Would I lie to you-Eurythmics


–Madison, la salua Hestia avec courtoisie après que la midgardienne ait fait de même.

–Comment m'avez-vous trouvée ? voulut immédiatement savoir la plus jeune.

–Ce n'était pas chose aisée, avoua la déesse en laissant échapper un petit soupir. Vous êtes douée pour vous cacher, la complimenta-t-elle sincèrement.

–Qu'est-ce que vous voulez ? demanda-t-elle de but en blanc, trouvant inutile de tourner autour du pot en une telle situation.

–Vous parler, affirma Hestia, cherchant à repérer le moindre petit changement d'expression chez Madison, mais cette dernière resta de marbre. Pensez-vous cela possible ? l'interrogea-t-elle poliment.

Elle n'avait rien à voir avec la première version –colérique et dévastatrice– à laquelle Madison avait été confrontée à Washington, ou le reste de l'équipe à New-York, pendant le gala de bienfaisance. Elle ressemblait plutôt à celle que la terrienne avait vue juste avant de s'enfuir, à l'issue de leur affront. Elle semblait, tout comme elle, un peu perdue. Elle ne donnait plus l'impression de vouloir sauter à la gorge de quiconque oserait dire un mot plus haut que l'autre. Non, plus du tout. C'était une femme sensée et en pleine possession de ses moyens qui faisait face à l'ancienne mutante. Aussi fou que cela puisse paraitre, Madison demeurait persuadée qu'elle ne risquait rien avec elle.

–Bien sûr, finit-elle par répondre, sûre d'elle et intriguée, ce qui parut grandement soulager Hestia, après quoi elle s'écarta d'un pas afin de la laisser entrer.

La déesse sembla hésiter un instant. Elle avait aujourd'hui osé se présenter au domicile d'une personne avec qui elle s'était violemment battue pour des raisons qui demeuraient encore floues pour la plupart des gens. Pourtant, c'était comme si elle avait su, pressentit que Madison accepterait d'écouter ce qu'elle avait l'intention de lui dire. Elle avait un tas de choses à expliquer, révéler, mettre au clair avec le groupe de super-héros. Après quelques secondes, elle posa le pied à l'intérieur.

–Et votre fils ? voulut savoir la terrienne en fermant la porte derrière elle.

–J'ai préféré venir seule, répondit l'autre en observant attentivement ce nouveau décor dans lequel elle se trouvait. Je ne voulais pas que nous nous imposions, précisa-t-elle ensuite en croisant le regard de Madison.

–J'espère qu'il en profite pour visiter la grande ville, commenta la maitresse de maison avec une pointe d'ironie qui n'échappa pas à la déesse, puis elle lui fit signe de la suivre. Je vous préviens, je ne pense pas que les autres auront une réaction similaire à la mienne en vous voyant ici, l'avertit-elle très sérieusement. J'ai le regret de vous informer que vous n'avez pas vraiment fait bonne impression, poursuivit-elle en traversant le couloir. Les gars, s'exclama-t-elle d'une voix forte, on a de la visite.

Elle avait déjà une petite idée de l'accueil auquel aurait droit Hestia. Elle-même aurait probablement mal réagi si elle avait été exactement la même que quelques années plus tôt. Depuis, elle avait appris à écouter et respirer un bon coup avant de frapper son adversaire. Elle avait toujours quelques grands moments d'exaltation, où elle sortait totalement de ses gongs et se montrait exécrable, voire parfois menaçante. Elle savait seulement mieux se contrôler mais lorsqu'elle prenait la peine d'y réfléchir davantage, elle avait surtout l'impression de se brider et de ne plus être totalement elle-même.

Lorsqu'elle entra dans la salle de séjour, Hestia la suivant de près, elle vit les visages de ses amis devenir livides en une fraction de secondes. Natasha et Bucky, d'instinct, furent sur le point de dégainer. Loki se redressa d'un bond, prêt à défendre les autres tandis que Pepper, d'un naturel protecteur, se plaça devant les enfants, l'air grave. Thor tendit le bras et Stormbreaker traversa la pièce en fendant l'air pour venir se loger dans la main de son propriétaire. Ses doigts se resserrèrent vivement autour du manche.

