Burn it to the ground-GMV
[T'es où ?]
[Métro. Un pb ?]
[Il semblerait que tes placards manquent de gaufres.]
[Qui en réclame ? Arthur ou Bucky ?]
[Les deux.]
[Je ramène ça 😊]
Madison rangea son téléphone en souriant. Elle ne regrettait absolument pas ce retour à la réalité. Au contraire. Elle se rendait compte que la vraie vie lui avait énormément manqué. Elle était passée à côté de beaucoup de choses durant ces derniers mois et à présent, elle avait vraiment hâte de retrouver ses repères. Elle s'était habituée à sa résidence secondaire, mais elle avait toujours su qu'elle ne pourrait pas y rester pour toujours. Elle se doutait que les journalistes risqueraient de ne pas la lâcher avant qu'elle ait expliqué pourquoi elle avait subitement disparu sans dire un mot. Seulement, elle sentait que certaines choses étaient sur le point de changer. Elle ignorait encore quoi et comment, mais elle savait que cela allait arriver.
Elle resterait sur ses gardes, comme elle l'avait promis à Jake, elle n'était en revanche pas sûre qu'elle ne prendrait pas part à un quelconque affront prochainement. Elle avait rangé son costume au placard après le décès de Tony et ne l'avait pas ressorti depuis. Pendant les premières semaines, elle avait pensé que plus jamais elle ne pourrait le porter, à cause de tout ce que cela lui rappelait. Elle n'avait par ailleurs jamais revêtu la tenue de combat hivernale d'Eléa depuis plus de sept ans.
Elle sortit de ses songes au moment où elle entendit un déclic sur sa gauche. Elle tourna la tête et vit, assis en face d'elle, deux adolescents abaissant lentement leur portable, un peu honteux de s'être faits prendre. Elle se doutait qu'ils venaient probablement de la prendre en photo, étant certainement surpris de la voir en personne. Elle se contenta de leur sourire gentiment afin de les rassurer. Ça ne la dérangeait pas qu'on la reconnaisse. Elle avait su, le jour où elle avait publiquement révélé son identité, que ce genre de choses se produirait. Elle leur fit un clin d'œil complice, ce qui les rassura davantage et il se mirent à discuter calmement. Madison laissa son regard se promener à gauche et à droite. Elle aimait bien essayer de deviner ce à quoi pensaient les gens se trouvant autour d'elle.
Autrefois, elle était capable de lire dans l'esprit des autres en une seconde à peine. Elle ne servait qu'en cas de nécessité, non pas par plaisir. Tout le monde avait le droit d'avoir des secrets, selon elle. Aujourd'hui, certaines choses avaient quelque peu changé pour elle. Elle n'avait plus de pouvoirs et depuis, sa vie n'était absolument plus la même. Lorsqu'elle était une mutante, elle pouvait faire presque tout ce qu'elle voulait, elle n'avait aucune limite. Elle était connue dans le monde entier, l'Yggdrasil même, pour ses exploits et son caractère. Avec le temps et l'expérience, elle s'était un peu adoucie. Intérieurement, elle était la même mais jour après jour, elle affichait un visage joyeux qui n'était pas le sien. Elle ne pouvait pas tromper tout le monde, évidemment.
Natasha, entre autres, sentait que quelque chose n'allait pas. Elle n'était pas encore certaine de savoir ce qui la dérangeait dans l'attitude de sa meilleure amie, ce qui l'inquiétait. Elle non plus ne montrait rien mais elle se faisait beaucoup de souci.
Le métro se remit en route après s'être arrêté pendant quelques secondes à Addison Road. Madison soupira et appuya sa tête contre la vitre, observant distraitement les lumières du tunnel dans lequel le métro progressait rapidement. Elle songeait déjà à son départ pour reprendre un courant de vie plus « normal ». Ce qui la tracassait le plus était de ne pas savoir comment le vivrait Arthur. Lui aussi aimait bien cet endroit de rêve, elle ne voulait pas qu'un retour aux normes soit trop brusque pour lui. Ce n'était qu'un enfant et pourtant, il avait très bien compris combien sa mère avait souffert de la perte de son grand frère. Arthur se souvenait parfaitement de son oncle, des moments qu'ils avaient partagés ensemble. Il lui manquait, à lui aussi, mais contrairement à sa mère, il n'hésitait pas à le dire. Il avait appris, en regardant les adultes autour de lui, que se renfermer sur soi-même n'était pas la solution.
