DayDream-Wallace Collection


Thor était parvenu à faire la grasse matinée et s'était levé aux alentours de onze heures. Il avait préféré laisser Madison continuer à dormir, estimant qu'elle en avait bien besoin et, après s'être habillé, était descendu pour se mettre derrière les fourneaux. Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus pris le temps de cuisiner. Arthur était installé sur un haut tabouret au comptoir et dessinait, comme toujours. Ce que l'asgardien avait remarqué, c'est que l'enfant ne cessait de sourire. Il semblait vraiment apprécier le fait que ses parents se soient réconciliés après tout ce temps. Thor en était tout aussi ravi.

Lorsqu'il déposa une assiette remplie de gaufres devant le jeune, Pepper, Bucky et Loki entrèrent par la véranda. Natasha passa la porte quelques secondes plus tard en portant Morgan dans ses bras. Le guerrier aux cheveux blond constata que le trio semblait être en plein débat assez animé à l'issue duquel la rouquine déclara que les deux hommes commençaient à la fatiguer avec leurs idées. Quand Thor les interrogea à ce sujet, elle lui répondit quelque chose qui le surprit :

–Ces messieurs sont en train de comparer les armes avec lesquelles ils dorment pour, je cite, « plus de sûreté, parce que qu'on n'est jamais trop prudent », déclara-t-elle avec tout le sérieux du monde avant de lever les yeux au ciel.

–Je suis désolé, mais c'est vrai, se défendit Bucky, tandis que Natasha s'installa au salon avec Morgan. Je n'ai pas raison ? lança-t-il à cette dernière, qui répondit qu'elle préférait ne pas prendre part à leur démêlé car elle tenait à préserver sa santé mentale. Lui, au moins, il est d'accord avec moi, reprit-il en désignant le dieu de la malice.

–Tout à fait, confirma le jotün. Nous ne sommes jamais totalement à l'abris d'une quelconque forme d'attaque, il vaut mieux être préparé en toutes circonstances, poursuivit-il.

–Vous êtes pires que des enfants, soupira Pepper en s'asseyant aux côtés de son neveu avant d'attraper une gaufre pour en prendre une grosse bouchée.

–Et toi, rétorqua le soldat en s'adressant à l'asgardien, t'en penses quoi ?

–Du fait de dormir avec des armes ? dit-il tout en se concentrant sur ce qu'il cuisinait. Je n'en sais trop rien, je suppose que cela dépend de l'endroit où je me trouve, s'il s'agit d'un lieu dangereux où me reposer sans protection signerait mon arrêt de mort ou non, répondit-il vaguement.

Bucky haussa les épaules et alla se servir un café, ne pouvant s'empêcher, au passage, d'humer le parfum délicieux qui se dégageait de ce que Thor préparait. Il but quelques gorgées du breuvage encore fumant avant de poursuivre :

–Moi par exemple, j'ai toujours un quarante-cinq à portée de main.

–J'ai une préférence pour les armes blanches, affirma Loki sans une once de plaisanterie. Je ne m'endors jamais sans être certain d'avoir une, voire deux dagues à proximité.

–Ça se comprend, concéda Bucky. Et toi ? lança-t-il à l'adresse de l'asgardien. Avec quel genre d'arme dors-tu ? voulut-il savoir.

Le soldat continua à siroter sa boisson chaude sans lâcher Thor des yeux. Au même moment, Madison apparut dans leur champ de vision, descendant tranquillement les marches en se frottant les yeux. C'est donc tout naturellement que le dieu nordique la désigna en affirmant :

–Ce genre-là.

Bucky s'étouffa et manqua de recracher son café, s'étant attendu à, à peu près, tout sauf à cela. Il toussa plusieurs fois afin de s'éclaircir la gorge et sa réaction attira l'attention d'Arthur qui, après avoir salué sa maman, lui demanda ce qu'avait « Tonton Bucky ».

–Il a dû avaler de travers, se contenta-t-elle de répondre innocemment, puis elle s'approcha de l'asgardien et se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue. J'adore quand tu cuisines, poursuivit-elle et, appuyé contre le comptoir, le soldat essayait toujours de récupérer un rythme de respiration régulier, alors Madison le rejoignit et le tapa gentiment dans le dos. Ça va aller ?