–Donc CA, reprit Madison, poings sur les hanches, c'était dans mon salon ? demanda-t-elle avant de s'approcher de sa belle-sœur, à qui elle souffla : Va dans le labo avec les enfants, d'accord ? On te rejoint dès qu'on en a fini ici. Cet endroit commence à me donner le cafard et j'ai hâte que le loft soit habitable pour m'y installer, confessa-t-elle avant de parler plus fort : Loki, pose ce couteau, je ne veux pas que tu t'en serves pour transformer qui que ce soit en sashimis, dit-elle en levant les yeux au ciel, puis elle se mit accroupie devant Arthur au moment où, dans la cuisine, le Jotün reposa lentement l'arme blanche dans le porte couteau. Toi et Morgan, vous allez faire un tour dans le bureau de maman, avec ta tante, et nous, on vient juste après. Je compte sur toi, sois bien sage. Et non, ce n'est pas discutable, dit-elle lorsqu'elle comprit qu'il comptait protester et enfin, elle se releva en échangeant un coup d'œil entendu avec Pepper qui, le cœur lourd, dut se résoudre à s'en aller pour mettre les enfants à l'abris.

C'était ce que Madison espérait, pour des raisons évidentes. Sans rien ajouter, ils s'en allèrent tous les trois. Morgan n'y comprenait rien, mais accepta de suivre docilement sa maman. Arthur était toujours inquiet, mais il ne pouvait rien faire. Quant à Pepper, elle était tourmentée. De tous les adultes de leur groupe, elle était la moins habilitée à combattre et elle se doutait que sa belle-sœur accepte qu'elle risque sa vie. Elle avait donc attrapé les jeunes par la main et s'en était allée, jetant un dernier petit regard par-dessus son épaule. Quelque chose se préparait, et ça n'allait pas tarder à tomber, elle le savait.

Lorsque le trio disparut derrière les arbres du fond du jardin, Natasha dégaina et visa Hestia. Elle avait préféré ne pas le faire devant les enfants, pour ne pas les effrayer.

–WOW ! s'exclama Madison en se plaçant devant elle. On se calme, tigresse. Madame veut juste discuter, ok ?

–Discuter ? répéta la rouquine en retenant un rire nerveux. C'est une blague ?

–Je ne vous veux aucun mal, lui assura Hestia en exposant ses paumes vides ouvertes vers eux en signe de paix, leur prouvant qu'elle n'était pas armée et qu'elle ne comptait pas faire usage de sa magie, mais cela ne fut pas suffisant pour Bucky, qui dégaina à son tour.

–A d'autres ! claqua froidement le soldat sans ciller.

–Eh, oh ! rétorqua Madison. Ça suffit, les drôles de dames, pas d'armes ici ! ordonna-t-elle avec autorité. Elle est probablement venue s'expliquer, et on dirait presque que vous avez oublié qu'elle peut nous apporter ce que nous voulons : des réponses, leur rappela-t-elle plus calmement. Je propose que l'on s'asseye et qu'on parle entre adultes responsables et raisonnables, articula-t-elle en leur montrant la table de la salle à manger. Pas d'armes, pas de menaces, est-ce que c'est clair pour tout le monde ?

Les duos de dieux et d'ex-assassins considérèrent un instant cette proposition relativement normale. Tous les quatre connaissaient leur amie par cœur et savaient donc qu'elle avait toujours une idée derrière la tête, quoi qu'il arrive, même si dans le fond, avoir un plan ne faisait pas partie de ses habitudes. Elle improvisait souvent mais elle se fiait suffisamment à son instinct pour qu'on lui fasse confiance. C'est pourquoi Natasha fut la première à obtempérer en rangeant son arme dans son étui d'un geste mécanique.

