Quelqu'un a filmé ce qu'il s'est passé au gala de charité et par chance, je suis tombé sur cette vidéo. J'ai donc aperçu les éléments perturbateurs.

–Et ?

–Leur énergie était très particulière. Un coup d'œil et j'ai senti leur potentiel. Il est immense, Madison, la mit-il en garde. Je ne sais pas quand ils vont revenir, mais tu ferais bien de faire très attention. Comme tu l'as précisé, ce sont des dieux, mais j'ai vu leurs auras. Ils avaient l'air… Brisés de l'intérieur, comme si on avait écorché leur âme à vif. J'ai perçu… Leur rancœur, leur douleur, leur colère. Tu ne les connais pas ? Tu es sûre ?

–Seulement de nom, Jake, je ne les ai jamais vus ! dit-elle, démunie, en passant sa main sur son visage. Tu te rends compte que la plupart de mes adversaires s'en sont pris à moi à cause de quelque chose dont je n'ai jamais voulu… ? Je suis née mutante, je le sais. Jamais je n'ai demandé à être télépathe, mais je l'ai quand même été. Je n'ai… Jamais compris pourquoi Eléa m'a choisie quand j'avais huit ans. Huit ans, insista-t-elle et son visage s'assombrit. Je crois qu'elle ne s'est pas rendue compte que ça allait me pourrir la vie. J'ai toujours fait ce que j'ai pu pour vivre avec, mais ces pouvoirs étaient destinés à quelqu'un d'autre ! Voilà pourquoi personne ne me laisse tranquille ! C'était la petite fille de Mériana, selon les écrits à ce sujet, qui devait en hériter. Donc, Freya, en toute logique. Pas MOI. Je veux juste… Avoir la paix, soupira-t-elle. Je ne veux plus prendre autant de risques qu'avant parce que j'ai Arthur. Je ne veux pas qu'il grandisse sans me connaitre.

–Ça n'arrivera pas. Tu es bien entourée, n'est-ce pas ?

–Loki et Thor sont revenus sur Terre, lui apprit-elle.

–Oh. Et… ? Comment ça se passe ?

–… Ça va. Loki a pris la peine de laisser son royaume derrière lui pendant quelques jours juste pour s'assurer que je ne faisais pas de bêtises, toute seule dans mon coin. Il y a Tasha, aussi, et puis Bucky. Je sais que mon fils est en sécurité avec eux, mais je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter.

–Ses pouvoirs se développent ?

–Pas pour le moment. Mais je veux être là lorsque ça arrivera.

–Tu seras là, ne t'inquiète pas. Mais pour ça, il va falloir que tu sois la plus prudente possible, prochainement, la pria-t-il, ce à quoi elle acquiesça. Ecoute, ces gens, qui te traquent… Leur énergie avait quelque chose de familier. Je ne saurais te dire de quoi il s'agissait, mais j'ai l'impression que c'est bien plus compliqué qu'on ne le croie. Même s'ils finissent par rebrousser chemin, je pense que nous n'avons pas fini d'en entendre parler. Ils sont… Plus que des dieux. Laur aura est particulière. J'espère que tu ne te retrouveras pas face à eux, aussi douée sois-tu pour les combats. Je déteste te le rappeler mais tu n'es…

–Plus aussi puissante qu'avant… Je sais. Je ne compte pas les chercher pour les provoquer. Ils finiront bien par me tomber dessus, à un moment ou à un autre. J'essayerai de leur expliquer que je n'ai pas ce qu'ils veulent et nous verrons ce qu'ils en disent.

–S'ils sont un minimum intelligent, ils te croiront et s'en iront.

–Peut-être… Et si ce n'est pas le cas ?

–Alors appelle de l'aide.

–Et si les renforts n'arrivent pas ?

–N'imagine pas de scénario pessimiste. Je te connais, je sais que quoi qu'il arrive, tu parviens toujours à t'en sortir. Tu as ça dans le sang, la rassura-t-il en se penchant en avant afin d'attraper délicatement sa main en souriant. Tu vas y arriver, affirma-t-il. J'ai confiance en toi.

Elle lui rendit son sourire, soulagée qu'il soit là pour le remonter le moral comme il le faisait. Elle était contente de s'être décidée à venir le voir en personne au lieu de s'être contentée de juste répondre à son message. Sortir de sa tanière avait été une bonne idée. Elle baissa la tête, songeant déjà à la montagne de travail qui l'attendrait une fois qu'elle serait de retour chez elle. Tout ce qu'elle devrait avouer aux autres. Tout ce qu'elle avait caché durant plus de huit mois pour ne pas paraitre folle à leurs yeux. C'allait être difficile, elle le savait, mais elle allait devoir obligatoirement passer par une série d'aveux.

–Tu as des projets, pour la journée ? lui demanda-t-il.

–Profiter de Washington et ne pas trop tarder. Tu veux m'accompagner ?

–J'aurais adoré, dit-il sincèrement, mais j'ai un tas de rendez-vous cet après-midi que je ne peux pas me permettre de manquer. Je te promets qu'on s'organisera bientôt une sortie, lui promit-il en se levant et elle l'imita. Je suis enchanté que tu sois venue, poursuivit-il et il l'observa marcher vers le bureau avec curiosité. Que fais-tu ?

–Je te laisse mes coordonnées. Viens nous rendre visite, à l'occasion… expliqua-t-elle en inscrivant une adresse ainsi qu'une série de chiffres sur le coin d'une feuille vierge.

–Je le ferai, confirma-t-il avec un sourire. Bon, rentre bien, et n'oublie pas que tu peux m'appeler s'il y a un souci. Je suis assez occupé mais je trouverai toujours du temps pour te répondre.

–Tu es génial, lui répondit-elle. Tu sais, je ne te l'avais jamais dit mais quand j'étais petite, je rêvais de devenir Présidente. Lorsque j'y repense, je me dis que j'aurais probablement causé pas mal de problèmes, si j'avais eu ce poste…

–Je pense au contraire que tu aurais été formidable, dit-il en la raccompagnant jusqu'à la porte. Tu passeras le bonjour à Arthur de ma part ?

–C'est promis, Jake. A un de ces jours, alors, conclut-elle en ouvrant la porte.

Il acquiesça et la regarda sortir sans rien ajouter. C'était typiquement le genre de journées qu'il adorait. Il aimait les surprises, en fait, et aujourd'hui, il en avait reçu une de taille. Une fois que la porte fut fermée, il traversa lentement la pièce et retourna s'asseoir dans son fauteuil. Il lui restait encore beaucoup de paperasse à remplir avant ses rendez-vous, il valait mieux qu'il s'y mette tout de suite s'il ne voulait pas se mettre en retard. Il attrapa un stylo, mais son esprit vagabondait ailleurs. Il jeta un coup d'œil par la fenêtre et sourit. Madison avait beau ne pas avoir eu le temps de répondre à ses questions mais au moins, il savait qu'elle allait bien et cela lui suffisait amplement.