–… Je survivrai, parvint-il à enfin articuler en secouant la tête, toujours surpris. Ça va mieux, vous deux ? comprit-il en les regardant attentivement, ce à quoi son amie acquiesça sans honte. Qui s'est jeté à l'eau ? demanda-t-il brusquement, ce qui étonna d'abord les concernés, donc il jugea nécessaire de se justifier vis-à-vis de sa question. Lequel a délibérément mis sa fierté de côté en premier ? les interrogea-t-il de but en blanc.

–Pourquoi ? lança la brune en riant. Vous avez parié ? se moqua-t-elle en ignorant au début que c'était le cas.

–Donc, c'est toi ? devina-t-il.

–Donc, tu as parié ? rétorqua-t-elle, faussement offusquée. Oui, c'est moi. Alors ? Combien ?

–… Combien quoi ? la questionna-t-il, encore trop perturbé de découvrir que son amie de longue date et l'asgardien avaient finalement remis le couvert, alors Natasha bondit du fauteuil dans lequel elle était jusqu'à présent confortablement installée pour gagner la cuisine, et elle se plaça dans le dos de Bucky avant de l'entourer de ses bras, mais cela fut uniquement dans le but de mieux accéder aux poches intérieures de sa veste, d'où elle extirpa un billet froissé.

–Dix dollars, claironna-t-elle et discrètement, elle offrit ses gains à Arthur, qui la gratifia d'un « merci, Tata Nat » chuchoté.

–Je suis outrée, s'exclama la maitresse de maison, poings sur les hanches, néanmoins amusée. Je ne sais pas ce qui me choque le plus que ma meilleure amie essaye d'acheter mon fils ou que vous n'ayez misé QUE dix dollars sur nous…

–Oh, tu les connais, la rassura Pepper en mangeant sa gaufre avec appétit. Ce sont des enfants qui n'ont jamais grandi, expliqua-t-elle au moment où sa fille quittait le salon pour les rejoindre, alors elle la prit sur ses genoux et lui donna un morceau généreux de sa gaufre. Bon, j'ai moi aussi joué le jeu, avoua-t-elle, un sourire au coin des lèvres.

–Si je comprends bien, résuma Madison, les êtres les plus matures dans cette pièce sont les VRAIS enfants… Oui, je comprends mieux pourquoi l'avenir de l'humanité est menacé à ce point…

Ils rirent tous ensemble. Ils se sentaient soudés, plus unis que jamais. Ils étaient faits pour s'entendre, il leur avait seulement fallu un peu de temps pour mettre les choses au clair, à plat. Bien sûr, Bucky et Loki ignoraient encore quelque chose de très important à propos de la famille Stark, mais heureusement pour eux, ils n'auraient plus à attendre bien longtemps. Arthur déposa soudainement ses crayons et exhiba fièrement sa nouvelle œuvre d'art aux yeux de tous, qui ressemblait à un portrait de famille.

–Mais dis-moi, lui demanda gentiment sa mère, qui sont tous ces gens ?

Bucky trouvait le jeune fascinant et très avancé pour son âge. Il se pencha un peu en avant afin de mieux voir le dessin que venait de terminer l'enfant.

–C'est tout le monde ! Là, c'est Morgan, et là, c'est moi, commença-t-il à expliquer en montrant un à un les bonshommes, qui étaient facilement reconnaissables. Toi, tu es là, avec Tata Pepper et Tata Natasha, poursuivit-il en désignant un trio sur la partie gauche du dessin. Y'a Tonton Bucky qui construit une cabane ! s'exclama-t-il en souriant au soldat, qui se reconnut effectivement sur la feuille, où il avait l'air d'avoir été représenté en train de porter des planches. Ça, c'est Loki ! affirma-t-il joyeusement en faisant allusion à un personnage tout vêtu de vert et de noir, ainsi que d'un peu de jaune, et cela fit plaisir à Loki qu'Arthur ait choisi de le dessiner avec aussi fière allure. Et puis là, termina-t-il un peu plus calmement, c'est papa.

Bucky eut un peu de mal à interpréter ce bonhomme-ci. Il était un peu plus grand que les autres et des traits bleus sortaient de ses mains. Madison, toujours souriante et admirative, se tourna vers l'asgardien avant de lui dire :

–Je trouve que c'est ton portrait craché.