Les trois hommes suivirent : Loki tâcha d'apaiser sa magie qui le démangeait, Thor déposa sa hache contre le comptoir et Bucky abaissa son quarante-cinq. Madison montra à nouveau la table, autour de laquelle ils prirent silencieusement place. Elle s'installa à côté d'Hestia, Thor et Bucky en face d'eux, et Natasha et Loki aux extrémités. Le soldat déposa son arme devant lui, signifiant ainsi à la déesse qu'au moindre mouvement suspect, il n'hésiterait pas à s'en servir.

–Super, l'ambiance, marmonna-t-il.

–Rabat-joie, souffla Natasha avant de se tourner vers Hestia. On vous écoute. Quelle excuse allez-vous nous donner pour avoir terrorisé des centaines de gens ? Deux fois ? précisa-t-elle.

–J'aurais aimé pouvoir bénéficier de plus de temps pour tout vous expliquer en détails.

–Prenez-le, dit sèchement Bucky. Qu'est-ce qu'il y a, vous avez peur de vous faire repérer et de finir à nouveau derrière les barreaux ?

–Il y a de ça, confirma-t-elle gravement en abaissant sa capuche. La personne que je cherche n'hésitera pas à me faire la peau si elle découvre que je suis venue vous parler.

Il y eut un long silence durant lequel tous se regardèrent sans vraiment comprendre. En une phrase, elle les avait appâtés, elle était parvenue à capter leur attention. Bucky se calma tout de suite et se pencha un peu vers l'avant, mais Loki fut le premier à s'exprimer.

–Nous pensions que vous étiez à la recherche de Madison.

–Oui. Enfin, en partie. Et en vous trouvant, dit-elle en regardant la brune, j'espérais mettre la main sur la personne responsable de ma situation et de celle de mon fils. La personne qui a détruit nos vies et nous a fait passer pour les pires monstres qui soient, et à qui je pensais que vous étiez alliée.

Nouveau silence. Thor fronça les sourcils et croisa le regard de son frère, qui semblait aussi perdu que lui mais qui était, au moins en apparence, plus calme que l'asgardien. Thor était incapable de rester serein, même s'il avait désormais très envie de connaitre la suite du récit d'Hestia.

–Je n'ai jamais voulu de cette… « Guerre » qui nous oppose aujourd'hui, vous et moi. J'ai accepté de porter l'étiquette de la coupable durant seize longues années, mais maintenant que je suis libre, j'ai bien l'intention de mettre certaines choses en lumière. La vérité, c'est que… Si la vérité avait éclaté à l'époque, ma famille se serait entre-déchirée et je crois que vous êtes tous bien placés pour savoir que les conflits entre dieux sont d'une extrême violence, précisa-t-elle, ce à quoi ils ne purent qu'acquiescer, d'autant plus que d'autres royaumes auraient forcément eu vent de nos différends et s'en seraient mêlé acceptant de passer pour la méchante, j'empêchais ainsi une guerre inutile de se déclencher.

–Vous avez passé seize ans emprisonnée pour… Pour quoi, au fait ? Si ce que vous dites est vrai, déclara Madison, dans ce cas, qui a tué Mériana ?

–C'est là que les choses se compliquent, soupira la divinité. Il faut avant tout comprendre que ma mère était… Quelqu'un d'assez complexe. Elle et mon père Cronos avaient beaucoup de mal à s'entendre sur de nombreux points et… Disons que ce n'était pas un père exemplaire, comme vous pouvez vous en douter. Le fait est qu'à force de le côtoyer, elle a fini par devenir une version féminine de lui. De toute la fratrie, mon rôle de sœur a été de protéger des frères et sœurs de la colère de nos parents. Malgré les problèmes de famille que nous avions, nous essayions de nous forger tous seuls et avons longtemps essayé de nous dissocier de nos parents. Mes frères et sœurs ont toujours eu du mal à accepter que notre mère Rhéa ne soit pas parfaite, comme le reste du monde l'imaginait. Au fil de ses voyages, elle a pris diverses identités, comme « Rhéia » et bien sûr, Mériana. Je crois que le jour où elle a fait la connaissance de la prometteuse sorcière qu'était Frigga lui a été très bénéfique, leur confia-t-elle.