Quelque chose intrigua Madison. Elle crut voir des étincelles sur l'une des parois mais comme elle allait vite, elle n'en était pas sûre. Elle se contenta donc de garder les yeux rivés sur l'extérieur afin de vérifier que ce phénomène ne se reproduisait pas. Elle fronça les sourcils lorsque cela arriva de nouveau. Peut-être était-ce dû à une sorte de court-circuit. Le problème était que la brune était une professionnelle lorsqu'il s'agissait d'envisager tous les types de scénarios possibles. C'est alors qu'elle aperçut comme des fissures dans le béton, fissures qui progressaient au même rythme que le métro. Elle tourna la tête pour regarder de l'autre côté et constata qu'il s'y passait la même chose. Elle semblait, pour le moment, être la seule personne de la rame à s'en être rendue compte et elle n'avait pas l'intention d'alarmer tout le monde alors que ses doutes n'étaient pas fondés.
Comme elle se trouvait à l'extrémité du métro, elle se leva et s'excusa auprès des passagers qu'elle bouscula malencontreusement jusqu'à atteindre la vitre arrière, qui lui offrait une vue plus large sur le tunnel. Elle plaqua sa main contre le verre, intriguée, lorsque soudain, elle eut l'impression que le tube de fer tout entier tremblait légèrement de façon anormale. Elle sentait que cela n'avait rien à voir avec son déplacement à grande vitesse. Cette fois-ci, d'autres passagers levèrent la tête de leur livre ou leur téléphone, ayant ressenti la même chose qu'elle et ils échangèrent des coups d'œil interloqués. Les fissures sur les murs s'agrandirent et de l'intérieur des murs émanait un peu de lumière, comme si quelque chose cherchait à s'en extirper. Cette fois-ci, elle était certaine que quelque chose allait arriver.
La rame toute entière fut alors violemment secouée et les lumières s'éteignirent. Madison s'accrocha de justesse à une barre pour ne pas tomber. D'autres n'eurent pas le même réflex et se retrouvèrent à terre. Les tremblements durèrent une bonne quinzaine de secondes jusqu'à ce que le métro se stabilise complètement. La brune, un peu déboussolée, secoua la tête avant de regarder les autres personnes présentes dans le wagon, alarmée. Elle espérait qu'il n'y avait aucun blessé grave. Elle se redressa totalement et mit sa main devant sa bouche pour tousser à cause de toute la poussière remuée. Plusieurs passagers se plaignaient de douleurs minimes, les enfants pleuraient de peur. S'il y avait bien quelque chose qu'elle détestait plus que tout, c'était de voir des gens souffrir et de ne pas être capable de les aider.
Elle se précipita vers un homme qui était blessé à la jambe gauche à cause d'un débris de verre qui s'était logé dans sa cuisse au moment de la violente secousse. Elle avait beau ne pas être le type de docteur dont l'individu aurait eu besoin sur le moment, mais elle savait néanmoins quoi faire. Elle se débarrassa de sa veste et noua les manches quelques centimètres au-dessus de la blessure afin de stopper l'hémorragie. Elle avait déjà eu affaire à des cas similaire lors de certaines de ses missions et comme ses pouvoirs de guérison s'étaient volatilisés, elle devait se contenter d'utiliser les moyens du bord. Celle qui semblait être l'épouse du blessé remercia Madison, tout en serrant fermement la main de son mari dans la sienne en tremblant.
–Ne le retirez pas, leur indiqua-t-elle en parlant du morceau de verre. Appelez les secours, leur signifia-t-elle ensuite, tandis que l'autre femme acquiesça en sortant son téléphone de sa poche.