Arthur n'en fut que plus honoré et entraina sa cousine dans la salle de séjour pour jouer. Et dans la seconde qui suivit, Bucky percuta. Les traits bleus. Des éclairs. Et si l'enfant disait les avoir tous dessinés, eux, cela ne voulait dire qu'une seule chose. Il fronça les sourcils avant d'écarquiller les yeux. Ses globes oculaires auraient presque pu sortir de leurs orbites et visiblement, Loki comprit au même moment qui lui, d'après la façon dont son visage se métamorphosa radicalement. Son regard alterna rapidement entre le dessin et son frère, sa mâchoire semblait sur le point de se décrocher et se fracasser sur le comptoir.

Natasha et Pepper, elles, réagirent surtout en voyant les airs ahuris des deux hommes et profitèrent du spectacle. Cela les amusait, mais elles décidèrent d'abord de faire comme si de rien n'était. Elles savaient depuis longtemps, et elles étaient ravies que Madison puisse enfin affirmer librement que Thor était le père d'Arthur. Cependant, le silence devenait tellement pesant que l'espionne russe commença à regarder avec insistance l'autre ex-agent du SHIELD pour que celle-ci intervienne. Celle-ci comprit tout de suite, mais ne sut pas exactement comment aborder le sujet.

–Alors, hum… Loki, déclara-t-elle en regardant le dieu de la malice dans les yeux, Arthur est ton neveu.

–Une gaufre ? lui proposa ensuite Thor.

–C'est assez long à expliquer, reprit rapidement Madison.

–… Et tu as d'autres surprises comme celle-ci, ou a-t-on eu notre dose pour la journée ? lui demanda le soldat, ce qui l'amusa. Je suis content pour vous, dit-il en suite sincèrement, mais au moindre faux pas, poursuivit-il en fixant l'asgardien, je…

–Je sais, le coupa Thor dans son élan, tu n'hésiteras pas à me tuer, récita-t-il comme si c'était parfaitement normal et il se sentit obligé d'ajouter : ce n'est pas la première fois qu'on me met en garde. J'ai eu droit à un sermon de mon frère, du sien, enchaina-t-il en faisant allusion à Madison, de Natasha, de Pepper, continua-t-il en désignant les deux autres femmes, une fois de Clint et aussi de Maximoff.

–Lequel ? voulut savoir Pepper.

–Les deux.

Bucky sourit en entendant cela. D'aussi loin qu'il se souvienne, les jumeaux mutants avaient toujours beaucoup tenu à Madison, ils la considéraient presque comme une grande sœur, tant elle avait veillé sur eux. Elle n'avait jamais hésité à leur venir en aide lorsqu'ils en avaient eu besoin. Il posa alors les yeux sur Loki, qui était toujours sous le choc de l'apprentissage d'une telle nouvelle et qui dévisageait son frère et sa compagne, ne sachant trop quoi leur dire.

–… Tu as une descendance, souffla-t-il enfin. Tu as un fils, dit-il avec un sourire.

–Et toi, tu as des cernes, répondit l'asgardien en coupant le feu sous la poêle. T'arrive-t-il de dormir ?

–Je croyais que les dieux n'avaient pas besoin de dormir, lança Bucky en terminant son café.

–Mais il a raison, rétorqua Natasha. Tu as l'air exténué, dit-elle en se tournant vers le géant des glaces.

Loki se frotta les yeux. Ils disaient vrai, il était très fatigué et n'aurait pas dit non à quelques heures de sommeil supplémentaires. Il se servit donc un café et en but quelques gorgées avant d'expirer longuement pour ensuite s'exprimer.

–Disons que mon sommeil est quelque peu… « Dérangé », ces derniers temps, expliqua-t-il en se frottant à nouveau les yeux. Je ne vais pas me plaindre, cela pourrait être nettement pire. Mon esprit n'est jamais au repos, il est constamment envahi d'étranges images. Il se trouve que tu es dans mes rêves, dit-il en regardant Madison.

–… Ai-je des raisons de m'inquiéter ? l'interrogea Thor en fronçant les sourcils, tandis que la terrienne, un sourire aux lèvres, ouvrit le frigo pour en sortir une brique de jus d'orange et elle s'en versa un verre.