Le visage de Thor s'assombrit. Entendre le nom de sa mère être évoqué lui faisait toujours mal au cœur et il en allait de même pour Loki. Mais lorsqu'Hestia en avait parlé, elle l'avait mentionné avec tant de douceur et de gentillesse que cela ne leur fit pas autant mal que d'habitude.

–Est ensuite arrivée Eléa, reprit Hestia. Elles sont rapidement devenues très soudées et j'ai longtemps cru que toutes les deux pourraient aider ma mère à s'améliorer auprès de nous. Puis mon père est mort au combat, leur dit-elle en baissant les yeux pour regarder ses mains. C'a été un étrange moment à vivre et encore aujourd'hui, j'ignore comment je me sens vis-à-vis de son départ si brusque. Je crois que dans le fond, j'étais soulagée, mais ce que ni moi, ni ma fratrie n'avait prévu était que son décès accentuerait les problèmes caractériels de notre mère. Cela me révoltait de voir le reste de l'Univers la mettre sur un piédestal, la considérer comme une sainte, une pauvre veuve éplorée qui se retrouvait seule avec ses enfants… souffla-t-elle en serrant les poings.

–Pourquoi nous raconter tout cela ? la questionna calmement Natasha.

–Parce que cela s'est encore plus compliqué lorsqu'Eléa, qui était à l'époque également connue sous le pseudonyme « Gaïa », lui a révélé que sa petite fille était destinée à recevoir ses dons, leur apprit-elle, ce qui les intéressa encore plus. Dès lors, elle s'est calmée, tant elle était ravie d'apprendre quelque chose de tel, car sa descendance allait être promise à de grandes choses.

Madison vit parfaitement où elle voulait en venir et se tassa sur sa chaise. Elle avait une idée de la tournure que prendrait la conversation, de la façon dont s'était déroulée la suite des événements, mais elle décida de laisser Hestia poursuivre ses explications.

–Lorsque mes enfants sont nés, ç'a été le plus beau jour de ma vie, confessa-t-elle. Leur père et moi étions tellement heureux… dit-elle dans un murmure, les yeux brillants et ceux à qui elle s'adressait sentir toute la peine qui l'envahissait subitement. J'ai compris que Freya serait peut-être l'enfant de la prophétie d'Eléa, et cette idée n'a jamais quitté l'esprit de ma mère. Pendant des années, elle s'est mise en tête qu'un jour, elle pourrait fièrement affirmer que ma fille était vouée à un destin fabuleux. Les années ont passé et une guerre civile s'est déclarée sur Alfheim, à laquelle Eléa n'a pas survécu.

–Nous l'avons vue sur Arcturus IV, répliqua Bucky, intrigué.

–C'était une sorcière, lui rappela la déesse. Son esprit a, en quelques sortes, continué d'exister pour guider tous ceux qui auraient un jour besoin de son aide, mais il a donc fallu qu'elle transmette ses pouvoirs. Et vous savez ce qu'il s'est produit ensuite.

Bien sûr qu'ils savaient. C'était bien pour ça qu'ils étaient là, après tout. Madison était beaucoup moins calme, mais elle tâcha de ne rien montrer. Elle avait bien trop envie de connaitre les véritables raisons qui avaient poussé l'Elfe claire à la choisir.

–Et Freya n'aurait pas été prête, reprit Hestia.

–Moi non plus, commenta Madison, j'avais huit ans. Ça n'a pas dû plaire à Mériana, poursuivit-elle en tapotant nerveusement le dessus de table du bout des doigts.