Elle regarda à nouveau en direction de la vitre arrière lorsqu'elle entendit un étrange grondement qui avait l'air de sortir du fin fond des entrailles de la terre, ce qui attisa sa curiosité au-delà d'accentuer cette crainte qui grandissait en elle. Elle se remit debout très lentement sans lâcher l'arrière de la trame des yeux. Elle se fraya un chemin jusqu'à celle-ci et, la porte ayant été endommagée, elle n'eut aucun mal à l'ouvrir. Le bruit attira les regards de quelques curieux, qui se demandaient ce qu'elle comptait faire. Une énorme bêtise, lui aurait dit Bucky, s'il avait été là avec elle. Quelque chose de stupide, aurait rétorqua Natasha. Et ils avaient tous les deux raisons. Elle songea à cette promesse qu'elle venait tout juste de faire à Jake, mais c'était dans sa nature de toujours chercher les ennuis…
–Ne quittez pas le métro, lança-t-elle aux autres passagers, se doutant qu'aucun d'eux n'oserait de toutes façons bouger avant l'arrivée des secours.
Il fallait qu'elle sache ce qui avait provoqué cet accident, alors elle sortit et se retrouva dans le tunnel à peine éclairé. Techniquement, elle avait demandé qu'on contacte de l'aide, même si elle savait que ce n'était pas tout à fait ce qu'aurait imaginé Jake. Son chemisier blanc était froissé et le bas de son pantalon noir était couvert de poussière. Sa coiffure s'était défaite et elle avait désormais les cheveux lâchés. Elle souffla sur une mèche qui tombait devant ses yeux et elle commença à prudemment avancer dans ce couloir sombre. Seulement, il n'y avait vraiment pas assez de lumière pour qu'elle évite de trébucher tous les deux mètres. Elle posa les yeux sur le bracelet métallique accroché à son poignet droit, en activa un mécanisme et tout un gant ferreux se déploya autour de sa main, qu'elle tendit devant elle. Dans sa paume s'activa un réacteur qui lui permit d'y voir plus clair. Elle détacha un petit dispositif attaché au gant, qui se révélait être une oreillette.
–Salut Friday, déclara-t-elle après avoir mis l'objet sur son oreille. Je t'ai manqué ?
–Mademoiselle Stark, je suis ravie de vous entendre, répondit l'Intelligence Artificielle. Comment puis-je vous être utile ?
–Je viens d'avoir un accident, tu saurais me dire ce qui a pu provoquer ça ? demanda-t-elle en scannant brièvement les lieux à l'aide d'un laser intégré au gant.
–D'après mes analyses, le métro a subi d'importants dommages à cause d'un séisme d'origine inconnue. Je détecte une importante énergie dans les environs. Magie utilisée : Verte.
–Evidemment, soupira Madison en levant les yeux au ciel. Est-ce que le fautif est toujours dans les parages ? questionna-t-elle au moment-même où une faille s'ouvrit devant elle et de cette fissure jaillit un flot impressionnant de lave, que la brune stoppa grâce aux circuits de refroidissements dont était pourvue cette partie de l'armure qu'elle portait. Laisse-tomber, je crois avoir ma réponse… souffla-t-elle en activant d'autres rouages sur le gant et l'intégralité de l'armure, à l'exception du casque, se déploya autour d'elle pour la protéger.
C'était celle qu'elle avait portée en Allemagne en deux-mille seize et conçue par Tony au cas où, justement, elle ne pourrait plus utiliser la magie pour se défendre. L'« Iron Grace », comme l'avait surnommée son frère. Au moins, ainsi, elle était moins exposée qu'habillée en civil. Sur ses gardes, elle continue de progresser dans le tunnel, marchant sur le magma qu'elle avait instantanément refroidit. Tony avait mis ce système au point après leur combat acharné en Islande, autrement dit après que Lydra ait déchaîné les éléments sur eux. L'ingénieur avait appris de ses erreurs et se préparait toujours à tout. Madison avait repris ce concept, qui lui était plus qu'utile en une telle situation.
Elle n'était pas seule, elle pouvait le sentir. Elle ignorait d'où son ou ses adversaires surgiraient mais cela ne saurait tarder. Elle n'était pas particulièrement sereine, mais l'appel du combat était grand. Il y avait trop longtemps qu'elle ne s'était pas battue et, quelque part, ça la démangeait de mettre une bonne raclée à quelqu'un qui le méritait. Elle ne supportait qu'on s'en prenne aux siens et maintenant qu'elle savait qu'on la traquait, elle n'en était que plus déterminée à leur faire mordre la poussière.
–Dois-je appeler quelqu'un ? l'interrogea alors Friday.
–… Non.