–Pas ce genre de rêve, soupira Loki en levant les yeux au ciel, trouvant un peu ridicule que son frère puisse imaginer quelque chose de tel. C'est plutôt… Infiniment calme, leur dit-il en regardant le contenu de sa tasse. La nuit est tombée, précisa-t-il, et tous prêtèrent attention à ses mots, souhaitant connaitre la raison des troubles du sommeil du dieu de la malice. Nous profitons de la vue que nous avons sur l'espace, et tu finis par nous rejoindre, déclara-t-il en regardant le blond. Quelque chose semble te contrarier, mais tu ne nous en parles pas. Puis le vent se lève, et je finis par me réveiller. Ce n'est pas grand-chose, mais nous voir ainsi, tous les trois, sur Asgard, c'est juste…

–Asgard ? répéta la midgardienne en interrompant ses gestes et lorsqu'elle regarda Thor, elle comprit qu'il pensait exactement la même chose qu'elle.

–Oui, confirma Loki, surpris que cela soit ce détail en particulier qui retienne son attention.

–Autre chose ? voulut-elle savoir en s'appuyant de ses deux mains sur le plan de travail, l'air contrarié. Un événement, une autre personne ou… Violette, lâcha-t-elle.

–Je te demande pardon ?

–Je portais une robe ? l'interrogea-t-elle.

Il lui fut inutile de répondre à cette question car ses expressions faciales parlèrent pour lui. Il était évident que c'était effectivement le cas. Bucky alterna son regard entre les trois individus, se demandant ce qui pouvait bien leur passer par la tête. Natasha et Pepper surent elles aussi qu'il devait y avoir un problème et pendant plusieurs secondes, personne ne prononça un seul mot. Ce fut Loki qui brisa ce silence.

–Quelque chose me dit que je ne dois pas être le seul à avoir fait ce rêve.

–Ce n'est qu'une coïncidence, déclara Thor, néanmoins très incertain de ce qu'il avançait.

–Mon expérience m'a appris à ne pas croire aux coïncidences, dit la brune. Mais je veux bien, pour une fois, faire preuve d'ouverture d'esprit et penser qu'il s'agit en effet d'un coup du hasard, soupira-t-elle en prenant son verre de jus et commençant à marcher en direction du salon.

Seulement, Thor la retint en l'attrapa par l'avant-bras, ce qui incita cette dernière à se retourner. L'homme lui sembla confus.

–Tu m'as demandé si d'autres rêves m'avaient paru réel, récemment, énonça-t-il calmement. Et c'est le cas, lui fit-il savoir. Et en général, c'est toujours sur Asgard que cela se passe. Par exemple, je me retrouve assis autour d'une table avec Loki, Freya, et même Elrion, affirma-t-il, ce qui étonna les autres d'apprendre qu'il voyait dans ses rêves deux Ambassadeurs, mais Loki fut davantage perturbé. Toi aussi ? comprit-il en voyant l'air qu'avait son frère.

–Ce n'est peut-être qu'un concours de circonstances, voulut se rassurer Madison. Deux rêves, il n'y a pas de quoi s'alarmer, nous sommes tous à cran, dernièrement, c'est tout, avança-t-elle.

–Il y a aussi la fois où je nous ai vus combattre, poursuivit l'asgardien, persuadé qu'il y avait autre chose derrière tout cela. Mais pas côte à côte. Nous nous affrontons, et ça a l'air plutôt violent, si tu veux tout savoir. En plus, d'après ce qui nous entoure, j'en déduis que nous devons probablement nous trouver sur Jotunheim.

–Bon ok, là, ça devient flippant, concéda la maitresse de maison, qui expliqua ensuite aux autres : parce que lorsque j'étais sous l'influence d'un sort jeté par un Géant de glaces justement, j'ai vu exactement la même chose.