–Jamais je ne l'avais vue aussi furieuse, confirma Hestia. Elle aurait été capable de détruire notre planète en faisant exploser sa fureur si la reine Frigga ne l'avait pas retenue. Est ensuite venu le jour où j'ai osé lui dire ce que je pensais de son excès de colère, qu'elle n'avait pas besoin de réagir comme ça juste parce que Freya n'avait pas été choisie. Le lendemain, j'apprenais la mort de ma sœur, lâcha-t-elle, et il m'a fallu près de dix-sept ans pour comprendre que c'était ma propre mère qui avait commandité son assassinat.

Les cinq amis surent tout de suite qu'elle disait vrai, ils pouvaient le sentir, et n'en furent que plus estomaqués.

–… Elle a fait tuer sa propre fille… ?

–Pour bien me faire comprendre que seule son avis comptait. Ma sœur vivait sur Midgard, leur apprit-elle, et même si je n'avais pas l'occasion de la voir aussi souvent que je le souhaitais, je l'aimais de tout mon cœur. Il y a quelques années, lorsque j'ai su la vérité et que j'ai décidé de confronter une nouvelle fois ma mère, elle s'en est prise à Njörd et a fait en sortes que lui non plus ne voit plus jamais le soleil.

–Njörd ? répéta Natasha.

–Le père de Freya et Freyr, expliqua Loki. Vous ne l'avez donc pas tué, lui non plus. Et pour Mériana ?

–Vous ne comprenez pas ? lui demanda la déesse. Elle inspirait la peur à toute ma famille et jamais personne n'a osé s'en prendre à elle.

Ils prirent un instant pour réfléchir au sens de ces paroles. Tout ce que venait de leur confier Hestia remettait en doute les idées qu'ils s'étaient faites à son propos. Ils avaient tous envie de la croire, en dépit de leurs différends passés. Elle parlait à cœur ouvert et avait pris le risque de venir jusqu'à eux sans être certaine de la façon dont elle serait accueillie par le groupe.

–Elle a simulé sa mort, comprit Madison. En vous faisant porter le chapeau.

–Peu de gens m'ont crue innocente. Quand j'ai compris que si je continuais à affirmer que Mériana était celle qui semait le chaos, nous aurions de plus gros ennuis, j'ai fait un pacte avec les souverains d'Asgard.

–Quoi ? s'exclama Thor, de plus en plus surpris.

–Frigga et Odin étaient mes amis, à moi aussi, affirma-t-elle. Ils connaissaient les enjeux et comme mon fils était, à l'époque, une sorte de trouble-fait, on l'avait accusé de m'avoir aidé à supprimer ma mère. Mais Odin savait que c'était faux. Seulement, si quiconque venait à apprendre que Mériana, souveraine de Vanaheim, était la véritable « méchante », les autres royaumes nous auraient tourné le dos et peut-être même déclaré la guerre. Nous avons donc décidé de nous faire passer pour les coupables, le temps que nous rassemblions suffisamment de forces pour la mettre hors d'état de nuire. Ma prison n'était pas si terrible, avoua-t-elle. Le plus dur a été de savoir, toutes ces années, que mes frères, sœurs et ma fille nous prenaient pour des traitres. Et pendant ce temps, ma mère profitait pleinement de sa nouvelle vie loin de chez nous.

–Comment se fait-il que vous ayez cru qu'elle et moi étions alliées ? l'interrogea Madison, très curieuse à ce propos.

–Parce qu'elle n'a jamais perdu l'espoir d'un jour mettre la main sur vos dons. Je craignais qu'elle soit parvenue à vous manipuler pour que vous vous rangiez de son côté et, très honnêtement, cela m'a fait peur. Emprisonnés, nos seuls contacts avec l'extérieur étaient lorsqu'Odin nous faisaient parvenir des messages dans lesquels il nous racontait comment se déroulaient les choses et où il me promettait que d'une certaine façon, il garderait un œil sur vous.