C'était une erreur, bien sûr, mais elle refusait de mettre en danger qui que ce soit d'autre qu'elle. Natasha essayerait probablement de la tuer de ses propres mains lorsqu'elle rentrerait mais pour le moment, c'était bien le cadet de ses soucis. Elle voulait avant tout rencontrer en personne ceux qui la cherchaient. Comme si l'Univers avait entendu ses pensées, le mur sur sa gauche vola subitement en éclat et elle se protégea le visage du revers de la main. Elle attendit quelques secondes avant d'oser regarder qui sortait des débris et, à travers la fumée, elle distingua une silhouette féminine qu'elle n'avait vue qu'en vidéo. La femme s'approcha et Madison put la voir plus distinctement. Une chevelure longue, châtain, un ensemble de combat qui ressemblait de loin à ceux de ses amis de Vanaheim. Contrairement à Lydra, cette femme-là ne semblait pas se réjouir de la situation.
–Salut, lança Madison comme si de rien n'était, et son ton familier parut surprendre son interlocutrice, qui fronça les sourcils. Hestia, je parie.
–Madison, répondit cette dernière en acquiesça presque solennellement. Il y a bien longtemps que j'attendais ce jour.
–… Ok ? dit la terrienne, toujours d'un ton désinvolte. Hum… Bienvenue sur Terre, déclara-t-elle ironiquement. Je peux vous aider ?
–Certainement. Je suis à la recherche des terres sur lesquelles vous vous réfugiez, lui apprit-elle.
–Vous avez essayé Google Maps ? demanda Madison en inclinant la tête sur le côté en plissant les yeux et cette remarque ne parut pas particulièrement ravir Hestia, qui serra les poings. Bon, voici le topo. Vous êtes ici chez moi. Je sais que vous n'êtes pas là pour une visite guidée, mais j'ai le regret de vous apprendre que je n'ai pas ce que vous voulez… Désolée que vous vous soyez déplacée pour rien, reprit la terrienne en haussant les épaules, avant de souffler un bon coup. Je n'ai pas envie de me battre contre vous, finit-elle par dire en ramenant son bras vers elle, cessant ainsi de menacer la déesse.
–Moi non plus, affirma Hestia d'un air grave. Seulement, je n'ai pas d'autre choix que de vous demander de me remettre ce que je cherche. Je sais que la source se trouve sur Midgard et il est hors de question qu'elle reste entre des mains non expertes, poursuivit-elle. Je ne le permettrais pas, précisa-t-elle. Vous n'avez pas su choisir votre camp et c'est dommage.
–Mon camp, je le connais, rétorqua Madison. Mais quelque chose me dit que nous ne sommes pas dans le même. Vous avez raison, c'est dommage, soupira-t-elle en tendant à nouveau le bras, prête à l'attaquer si celle-ci engageait le combat. Au fait, ça serait sympa qu'on arrête de me sous-estimer, parce que je commence à en avoir vraiment marre. Ok, je suis une terrienne, mais ça ne veut pas dire qu'on peut me marcher dessus à tout bout de champ. Maintenant, dernière chance : allez-vous en avant que je fasse tout exploser.
–Vous n'oseriez pas.
–Vous, vous m'énervez. Même chose pour votre fils qui se croit si discret mais qui est planté juste derrière moi, lança-t-elle sans prendre la peine de se retourner. Alors quoi, c'est ça, votre plan ? Un deux contre un ? Quel courage…
–Abandonnez, retentit une voix masculine dans son dos. Vous en avez encore l'opportunité, ne la laissez pas passer, ajouta-t-il et cette fois-ci, Madison se tourna à quatre-vingt-dix degrés afin d'avoir les deux individus dans son champ de vision. Nous savons que vous êtes loin d'être stupide. Ne laissez pas passer la chance de vous en sortir sans être bl…
Il s'abaissa pour éviter le tir lancé dans sa direction par Madison et se redressa aussitôt.
–Trop de blablas, lui indiqua-t-elle en souriant. Vous avez décidé de vous en prendre à la mauvaise planète, enchaina-t-elle au moment où son casque se rabattit sur sa tête.