Ils se turent un instant, plus déstabilisés les uns que les autres. Ni Pepper, ni Natasha ou Bucky n'y comprenait quoi que ce soit. Quoi que, les trois concernés n'étaient sûrs de rien, eux non plus. Chacun tenta de se persuader qu'il devait y avoir une explication logique, mais aucun ne parvint à trouver quoi. Ce phénomène n'avait rien de naturel, ce qui, d'une certaine manière, les terrifiait, car ils n'avaient aucune idée de ce qui pouvait provoquer ces rêves et visions. Ils sursautèrent en même temps lorsqu'ils entendirent quelqu'un frapper à la porte d'entrée. Arthur se leva et déclara haut et fort qu'il allait ouvrir, puis le calme revint.

–… pourquoi ? fut la seule chose que Thor parvint à dire. Et… Comment ?

–Je saviez que vous étiez bizarres, mais pas à ce point, soupira Natasha. Peut-être que vous vous connaissiez dans une autre vie, commenta-t-elle sans trop y croire.

–J'ai plus de mille-cinq-cents ans, lui rappela l'asgardien. Cela remonterait à très loin et sincèrement, j'en doute.

–Tout ça n'a rien de normal, conclut donc Loki.

–Maman ! s'exclama Arthur depuis le hall d'entrée.

–Oui, mon cœur ? répondit Madison, peu de contenance dans la voix.

–Y'a quelqu'un qui veut te parler !

–…

Elle ne dit rien cette fois-ci et se contenta de soupirer. La matinée avait une drôle de façon de commencer, et elle détenait si peu de réponses qu'elle en était contrariée. Elle décida néanmoins de suspendre cette conversation pour le moment afin d'aller voir qui avait frappé à sa porte en ce début de journée ensoleillé.

Les autres restèrent dans la cuisine, tous déboussolés. En se creusant la tête, Pepper gardait en même temps un œil sur sa fille, qui continuait ses coloriages sagement. Plus le temps passait, plus elle trouvait qu'elle et Arthur se ressemblaient, autant physiquement que par leur comportement. Après tout, ils avaient grandi ensemble et étaient inséparables. Ils étaient, pour la plupart du temps, des enfants exemplaires, tout de même dotés d'un brin de malice non négligeable. Et plus le temps passait, plus elle se disait que son défunt mari aurait été fier de cette famille, et plus il lui manquait.

De son côté, Madison traversa le couloir, entendant son fils scander son nom une seconde fois, avec plus d'insistance. Cette histoire de rêves la perturbait bien plus qu'elle n'y laissait paraitre. Elle ne comprenait pas du tout ce que cela signifiait, mais elle espérait de tout cœur que cela n'engendrerait pas de problèmes supplémentaires ils avaient suffisamment de choses à gérer. Et quand Arthur l'appela une troisième fois, elle revint à la réalité.

–Doucement, Arthur, je ne pense pas que notre invité a prévu de s'envoler, lança-t-elle calmement.

Elle se figea lorsqu'elle arriva devant la porte ouverte. Finalement, elle n'était pas encore au bout de ses surprises. Une silhouette grande, élancée et féminine se tenait là, sur le perron, encapuchonnée dans une grande cape gris souris déchirée à certains endroits et dont le bas s'effilochait. Son visage avait beau être partiellement dissimulé sous ce tissu, jamais Madison n'aurait pu oublier ces traits et lorsque son invitée releva la tête et croisa son regard, la terrienne se sentit parcourue d'une étrange sensation qu'elle ne put définir.

–Arthur, reprit-elle sans lâcher l'autre femme des yeux. Retourne au salon, s'il te plait.

–Maman… ? répondit-il, se doutant tout de suite que quelque chose clochait, mais lorsque sa mère le pria de l'écouter, il s'éloigna sans faire d'histoires, mais il ne masqua pas son inquiétude, compte tenu la réaction de l'adulte.

Madison attendit d'abord d'être certaine qu'il s'en était allé et qu'il ne l'entendrait pas, puis elle croisa les bras. Mieux valait ne pas alarmer son fils pour le moment. Bizarrement, elle ne s'en faisait pas tant que cela, alors que ça aurait très clairement dû être le cas. Mais elle n'avait pas vraiment peur. Elle était plutôt interloquée. Surprise, même, qu'il ne s'agisse de nulle autre qu'Hestia.

–Je vais être honnête, dit Madison, je m'attendais à tout le monde sauf à vous. Et peut-être le Père Noël, ajouta-t-elle, souhaitant détendre un peu l'atmosphère. Bonjour, Hestia.