–Il… Quoi ? souffla Madison. Je n'ai fait sa connaissance qu'une seule fois, c'était juste avant qu'il nous quitte.

–Il y a beaucoup de choses que vous ignorez encore concernant ceux et celles qui se sont mis d'accord pour vous surveiller par simple mesure de sécurité.

Ils étaient tous tellement pris par le récit qu'ils sursautèrent lorsqu'ils entendirent quelqu'un frapper à la porte. Le cœur de Madison battait à tout rompre dans sa poitrine. Elle se passa la main sur le front, ignorant délibérément celui ou celle qui lui rendait visite à l'improviste et qui attendait dehors, puis elle se frotta les yeux avant de se pincer l'arête du nez. Elle était un peu dépassée par tout ce qu'elle avait appris depuis ce matin.

–Il y a autre chose que je devrais savoir ? finit-elle par demander.

–Vous n'avez pas idée, répondit Hestia.

–Est-ce lié à nos visions ? la questionna alors l'asgardien, ce qui sembla fortement intriguer la déesse. Tous les trois, reprit-il en se désignant, ainsi que son frère et sa compagne, nous voyons certaines choses depuis quelques temps, des images qui nous paraissent réel, comme si ce n'étaient pas de simples rêves, mais plutôt des s…

–Des souvenirs, compléta-t-elle. Cela signifie que vous êtes prêts à vous rappeler.

On frappa à nouveau, mais tous firent comme si de rien n'était. En voyant leurs airs perturbés, elle poursuivit :

–Le nom que j'ai mentionné à Washington, c'est vous-même qui me l'avez révélé, pour que je prouve lors de notre réunion qu'à une époque, vous me faisiez confiance. Et la raison pour laquelle, tous les trois, vous êtes toujours aussi bien entendu et qu'il y ait presque instantanément eu cette connexion entre vous est que vous vous connaissiez déjà. Mais pour vous protéger, il a fallu que vous oubliiez.

–En deux-mille-huit ? lança Natasha, ce à quoi Hestia acquiesça, et l'espionne russe se tourna vers sa meilleure amie. C'est la période de ta vie dont il te manque encore plusieurs éléments. C'est vous qui avez effacé leur mémoire ? demanda-t-elle à la divinité.

–Il n'y a pas qu'eux de concernés, dit Hestia. Avec Odin, nous avons dissimulé les souvenirs de toutes les personnes qui, à l'époque, étaient concernées.

–Masi pourquoi ? Si vous me connaissiez déjà, s'exclama Madison, vous deviez savoir que mes problèmes de mémoire m'ont toujours causé du tort et je me suis battue pendant des années pour savoir qui j'étais. Pourquoi nous faire oublier nous aurait protégés ?

–Vous n'avez qu'à lui demander, déclara posément Hestia.

Lorsque la terrienne fut sur le point de lui demander à qui elle faisait allusion, ils entendirent la porte d'entrée s'ouvrir puis quelqu'un entrer. Ce fut ensuite une voix familière qui résonna dans le hall, une voix féminine qui affirmait qu'elle pensait avoir vu quelqu'un d'étrange rôder autour du chalet et qu'elle venait donc s'assurer que tout allait bien. Madison fut parcourue d'un frisson et se raidit brusquement. Peu à peu, les éléments s'imbriquaient et prenaient enfin sens. Elle sentit sa gorge se serrer et son regard se perdit momentanément dans le vide. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle s'était laissée berner durant si longtemps. La personne à qui appartenait la voix s'approcha de la salle de séjour, demandant à nouveau s'il n'y avait pas de problème et enfin, une femme fit son apparition. Ana.

–Je savais qu'elle était louche, commenta Loki, enfin rassuré à l'idée de savoir qu'il n'était pas paranoïaque et que ses doutes étaient fondés.

Hestia se leva très lentement et se tourna face à elle, le visage neutre. Elle refusait de lui montrer combien tout ce qu'elle avait fait avait pu la faire souffrir.

–Bonjour, Mère.