Freyr concentra son énergie en une sphère incandescente qu'il jeta dans sa direction. Elle se décala rapidement sur la droite afin que le projectile passe à côté et fit volte-face au bon moment pour contrer une attaque venant tout droit d'Hestia à quelques secondes d'intervalle seulement. Au moins, elle n'était pas dans une maison, elle ne risquait donc pas que les murs, charpentes ou éventuelles poutres s'effondrent sur elle. Tout ce qu'il y avait de dangereux, c'étaient les milliers de kilos de roche qui pouvaient se fissurer, tomber et la tuer sur le coup. Et évidemment, il avait fallu que, sur tous les ennemis possibles et imaginables peuplant l'univers, elle tombe sur ces deux-là. Heureusement pour la terrienne, ils ne faisaient pas particulièrement preuve de sadisme envers elle, ils cherchaient surtout à l'empêcher de continuer à utiliser ses blasters puissants. C'était dans des moment comme celui-ci qu'elle bénissait la technologie et l'informatique, donc l'existence de Friday qui lui était d'un grand soutien, l'avertissant de ce qu'il se passait dans son dos et lui évitait ainsi de se faire battre à plate couture.
Les propulseurs de l'armure la firent décoller, ainsi elle ne chuta pas dans la faille fraichement créée par Hestia. Seulement, les tremblements provoqués fragilisèrent dangereusement les murs du tunnel, dont le plafond commença à s'effriter, partir en miettes. Il ne fallait surtout pas qu'elle reste là, encore moins en compagnie des deux divinités. Elle demanda donc à l'Intelligence Artificielle de détecter une éventuelle brèche au-dessus d'elle, par laquelle elle pourrait s'engouffrer en regagner au plus vite la surface. Elle matérialisa un bouclier de protons qui la protégea d'un autre sort de Freyr, après quoi elle fit basculer toute la puissance dans les réacteurs et elle fonça sans trop d'hésitation vers le plafond, qu'elle traversa en quelques secondes avant de déboucher sur une avenue dans laquelle circulaient peu de voitures. Le sol acheva alors de s'effondrer et du gouffre surgirent Hestia et son fils.
–Non mais, vous vous rendez compte du bordel que vous mettez ? s'énerva Madison, n'y tenant plus. Je n'arrête pas de vous répéter que je n'ai pas ce que vous voulez !
Une voiture vola dans sa direction et elle la fit exploser en plein vol. Un point qui rassurait Madison la plupart des civils avaient fui afin de se mettre en lieu sûr. Il n'y aurait pas de victimes à déplorer. En revanche, elle n'aimait pas du tout la tournure que prenaient les événements. Elle avait déjà eu affaire à des dieux, ça n'était pas rien. Elle en avait déjà combattu par le passé mais aujourd'hui, c'était différent. Elle était différente. A force de trop y réfléchir, elle ne fit pas attention à un second véhicule qui fonça sur elle. Le choc fut si violent qu'elle en perdit son casque et tomba à terre. Le temps qu'elle redresse la tête, Hestia envoya une salve d'énergie qui propulsa la terrienne quelques mètres en arrière.
Puis il y eut l'impact. L'instant où elle entra en collision avec un énorme bloc de béton et qu'elle eut l'impression que toute sa colonne vertébrale volait en éclats. Elle en eut le souffle coupé et quelques images qui la terrorisaient revinrent la hanter subitement. Le QG des Avengers. L'explosion. Thanos. Le pouvoir si immense des pierres d'Infinité la brûlant de l'intérieur. La peur de perdre ses amis. L'épée traversant son dos, sectionnant sa colonne, déchirant ses organes. Ce fut cette image en particulier qui resta dans son esprit. Elle se revit mourir et ressentit la même chose la parcourir. La même douleur insupportable à laquelle personne ne devrait être un jour soumis. Elle n'aurait pas souhaité cela à ses pires ennemis, sincèrement. Elle avait mal, elle voulut hurler mais sa gorge était nouée. Elle resta donc face contre terre durant de longues secondes, cherchant à retrouver une respiration plus régulière, ce qui lui demandait de fournir un effort considérable. Elle se mordit l'intérieur de la joue afin de focaliser la douleur autre part et ses poings se crispèrent nerveusement. Elle se hissa difficilement sur ses bras et regarda à nouveau ses adversaires redoutables.
Elle remarqua que tous les deux la fixaient autrement que ses anciens rivaux. Il n'y avait pas de haine, pas de colère. Le temps semblait s'être suspendu. Ils l'examinaient presque avec peine, comme s'ils étaient en mesure de comprendre la souffrance qu'elle éprouvait. Flottant au-dessus du sol, ils se contentèrent d'attendre que la jeune femme fasse quelque chose. Quoi que ce soit. Ils détaillèrent avec beaucoup d'attention chacun de ses mouvements, de ses petits tressaillements, de la force d'esprit dont elle faisait preuve pour tenir bon aussi longtemps que possible. Ils la virent donc parvenir à rassembler tout son courage afin d'au moins se mettre à genoux pour faire face à Hestia et Freyr, qui échangèrent un coup d'œil curieux avant de se reconcentrer sur Madison. Celle-ci leur jeta un regard assassin pour leur signifier qu'elle n'en avait pas terminé, qu'elle se battrait jusqu'au bout. Elle fut certaine qu'ils comprirent à présent qu'elle ne plaisantait pas.
–Dégagez… De ma planète… souffla-t-elle.
Avec ses hématomes naissants, ses cheveux en bataille et ses yeux noircis par la rage, elle avait l'air d'un vrai fauve. Voyant que l'effusion s'était adoucie, les civils se mirent à sortir des bâtiments alentours, ne mesurant pas la gravité de la situation une Stark en péril menaçant ouvertement des créatures divines au comportement relativement étrange. La terrienne ne voulait plus que l'on s'en prenne à un peuple qui avait déjà bien trop souffert des diverses menaces extraterrestres.
–Madison, reprit la déesse, vous ne comprenez pas.
–Pourquoi vous avez trahi votre royaume, ou pourquoi vous avez infligé ça à Freya ? cracha-t-elle férocement. Vous avez raison, je ne comprends pas… ! Comment avez-vous pu faire une chose pareille à votre propre famille… ? poursuivit-elle en sentant alors sa voix se briser au fur et à mesure que les mots jaillissaient de ses lèvres.
–Je prendrais bien le temps de vous expliquer, mais cela serait trop long…
–Je me contenterai de la version abrégée, lança-t-elle avec un air de défi en se redressant non sans difficultés et elle sentit un début de mal de crâne arriver. Vous avez intérêt à vous dépêcher, parce que je vous laisse très exactement cinq secondes avant de vous désintégrer.
–Katerina Jackson, se contenta de dire Hestia très calmement.
Madison se figea. Sa respiration se bloqua et son cœur manqua plusieurs battements. Son expression faciale se métamorphosa radicalement, passant de la hargne à la surprise la plus grande qui soit, mêlée à une certaine inquiétude qui ne fit que croitre avec les secondes qui passaient. Elle recula d'un pas, désormais à la limite de l'horreur et plus déstabilisée que jamais. Lorsqu'elle put à nouveau respirer, ses inspirations se firent très rapides et elle dût canaliser beaucoup d'énergie pour rester calme -en apparence-. Ses yeux picotaient malgré elle. Si elle craquait maintenant, elle n'était pas certaine qu'elle parviendrait ensuite à se relever toute seule. Elle refit un autre pas en arrière et s'arrêta, fixant Hestia sans ciller.
–Mais… Vous êtes qui, vous… ?
–Quelqu'un qui est à la recherche de réponses. Tout comme vous. Je vais vous laisser le temps de réfléchir plus posément à notre échange, mais je vous fais la promesse que nous reviendrons très bientôt.
Et sur ce, elle et son fils disparurent brusquement dans un tourbillon de fumée et Madison se retrouva seule au beau milieu de l'avenue délabrée, à bout de souffle et toujours sonnée. Il y avait bien longtemps qu'elle ne s'était plus sentie ainsi. C'est malheureusement à cet instant précis qu'elle se rendit compte du monde qui l'observait. Maintenant que la menace s'était évaporée, les civils ne risquaient plus rien et en profitaient pour tenter de découvrir ce qu'il s'était produit au cours des dernières minutes. Madison était terrorisée, figée sur place, seuls ses yeux parvenaient à bouger de gauche à droite, examinant brièvement cette foule de curieux, qui dégainait déjà leur téléphone afin d'immortaliser cet instant. L'héroïne était terrifiée et tout ce qu'elle trouva de mieux à faire fut de fuir en décollant dans les airs, n'ayant qu'une seule envie : s'éloigner le plus possible de toute autre forme de vie et retourner chez elle.
